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773. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

Discours préliminaire Je me suis proposé d’examiner quelle est l’influence de la religion, des mœurs et des lois sur la littérature, et quelle est l’influence de la littérature sur la religion, les mœurs et les lois. […] La méditation profonde qu’exigent les combinaisons des sciences exactes, détourne les savants de s’intéresser aux événements de la vie ; et rien ne convient mieux aux monarques absolus, que des hommes si profondément occupés des lois physiques du monde, qu’ils en abandonnent l’ordre moral à qui voudra s’en saisir. […] La philosophie peut quelquefois considérer les souffrances passées comme des leçons utiles, comme des moyens réparateurs dans la main du temps ; mais cette idée n’autorise point à s’écarter soi-même, en aucune circonstance, des lois positives de la justice.

774. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Il y organisa et régla toutes choses ; le gouvernement, en concourant à la constitution politique de Genève ; la religion, par sa confession de foi et son enseignement ; la famille, les mœurs, par ses lois somptuaires qui déterminaient jusqu’à la forme des habits et fixaient les dépenses de table. […] Calvin n’imagina rien de mieux que d’imposer la vertu par la loi. […] Un décurion assisté d’un ministre, allait de maison en maison demander à chacun l’état de sa conscience par rapport à la religion, Calvin avait subordonné l’État à l’Église de telle sorte que l’Église fut la loi, et l’État la puissance matérielle chargée de la faire exécuter. […] Outre la gloire d’être la langue du culte chrétien, la langue dans laquelle toute l’Europe du moyen âge avait prié et pensé, le latin, expression de la loi civile, des actes publics, et en général de tout ce qui règle, discipline et lie, s’adaptait mieux au génie de notre pays.

775. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Tout autre aura le même sort, si une loi périodique, qui lui serait au fond plus favorable qu’on ne pense, ne vient à temps le délivrer du pouvoir. […] L’inégalité est révoltante, quand on considère uniquement l’avantage personnel et égoïste que le supérieur tire de l’inférieur ; elle est naturelle et juste, si on la considère comme la loi fatale de la société, la condition au moins transitoire de sa perfection. […] Les droits se font comme toute chose ; ils se font, non pas par des lois positives, bien entendu, mais par l’exaltation successive de l’humanité, laquelle se manifeste en la conquête qu’elle fait de ces droits. […] Il est dans la loi des choses que les formes de l’humanité acquièrent une certaine solidité, que toute pensée aspire à se stéréotyper et à se poser comme éternelle 175.

776. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Que sont la Guerre de la succession d’Autriche, la Guerre de sept ans, le Pacte de famille, comparés comme événements au Contrat social ou à l’Esprit des Lois ? […] Une agitation sans principe et sans loi, un combat d’ambitions rivales, un vaste théâtre de cabales, de luttes toutes personnelles. […] Mais cette activité ne tardera pas à se proclamer elle-même impuissante, et l’on comprendra alors que la grande révolution ne viendra pas des hommes d’action, mais des hommes de pensée et de sentiment, et on laissera ce vulgaire labeur aux esprits inquiets, et toutes les âmes nobles et élevées, abandonnant la terre à ceux qui en ont le goût, tenant pour choses indifférentes les formes de gouvernement, les noms des gouvernants et leurs actes, se réfugieront sur les hauteurs de la nature humaine et, brûlant de l’enthousiasme du beau et du vrai, créeront cette force nouvelle qui, descendant bientôt sur la terre, renversera les frêles abris de la politique et deviendra à son tour la loi de l’humanité. […] Ce n’est pas à eux de révéler à l’humanité la loi qu’elle cherche.

777. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Elle choque des opinions respectables, elle vise la loi qui régit le mariage dans notre pays. […] L’heure vient où la loi sociale atteint et punit ceux qui la transgressent. […] Le mari invoque bien la loi pour forcer sa femme à réintégrer le domicile conjugal, mais c’est d’une façon si timide, avec une contrainte si piteuse, qu’aucun effet d’angoisse réelle, de terreur sincère n’en peut résulter. […] Ce dénouement topographique qui sort, non pas de l’action, mais d’une loi locale du pays où la scène se passe, conclut la pièce bien froidement : la tragédie domestique se termine en escamotage.

778. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

L’éclat que produisit cette affaire du livre De l’esprit, la position fausse où elle plaça tant de personnes considérables, et le conflit des juridictions qui s’y produisit ouvertement, suggérèrent un moment l’idée de dresser une loi qui régirait la matière, loi qu’il valait mieux que le roi fît que de la laisser faire au Parlement ; et c’est à cette occasion que M. de Malesherbes se mit à rédiger ses intéressants Mémoires sur la librairie. […] Malesherbes dut se mettre en garde lui-même par un Mémoire justificatif qu’il adressa aux principaux conseillers de la petite cour du Dauphin, où Pompignan se vantait d’avoir des amis : « Après tout, disait-il en concluant, de ce que les encyclopédistes sont répréhensibles à beaucoup d’égards, il ne s’ensuit pas que leurs adversaires ne doivent être soumis à aucune loi. » Et il expliquait d’un seul mot comment, avec des intentions bienveillantes et une équité qui péchait plutôt par l’indulgence, il réussissait à mécontenter tant de gens : « C’est que je refuse très peu de choses, mais je tâche de refuser les mêmes choses à tout le monde. » L’Encyclopédie fut une des plus grosses affaires de l’administration de M. de Malesherbes. […] Je ne prétends pas que les talents d’un homme doivent le soustraire à la punition due à ses fautes, je crois que tout le monde doit être soumis aux lois ; mais il me semble que des hommes célèbres doivent avoir cet avantage, qu’on leur présente d’un côté la peine et de l’autre la récompense.

779. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Mais pour toucher la réalité de l’esprit, il faut se placer au point où une conscience individuelle, prolongeant et conservant le passé dans un présent qui s’en enrichit, se soustrait ainsi à la loi même de la nécessité, qui veut que le passé se succède sans cesse à lui-même dans un présent qui le répète simplement sous une autre forme, et que tout s’écoule toujours. […] Alors nous comprenons pourquoi les lois de l’association sont la ressemblance et la contiguïté plutôt que d’autres lois, et pourquoi la mémoire choisit, parmi les souvenirs semblables ou contigus, certaines images plutôt que d’autres images, et enfin comment se forment, par le travail combiné du corps et de l’esprit, les premières notions générales. […] Mais cette opposition de la perception et de la matière est l’œuvre artificielle d’un entendement qui décompose et recompose selon ses habitudes ou ses lois : elle n’est pas donnée à l’intuition immédiate.

780. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Et sur la terre même, d’où vient la succession, la régularité des saisons ; et dans les végétaux, dans les corps organisés, cet ensemble de lois mystérieuses et manifestes qui y président et qui constituent la vie ; et ces mouvements d’un ordre supérieur et singulier, cette activité spontanée des animaux ; et nos propres sensations à nous, et ce pouvoir de penser, de vouloir et d’agir que je sens en moi ? […] Il se relève le cœur plus embrasé que jamais, et cette joie épurée qu’il éprouve, cette clarté qui l’inonde, il veut la communiquer à ses semblables ; il a soif de les y faire participer et de leur porter, avec l’explication du mystère de la nature, la loi du maître qui la gouverne, loi de justice, de solidarité de fraternité, soumission dans les traverses de cette courte vie, espoir et foi dans une vie meilleure.

781. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Enfin, il a publié les Jeudis de Madame Charbonneau, qui ont fait un bruit terrible ; il a, pour la première lois, eu un succès réel, — de scandale, qu’importe ? […] Delécluze, recueille dans sa vieillesse ses Souvenirs, les publie alors, dépeigne à ses contemporains de ce temps-là les gens avec qui il a dîné trente ou quarante ans auparavant, cherche même à les montrer en laid et à se donner le beau rôle, il n’y aurait rien à cette façon de faire que d’assez simple, d’assez conforme à la loi des amours-propres et d’assez reçu, en effet, dans cette libre et babillarde république des Lettres. […] N’exagérons rien ; mais sérieusement M. de Pontmartin aurait lieu de dire comme certain ministre après sa conduite dans la Coalition : « Ma situation est changée. » Et en effet, de quel droit viendra-t-il parler dorénavant religion, morale, famille, quand il a violé, de dessein prémédité, les plus simples bienséances et les lois du savoir-vivre ?

782. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Ainsi il n’y a plus de parti politique faisant loi à l’Académie. […] Son père, président au parlement de Paris, n’avait point émigré ; après un voyage à Bruxelles, où son fils, âgé alors de dix ans, l’accompagnait, il était rentré en France dans le délai accordé par la loi. […] Son père ne tarda pas à être ressaisi par la loi des suspects ; compris ensuite dans la mise en jugement du parlement de Paris, il allait monter à l’échafaud.

783. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Tantôt, flottant entre un passé gigantesque et un éblouissant avenir, égarée comme une harpe sous la main de Dieu, l’âme du prophète exhalera les gémissements d’une époque qui finit, d’une loi qui s’éteint, et saluera avec amour la venue triomphale d’une loi meilleure et le char vivant d’Emmanuel ; tantôt, à des époques moins hautes, mais belles encore et plus purement humaines, quand les rois sont héros ou fils de héros, quand les demi-dieux ne sont morts que d’hier, quand la force et la vertu ne sont toujours qu’une même chose, et que le plus adroit à la lutte, le plus rapide à la course, est aussi le plus pieux, le plus sage et le plus vaillant, le chantre lyrique, véritable prêtre comme le statuaire, décernera au milieu d’une solennelle harmonie les louanges des vainqueurs ; il dira les noms des coursiers et s’ils sont de race généreuse ; il parlera des aïeux et des fondateurs de villes, et réclamera les couronnes, les coupes ciselées et les trépieds d’or. […] Et à toutes les époques de trouble et de renouvellement, quiconque, témoin des orages politiques, en saisira par quelque côté le sens profond, la loi sublime, et répondra à chaque accident aveugle par un écho intelligent et sonore ; ou quiconque, en ces jours de révolution et d’ébranlement, se recueillera en lui-même et s’y fera un monde à part, un monde poétique de sentiments et d’idées, d’ailleurs anarchique ou harmonieux, funeste ou serein, de consolation ou de désespoir, ciel, chaos ou enfer ; ceux-là encore seront lyriques, et prendront place entre le petit nombre dont se souvient l’humanité et dont elle adore les noms.

784. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

De même, le poète s’affranchit des lois ordinaires et des nécessités communes. […] Il appartenait à ce peuple honni et persécuté depuis des siècles, mais orgueilleux, irréductible et qui n’a jamais voulu reconnaître la loi du vainqueur. […] Quel illogisme d’invoquer la protection des lois qu’on a voulu démolir et de faire appel à l’opinion quand on a passé sa vie à la répudier !

785. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Il a tenté, un instant, de l’écrire en philosophe ; il a voulu trouver les lois des faits, et l’ordre de leur succession ; il a improvisé la fameuse théorie des quatre systèmes, les seuls, disait-il, qui puissent exister, et qu’on retrouve à toutes les époques de la philosophie. […] Mais en étudiant les faits comme lui, on s’est, comme lui, dispensé d’en rechercher les lois ; nous avons, grâce à lui, tous les matériaux d’une histoire de la philosophie ; grâce à lui, nous n’avons pas cette histoire. […] Voilà la philosophie, la poésie et l’éloquence introduites au milieu de l’érudition Cette philosophie est un peu vague ; cette loi de l’histoire improvisée par une inspiration aventureuse est incertaine ; les conséquences que M. 

786. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « EUPHORION ou DE L’INJURE DES TEMPS. » pp. 445-455

Il semble qu’une loi fatale asservisse les talents des diverses littératures aux mêmes phases. […] Les caprices, les passions de quelques-uns avaient de temps à autre dérangé les lois ou même avaient paru les faire : maladie d’enfance, convulsions du bas âge !

787. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

Mais si Jefferson n’a pas saisi, à cette distance et dans un chaos d’événements si contraires, la loi successive de cette grande œuvre sociale, il n’a, du moins, jamais désespéré de l’issue : la longueur de l’épreuve ne l’a jamais fait douter du terme. […] Il admet dans l’homme un sens du juste qui nous a été donné pour nous diriger ; il regrette que le profond auteur du Commentaire sur l’Esprit des lois, ait emprunté sa base morale à Hobbes.

788. (1874) Premiers lundis. Tome II « Quinze ans de haute police sous Napoléon. Témoignages historiques, par M. Desmarest, chef de cette partie pendant tout le Consulat et l’Empire »

Tandis qu’en effet les libelles incendiaires, les armes et munitions, les conspirateurs eux-mêmes, étaient continuellement versés sur nos rivages de Normandie et de Bretagne, il ne songeait pas un seul instant à user de semblables moyens contre l’Angleterre : ses guerres comme ses lois étaient empreintes de force et de dignité. […] Mathieu lui expliqua cette doctrine, qui reposait sur la loi naturelle, et dont le but était purement moral et social.

789. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

Les grands esprits et les esprits fins sont ceux qui savent apercevoir sous le flot sans cesse renouvelé des phénomènes les lois éternelles de la nature et de l’esprit. […] Ce qui est analogie à l’égard du fait particulier est exemple relativement à la loi générale.

790. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Poirier (1854), qui met aux prises deux types si vrais de bourgeois enrichi et de noble ruiné ; dans les Lionnes pauvres (1858), où l’honnête Pommeau et sa femme forment un couple digne de Balzac, et nous offrent le tableau des ravages que l’universel appétit de richesse et de luxe peut faire dans un modeste ménage ; dans Maître Guérin (1864), enfin, qui, malgré son sublime colonel, est peut-être l’œuvre la plus forte de l’auteur par le dessin des caractères : ce faux bonhomme de notaire, qui tourne la loi et qui cite Horace, gourmand et polisson après les affaires faites, cette excellente Mme Guérin, vulgaire, effacée, humble, finissant par juger le mari devant qui elle s’est courbée pendant quarante ans, cet inventeur à demi fou et férocement égoïste, qui sacrifie sa fille à sa chimère, ces trois figures sont posées avec une étonnante sûreté ; Guérin surtout est peut-être le caractère le plus original, le plus creusé que la comédie française nous ait présenté depuis Molière : Turcaret même est dépassé. […] Il attaque l’argent comme viciant l’institution du mariage ; il attaque les mœurs qui dissolvent la famille en autorisant ou excusant l’inconduite de l’homme ; il attaque l’éducation qui ne prépare pas plus l’homme que la femme à son devoir domestique ; il attaque les préjugés qui, dans l’estimation des fautes, accablent l’ignorance et n’absolvent pas le repentir ; il attaque les lois qui, avec la femme, sacrifient l’enfant à l’égoïsme, au vice de l’homme.

791. (1856) Cours familier de littérature. I « IIe entretien » pp. 81-97

Le monde est un renouvellement éternel, et, par la même loi, un anéantissement perpétuel des choses. […] Les idées n’échappent pas plus à cette loi que les hommes et les empires.

792. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre II. Harmonies physiques. — Suite des Monuments religieux ; Couvents maronites, coptes, etc. »

S’il n’en était ainsi, l’homme, en s’éloignant toujours de son origine, serait devenu une sorte de monstre ; mais, par une loi de la Providence, plus il se civilise, plus il se rapproche de son premier état : il advient que la science au plus haut degré est l’ignorance, et que les arts parfaits sont la nature. […] Quel préjugé funeste à des lois si rigides Attacha, dites-vous, ces pieux suicides ?

793. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

Il est évident que le juré qui ne voudra pas appliquer la peine de mort, dans les cas prévus par la loi, sera obligé de trahir sa propre conscience, de mentir à l’évidence du fait, ce qui est un très grand mal, parce que c’est une sorte d’immoralité qu’on ne se reproche point. […] Que l’homme toutefois n’espère pas se soustraire ni aux lois et aux charges de la société, ni à ce formidable fardeau de la solidarité, dont nous avons déjà parlé plusieurs fois.

794. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

Il est un hypocrite anglais de la plus magnifique espèce, poussé sur les plates-bandes de l’Hypocrisie dans un pays où la Loi sociale est si forte, que l’Indépendance comme le Vice est tenue de rendre cet hommage d’un mensonge à la Loi.

795. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Il faut donc, pour les bien analyser, marquer avant tout cette dissemblance des espèces ; il ne faut pas les juger sur le même esprit, sur les mêmes lois, sur l’application des mêmes règles. […] Établissez clairement leur division, on les jugera sur les lois qui les constituent, on les classera dans leurs rangs, et on reconnaîtra leur bonté relative. […] Que me flatterai-je de vous dire sur cette loi de bienséance, ajoutée à l’usage du ridicule, qui valut les leçons claires et instructives de notre grand maître en comédie ? […] « Nous serons par nos lois les juges des ouvrages : « Par nos lois, prose et vers tout nous sera soumis : « Nul n’aura de l’esprit hors nous et nos amis. […] que j’ai de dépit que la loi n’autorise « À changer de mari comme on fait de chemise !

796. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

« Aristophane, écrit-il ailleurs, aimait Eschyle par cette loi d’affinité qui fait que Marivaux aime Racine. […] Mais y a-t-il des lois du goût pareillement communes ? […] Elle n’a été classique que parce qu’elle a dépassé Montaigne, surmonté Montaigne, par un puissant effort, par une mise hors la loi à la fois injuste et utile. […] D’abord elle a confondu les lois avec les règles, elle a cru que la critique pouvait nous apprendre à fabriquer des épopées et des tragédies. « De ce que nous connaissons, par exemple, les lois, quelques-unes au moins des lois de la vie, il n’en résulte pas que nous puissions créer la vie même. » En second lieu elle a cru que les genres étaient des réalités fixes, alors que les genres évoluent.

797. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Il semble qu’on voie surgir, de chaque côté de l’orateur, les statues de bronze des Lois, des « justes Lois », qui le protègent de leur glaive et de leur bras tendu. […] Loi des dieux, qui s’impose au mortel le plus fier, Car ce n’est pas la loi d’aujourd’hui ni d’hier, Qu’un instant abolit comme un instant la fonde, Mais l’éternelle loi plus vieille que le monde ! […] Le grand orateur Edouard Lindsey est en lutte contre le ministère, qui vient de proposer une loi illibérale. […] Tu veux fonder, dis-tu, des lois républicaines ? […] Ils interprètent la loi de pardon avec une sentimentalité et une veulerie « bien parisiennes ».

798. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Il est absolu, il est éternel, il est indestructible en tant que la loi de création et de renouvellement. […] Est-ce l’opinion ou les lois humaines qu’il faut détester pour avoir poussé Marguerite à ce crime ? […] Il n’y a pas de loi divine ni sociale qui t’enchaîne à la rudesse de tes pères. […] La majorité de la race slave est rangée sous la loi sincère de l’Évangile. […] Si c’est une loi éternelle, comprenons-la, tout en la subissant.

799. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Qui dira quand l’amour défendu par les lois humaines l’est aussi par ces lois supérieures dont nous pressentons quelquefois la divine indulgence ? […] S’il viole ces lois, c’est qu’il ne les connaît pas. […] Les plus dociles au joug de la loi ont quelque estime pour ceux qui s’en affranchissent. […] Son caprice est devenu sa loi unique. […] La loi morale se découvre, aussi radieuse dans nos cœurs que le ciel étoilé sur nos têtes.

800. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Ils apparaissent dans les lois, ils éclatent dans la poésie. […] La loi exige son consentement pour le mariage, l’entoure des garanties et la pourvoit de protections. […] Comme l’homme et à côté de l’homme, la loi et les mœurs la maintiennent debout. […] La langue, les lois, la religion, la poésie diffèrent à peine. […] Lois d’Ina.

801. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Il n’a jamais connu de loi. […] Elle nous dit que l’amour ne connaît point de loi, et c’est pourtant bien une loi que semble exprimer le troisième vers. […] Des lois mêmes de la nature et de celles de la conservation sociale. […] Nous nous occupons, nous, de la loi et des droits du cœur. […] Je suis mariée selon la Loi, et toi aussi.

802. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Cette nature a ses lois, établies de Dieu, peut-être ; mais elle a ses lois. […] On ne lui permettait que d’appliquer la loi au criminel. Il devait juger, non point du tout selon sa conscience, mais strictement selon la loi. […] Elle seule a la prétention d’être universelle, d’être obligatoire pour tous les hommes et de courber tous les hommes sous sa loi. […] Tout homme se sent obligé, et il n’y a nullement une obligation morale qui soit la loi de l’humanité.

803. (1923) Au service de la déesse

Tournier la définit « loi de partage ». […] Et voilà, en quelque manière, une loi de l’histoire. […] Et, d’autre part, il est agréable de noter que cette loi n’autorise aucune prophétie. […] La biologie fournit une loi, que l’on résume sous le nom de la loi dite du plus fort ; et voilà tout ce que donne la biologie : et, en dehors de ce que donne la biologie, il n’y a rien, mais rien du tout. […] que Restif est un autre homme, un loi et admirablement comique !

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