De pauvres femmes, des vieillards, des enfants étaient prosternés.
À peine rassemblé, le public s’occupe des femmes élégantes qui arrivent et se placent avec fracas ; plus tard, il s’amuse à reconnaître les ministres présents et passés qui ont daigné se faire de l’Académie ; il considère les cordons et les plaques. […] Allons chez Tortoni, il est de mon devoir de vous réveiller, et certes je ne vous dirai plus un mot de littérature ; je n’ai ni jolies femmes ni grands cordons pour soutenir votre attention. […] Comment voulez-vous qu’Othello, par exemple, ne prononce pas le mot ignoble mouchoir, lorsqu’il tue la femme qu’il adore, uniquement parce qu’elle a laissé enlever par son rival Cassio le mouchoir fatal qu’il lui avait donné aux premiers temps de leurs amours ? […] Un jour enfin le hasard le présente à une femme simple, naturelle, honnête, digne d’être aimée, et il sent qu’il a un cœur. […] Que l’on vienne nous dire dans le salon où nous rions et plaisantons avec des femmes aimables, que le feu est à la maison ; à l’instant nous n’aurons plus cette attention légère qu’il faut pour les bons mots et les plaisirs de l’esprit.
Psychologie morbide qui fait rire telle honnête femme à certaines gravelures, et qui répand sur une salle entière une odeur de luxure ; psychologie puissante qui réveille les consciences et fait passer dans les âmes bourgeoises au souffle d’héroïsme. […] On retrouve l’esprit bourgeois, la satire contre la féodalité, contre l’Église et la femme dans les Cent nouvelles nouvelles, et chez Antoine de la Salle ; l’esprit dramatique y perce à chaque instant sous la forme épique. […] Pour établir, par la littérature, le bilan des idées de cette époque, il faut remarquer les traductions (Amyot), les adaptations (La Boétie), la fondation du Collège de France ; puis, à des titres fort divers (je cite les noms sans commentaire, mais en groupes par ordre déterminé) : Rabelais ; Marguerite de Navarre et Calvin ; Estienne et Pasquier ; Maigret ; Ronsard et Du Bellay ; sans oublier la querelle très significative sur le mérite des femmes. […] Molière, lui aussi, a commencé par la farce ; même Les Précieuses ne sont guère autre chose ; jusqu’à la fin de sa vie il n’a pas dédaigné la farce ; mais il a su aussi, par la fusion harmonieuse et infiniment variée d’éléments divers, s’élever jusqu’aux Femmes savantes, et insuffler à la « comédie » la vie dramatique. […] Les titres sont caractéristiques : Racine avait Andromaque, Bérénice, Phèdre ; aujourd’hui nous avons : La Clairière, Les Mauvais Bergers, La Griffe, Le Bercail, La Barricade, Le Tribun, Le Repas du lion, Le Ruisseau, Une femme passa, La Vierge folle, et cette stupéfiante Énigme de Paul Hervieu dont le drame consiste précisément en ceci : que le public est dans l’impossibilité de deviner, jusqu’au mot de la fin, laquelle des deux femmes a commis l’adultère !
La nommer, c’eût été avouer l’apologie : il espérait la sauver à la faveur de quelque proposition générale, qui eût excusé implicitement des excès de parole ou de plume bien pardonnables à une femme. […] Ce qui s’explique moins aisément, c’est que Fénelon se fût laissé prendre aux illusions de cette femme. […] On admirait cet air de résignation et de candeur ; on se laissait prendre à ces offres de soumission sous lesquelles perçaient l’opiniâtreté et l’assurance, à cette sensibilité qui touchait les femmes. […] On ne vit plus une question de dogme, mais un prince de l’Eglise, un archevêque, un esprit supérieur, devenu le sectaire d’une femme que les plus indulgents tenaient pour folle. […] Leibniz voulait faire traiter cette matière par les femmes.
L’intensité toute seule est aussi efficace : ainsi une femme, en un clin d’œil, voit la toilette entière d’une rivale. […] Il est donc possible, quoique cela semble d’abord un paradoxe, que ce soit par les femmes que l’attention volontaire ait fait son entrée dans le monde. […] C’est un état perpétuel de mobilité et d’éparpillement qui est l’antipode de l’attention ; il se rencontre fréquemment chez les enfants et chez les femmes. […] Réfléchir sur l’origine des choses ou l’utilité des billets de banque est un acte parfaitement raisonnable, et cet état mental n’est nullement comparable à celui du mendiant qui se croit millionnaire ou d’un homme qui se croit femme. […] Dans ce compte général, les cas d’attention spontanée sont le grand nombre, les cas francs et nets d’attention volontaire sont le petit nombre ; chez beaucoup d’hommes et de femmes, ils équivalent à presque rien.
Là des colonnes stylisent des corps : « Mille femmes font mille choses. […] Au fond de la vapeur, brillait un morceau nu de femme, doux comme un caillou. […] Non femme parce qu’en effet femme, mais seulement pour porter en lumière, comme le vers et les images eux-mêmes, la figure décorative du poème, et aussi pour lui enlever tout le je, tout le caractère de lyrisme personnel et d’aveu, incompatibles avec l’idée de poésie pure. […] La Parque se sent là « femme absolue » devant une aurore, un soleil métaphysique qui point à l’extrémité de ce tombeau. […] Elle rayonne une forme de femme endormie, comme la libération de l’énergie solaire enfermée dans la houille rayonne de la chaleur.
Plus tard, on revient des femmes, et vivent alors, quand pas la Femme, épouse ou maîtresse, rara avis ! […] Par la nature heureux comme avec une femme... […] Les femmes elles-mêmes, les dernières grisettes (dernières ?) […] Nous le trouvâmes, causant tranquillement avec ma belle-mère et ma femme dans le salon de la petite maison de mon beau-père, rue Nicolet, sous la Butte. […] Et je suis sûr qu’il n’a jamais frappé une femme ni voulu se procurer des sensations « inédites » par des moyens chirurgicaux.
Il se veut un enfant ; il est l’oiseau des légendes qu’un moine écouta pendant plus de cinq cents ans ; et, de même qu’en la légende, lorsqu’on l’a écouté et qu’on revient à la vie, il y a du nouveau dans les gestes des hommes et dans les yeux des femmes.
Une femme entre à l’église et prie en sa grâce de parisienne agenouillée : sait-elle, saura-t-elle jamais qu’un poète l’a vue ainsi et qu’il a pensé, en la voyant, à la divine douceur mystique de l’Évangile ?
Nous les avons portraiturés, ces hommes, ces femmes, dans leurs ressemblances du jour et de l’heure, les reprenant au cours de notre journal, les remontrant plus tard sous des aspects différents, et, selon qu’ils changeaient et se modifiaient, désirant ne point imiter les faiseurs de mémoires qui présentent leurs figures historiques, peintes en bloc et d’une seule pièce, ou peintes avec des couleurs refroidies par l’éloignement et l’enfoncement de la rencontre, — ambitieux, en un mot, de représenter l’ondoyante humanité dans sa vérité momentanée.
Nous les avons portraiturés, ces hommes, ces femmes, dans leurs ressemblances du jour et de l’heure, les reprenant au cours de notre journal, les remontrant plus tard sous des aspects différents, et, selon qu’ils changeaient et se modifiaient, désirant ne point imiter les faiseurs de mémoires qui présentent leurs figures historiques, peintes en bloc et d’une seule pièce, ou peintes avec des couleurs refroidies par l’éloignement et l’enfoncement de la rencontre, — ambitieux, en un mot, de représenter l’ondoyante humanité dans sa vérité momentanée.
Quand la première saison est passée, quand le front se penche, quand on sent le besoin de faire autre chose que des histoires curieuses pour effrayer les vieilles femmes et les petits enfants, quand on a usé au frottement de la vie les aspérités de sa jeunesse, on reconnaît que toute invention, toute création, toute divination de l’art doit avoir pour base l’étude, l’observation, le recueillement, la science, la mesure, la comparaison, la méditation sérieuse, le dessin attentif et continuel de chaque chose d’après nature, la critique consciencieuse de soi-même ; et l’inspiration qui se dégage selon ces nouvelles conditions, loin d’y rien perdre, y gagne un plus large souffle et de plus fortes ailes.
Ce qu’il y a de pis dans les fatras, dont il a inondé le public, c’est qu’il s’avise de faire le plaisant, & qu’il entretient sans cesse ses lecteurs de ses plates productions & de celles de sa femme.
Il tue, il vole, il viole, enlève des religieuses de leur couvent, entraîne dans le mal hommes et femmes, et livre au diable des milliers de victimes. […] n’est-elle pas l’idéal de la femme bourgeoise ? […] Il est évident qu’il n’y a rien à voir à Neuwied, si ce n’est des hommes et des femmes. […] Pendant que nous visitions la partie de l’établissement qui est réservée aux femmes célibataires et à l’école des filles, j’observai un bien curieux et bien touchant exemple de ce mélange de mysticité et de sagesse pratique sur le visage d’une très vieille femme, un des plus respectables, assurément, que j’aie vu de ma vie. […] Aurais-je fait le pèlerinage de Neuwied si l’on m’eût dit qu’il s’y trouvait un visage de vieille femme digne d’attirer l’attention ?
Le Petit à la notice que Sainte-Beuve a jadis tracée de madame Deshoulières dans ses Portraits de femmes. […] — Alors, dans le fond des provinces les femmes des vétérinaires, au lieu d’élever leurs enfants et de surveiller leur cuisinière, se plaignirent d’être incomprises. […] L’auteur de la Dame aux camélias, du Fils naturel, du Demi-Monde et de l’Ami des femmes en est le premier. […] Emma Bovary, la fille au père Rouault, la femme de l’officier de santé de Yonville, la maîtresse de M. Rodolphe de la Huchette, c’est, avec les rêves due son imagination délirante, la caricature ou la parodie des femmes incomprises, des adultères échevelées, et des amours fatales du drame et du roman romantiques.
La première fois, on envoie le portier de ville acheter du vin, et l’on fait passer en son absence le cadavre d’une femme qui avait les pieds tournés en dedans. […] Les communautés de femmes s’en mêlaient : l’abbesse de Malnoue faisait des vers précieux ; celle de Fontevrault traduisait Platon. […] Il n’est pas d’homme qui ne puisse être Dorante à un moment donné ; il n’est pas de femme qui n’ait, à son heure, senti comme une de ces comtesses. […] Et pourtant je les connais d’ailleurs, ces hommes du jour et ces femmes à la mode. […] Une pointe de sensualité, un air de libertinage, certaine façon d’attacher le goût des femmes à la bonne mine des hommes.
1840 La bibliothèque de tous les jeunes gens et de bien des jeunes femmes va s’enrichir de trois charmants volumes qui offrent, réunies, toutes les œuvres de M.
. — Sans doute, et les femmes doivent en convenir ; il est assez doux de plaire et d’exercer ainsi sur tout ce qui vous entoure une puissance due à soi seule, une puissance qui n’obtient que des hommages volontaires, une puissance qui ne se fait obéir que parce qu’on l’aime, et disposant des autres contre leur intérêt même, n’obtient rien que de l’abandon, et ne peut se défier du calcul ; mais qu’a de commun le jeu piquant de la coquetterie et le sentiment de l’amour ?
Les femmes, les jeunes gens, tout ce public grossissant d’Émile et de Saint-Preux, saluèrent d’un cri de joie ce nouvel apôtre au parler enchanteur. […] La manière dont Bernardin de Saint-Pierre envisageait la femme s’accorde à merveille avec sa façon de sentir la nature ; et c’est presque en effet (pour oser parler didactiquement) la même question. […] Saint-Martin, tout en faisant grand cas de la femme, disait que la matière en est plus dégénérée et plus redoutable encore que celle de l’homme. Bernardin se contente de dire délicieusement : « Il y a dans la femme une gaieté légère qui dissipe la tristesse de l’homme. » Quand Bernardin de Saint-Pierre se promenait avec Rousseau, comme il lui demandait un jour si Saint-Preux n’était pas lui-même : « Non, répondit Jean-Jacques, Saint Preux n’est pas tout à fait ce que j’ai été, mais ce que j’aurais voulu être. » Bernardin aurait pu faire la même réponse à qui lui aurait demandé s’il n’était pas le vieux colon de Paul et Virginie.
Le second groupe était celui des mondains, courtisans et femmes, avec quelques poètes et beaux esprits. […] Le foyer du jansénisme, en France, fut l’abbaye de Port-Royal : c’était une communauté cistercienne de femmes établie depuis 1204 dans la vallée de Chevreuse, et réformée en 1608 par la mère Angélique Arnauld ; elle fut transportée, en 1626, à Paris, au faubourg Saint-Jacques. […] Les femmes furent aussi fermes que les hommes. […] En 1708, la communauté de femmes est supprimée par une bulle du pape ; en 1709, les religieuses sont expulsées par le lieutenant de police ; enfin Port-Royal des Champs est détruit (1710), sa chapelle rasée, ses sépultures violées.
… ôtez à Hugo trente gros adjectifs, et toute sa poésie s’effondre comme un plafond auquel on enlève ses étais… Les femmes, il ne les aime pas ; les enfants, il ne les comprend pas ; la nature il ne la sent pas… Il dit d’une femme : « Elle me regarda de ce regard suprême qui reste à la beauté quand nous en triomphons ». […] Qu’il ait été puissamment secondé, personne ne le nie ; mais si, aujourd’hui, des hommes mûrs, des jeunes gens, des femmes du monde ont le sentiment de la belle poésie, de la poésie profondément rythmée et vivement colorée, si le goût public s’est haussé vers des jouissances qu’il avait oubliées, c’est à Victor Hugo qu’on le doit. […] Il est le poète des hommes, des femmes, des enfants, des vaillants, des bons, des proscrits, des déshérités et de tous ceux qui aiment.
Mais voici une des mises en œuvre les plus profondes de la Réminiscence en général : vers la fin du sublime cycle de Schumann, Amour et vie de femme (1840), au moment où le chant cesse, le piano reprend le premier morceau, qu’il chante dans son entier, la jeune veuve écoute au fond de son cœur la phrase à laquelle elle confiait naguère son premier secret d’amour78, illustration musicale bien éloquente, bien touchante et intime à coup sûr, du fameux cri de désespoir de Francesca : Nessun maggior dolore Che ricordansi del tempo felice Nella miseria ! […] Voici encore le tableau nocturne, si mystérieusement fantastique, des « Quatre femmes grises » dans la scène de Minuit du Faust de Schumann ; ensuite sa Cantate-Ballade ; la Malédiction du troubadour ; la merveilleuse Nuit du sabbat de Mendelssohn, où se trouvent des réminiscences, fort peu importantes d’ailleurs ; mais je le répète, impossible et inutile en même temps, de fournir plus de détails ! […] Dans la fameuse scène de la Gorge-du-Loup (1821), le compositeur ramène (sans parler des célèbres trilles ricanants et diaboliques des petites flûtes, de la chanson de Gaspard) les grandes secondes, jouées ici par les violons, des voix de femmes qui narguaient Max au début de l’œuvre. […] Voir, dans la scène des deux femmes du premier acte, l’apparition fragmentaire du thème du duo du troisième acte : Hin nimm die seele mein !
Ce mariage compte dans sa vie, même militaire et publique, parce qu’on prétendit qu’il était amoureux et jaloux au point de déranger quelquefois ses opérations de guerre en vue de sa passion et dans ses inquiétudes d’homme de cinquante ans pour sa jeune femme. […] Il revient à Paris au commencement de janvier 1703, pour voir sa femme et un fils qui lui était né. […] L’envoyé de l’électeur de Bavière à Versailles, M. de Monasterol, chauffait ces discours qui nous sont revenus tout vifs et bouillants par Saint-Simon : Honteux délais de Villars ; jaloux de sa femme, etc., etc.
les pauvres Indiens prennent leurs vieux parents dans leurs bras ; les femmes chargent leurs enfants sur leurs épaules ; la nation se met enfin en marche, emportant avec elle ses plus grandes richesses. […] Les Indiens s’avancèrent d’un air morne vers le rivage : on fit d’abord passer les chevaux, dont plusieurs, peu accoutumés aux formes de la vie civilisée, prirent peur et s’élancèrent dans le Mississipi, d’où on ne put les retirer qu’avec peine : puis vinrent les hommes, qui, suivant la coutume ordinaire, ne portaient rien que leurs armes ; puis les femmes, portant leurs enfants attachés sur leur dos ou entortillés dans les couvertures qui les couvraient ; elles étaient, en outre, surchargées de fardeaux qui contenaient toute leur richesse. […] Il se trouvait là une femme âgée de cent dix ans ; je n’ai jamais vu plus effrayante figure : elle était nue, à l’exception d’une couverture qui laissait voir, en mille endroits, le corps le plus décharné dont on puisse se faire idée ; elle était escortée de deux ou trois générations de petits enfants.
Bossuet, jugeant les révolutions des empires, pensait comme De Maistre ; lui aussi, il n’envisage des factions, des nations entières, que comme un seul homme sous le souffle d’en haut ; il les fait marcher et chanceler devant lui comme une femme ivre. […] Antonio Perez, jeté en prison, retenu captif durant onze années, traité avec des alternatives de ménagement et de rigueur, selon ce qu’on craignit ou qu’on espéra de ses aveux ; puis, quand on le crut dessaisi de tous papiers et de tous gages, livré à la justice secrète de Castille, poursuivi pour un acte dans lequel il n’avait été que l’exécuteur d’un ordre royal, mis à la torture, Perez parvint, à force d’adresse, et par le dévouement de sa femme 81, à s’échapper en Aragon ; et là, devant un libre tribunal, le duel s’engagea à la face du soleil, entre le sujet sacrifié et le monarque. […] Elle fit comme Mme de Lavalette ; elle entra dans sa prison, et il en sortit déguisé sous les vêtements de sa femme.
Les femmes de ce pays l’avaient ébloui d’abord, et, peu de jours après son arrivée, il écrivait à La Fontaine ces phrases qui donnent à penser : « Toutes les femmes y sont éclatantes, et s’y ajustent d’une façon qui est la plus naturelle du monde ; et pour ce qui est de leur personne, Color verus, corpus solidum et succi plenum ; mais comme c’est la première chose dont on m’a dit de me donner garde, je ne veux pas en parler davantage ; aussi bien ce seroit profaner la maison d’un bénéficier comme celle où je suis, que d’y faire de longs discours sur cette matière : Domus mea, domus orationis. […] A y regarder de près, ce sont, entre les traditions contradictoires, des efforts de conciliation ingénieux, mais peu faits pour éclairer : Racine admet d’une part la version de Plutarque, qui suppose que Thésée, au lieu de descendre aux enfers, avait été simplement retenu prisonnier par un roi d’Épire dont il avait voulu ravir la femme pour son ami Pirithoüs, et d’autre part il fait dire à Phèdre, sur la foi de la rumeur fabuleuse : Je l’aime, non point tel que l’ont vu les Enfers… Dans Euripide, Vénus apparaît en personne et se venge ; dans Racine, Vénus tout entière à sa proie attachée n’est qu’une admirable métaphore.
J’aimerais à le voir quelquefois, à l’entendre établir et revendiquer ici quelques-uns des principes de la société nouvelle, dût-on l’écouter en frémissant… Mais ce n’est point de cela qu’il s’agit en ce moment ; j’aimerais, dis-je, que le prince Napoléon fût présent, car ce serait à lui plus qu’à personne qu’il appartiendrait de venger le grand écrivain, le grand peintre, la femme cordiale et bienfaisante dont il est l’ami. […] Cessons donc le plus tôt possible, hommes et femmes, d’être des enfants : ce sera difficile à bien des femmes, direz-vous, — à bien des hommes aussi.
Sa femme avait de la jeunesse, De la beauté, de la délicatesse. […] Cette bigarrure déplaît à Horace ; sur toutes choses, il ne veut pas que nos compositions ressemblent aux crotesques et que nous fassions un ouvrage moitié femme, moitié poisson. […] La fable est ceci : Un jeune seigneur tout à fait charmant est amoureux d’une très belle femme, mais qui est, elle, la sagesse même, qui lui résiste.
Il allait aussi chez Mme de La Fayette et prenait goût dès lors au commerce des femmes, qui se montrent souvent plus patientes à écouter que les hommes. […] Il prie des gens, qu’il ne connaît point, de le mener chez d’autres dont il n’est pas connu : il écrit à des femmes qu’il connaît de vue : il s’insinue dans un cercle de personnes respectables, et qui ne savent quel il est ; et là, sans attendre qu’on l’interroge, ni sans sentir qu’il interrompt, il parle, et souvent, et ridiculement.
Je laisserai donc ce poème tout à fait en dehors de mon appréciation présente, et il ne sera question ici que du Parny élégiaque, de celui dont Chateaubriand disait : « Je n’ai point connu d’écrivain qui fût plus semblable à ses ouvrages : poète et créole, il ne lui fallait que le ciel de l’Inde, une fontaine, un palmier et une femme. » Né à l’île Bourbon, le 6 février 1753, envoyé à neuf ans en France, et placé au collège de Rennes, où il fit ses études, Évariste-Désiré de Forges (et non pas Desforges) de Parny entra à dix-huit ans dans un régiment, vint à Versailles, à Paris, s’y lia avec son compatriote Bertin, militaire et poète comme lui, Ils étaient là, de 1770 à 1773, une petite coterie d’aimables jeunes gens, dont le plus âgé n’avait pas vingt-cinq ans, qui soupaient, aimaient, faisaient des vers, et ne prenaient la vie à son début que comme une légère et riante orgie. […] Je prends Musset comme le plus voisin de nous et à notre portée : croyez-vous qu’en aimant sa maîtresse, celle qu’il a tant célébrée, il n’aimât pas surtout le génie en elle, autre chose que la femme, l’idéalisation d’un rêve ?
De même qu’un honnête homme évite l’entretien des femmes perdues de mœurs et des hommes déshonorés, de même un chrétien doit-il éviter la lecture des ouvrages qui n’ont fait que du mal au genre humain. […] qu’ils sont, essentiels, — aussi essentiels même que le commerce des femmes, — pour nous faire hommes tout à fait, pour nous rompre et nous désapprêter l’esprit et nous le déniaiser, pour nous guérir de la gourme originelle, pour nous ramener de temps en temps à la terre quand nous sommes tentés de perdre pied, pour nous avertir avec un léger croc-en-jambe et nous empêcher de faire l’ange quand l’envie par hasard nous en prend.