On avait déjà parlé d’Homère à plus d’une reprise, et particulièrement dans le fort de la fameuse querelle entre Perrault et Despréaux (1693). […] Elle lui opposait une autorité, selon elle, convaincante, celle du délicat et très dédaigneux Alcibiade, qui n’aimait rien que le neuf et qui ne pouvait souffrir d’entendre la même chose deux fois : Cependant cet homme, si ennemi des répétitions, disait-elle, aimait et estimait si fort Homère, qu’un jour, étant entré dans l’école d’un rhéteur, il lui demanda qu’il lui lût quelque partie d’Homère ; et le rhéteur lui ayant répondu qu’il n’avait rien de ce poète, Alcibiade lui donna un grand soufflet. […] « On eût dit, remarque Voltaire, que l’ouvrage de M. de La Motte était d’une femme d’esprit, et celui de Mme Dacier d’un homme savant… La Motte traduisit fort mal l’Iliade, mais il l’attaqua fort bien. » La Motte avait orné sa défense de toutes sortes de jolis mots et de maximes de bonne compagnie : Une douce dispute est l’âme de la conversation. — La diversité de sentiment est l’âme de la vie, et l’assaisonnement même de l’amitié. — Quand tout s’est dit de part et d’autre, la raison fait insensiblement son effet ; le goût se perfectionne, et il s’affermit alors, parce qu’il est fondé en principe. — Il faut que les disputes des gens de lettres ressemblent à ces conversations animées, où, après des avis différents et soutenus de part et d’autre avec toute la vivacité qui en fait le charme, on se sépare en s’embrassant, et souvent plus amis que si l’on avait été froidement d’accord. […] Sa femme passait pour en savoir plus que lui en ces deux langues, en antiquités, en critique, et a laissé quantité d’ouvrages fort estimés. […] Dans le seul portrait qu’on a d’elle, elle est représentée déjà vieille, avec une coiffure montante et, je l’avoue, un peu hérissée, le voile rejeté en arrière, le front haut, les sourcils élevés et bien dessinés, la figure forte et assez pleine, le nez un peu fort, un peu gros, la bouche fermée et pensive ; elle a de la fierté dans le port et quelque épaisseur dans la taille.
Ce genre d’attaque, employé pour détruire l’effet d’un ouvrage religieux, est fort connu : il est donc probable que je n’y échapperai pas, moi surtout à qui l’on peut reprocher des erreurs. […] Sur Parny, par exemple, on lit : « Le chevalier de Parny est grand, mince, le teint brun, les yeux noirs enfoncés et fort vifs. […] Toutefois Dieu, qui voyait que mon cœur ne marchait point dans les voies iniques de l’ambition, ni dans les abominations de l’or, a bien su trouver l’endroit où il fallait le frapper, puisque c’était lui qui en avait pétri l’argile et qu’il connaissait le fort et le faible de son ouvrage. […] Je dirigerai le peu de forces qu’il m’a données vers sa gloire, certain que je suis que là gît la souveraine beauté et le souverain génie, là où est un Dieu immense qui fait cingler les étoiles sur la mer des cieux comme une flotte magnifique, et qui a placé le cœur de l’honnête homme dans un fort inaccessible aux méchants. […] Je suis à présent fort lié avec cet admirable jeune homme auquel vous me léguâtes à votre départ21 ; nous parlons sans cesse de vous ; il vous aime presque autant que moi.
On s’est, depuis quelque temps, fort occupé des autres, mais on a négligé ce dernier ; on ne le lit plus du tout, lui qui a été si lu dans les premières années du xviie siècle, et qui était même estimé alors par de bons esprits (médiocres juges en cela) égal ou supérieur à Montaignej. […] Ce qui m’y avait poussé était principalement le fait de Blois (l’assassinat du duc et du cardinal de Guise) qui m’a fort affligé, non pour autre raison que pour le défaut que je trouvais en la manière et procédure de l’exécution. […] Bayle a déjà remarqué, en s’en réjouissant et en s’en emparant dans un sens quelque peu équivoque, que Charron n’affaiblit jamais et n’énerve point les objections qu’il expose, et il a l’air de croire que ce n’est pas sans dessein que les réponses ne sont pas toujours aussi fortes chez lui que les objections mêmes. C’est ainsi que dans la démonstration de la première vérité, qui est l’existence de Dieu, avec les attributs principaux qui en achèvent l’idée, Charron, au lieu de s’appuyer sur le sens commun, sur le sentiment général humain si d’accord avec cette croyance, insiste bien plutôt d’abord sur les difficultés et les impossibilités de concevoir dans sa grandeur propre cette idée infinie ; il dit avant Pascal, et en termes encore plus formels, qu’il y a une sorte de négation absolue non seulement du Dieu-Providence, mais de la cause première, qui ne se peut loger « que dans une âme extrêmement forte et hardie » ; il est vrai qu’il ajoute aussitôt : en une âme « forcenée et maniaque ». […] Il ne s’en est pas tenu à Montaigne : en ce qui est des passions et affections particulièrement, il avertit qu’il n’a vu personne « qui les dépeigne plus naïvement et richement que le sieur du Vair en ses petits livrets moraux. » Il reconnaît donc qu’il s’en est fort servi.
On ne peut demander à Mme Elliott des jugements bien mûrs sur les personnes, il ne faut chercher avec elle que des impressions ; et, comme les siennes sont fort sincères, elles ont du prix. […] Retirée dans une maison qu’elle avait à Meudon, il ne tenait qu’à elle d’y rester, lorsque le matin du 2 septembre, elle reçut un mot d’avis d’une dame anglaise de ses amies, qui l’engageait à revenir à Paris, parce qu’elle pourrait y être fort utile à un malheureux. […] Je voudrais pouvoir être à la Convention, ôter mes souliers et les jeter à la tête du président et de Santerre, qui n’auront pas honte d’insulter leur maître et leur souverain. » Je m’emportai sur ce sujet, et le duc d’Orléans paraissait de fort mauvaise humeur. […] J’y arrivai à sept heures et demie, et je trouvai M. de Biron et toute la compagnie fort tristes : on lui envoyait toutes les demi-heures une liste des votes, et nous voyions tous avec désespoir que beaucoup de ces votes demandaient la mort du roi. […] Transférée à Paris aux Carmes, elle est fort surprise de voir arriver le général Hoche qu’on y écroue en même temps qu’elle.
Je me trompe fort, ou ici l’avantage ne restera pas aux plus habiles. […] La liberté moderne, ce me semble, toute en vue de l’individu et de sa sécurité, toute favorable au plus grand développement, à l’exercice le plus commode et le plus étendu des facultés d’un chacun, est une chose fort complexe et qui doit s’analyser. […] Développons, autant qu’il est en nous, l’intelligence, la moralité, les habitudes de travail dans toutes les classes de la société française ; cela fait, nous pourrons mourir tranquilles ; la France sera libre, non de cette liberté absolue qui n’est point de ce monde, mais de cette liberté relative qui seule répond aux conditions imparfaites, mais perfectibles, de notre nature. » C’est fort sensé, et du moins, on l’avouera, très spécieux ; mais cela ne satisfait point peut-être ceux qui sont restés entièrement fidèles à la notion première et indivisible de liberté, et je ne serai que vrai en reconnaissant qu’il subsiste, toutes concessions faites, une ligne de séparation marquée entre deux classes d’esprits et d’intelligences : Les uns tenant ferme pour le souffle de flamme généreux et puissant qui se comporte différemment selon les temps et les peuples divers, mais qui émane d’un même foyer moral ; estimant et pensant que tous ces grands hommes, même aristocrates, et durs et hautains, que nous avons ci-devant nommés, étaient au fond d’une même religion politique ; occupés avant tout et soigneux de la noblesse et de la dignité humaines ; accordant beaucoup sinon à l’humanité en masse, du moins aux classes politiques avancées et suffisamment éclairées qui représentent cette humanité à leurs yeux. […] Toutes seules, et comme la critique, qui est leur droit et leur fort, elles excellent à avertir et à empêcher, encore plus qu’à entreprendre. […] Il me représente quantité d’esprits comme il y en a dans notre pays et à notre époque, mais comme il n’y en a peut-être pas assez, qui vont au fait, à l’utile ; qui ne sont pas préoccupés plus qu’il ne convient de la forme ; qui acceptent ce qui est bien, avec bon sens et sans chicane ; dont l’opposition n’a ni arrière-pensée, ni amertume ; qui élèvent plutôt qu’ils ne rapetissent les questions, qui ne les enveniment jamais ; qui peuvent sans doute préférer les méthodes et les solutions libérales, mais qui ne tiennent pas pour suspect tout bienfait qu’apporte un gouvernement fort ; qui prennent le régime sous lequel ils vivent, avec le franc et sincère désir d’en voir sortir toutes les améliorations sociales dont il est capable.
S’ils manquèrent de la politique du moment, ce fut positivement parce que cette politique instantanée ne leur avait jusqu’alors inspiré que du mépris ; mais les affaires les auraient formés, parce qu’elles ont seules la puissance de courber les esprits forts jusqu’aux considérations honteuses qu’exigent l’état et les intérêts d’une société presque en dissolution. […] Mais M. de Richelieu avait commis la faute de prendre pour ministre de l’intérieur, sans le connaître, un ancien préfet de l’Empire, devenu singulièrement cher aux royalistes, M. de Vaublanc, esprit léger, présomptueux, ne doutant de rien, tranchant de l’homme d’État, se payant de paroles creuses, — « une outre gonflée de vent », comme on l’appelait, ou encore « une cymbale retentissante », — disant à qui voulait l’entendre : « J’aime les difficultés, je les cherche, j’en ai besoin, c’est mon fort. » Il se flattait en effet de résoudre toutes les difficultés par des moyens à lui et qu’il n’a jamais révélés. […] Le ministère lui-même en proposait de fort dures, mais selon lui indispensables, eu égard à l’état des choses et à la disposition des esprits. […] Royer-Collard lui-même sur son banc, à côté d’un de ses voisins les plus sages, avait été fort impatienté et mécontent de cette sortie de M. d’Argenson et l’avait laissé voir tout haut selon son habitude : tant les hommes modérés se sentaient en minorité et peu en faveur dans ce milieu-là, et tant ils étaient eux-mêmes poussés comme malgré eux à l’extrême limite de la modération. […] Royer-Collard tout le premier, avec sa forte et haute manière et ce je ne sais quoi d’auguste dans le bien dire qui ne ressemblait à rien de ce que l’on connaissait jusque-là ; et pour M. de Serre, cette grande âme oratoire, au large essor, au coup d’œil étendu, à l’inspiration palpitante et passionnée, un de ces oiseaux de haut vol qui ne s’élèvent jamais plus haut que dans la tempête ; et pour M.
J’ai, en tout ceci, plus particulièrement en vue les Grecs, qui furent la grande source originale et le premier modèle du beau littéraire dont les Latins ne sont que la seconde épreuve, fort belle encore, mais retouchée. […] Auguste Widal, professeur à la Faculté de Douai, dans une suite de leçons sur Homère qu’il a données au public et qu’iln’a cessé de revoir et d’améliorer depuis, s’est placé, sans prendre de parti, à une sorte de station moyenne qui lui a permis d’unir bien des comparaisons, de combiner bien des rapprochements, et il a fait un livre qui, dans sa seconde édition surtout, est devenu une excellente et fort agréable étude14. […] J’y trouve, heureusement rappelée par lui, une anecdote d’un beau caractère, et qui montre une fois de plus combien ces hommes d’État de la Grande-Bretagne sont la plupart imbus d’une forte et indélébile éducation classique. […] « La forte race grandit sous les célestes influences ; une voix mystérieuse lui dit que ce vaste monde qui s’étend sous ses pieds lui appartient. […] on l’ignore, mais sans doute le plus fort et le plus beau des enfants de la lumière, prend possession de cette terre bénie qui fut depuis la Grèce.
Ce qui est certain, c’est qu’il y a dans son talent des masses un peu fortes, des suites un peu compactes et continues, et où l’éclat et la magnificence même n’épargnent pas la fatigue. […] Cet esprit si fort de pensée, si ferme et si rigoureux de doctrine, se trouve être l’âme la plus douce et la plus tendre dans le cercle du foyer. […] les avantages l’emportaient de beaucoup, et l’on sait quelle forte et brillante élite est sortie de cette éducation féconde, orageuse, toute française. […] Sa thèse sur La Fontaine, en 1853, fut très remarquée : la forme, le fond, tout y était original et jusqu’à paraître singulier ; il l’a retouchée depuis, et fort perfectionnée, montrant par là combien il est docile aux critiques, à celles du moins qui concernent la forme et qui n’atteignent pas trop le fond et l’essence de la pensée. […] Sa pensée générale, qui est fort juste, est qu’un tel roman ne pouvait éclore et fleurir qu’au xviie siècle, au sein de cette société choisie, la seule capable de goûter toutes les noblesses, les finesses et les pudeurs des sentiments et du style, et que rien de tel ne saurait plus se refaire désormais.
Guizot se rapprochent fort et tendent à se confondre. […] Il ne se hâte donc point de conclure ; et ce qui l’intéresse si fort, ce qui est son histoire, celle de ses semblables, le secret de son existence et de la leur, et de toute sa destinée, il se résigne à ne le conjecturer que modestement, sans rien affirmer d’absolu aux autres, sans rien s’affirmer à lui-même. […] En étudiant et en voyant de près la nature, le savant a reconnu que la destruction est perpétuellement la loi et la condition de la vie, de sa croissance et de son progrès ; les uns sont invariablement sacrifiés aux autres, sans quoi les autres ne prospèrent pas ; la vie s’étage et s’édifie ainsi sur la mort même et sur de larges assises d’hécatombes ; le faible est mangé par le fort : et cette dure nécessité se retrouve partout, dans l’histoire comme dans la nature ; on la masque tant qu’on peut ; mais regardez bien, elle dure encore. […] Au contraire, l’intérieur de l’esprit et de la pensée de mon savant me paraît fort ressembler à l’intérieur de sa chambre. […] « Val Richer, 16 novembre 1804. — C’est dommage, mon cher confrère, que nous ne soyons pas du même avis ; nous serions bien forts à nous deux pour le faire prévaloir.
Rubichon si peu connu même de son temps, et dont Lamennais goûtait si fort le tour d’esprit et les hardiesses : c’était un défenseur de l’ancien régime, mais un défenseur si absolu, si pur et si radical, que M. de Bonald semblait pâle auprès de lui. […] On ne saurait lui refuser toutefois un sentiment très-vif de la civilisation antérieure, propre aux vieux siècles catholiques ; il a de fortes pages là-dessus. […] Il dit quelque part, en parlant des députés qui arrivent bons et sains de leurs provinces, et que l’esprit de Paris a si vite gâtés : « Si la province envoyait des Catons, Paris en ferait des Catilinas. » L’expression est forte, mais l’idée n’est pas absolument fausse. […] Pour lui, il est des premiers à reconnaître et il se fait fort d’établir que « la solution des problèmes sociaux se trouvera désormais de moins en moins dans les institutions qui maintiennent systématiquement l’inégalité entre les hommes, et qu’il faut la chercher de plus en plus dans les sentiments et les intérêts qui créent entre toutes les classes l'harmonie encore plus que l'égalité. » C’est cette harmonie sociale, dont l’histoire, découvre des exemples dans le passé sous le règne d’un autre principe, qu’il voudrait voir renaître et se former aujourd’hui autour du principe nouveau et fécond de la liberté. […] Le Play, excitera bien des discussions et sera fort contredite.
Vous n’y trouverez ni drames singuliers ou puissants, ni subtiles analyses de caractères, puisque tout s’y réduit à des amours suivies de séparations et que les personnages y ont des âmes fort simples. […] Et bien a pris à Pierre Loti de passer par la désespérance et la négation absolues ; car, à partir de ce moment, il parcourt le monde sans autre souci que d’y recueillir les sensations les plus fortes ou les plus délicates. […] Très réellement on peut dire que le songe de la vie aura été pour Loti fort supérieur à ce qu’il est pour nous et que la terre lui aura été autre chose qu’à nous, les immobiles. […] Ce don se réduit à fort peu de chose chez les hommes des temps primitifs et de l’âge moyen des civilisations. […] Il y a fort à redire à l’Orient des Orientales et au moyen âge de Notre-Dame de Paris.
Tout comme le concept d’espace se résout en expériences tout à fait différentes de ce concept ; de même il est probable que le sentiment d’affection ou de respect est composé d’éléments, fort distincts chacun, du tout qu’ils composent. […] L’expression de ces sentiments, c’est un air de satisfaction sereine, de joie calme ; peut-être le sourire en est-il le mode le plus fort d’expression. […] Enfin la décharge nerveuse peut s’opérer dans une autre direction, qu’elle suit d’ordinaire quand l’excitation n’est pas forte. […] Soit le rire qui résulte d’une cause physique (froid, chatouillement) ; la décharge agira d’abord sur les muscles qui se meuvent le plus habituellement, c’est-à-dire ceux de la bouche et des organes de la voix ; si elle est très forte, elle agira sur d’autres parties du corps comme dans le rire violent. […] c’est que vous étiez en proie à une forte émotion, ou, physiologiquement parlant, votre système nerveux était en état de tension.
Cet homme ayant manqué à l’heure opportune, le cours des événements et des opinions s’était dirigé autrement et au hasard ; au point où le prit Casimir Périer, il fit la seule chose forte et hardie qui était possible alors : il mit un bras de fer dans la roue du char lancé à l’aventure, et l’arrêta. […] Il a une propriété de termes exacte et forte, et qui enfonce ; mais il reste rarement, quand on l’a lu, des traits marquants, isolés et comme des fragments de javelot, dans la mémoire. […] Les procès qui avaient été suscités au journal et que lui avait attirés plus d’une audace provoquante, avaient tourné heureusement ; et devant le jury, Carrel, se possédant et se modérant au besoin, obtenait des acquittements qui embarrassaient fort ses adversaires. […] Il y a eu là un travers qui a barré et finalement brisé sa forte vie ; qui a rendu inutile son noble caractère, et qui ne laisse aujourd’hui apparaître et survivre que son talent d’écrivain. Par là, du moins, toutes guerres cessées, toutes animosités éteintes, il mérite des regrets de ceux même qu’il a combattus, et une place fort distinguée dans l’histoire littéraire.
Étienne au Théâtre-Français avait été la grande nouvelle littéraire depuis plus d’un an ; sa réception facile et précoce à l’Académie avait fort occupé tous les curieux et tous les amateurs littéraires, dont le nombre était grand à cette époque la plus oisive de l’Empire. […] Il ajoutait d’ailleurs qu’il avait commencé sa pièce seul, étant en Pologne, et plaisantait fort ses ennemis qui l’accusaient de plagiat. […] Ces vers qui s’étaient fort multipliés dans les récits qu’on faisait au premier moment de la découverte, s’étaient successivement réduits. […] Étienne, jusqu’au point de concerter avec lui les lettres palliatives qu’il fallait écrire pour ramener le public, tourne brusquement, et, obéissant à des sentiments fort équivoques, lance une brochure intitulée : Mes révélations. […] Auger y tomba. » Dans ce discours, prononcé au fort des querelles littéraires et à l’occasion d’un académicien qui y avait pris part avec zèle et non sans acrimonie, M.
S’il est fort, stable, délimité et traduit par les modifications physiques sus-mentionnées, c’est l’attention. […] Elle appartient au groupe des émotions, et, sous sa forme forte, c’est une commotion. […] Le maximum d’attention spontanée et le maximum d’attention volontaire sont parfaitement antithétiques, l’une allant dans le sens de la plus forte attraction ; l’autre dans le sens de la plus forte résistance. […] Je conviens que cette genèse de l’attention est fort compliquée, mais elle est conforme aux faits. […] Un état (ou un groupe d’états) prédomine dans la conscience parce qu’il est de beaucoup le plus fort ; et il est de beaucoup le plus fort parce que, comme nous l’avons vu, toutes les tendances de l’individu conspirent pour lui.
L’hélianthe, le safran sont de fort belles fleurs. […] Son père était un peu maniaque et fort eut été. […] Mais il s’agit là, heureusement, d’accidents fort rares. […] Il est fort difficile de deviner le motif de leur choix. […] Il a pensé plus fort ; il était d’une nature plus opulente.
Outre un talent de seconde ligne et tout extérieur, mais fort estimable encore, M. […] Je serais fort empêché de leur serrer la main, ne leur voyant pas de corps. […] Qu’elle soit forte avant tout. […] C’est fort grave, en effet. […] … » Il ne l’a point essayé, fort heureusement pour lui, pareil dessein étant hors de réalisation.
Vous êtes fort exactement renseigné. […] Ses élèves (Vacherot, Chéruel, Foncin, Adolphe Berger) écoutaient fort attentivement. […] Une station à Toulon, dans un fort. […] Deschanel fut initié au culte de la liberté par des âmes fortes et douces. […] Le vent, plus fort, secoue les branches.
Cela n’empêche pas son livre d’être fort intéressant. […] Toute littérature forte est donc personnelle. […] Diderot est ici fort succinct, de qui ce n’est pas l’habitude. […] C’est diablement fort d’éviter ces deux défauts-là. […] Je suis fort accoutumé à toutes ces accusations.
Les nouveaux acteurs ne déplurent point, et on fut surtout fort satisfait de l’agrément et du jeu des femmes. […] Fort bonne comédienne, elle était en même temps grande, bien faite et très jolie. […] Ces misérables étaient encore fort à la mode. […] La nature lui accorda le don de conserver un air de jeunesse jusque dans un âge fort avancé. […] Racine, fort dépité, fut du nombre de ceux qui la crurent de lui.
L’auteur s’est fort attaché à retracer la vie et le caractère du comte d’Argenson le moins âgé des deux frères, et celui-ci sans doute ne mérite l’oubli non plus que l’autre. […] Mais, d’un esprit moins profond, d’une âme moins forte que son frère, s’il appartient davantage à l’histoire politique du temps, il n’appartient que peu ou point à l’histoire morale et littéraire ; je reviens donc au premier. […] Il pensait fermement que plus on lit plus on a d’esprit ; il lisait tout, même le Cyrus ; il y apprenait sinon les mœurs des Perses, du moins celles de l’hôtel de Rambouillet ; il faisait beaucoup de cas de Balzac et fort peu de Voiture ; il croyait qu’une science dont on connaît l’histoire est une science à peu près connue ; il se vantait d’avoir lu Don Quichotte plus de vingt fois en sa vie.
Jeanne était certes fort intelligente : il y a de la finesse, outre la sublimité, dans ses réponses à ses juges ; on a d’elle une sommation au roi d’Angleterre, qui est éloquente dans sa forme ingénue ; et, d’autre part, un officier d’artillerie démontrait, il y a quelques années, que Jeanne, dans la conduite des opérations militaires, avait eu du coup d’œil et de la décision. […] Ne vous attristez donc pas, pourvu que vous ayez bien travaillé (car il n’est pas dans ma pensée d’absoudre les paresseux), ne vous attristez pas de n’être point des forts en thèmes ou des forts en mathématiques, puisque, si vous le voulez, votre vraie valeur humaine, et celle qui compte le plus, est absolument entre vos mains.
Tout mort qu’il était, il savait être fort et actif. […] Son culte était fort simple. […] À plus forte raison, son fils n’avait rien de commun avec cette famille. […] Elle est l’effet de notre puissance et elle est plus forte que nous. […] On peut croire que ces annales des villes étaient fort sèches, fort bizarres pour le fond et pour la forme.
Le latin produisait sur ces natures fortes des effets étranges. […] Saint-Nicolas fut, durant le premier tiers du siècle, un obscur établissement religieux ; les études y étaient faibles ; le nombre des élèves restait fort au-dessous des besoins du diocèse. […] Ce dernier s’aperçut même que ce monde nouveau était fort curieux et valait la peine qu’on s’y attachât. […] Un culte remplaça un culte et le sentiment de mes premiers maîtres s’en trouva fort affaibli. […] Le souvenir de mes premières études de mathématiques, qui avaient été assez fortes, me revenait quelquefois.
Gratry, à plus forte raison de M. […] Il a composé une Histoire littéraire de Fénelon, qui est un livre fort estimé. […] Pinault était fort supérieur à M. […] J’avais reçu de mes premiers maîtres, en Bretagne, une éducation mathématique assez forte. […] 1re édition, 1839 ; 2e édition, fort augmentée, 1845.
Car c’est fort injustement que la langue française, véhicule universel des idées et des sentiments, se trouve incriminée par le fait de tous les impudents qui, pour arriver à une profitable diffusion, lui empruntent son admirable lexique. […] Il lui devenait aisé de donner une forte unité à son œuvre, du jour où le respect de la tradition s’imposait à son esprit et à son cœur. […] Il a pénétré, enfin, la splendeur du dévouement, l’âpre et forte ivresse du renoncement et du sacrifice, ainsi que la sainte efficacité de la douleur. […] Marcel Prévost dans les Vierges fortes, ont voulu défendre la cause du féminisme. […] Marcelle Tinayre a appris le latin, Mme de Noailles a lu Ronsard, Mme de Régnier a reçu de son père une forte éducation.
Il aime les livres ; il en a réuni depuis des années une fort belle et riche collection qui, si l’on y jetait seulement les yeux, permettrait d’apprécier l’esprit du collecteur ; — chose rare ! […] D’abord il croyait admirer assez en choisissant parmi ses Oraisons funèbres : il y en avait trois sur six qu’il estimait fort inférieures aux autres. […] On lisait donc cette pièce, un poème fort long, fort dur, fort inégal, où tous les tons se heurtaient et où tout dansait à la fois, et on allait jusqu’au bout par conscience, par égard pour les traces de talent qui s’y révélaient, pour les étincelles qui sortaient de la fumée, pour les éclairs qui sillonnaient la nuit.
Le volume se compose de deux parties fort distinctes et qui eussent gagné à être séparées. […] Il va où la vérité le mène. « Mais, comme il se le fait dire à lui-même par un interlocuteur dans un fort noble dialogue, vous ne savez pas où elle vous mène…. […] Ernest Renan, avec toute sa science, son élévation et sa finesse, se renfermant dans une langue toute théologique, opérerait-il cette merveille de faire lire à nos légers Français, et dans un journal, des morceaux de si neuve et si forte conception ? […] On raconte qu’Alfred de Musset, tout enfant, eut un jour de petits souliers rouges fort jolis, qu’on appelle, je crois, des mignons, et pendant qu’on les lui mettait pour aller à la promenade, comme cela tardait un peu, il s’impatientait et disait à sa bonne : « Dépêche-toi, je yeux sortir, mes mignons seront trop vieux. » Lamennais était cet enfant, et comme lui avide, à sa manière, de jouir ; en présence de la vérité qu’il essayait, il était si pressé, si impatient, qu’on aurait dit qu’à tarder d’un seul instant, elle allait devenir trop vieille. […] Ce mot ne semblera pas trop fort si l’on prend la peine de relire des sorties telles que la suivante (je supprime la citation probante qui vient à l’appui). — Quelle chute, continue M.
L’impression qui se dégage de ses livres est plus forte que toutes les professions de foi de l’écrivain. « L’homme, lisons-nous dans l’Imitation, s’élève au-dessus de la terre sur deux ailes : la simplicité et la pureté. » Ces deux ailes manquent étrangement à l’auteur d’Une vieille maîtresse. Son œuvre entière respire les sentiments les plus opposés à ceux que doit avoir un enfant de Dieu : elle implique le culte et la superstition de toutes les vanités mondaines, l’orgueil, et la délectation dans l’orgueil, la complaisance la plus décidée et même l’admiration la plus éperdue pour les forts et les superbes, fussent-ils ennemis de Dieu. […] Et cela même, je l’avoue, est fort intéressant. […] On a fort exagéré la corruption de M. d’Aurevilly. […] Puis il épouse Hauteclaire, et tous deux sont et restent parfaitement heureux (le Bonheur dans le crime) La comtesse de Stasseville, froide, spirituelle et mystérieuse, a pour amant, sans que personne s’en doute, un gentleman très fort au whist, Mermor de Kéroël.
« Dès sa jeunesse, dit Brantôme, elle aimait fort à voir jouer des comédies et même celles des Zanni et des Pantalon, et y riait tout son saoul comme une autre. » Une troupe, dirigée par un nommé Ganasse ou Ganassa, était venue à Paris en 1570 et avait donné un certain nombre de représentations publiques. […] Ils n’étaient guère sensibles au charme des arts ; ils devaient être surtout fort mal disposés pour les bouffons italiens qui s’en allaient divertir MM. les députés de la Ligue. […] Aussitôt qu’il apprit la fâcheuse aventure survenue à ses comédiens, le roi négocia pour obtenir leur délivrance, et il l’obtint moyennant une forte rançon. […] Ils arrivèrent fort en retard. […] Nous ne savons l’acteur qui tenait le rôle de Pedrolino (Pierrot) ; ce rôle est, dans les canevas des Gelosi, fort pareil à ce qu’il est resté sur la scène française, pétulant, grimacier, malin, gourmand et poltron.
Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera point enlevée 960. » Le frère, Eléazar, ou Lazare, était aussi fort aimé de Jésus 961. […] Les chefs d’écoles et de sectes étaient trop nombreux pour qu’on fût fort ému d’en voir paraître un de plus. […] Par une singularité fort étrange, c’étaient ces incrédules, niant la résurrection, la loi orale, l’existence des anges, qui étaient les vrais Juifs, ou pour mieux dire, la vieille loi dans sa simplicité ne satisfaisant plus aux besoins religieux du temps, ceux qui s’y tenaient strictement et repoussaient les inventions modernes faisaient aux dévots l’effet d’impies, à peu près comme un protestant évangélique paraît aujourd’hui un mécréant dans les pays orthodoxes. […] Levez les yeux, et voyez le monde ; il est blanc pour la moisson 978. » Sa forte éloquence se retrouvait toutes les fois qu’il s’agissait de combattre l’hypocrisie. « Sur la chaire de Moïse, sont assis les scribes et les pharisiens. […] Ce verger ne pouvait être fort loin de l’endroit où la piété des catholiques a entouré d’un mur quelques vieux oliviers.