Il demeurait donc bien convenu que, dans ces trois fameuses représentations, tout se passerait entre amis, en famille … On ignore trop ce que peuvent pour la gloire d’un seul grand homme deux cents amis dûment groupés et qui manoeuvrent sous l’infatigable direction de huit ou dix journalistes jouant du fifre et du tambour.
Néanmoins, le seul fait d’avoir joué exactement ce que Wagner voulait est un titre incomparable de gloire pour un artiste, et les noms de Mmes Materna et Malten, de Schnorr, Gudchus, Scaria et de tant d’autres deviendront plus célèbres, par le seul fait que ceux qui les portaient ont préféré obéir à un maître, que ceux qui essayent de se donner un renom particulier, et suivant l’ignoble argot du cabotinage, de tirer à eux la couverture.
A la vue de cette goutte de sang versée pour sa gloire, Caliste se révèle, son amour éclate, et elle ne comprend plus que celui qui s’est ainsi proclamé son chevalier s’entête à ne vouloir pas être son mari.
Les plus autorisées d’entre celles qui écrivent, loin de cacher cet esprit, le proclament et s’en font gloire.
Ce livre est une vision incisive, ardente et navrée des réalités ignobles que le verbiage des « professionnels » affirme être de toutes beautés et toutes gloires.
L’usage de sous-entendre ainsi quelque nom générique devant de, du, des, qui commencent une phrase, n’étoit pas inconnu aux Latins : Lentulus écrit à Cicéron de s’intéresser à sa gloire ; de faire valoir dans le sénat, & ailleurs, tout ce qui pourroit lui faire honneur : de nostra dignitate velim tibi ut semper curoe sit. […] Il est évident que de nostra dignitate ne peut être le nominatif de curoe sit ; cependant ce verbe sit, étant à un mode fini, doit avoir un nominatif ; ainsi Lentulus avoit dans l’esprit ratio ou sermo de nostra dignitate, l’intérêt de ma gloire ; & quand même on ne trouveroit pas en ces occasions de mot convenable à suppléer, l’esprit n’en seroit pas moins occupé d’une idée que les mots énoncés dans la phrase réveillent, mais qu’ils n’expriment point : telle est l’analogie, tel est l’ordre de l’analyse de l’énonciation. […] Lorsqu’il n’y a que la simple préposition de, sans l’article, la préposition & son complément sont pris adjectivement ; un palais de roi, est équivalent à un palais royal ; une valeur de héros, équivaut à une valeur héroïque ; c’est un sens spécifique, ou de sorte : mais quand il y a un sens individuel ou personnel, soit universel, soit singulier, c’est-à-dire, quand on veut parler de tous les rois personnellement comme si l’on disoit l’intérêt des rois, ou de quelque roi particulier, la gloire du roi, la valeur du héros que j’aime, alors on ajoûte l’article à la préposition ; car des rois, c’est de les rois ; & du héros, c’est de le héros. […] Ainsi on dira dans le sens qualificatif adjectif, un rayon d’espérance, un rayon de gloire, un sentiment d’amour ; au lieu que si l’on personifie la gloire, l’amour, &c. on dira avec un prépositif, Un héros que la gloire éleve N’est qu’à demi récompensé ; Et c’est peu, si l’amour n’acheve Ce que la gloire a commencé. […] La gloire de l’Allemagne.
En 89 on faisait tout pour la patrie et pour l’humanité ; sous l’Empire, on faisait tout pour la gloire : c’étaient là des sources de grandeur. […] Hugo avait prouvé qu’il savait comprendre toutes les gloires de la patrie ; sa conduite, en plus d’une circonstance, avait montré aussi qu’il était fait à la pratique de la liberté : son talent vivra et grandira avec elle, et désormais un avenir illimité s’ouvre devant lui.
Ô vierges du zénith, nuées, Ô doux enfants de l’air, oiseaux, Blancheurs par l’aube saluées, Que contemple l’œil bleu des eaux : Vous qu’Ève nomma la première ; Vous pour qui le Dieu redouté Fit cet abîme, la lumière, Et cette aile, la liberté ; Vous qu’on voit, du gouffre où nous sommes, Dans le grand ciel mystérieux ; Vous qui n’admirez pas les Romes, Les fourmilières valant mieux ; Vous que la rosée en ses ombres Abreuve ou crée avec ses pleurs, Oiseaux qui sortez des nids sombres, Nuages qui sortez des fleurs, Parlez ; vous que le jour fait naître Pour un essor illimité, Vous que le libre éther pénètre De gloire et de sérénité, Vous qui voyez le mont austère, Le frais matin, le soir obscur, Toute la mer, toute la terre, Éternels passants de l’azur ; Que dit-on, dans la nuit sereine, Que pense-t-on, dans la clarté, De tout cette honte humaine Qui rampe sous l’immensité ? […] Oui, maintenant, je peux laisser dire que Molière n’a d’autres ennemis que les fourbes qu’il a démasqués ; je peux passer au pied de sa statue érigée sur nos places publiques ; je peux entendre l’Académie française regretter qu’il manque à sa gloire ; je peux souffrir que de vains et ridicules rhéteurs, esclaves de la popularité du mal, entassent leurs phrases farcies d’adjectifs pour faire un piédestal de courage à ce flatteur, une couronne de franchise à ce menteur, une renommée de vertu à ce corrupteur. […] C’est qu’outre le grand dramaturge qu’il est, c’est aussi un philosophe, un homme de conscience et de combat ; et ce n’est pas un moindre titre de gloire pour nos lettres françaises d’avoir à la fois à la tête de notre théâtre français Alexandre Dumas à côté d’Émile Augier, et Alexandre Dumas éloquent polémiste, prêt à défendre les belles causes et à vaincre par la force de la logique et de la raison dans la langue même de Diderot. […] La gloire de Delacroix, comme peintre, est trop grande pour qu’on ait à la discuter aujourd’hui ; c’est l’homme qu’il faut connaître dans l’intimité ; les lettres qu’on va lire et qui ont été réunies avec soin, pour être publiées chez Quantin, donneront une juste idée de la finesse de l’esprit, de la supériorité de l’intelligence et de la vaillance du cœur d’Eugène Delacroix.
Quatre vers qui m’ont cassé la tête, & que le public trouve mauvais, me désesperent ; & c’est un coup de foudre pour moi, lorsque ce qui devoit propager ma gloire, ne me donne que de la confusion. […] Scaron disoit plaisamment que les Dieux avoient donné aux hommes quelques quintaux de gloire à distribuer, que les uns en avoient pris quelques drachmes, les autres quelques onces, & les auteurs, des livres entieres ; & que cela se respiroit par tous les pores. […] La mode devoit-elle donc influer sur d’anciens officiers, & n’est-ce pas se dégrader aux yeux du public, que de travestir les signes de la gloire & de la valeur d’une maniere aussi ridicule. […] On se fera une gloire comme un devoir d’en faire usage pour le bien de la patrie ; seule maniere de donner un ton de république à une monarchie, & d’unir tous les citoyens par des liens aussi indissolubles que précieux.
Et le sphinx l’a étouffé dans ses bras chargé d’ans et de gloire, avec un sourire ironique. […] Fabre est la gloire du pays. Il est aussi une des gloires de la France. […] Il régna dans toute sa gloire pendant plus de vingt ans.
La peinture n’existe pas encore, Courbet datera la nouvelle époque, c’est une gloire suffisante. […] Hugo, c’est que personne ne pourra me répondre : Mais, monsieur, la gloire ; … mais, monsieur, la renommée ; … mais, monsieur, … toutes choses qu’on ne manquerait pas de me dire, si je touchais au grand poète connu de tous les jeunes versificailleurs, qui l’imitent, le copient, ou le calquent, et qui ne seront plus de mise, à propos du maître, quand on aura compris mon jugement sur le disciple. […] Hugo, c’est que personne ne pourra me répondre : Mais, monsieur, la gloire ; … mais, monsieur, la renommée ; … mais, monsieur, … toutes choses qu’on ne manquerait pas de me dire, si je touchais au grand poète connu de tous les jeunes versificailleurs, qui l’imitent, le copient, ou le calquent, et qui ne seront plus de mise, à propos du maître, quand on aura compris mon jugement sur le disciple.
Le jour levant dorait cette chose heureuse, la grande loi Multipliez était là souriante et auguste, et ce doux mystère s’épanouissait dans la gloire du matin.
Il ne visait point à la gloire : il laissait la prophétie à son frère, la politique aux hommes d’État.
Une fois établi à Paris, une fois en possession de la gloire et du succès, il aurait pu regretter les durs temps de sa jeunesse.
Et puisque MM. de Goncourt voulaient nous peindre une folie d’artiste, d’homme de lettres, ils auraient pu observer que le plus souvent ce qui les conduit à Charenton, ce n’est pas une aventure de cœur ou quelque trahison, même atroce, mais plutôt la vanité exaspérée, une soif de gloire ou de jouissances impossibles, et que la folie prend plus volontiers chez eux (on en a vu des exemples dans ces dernières années) la forme de la monomanie des grandeurs.
Ce mélange même d’admiration et de crainte, d’affection et de défiance, que lui inspire Louis XI, donne l’idée la plus exacte de ce personnage si grand et si singulier, qui faisait de si grandes choses sans gloire, et qui rendit tant de services à notre nation sans mériter sa reconnaissance.
Sa gloire ne consiste pas à être relégué hors de l’histoire ; on lui rend un culte plus vrai en montrant que l’histoire entière est incompréhensible sans lui.
« Elles se réunissent pour gémir sur leurs morts et se font une gloire de pleurer à l’envi. » Les pleurs, selon Darwin, « semblent venir d’une succession de phénomènes analogue à la suivante.
Caton se révolte, le mendiant obéit ; obéir à Dieu, voilà la vrai gloire !
La noble science géologique perd un peu de sa gloire en raison de l’extrême insuffisance de ces documents.
Ainsi fut fait, pendant quelque douze semaines, pour la plus grande gloire, non pas du simple greffier que j’étais bientôt devenu, mais de la poésie d’elle-même, et de tous les métaphysiciens que l’on vit alors se passionner à la définir. […] Que d’autres collaborent à cette gloire artificielle, mais vous… !
Extraordinaire deux fois décadence, assimilable à aucune comme chute terrible et magnifique, au point qu’on est tenté de lui appliquer le premier vers de la Fin de Satan : « Depuis quatre mille ans il tombait », que la postérité peut-être la plus lointaine redira en parlant de lui, comme aussi sa gloire peut sombrer sous nos yeux, et à coup sûr s’éclipsera pour un temps comme nous la voyons commencer à le faire. […] Quoiqu’il en soit, le nom de Racine, jusque-là près de deux fois séculairement vénéré, mieux que cela, célébré, avait passé triomphal, à travers les générations et leurs vaines ou sérieuses préoccupations, vainqueur des rivalités de son temps, des préoccupations guerrières, diplomatiques, théologiques ou philosophiques, vainqueur des tumultes de la Révolution, des gloires de l’Empire.
Ballanche enfermait toute l’humanité, extérieure aux Hébreux et antérieure à l’histoire, dans cette composition mythique d’Orphée, il songeait en même temps à enfermer l’histoire positive dans une Formule générale : les cinq premiers siècles de l’histoire romaine lui parurent se prêter excellemment à ce dessein, en ce qu’historiques par la gloire des noms, ils sont couverts de vapeurs transparentes et crépusculaires, et en ce que l’évolution, s’y accomplit dans une gradation distincte et toute dramatique.
Deux mois avant la malheureuse mort de Madame, Mme de Montmorency écrivait à M. de Bussy, en manière de plaisanterie (1er mai 1670) : « Mme de La Fayette, favorite de Madame, a eu la tête cassée par une corniche de cheminée qui n’a pas respecté une tête si brillante de la gloire que lui donnent les faveurs d’une si grande princesse.
Athéniens, vous aimez la gloire, et, si je voulais agir ainsi, vous ne devriez pas le souffrir ; vous devriez déclarer que celui qui recourt à ces scènes pathétiques pour exciter la compassion vous dégrade, et que vous le condamnerez plutôt que celui qui attend tranquillement votre sentence.
… Toutes ces musiques n’exécuteront pas d’autres chants de gloire que mes élucubrations à l’heure du triomphe !
Parsifal (en un geste extatique) : Je suis l’âme de ces amants ; je suis l’amour et l’aimée et l’amant ; par moi se sont élus l’Amfortas et la Kundry ; je suis celui qui aime, vous dis-je, et qui suis aimé ; et en ma gloire s’accomplissent les noces sacramentaires.
Il ne surgit plus quelque grand toqué de gloire ou de foi, qui brouille un peu la terre et tracasse son temps à coups d’imprévu.
Longuement, j’analyse le crucifiement de l’homme qui fait un livre, qui n’est pas le livre de tout le monde, parce qu’il est bon, je crois, qu’on sache le menu et le détail des souffrances qu’il a eu à endurer, et combien peut-être un peu de gloire posthume est payé du vivant de l’auteur.
Cette dernière inscription réveillerait en moi l’horreur que je dois à un monstre qui se fait gloire d’avoir égorgé trois millions d’hommes.
Par la même figure (…) signifie encore manquer (…) être tel que les autres aient besoin de nous. « les thébains, etc. » Cornelius Nepos dit encore que Ménéclide jaloux de la gloire d’Epaminondas, exhortoit continuèlement les thébains à la paix, afin qu’ils ne sentissent point le besoin qu’ils avoient de ce général. (…). […] Et dans les remarques il dit, que « les méres redoutent la guerre etc. » il ne s’agit pas de doner ici des instructions aux jeunes filles, ni de leur aprendre ce qu’elles doivent faire, lorsque la gloire leur enlève les objets de leur tendresse, en les rangeant sous les drapeaux de mars ; c’est-à-dire, lorsque leurs amans sont à la guerre ; il s’agit de ce qu’Horace a pensé : or, il me semble que le terme de méres n’est rélatif qu’à enfans ; il ne l’est pas même à époux, encore moins aux objets d’une tendresse légitime. […] Les louanges qu’on se done blessent toujours l’amour propre de ceux à qui l’on parle : il y a plus de modestie à s’énoncer d’une manière qui fasse retomber sur d’autres une partie du bien qu’on veut dire de soi : ainsi un capitaine dit quelquefois que sa compagnie a fait telle ou telle action, plutot que d’en faire retomber la gloire sur sa seule persone.