Mais, pour le juger sérieusement, tournons-le du sens qui nous a paru condamnable. […] Il ne s’agit, à cette heure, que de juger spécialement de l’essence et du fonds des épisodes. […] C’est le génie jugé par le génie. […] Les personnes qui méconnaissent son abondance et son harmonie, et qui veulent changer ses lois, non seulement ne savent pas le secret de faire de bons vers français, mais elles les dédaignent parce qu’elles ne savent pas les bien juger, ni même les bien lire. […] Mettez encore en parallèle le discours de Nisus doublement traduit : « Troyens, ne jugez point nos projets par notre âge, « Dit-il, il peut unir la prudence au courage.
Les gens du monde ont des façons vraiment particulières de comprendre et de juger les choses qui touchent à la littérature. […] Voulant continuer leurs études, elles prièrent le jeune médecin de leur donner l’enseignement de son art, et de leur permettre l’accès de sa bibliothèque, ce qu’il leur accorda, car il les avait jugées intelligentes et charmantes. […] Autant que j’en puis juger sur une traduction, ce malheureux galérien est un des plus beaux tempéraments d’écrivains que je sache. […] Et, au fond, c’est là qu’est, dans l’esprit de ceux qui le jugèrent, le véritable crime d’Oscar Wilde. […] Ce qui, partout ailleurs, serait jugé comme une convention, n’est que de la simplicité ; de la simplicité voulue, la simplicité héroïque qui convient aux œuvres éternelles.
À vrai dire ce grand poète, ce prosateur non moins grand, l’un des honneurs de la France, jusqu’à l’heure présente nous semble plutôt exalté ou dénigré que jugé dans la bonne mesure. […] Mais à combien d’autres titres Bonaparte ne doit-il pas être jugé avec une clairvoyance sévère ! […] il faut le dire une fois pour toutes, bien des gens commettent une méprise formelle, une intolérable erreur, quand ils se permettent de juger le caractère et la fonction du poète. […] Il jugeait trop hâtivement un régime auquel M. […] Il les a jugés comme le faisait alors la France de 1830, depuis M.
Mais mettez ces mots en relation avec d’autres, & vous jugerez ensuite. […] C’est qu’il ne faut pas s’en rapporter uniquement au matériel d’un mot pour juger de quelle espece il est. […] Mais il me paroît que c’est juger du latin par le françois, que de trouver une hypallage dans ces paroles d’Horace, Lucretilem mutat Lycoeo Faunus. […] Jugeons donc du latin par le latin même, & nous ne trouverons ici ni contre-sens, ni hypallage ; nous ne verrons qu’une phrase latine fort ordinaire en prose & en vers. […] La regle donnée par M. du Marsais, de juger du latin par le latin même, est très-propre à faire disparoître bien des hypallages.
Dans son ensemble, l’idée remémorée est reconnue pour être celle qui vient d’être présente à la conscience ; mais, par cela même qu’aucun de ses éléments, tout à l’heure, n’était distinct, nous ne les reconnaissons pas, si maintenant ils nous apparaissent, comme ayant été tout à l’heure explicitement contenus dans l’idée et conscients avec elle ; s’il s’agit d’éléments vraiment spécifiques, nous jugeons qu’ils font légitimement partie de l’idée, ou, si l’on veut, qu’ils en font partie de toute éternité ; nous ne jugeons pas qu’ils en faisaient partie lors de sa dernière apparition dans la conscience. […] J’ai observé des lapsus memoriæ qui n’ont pas d’autre explication ; voici leur formule générale : un jour j’éprouve un état A, assez fort ; quelques jours plus tard, un état a, analogue à A et très faible ; à quelque temps de là, je me trouve de nouveau en présence de l’objet a, et, tout d’abord, je le méconnais, car je me dis : « C’est A » ; puis une circonstance quelconque me révèle mon erreur ; — l’état a avait donc été trop faible pour être ensuite bien reconnu ; sans doute il l’a été : je l’ai jugé ancien en même temps que présent ; mais ce jugement, en se déterminant, s’égarait sur un état analogue à a, plus ancien pourtant et, par suite, plus effacé par l’oubli, mais que sa vivacité primitive prédisposait à être reconnu en toute circonstance. […] Puis de ceux, qui, ayant assez de raison, ou de modestie, pour juger qu’ils sont moins capables de distinguer le vrai d’avec le faux, que quelques autres par lesquels ils peuvent être instruits, doivent bien plutôt se contenter de suivre les opinions de ces autres, qu’en chercher eux-mêmes de meilleures. »] 38. […] Egger reprend la théorie chez Leibnitz des « petites perceptions », ces perceptions non réfléchies dont nous n’avons pas conscience, l’exemple qu’il développe étant celui du bruit de la mer — auquel fait allusion Egger — comme somme confuse d’éléments infiniment petits indissociables : « D’ailleurs il y a mille marques qui font juger qu’il y a à tout moment une infinité de perceptions en nous, mais sans aperception et sans réflexion, c’est-à-dire des changements dans l’âme même dont nous ne nous apercevons pas, parce que les impressions sont ou trop petites et en trop grand nombre ou trop unies, en sorte qu’elles n’ont rien d’assez distinguant à part, mais jointes à d’autres, elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans l’assemblage. […] Et pour juger encore mieux des petites perceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j’ai coutume de me servir de l’exemple du mugissement ou du bruit de la mer dont on est frappé quand on est au rivage.
Jugez si nous le trouvons notre contemporain ; jugez si nous estimons que non seulement il nous peint, mais nous confesse ; jugez si nous n’éprouvons pas avec lui le plaisir de curiosité, amer quelquefois, toujours vif, de nous contempler comme dans un miroir. […] Il jugeait la chose excellente pour la santé intellectuelle. […] Vous en jugerez. […] Si je le jugeais par la sympathie qu’il montre à tels personnages ou à tels autres, je le jugerais « effrayant de stupidité », ce qui veut dire que je le tiendrais pour être d’un avis différent du mien. […] Ce volume sera peut-être jugé inférieur aux deux premiers ou, tout au moins, un peu moins amusant.
Bengesco, si nous en jugeons par le premier, une excellente Bibliographie de Voltaire. […] Mais on voit combien il serait dangereux de donner aux philologues les Pascal ou les Montaigne à juger sans compter qu’ils n’y tiennent guère, et que — Dieu leur pardonne ! […] Et, en effet, ils ne sont point chargés de critiquer ou de juger les lois, mais de les interpréter. […] Ainsi du moins en avaient jugé leurs contemporains tous trois ou tous quatre, et je crois qu’en dépit des progrès de la science et des changements du goût, ils avaient bien jugé. […] Pellissier, — que de juger à leur tour les jugements qu’il porte sur nos contemporains, sur MM.
encore un exemple de la nécessité de ne pas juger sur la répétition générale. […] Moréas est très agréable, comme vous en avez pu juger, facile, souple et harmonieuse. […] — Enfin j’ai mis les pièces sous vos yeux : vous jugerez de cette petite affaire. […] — Je le crois, Monsieur, et demain vous pourrez en juger.” […] Mais avec votre manière de juger, il n’y aura bientôt plus d’art dramatique en France.
Il faut donc, pour les bien analyser, marquer avant tout cette dissemblance des espèces ; il ne faut pas les juger sur le même esprit, sur les mêmes lois, sur l’application des mêmes règles. […] Si je l’eusse jugée en lui appliquant celles-ci, je l’aurais indubitablement condamnée, ainsi que l’ont osé tant de rhéteurs, avec trop d’aveuglement, et au mépris de l’opinion des scholiastes les plus érudits. […] Quelle comédie pareille à la sienne vit, en nul autre âge, des magistrats nommés pour la juger, l’approuver et lui décerner des prix, tandis qu’elle les menaçait eux-mêmes ? […] Les archontes et les spectateurs, dont j’ai reçu les prix, et qui m’ont décerné des couronnes, m’ont jugé avec de meilleurs yeux, ayant vu les choses de plus près. […] Établissez clairement leur division, on les jugera sur les lois qui les constituent, on les classera dans leurs rangs, et on reconnaîtra leur bonté relative.
A l’exemple de la plupart des historiens, après une étude plus ou moins approfondie des faits, après une recherche bientôt jugée suffisante, et s’étant dit une fois : Mon siége est fait, il s’en tire par le talent de la rédaction, par l’intérêt dramatique du récit, et par des portraits brillants. […] Il raconte et suit vivement les phases de la révolution, il les expose avec tant de lucidité, de vraisemblance et d’enchaînement, qu’on finit, ou peu s’en faut, par les juger inévitables. […] Thiers vient de nous donner une histoire du système de Law, où, avec l’impartialité et l’étendue d’esprit qui le distinguent, il a exposé et jugé les plans du financier écossais, fait la part de l’éloge et du blâme, des grandes conceptions et des erreurs. […] Il a aussi peint, avec un rare talent, les passions nouvelles que le système avait soulevées…. » Ainsi jugeait M.
Ceux qui veulent bien me juger aujourd’hui avec une faveur relativement égale à celle de mes juges d’autrefois, trouveront une explication toute simple, et ils l’ont trouvée : « Je suis critique, disent-ils, je devais l’être avant tout et après tout ; le critique devait tuer le poète, et celui-ci n’était là que pour préparer l’autre. » Mais cette explication n’était pas, à mes yeux, suffisante. […] — Vous allez en juger. […] Nous l’avons aidé, nous l’avons servi, nous l’avons contenu, nous l’avons combattu, nous l’avons vaincu ; il nous a laissés sur son rivage quand il a jugé qu’il pouvait se passer de nous, et qu’il a été demander son salut ou sa perte à d’autres institutions et à d’autres hommes ! […] Voilà maintenant notre rôle, étrangers au pouvoir, étrangers aux factions, seuls avec notre passé, que l’histoire jugera avec d’autant plus d’indulgence que nous aurons moins pressé son jugement !
La propriété matérielle résultent de cette entreprise commune devra être considérée comme étant à ma disposition et sera plus tard soumise aux conditions que je jugerai les plus utiles selon le sens idéal de l’entreprise. […] Berlin, le 18 mai 1871. » Notes sur la Gœtterdaemmerung 17 La Gœtterdaemerung est peut-être l’œuvre de Wagner la plus difficile à juger, à apprécier sainement ; démesurément longue, elle est pleine de bizarreries qui déconcertent et troublent même. […] Elles recréaient aisément une vie fantastique, pleine d’accidents surnaturels : car elles n’avaient pas encore modelé leur conception de la vie suivant les seules lois du possible ; ne voyaient-elles point, dans leur expérience sommaire, mille choses qu’elles devaient juger miraculeuses ? […] La vie est un enchaînement d’idées, sensibles, abstraites, se produisant l’une l’autre, et d’émotions : vous jugerez tous ces éléments dignes d’entrer dans votre œuvre, et vous rechercherez les signes spéciaux qui conviennent à chacun d’eux, Votre roman ne sera ni un naturalisme, ni une psychologie, ni une fine musique verbale : il sera vivant, par l’union de toutes ces formes.
— De même encore que pour l’organisation physique, et conformément à ma théorie, tout instinct est toujours utile à l’espèce qui en est douée ; mais, autant que nous en pouvons juger, aucun instinct n’est donné à une espèce pour le bien exclusif d’autres espèces. […] Il faudrait, il est vrai, supposer encore que la Mélipone disposât toutes ses cellules de niveau, comme elle le fait déjà de ses cellules cylindriques ; et de plus, ceci est peut-être moins aisé, qu’elle pût de quelque manière juger exactement de la distance à laquelle elle doit rester de ses compagnes de travail, lorsque plusieurs de ces insectes construisent ensemble leurs sphères. […] Mais les Abeilles surent prévenir ce résultat et arrêtèrent leur travail d’excavation en temps opportun ; de sorte qu’aussitôt que les bassins eurent été un peu creusés, leurs fonds devinrent planes ; et chacun de ces fonds planes, formés d’une mince couche de cire colorée que les Abeilles avaient laissée subsister sans la ronger, était situé, autant au moins que l’œil en pouvait juger, exactement dans le plan d’intersection imaginaire qui devait séparer les bassins des deux côtés opposés de la lame de cire, de sorte que leur profondeur d’un côté et de l’autre fût égale. […] Mais la sélection naturelle ne saurait dépasser ce degré de perfection architectural ; car le rayon de l’Abeille domestique, autant du moins que nous en pouvons juger, est arrivé à la perfection absolue sous le rapport de l’économie des matériaux.
Il est donc raisonnable de juger par la beauté des médailles, de l’état où étoit la gravure sous chaque empereur, et la gravure est un art qui suit la sculpture pas à pas. […] C’est ainsi qu’on pourroit, à l’aide du recueil des modes en usage en France depuis trois cens ans, que Monsieur De Gaignieres avoit ramassé, juger du temps où la figure d’une dame françoise auroit été faite. […] La plûpart sont perdus aujourd’hui, et nous ne sçaurions, pour ainsi dire, juger le procès aussi bien qu’on le pouvoit juger alors.
Telle est la marche naturelle de l’esprit humain : connaître d’abord et ensuite juger, s’étendre dans le monde extérieur et rentrer plus tard en soi-même, s’en rapporter au sens commun et le soumettre à l’examen du sens individuel. […] Pour ne point juger cette partie du système avec une injuste sévérité, il faut se rappeler qu’au temps de Vico, la science mythologique était encore frappée de stérilité par l’opinion ancienne qui ne voyait que des démons dans les dieux du paganisme, ou renfermée dans le système presque aussi infécond de l’apothéose. […] Comme le mal que nous voyons dans les autres nous frappe vivement, et nous reste profondément gravé dans la mémoire, il devient une règle d’après laquelle nous jugeons toujours ce qu’ils peuvent faire ensuite de beau et de bon. […] Nous n’entreprendrons pas de juger ce livre remarquable.
Ne soyons pas injuste ni trop rigoureux pour Bernis ; il s’est jugé lui-même en homme de goût, en homme de sens, et comme s’il n’avait rien eu du poète. […] Laissons-le parler lui-même, nous ne saurions dire aussi bien que lui : Quand on a des affaires à traiter dans les cours étrangères, c’est la manière dont on les conduit, ces affaires, qui fixe l’attention et qui décide de l’estime qu’on a pour vous ; mais, lorsqu’on n’a rien à démêler avec une cour, on est alors jugé d’après le personnel ; ainsi, l’on a besoin d’une grande attention pour éviter la censure d’une infinité d’observateurs curieux et pénétrants qui cherchent à démêler votre caractère et vos principes, sans que vous puissiez jamais détourner leur attention.
Pour bien juger des hommes de ce temps, pour faire équitablement la part de l’éloge ou du blâme, pour ne pas appeler sage tel acte ou telle résistance isolée qui, en son lieu, n’était qu’imprudence et folie, il importe (et Roederer l’a dit dans une très belle page, mais trop longue pour être rapportée) de se bien rendre compte du courant général, immense, qui entraînait alors la nation. […] C’est ainsi qu’il jugeait, pour l’avoir vue à l’œuvre, la démocratie en elle-même, organisée par en bas, aux vingt-six mille clubs, aux vingt millions de têtes.
Newton, et aux exemples qu’on lui alléguait de cas plus ou moins semblables au sien, et qui avaient été restaurés et guéris, il répliquait : « Ce n’est point là exactement mon mal, et je suis une exception. » Dans cette désespérance entière de lui-même, voyant son nom définitivement rayé du livre de vie, religieux et chrétien comme il était, on peut juger de son angoisse et de sa dépression mortelle. Ajoutez que, dans le fort de sa détresse et de son délaissement, il se jugeait incapable et indigne de prier.
Richelieu tout le premier montra qu’au fond il jugeait mieux de Rohan lorsqu’il lui confia ensuite le corps d’armée destiné à entrer dans la Valteline, et que, dans une lettre de lui adressée à ce général victorieux, il lui dit « qu’il sera toujours très volontiers sa caution envers le roi que lui, Rohan, saura conserver les avantages acquis et ne perdra aucune occasion de les augmenter. » Mais, en ce moment de la guerre civile, ce sont deux génies, deux âmes rivales et antagonistes qui sont aux prises, et tous les défauts, toutes les complications et enchevêtrements de la conduite et du rôle de Rohan lui apparaissent : il les impute à son caractère, et il les exprime avec excès, avec injustice sans nul doute, mais avec discernement du point faible et en des termes qui ne s’oublient pas. […] Quelque chose de ce sentiment austère et contristé se réfléchit dans la page suivante, où M. de Rohan, après avoir raconté la reddition de La Rochelle le 28 octobre (1628), ajoute du ton de fermeté et de fierté qui lui est propre : La mère du duc de Rohan et sa sœur4 ne voulurent point être nommées particulièrement dans la capitulation, afin que l’on n’attribuât cette reddition à leur persuasion et pour leur respect, croyant néanmoins qu’elles en jouiraient comme tous les autres ; mais comme l’interprétation des capitulations se fait par le victorieux, aussi le conseil du roi jugea qu’elles n’y étaient point comprises, puisqu’elles n’y étaient point nommées : rigueur hors d’exemple, qu’une personne de cette qualité, en l’âge de soixante-dix ans (et plus), sortant d’un siège où elle et sa fille avaient vécu trois mois durant de chair de cheval et de quatre ou cinq onces de pain par jour, soient retenues captives sans exercice de leur religion, et si étroitement qu’elles n’avaient qu’un domestique pour les servir, ce qui, néanmoins, ne leur ôta ni le courage ni le zèle accoutumé au bien de leur parti ; et la mère manda au duc de Rohan, son fils, qu’il n’ajoutât aucune foi à ses lettres, pource que l’on pourrait les lui faire écrire par force, et que la considération de sa misérable condition ne le fît relâcher au préjudice de son parti, quelque mal qu’on lui fît souffrir.
Et dès la première lettre, nous allons juger à vue d’œil du procédé de La Beaumelle, procédé qui lui est cher et qu’il a constamment appliqué. […] [NdA] Voisenon, bien qu’assez peu qualifié pour juger des autres, n’a pas mal vu en disant de La Beaumelle : « C’est un homme d’esprit sans aucun goût, qui a le maintien du sage et la conduite d’un fou… Il a composé un ouvrage divisé en chapitres sur différents sujets (Mes pensées ou [le] qu’en dira-t-on ?)
Je crois bien qu’il faut se garder de juger les choses du Ciel par celles de la terre ; mais celles-ci n’en sont-elles pas une ombre, un écho ? […] « Rien ne fait échapper à la colère, disait-elle vers ce temps à une spirituelle amie, comme un profond sentiment de l’infirmité humaine. » Je ne sais rien qui lui fasse plus d’honneur, dans tout ce que ses amis nous ont transmis d’elle, que sa manière de sentir et de juger en ces années-là.
Ce serait juger trop vite que de croire Mme de Boufflers déraisonnable et légère parce qu’elle soutenait quelquefois en causant des thèses un peu étranges. […] La dignité même de votre caractère, aux yeux du monde, reprend son lustre, puisque les hommes voient le juste prix que vous mettez à votre liberté, et que, quelles que soient les passions de jeunesse qui vous aient séduite, vous ne voulez plus maintenant faire le sacrifice de votre temps, là où vous n’êtes pas jugée digne de tout honneur25.
Il ne semble pas qu’on doive en faire aucun reproche à Catinat : il exposa et fit goûter toutes ses raisons à Chamlay, qui vint sur les lieux pour en juger par lui-même. […] Louis XIV jugea à propos de ne pas laisser Catinat inutile, et, au retour d’Italie, il lui donna le commandement d’une armée sur la Lys.
Mais « j’avais eu le tort, nous dit-il, de me séparer beaucoup trop tôt et beaucoup trop ouvertement du parti populaire, où je voyais alors un bien plus grand nombre de factieux qu’il n’y en avait réellement. » Il dut pourtant à sa bonne réputation et à son renom mérité d’honnêteté d’être, par la suite, le confident des repentirs de plus d’un de ceux qu’il avait d’abord trop absolument jugés. […] Napoléon, qui s’entend à juger son monde, a dit en courant sur le prince Lebrun un mot qu’il ne faudrait pourtant pas négliger dans un portrait complet ; c’est dans une lettre à son aide de camp Lemarois, datée de Mayence, 2 avril 1813 : « . . .
De nombreux auteurs dont elle avait interprété les ouvrages et entrevu ou connu la personne, elle avait retenu, sans prétendre pour cela les juger, une impression prompte et juste, le trait le plus vrai de leur physionomie, et quand on l’interrogeait à leur sujet, elle en parlait à ravir. […] Je ne sais pas un autre mot : on va en juger.
Vous savez comme on est gêné par la figure des gens,… et juger n’est pas mon état. […] Je ne prétends pas le juger sans le connaître ; je ne veux pas négliger de le connaître par la seule crainte de le trouver trop régulièrement bon.
DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON11 Quelque agités que soient les temps où l’on vit, quelque corrompus ou quelque arides qu’on les puisse juger, il est toujours certains livres exquis et rares qui trouvent moyen de naître ; il est toujours des cœurs de choix pour les produire délicieusement dans l’ombre, et d’autres cœurs épars çà et là pour les recueillir. […] — Mets ton épaule près de l’oreiller, afin que je m’accote sur toi. — Dans toutes les actions de ma vie, il y a toujours eu quelque chose qui ressortissait de la maternité. » Mademoiselle de Clermont, à Chantilly, ne se fût pas exprimée de la sorte en parlant à M. de Meulan ; mais Mlle de Liron était de sa province, et l’accent qu’elle mettait à ces expressions familières ou inusitées les gravait tellement dans la mémoire, qu’on a jugé apparemment nécessaire le nous les transmettre.
Ce ne sont pas des maximes de morale, c’est le développement des caractères et la combinaison des événements naturels qui produisent un semblable effet au théâtre ; et c’est en prenant cette opinion pour guide, qu’on pourrait juger quelles sont les pièces étrangères dont nous pouvons nous enrichir. […] Au dehors, tout est vu, tout est jugé ; l’être moral, dans ses mouvements intérieurs, reste seul encore un objet de surprise, peut seul causer une impression forte.
Jugez par là de leur intelligence politique. […] Jugez ici du nombre des fraudeurs par le nombre des surveillants : douze cents lieues de douanes intérieures sont gardées par 50 000 hommes, dont 23 000 soldats sans uniforme752. « Dans les pays de grande gabelle et dans les provinces des cinq grosses fermes, à quatre lieues de part et d’autre de long de la ligne de défense », la culture est abandonnée ; tout le monde est douanier ou fraudeur753.
N’est-il pas bien probable que tel autre savant spécial eût jugé de même les parties relatives à l’objet de ses recherches ? […] Le grand art des recensions n’est plus comme du temps de Fréron, de juger du tout par la préface ; c’est maintenant d’après le titre qu’on se met à disserter à tort et à travers sur le même sujet que l’auteur.
Pourtant, à le bien juger en réalité, et en m’en tenant à une lecture attentive de cette histoire même de M. […] Que de questions jugées et vidées qui auraient fourni matière à controverse, s’il n’en avait établi dès l’abord la solution décisive !