Quand on dit que l’imagination du spectateur se figure qu’il se passe le temps nécessaire pour les événements que l’on représente sur la scène, on n’entend pas que l’illusion du spectateur aille au point de croire tout ce temps réellement écoulé. […] Le spectateur ne fait naturellement nulle attention aux intervalles de temps dont le poète a besoin, pas plus qu’en sculpture il ne s’avise de reprocher à Dupaty ou à Bosio que leurs figures manquent de mouvement.
Voilà son imagination remplie de figures majestueuses, de discours ornés et corrects, de politesses condescendantes, d’airs de tête royaux. — Sans doute un roi est beau, mais un chien l’est davantage. […] Il entend des accents nuancés, une voix qui se hausse et se baisse ; il voit des bouts de paysages, des gestes, des figures comiques, touchantes, et tout cela comme dans un rêve.
Ils ont loué, comme les chantres des premières hymnes, la naissance du soleil et son cours ; ils ont retrouvé dans leur coeur renouvelé les figures des légendes primitives. […] Il y trouve des figures sublimes, dignes d’Homère, quand il montre « les Parques blêmes dont la main se joue également des jours du vieillard et de ceux du jeune homme. » Il ne peint pas les dieux vaguement, avec des souvenirs de classe.
Il s’est fait un art, des procédés : il a ses figures, ses allusions, ses comparaisons, ses allégories favorites, qui sont comme sa marque et sa signature dans ses œuvres. […] Toutes femmes, pour ta figure, Doit-on aimer.
Je ne parviens pas à discerner nettement leurs figures. […] C’est devant une fresque de Fra Angelico, où de pâles figures, de peu de matière, expriment l’amour divin, que Jacques et Thérèse se donnent leur premier et brûlant et pesant baiser… L’image des choses mortes excite leur lugubre ardeur de vivre.
On s’attachera donc aux mots ; et pour prendre à Bouhours ses figures, on s’occupera plus des enjolivements que de l’édifice, de la taille que de la qualité du diamant. […] » Si Lamotte s’était plus mêlé de moraliser, je croirais le reconnaître dans cette image de vertus humaines, qui, « nées le plus souvent dans l’orgueil et dans l’amour de la gloire, y trouvent un moment après leur tombeau », ou qui, « formées par les regards publics, vont s’éteindre le lendemain, comme ces feux passagers, dans le secret et les ténèbres19. » Suis-je même bien sûr de ne pas faire tort à Lamotte, en le supposant capable de ces figures ?
Les pays grecs et romains n’entendirent pas parler de lui ; son nom ne figure dans les auteurs profanes que cent ans plus tard, et encore d’une façon indirecte, à propos des mouvements séditieux provoqués par sa doctrine ou des persécutions dont ses disciples étaient l’objet 1233. […] Qu’on se figure Jésus, réduit à porter jusqu’à soixante ou soixante-dix ans le fardeau de sa divinité, perdant sa flamme céleste, s’usant peu à peu sous les nécessités d’un rôle inouï !
Madame de Montespan, qui avait satisfait longtemps à ses deux besoins, n’y suffisait plus ; plus de jeunesse dans sa figure, ni dans sa taille : son esprit même avait vieilli : plus de ces saillies qui étonnent, qui égalent, qui font étincelle au milieu d’une cour. […] Qu’on se figure, dans la position de madame de Maintenon, une femme d’un autre caractère : elle mettra en jeu tout ce que l’art de la galanterie aura de plus raffiné, d’abord pour nuire à sa rivale, ensuite pour plaire toujours plus qu’elle-même : elle disputera sa possession autant qu’il faudra pour en exalter le désir jusqu’à la passion.
Il avait l’air d’abord de ne vouloir donner que des textes plus corrects, quelques lettres ou papiers retrouvés au fond des bibliothèques, et voilà qu’il a fait apparaître, dans toute leur hauteur, de grandes figures, ou qu’il a ranimé avec feu des physionomies charmantes. […] Je rassemble, sur les rayons de ma bibliothèque, ce qui nous reste de quelques-unes de ces femmes ; je recueille des lambeaux de leurs correspondances inédites ou de mémoires manuscrits qui éclairent à mes yeux et marquent plus distinctement les traits de telle figure qui m’est chère.
« Il ne trouvait rien effectivement, dit le savant auteur de sa vie, qui lui parût moins solide que de s’occuper de nombres tout simples et de figures imaginaires, comme si l’on devait s’en tenir à ces bagatelles, sans porter la vue au-delà. […] Vous remplissez cette jeune tête d’un fracas de nombres et de figures qui ne lui représentent rien du tout ; vous l’accoutumez à se satisfaire d’une somme donnée, à ne marcher qu’à l’aide d’une théorie, à ne faire jamais usage de ses forces, à soulager sa mémoire et sa pensée par des opérations artificielles, à ne connaître, et finalement à n’aimer que ces principes rigoureux et ces vérités absolues qui bouleversent la société.
Ô les deux belles figures ! […] Il y a sans doute de la sublimité dans une tête de Jupiter ; il a fallu du génie pour trouver le caractère d’une Euménide, telle que les Anciens nous l’ont laissée ; mais qu’est-ce que ces figures isolées en comparaison de ces scènes où il s’agit de montrer l’aliénation d’esprit ou la fermeté religieuse, l’atrocité de l’intolérance, un autel fumant d’encens devant une idole ; un prêtre aiguisant froidement ses couteaux, un préteur faisant déchirer de sang-froid son semblable à coups de fouet, un fou s’offrant avec joie à tous les tourments qu’on lui montre et défiant ses bourreaux ; un peuple effrayé, des enfants qui détournent la vue et se renversent sur le sein de leurs mères, des licteurs écartant la foule, en un mot, tous les accidents de ces sortes de spectacles ?
Mais, quand il se fut suffisamment enroué à crier, l’honnête et douce figure de Rodolphe le rassura, et une causerie amicale s’établit bientôt entre l’artiste et le paysan. […] Parfois il vous semble entrevoir ces figures étranges, ces monstres, que l’œil devine dans les arbres réels.
Un esprit brillant, des réparties ingénieuses, une figure agréable, achevèrent ce que le talent avait commencé ; mais les succès que Chamfort eut auprès des femmes ne tardèrent pas à le désabuser sur les plaisirs qu’on trouve dans le grand monde. Cet Hercule sous la figure d’un Adonis, perdit la beauté de l’un, sans conserver la force de l’autre ; ses traits restèrent affectés ; des humeurs âcres se jetèrent sur ses yeux.
Ce n’est point ce qu’on peut appeler un grand homme, mais c’est une belle et noble figure féodale, à laquelle Lecoy de la Marche a essayé de restituer des traits légèrement et cruellement méconnus. […] Seulement, il n’a point assez insisté, selon moi, sur le contraste du malheur et du mérite de René d’Anjou, qui donne à cette figure d’histoire une originalité si mélancolique.
Après tout ce que l’Histoire nous a apporté de notions sur Saint Louis, il fallait, puisqu’on n’apportait pas de notions nouvelles, puisque l’investigateur n’avait pas un fait inconnu à nous jeter, s’embraser au moins à la lumière et au rayonnement de la figure céleste de Saint Louis. […] Qu’importe qu’on y passe auprès de figures comme Frédéric II, — ce poème de Lord Byron au Moyen Âge, — comme Grégoire IX, — cette énergie de quatre-vingt-dix-huit ans, — comme Urbain IV, Clément IV, Alexandre IV, sans que l’auteur les regarde et soit tenté d’en faire le portrait !
S’il eût vécu, nous aurions pu juger du talent de Gobineau comme sculpteur, et si ses figures de marbre auraient été aussi belles que ses figures historiques…
L’homme de parti, chauffé en lui par une révolution contemporaine, m’est terriblement suspect, et il me faut, pour la gloire de Mameli, dressée par Michelet à côté de ces grandes figures écrasantes, autre chose que sa garantie. Rien de plus beau, du reste, et de plus touchant dans le beau, que ces trois figures retracées par Michelet avec une émotion qu’il fait partager, même à ceux qui, d’ordinaire, ne pensent pas comme lui, tant cette émotion est profonde et sincère !
Le critique, selon Vacquerie, n’a pas autre chose à faire dans ce monde qu’à « proclamer les poètes dramatiques, à donner les chefs-d’œuvre à la foule et la foule aux chefs-d’œuvre, à remonter le poète dans ses instants de défaillance, à se tenir derrière lui pendant qu’il écrit, à ramasser sa plume à terre et à la lui remettre entre les doigts. » Ici la grimace recommence : « Critiques, — dit-il, — figures sublimes ! […] Le drame en est le mot écrit. » Et, comme le grimacier n’est jamais très loin de son théâtre et de ses habituelles préoccupations : « La tragédie — dit-il — est le nez du théâtre et le drame en est la figure. » Il y a un mot qu’on a rappelé immensément et qui est à l’état de légende incertaine dans les lettres.
Tout y est parisien au plus haut degré : les événements, les figures, le langage, la plaisanterie, et, comme dans La Semaine des trois jeudis (un autre roman très réussi d’Albéric Second), jusqu’aux crimes. […] C’est aussi un crime ignoblement parisien, que le vitriol par la figure de La Semaine des trois jeudis.
La manière du cardinal de Retz est un lazzi en figure. […] Le temps a touché ces choses et ces figures : elles s’effacent déjà. […] Celui qui m’a offensé n’a plus sa figure depuis longtemps. […] Ils ont des figures glabres et vives. […] Il ne leur reste que les trois aigrettes de Lamakhos et sa figure cassée.
Certes, Molière n’eût pas désavoué la joyeuse figure de ce bourgeois trompé, montré au doigt et content. […] La touchante figure de Marguerite ne rachète pas la monotonie et la sécheresse de ces deux derniers livres. […] La figure employée par M. Hugo pour peindre les malheurs de la maison de Bourbon est donc, de tout point, une figure absurde. […] Aux figures graves qui se pressent sous le crayon du maître allemand il substitue des figures sans nom, qui n’appartiennent à aucun règne de la nature, et qui embarrasseraient fort la sagacité d’un Linné ou d’un Cuvier.
Il pourra mettre un nom sur l’odieuse figure qui remplit ses rêves et son réveil. […] La mystique nous montre, dans le paradis, d’étranges figures d’aigles ou de roses tournantes formées d’une multitude harmonique de bienheureux. […] Bladé, on se figure que la force vitale, la force créatrice a diminué dans l’homme. […] Ils donnent aux choses des figures d’êtres, écarquillées, bizarres. […] Les figures douces et charmantes sont amenées par l’antithèse et frôlent de leur marche légère des amoncellements de cadavres.
Toujours pourtant la conviction persiste que, même s’il n’a pas été conçu avant de se produire, il aurait pu l’être, et qu’en ce sens il figure de toute éternité, à l’état de possible, dans quelque intelligence réelle ou virtuelle. […] Mais on ne la ressaisira que si l’on en considère d’abord la figure et la structure, si l’on en comprend aussi la destination. […] Artisans de notre vie, artistes même quand nous le voulons, nous travaillons continuellement à pétrir, avec la matière qui nous est fournie par le passé et le présent, par l’hérédité et les circonstances, une figure unique, neuve, originale, imprévisible comme la forme donnée par le sculpteur à la terre glaise. […] Il ne se pose que si l’on se figure un néant qui précéderait l’être. […] Arrêtons-nous devant le portrait de Mona Lisa ou même devant celui de Lucrezia Crivelli : ne nous semble-t-il pas que les lignes visibles de la figure remontent vers un centre virtuel, situé derrière la toile, où se découvrirait tout d’un coup, ramassé en un seul mot, le secret que nous n’aurons jamais fini de lire phrase par phrase dans l’énigmatique physionomie ?
On ne sait plus si la figure est douce, grandiose et fine. […] » Tant de figures dès la première ligne ! […] Chacune d’elles a ses instincts, ses besoins, ses armes, sa figure distincte. […] Çà et là pourtant ces chastes figures ont des taches ; mais dans les autres les fautes sont telles, que le portrait en est tout gâté. […] Qu’on se figure les flibustiers du dernier siècle, leur héroïsme et leurs violences, leur fidélité mutuelle, leur égalité foncière.
En tête de chaque morceau figure une épigraphe latine, bien attachée comme un beau clou d’or.
Guyon s’était chargé de rendre la calme et puritaine figure de Daniel.
Et certes, il faudrait avoir l’esprit bien mal fait pour ne pas s’associer à la pensée qu’il exprime si judicieusement et avec une si naïve confiance ; mais de quelle solide foi romantique ne devait pas être animé le statuaire qui avait représenté Mme Louise Colet, splendide alors et épanouie comme les Néréides du maître d’Anvers, sous la figure d’une jeune femme rêveuse et mourante, étendue près d’une fontaine, et intitulée : Penserosa !
Elles ont ceci de précieux pour moi, qu’elles sont bien réellement le cri, et, malgré l’artifice ici et là, le jaillissement spontané de votre jeunesse, l’expression naïve quelquefois à force d’être insolemment jeune, de vos rêves — et de nos rêves — d’adolescent. elles ont le trouble fiévreux, la violence de possession, le charme impur, et c’est ce qu’il faut, des pubertés qui s’éveillent et qui dans une seule et multiple étreinte voudraient conquérir tout l’amour… en elles, et c’est par là que je les aime, je me revois parmi les images de ma jeunesse, paysages, figures, rêves, de très vieilles choses, déjà un peu effacées aujourd’hui…, impuretés, désespoirs, négations et blasphèmes, tout cela si candide !
En vers, il excelle encore à évoquer des paysages, des figures ou des figurines… Il y a beaucoup de fées parmi les vers de M.
Il a enrichi la langue à la vérité, il l’a anoblie, il l’a subjuguée ; mais la recherche déplacée de son style le rend boursoufflé ; la magnificence de l’expression le rend forcé & gigantesque ; la délicatesse des tours le rend affecté ; l’usage immodéré des figures le rend ridicule ; enfin son affectation continue d’élégance & de noblesse, dans les choses qui en exigent le moins, le rend souvent absurde & pénible à la lecture.
de Senez de prodiguer l’apostrophe & l’exclamation, parce que le retour fréquent de ses figures est chez lui un effet de cette heureuse liberté qui conserve aux traits de l’imagination toute leur rapidité, & fait disparoître cette empreinte du travail, si contraire au pathétique ; mais dangereuse méthode, qui, employée par des Orateurs médiocres ou timides, jetteroit leur style dans de vaines déclamations.