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1106. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Au fond une grande source d’humanité que cette religion catholique, et je m’irrite de voir des intelligences et des esprits se mettre à genoux devant la religion sans entrailles de l’antiquité. […] Et cependant, prenez, dans le tas de ces deux humanités, un échantillon de chacune, l’intelligence personnelle sera presque toujours du côté du Latin, de l’Italien par exemple. Mais cette intelligence n’est-elle pas semblable au soleil purement artiste de Rome, qui ne fait que des fleurs et pas de légumes ? […] 5 septembre Monologue d’un bourgeois devant l’océan : « La mer est silencieuse et trop loin… Il y a vingt-cinq ans, la mer se retirait moins loin… l’espace est monotone, si on n’a pas le flot… et le flot, on ne l’a que deux heures avant et deux heures après : en tout quatre heures, c’est déjà quelque chose… Mais c’est monotone… du reste ça m’est parfaitement égal… » 8 septembre En voyant une méduse à moitié desséchée sur la plage, je me demandais si la mort dans les animalités végétantes de la vie inférieure ne serait rien qu’une insensible cessation de vivre, et si la douleur de la mort, montant l’échelle animale, et s’aggravant à chaque échelon de l’organisme et de l’intelligence, ne réserverait pas à l’homme seul, toute la cruauté et toute la souffrance de la conscience de mourir.

1107. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

« Vous n’avez vécu que pour les choses de l’intelligence ; et, non content de chercher dans l’observation de notre coin de nature et d’humanité, matière à remplir vos études et à satisfaire la curiosité de vos goûts, vous avez élargi l’horizon contemporain, vous avez ressuscité le charme d’un siècle disparu, vous avez rapproché de nous la fantaisie et le mystère des arts lointains. […] Georges Lefèvre nous cite plusieurs légendes des Zoulous, et entre autres celle de l’éléphant, considéré comme le représentant de la force, de la bonté, de l’intelligence. […] Il semblait à la jeune fille qu’était Mme Sichel, que la vieille femme avait une haute idée de l’intelligence de son fils, mais qu’elle n’osait le témoigner, par suite de l’autorité, qu’avait sur son esprit un vieil ami, regardant son fils comme un chenapan, qui parlait toujours de venir voir sa mère, ne venait jamais, et ne lui écrivait que pour lui demander de l’argent. […] Petit paysan, il était pris en affection par un vieux médecin du pays, sur l’intelligence de sa figure, et ce médecin faisait les frais de ses études de médecine à Paris.

1108. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

I Les temps ne sont pas très éloignés de nous où l’incrédulité savante passait communément pour marque, ou pour preuve, de supériorité d’intelligence et de force d’esprit. […] Mais on n’en voyait pas moins, — avec Auguste Comte et son école entière, — dans « l’état théologique », ce que j’appellerais volontiers la phase embryonnaire de la vie de l’intelligence, et peut-être quelques physiologistes ou quelques anthropologues croient-ils encore fermement à la réalité de cette métaphore. […] Qui ne voit que si l’Écriture est assez claire de soi pour toute intelligence, elle ne contiendrait rien qui surpassât les lumières de l’homme, auquel cas nous n’avions pas besoin d’un Dieu pour nous la « révéler ?  […] L’absolue nécessité des lois de la nature n’est après tout qu’un postulat dont nous avons besoin pour asseoir le fondement de la science, et rien ne prouve que ce postulat soit autre chose que l’expression d’une loi toute relative de notre intelligence.

1109. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

L’Avenir de l’Intelligence, Fontemoing, 1905. — Robert de Souza : La Poésie Populaire et le Lyrisme sentimental. […] Maurras, L’Avenir de l’intelligence, Fontemoing, 1905. — J.  […] Maurras, L’Avenir de l’Intelligence, Fontemoing, 1905, in-18. — R. de Montesquiou, Deux Muses, Renaissance Latine, 15 juin 1902. — Ch. […] À consulter. — Charles Maurras. — L’Avenir de l’intelligence, Fontemoing, 1905, in-16. — J. 

1110. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Cependant commençaient à s’agglomérer autour de la Revue des Deux Mondes ce faisceau d’intelligences auquel elle dut son succès. […] « Comme vous l’avez si bien dit, l’intelligence quitta le Théâtre-Français avec le bon et aimable Taylor. […] Nous avons attaqué seulement sa capacité, sa courtoisie, son intelligence. […] Cavé, une raillerie au-dessus de la portée de l’intelligence de M. le commissaire du roi, c’est le mode de salutation qui la termine.

1111. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

Le spectacle d’hommes remarquables par le caractère, l’intelligence, le talent, pensant différemment les uns des autres, se le disant vivement, rivaux sans doute, mais rivaux pas aussi implacables que ces généraux qui, en Espagne, immolaient des armées à leurs jalousies ; occupés sans cesse des plus graves intérêts des nations, et élevés souvent par la grandeur de ces intérêts à la plus haute éloquence ; groupés autour de quelques esprits supérieurs, jamais asservis à un seul ; offrant de la sorte mille physionomies, animées, vivantes, vraies comme l’est toujours la nature en liberté ; — ce spectacle intellectuel et moral commençait à saisir et à captiver fortement la France.

1112. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

Thiers, disons-le à son honneur, et quels que puissent être ses regrets politiques, n’est point de ces esprits-là : il aime le vrai, le naturel ; il a le goût des faits, il en a l’intelligence ; il ne résiste pas à ce qu’il voit, à ce qu’il sait, et il le rend comme il le voit, sans aucune exagération et sans enflure.

1113. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

Je ne pense pas que Théophile Gautier, de qui on a souvent rapproché M. de Saint-Victor, et qui, en effet, a pu être son maître un moment, soit aussi neutre, aussi indulgent, aussi placide d’impression qu’on veut bien le dire : il est facile, quand on lit Gautier avec intelligence, de saisir sa vraie impression et de la discerner, comme un sable fin, au fond de ce beau lac d’indifférence où il se joue ; mais enfin M. de Saint-Victor se distingue absolument de lui par la vivacité avec laquelle il articule et accuse en toute rencontre ses affections ou ses répugnances.

1114. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

Le regard se promène avec dédain ou sérénité sur le monde, l’intelligence des choses n’a jamais été si limpide ; mais où est la vie, où est l’amour ?

1115. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

Le critique a besoin de n’être pas isolé, de n’être pas seul à sa table, plume en main, au premier carrefour venu ; il a besoin d’être dans un ordre de doctrines, au sein d’un groupe uni et sympathique qui le couvre, dans lequel il puise à tout instant la confirmation ou la rectification de ses jugements ; car souvent il ne fait autre chose pour les sentences qu’il rend qu’aller autour de lui au scrutin secret, en dépouillant toutefois les votes avec épuration et intelligence.

1116. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Mablin, ces curiosités d’un dilettantisme studieux mènent à l’intelligence vive et entière des modèles qu’il s’agit d’apprécier.

1117. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

. — Les gens d’esprit qui, à table, mangent au hasard et engloutissent pêle-mêle, avec une sorte de dédain, ce qui est nécessaire à la nourriture du corps (et j’ai vu la plupart des doctrinaires faire ainsi), peuvent être de grands raisonneurs et de hautes intelligences, mais ils ne sont pas des gens de goût.

1118. (1874) Premiers lundis. Tome II « Des jugements sur notre littérature contemporaine à l’étranger. »

Les plus grandes intelligences n’échappent pas à cet inconvénient.

1119. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre V. Des personnages dans les récits et dans les dialogues : invention et développement des caractères »

Vous tâcherez encore ici que la mémoire ne fasse point l’office de l’intelligence et du sentiment.

1120. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

Mais que Prétextat se range sans hésiter à cette casuistique de sauvage, nous ne le pourrions admettre que si ce saint évêque nous avait été présenté comme un homme d’une intelligence affaiblie par les années et touché, comme dit l’autre, du vent de l’imbécillité. » Et je crois vraiment l’avoir démontré ; du moins y ai-je apporté tout le soin et tout le sérieux dont je suis capable.

1121. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

Ce type lui est d’abord apparu sous les traits de Saint-Mégrin, dans son drame de Henri III ; puis quand il a cédé à l’influence transitoire de la passion révolutionnaire, sous les traits de Robespierre dans l’histoire, d’Antony dans le drame ; dès que la passion de 1830 est refroidie, on voit reparaître dans ses ouvrages toute une famille de personnages dont Saint-Mégrin est l’aîné, intelligences avisées et pleines de ressources, caractères sans peur et sans scrupules, poignets vigoureux, beaux joueurs qui se font place dans le monde à la pointe de l’épée et de l’esprit : Saint-Mégrin, dans Henri III ; d’Artagnan, dans les Mousquetaires ; Bussy, dans la Dame de Monsoreau… Sans doute, M. 

1122. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

Il a l’idée frappée dans le métal sonore de l’expression ; il a l’imagination et l’image qui s’envole comme un oiseau versicolore ; il a l’intelligence qui se communique à la foule par un verbe éclatant ; il a l’art dont les délicats sont ravis et charmés ; il a la force et la sensibilité, l’abondance et la variété, la fantaisie et l’esprit, l’émotion et l’éclat de rire, le panache et la petite fleur bleue.

1123. (1890) L’avenir de la science « IX »

Mais leur vue est courte et bornée, en ce qu’ils ne s’aperçoivent pas que la polymathie est la condition de la haute intelligence esthétique, morale, religieuse, poétique.

1124. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

De plus, on a vu des Poëmes dans presque toutes les Langues, avoir un succès général, quoique l’intelligence n’en fût réservée qu’à un très-petit nombre de Connoisseurs.

1125. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

Et quel temps choisit-on pour le décrier ; le temps où il devoit être à l’abri de toute médisance ; où il avoit souffert le dernier outrage pour un amant ; où le chanoine Fulbert avoir épuisé les rafinemens de sa vengeance ; où la tendre Héloïse, ce modèle des amantes, désespérée, & brûlant de plus de feux que jamais, avoir porté dans un cloître, avec tous les agrémens de sa jeunesse & de son esprit orné de mille connoissances, les charmes d’une figure adorable ; où ces amans n’avoient, contre leur fatale destinée, d’autre ressource que l’illusion, l’image de leur ivresse passée, le souvenir de ces transports dont ils étoient pénétrés, lorsque le prétexte de l’étude favorisoit l’intelligence du maître amoureux & de l’écolière passionnée*.

1126. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Françoise. » pp. 159-174

Il s’est appliqué à en débrouiller le chaos, à séparer l’alliage de l’or pur, à nous donner l’intelligence des anciens termes dans un Glossaire attendu avec impatience.

1127. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 12, des siecles illustres et de la part que les causes morales ont au progrès des arts » pp. 128-144

Ces petits tyrans, nichez avec leurs satellites dans une infinité de forteresses, et dont la bonne intelligence et les querelles, étoient également un fleau terrible pour la societé, venoient d’être exterminez par la prudence et par le courage du pape Alexandre VI.

1128. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

Moraliste, c’est-à-dire sensualiste, comme le sont la plupart des femmes qui ne voient le but de la vie que dans cette misère du bonheur terrestre, Mme Gay n’a regardé le ridicule que par son côté extérieur, et peut-être ai-je appelé trop vite une mystification ce qui est pour elle le sérieux de la vie : mais si cela est, Mme Sophie Gay est encore plus médiocre que tout à l’heure je ne le supposais, et c’est le doute dans lequel elle jette l’intelligence de son lecteur, qui est la meilleure raison à donner contre son livre.

1129. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Mais, hors cette impression, qu’il ne fallait pas être bien sensitive pour éprouver, la voyageuse n’a rien compris à cette polygamie des harems qu’un voyageur, d’une intelligence plus perçante et plus mâle, aurait examinée.

1130. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

Aussi est-ce sous la lumière attirante de ce nom de Donoso Cortès qu’on a placé avec intelligence le nom moins lumineux de Raczynski, pour qu’il pût bénéficier de cette lumière et qu’on vit mieux qu’il était digne de la partager.

1131. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Monselet »

Comme les de Goncourt nous donnent les misères de l’âme et des sens, dans cette époque sans âme et sensuelle, Monselet nous donne les misères de l’intelligence.

1132. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VI. Jules Simon »

Il l’a ravalée jusqu’au niveau des intelligences égalitaires les plus égales entre elles.

1133. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXII. Philosophie politique »

franchement, que trouverez-vous, sinon un tourbillon d’atomes, une poussière d’intelligences que le vent de leur temps a soulevées, mais qu’il faut laisser maintenant tranquilles au fond de leurs cercueils !

1134. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

De Tartufe profond à charlatan grossier, il n’y avait que l’épaisseur et la vulgarité de l’intelligence de Gibbon, ce camard d’esprit comme de nez, cet affreux Hun de l’Histoire quand il s’agit, de près ou de loin, du Christianisme.

1135. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Malheureusement un bulletin bibliographique ne se fait pas uniquement avec du libre arbitre et de l’intelligence ; il doit subir l’ordre ou le désordre des publications de chaque jour.

1136. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

Jamais son intelligence n’est plus puissante que quand il enlève, à bout de bras, ces haltères philosophiques comme des plumes, et qu’il les casse, en les laissant retomber, comme des porcelaines qu’on ne recollera jamais plus.

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