Maupertuis, d’un côté, Bouguer & son actif associé(a), de l’autre, déterminaient cette derniere opération d’après de laborieuses expériences. […] J’adopte l’impulsion, mais j’y joins le méchanisme, & ce méchanisme je le prouve, je le démontre par des expériences que vous ne détruirez pas. […] Il n’avançait rien à titre de précepte qu’il ne le démontrât par l’expérience, & plusieurs de ses préceptes lui appartenaient.
Cela est en effet, et l’expérience le démontre. » M. […] Littré, j’ai bon espoir ; il me semble que c’est d’un concours et non d’un conflit que sortira le progrès désiré, et que l’expérience, l’esprit philosophique, la méthode philologique et la pratique consommée des textes s’appuient de tous côtés, se corrigent et se complètent : …………………….
Celle expérience est certes humiliante. […] Chacune d’elles naît accompagnée de mille autres, dont la moindre l’altère entièrement ; les exceptions s’accumulent sur les exceptions, et réduisent la prétendue loi fondamentale à n’être plus que l’expérience de quelques cas particuliers320 ».
Les théories, les systèmes, les socialismes, n’étaient rien pour lui ; des expériences hasardées sur des millions d’hommes ignorants ou passionnés lui paraissaient des bêtises ou des crimes. […] Si l’homme était capable de profiter de l’expérience, il reconnaîtrait que le gouvernement parlementaire n’est bon qu’à renverser successivement tous les régimes qui l’admettent.
Un mélange extravagant d’incidents impossibles, de violents démentis à l’expérience, à la vie, de perfections et de perversités imaginaires, voilà ce que des spectateurs prévenus applaudirent un moment comme un retour à la nature ! […] Collin a eu son jour de force comique : c’est quand il créait, peut-être d’expérience, le rôle de la gouvernante dans le Vieux Célibataire.
Et que l’on joigne à ce chef-d’œuvre, d’autres livres plus ordinaires, des nouvelles esquissées, un roman comprenant la double analyse de deux amours contraires, dans tout le mouvement de la vie urbaine et rurale dans la Russie actuelle, des pages de souvenirs dans lesquels revit le siège de Sébastopol, que l’on dénombre en chacune de ces œuvres, la foule des êtres humains, caractérisés, spéciaux, marqués de tout le particularisme de l’individualité et manifestés par des actes et des paroles, situés en des lieux décrits, participant à des actions d’ensemble, disposés, errants, angoissés, soucieux de leur sort, jetés dans des bras aimants ou culbutés dans la fosse, sûrement cette pyramide humaine, de sa large base populacière à son faite d’âmes d’élite, paraîtra de taille à se mesurer avec les plus bailles qu’aient dressées les grands créateurs d’hommes dans nos littératures ; l’ensemble des incidents, des types et des sites condensés et évoqués dans l’âme des lecteurs de ces quelques cents pages semblera équivaloir aux expériences de plus d’années, à plus d’observations et de souvenirs qu’il n’eût paru croyable qu’un seul cerveau pût concentrer et ressusciter. […] Les livres ne charment et ne passionnent, n’exercent leur effet proprement artistique qu’en présentant les lieux, les gens, les scènes, les idées, non pas comme des objets de science ou d’expérience, selon les catégories de la connaissance, mais comme des objets de sentiment, connus chacun longuement et isolément, simplement et immédiatement, par un acte qui les suscite dans l’esprit, du lecteur, non comparés de suite et envisagés comme parties d’une classe, d’une loi, d’un système, et perçus ainsi par rapports, mais uniques, sentis en eux-mêmes, avec le sourd ébranlement des états de conscience continus ; l’âme éprouve alors non pas la succession rapide de ses pensées, de ses transitions, mais la vibration même de chacun de ses heurts ; se déprenant de l’ascendant des phénomènes, de l’oubli d’elle-même où ils l’entraînent, elle le rencontre et se sait exister dans ces atteintes plus intenses, pénètre ce qu’ils lui sont et frémit aussitôt de haine ou d’amour, d’aversions ou de sympathies, que le mensonge de l’art rend innocentes mais laisse violentes.
L’expérience seule pourrait en décider et on ne peut la faire. […] À proprement parler, des hommes de cette sorte sont de vivantes expériences de psychologie ; la nature en les faisant extraordinaires, a retranché ou hypertrophié chez eux quelques facultés à la façon dont un physiologiste modifie artificiellement la constitution de l’animal sur lequel il opère.
La triste expérience Nous apporte la cendre, et n’éteint pas le feu. […] Tu fus sceptique avant l’expérience, voilà tout ton crime !
Là les observations exactes, les expériences décisives s’accumulent, les lois se dégagent comme d’elles-mêmes et les vérités conquises : de siècle en siècle forment un héritage incessamment agrandi, de telle sorte que les derniers venus trouvent dans ce capital intellectuel, intégralement transmis par les générations précédentes, l’instrument créateur de richesses illimitées. […] Sa théorie de l’âme n’est qu’une généralisation de l’expérience ; elle se tient à une distance égale du matérialisme et du spiritualisme.
Avant d’arriver à cette maturité de mépris dont il est besoin pour juger ou raconter les hommes, il devait user, dans beaucoup d’expériences, un enthousiasme prompt à l’illusion. […] L’étude des hommes n’avait pas flétri ce cœur et cet esprit plus fort que toutes les expériences.
Il nous reste à le serrer d’aussi près que nous pourrons dans la dernière moitié de sa vie, et à tirer de lui, observateur et moraliste, quelques fruits d’expérience.
Il y a des moments où l’expérience de Fénelon est ainsi toute voisine de l’amertume ; mais chez lui cette amertume s’arrête et s’adoucit aussitôt, elle ne ressemble pas à la misanthropie des autres.
Dans ce pays d’Auvergne, du pied de cette montagne illustrée par les expériences de Pascal, Ramond nota les variations du baromètre, multiplia les observations et les mesures en tous sens, et perfectionna cette branche de la physique avec une patience et un besoin d’exactitude rigoureuse qui s’alliait en lui à l’imagination la plus brillante.
Montluc prédit que Strozzi, malgré sa bravoure et son expérience, et puisqu’il s’obstinait à décamper en plein jour à la face de son ennemi, serait défait.
On aime à voir, dans le politique consommé qu’il devint, l’homme qui a hérité de ses divers âges, et qui a gardé de sa jeunesse, jusque dans l’expérience finale, un fonds d’indulgence, de bonne humeur et de bonté.
L’expérience nous fera connaître en peu de temps le sujet légitime que nous avons de le pleurer et regretter.
Saint-Évremont, en regrettant que M. de Rohan n’ait pas pénétré plus avant dans les desseins de César, et mieux expliqué les ressorts de sa conduite, avoue pourtant « qu’il a égalé la pénétration de Machiavel dans les remarques qu’il a faites sur la clémence de César, aux guerres civiles. « On voit, dit-il, que sa propre expérience en ces sortes de guerres lui a fourni beaucoup de lumières pour ces judicieuses observations. » Rohan, dans ce travail sur les guerres des Gaules et sur l’ancienne milice, paraît un homme fort instruit ; il n’y a plus trace de ces premières inadvertances qu’on a tant relevées dans son premier voyage de 1600, lorsqu’il y faisait Cicéron auteur des Pandectes, comme il aurait dit des Tusculanes.
Ses lumières et son expérience, jointes à sa correspondance, peuvent le mettre en état de juger si on est effectivement dans l’intention d’abandonner le roi de Prusse à toute la rigueur de sa mauvaise destinée, en cas qu’il soit sans ressource, et si on veut détruire absolument une balance qu’on a jugée longtemps nécessaire.
Une vérité sévère et impitoyable est entrée jusque dans l’art comme dernier mot de l’expérience.
C’était là un genre d’expérience qui manquait à son éducation morale et philosophique.
En politique, il était centre gauche, partisan de ces doctrines libérales honnêtes, qui sont le résultat assez naturel des études classiques : il ne les épousait pas systématiquement ni avec trop de passion ; il n’était pas homme non plus à les modifier, à les rétracter ou à les suspendre d’après l’expérience positive de la vie.
Les médecins liront avec intérêt toute cette description mémorable en son genre, et même, quand on est à demi profane, on partage presque l’enthousiasme du savant et pieux Vallot qui dit en finissant : « Cette évacuation (une très abondante sécrétion finale par les voies urinaires) continua neuf jours de cette même force, et fut tellement avantageuse qu’elle acheva ladite guérison de Sa Majesté, sans aucun accident et sans aucune rechute, et même sans aucun ressentiment de la moindre incommodité du monde ; de manière qu’après cette parfaite guérison, le roi s’est trouvé beaucoup plus fort, beaucoup plus vigoureux et plus libre de toutes ses actions, tant du corps que de l’esprit, et l’on peut dire avec vérité que Dieu a conduit cet ouvrage par des voies si extraordinaires et par des secours et des grâces si particulières, s’étant servi des causes secondes en une conjoncture qui semblait devoir être plutôt destinée au miracle qu’à l’industrie et l’expérience des médecins. » Vallot ne fait là que délayer le mot d’Ambroise Paré : « Je le traitai, Dieu le guarit.
Un critique pur est entièrement à la merci de son examen, du moment qu’il y a apporté toutes les conditions d’exactitude et toutes les précautions nécessaires ; il trouve ce qu’il trouve, et il le dit tout net : le chimiste nous montre le résultat de son expérience, il n’y peut rien changer : Letronne, dans sesleçons, appliquait son esprit d’analyse à une question archéologique, biblique quand il avait bien prouvé l’impossibilité de telle ou telle solution qu’il combattait, quand il avait mis l’opinion de son adversaire en pièces et en morceaux, — en tout petits morceaux comme avec un canif, — il n’en demandait pas davantage, il se frottait les mains d’aise et il s’en allait content.
Botanique, anatomie, optique, curieux de tout, il se livra à mainte recherche, à mainte expérience, et, passant outre, obéissant à son besoin d’unité, il proposa ses théories.
Dégagé depuis et à temps de ces liens étroits, hiérarchiques, qui allaient à rétrécir aussitôt ce qu’on venait d’ouvrir et de gagner, il a profité de toutes les leçons de la pratique et de l’expérience.
L’expérience me fait tous les jours retirer dans moi-même pour y rendre mon existence plus substantielle en la resserrant.
Térence peintre de l’homme, ce n’est rien d’absolu dans la morale ni dans la vie : c’est croire qu’on a toujours quelque chose à apprendre, toujours à modifier et à corriger selon l’âge, le moment, la pratique et l’expérience.
Ce sont là des expériences curieuses et coûteuses ; elles ne prouvent rien contre la grande loi divine qui veut que chaque chose arrive en son lieu et à son heure.
Au point de vue moral complet et de l’expérience, ce qui peut sembler surtout avoir fait défaut à ces existences si méritantes, si austères, et ce qui, par son absence, a nui un peu à l’équilibre, ç’a été de toutes les sociétés la plus douce, celle qui fait perdre le plus de temps et le plus agréablement du monde, la société des femmes, cette sorte d’idéal plus ou moins romanesque qu’on caresse avec lenteur et qui nous le rend en mille grâces insensibles : ces laborieux, ces éloquents et ces empressés dévoreurs de livres n’ont pas été à même de cultiver de bonne heure cet art de plaire et de s’insinuer qui apprend aussi plus d’un secret utile pour la pratique et la philosophie de la vie.
Son indolence le portait à céder facilement à tout ce qu’ils lui proposaient, sans prendre la peine de l’examiner, encore moins de le contredire ; son jugement sain et l’expérience qu’il avait des affaires lui faisaient souvent désapprouver en secret leur conduite et leurs mesures ; rarement il se permettait des représentations, il n’y insistait jamais : la consolation de ces âmes indolentes, que la faiblesse domine sans leur ôter l’intelligence, est le mépris pour ceux qui les conseillent mal, soit par ignorance, soit par des passions particulières.
Le Play est d’une génération toute nouvelle ; il est l’homme de la société moderne par excellence, nourri de sa vie, élevé dans son progrès, dans ses sciences et dans leurs applications, de la lignée des fils de Monge et de Berthollet ; et, s’il a conçu la pensée d’une réforme, ce n’est qu’à la suite de l’expérience et en combinant les voies et moyens qu’il propose avec toutes les forces vives de la civilisation actuelle, sans prétendre en étouffer ni en refouler le développement.