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543. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Taraval » pp. 282-283

L’enthousiasme, l’ivresse et la souffrance affectent les mêmes parties du visage ; et le passage de l’un de ces caractères contigus à l’autre est facile.

544. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 17, s’il est à propos de mettre de l’amour dans les tragedies » pp. 124-131

Racine a mis plus d’amour dans ses pieces que Corneille, et la plûpart de ceux qui sont venus depuis Racine, trouvant qu’il étoit plus facile de l’imiter par ses endroits foibles que par les autres, ont encore été plus loin que lui dans la mauvaise route.

545. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 22, quelques remarques sur la poësie pastorale et sur les bergers des églogues » pp. 171-178

Puisque les bergers d’égypte et d’Assyrie sont les premiers astronomes, pourquoi ce qui se trouve de plus facile et de plus curieux dans l’astronomie ne seroit-il pas un sujet propre pour la poësie bucolique ?

546. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 27, qu’on doit plus d’égard aux jugemens des peintres qu’à ceux des poëtes. De l’art de reconnoître la main des peintres » pp. 382-388

En effet, quoiqu’il doive être plus facile aujourd’hui de reconnoître la plume d’un homme que son pinceau, néanmoins les experts en écriture se trompent tous les jours.

547. (1912) L’art de lire « Chapitre XI. Épilogue »

Il est plus facile d’être assoté par un sot livre que de le rendre intelligent ou de le faire servir à son intelligence par la façon dont on le lit.

548. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XII »

Nous ne cesserons de répéter ce mot, tant qu’on s’obstinera à mépriser le travail et à croire qu’il est facile de bien écrire.‌

549. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

La réponse est vraiment trop facile. […] Si l’on voulait quelle continuât de se dire chrétienne, d’accorder à la religion les honneurs du culte extérieur, il fallait donc qu’on lui rendît le christianisme facile. […] Car la diversité des opinions en morale, c’est le joug du Seigneur rendu plus facile et plus doux !  […] L’Essai sur les mœurs, ou le Discours sur l’histoire universelle, voilà qui est, clair, qui est lumineux, dont l’objet et l’idée générale, faciles à saisir, faciles à retenir, n’ont jamais fait hésiter personne. […] Taine enfin, rien ne serait plus facile que de retrouver l’influence de l’Esprit des lois.

550. (1888) Portraits de maîtres

Ces chansons trahissent encore une grâce indispensable aux poètes et dont Béranger a le secret, une grâce facile, légère, qui fait penser à la désinvolture de la Parisienne. […] L’amour du bien-être ne dominait pas encore des générations énervées par le penchant à la vie facile. […] Mais il pratiquait cette charité moins facile qui va droit au vrai malheur. […] L’antithèse est facile à saisir. […] S’ils préfèrent à cette méthode des succès plus faciles ils pourront enlever par surprise ou scandale une vogue éphémère et de mauvais aloi la solide estime et la renommée durable ne seront pas faites pour eux.

551. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

la vie élégante, amoureuse et facile ……………………………………………………. […] Houssaye, en son allure facile sans abandon, est complètement exempt. […] L’emportement contre l’œuvre qui lui déplaît lu serait facile, et le difficile doit être pour lui de le contenir. […] Il n’est pas facile non plus. […] Le jeu des abstractions est dangereux parce qu’il est facile et parce qu’il est délicieux.

552. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Tout y semble facile. […] La raison de cela est facile à concevoir. […] Elle était facile dans le monde romain, au temps des premiers césars. […] Leur piété facile, leur riante sagesse égayent chaque année la tombe du poète. […] Nous avons la vie plus facile et des devoirs mieux tracés.

553. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

À cette époque brillait déjà un génie rare et facile, né pour l’éloquence, la philosophie et les études variées. […] Aussi paraît-il certain que les récits de voyages fabuleux et l’emploi de ce romanesque surnaturel, qui est le plus facile et le moins estimable de tous les genres, furent à l’excès multipliés. […] Mais Milton devait avoir peu de crédit sur les conseils de Cromwell ; et cet habile usurpateur trouvait sans doute plus facile et plus sûr de s’emparer de la Jamaïque. […] Il se hâta de publier un écrit intitulé : Moyen prompt et facile d’établir une société libre. […] Sans doute les livres saints ouvraient à Milton une source abondante et facile.

554. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

Un peu plus tard, ses organes s’étant exercés, il fit um et im ; puis ce fut nim, syllabe plus facile à prononcer la bouche fermée. […] Par conséquent, elle n’est, comme toute aptitude, propriété et capacité, qu’un caractère général de l’objet, et ce caractère peut être dégagé, retiré, mis à part par les procédés ordinaires, c’est-à-dire au moyen d’un nom, et, en général, au moyen d’un signe. — Bien mieux, il n’y en a pas de plus facile à mettre à part ; car tous les objets et tous les événements le présentent, puisque chaque objet et chaque événement contribue avec d’autres semblables à faire une collection qui est sa classe. […] Il n’y a rien de plus facile que de lever, un à un, tour à tour, les doigts de la main fermée, ou de baisser, un à un, tour à tour, les doigts de la main ouverte. Il n’y a rien de plus facile que d’ajouter des cailloux, un à un, de manière à en faire un tas, ou d’ôter des cailloux, un à un, de manière à défaire le tas.

555. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

S’il avait étudié plus profondément la nature des choses, il aurait compris pourquoi le succès est presque toujours ici-bas du côté des mauvaises causes : c’est que le nombre fait le succès, et que, le plus grand nombre des hommes étant ignorant ou pervers, il est toujours facile aux méchants de trouver des complices et d’écraser la justice, la vérité ou la vertu sous le nombre. […] Horace était jeune ; il tournait depuis quelque temps à la philosophie facile et accommodante d’Épicure. […] Quand me sera-t-il donné, tantôt en relisant les livres des anciens, tantôt en m’assoupissant dans de faciles sommeils, tantôt en m’abandonnant à la molle paresse des heures qui ne doivent rien à la vie, de prolonger les doux oublis d’une existence autrefois si agitée ! […] XXVII « Je t’écris aujourd’hui, voluptueux Horace, À toi qui respiras la mollesse et la grâce, Qui, facile en tes vers et gai dans tes discours, Chantas les doux loisirs, les vins et les amours, Et qui connus si bien cette sagesse aimable Que n’eut point de Quinault le rival intraitable.

556. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Répondre à ces belles et bonnes âmes que c’est bien dommage qu’il en soit ainsi, mais qu’après tout ce n’est pas la faute du rationalisme si l’homme peut affirmer peu de choses, qu’il vaut mieux affirmer peu avec certitude que d’affirmer ce que l’on ne sait pas légitimement, que, si le meilleur système intellectuel était celui qui affirme le plus, aucun ne serait préférable à la crédulité primitive admettant tout sans critique ; répondre ainsi à ces âmes faciles et expansives, c’est comme si on raisonnait avec un appétit surexcité pour lui prouver que le besoin qu’il ressent est désordonné. […] Qui dit voltairien exprime une nuance aussi tranchée et aussi facile à saisir que cartésien ; et pourtant Descartes a un système, et Voltaire n’en a pas. […] Or, comme on remarquait que la culture lettrée était subversive d’un tel état, on déclamait contre cette culture, qui rendait, disait-on, plus facile à vaincre. […] Je n’y comprends rien est sa dernière et souveraine condamnation, et combien il est facile à la prononcer !

557. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Voilà pour le premier caractère constaté ; voici pour le second : rien de plus facile à relever dans la littérature d’alors que le rapprochement brusque de deux éléments contraires. […] La carte du Tendre est contemporaine des farces de Scarron et de son Roman comique où retentit le tintamarre des poêlons et des casseroles, où dans une rixe nocturne Ragotin, le souffre-douleur du livre, est coiffé de certain vase facile à deviner. […] Elle est facile à constater en toute époque. […] Mais c’est peu de constater un fait si facile à remarquer, si l’on n’ajoute que la langue, le style, le ton de tout ce qui s’écrit ou se dit alors se trouve modifié par cette surexcitation de la vie nationale.

558. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Il manque encore bien des choses, et de technique et d’idéal à cet artiste pour être excellent ; mais il a de la couleur et de la couleur vraie, mais il a le pinceau hardi, facile et sûr ; il ne tient qu’à lui d’acquérir le reste. […] Voilà un tableau du faire le plus facile et le plus vrai. […] Tout est doux, facile, harmonieux, chaud et vigoureux dans ce tableau que l’artiste paraît avoir exécuté en se jouant. […] Machy est dur, sec, monotone ; Robert est moëlleux, doux, facile, harmonieux.

559. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Pour le premier, je me flatte que vous ne douterez pas du sentiment de reconnaissance avec lequel je m’en acquitte, et rarement, permettez-moi de le dire, — à vous voir aujourd’hui si nombreux, — j’en aurai rempli de plus facile ou de plus agréable. […] Vertu de femme ou de dilettante, elle est trop délicate, trop facile à émouvoir ou plutôt à surprendre, et par suite à tromper ; elle répugne à trop de besognes ; elle paralyse enfin l’action plus souvent qu’elle ne l’aide. […] Et ne me dites pas qu’il n’y avait rien de plus facile ; que les beautés d’une œuvre s’aperçoivent et se sentent d’abord ; qu’un autre les eût vues comme lui ! […] Mais ce mérite, est de ceux qu’il est plus facile de sentir que de définir et, puisque vous allez en avoir l’occasion tout à l’heure, je vous en laisse juges. […] Souvenons-nous d’ailleurs qu’une tragédie seulement passable n’est pas déjà si facile à faire.

560. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

On est induit à penser que ce sont des citoyens de satisfaction facile et des philosophes qu’excite encore mieux le succès d’un moment que la recherche et le tourment de la vérité. […] Il avait une langue pure, facile et pleine, une perception vive et pénétrante de la nature, un tour d’imagination assez romanesque, et un sentiment exquis de critique littéraire : il aurait pu se porter sur plus d’un sujet qui eût du corps, s’y reposer du moins et s’y refaire dans les intervalles de ses soliloques psychologiques trop prolongés.

561. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Ici se termine à peu près le récit d’Arago ; les dix ou douze pages qui suivent sont peu intéressantes ; il s’y donne le plaisir trop facile de lancer un dernier trait contre quelque uns de ses confrères encore vivants. […] Il n’était pas de ces savants qui s’isolent et se contentent de cultiver durant la sérénité des nuits la muse austère et silencieuse de Newton ou de Pythagore : nature méridionale fortement accusée, il avait besoin d’agir immédiatement sur le public, de le servir et d’en être entouré, d’en recevoir un contrecoup d’applaudissement et de louange en retour des utiles et faciles enseignements qu’il était toujours prêt à lui prodiguer.

562. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Ils sont faciles, pleins d’images et d’harmonie ; et ce qu’il y a encore de bon, c’est que vous y joignez des plaisanteries du meilleur ton. […] M. de Meilhan dénonce cette facilité universelle, qui était le cachet de ces années (1780-1788) : Il est devenu facile d’écrire en tout genre.

563. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Il y aurait sur un point, et pour montrer l’insuffisance de son procédé poétique dans cette seconde manière, une comparaison facile à établir. […] En tout, les vers de Saint-Gelais sont assez faciles, mais plats.

564. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Il me serait facile de m’occuper d’abord et uniquement de cette préface, qui, pareille à une conversation rapide, impétueuse, familière, touche à mille points, soulève mille questions, fait dire oui et non à la fois, dessine l’auteur et le livre, et dispense jusqu’à un certain point le critique qui n’a qu’un moment d’aller au-delà. […] Mais aussi il y a un historien des plus heureusement doués dont le procédé est autre : il lit, il étudie, il se pénètre pendant des mois et quelquefois des années d’un sujet, il en parcourt avec étendue et curiosité toutes les parties même les plus techniques, il le traverse en tous sens, s’attachant aux moindres endroits, aux plus minutieuses circonstances ; il en parle pendant ce temps avec enthousiasme, il en est plein et vous en entretient constamment, il se le répète à lui-même et aux autres ; ce trop de couleur dont il ne veut pas, il le dissipe de la sorte, il le prodigue en paroles, en saillies et en images mêmes qui vaudraient souvent la peine d’être recueillies, car, plume en main, il ne les retrouvera plus : et ce premier feu jeté, quand le moment d’écrire ou de dicter est venu, il épanche une dernière fois et tout d’une haleine son récit facile, naturel, explicatif, développé, imposant de masse et d’ensemble, où il y a bien des négligences sans doute, bien des longueurs, mais des grâces ; où rien ne saurait précisément se citer comme bien écrit, mais où il y a des choses merveilleusement dites, et où, si la brièveté et la haute concision du moraliste font défaut par moments, si l’expression surtout prend un certain air de lieu commun là où elle cesse d’être simple et où elle veut s’élever, les grandes parties positives d’administration, de guerre, sont si amplement et si largement traitées, si lumineusement rapportées et déduites, et la marche générale des choses de l’État si bien suivie, que cela suffit pour lui constituer entre les historiens modernes un mérite unique, et pour faire de son livre un monument.

565. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Voltaire est le premier, et il demeure incomparable : vif, naturel, facile, toujours prêt, donnant au moindre compliment un tour aisé, une grâce légère, exprimant au besoin des pensées sérieuses, mais les déridant bientôt, et toujours attentif à plaire, à faire rire l’esprit. […] Daubenton, lui, n’était pas facile à stimuler, et il n’allait jamais plus vite que le pas ; Buffon, parlant de ces frères et neveux Daubenton, se plaint souvent de leur lenteur, de leur peu d’ardeur.

566. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

L’entrée du mal est aisée d’abord et facile, mais à la longue on n’arrive à rien. Les dieux ont placé la sueur avant la vertu : il faut gravir ; mais, une fois le sommet atteint, tout devient facile.

567. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Ils ont la fierté et la conscience d’eux-mêmes et de leur noblesse, « un facile et gracieux langage, un sentiment exquis du beau dans la pose et dans le costume, une intelligence subtile, un amour extraordinaire de l’étude. » Cet amour de l’étude, hérité et renouvelé des ancêtres, est porté à un point qu’on ne se figure pas. […] La Grèce, telle qu’elle est aujourd’hui, a un trop gros cerveau ; c’est « une tête énorme sur un petit corps. » Ajoutez les habitudes invétérées d’une trop longue décadence, d’une société longtemps relâchée, décousue et dissoute ; les héros à pied et en disponibilité qui n’ont de ressource que de se faire brigands ; peu de respect pour la vie humaine ; pas d’idée bien nette du tien et du mien ; le vol sous toutes ses formes, la corruption et la vénalité faciles et courantes, comme l’admet trop aisément la moralité restée ou redevenue trop primitive.

568. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

C’est que dans ce temps de mœurs littéraires si mauvaises et si gâtées, en ce temps de grossièreté où la littérature, ce qu’on ose appeler ainsi, trop souvent imite la rue et n’en a pas la police, il importe que l’Académie reste un lieu où la politesse, l’esprit de société, les rapports convenables et faciles, une transaction aimable ou du moins suffisante, la civilisation enfin en littérature, continuent et ne cessent jamais de régner. […] l’un et l’autre pourtant, à l’aide ou des saillies ou des nuances de cette parole, l’un et l’autre de plus ou moins loin et tous les deux de près, arrivent à produire un effet analogue de persuasion facile, de séduction aisée.

569. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

S’il se rencontre surtout dans une nature aimable, facile, qui n’a en rien l’ambition de ce rôle et qui ignore absolument qu’elle le remplit ; s’il se produit en œuvres légères, courtes, inachevées, mais sorties et senties du cœur ; s’il se termine en une brève jeunesse, il devient tout à fait intéressant. […] Facile, insouciant, tendre, vif, spirituel et non malicieux, il menait une vie de monde, de dissipation, ou d’étude par accès et de brusque retraite.

570. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

Si vous êtes traversés dans vos projets pour acquérir et conserver la gloire, votre esprit peut s’attacher à l’événement qui, tout à coup, a interrompu votre carrière, et se repaître d’illusions, plus faciles encore dans le passé que dans l’avenir. […] Newton n’eût pas osé tracer les bornes de la pensée, et le pédant que je rencontre veut circonscrire l’empire des mouvements de l’âme ; il voit qu’on en meurt, et croit encore qu’on se serait sauvé en l’écoutant : ce n’est point en assurant aux hommes que tous peuvent triompher de leurs passions, qu’on rend cette victoire plus facile ; fixer leur pensée sur la cause de leur malheur, analyser les ressources que la raison et la sensibilité peuvent leur présenter ; est un moyen plus sûr, parce qu’il est bien plus vrai.

571. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

. — Il sera facile alors d’animer le récit qui la confirme. […] Plantons ce germe dans un sol convenable ; choisissons une âme faible de volonté, facile aux séductions, accoutumée à l’action, à qui les idées s’attachent d’une prise subite, et que ses desseins obsèdent comme des fantômes.

572. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Si jamais, ce qu’il n’est pas permis de croire, notre théologie devenait une langue morte, et s’il arrivait qu’elle obtînt, comme la mythologie, les honneurs de l’antique ; alors Dante inspirerait une autre espèce d’intérêt : son poëme s’élèverait comme un grand monument au milieu des ruines des littératures et des religions : il serait plus facile à cette postérité reculée de s’accommoder des peintures sérieuses du poëte7, et de se pénétrer de la véritable terreur de son Enfer ; on se ferait chrétien avec Dante, comme on se fait païen avec Homère. Voilà le précis du poëme ; il est long et ne dit pas tout : mais on trouvera semées dans les notes les idées qui manquent ici ; l’application en sera plus facile et moins éloignée que si on les eût fait entrer dans ce discours préliminaire, et qu’il eût ensuite fallu les transporter et les appliquer de mémoire, en lisant le poëme.

573. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

On peut trouver que cette expérience n’a pas été d’abord très-heureuse, car il n’est pas aussi facile d’expérimenter sur les sociétés vivantes que sur les corps bruts. […] Il n’était donc pas si facile d’avoir l’idée de Bacon, même en ayant sous les yeux plus d’exemples qu’il n’en avait eu.

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