y a-t-il une intention morale et un but ? […] Si l’amour appelé vertueux, l’amour dans l’ordre et le mariage, lui paraissait peu favorable à son cadre de roman, s’il voulait l’amour libre et sans engagements consacrés, eh bien, c’était une conclusion encore satisfaisante et noble, encore digne d’être proposée de nos jours, non-seulement sans scandale, mais même avec fruit, au commun de la jeunesse ; du moins l’art, qui n’est pas si scrupuleux que la morale exacte, y trouvait un but idéal, une terminaison harmonieuse. […] Qu’a donc de commun le développement, l’analyse morale d’une passion, d’une situation, avec ce quelque chose de fatigué et d’exalté, de factice et de physique ?
On peut se mettre au-dessus de son siècle par la morale ; mais par le goût à ce point-là, c’est impossible. […] L’auteur ne s’est pas proposé le contraste dans une intention littéraire et pour but d’agrément, mais toujours d’après sa même vue morale. […] Fortoul va continuer sa série de romans dans la même voie morale.
La morale que M. Saint-Marc Girardin a prêchée dans ses cours avec beaucoup de suite et de piquant, c’est la petite morale, comme il l’appelait, celle de tout le monde, celle de la société et du grand chemin, celle de la religion sans doute, mais celle aussi de l’intérêt bien entendu ; il sait la dose juste dans laquelle on peut combiner la générosité et l’utilité sans compromettre celle-ci ; il a constamment raillé, et souvent avec bien de la justesse, les enthousiasmes pompeux, les désintéressements à faux, toute l’exagération lyrique d’alentour.
L’observation morale, mêlée à l’appréciation littéraire, n’est pas tenue de suivre, d’une marche inflexible, la chaussée romaine de l’histoire. […] Décidément, ce genre de Portraits que l’occasion m’a suggéré, et dont je n’aurais pas eu l’idée probablement sans le voisinage des Revues, m’est devenu une forme commode, suffisamment consistante et qui prête à une infinité d’aperçus de littérature et de morale : celle-ci empiète naturellement avec les années, et la littérature, par moments, n’est plus qu’un prétexte.
D’autres, sur le Banquet, sur les Mythes de Platon, ou sur sa Morale, sont plus accessibles. […] Tant qu’il s’agit de l’art autonome et n’ayant d’autre objet que le beau, en dehors de tout didactisme, de toute vulgarisation morale ou politique, on ne songe point à y contredire. […] La morale de Spinoza est donc intellectualiste comme sa métaphysique. […] Spinoza élève au-dessus de cette morale servile la morale des hommes libres : Nietzsche dira des maîtres, et l’on voit tout de suite la différence. […] Une telle morale peut être sublime, mais elle manque de base rationnelle.
Le premier mérite de l’auteur est une morale irréprochable. […] Victor de Laprade sont très beaux, les sentiments sont élevés, la morale est pure. […] La vérité morale est la substance de l’art ; ce qui lui est contraire n’est jamais beau, et toute œuvre poétique est vraie, morale par quelque endroit. […] Flaubert, et la partie morale, philosophique, dramatique, ayant très peu de valeur. […] C’est une petite lumière qui éclaire vivement l’histoire littéraire et morale d’un peuple.
J’admire en souriant la candeur et la simplicité de ces austères personnages, qui cherchent une saine morale au théâtre, qui est le triomphe des passions. […] Cette partie de la morale qui concerne les devoirs des citoyens envers la patrie, ne se perdit point à Rome, lors même qu’on n’en pratiquait plus les maximes. […] C’est ainsi que le théâtre ne donne que des idées fausses, et corrompt la saine morale, en nous faisant admirer des crimes. […] La morale n’est plus qu’un jeu, si on n’y aperçoit que les spéculations creuses des philosophes, ou les lois intéressées des législateurs. […] Toute la morale, toute l’instruction de la pièce est renfermée dans cette admirable scène.
Le champ nouveau qui s’ouvrait dès lors à l’observation morale, on l’entrevoit. […] C’est la condition même de l’observation morale. […] Il se vante, en effet, aussi souvent que personne en son siècle, de respecter la morale et de prêcher la vertu. […] Incertaine et chancelante, sa morale est de son temps, mais il a une morale, et c’est une morale, je veux dire une règle, fondée sur quelque idée d’une justice antérieure, extérieure, et supérieure à l’invention sociale. […] C’est ici le vrai signe d’une nature éminemment morale. !
— C’est de toute la morale qu’il y va, de toute la conduite, et de toute l’existence. […] La réponse tient en deux mots : peu de doctrine et beaucoup de morale. […] On dit, à la vérité, que cette morale était particulièrement sévère ; mais je crois que l’on se trompe. […] Nisard, qu’il essaie de ressaisir, par la sévérité de sa morale, ce qu’il fait de concessions à l’indifférence, en évitant de prêcher le dogme ? […] Ajoutons, en second lieu, que la question des rapports de la morale avec le dogme religieux, quel qu’il soit, n’est pas tout à fait la même que la question des rapports de la morale avec la métaphysique.
& Morale. […] & Morale. […] & Morale. […] & Morale. […] Morale.)
Si l’on prétend qu’elle est plus morale, parce qu’elle abonde en sages maximes et en sentences dorées, je ne lui contesterai pas ce caractère hautement philosophique. […] il n’a pas mis d’intention morale. […] Rousseau a déjà relevé cette ambiguïté morale du Misanthrope, qui fait que les choses les plus dignes de respect y semblent tournées en ridicule. Sa critique est fort juste, mais ses idées générales sur les rapports de la morale et de la comédie sont entièrement fausses. Le secret du poète comique pour empêcher que nos sentiments moraux ne soient blessés, ce n’est pas de tenter entre son art et la morale une conciliation impossible, c’est de les séparer par convenance.
Je trouve, moi, que les religions valent la peine qu’on en parle et qu’il y a dans leur étude autant de philosophie que dans quelques chapitres de sèche et insipide philosophie morale. […] Quand donc cesserons-nous d’être de lourds scolastiques et d’exiger sur Dieu, sur l’âme, sur la morale, des petits bouts de phrases à la façon de la géométrie ? […] En logique, en morale, en politique, l’homme aspire à tenir quelque chose d’absolu. […] Il semble donc plus commode de chercher et à la connaissance et à la morale et à la politique une base extérieure à l’homme, une révélation, un droit divin. […] Notre XVIIIe siècle est certes une époque de dépression morale, et pourtant il se termine par la plus grande éruption de dévouement, d’abnégation de la vie que présente l’histoire.
Mais qu’il nous soit permis d’insister en terminant sur l’intention morale de ces études critiques. […] C’est détruire l’unité d’une œuvre et son intégrité morale. […] L’œuvre à laquelle président de si hautes destinées est à la fois morale et humaine. […] Dans la hiérarchie morale la sottise méchante est de beaucoup inférieure au génie égaré. […] l’autorité morale et l’appel à la conscience seront toujours compatibles avec les développements et la dignité de la science.
L’étourderie des avocats de Bordeaux, leurs déclamations creuses, leur légèreté morale achevèrent de tout ruiner. […] Mais telle est la faiblesse d’un État dénué de base morale, qu’un jour de folie suffit pour tout perdre. […] La grande amélioration qui s’était faite dans la situation de l’ouvrier était loin d’être favorable à son amélioration morale. […] Le premier principe de notre morale, c’est de supprimer le tempérament, de faire dominer le plus possible la raison sur l’animalité ; or c’est là l’inverse de l’esprit guerrier. […] Ce qui s’est passe depuis trois mois, la vitalité que la France a montrée après l’effroyable syncope morale du 18 mars, sont des faits très consolants.
pas de morale ? […] Or l’essence de cette morale, ce qui lui est propre et la distingue de la morale naturelle, c’est assurément le mépris du corps, la haine et la terreur de la chair. […] Est-il nécessaire d’avoir de la sympathie morale pour ce qu’on peint ? […] Mais c’est d’art qu’il s’agit, et non de morale. […] Il n’est pas de ceux pour qui la douleur morale est plus noble que la souffrance physique.
Notre solitude morale dans cette île déserte, dont parle Pascal, est plus grande encore que nous ne supposons. […] Nous connaissions déjà cette dynamique morale, ce bréviaire de l’effort idéal par l’abandon de soi-même. […] Un art suprême soumet toute la nature physique aux prodigieux débats de la nature morale. […] Il n’a pas cru que l’ivresse morale excusât le crime, et il l’a dit. […] Que ne voyons-nous cette morale toujours pratiquée !
La morale moyenne de tous les temps, c’est la morale de l’expérience. […] La prudence, toujours la prudence, c’est toute la morale de l’expérience et c’est toute la morale de Molière. […] On juge assez bien d’une morale par son critérium. […] Or quel est le critérium de la morale de Molière ? […] Molière a substitué la morale du ridicule à la morale de l’honneur, et pour moi c’est avoir mis une immoralité ou plutôt une démoralisation à la place de la morale.
Jamais il n’y eut entre nous, je ne dirai pas une détente morale, mais une simple vulgarité. […] Le fond resta le même ; la direction morale de ma vie sortit de cette épreuve très peu infléchie ; l’appétit de vérité, qui était le mobile de mon existence, ne fut en rien diminué. […] Mais, la foi disparue, la morale reste ; pendant longtemps, mon programme fut d’abandonner le moins possible du christianisme et d’en garder tout ce qui peut se pratiquer sans la foi au surnaturel. […] Le prêtre, ayant pour état d’être chaste, comme le soldat d’être brave, est, d’après ces idées, presque le seul qui puisse sans ridicule tenir à des principes sur lesquels la morale et la mode se livrent les plus étranges combats. […] Une bonne humeur, difficilement altérable, résultat d’une bonne santé morale, résultat elle-même d’une âme bien équilibrée et d’un corps supportable, malgré ses défauts, m’a jusqu’ici maintenu dans une philosophie tranquille, soit qu’elle se traduise en optimisme reconnaissant, soit qu’elle aboutisse à une ironie gaie.
Il les compare à des pièces de musique qui manquent de l’unité de mélodie : « Les gens de lettres ressemblent trop à la musique sans unité. » Pour lui, dans toute cette première partie de sa vie, et quand on le surprend comme je l’ai pu faire, grâce à cette masse de témoignages de sa main, dans l’intimité de sa méditation et de son intelligence, on le reconnaît et on le salue tout d’abord (indépendamment de ses erreurs) un grand harmoniste social, un esprit qui a sincèrement le désir d’améliorer l’humanité et d’en perfectionner le régime ; qui a en lui, sinon l’amour qui tient à l’âme et aux entrailles, du moins le haut et sévère enthousiasme qui brille au front de l’artiste philosophe pour la grande architecture politique et morale. […] Je déteste la société, parce qu’on n’y croit pas à la bonté morale. […] Les hommes, je le répète, ne croient ni à la probité ni à la bonté morale. […] [NdA] Dans une note manuscrite de lui, écrite vers 1788, et peut-être plus tôt, on lit cette espèce de description intime qui nous livre le fond de son humeur morale : c’est le point de départ de son caractère avant la Révolution : Héraclite, Démocrite. […] Celui-ci exprimait sa misanthropie sous forme satirique et humoristique, l’autre sous forme de réflexion morale directe.
Le comte de Camors écrit dans sa lettre le mot d’honneur, qu’il appelle un grand mot, et qu’il croit la seule réalité morale qui reste aux hommes dans l’athéisme universel. […] Dans un temps où le sentimentalisme gouverne le monde et a remplacé la religion, la morale et la loi, tous les pleurards qui tètent leur canne en regardant mélancoliquement les corniches, quand on parle des choses du cœur, trouveront admirable un livre dans lequel, à l’honneur de la nature humaine, Berquin bat constamment Borgia, par la très simple raison, du reste, c’est que le Borgia qu’on voulait mettre dans ce livre, en définitive n’y est pas ! […] et voilà la morale de Feuillet !! Je n’ai à discuter ici ni la délicatesse de cette morale, ni l’outrage fait à la nature humaine par l’abjection et la passivité de ce dénouement, parce que ce dénouement ne ressort pas nécessairement du mariage dans le monde qui est le sujet du livre, et dans lequel même un pareil dénouement détonne. […] La passion n’y a pas plus de profondeur que l’observation, et la peinture plus de profondeur non plus que la passion et l’observation, et enfin la morale — car ce roman veut être moral — plus de profondeur à son tour que la passion, l’observation et la peinture.
A dire vrai, la morale de Rousseau était étrange. […] Comme chaque auteur entend la morale à sa manière, ils l’expliquent ainsi : je laisse au jugement du lecteur de décider ce qui est le plus mauvais, de laisser la morale de côté ou de la falsifier. Pour moi, il n’y a d’autre morale que la morale catholique, et ses préceptes me semblent seuls purs, droits, sains et parfaits. […] Tout consiste à savoir s’arrêter à temps, aux limites du terrain défendu par la morale de l’art. […] Le lecteur n’ignore pas combien les jugements généraux en matière de morale sont parfois sans fondement et erronés.
Elle n’est pas tenue sans doute d’étudier la poétique comme elle étudie la psychologie, la morale ou la métaphysique ; mais, quand elle traite des beaux-arts, comme le fait Aristote, en posant les principes généraux et essentiels, c’est un service de plus qu’elle rend à l’esprit humain, et qu’elle seule est capable de lui rendre. […] Ceci nous explique sans la moindre peine pourquoi la morale de Platon est à la fois si vraie et si sublime, si profonde et si pratique. […] Si Platon a mieux parlé de la morale que ne l’a fait Aristote, si surtout il a su l’inspirer mieux que son disciple, n’en cherchons pas d’autre cause. […] Aristote aurait donc pu apprendre de Platon d’abord ce qu’est la méthode philosophique, et de quelle faculté de l’âme elle ressort ; il aurait pu apprendre de lui quel est le vrai fondement de la morale ; il aurait pu apprendre de quelle importance est le dogme de l’immortalité, appuyé sur l’étude de la conscience humaine ; enfin, il aurait pu apprendre que ce dogme, cette morale et cette méthode reposent uniquement sur cette essentielle distinction de l’âme et du corps. […] On sait les lacunes de la Poétique, les doubles et triples rédactions de la Rhétorique et de la Morale.
Reste la partie morale ou, si l’on aime mieux, la chronique scandaleuse, la broderie, qui n’est pas moins fausse, mais qui est plus délicate à dénoncer et à convaincre de contrefaçon et d’imitation mensongère. […] J’avoue que ce goût, cette estime, cette persuasion avaient des bases très solides ; tout est anéanti pour moi depuis cette cruelle perte. » Nous savons tout ce qu’il nous importe de savoir sur là jeunesse de Mme de Créqui : encore une fois, nous n’avons affaire avec elle ni à une Mme Du Deffand, ni à une maréchale de Luxembourg, à aucune de celles qui eurent à refaire leur existence morale dans la seconde moitié et à regagner la considération. […] Elle avait l’esprit naturellement tourné à la morale. […] C’est dans le cours de cette période morale déjà très avancée qu’elle rencontra vers 1781, ou chez son amie Mme de Tessé, ou chez une autre amie, Mme de Giac (l’ancienne duchesse de Chaulnes), Senac de Meilhan, alors intendant de Hainaut, et qui venait chaque année à Paris.
Elle lisait de tout, histoire, morale, romans, philosophie, idéologie, théologie même, et, sans faire la savante, elle jugeait aussi de tout dans une mesure très-raisonnable. […] Chaque cœur, chaque esprit sincère pourrait ainsi noter toute sa vie morale sur les marges de son La Bruyère. […] Voyons donc les choses humaines comme elles sont ; considérons la réalité morale sans verre grossissant et sans prisme. […] En vérité, c’est ne voir là que la morale légale.
Le portrait physique, pourtant, ne manque pas ; de ce qu’il y introduit la teinte morale, il ne s’ensuit pas du tout qu’il supprime, pour cela, la réalité visible ; c’est l’accord des deux tons, et non le sacrifice de l’un à l’autre, que je tiens à signaler : « Elle avait bruni. […] C’est une âme et un esprit que se disputent le sentiment et le bon sens, la poésie et la morale : la passion ne l’a pas marqué au front ; il n’y est pas voué. […] Il y a un fait constant, et d’observation morale : le propre de la passion arrivée à son paroxysme est de n’avoir aucun scrupule. […] Nous sommes revenus à l’analyse morale la plus déliée, sans retomber dans le vague et le gris qui ôtait le relief et la forme aux objets environnants.
Et voilà que, dès 1837, le calme presque universel s’établissait ; et, pour réduire la question aux limites de notre sujet, voilà que littérairement, ce calme social d’apparence propice n’enfantait rien et ne faisait que mettre à nu le peu de courant ; que de guerre lasse, et à force de tourner sur soi-même, on se reportait d’un zèle oiseux vers le passé, non pas seulement le haut et grand passé, mais celui de toute espèce et de toute qualité, et l’on déjeunait des restes épicés de Crébillon fils comme pour mieux goûter le Racine ; voilà que les générations survenantes, d’ordinaire enthousiastes de quelque nouvelle et grande chimère et en quête d’un héroïque fantôme, entraient bonnement dans la file à l’endroit le plus proche sans s’informer ; que sans tradition ni suite, avec la facilité de l’indifférence, elles se prenaient à je ne sais quelles vieilles cocardes reblanchies, et, en morale comme dans l’art, aux premiers lambeaux de rubans ou de doctrines, aux us et coutumes de carnaval ou de carême. […] On a dit d’un philosophe moderne qui ne pouvait s’accommoder de la petite morale à laquelle il manquait, et qui cherchait à en inventer une toute nouvelle, tout emphatique, à l’usage du genre humain, « que chez lui le creux du système était précisément adéquat au creux du gousset. » Mais ce genre de considérations va trop au vif et passerait le ressort de la juridiction critique. […] En ce xviiie siècle qu’on ne donne pas d’ordinaire pour une époque de grande pureté morale (tant s’en faut !) […] Mais il s’agit ici de plus que d’un délassement de l’esprit ; il s’agit de la vie morale et intellectuelle d’un temps et d’un peuple.
Les excellents Oratoriens qui l’ont instruit à Juilly lui ont découvert la riche source d’énergie morale qui jaillit pendant toute la durée des antiquités grecque et romaine ; les grands ouvrages de l’esprit, les coups d’héroïsme dans l’action politique ont ravi l’imagination du jeune Gascon, dont le bon sens aiguisé goûte ce qu’il y a toujours de pratique et de mesuré dans les traits les plus étonnants de l’antiquité. […] Mais il aimera toujours à disserter, sans rire, avec érudition sur des matières scabreuses ; il aura plaisir, dans l’Esprit des Lois, à noter les lois et les coutumes qui blessent le plus nos idées de la morale et de la pudeur, à relever toutes les convenances physiques ou politiques qui peuvent les justifier. […] Il veut dégoûter les grands et les hommes d’État de se mettre au-dessus de la simple morale : comment les y décider ? […] Agissons, puisqu’il faut agir, mais croyons que le résultat sera le même, de quelque façon que nous agissions : et par conséquent agissons selon les lois de la commune morale, puisqu’il ne servirait à rien de les violer.
Les romanciers se sont partagé la France, chacun nous peignant sa province natale ou celle qu’il connaissait le mieux ; et l’on pourrait former, en réunissant leurs tableaux, une sorte de géographie pittoresque et morale de la patrie française. […] Un magistrat, un homme dont la profession est de faire respecter la loi et de punir les méchants, doit être très préoccupé de morale et, s’il écrit, en mettre dans ses livres. […] Morale : si Rose Chandoux avait gardé sa ferme, son fils serait riche et n’irait pas en prison. […] Morale : s’ils étaient restés à la Cassoire, tout cela ne serait pas arrivé.
La valeur morale, à son tour, doit se mesurer à des échelles différentes. […] L’historien, dans l’appréciation de la beauté morale d’une œuvre, doit donc tenir compte de la variété, de la puissance, de la noblesse et aussi de la nouveauté plus ou moins grandes des tendances que cette œuvre essayait de faire triompher. […] Une œuvre qui plaît aux sens vaudra mieux, si elle satisfait en même temps notre besoin d’émotions et notre intelligence ; elle sera une œuvre suprême, un vrai chef-d’œuvre, si elle est par surcroît largement douée de la beauté morale et de la beauté idéale. […] Je voudrais surtout que sous le voile de la fable il laissât entrevoir aux yeux exercés quelque vérité fine qui échappe au vulgaire. » Qu’est-ce à dire, sinon que les ordres inférieurs de beauté sont la base et par suite la condition d’existence des ordres supérieurs ; que la beauté morale et la beauté idéale sont le couronnement d’un édifice qui peut se passer d’elles, mais dont elles ne peuvent point se passer ?
Ici, dans ces Œuvres, c’est l’homme au contraire qu’on saisit, c’est la nature et la qualité de l’esprit encore plus que celle du talent, c’est la personne morale. […] ta belle physionomie est un guide plus sûr que la morale des hommes. […] L’impression ne se borna point d’ailleurs à une simple disposition morale ; des actes politiques éclatants s’en ressentirent. […] S’occupant alors de ceux qui vont survivre, de sa mère, de ses sœurs, des amis qu’il n’ose nommer, il parle avec cet accent qui dénote l’intégrité morale conservée tout entière.
Ninon fut des premières à s’émanciper comme femme, à professer qu’il n’y a au fond qu’une seule morale pour les hommes et pour les femmes ; qu’en réduisant, comme on le fait dans le monde, toutes les vertus du sexe à une seule, on le déprécie, et qu’on lui fait tort et injure ; qu’on semble l’exclure en masse de l’exercice de la probité, cette vertu plus mâle et plus générale, et qui les comprend toutes ; que cette probité est compatible chez une femme avec l’infraction même de ce qu’on est convenu d’appeler uniquement la vertu. […] On entrevoit assez tout ce code de morale, qui est beaucoup moins nouveau aujourd’hui, et qui est même devenu un lieu commun assez vulgaire. […] Il ne faut ces jours-là qu’un prétexte et un accident pour que la société, la morale publique et générale, bravée dans ses principes, dans ses préjugés les plus respectables, se soulève à la fin et se livre à des représailles souvent brutales, mais en partie méritées. […] Leur morale terre à terre désole ; leur horizon baisse à chaque pas.