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1257. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Le lien féodal, bien relâché, n’oblige ni n’empêche plus guère : la loyauté subtile du chevalier sait se dérober fièrement ; avec de belles attitudes et une noble piaffe. […] Les désordres scandaleux du schisme, les indignes querelles des antipapes, les ambitions, les passions, les mœurs, le luxe des cardinaux et des évêques, le marchandage effréné des dignités ecclésiastiques, la politique et les intérêts personnels se jouant de la religion, la déviation du grand mouvement chrétien qui avait créé les ordres mendiants, les richesses insolentes, l’esprit dominateur et intrigant de ces humbles moines, tout cela n’empêchait pas de croire, mais tout cela détachait de la forme actuelle de l’Église, tout cela rendait la simple obéissance, la docilité confiante à l’Église de plus en plus impossibles : et la foi des peuples se tournait en explosions indisciplinées de zèle individuel, en sombres exaltations où peu à peu se précisait l’idée que l’Église perdait la religion du Christ, et que les gens d’Église perdaient l’Église.

1258. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Un paysan qui a envoyé promener son maire, un curé qui empêche ses paroissiens de danser, une souscription qu’on organise, un procès de presse sont les sujets dont Courier s’empare pour faire une guerre à mort à la monarchie légitime. […] Il vivait sous la Restauration dans son domaine de la Chavonnière, à Veretz en Touraine : il fut assassiné en 1805 par son garde.Éditions : Pastorales de Longus, ou Daphnis et Chloé, Florence. 1810, in-8 ; Pétition aux deux Chambres, 1816. in-8 ; Procès de Pierre Clavier-Blondeau, 1810. in-8 ; Simple discours de Paul-Louis, vigneron de la Charonnière, aux membres de la commune de Veretz, à l’occasion d’une souscription pour l’acquisition de Chantbord, 1821. in-8 ; Pétition pour des villageois qu’on empêche de danser, 1822, in-8 ; Gazette du village, 1823. in-8 ; Pamphlet des Pamphlets, 1821, in-8.

1259. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

J’en ai reçu des services qui m’empêchent actuellement de profiter de vos offres. Ils m’ont été offerts si tendrement, que je n’ai pu m’empêcher de leur donner la préférence.

1260. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Mardi 23 avril Les critiques pourront dire tout ce qu’ils voudront, ils ne pourront pas nous empêcher, mon frère et moi, d’être les Saint Jean-Baptiste de la nervosité moderne. […] Jeudi 18 juillet En réfléchissant combien mon frère et moi, nous sommes nés différents des autres, combien notre manière de voir, de sentir, de juger était particulière, — et cela tout naturellement et sans affectation et sans pose — combien en un mot notre nous n’était pas une originalité acquise à la force du poignet, je ne puis m’empêcher de croire que l’œuvre que nous avons produit, ne soit pas un œuvre très différent de celui des autres.

1261. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Les aptitudes rationnelles, réglant les autres, les empêchent de devenir chez leur auteur même des sources d’émotion. Si la faculté de voir et de retenir des images horribles n’eût été contenue par l’intelligence, Poe aurait ressenti la terreur et perçu les hallucinations qui empêchaient Hoffmann d’écrire seul la nuit.

1262. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Aristophane a fait ce qu’il a pu pour empêcher son bannissement, et si quelque chose peut diminuer l’indignation de lire les Nuées acharnées sur Socrate, c’est qu’on voit dans l’ombre la main d’Aristophane retenant le manteau d’Eschyle qui s’en va. […] Ajoutons ceci : être hiératique, cela ne l’empêchait pas d’être démotique.

1263. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Fouquet, pour les raisons que vous savez, pour des raisons très sérieuses, les historiens en sont sûrs, Fouquet tomba, cet homme que nous ne pouvons pas nous empêcher, non seulement de plaindre mais d’aimer ; car il était charmant, Fouquet ; il était tout à fait un Italien, un grand seigneur italien du seizième siècle : il aimait les arts, il aimait les lettres, il aimait les choses somptueuses, il aimait les grandes architectures, les appartements magnifiques, il aimait la conversation des femmes élégantes et distinguées, il aimait la conversation des poètes, tout ce qui était beauté était l’objet des amours et des passions de Fouquet. […] Je ne peux m’empêcher de vous dire, à propos de Mme de La Sablière, qu’elle est la mère de la marquise de La Maisangère, et que cette marquise est celle à qui Fontenelle a dédié les Entretiens sur la pluralité des mondes. « La marquise de Fontenelle », comme on disait à cette époque-là, est la fille de Mme de La Sablière.

1264. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Seulement, Gobseck, lui, tout Gobseck qu’il est, ne peut s’empêcher d’être ému. […] Ils prétendent que le meilleur service qu’on pût rendre à la République, c’est la publication de ces deux histoires, effrayantes comme exemples, et qui empêcheront la Révolution de recommencer… Mais l’expérience de toute la vie dit l’inutilité de l’expérience, et on voit souvent le vaisseau naufrager, au pied même du phare qui devait lui montrer l’écueil.

1265. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Un jour, l’empereur Napoléon, qui voyait le fond des têtes comme il voyait le fond des cœurs, écrivait en Espagne à son frère Joseph, dont il était mécontent : « Vous avez un défaut terrible qui empêche toute action, toute décision et tout courage, c’est ce genre d’imagination qui, surtout, se fait des tableaux. […] Je me suis interdit de raconter le sujet du livre, dégoûté par le genre de monde qui s’y vautre ; mais ce n’est pas ce monde-là qui m’en a seul empêché.

1266. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

Sa passion ne l’empêche pas de rendre justice aux ennemis et adversaires quand ils tombent ; et celui qui s’est montré pamphlétaire envenimé dans la Confession de Sancy, implacable insulteur dans Les Tragiques, parle de Charles IX et de Henri III dans son Histoire en des termes qui ne sont que modérés : Voilà la fin de Henri troisième, dit-il après l’assassinat de Saint-Cloud, prince d’agréable conversation avec les siens, amateur des lettres, libéral par-delà tous les rois, courageux en jeunesse, et lors désiré de tous ; en vieillesse, aimé de peu ; qui avait de grandes parties de roi, souhaité pour l’être avant qu’il le fût, et digne du royaume s’il n’eût point régné : c’est ce qu’en peut dire un bon Français.

1267. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Dans ses dernières années comme dans les premières, « le grand problème que présente l’avenir des sociétés modernes est sans cesse devant son esprit », et jusqu’à l’offusquer, jusqu’à l’empêcher de voir autre chose.

1268. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Joubert se distingua particulièrement à l’attaque du château de Cosseria, position des plus fortes sur le sommet le plus élevé de cette partie de l’Apennin ; il y fut blessé d’un coup de pierre, ce qui ne l’empêcha pas d’aller toujours et de poursuivre.

1269. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Cette parole entraînée ne pouvait s’empêcher d’outrepasser, d’exagérer en un sens ou en un autre : « C’est l’esprit qui a le plus besoin de garde-fou », disait M. 

1270. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Villemain, et je ne puis m’empêcher de croire qu’il n’ait en vue un moyen, bien simple pour lui, de rendre une convenable justice à votre travail sans en écrire pour les journaux.

1271. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Corneille et Racine, pour nous autres Français, sont beaucoup trop voisins ; entre eux et nous il y a une lignée ininterrompue d’imitateurs qui nous empêche de les mesurer.

1272. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Les mœurs d’Angleterre, par rapport à l’existence des femmes, n’étaient point encore formées du temps de Shakespeare ; les troubles politiques avaient empêché toutes les habitudes sociales.

1273. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Vingt vers leur font comprendre votre leçon et cent vers les empêcheraient de la comprendre.

1274. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Enfin il employait son crédit pour empêcher l’œuvre où il était diffamé de s’imprimer et de se vendre.

1275. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

C’est un Gascon, soldat de fortune, de cette petite noblesse provinciale, qui s’attacha directement à la royauté, et lui fournit tant de serviteurs dévoués et dociles, pour détruire les restes de la grande féodalité, et empêcher les princes du sang de la reconstituer.

1276. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Au contraire, les poèmes Védiques et Brahmaniques qui eurent lieu peu après, entremêlés de superbes paysages des îles et de tableaux d’animaux : Les Éléphants, le Condor, et cette terrible eau-forte, les Chiens, révélèrent un poète épris du néant par dégoût de la vie moderne ; ce qui n’empêcha pas le maître de donner bientôt toute sa mesure dans ce colossal livre des Poèmes barbares, études d’une couleur inouïe sur le Bas-Empire et le moyen âge.

1277. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Les bizarres équipées attribuées sur le théâtre aux Isabelle, aux Célia, aux Aurélia ne les empêchaient nullement, à ce qu’il paraît, d’être tenues en haute estime, quand elles savaient conserver dans la vie privée une dignité convenable.

1278. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Jusqu’à ce qu’on soit arrivé à comprendre que l’idéal est près de chacun de nous, on n’empêchera pas certaines âmes (et ce sont les plus belles) de le chercher par-delà la vie vulgaire, de faire leurs délices de l’ascétisme.

1279. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

La police du temple appartenait aux Juifs ; un capitaine du temple en avait l’intendance, faisait ouvrir et fermer les portes, empêchait qu’on ne traversât l’enceinte avec un bâton à la main, avec des chaussures poudreuses, en portant des paquets ou pour abréger le chemin 607.

1280. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Le souci des petites choses empêche souvent d’apercevoir les grandes ; un aigle ne s’amuse pas à prendre des mouches, disaient nos anciens.

1281. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Bain ; quand on voit combien la dernière l’emporte en richesse de faits observés, en précision, en exactitude descriptive, on ne peut s’empêcher de concevoir une bonne opinion de la méthode expérimentale en psychologie, — d’une méthode qui, prenant la tache où les devanciers l’ont laissée, profite des résultats acquis, du progrès des années, des découvertes, en ajoute de nouveaux et accroît ainsi la science, au lieu de la recommencer toujours.

1282. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Toutefois, ces différents essais n’empêchent pas certains critiques d’en méconnaître la valeur.

1283. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Saint-Marc Girardin a comme découvert ce Stagyre, et il lui adresse à son tour beaucoup de vérités que la politesse l’empêchait alors de dire ; place à René lui-même.

1284. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

Mais son grand ouvrage, son œuvre capitale en perspective, est une Histoire de saint Bernard, depuis longtemps préparée, et que ses devoirs d’homme public l’ont empêché jusqu’ici de mener à fin.

1285. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

  La production effrénée de Balzac, empêcha nombre de critiques de considérer son œuvre sous le point de vue de l’art.

1286. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Taine expose ici comment la part que prend l’artiste à toute la situation de ses contemporains, son imitation des traits marquants de leur état d’âme, sa soumission aux conseils qu’il reçoit et à l’accueil qui est fait à ses œuvres, détruiront dans son esprit les tendances peu conformes au caractère général de l’époque ou l’empêcheront tout au moins de les manifester.

1287. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

S’ils ne se dérobaient par leur peu de valeur à l’honneur des assimilations et des comparaisons, l’auteur ne pourrait s’empêcher de faire remarquer que cet ouvrage, qui a un fleuve pour sujet, s’est, par une coïncidence bizarre, produit lui-même tout spontanément et tout naturellement à l’image d’un fleuve.

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