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2639. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Saint-Simon, né en janvier 1675, d’un père déjà vieux, ancien favori de Louis XIII, et qui devait à ce prince toute sa fortune ; élevé par une mère vertueuse et distinguée, manifesta de bonne heure un goût inné pour la lecture, et pour celle de l’histoire en particulier.

2640. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

« Il n’a pas mis dans ses ouvrages un seul mot dont il ne pût rendre compte. » On voit, d’après une critique qu’il fit en causant d’un écrit de Thomas, ce qu’il entendait par ces petits mots, par ces liens naturels et ces nuances graduées du discours, et quelle finesse de goût il y apportait.

2641. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

De retour d’Allemagne à Genève, s’y étant marié, comme on a coutume de le faire de bonne heure dans son pays, Mallet cherchait une voie à ses goûts et à ses ardeurs d’étude et de polémique.

2642. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Il était de ceux en qui l’humeur domine le caractère ; l’amour de son plaisir, le libertinage, l’intrigue pour l’intrigue, le goût des déguisements et des mascarades, un peu trop de Figaro, si je puis dire, gâtaient le sérieux et rompaient dans la pratique la suite des desseins que son beau et impétueux génie était d’ailleurs si capable de concevoir.

2643. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Dreyss fort exact, fort rapproché des manuscrits originaux dont il ne laisse passer ni une phrase inachevée ni une faute d’orthographe sans la reproduire, fort prisé et fort loué, je le sais, de plusieurs personnes compétentes, m’a paru, je l’avoue, à moi qui suis apparemment plus frivole, et au point de vue du goût, susceptible de beaucoup d’objections, dont la plus grave est qu’à force de faire subir au lecteur toutes les fatigues et les peines qu’il s’était données dans son examen et qu’il est venu étaler trop complaisamment, l’éditeur a rendu la lecture de ces Mémoires, d’agréable qu’elle était dans l’ancienne et la mauvaise édition, très difficile et très pénible, — j’allais dire impossible —, dans la sienne qui va passer désormais pour la seule authentique et la seule bonne.

2644. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Ce n’avait été qu’une distraction dans sa vie peu sentimentale et tout affairée, et il semble s’en être peu ressouvenu dans sa vieillesse, comme d’un de ces goûts fugitifs qui passent avec l’âge.

2645. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Et parlant du grand ouvrage que Montesquieu préparait depuis vingt ans, M. d’Argenson ajoutait : J’en connais déjà quelques morceaux qui, soutenus par la réputation de l’auteur, ne peuvent que l’augmenter ; mais je crains bien que l’ensemble n’y manque, et qu’il n’y ait plus de chapitres agréables à lire, plus d’idées ingénieuses et séduisantes, que de véritables et utiles instructions sur la façon dont on devrait rédiger les lois et les entendre… Je lui connais tout l’esprit possible ; il a acquis les connaissances les plus vastes, tant dans ses voyages que dans ses retraites à la campagne ; mais je prédis encore une fois qu’il ne nous donnera pas le livre qui nous manque, quoique l’on doive trouver dans celui qu’il prépare beaucoup d’idées profondes, de pensées neuves, d’images frappantes, de saillies d’esprit et de génie, et une multitude de faits curieux, dont l’application suppose encore plus de goût que d’étude.

2646. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Mais toujours il écrira dans le même goût : toujours il amalgamera la métaphysique et l’image dans des alliances ternes et fatigantes ; toujours les esprits vifs et restés encore français seront arrêtés en le lisant, et saisiront un léger ridicule là où lui, si fin, n’en soupçonnait pas.

2647. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Voltaire, qui n’a fait qu’assister à la naissance de ce style et qui s’en est raillé, ne l’a pas vu dans son développement et dans tout son beau ; il était venu à temps, dans sa jeunesse, pour corriger le goût public du précieux de Fontenelle : il a fait défaut, un siècle après, pour percer à jour cette forme de bel esprit plus sérieuse, et pour faire opposition, par son exemple, à des Fontenelle bien autrement prépondérants.

2648. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Le faux goût de Louis XIV avait envahi l’Angleterre.

2649. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Et l’écrivain qui les a décrits, ces horizons et ces environs, avec le sens et le goût des choses divines, qui est-il ?

2650. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Hors l’Institut (et encore peut-être), qui prendrait goût à ces casse-tête chinois de la science vaine et de l’analyse impossible ?

2651. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Il n’a pas le goût très-cosmopolite, et les déplacements d’horizon lui troublent la vue.

2652. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

bien, ce peintre — en dehors du culte que lui avaient voué ses élèves, — a été considéré par ses contemporains comme un amuseur de la canaille, un bas artiste aux productions indignes d’être regardées par les sérieux hommes de goût de l’Empire du Lever du Soleil. […] Ce feuilletage des livres illustrés du libraire, cette vie dans l’image, pendant de longs mois, avait fait naître chez le jeune homme le goût, la passion du dessin, et nous le trouvons vers les années 1773, 1774, travaillant chez un graveur sur bois, et en 1775, sous le nouveau nom de Tétsouzô, gravant les six dernières feuilles d’un roman de Santchô. […] Une autre impression d’un grand caractère, représentant l’impératrice Dakki qui, d’après une légende japonaise, serait un renard à neuf queues : cette impératrice ayant le goût du sang, faisant ouvrir le ventre des femmes enceintes, et que l’on voit à une fenêtre, regardant un enfant qu’un bourreau tient suspendu en l’air par le collet de sa robe, prêt à lui couper la tête avec son sabre. […] À propos du goût d’Hokousaï pour la poésie, on raconte qu’il était membre d’une société de poètes, nommés les sociétaires de Katsoushika et, en raison de sa supériorité sur ses confrères, y exerçant une sorte de présidence. […] Et le goût dépensé sur ces peignes !

2653. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Il fit ses études au collège de Pontlevoy et montra des goûts assez littéraires qui ne demandaient qu’à être cultivés.

2654. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Un historien qui n’est pas exempt de faux goût, mais qui a des portions de vie et de vérité, Pierre Matthieu, a exprimé d’une manière mémorable le deuil des villes et des campagnes à cette soudaine et fatale nouvelle que Henri IV n’était plus : Dire maintenant quel a été le deuil de Paris, c’est entreprendre de persuader une chose incroyable à qui ne l’a vu.

2655. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Je ne fais point un réquisitoire contre Benjamin Constant ; loin de là, j’aurais plutôt du goût pour lui.

2656. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Ces lettres de Russie, jointes à celles d’Orient et à quelques-unes d’Afrique, mériteraient de trouver un éditeur ami, homme de goût et de discrétion, ne s’arrêtant qu’aux vraies bienséances, qui choisirait, ne retrancherait que le nécessaire, qui surtout ne changerait rien et restituerait à peine quelques mots pour la correction.

2657. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Cela dura peu ; il revint à l’idée de se détruire, et, n’ayant pu y parvenir par excès de jeûne, il songea à le faire par excès de manger, ce qui était plus dans sa nature et dans ses goûts.

2658. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

J’ai essayé de les apprécier équitablement, d’y saisir et de faire toucher le lien qui les unit à distance, de dégager l’unité de l’homme à travers les disparates de la vie, et, bien que sans aucun goût (tant s’en faut !)

2659. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

C’est sans doute de ce goût prononcé pour la mécanique qu’a entendu parler d’Argenson.

2660. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

En 1817, il en commença une autre intitulée Athélie ou les Scandinaves, mais il n’alla qu’à la fin du troisième acte et s’en dégoûta à mesure qu’il avançait : son goût se fit plus vite que sa tragédie.

2661. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Je ne puis m’ôter de la pensée que le spirituel académicien n’avait accepté cette charge que pour avoir occasion, avec ce bon goût qui ne l’abandonne jamais et avec ce courage d’esprit dont il a donné tant de preuves dans toutes les circonstances décisives, de rappeler et de maintenir devant cette démocratie littéraire les vrais principes de l’indépendance et du goût.

2662. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Il n’a pas eu le grand goût, le sens profond de l’art, de la poésie : il a eu des timidités d’écolier, des répugnances de petite-maîtresse, devant la vraie nature et devant les maîtres qui l’ont rendue.

2663. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Ce plaisir, on le trouve un peu puéril et on a quelque peine à le goûter tout d’abord quand on s’est laissé corrompre par d’autres livres où le besoin de la vérité, même triste, surtout triste, s’étale avec quelque chose de maladif et d’outré ; mais, avec un peu d’effort, on s’affranchit de cette impression première ; on sent se réveiller au fond de son âme, sous les tristesses d’une expérience morose, sous le positivisme et le pessimisme acquis, cet amour des fables et des fictions, ce goût de l’irréel qu’apporte tout homme venant en ce monde.

2664. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Pelletier pour empêcher le jeune duc d’aller à un divertissement chez sa mère : M. le duc d’Aumale a le courage d’avouer que « cette conspiration contre d’innocents plaisirs ne fut pas du goût de M. le duc » et que « pendant quelques jours M. de Benjamin n’eut pas à se louer de lui ».

2665. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

La troupe de Molière, qui avait fait son apprentissage dans les provinces du Midi les plus fréquemment visitées par les comédiens d’au-delà des monts, où les populations avaient aussi pour l’improvisation un goût vif et naturel, était demeurée fidèle à ces libres divertissements dont les Italiens avaient, à Paris, le privilège presque exclusif.

2666. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Émilie Montel, de la Suze (Sarthe) reste aussi infirmière toute sa vie, par choix, par le goût désintéressé de bien faire.

2667. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Plus sa tendresse pour son fils augmente, plus il semble que son amour pour la mère diminue ; ce n’est plus que comme un premier goût.

2668. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

A la place de cette pochade de rapin français, nous aurions mieux aimé voir quelque loyale et rêveuse figure d’étudiant allemand, dans le goût de Schiller et de Novalis, les grands yeux bleus pleins de féeries et de rêves, les longs cheveux dorés du Germain s’épanchant sous la casquette romantique, un frais sourire sous une moustache blonde, de la candeur rehaussée d’humour et de vaillance, et, par moments, des bouffées d’enthousiasme, de poésie et de lyrisme s’exhalant, comme une fumée d’encens, de la longue pipe de porcelaine qui pend à ses lèvres.

2669. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Après Friedland et après Tilsitt, quand le général Savary vint à Saint-Pétersbourg, ce soldat homme d’esprit, et plein d’intelligence, y rencontra M. de Maistre, et il eut le mérite de se prendre d’intérêt et de goût pour lui.

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