La plupart des jugements et des proverbes populaires sont de cette espèce et expriment un fait vrai compliqué d’une cause fictive.
Par la faute de ces soi-disant Wagnériens, le Wagnérisme n’apparaît guère plus que comme le nom d’une mélomanie de la pire espèce, et la lutte a été déplacée ; au lieu de rester ce qu’elle était, un combat que livrait l’Art à la vulgarité et au commerce, elle est devenue une querelle entre divers engouements.
Dimanche 30 janvier Zola était en train de parler aujourd’hui de la puissance du Figaro, avec une espèce de respect religieux, quand quelqu’un jette dans son amplification : « Vous savez, Scholl dit ne craindre au monde, que La Justice et Le Figaro !
Il fut à l’origine celui qui, doué d’une merveilleuse faculté de percevoir et de se rappeler, connut les mille aspects de la nature, les innombrables et particulières manifestations humaines ; qui sut deviner, par on ne sait quelle intuition de soi-même et des autres, les âmes et les agitations d’âmes doutées dehors sont les signes ; embrassant dans son large esprit tout l’individuel des personnes, et ce qu’elles ont d’universel, les lois déliées, les indices délicats de leur permanence, de leur variabilité, de leur mobilité ; il conçut encore, le premier à ce degré, toute retendue presque du monde et de notre espèce, contempla cet immense spectacle de ses yeux novateurs et, le reproduisant entier, sut tacitement s’y enclore avec tous en des livres auxquels personne ne peut se prétendre étranger ; et comme l’essentiel de l’artiste est de connaître les choses et les gens, non pas objectivement et intellectuellement, mais sous leur aspect sensible, en la boulé de ses personnages, en leur âme aimante, en leur noblesse morale, en leur méditation douloureuse de la mort, et leur résignation à d’humbles solutions, ce sont ses vertus, ses angoisses et sa simplicité d’esprit qui transparaissent, comme s’accuse en leur impuissance spéculative la sienne propre, comme se marque sa répulsion pour le mal dans le rôle effacé qu’il lui assigne, et son détachement final de tout l’ensemble de la vie et du monde, dans le ton lointain et las dont il en parle.
Cet abbé comprit dans ses déclamations toute cette classe de sçavans « toute cette espèce de manœuvres Grecs & Latins, dont la bassesse ne s’élève jamais au-dessus du servile emploi de travailler sur l’antiquité ».
L’épervier glapit comme le lapin et miaule comme les jeunes chats ; le chat lui-même a une espèce de murmure semblable à celui des petits oiseaux de nos jardins ; le loup bêle, mugit ou aboie ; le renard glousse ou crie ; le tigre a le mugissement du taureau, et l’ours marin une sorte d’affreux râlement, tel que le bruit des récifs battus des vagues où il cherche sa proie.
Et il naquit une ostentation insultante dans les uns, et une espèce d’hypocrisie épidémique de fortune dans les autres.
La Poésie est une espèce de savoir, pour ne pas dire qu’elle est tout le savoir.
Il s’échauffa si fort à son monologue, qu’il tomba à la fin en une espèce d’étourdissement. […] Les murs se décoraient d’un lambris en bois des îles, espèce de luxe alors dans sa nouveauté.
On y voit un homme content de la liberté conquise, oublieux de tout ce qui n’est pas l’art qu’il exerce, entièrement dégagé de toute espèce d’ambition, qui étudie à loisir, et qui écrit, en pleine liberté d’allure, les choses qui lui plaisent le plus. […] Cette poétique du doute si hardiment développée, et développée à haute voix, en plein théâtre, nous causait une espèce d’épouvante dont nous n’avions jamais eu la pensée !
En présence de vauriens de son espèce, il pourrait tout à son aise étaler ses maximes cyniques et professer librement le mépris du juste et de l’injuste ; mais placé entre Louis de Rohan et Van den Enden, il n’excite qu’un profond dégoût, et force le lecteur à se demander comment un homme faible, mais éclairé, et un homme crédule, mais intègre, peuvent ajouter foi aux paroles de Latréaumont. […] Les Natchez, dont M. de Chateaubriand avait détaché plusieurs descriptions qu’il a placées dans le Génie du christianisme, et même les deux épisodes d’Atala et de René, espèce de pantologie américaine où l’auteur avait entassé l’histoire naturelle, l’histoire politique, le tableau des mœurs et du climat, dégagés de toutes les richesses confuses que le poète a distribuées dans un ordre meilleur, et ramenés aux proportions de l’épopée, sont assurément un livre digne d’attention et d’étude, puisque nous devons y chercher le point de départ de l’illustre écrivain. […] Lors même que Georges Cuvier eût reconstruit par la pensée toutes les espèces zoologiques aujourd’hui effacées de notre globe, ce ne serait pas une raison pour croire qu’il aurait pu créer et mettre en œuvre tous les systèmes anatomiques et physiologiques aperçus par son intelligence.
À le bien regarder, on s’aperçoit que c’est une espèce de cosmopolite, toujours comme Froissart, qui décrit les mœurs et les sentiments de cette société chevaleresque issue de la féodalité dont les trois centres étaient alors l’Angleterre normande, les États du duc de Bourgogne et la cour de France, et dont les divers membres unis par les mariages, les habitudes communes, les voyages et les plaisirs, avaient fini par former une franc-maçonnerie distincte des diverses nations que nous venons de nommer. […] C’est ainsi qu’on voit naître parfois une fleur sur le flanc d’un rocher stérile, ou une herbe d’espèce inconnue pousser subitement à travers les fentes d’un vieux mur. […] « Là se trouvent de belles maisons avec de charmants jardins, de riches vergers et des bosquets pleins d’ombres, propres à toute sorte de rendez-vous secrets, et où l’on peut faire la chasse aux oiseaux et à une certaine espèce de jolis lapins ; là se trouvent de délicieuses rivières pour la pêche, et tout autour de vastes champs où il est très agréable de poursuivre le lièvre et le renard. […] Il y a des détails ingénieux dans les descriptions qu’Elis Wyn trace de l’enfer : par exemple ce marais, espèce de Léthé boueux où les démons plongent les âmes avant de les jeter dans le lieu de perdition, afin de les nettoyer et de les purifier de tous les atomes de bien qui auraient pu rester adhérents à leurs substances ; mais en général ces peintures brillent moins par leur nouveauté que par leur véhémence, qui est incroyable. […] L’histoire de la béguine des Flandres et bien d’autres de l’espèce la plus équivoque n’ont sans doute pas d’autre origine que quelques-unes de ces conversations de caserne écoutées avec une indiscrète avidité par un enfant à l’esprit trop éveillé.
Là, parmi les nombreux échantillons de la faune et de la flore qui sollicitent son choix, il note pour mémoire les espèces communes à toutes les parties du monde, importées par le hasard ou l’industrie ; il passe rapidement sur les variétés fossiles ou dégénérées, qui n’ont qu’un intérêt historique : il s’attache aux familles locales et vigoureuses, caractéristiques de la terre et du climat ; parmi celles-ci, il choisit quelques individus-types, signalés par leur parfait développement. […] Quand il entre au lycée, il écrit à peine sa langue maternelle, mais il est nourri de Voltaire, il raffole de Parny et d’autres sires de cette espèce. […] Après quoi ces honnêtes gens, s’ils sont candidats, iront sans scrupules faire largesse au peuple souverain ; s’aviseront-ils que le délit moral est de même espèce, et qu’ils corrompent le maître dont ils ont besoin, comme le Russe son ispravnik, ou le Turc son pacha ? […] Dès les premières pages, voici des exemplaires choisis avec soin, représentants des espèces les plus répandues dans le monde de province : Sobakiévitch, le frondeur universel, hargneux et mauvaise langue ; Nozdref, le viveur bruyant et vantard, toujours pris de vin, corrigeant volontiers la fortune « à cette table de jeu qui est la consolation de toute la Russie » ; la dame Korobotchka, têtue et intéressée, refusant de comprendre le troc singulier qu’on lui propose, ramenant tout à son idée fixe : vendre son miel et son lard ; bonne femme, d’ailleurs, et scrupuleuse observatrice des règles de l’hospitalité. […] Tourguénef nous donnera plus tard des portraits achevés de l’espèce, étudiés d’après nature durant son séjour à Berlin, où il eut pour condisciple Bakounine. — À leur retour, ces étudiants s’organisaient en cercles ; on y discutait les théories étrangères à voix basse et passionnée, on initiait les retardataires restés au pays.
Dès lors, le médecin sera maître des maladies ; il guérira à coup sûr, il agira sur les corps vivants pour le bonheur et pour la vigueur de l’espèce. […] Nous ne connaîtrons jamais ni l’esprit ni la matière, et si c’était ici le lieu, je montrerais facilement que d’un côté comme de l’autre, on arrive bientôt à des négations scientifiques, d’où il résulte que toutes les considérations de cette espèce sont oiseuses et inutiles. […] Il ignorait que le succès d’un bon ouvrage est la seule récompense digne d’un artiste ; que si les princes et les ministres veulent se faire honneur en récompensant cette espèce de mérite, il y a plus d’honneur encore d’attendre ces faveurs sans les demander ; et que, si un bon écrivain ambitionne la fortune, il doit la faire soi-même. » Nous voilà loin de la singulière vanité que Balzac mettait à se dire pensionné ; mais pourtant Voltaire ne refuse pas les pensions, il dit seulement qu’on doit savoir les attendre.
toute cette équivoque avait été favorisée par mille ruses minuscules de conscience, par toute espèce de nuances d’attitude que Valgraive s’était depuis reprochées. […] Et pourtant, par de là la fournaise hurlante encore, la vivace espèce rance renaissait, au fond du grand ciel calme, d’une limpidité souveraine. […] Taisez-vous, 27, espèce de cheval de retour ! […] Et plus loin, reprenant confiance, malgré les doutes de toutes espèces qui viennent assiéger son esprit, il veut croire, lui qui ne croit guère, à une consolation dans l’avenir : La France, en sa marche étourdie de comète, s’en tirera peut-être mieux que certains indices ne le feraient croire.
Dans la précision des assemblages, la rareté des éléments, le poli de la surface, l’harmonie de l’ensemble, n’y a-t-il pas une vertu intrinsèque, une espèce de force divine, etc., etc. ? […] Et je ne parle pas seulement d’une différence de rythme que justifiait assez la différence d’inspiration, mais d’une différence de principe rythmique — d’une absence de tout principe, peut-être bien… On a été bercé dans l’habitude d’une cadence… On a beau vouloir la détruire, c’est d’elle pourtant que l’on part… C’est en elle aussi que l’on se retrouve, quand on est las de chercher… En l’espèce, l’alexandrin tant honni est le point de départ et le point de repos de ces premières tentatives, soit que, comme M. […] J’en prends acte — et sans surprise : tous ici, nous communions — sous des espèces différentes, n’importe !
Les Lettres du chevalier offrent un continuel exemple de cette espèce de finesse et de subtilité qu’on peut retrouver dans les Conversations et les Entretiens publiés vers la même date par l’auteur suranné de Clèlie.
Prenez mille débauchés, vous trouverez mille manières d’être débauché ; car il y a mille routes, mille circonstances et mille degrés dans la débauche ; pour que sir Épicure Mammon fût un être réel, il fallait lui donner l’espèce de tempérament, le genre d’éducation, la nature d’imagination qui produisent la sensualité.
Il y a dans l’intimité de certaines familles une espèce d’adoption qui est le préservatif de tout autre amour.
Lisez avec attention cette espèce de préface historique.
Depuis qu’il ne peut plus compter sur l’espèce de certitude que respire et inspire l’âme des foules, avec laquelle jadis il collaborait, il lui faut trouver en soi des motifs de croire, une raison de penser qu’il ne se trompe point : nul meilleur moyen que d’utiliser l’ennemi naguère intrus dans la maison, de lui assigner son rôle, d’en faire un allié.
Quand leur drame est court, c’est une espèce d’églogue dramatique, comme Priyadarsika, comme Çakountala ; quand il est long, c’est une manière de mélodrame féerique. […] J’excepterais un peu Çakountala, et un peu le Chariot de terre cuite, où en fait d’homme, il y a au moins une femme, ce qui est quelque chose ; mais en général cet être, non pas compliqué, ne soyons point par trop moderne, mais cet être autre que végétatif, au moins, que nous appelons l’homme, cet être qui a, au moins deux ou trois sentiments, sinon contraires, du moins différents, cet être qui a deux ou trois aspects d’existence morale, autrement dit une espèce de caractère ; cet être, en vérité, dans ces drames indiens, on ne le trouve pas. L’auteur de Madhava — je vous dirai, si vous y tenez, qu’il s’appelle Bhavabhouti — l’auteur de Madhava nous dit dans une espèce de préface qu’il est bien inutile d’être bon théologien pour être dramatiste : « Quant à cette science du Véda, des Oupanichads, du Sankhya et du Yoga, qu’a-t-elle à faire avec une œuvre d’imagination ? […] Elle fait la théorie de l’amour idéal des précieuses : … Nous établissons une espèce d’amour Qui doit être épuré comme l’astre du jour ; La substance qui pense y peut être reçue, Mais nous en bannissons la substance étendue. […] Cette scène, qui est une espèce d’épisode [d’arrêt dans l’action, pour donner au tableau un plus vif relief, dont l’action, plus tard, profitera elle-même], amène très naturellement la musique, par la coutume qu’avaient les prophètes d’entrer dans leurs saints transports au son des instruments… Ajouter à cela que cette prophétie sert beaucoup à augmenter le trouble dans la pièce par la consternation et par les différents mouvements où elle jette le chœur et les principaux acteurs.
L’art étant l’expression de la beauté et la beauté ne pouvant être comprise que sous les espèces matérielles de la véritable idée qu’elle contient, l’art est devenu presque uniquement féministe. […] Saint Thomas d’Aquin, dont les socialistes reprennent ingénieusement les idées, pensait aussi que, la génération étant faite pour conserver l’espèce, l’acte par quoi elle est assurée doit être soustrait aux caprices particuliers. […] Nous retrouvons le troupeau avec ses étalons privilégiés, ses femelles reproductrices et la troupe des neutres sacrifiés, sous prétexte de bien général, à une utilité qui n’a même plus aucun rapport avec la conservation de l’espèce.
Le héros de ce roman, Julien, est un jeune homme pauvre et obscur, qui, dévoré d’ambition, dénué de toute espèce de principes et de croyances, mais doué d’une volonté énergique, a juré de faire fortune : cette résolution de réussir à tout prix, per fas et nefas, c’est là la loi qu’il s’est faite ; c’est, pour parler le langage de l’auteur, le devoir qu’il s’est imposé42. […] Je ne doute pas qu’il ne soit aboli, si l’espèce humaine fait quelques progrès vers la justice et la raison…77. » Que si vous voulez savoir maintenant, plus exactement, en quoi cette odieuse institution est condamnée par la raison et la justice, c’est encore Jacques qui va nous l’apprendre : « La société, dit-il à la femme qu’il doit épouser, va vous dicter une formule de serment. […] Les passions sont devenues à ses yeux une espèce de dignité et de gloire289. » N’a-t-elle pas fait plus ?
Dès qu’on accorde quelque autorité aux valeurs d’art, aux jugements esthétiques, il n’y a plus définition d’espèces, mais description d’individus. L’espèce qui paraît supérieure, au xviie siècle, est celle où l’on trouve quelques individus supérieurs : ce n’est pas la tragédie qui est un genre supérieur à l’épopée ou au roman, c’est Corneille et Racine (vus dans leurs œuvres, bien entendu) qui valent mieux que M. et Mlle de Scudéry. […] Moine d’une espèce nouvelle, qui ferait bonne figure dans un salon : au courant de tout, causant de tout, avec une verve intarissable, il mène grand train la conversation et l’anime de ses saillies.
Cette lutte littéraire entre les premiers historiens de la Grèce devant l’Académie d’Athènes est loin de l’espèce de barbarie que l’on attribue à ces temps.
Il a une espèce de générosité vague, d’autant plus effrénée dans son expression que les mobiles et l’objet en demeurent un peu confus.
C’est ce même ciel dont tout le Télémaque est éclairé, c’est cette présence du génie grec à toutes les pages, ce sont toutes ces images agréables ou sérieuses par lesquelles l’antiquité nous a initiés à la connaissance de la vie, qui donnent un mérite d’éternelle nouveauté à ce livre charmant, espèce de vase antique où la main de Fénelon semble avoir composé un bouquet des plus belles fleurs de la Grèce.
Cet oubli du ministère donna une espèce de satisfaction aux plus malveillants ; ils pouvaient se consoler des succès de leur adversaire, en pensant qu’ils n’auraient du moins pas la mortification de le rencontrer avec le ruban rouge à sa boutonnière.
Au surplus est-il suffisamment caractérisé par la date de sa venue au jour, où il est certainement seul de son espèce.
Il n’y a pas deux espèces de réalités, l’une physique et l’autre mentale.