On peut y apprendre la marche, les beautés & le génie de sa propre langue, & mieux encore que dans ce labyrinthe où nous jette l’étude de celle qu’on ne parle plus.
Il n’est pas impossible qu’un chasseur ayant tué un daim et un faon, y veuille joindre une perdrix, mais qu’un loup devant quatre corps se jette sur une corde d’arc, cela ne me paraît pas d’une invention bien heureuse.
Au demeurant, je supplie Sa Majesté Impériale de considérer qu’il ne faut point de prêtres, ou qu’il faut de bons prêtres, c’est-à-dire instruits, édifiants et paisibles ; que s’il est difficile de se passer de prêtres partout où il y a une religion, il est aisé de les avoir paisibles s’ils sont stipendiés par l’État, et menacés, à la moindre faute, d’être chassés de leurs postes, privés de leurs fonctions et de leurs honoraires et jetés dans l’indigence.
Lorsque Pascal disait que l’homme ne sait que ce qui lui a été enseigné, et que, par conséquent, nous ne pouvons nous dispenser de remonter toujours à un enseignement primitif comme à une cause première, il commençait à jeter le pont qui devait réunir un jour le monde ancien et le monde nouveau.
Blessée dans la fibre de l’intérêt matériel, la seule fibre qui soit sensible et puisse jeter du sang chez les peuples quand ils sont gangrenés jusqu’au cœur, d’indifférente elle passe ennemie, et sa haine contre nous est aussi grande que la peur que nous lui faisons.
tous les Pauvres en littérature ont jeté, depuis quelque temps, à ce noble génie, abondant et luxueux, de Chateaubriand, un mépris sous lequel se cachent hypocritement toutes les bassesses de l’Envie.
Lui, Français et même un peu Gaulois, il a essayé de s’établir dans le fond d’une nature anglaise pour, de là, jeter son regard d’observateur sur la France, nous juger, et même nous raconter à nous-mêmes, d’une façon un peu plus nouvelle que s’il partait uniquement de ses impressions, que nous partageons, de Français.
Voyez-le raconter, dans une de ses lettres à son père, la chasse donnée pendant SIX heures, dans le carré du Palais-Royal, à un malheureux agent de police reconnu par dix mille bourreaux (c’est lui qui donne le chiffre), lesquels le jettent dans le bassin, le daguent de la pointe de leurs cannes, et lui mettent un œil hors de la tête !
Ces billets, écrits par la convenance et comme n’importe qui pourrait les écrire, sont aussi adressés à Madame d’Albany, que Madame de Staël appelle « ma reine », cette femme passée du dernier Stuart au poète Alfieri, et qui était allée assez peu royalement avec ce fier républicain demander une pension au gouvernement qui avait chassé les Stuarts d’Angleterre… Quoique écrits en 1815 et en 1817, sous l’empire d’événements publics qui auraient pu faire jeter de magnifiques flammes à ces deux volcans, le cœur et l’esprit de Corinne, je défie qu’on trouve en ces billets un mot qui dise tout bas, si on n’en voyait pas la signature, que ceci fut écrit un jour par Madame de Staël.
Ce sont des affirmations peu carrées et peu appuyées, mais rondes plutôt et glissantes, de ces inductions données cent fois par l’école cartésienne tout entière, cette école du moi qui n’a jamais su jeter de pont d’elle à Dieu, et dont l’auteur de l’Essai d’une philosophie religieuse a répété, sans les varier, les termes connus.
Tel est le système à la lueur duquel l’historien va jeter ses regards sur la Chine.
Bourdaloue et Bossuet, ressuscités parmi nous, seraient donc tenus de jeter sur le temps, — sur le détail des questions du temps, — ce regard pénétrant qui n’a jamais manqué au prêtre, si surnaturellement pratique.
Après avoir jeté un de ces regards qui résument sur la constitution du travail dans le monde antique, F.
Catholique du Syllabus, — du Syllabus qui n’est pas une nouveauté de ces derniers temps, mais l’expression dernière du catholicisme éternel, — il n’a pas craint de regarder à la clarté fixe de cette lumière les choses d’une époque où la société, désespérée, est à l’extrémité de tout, et où l’on peut jeter sans inconvénient une dernière fois le dé de la vérité à travers les dés pipés d’une partie à peu près perdue, et qu’il est peut-être impossible maintenant de gagner !
dont l’amant se fait gladiateur et se trouve en face d’un inceste quand il s’agit d’épouser la femme qu’il aime… Mais cette histoire, qui aurait pu être dramatique et touchante, surtout à l’heure où le christianisme, sortant comme une aurore des Catacombes, commençait de jeter, avec ses premiers rayons, dans les âmes, les troubles d’une vertu et d’une pudeur inconnus à cet effroyable monde romain qui finissait, cette histoire n’est pour Bouilhet qu’un prétexte : son vrai but, c’est de nous décrire le luxe inouï et les derniers excès d’une société dont les vices sont restés l’idéal du crime, et qui tombe, ivre-morte du sang dont elle a nourri ses murènes, sous la table de Lucullus.
Et cependant, si le caractère distinctif du poète épique est de voir grand, de jeter sur la nature un de ces regards dans lesquels elle se peint plus grande qu’elle n’est réellement, en dehors de ce regard transfigurateur, il faut bien convenir que l’auteur de Mirèio a dans le talent quelque chose du poète épique, et son poème est là pour le prouver.
L’auteur des Odes funambulesques, au contraire (pour lui laisser son demi-masque d’anonyme, comme son loup d’Arlequin et sa farine de Pierrot), l’auteur des Odes funambulesques, poète saltimbanque, se jette dans le faux, le faux compréhensible et vulgaire, avec une clarté, une fulgurance, une force de lumière qui ne permet aucune méprise.
Pécontal possède plus que personne, mais auxquelles l’esprit de notre époque préfère le rythme, tourmenté, poli, aiguisé, affiné, savant enfin et si souvent vide ; le rythme, dernière expression de la beauté poétique, et que l’Imagination dégoûtée finira par rejeter, pour sa peine d’avoir rejeté l’âme, — comme le roi de Thulé jeta à la mer sa coupe épuisée, quand ses yeux mourants n’eurent plus de larmes pour la remplir !
Il a voulu aussi les instruire, et il a jeté dans leurs mémoires, aussi grand ouvertes que leurs yeux, des tournures de langue oubliées, de charmantes choses tombées en désuétude, des mots divins que La Fontaine, qui n’était pas fier, ramassait, et qu’il faut rapprendre à l’enfance, si on ne veut pas qu’elle périsse, l’ancienne langue française, exténuée dans les maigreurs du xviiie siècle.
Ceci jette un nouveau jour sur les principes des obligations qui naissent des pactes et contrats, tels que nous les avons établis plus haut.
Des hommes perfides du haut de la nef m’avaient jeté dans les flots soulevés du courant61. » À part les désinences doriques affectées par l’original, ne sent-on pas ici, jusque dans la simplicité des tons, le calcul d’un art plus moderne, comme nous le sentons, pour le moyen âge, dans quelques ballades récentes en vieux langage de France, d’Espagne ou d’Angleterre ?
Gresset, qu’on avait essayé dans un temps d’opposer à Voltaire, et dont Jean-Baptiste Rousseau exaltait les débuts, n’avait eu ni assez de force de talent ni assez de pensée pour soutenir la lutte, et il avait été vite jeté de côté. […] Madame Lebrun, qui nous le fait connaître à merveille, raconte qu’à la Malmaison, chez madame du Moley, il était convenu, pour plus de liberté, qu’en se promenant dans les jardins, on tiendrait à la main une branche de verdure, si l’on désirait ne pas se chercher ou s’aborder : « Je ne marchais jamais sans ma branche, dit-elle ; mais je la jetais bien vite, si j’apercevais l’abbé Delille. » Madame Lebrun elle-même, avec sa facilité, son goût vif à peindre et sa séduction de coloris, me semble avoir été, dans ce même monde, une chose légère, assez semblable à l’abbé Delille. […] Les idées y semblent jetées au hasard, déchiquetées par petits couplets qu’étrangle à la fin une sentence30. » Ce reproche est fondamental à l’égard de Delille et tient à la nature même de son procédé.
Lorsqu’un métaphysicien a défini avec intrépidité ce que nul ne connaît, il devient beaucoup plus prudent en prenant pied sur le sol de la réalité, ou, s’il continue à tracer dans les nuages ses lignes idéales, l’architecte jette à la dérobée maint coup d’œil sur la terre, et veille à ce que le plan qu’il lève là-haut ne soit pas trop fantastique. […] Il rit encore des roulements d’yeux et des contorsions du pauvre homme, lorsqu’il jette à Agnès, dans un transport d’amour et de rage, cette question d’un comique si sublime : Pourquoi ne m’aimer pas, madame l’impudente ? […] Et si, la conversation passant des vins d’Europe aux fleuves du nouveau monde, les buveurs échauffés agitaient en tumulte la question de savoir si le Tennessee se jette dans l’Ohio ou dans le Mississippi, Uranie terminerait encore le débat.
Je n’aurais jamais imaginé que la jeune France pût vouloir la paix à tout prix, et qu’elle ne jetât par la fenêtre les ministres qui lui mettent un commissaire anglais à Bruxelles et un caporal autrichien à Bologne. […] XXIII Les tentatives de madame la duchesse de Berry, son emprisonnement, ses aventures, ses désastres, ses ruptures et ses réconciliations avec la famille royale mécontente, furent l’occasion de quelques nouvelles missions officielles de M. de Chateaubriand ; il fut le premier ministre de ces domesticités délicates de la cour proscrite, l’homme de confiance de la royauté de l’exil, chargé de jeter le manteau de la dignité et du respect sur des cicatrices de famille. […] Ampère voyage, pareil à l’esprit errant, des déserts d’Amérique aux déserts d’Égypte, sans trouver le repos dans le silence ni l’oubli dans la foule, et rapportant de loin en loin dans sa patrie de la science, de la poésie, de l’histoire, qu’il jette, comme les fleurs de sa vie, sur le cercueil de son amie.
Le contrecoup de la république de 1848, à son tour, eut son retentissement naturel et non artificiel partout : Vienne, Berlin, Francfort, Milan, Venise, Naples, Florence, Rome, se soulevèrent d’elles-mêmes ; les souverains et le pape se hâtèrent de jeter des constitutions plus populaires pour amortir le choc des peuples contre les trônes. […] Le général napolitain Gabriel Pepe se jeta patriotiquement dans Venise avec un lambeau de l’armée d’Italie. […] On a vu plus haut qu’une révolution militaire avait tout à coup éclaté à Naples au mois de juillet 1820 ; une secte masquée, les carbonari, avait jeté hardiment son masque en Calabre, soulevé les régiments, marché sur Naples et proclamé la constitution d’Espagne.
Ce général, en effet, provoqua sa mort quand, à la tête de quelques révolutionnaires, il se jeta sur la caserne des soldats. […] « On imagine facilement dans quelle consternation nous jeta un pareil message. […] « Quand Napoléon entra dans la chapelle, il jeta tout d’abord son regard sur les places réservées aux cardinaux.
Après la mort de Goethe, resté uniquement fidèle à sa mémoire, tout occupé de le représenter et de le transmettre à la postérité sous ses traits véritables et tel qu’il le portait dans son cœur, il continua de jouir à Weimar de l’affection de tous et de l’estime de la Cour ; revêtu avec les années du lustre croissant que jetait sur lui son amitié avec Goethe, il finit même par avoir le titre envié de conseiller aulique, et mourut entouré de considération, le 3 décembre 1854. […] Il n’en est pas de même avec un livre ; s’il déplaît, on le jette de ses mains ; au théâtre, c’est mieux, il faut tout endurer. » Je trouvai qu’il avait raison, et je pensai que tout était pour le vieillard une occasion de dire quelque chose de juste. […] Goethe était assez silencieux, et il se bornait à introduire çà et là quelques remarques significatives ; en même temps il jetait un coup d’œil sur les journaux, nous lisant les passages les plus saillants, et surtout ceux qui parlaient des progrès de la révolution grecque.
Et voici que tout d’un coup, avec l’audace de ses vingt-huit ans, un jeune auteur jetait sur la scène, non plus la courtisane historique, poétisée par la légende, ni l’aventurière, protégée par un pudique euphémisme, mais bien la fille entretenue. […] La recherche du mot qui peint et de l’épithète colorée leur est commune avec tous les écrivains pittoresques ; mais ils se distinguent de ceux-ci par la profusion de mots abstraits qu’ils jettent dans leur style. […] L’espèce d’admiration où il est de lui-même pour avoir daigné jeter les yeux sur les objets qu’ensuite il voulait peindre, suffirait à prouver combien peu il se doute de ce que doit être cette lente et patiente et minutieuse observation, la seule dont s’accommode la science. […] Il aura beau la mépriser et la haïr, il aura beau sentir à côté de lui, toute chaude et prête pour son salut, la tendresse dévouée de la petite Yvette, c’est un sort que lui a jeté son Arlésienne : il faut qu’il en meure. […] Rien ici d’ailleurs qui ressemble à la déclamation romantique : point de théâtrale désespérance, point d’anathème jeté à la création et à la société.
Leurs paroles, expression des sentiments qu’ils ont accueillis en eux par une sorte de divination, sont autant d’aveux, de cris de l’humanité, d’éclairs jetés dans ses ténèbres. […] Oiseaux chassés du nid avant d’avoir des plumes, jetés du sein d’un dogmatisme servile, mais sûr, dans les hasards d’un scepticisme vague, ils laissaient peser sur eux une disproportion inévitable et constante entre le but, et les moyens, entre les ressources et les exigences de leur situation. […] Souvent il jette sur l’ensemble de l’univers un regard philosophique et profond ; sur la nature, sur l’ordre du monde, on rencontre chez lui des pensées belles et grandes. […] N’ayant de pensée générale sur rien, mais beaucoup de vues particulières, il les a jetées à côté les unes des autres, sans les juger les unes par les autres, sans se soucier de leur contradiction mutuelle, et leur laissant, pour ainsi dire, le soin de s’accommoder ensemble comme elles le pourraient. […] Que d’éclairs jetés dans les ombres du cœur humain !
Bussy s’en retourna comme il était venu ; il se jeta dans la dévotion, et termina comme un sage une vie qu’il avait commencée en fou et en libertin. […] La chose serait aisée, pour peu qu’on voulût trahir le bon sens : il ne faudrait que s’écarter du naturel pour se jeter dans l’extraordinaire. […] Racine n’est tombé dans cette faute que par un excès de raison et de prudence ; il a voulu jeter longtemps auparavant la semence de ce dénouement merveilleux : il a cru nécessaire de préparer les esprits à cette autre Iphigénie, qui, dans la fable même, paraît si fabuleuse : sans doute il appréhendait que le mystère de la naissance d’Ériphyle ne parût incroyable au spectateur si on la lui jetait brusquement à la fin de la pièce sans le lui avoir fait pressentir. […] Elle n’a point cette pudeur grecque qui redoute l’aspect et l’approche d’un homme ; elle se jette sur Hippolyte, saisit son épée : tout cela est conforme aux idées françaises. […] Dans quelles erreurs ne l’ont pas jeté des recherches infidèles !
Vers la fin un souffle passa, qui jeta les semences d’une nouvelle vie. […] Mais où il excelle, c’est à voir et à bien montrer des hommes qui sont du bon et du mauvais en un constant mélange, et qu’il ne faudrait que très peu de chose pour jeter sans retour dans le mal, ou sans défaillance prévue, dans le bien. […] Allons chercher une comédie qu’il n’a point faite, et dont il n’a jeté sur le papier que la matière : « J’ai eu autrefois une maîtresse qui était savante. […] Dieu a parlé. « Il a donné sa loi » ; il « jeta dans tous les cœurs une même semence » ; il a mis la conscience en l’homme comme un flambeau. […] Laissez donc : ce sont des coquilles de saint Jacques jetées là par-des pèlerins revenant de Terre Sainte. — Et cet autre, avec sa génération spontanée et ses anguilles nées sans procréateurs !