D’autant que ce talent prouvé, habitué à ces choses courtes qui sont des chefs-d’œuvres et qui sont peut-être plus difficiles que des œuvres de longue haleine, sauve les défauts d’une composition encore malassurée par la grâce des détails, qui sauve toujours tout ; car nos livres ressemblent à nos âmes, et c’est la grâce surtout qui donne le Paradis De la grâce ! […] VII Cela s’appelle Monsieur Adam et Madame Ève 56, et c’est la longue, l’éternelle, l’amusante et la triste comédie du mariage qui est le fond de la comédie humaine où tous les faiseurs de pièces puisent depuis qu’il y a des faiseurs de pièces dans le monde, et qui doit cependant rester inépuisable ! Au lieu des cinq actes qui sont le terme des plus longues comédies, celle-ci en a seize, qui sont des chapitres… Malgré l’ancienneté des noms qui forment son titre, monsieur Adam et madame Ève ne sont pas les personnages historiques de ces noms vieux comme l’univers.
Pourquoi relever, tout au long, des articles d’un certain André Vervoort dans une certaine France libre, ou d’un Putter-Laumann dans une justice à laquelle M. […] L’alexandrin, de douze syllabes, serait pareillement notre vers le plus long, à l’exception de lui-même, quand il en paraît treize. […] des successions de longues et de brèves équilibrées selon le mouvement et l’émotion, des assonances et des allitérations, parmi lesquelles la rime est comprise, et il diffère de la prose dans la mesure où il maintient un emploi continu, avec des retours, de ces éléments.
Nous n’avons plus besoin de multiplier les longues colonnades, parce que les Romains ont inventé la voûte. […] Il se souvient, non au moyen d’idéo-émotions, mais au moyen d’images ; elles sont si vives qu’après de longues années elles n’ont rien perdu de leur netteté. […] Le secret de longue vie n’est pas dans les procédés, mais dans le mépris des procédés. […] Une finale sonore et très vibrante est nécessairement longue, car il faut la lier par un prolongement de son à la syllabe initiale suivante. […] Cela sera long, et peut-être pas assez, car ce qui touche à la langue français ne laisse personne indifférent.
Leurs Poëtes, après un long séjour en Egypte, où ils s’étoient fait initier dans les Mystères des Dieux du pays, de retour dans leur patrie, chantèrent les premiers ces Divinités étrangères. […] Le succès de ce nouveau genre d’écrits, dont la durée fut longue, n’a rien qui doive étonner. […] Pendant le cours de la vie la plus longue, son cœur fut constamment fermé à l’envie & à la basse jalousie. […] La gloire exige de ceux qui la recherchent, des peines, des veilles, des sacrifices & de longs travaux : l’homme riche, énervé dès sa naissance, est incapable de les soutenir. […] Les Juifs mêmes, après leur longue captivité à Babylone, oublièrent leur propre langue, & apprirent le Chaldéen, dont le génie étoit à-peu-près le même que celui de l’Hébreu.
Théocrite I La poésie grecque, qui commence avec Homère, et qui ouvre par lui sa longue période de gloire, semble la clore avec Théocrite ; elle se trouve ainsi comme encadrée entre la grandeur et la grâce, et celle-ci, pour en être à faire les honneurs de la sortie, n’a rien perdu de son entière et suprême fraîcheur. […] Ménalcas, qui vient de gronder son chien endormi, dit à ses brebis, avec ce naturel de langage qui anime toute chose : « Les brebis, ne soyez point paresseuses, vous autres, à vous rassasier d’herbe tendre ; vous n’aurez pas grand’peine pour la faire repousser de nouveau. » — Daphnis, à l’une de ses répliques d’amour, dira : « Et moi aussi, hier, une jeune fille aux sourcils joints, me voyant du bord de l’antre passer tout le long avec mes génisses, se mit à dire : « Qu’il est beau ! […] » Pour elle tout comme pour Simétha, on va le voir, le coup de foudre ne fait pas long feu. […] « Et Theucharile, la nourrice de Thrace, maintenant défunte, qui logeait à ma porte, souhaita de voir cette pompe, et me pria d’y aller : mais moi, poussée à ma perte, je l’accompagnai, portant une belle robe de lin à longs plis et enveloppée du manteau de Cléariste. […] s’écrie le poëte ; et, dans un élan plein de grandeur, il revendique le privilège immortel de la Muse ; il montre aux riches que sans elle leur orgueil d’un jour est frappé d’un long, d’un éternel oubli.
Mais avant d’en faire sa patrie pour de longues années, il veut voir Paris, l’école de peinture de Paris. […] Pendant ces longues années, il étudie, selon son expression, l’anatomie des monuments, donnant à chaque détail d’architecture, à chaque colonne, son caractère — et s’astreignant à faire cela, sévèrement, à la mine de plomb. Enfin, après avoir résisté à de magnifiques offres de la Russie, il se retrouvait en 1848, au quai Voltaire, assez misérable, assez besogneux, obligé de donner des leçons, quand L’Artiste, en qualité de voisin, lui consacrait un long article. […] C’est lui qui s’est fait construire, sur le toit de la Vieille Résidence, un lac, où il vogue dans une barque, en forme de cygne, le long d’une chaîne de l’Himalaya, coloriée par un peintre allemand. […] Sa tête, d’une pâleur orangée, s’enfonçait dans le noir de ses longs cheveux.
Nous pensons plutôt que ces belles parties vivantes du monde n’ont pas encore atteint leur maturité, et qu’elles jettent encore, comme nous disons nous autres contemplateurs des vagues, la folle écume de leur longue jeunesse. […] Comment n’aurais-je pas eu foi, je ne dis pas dans les armes (une longue désuétude les a rouillées), mais dans la vie et dans la fécondité de son génie en tout genre ? […] Bientôt des bergers à cheval, une longue houlette terminée en lance à la main, et vêtus de costumes pittoresques en cuir et en peaux de mouton, apparurent. […] Mes deux premières journées ne furent qu’un long éblouissement. […] Mais je ne pensais pas ainsi alors, et le tombeau de marbre d’Alfieri, sculpté par Canova, et contemplé par Florence, me paraissait une apothéose suffisante pour payer toute une longue existence de travail, de vertu et de génie.
Un crépuscule éclaira d’un jour croissant cette longue nuit de la barbarie. […] La négligence que Dante fit de sa femme après son exil, sa longue séparation sans retour et l’affectation avec laquelle il parle, dans ses œuvres en prose, des inconvénients du mariage, appuient trop à cet égard les accusations de Boccace. […] Mais nous avons vécu de longues années en Italie dans la société de ces érudits commentateurs et explicateurs du Dante, qui se succèdent de génération en génération comme les ombres des hiéroglyphes sur les obélisques de Thèbes. […] Il avait passé alors à Florence de longues années dans la société d’Alfieri et de la comtesse d’Albany. […] Ozanam, dans un long et savant volume, suit pas à pas le Dante dans sa théologie, dans son astronomie, dans sa science scolastique, et montre partout la concordance allégorique de la foi du Dante, de la science du temps et de l’invention surnaturelle du poète.
On sait après quelle longue opération leur art s’est enfin constitué dans son canon définitif. […] La matière flottante et confuse de ses longues rêveries se fixe et se cristallise autour du fait révélateur. […] Après une si longue période d’affaissement et de coupable indifférence, il importe de proclamer bien haut ces idées. […] nous sortons à peine d’un long cauchemar de trente années, — courte période qui pèsera autant sur notre avenir que les siècles les plus sombres de notre gestation nationale. […] Cette besogne d’assainissement sera longue ; elle exigera de nombreuses années peut-être !
Il a commis des fautes manifestes ; le visage est sensiblement trop long. […] On y retrouve les longues énumérations auxquelles M. […] À son avis, ce sera long, très long. […] Pense qu’elle est venue de Saxe par les longues diligences, autrefois. […] Que de longues journées j’ai passées seul avec mon chat.
Qui est-ce qui comprend et goûte aujourd’hui, à moins d’une longue éducation préalable, Dante, Rabelais et Rubens ? […] Bien pis, il est horriblement long et diffus ; ses conversations, ses descriptions sont interminables ; il veut à toute force remplir ses trois volumes. […] Ce n’est point ici qu’il avait sa patrie, et de l’Allemagne à l’Angleterre le trajet se trouva bien long. […] Il cause donc avec le colporteur, personnage méditatif, qui s’est instruit par une longue expérience des hommes et des choses, qui parle fort bien (trop bien !) […] But the mind long wearied with the sameness of a dull, dreary prospect, will gladly fix his eyes on any thing that may make a little variety in its contemplations though it were but a kitten playing with her tail.
Mais la culture de la jalousie n’est possible que dans une existence aux longues oisivetés, aux longues attentions, aux longues ruses, telle qu’elle ne peut se dérouler que dans la vie provinciale, la vie balzacienne. […] Cela m’a l’air de la conclusion d’un long raisonnement. […] Les scieurs de long sont au contraire sur la même page que les libraires et que les cochers. […] La partie récente du boulevard Raspail n’est tolérable que par ses longues palissades couvertes d’affiches illustrées. […] Est-ce que c’est un souci digne d’un « artiste », d’un homme aux cheveux longs ?
Cependant ses opérations les plus délicates se font par un sentiment auquel un long exercice a donné une sûreté inqualifiable. […] Non, de ces pays sans gloire s’épanchera vainement le long et mélancolique fleuve des Tristes ; ici il vivra, ici il mourra. […] Ici la Marguerite, longue, sinistre, inoubliable, est suspendue et se détache comme un remords sur le disque de la lune, immense et pâle. […] L’esprit se porte tout d’abord vers Callot ; mais je crois n’avoir rien vu, dans la longue série de ses œuvres, qui soit plus dramatiquement composé. […] Il y a de longues années, il nous étonnait déjà par l’aplomb de sa fabrication, par la rondeur de son jeu, comme on dit au théâtre, par son mérite infaillible, modéré et continu.
Ils se présenteraient devant le juge, comme les patriarches bibliques, escortés de la longue postérité de leurs idées. […] Dans les longs épanchements de l’amitié qui les unissait, ces deux grands artistes ont dû souvent s’inspirer l’un de l’autre. […] Il s’accommode même fort bien des longs loisirs des abdications nationales, qu’il embellit sans les faire absoudre. […] Je crois, pour moi, que Voltaire en savait plus long, tout jeune qu’il était. […] Deux ou trois vigoureux coups d’encensoir lancés un peu au hasard et de longs extraits, tel a été le rôle de presque tous les journaux.
L’abbé de Pons est un des premiers écrivains qui s’annoncent comme pouvant être plus sérieux et de plus longue haleine que l’écrivain de gazette et de journal, n’allant pas tout à fait jusqu’au livre, mais très propre à cette littérature d’entre-deux et de recueil périodique. […] Dans cette même Dissertation, l’abbé de Pons soulevait vers la fin une autre matière à procès : il plaidait pour la prose contre les vers, il niait les vers et leur charme : « Les vers ne plaisent point par eux-mêmes ; il nous a fallu un long commerce avec eux pour n’être guère choqués de leur démarche affectée, de leur air contraint. » Il n’y voyait donc que de la singularité et de la gêne imposées par une convention arbitraire, et nuisibles à l’excellence de la diction, à son naturel, à sa vérité. […] Les mêmes paradoxes, sous la plume de La Motte, provoquèrent M. de La Faye à lui adresser cette ode à la louange des vers, ode bien prosaïque qu’on a trop louée de confiance et dont une seule strophe (trop longue encore) est restéen. […] J’ose assurer que nous ferons plus de progrès dans une année, que l’on n’en fait pour l’ordinaire dans tout le long cours des humanités.
Voici les principaux endroits de ces pages énergiques peu connues, digne prélude de celles de la Ménippée ; je n’ai fait qu’y couper des longueurs et en resserrer quelques phrases : Il y aurait lieu de décrire tout au long quel est le roi qui nous commande. […] De joindre une longue délibération avec un fait pressé, cela lui est malaisé, et c’est pourquoi, au contraire, aux effets de la guerre il est admirable, parce que le faire et le délibérer se rencontrent en un même temps, et qu’à l’un et à l’autre il apporte toute la présence de son jugement ; mais aux conseils qui ont trait de temps, à la vérité il a besoin d’être soulagé… Il a cela néanmoins qui doit fort contenter ses conseillers : c’est qu’encore qu’il n’ait nullement pensé ni été disposé à une affaire, si ses serviteurs, après l’avoir bien ruminée et bien digérée, la lui viennent représenter, il est si prompt à toucher au point et à y remarquer ce qu’on peut y avoir ou trop ou trop peu mis, qu’on jugerait qu’il y était déjà tout préparé. […] Ce que fut, après de telles fatigues et de si longues guerres, après des guerres intestines où l’on s’était vu sur un qui-vive perpétuel et où l’on était presque partout à l’état de frontière, — ce que fut enfin le soulagement et la libre respiration des peuples quand on se sentit tout de bon en paix, en sécurité, sans plus avoir à s’occuper même de Picardie surprise et de siège d’Amiens, il faudrait l’avoir éprouvé pour le dire ; c’est du témoignage des contemporains qu’il le faut entendre. […] quels étaient au juste les longs desseins qu’il avait formés sur l’Europe, et de quelle manière cette grande guerre renaissante, et supposée heureuse, les aurait-elle fait tourner ?
— Il fallait, pour y aller, passer sur une planche assez longue, très étroite et qui ployait étrangement par le milieu ; — un vrai pont pour des chèvres, et qui en effet ne servait guère qu’à elles : — c’était délicieux. — Un gazon court et fourni, où le souviens-toi de moi ouvrait en clignotant ses jolies petites prunelles bleues… » Suit une description détaillée, minutieuse, comme l’auteur sait les faire, — et d’Albert, en effet, nous est donné lui-même comme un peu auteur, bien qu’inédit, — et il ajoute : « Que nous étions bien faits pour être les figures de ce paysage ! […] Printemps au dehors, jeunesse au dedans, soleil sur le gazon, sourire sur les lèvres, neige de fleurs à tous les buissons, blanches illusions épanouies dans nos âmes, pudique rougeur sur nos joues et sur l’églantine, poésie chantant dans notre cœur, oiseaux cachés gazouillant dans les arbres, lumière, roucoulements, parfums, mille rumeurs confuses, le cœur qui bat, l’eau qui remue un caillou, un brin d’herbe ou une pensée qui pousse, une goutte d’eau qui roule au long d’un calice, une larme qui déborde au long d’une paupière, un soupir d’amour, un bruissement de feuille… — quelles soirées nous avons passées là à nous promener à pas lents, si près du bord que souvent nous marchions un pied dans l’eau et l’autre sur terre ! […] Toujours, au milieu du festin, au sein de l’ivresse, et quand le poète enflammé exhalera l’ardeur de ses chants entre les bras de Théone ou de Cinthie, la Mort se lèvera tout à coup et apparaîtra devant ses yeux, non la Mort des anciens dont l’idée ne faisait qu’aiguiser plutôt et raviver le sentiment du plaisir, mais la Mort de la Danse macabre, avec son ricanement féroce, et qui vous met et vous laisse au cœur une certaine petite crainte a l’Hamlet que la nuit funèbre ne soit pas le long sommeil, mais le rêve, et que tout ne soit pas fini après la vie : La mort ne serait plus le remède suprême ; L’homme, contre le sort, dans la tombe elle-même N’aurait pas de recours, Et l’on ne pourrait plus se consoler de vivre, Par l’espoir tant fêté du calme qui doit suivre L’orage de nos jours !
Les églises que nous avons parcourues étaient pleines de femmes à longues failles sur la tête, et qui tombent jusqu’à leurs pieds. […] Pauline, n’être que poëte, n’être qu’artiste au milieu de toutes les faims dévorantes des ours et des loups qui courent les rues… J’ai l’âme triste comme la tienne, et je crois que c’est tout dire… » Dans les trois ou quatre dernières années de sa vie, Brizeux avait notablement changé ; après chaque disparition, il revenait autre et presque pas reconnaissable, plus saccadé, plus brusque, plus négligé : ces longues solitudes ne lui étaient pas bonnes. […] Quand on écrit la biographie de certains poètes, on peut dire que l’on montre l’envers de leur poésie ; il y a disparate de ton : ici, dans cette longue odyssée domestique, on a simplement vu le fond même et l’étoffe dont la poésie de Mme Valmore est faite, et à quel degré, dans cette vie d’oiseau perpétuellement sur la branche, — sur une branche sèche et dépouillée, — près de son nid en deuil, toute pareille à la Philomèle de Virgile, elle a été un chantre sincère. […] » Et qui a connu Mme Valmore en ces longues années d’épreuves, qui l’a visitée dans ces humbles et étroits logements où elle avait tant de peine à rassembler ses débris, qui l’y a vue polie, aisée, accueillante, hospitalière même, donnant à tout un air de propreté et d’art, cachant ses pleurs sous une grâce naturelle et y mêlant des éclairs de gaieté, brave et vaillante nature entre les plus délicates et les plus sensitives, qui l’a vue ainsi et qui lira ce qui précède se prendra encore plus à l’admirer et à l’aimer.
» Voilà des assertions bien absolues ; ce serait la première fois qu’une idée aurait triomphé, durant une longue période, du caractère personnel des gens. […] Jusqu’à quel point, dans cette longue étude du passé monarchique, a-t-il été préoccupé du présent, de ce qui nous touche, et jusqu’à quel point a-t-il pu l’être légitimement ? […] sLa tradition populaire tend à imprimer un certain caractère de débonnaireté et de bonhomie à ce qu’elle touche de longue main familièrement, même quand ce quelque chose a été d’abord héroïque et redoutable. […] J’ai sous les yeux deux chansons des rues, en tête desquelles Napoléon sur sa colonne est mis en regard (j’en demande bien pardon) de la plus adorable et de la plus ineffable image de la mansuétude divine et humaine, et, dans le parallèle que déduit au long la complainte bien plutôt niaise que sacrilège, il est dit sérieusement : Napoléon aimait la guerre, Et son peuple comme Jésus !
Sa longue vie, traversée de tant de vicissitudes, serait intéressante à coup sûr, peu aisée pourtant à dérouler dans son étendue et à rassembler : lui-même, en la racontant, il s’est arrêté après la période brillante de sa jeunesse. […] « C’est un legs précieux, honorable, sacré… J’avais perdu par une goutte sereine un œil dans la guerre d’Amérique ; de longs travaux avaient affaibli l’autre ; les médecins me menaçaient de le perdre, si je l’exerçais trop. […] En louant les qualités saines de jugement, de composition et de diction qui ne cessent de recommander ce long et utile travail, nous n’essayerons pas de le discuter par comparaison avec tant d’autres plus modernes qui ont eu pour but et même pour prétention de renouveler presque tous les aspects d’un si vaste champ. […] Ce combat ne fut pas long, ni même bien pénible… Je l’ai remporté, ce triomphe, il est complet.
Les longues douleurs de sa captivité, le sentiment désespéré mais calme de sa situation, les larmes contenues mais murmurantes au fond des paroles, donnaient à sa voix un accent où l’on entendait ce bouillonnement des sentiments qui monte d’un cœur profond. […] Elle passait quelquefois de longues matinées, accoudée sur la fenêtre, le front contre le grillage de fer, à regarder un coin du ciel libre, et à pleurer comme un ruisseau sur les pots de fleurs dont le concierge avait garni l’entablement. […] IX « On coupa ensuite ses longs cheveux blonds, qui tombèrent à ses pieds comme la couronne de sa jeunesse. […] Il cherchait à y échapper, pendant les premiers jours de thermidor, par de longues excursions aux environs de Paris.
Notre maniere d’être est entierement arbitraire ; nous pouvions avoir été faits comme nous sommes ou autrement ; mais si nous avions été faits autrement, nous aurions senti autrement ; un organe de plus ou de moins dans notre machine, auroit sait une autre éloquence, une autre poésie ; une contexture différente des mêmes organes auroit fait encore une autre poésie : par exemple, si la constitution de nos organes nous avoit rendu capables d’une plus longue attention, toutes les regles qui proportionnent la disposition du sujet à la mesure de notre attention, ne seroient plus ; si nous avions été rendus capables de plus de pénétration, toutes les regles qui sont fondées sur la mesure de notre pénétration, tomberoient de même ; enfin toutes les lois établies sur ce que notre machine est d’une certaine façon, seroient différentes si notre machine n’étoit pas de cette façon. […] Une longue uniformité rend tout insupportable ; le même ordre des périodes long-tems continué, accable dans une harangue : les mêmes nombres & les mêmes chûtes mettent de l’ennui dans un long poëme. […] Si elle étoit moins large, nous serions frappés de sa longueur ; si elle étoit moins longue, nous le serions de sa largeur.
. — Supposons que nous soyons arrivés au terme d’une longue et multiple enquête à laquelle nous aurions soumis, sinon toutes les œuvres littéraires d’une époque, du moins la grande majorité d’entre elles ; que nous ayons relevé leurs principaux caractères et les rapports de tout genre qui existent entre ces expressions de l’esprit national et ce qui de loin ou de près entre en contact avec elles ; que nous ayons enfin réuni, en un tableau soigneusement dressé, les résultats obtenus. […] La courbe d’un mouvement est plus facile à calculer, quand le regard peut l’embrasser sur une plus longue étendue. […] Il est entendu que nous supposons accompli le long travail préliminaire dont nous ne donnons que les conclusions. […] Descartes n’est, pas sûr que la nature existe ; il se défie là-dessus du témoignage de ses sens ; il a besoin de se prouver à lui-même que le monde — tel qu’il le voit, tel qu’il le touche — n’est pas une illusion, et c’est par un long raisonnement qu’il arrive à établir que la terre, les arbres, les autres hommes sont bien des êtres réels.
Il vivait depuis de longues années à Weimar, à la petite cour de Charles-Auguste, dans la faveur, ou, pour mieux dire, dans l’amitié et l’intimité du prince, dans une étude calme, variée, universelle, dans une fécondité de production incessante et facile, en tout au comble de la félicité, du génie et de la gloire. […] La mère de Goethe, qui aimait la magnificence, mit « une pelisse fourrée de velours cramoisi, qui avait une longue queue et des agrafes d’or », et elle monta en voiture avec des amis : Arrivés au Main, raconte-t-elle, nous y trouvâmes mon fils qui patinait. […] On voudrait qu’il se fût un peu plus ressouvenu dans son génie de ce mot de sa mère : « Il n’y a rien de plus grand que quand l’homme se fait sentir dans l’homme. » — On a dit que Goethe aimait peu sa mère, qu’il l’aimait froidement, que, pendant de longues années, séparé d’elle seulement par une quarantaine de lieues, il ne la visita point ; on l’a taxé à ce sujet d’égoïsme et de sécheresse. […] — Non, rien ne m’intéresse que vous, et je suis beaucoup trop impatiente pour feuilleter un journal. — Vous êtes une aimable enfant. » Longue pause.
Sa vie, souvent racontée, se divise en deux parties bien distinctes : la première et la plus longue partie se passe dans l’Université proprement dite, dans l’enseignement pratique, dans les fonctions spéciales, dans l’étude et dans la prière. […] Dans la grande assemblée de la faculté des arts du 11 mai 1739, où l’Université, amenée à se rétracter de sa longue opposition, accepta la bulle, Rollin, à la tête de quatre anciens, et comme doyen de la nation de France, s’avança au milieu de la salle et protesta, malgré le silence que lui imposa le jeune recteur, l’abbé de Rohan-Ventadour. […] Je n’ai point de longues allées à perte de vue, mais deux petites seulement, dont l’une me donne de l’ombre sous un berceau assez propre, et l’autre, exposée au midi, me fournit du soleil pendant une bonne partie de la journée, et me promet beaucoup de fruit pour la saison. […] On les voit errer dans les places publiques et remplir les théâtres comme s’ils n’avaient qu’à se reposer des travaux d’une longue vie.
Au lieu de nous raconter ses marches, l’emploi de ses journées, et de nous permettre de le suivre, il n’a donné que les résultats de ses observations durant trois ans : « J’ai rejeté comme trop longs, dit-il, l’ordre et les détails itinéraires ainsi que les aventures personnelles : je n’ai traité que par tableaux généraux, parce qu’ils rassemblent plus de faits et d’idées, et que, dans la foule des livres qui se succèdent, il me paraît important d’économiser le temps des lecteurs. » Il a donc composé un livre, un tableau, et n’a pas senti qu’il y avait plus de charme pour tout lecteur dans la simple manière d’un voyageur qui nous parle chemin faisant, et qu’on accompagne. […] Elle ne lui a donné la plénitude des formes ni du bœuf, ni du cheval, ni de l’éléphant ; mais, le bornant au plus étroit nécessaire, elle lui a placé une petite tête sans oreilles au bout d’un long cou sans chair. […] Croirait-on qu’après s’être arrêté très au long sur les ruines de Balbek et de Palmyre, il continue en ces termes : « À deux journées au sud de Nâblous, en marchant par des montagnes qui, à chaque pas, deviennent plus rocailleuses et plus arides, l’on arrive à une ville qui, comme tant d’autres que nous avons parcourues, présente un grand exemple de la vicissitude des choses humaines. » Cette ville qui est, selon lui, comme tant d’autres, c’est Jérusalem. […] L’affaire une fois ébruitée lui attira beaucoup d’ennuis ; il dut, après une assez longue résistance, renoncer à un emploi qui lui souriait46.
C’est un long cortège dont le défilé surprend, même après qu’on en a compris le mécanisme. […] Si l’on franchit quinze cents colonnes, voici « les bras — la coupe — les pièges — le siège — le trône de la volupté ; voici des yeux noirs comme du jais — des yeux à demi-voilés par de longues paupières — des yeux dont on arrache le bandeau fatal — des yeux qui se détachent — des yeux qui se repaissent — des yeux qui se fondent en pleurs — des yeux qui lancent des éclairs », et plusieurs de ces images furent belles, mais elles ne le sont plus, puisqu’elles ne sont pas nouvelles. […] C’est sans doute que leur obscurité fait leur grâce et leur force ; ils disent ce que l’écrivain ne sait pas dire, quoi qu’il sente ; ils font croire à celui qui en est ému que celui qui les profère abrège par un signe connu la longue litanie de ses émotions, tandis que celui qui les écrit revêt placidement son impuissance d’une forme dont il connaît, pour l’avoir éprouvée, la vertu communicative et tyrannique. […] Schopenhauer, Taine et Nietzsche ont fait de la métaphysique ou de la psychologie en un style plein d’images expressément créées par eux pour expliquer leurs visions ; tous les trois furent de grands visionnaires devant lesquels l’Abstraction elle-même, comme au regard d’un démiurge, se mettait à vivre et à remuer sous ses longs voiles gelés par les hivers philosophiques.
Le mur était blanchi à la chaux, les jeunes prédécesseurs de Bonaparte l’avaient un peu charbonné, et le nouveau venu put lire dans cette cellule ces quatre inscriptions que nous y avons lues nous-même il y a trente-cinq ans : — « Une épaulette est bien longue à gagner. […] Vicomte de Tinténiac. — La vie n’est qu’un long mensonge. […] Il n’y a pas longues années qu’un économiste anglais, homme d’autorité, faisant, à côté des questions sociales, une excursion littéraire, affirmait dans une digression hautaine et sans perdre un instant l’aplomb, ceci : — Shakespeare ne peut vivre parce qu’il a surtout traité des sujets étrangers ou anciens, Hamlet, Othello, Roméo et Juliette, Macbeth, Lear, Jules César, Coriolan, Timon d’Athènes, etc., etc. ; or il n’y a de viable en littérature que les choses d’observation immédiate et les ouvrages faits sur des sujets contemporains. — Que dites-vous de la théorie ? […] Les peuples ont l’oreille dure et la vie longue ; ce qui fait que leur surdité n’a rien d’irréparable.
Ajoutez que vêtu d’une aube lâche qui ne touche point à son corps ; les plis tombant longs et droits augmentent son volume. […] Ce n’est qu’un long tems, une longue pratique, un travail opiniâtre, le concours d’un grand nombre d’hommes successivement appliqués qui amènent ces qualités qui ne sont pas du génie, qui l’enchaînent au contraire, et qui tendent plutôt à éteindre qu’à irriter, allumer la verve. […] Une figure n’acquiert de la vigueur qu’autant qu’on la reprend, cherchant continuement à l’aprocher de nature ; comme font Greuze et Chardin " … mais c’est un travail long, et un dessinateur s’y résout difficilement, parce que ce technique nuit à la sévérité du dessein ; raison pour laquelle le dessein, la couleur, et le clair-obscur vont rarement ensemble.
Dans tous les caveaux mortuaires, Dans les charniers, les ossuaires, Sous les longs plis de leurs suaires, Se démènent les trépassés. […] Le poète des Colifichets, ce poète du mot, qui le hacherait volontiers pour en avoir moins et qui du dernier atome de ce mot haché tirerait je ne sais quel incroyable parti encore, ce poète du mot a une haleine, et cette haleine est le plus impétueux, le plus continu, le plus long et, quand il le veut, le plus majestueusement rassis des souffles. […] Les autres pièces du recueil, celles qui paraissent moins un défi à la langue, défiée, mais comme une maîtresse qu’on adore et qu’on veut voir triompher, l’Ave Maria, si beau même après celui de lord Byron, la Petite ode aux petits oiseaux, Le Grand théâtre, la Musique, les Saisons en quatre chants, Pygmalion, les Trois crimes, Le Bain, etc., etc., moins longues sans doute, mais longues encore, sont d’une jointure d’ensemble qui ne permet d’en rien détacher.
Je vous importune de questions, mais les solitaires sont très-curieux ; et vous, quoique habitant de la ville, vous écrivez de longues et de jolies lettres. […] Peu de gens savent comme vous que la brièveté veut souvent une phrase longue, et que la méthode des phrases courtes est souvent celle de la prolixité. […] Rarement je sortais de nos longs entretiens sans que ma pensée eût fait un pas, sans qu’elle eût gagné quelque chose en netteté ou en décision. […] Ce ne fut qu’en 1836 qu’il publia le second des trois grands ouvrages qu’il avait de longue main préparés sur l’histoire du midi de la France. […] Pour moi, qui viens de lire au long les volumes de M.