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350. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

Haïssant la Vierge même plus que son Divin Fils, ils croient tuer le fils par la mère. […] Dumas, ce fier et malhonnête contempteur de la matrice humaine, se met à en glorifier une, qui, si elle ne renferme pas l’infini, renferme la toute-puissante triplicité du peintre, du poëte et du prophète ; des choses si grandes que les hommes les ont appelées divines !

351. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Oscar de Vallée » pp. 275-289

Il a pensé et il a dit — en d’autres termes peut-être, mais il a positivement dit, — que l’André Chénier qu’on trouverait dans son livre serait moins le Chénier poète, dont la gloire est faite et n’a plus besoin qu’on y touche, que le Chénier politique, — l’homme d’action et de courage qui a presque disparu dans l’absorbante gloire du poète, et qui était pourtant dans le poète, dans cet être charmant d’une imagination si divine ! […] … Ce ne fut qu’un instant, en effet ; car le poète, toujours vivace, avant d’être immortel, comprimé par la volonté d’être un prosateur et d’ajouter cette flèche de l’arbalète humaine à son carquois d’Apollon, a été, ressort divin !

352. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

Elle avait cette insondable pureté du cœur qui est un glaçon de cristal auquel on se coupe et qui fait saigner les âmes tendres, et elle avait aussi, a-t-on dit, la grâce de la bonté, la plus divine de toutes les grâces, qui faisait pardonner le mal involontaire que faisait sa beauté autour d’elle ; car sa beauté avait un rayonnement meurtrier, et l’amour qu’elle inspirait était une contagion dont on pouvait ne pas guérir. […] Benjamin Constant, l’inconsistant et le vaniteux homme d’esprit à qui on ne croyait guères que de l’esprit, y gagne une âme, et l’exquise Juliette Récamier y perd quelque peu, si ce n’est tout, de la sienne, laquelle semblait divine et qui, véritablement, l’était trop pour nous… Benjamin Constant, qui a écrit ces lettres, y abdique comme écrivain dans les mains de l’homme, et l’homme y abdique à son tour dans les mains de l’amoureux.

353. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

… Ils ont été les exécuteurs des Hautes-Œuvres de la civilisation romaine contre le Christianisme, dans la personne de son divin chef, et ce déicide, qui ravit M.  […] Soury, lorsqu’il nous fit l’histoire de Madame Louise de France, la fille de Louis XV, — cette rachitique qui ne l’était pas, — et dont il expliquait, quoiqu’elle fût une adorable femme d’esprit, la sainteté et la bêtise — deux faits, selon lui, congénères, — par le charriage d’un sang immonde et vicié à travers les plus pures veines qui aient jamais étendu leur réseau autour d’un corps virginal… Il procédait par les pustules chimériques de la religieuse Louise de France, pour arriver à la chimérique folie de son divin Maître.

354. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

IV Du reste, une fois l’homme d’État dégagé et mis dans sa lumière, une fois la tête humaine, que les philosophes respectent, reconnue toute-puissante dans le divin prêtre, l’historien actuel de saint Vincent de Paul n’a pas, lui, pour le saint bonhomme, le dédain insolemment attendri des mandarins philosophiques et des Trissotins d’Académie, et il n’oublie pas cet autre côté de la physionomie de saint Vincent qu’on a trop voulu regarder seul. […] Si l’on osait parler d’originalité à propos d’un livre qui est bien plus une action sacerdotale qu’autre chose, on dirait que, parmi tous les livres, histoires et biographies dont nous sommes recrus sur le xviie  siècle, celui-ci a changé tout ce qu’on connaît, en éclairant l’histoire de la divine lumière qui sort de saint Vincent de Paul.

355. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Ce presque Dieu, et s’il n’est Dieu, cet homme divin, ne peut être mis en vis-à-vis ou en pendant de personne, et il y a légèreté pour un protestant à l’y placer. […] Joinville a été l’Évangéliste de saint Louis, et son livre charmant est marqué du caractère le plus divin que puisse avoir le livre d’un homme sur un homme.

356. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

C’est là, en effet, qu’elle se tient pour ceux qui ne savent pas fièrement l’attendre dans la contemplation des choses divines et la conscience d’un talent qui devrait faire leur sécurité ! […] Quant à l’autre étranger (le prêtre), il resplendit d’une clarté divine et ses discours ont une éloquence qui dit irrésistiblement ce qu’il est.

357. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Seulement, par un privilège de ces adorables natures poétiques quelquefois délicieusement fondues, de temps à autre le muscle de la Force peut saillir tout à coup dans le doux contour de la Grâce, et créer alors cet hermaphrodisme divin dont les Grecs, moins prudes que nous et plus connaisseurs, faisaient deux beautés réunies, et non pas une monstruosité ! […] C’est, comme peinture, de la grasse abondance de Lamartine, mais avec une langue scientifique, une langue technique que Lamartine, cet ignorant divin, ne connaissait pas, et dont son génie n’avait pas besoin… Il n’y aurait eu, en français, qu’un dictionnaire de quatre mots, il n’y aurait eu dans la langue, comme disent les grammairiens, qu’un nominatif, un verbe et un régime, que Lamartine aurait été tout Lamartine avec cela.

358. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme Desbordes-Valmore. Poésies inédites. »

Enfin, La Couronne effeuillée, La Vie perdue, et surtout La Fileuse et l’enfant, que les âmes tendres et chrétiennes diront divine. […] Tout parfum descend de la divine table.

359. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

Mais il n’y en a jamais eu ayant joint, dans une fusion de cette harmonie, à la poésie la plus divine une bonhomie plus divine encore.

360. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

Auguste Barbier, tout vigoureux qu’il soit, n’avait pas cette vaillance Après le Pianto, on vit encore briller dans Lazare quelques vers, dernières torsions de la flamme divine, puis ce fut fini… Les ailes de ce génie si vrai se fondirent comme des ailes de cire. […] Merci, divine fantaisie !

361. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

Alfred de Musset, lui, n’a que le sourire, mais ce sourire-là est divin ! […] Ils se suffisaient, ces trois en un, — cette Trinité, comme l’autre, divine !

362. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

Richepin, ce fort contempteur, ce formidable gouailleur de La Chanson des gueux, l’athée Richepin, qui ne croit à rien, qui ne croit pas à la puissance divine de N. […] Jésus-Christ immolé pour le salut du monde, finit par croire à la puissance divine d’un Bas-Bleu qui se sacrifie au plus inepte et au plus ignominieux polisson !

363. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iv »

mais la vie du Christ fut un combat pour que la terre n’appartînt pas aux brigands, et ce précédent les persuade qu’ils ont su concilier le devoir divin et le devoir humain. […] N’y a-t-il pas la grande, l’unique charité du Christ dont rien ne peut nous séparer… »‌ Et cela pose la question : qu’est-ce que la charité divine ?

364. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXV. Avenir de la poésie lyrique. »

L’Europe, où l’astre des arts, depuis cinq siècles, n’a jamais quitté l’horizon, est-elle menacée de perdre cette divine lumière ? […] Sans doute, par l’imperfection humaine et l’imperfection démocratique, il a été, en Amérique, bien dérogé à cette loi divine, au milieu de l’empire qu’on affectait de lui reconnaître.

365. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

« L’enfant de cette femme était un des plus divins êtres qu’on pût voir. […] N’y a-t-il pas dans toute âme humaine, n’y avait-il pas dans l’âme de Jean Valjean en particulier, une première étincelle, un élément divin, incorruptible dans ce monde, immortel dans l’autre, que le bien peut développer, attiser, allumer et faire rayonner splendidement, et que le mal ne peut jamais entièrement éteindre ? […] C’est véritablement l’héroïsme de la vertu, le martyre nécessaire, mais mortel, de tout ce qui est humain dans l’homme, contre tout ce qui est divin, la vérité, aux dépens de la vie. […] Il avait en ce moment ce je ne sais quoi de divin qui fait que les multitudes reculent et se rangent devant un homme. […] Un effluve de l’ouragan divin se détache et vient passer à travers les hommes, et ils tressaillent, et l’un chante le chant suprême, et l’autre pousse le cri terrible.

366. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Ce n’est pas par des tirades prétentieuses, lourdes, mal écrites, disant peu de chose au sens moral, que Jésus a fondé son œuvre divine. […] Une espèce d’éclat à la fois doux et terrible, une force divine, si j’ose le dire, souligne ces paroles, les détache du contexte et les rend pour le critique facilement reconnaissables. […] Mais c’est un biographe du premier siècle, un artiste divin qui, indépendamment des renseignements qu’il a puisés aux sources plus anciennes, nous montre le caractère du fondateur avec un bonheur de trait, une inspiration d’ensemble, un relief que n’ont pas les deux autres synoptiques. […] Mais qui ne voit que jamais miracle ne s’est passé dans ces conditions-là ; que toujours jusqu’ici le thaumaturge a choisi le sujet de l’expérience, choisi le milieu, choisi le public ; que d’ailleurs le plus souvent c’est le peuple lui-même qui, par suite de l’invincible besoin qu’il a de voir dans les grands événements et les grands hommes quelque chose de divin, crée après coup les légendes merveilleuses ? […] Profondément inégales et d’autant plus divines qu’elles sont plus grandes, plus spontanées, les manifestations du Dieu caché au fond de la conscience humaine sont toutes du même ordre.

367. (1888) Poètes et romanciers

Dans ses vers sceptiques, la note divine vibre encore. […] Le divin aveugle partage ses dons. […] La sève qui s’échappe à flots des plaies profondes, c’est le sang des divins blessés. […] M. de Laprade prétend que Lucrèce veut supprimer le divin dans la nature. […] Tous les hommes ne voient pas luire dans l’ombre la prunelle divine.

368. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Des deux familles divines, la grecque et la chrétienne, aucune ne paraissait capable de rentrer dans le monde épique. […] Plus on regarde la nature, plus on la trouve divine, divine jusque dans ses rochers et ses plantes. […] Avec quel effort faut-il nous arracher à nos passions compliquées et vieillies pour comprendre la jeunesse et la simplicité divine d’un être affranchi de la réflexion et de la forme ! […] Refuserez-vous de reconnaître le divin, parce qu’il apparaît dans l’art et la jouissance, et non pas seulement dans la conscience et l’action ? […] De la draperie divine, dernier vêtement qu’un poëte respecte, il fait un chiffon qu’il foule et tord et troue de gaieté de cour.

369. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Ce qui est bon en soi est divin […] Manie d’un cœur impuissant qui se suggère arbitrairement la passion et lie se la figure infinie et divine, que parce que, naturelle et humaine, les sources en sont taries en lui. […] Quand, à la séduction d’un olympien, s’ajoute la fatuité d’un poète, n’attendons pas cette divine modération. […] Il lui faut incendier l’âme entière qu’il a choisie, jusqu’en ces replis extrêmes que le simple Jupiter ignorait, que le Christianisme a creusés pour les réserver à l’amour divin. […] Et comme ces états de conscience sont chez la généreuse femme particulièrement orageux, elle se persuade, théologienne qu’elle est, qu’il y a du métaphysique et du divin.

370. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Grandmougin, Charles (1850-1930) »

. — Les Heures divines (1894)

371. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 456-458

Qu’on lise toutes les Histoires divines, humaines & profanes, il ne se trouvera point que les impudiques & les mérétrices les aient jamais portés en public, jusques à cejourd’hui que le Diable est déchaîné par la France ; ce qui est encore plus détestable devant Dieu & devant les hommes, que toutes les autres abominations ; & bien qu’il n’y ait que les Courtisannes (ou Dames de Cour) & Demoiselles qui en usent, si est-ce qu’avec le temps n’y trouvera Bourgeoise ni Chambriere qui par accoutumance n’en veuille porter ».

372. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Homere, à recueillir ses traits de ceux qui l’ont loué, étoit un homme divin. […] Le vice y fût-il heureux et triomphant, l’auteur auroit voulu faire entendre que cette vie n’est pas le tems de la justice divine : les caracteres y fussent-ils tous démentis, c’est l’inégalité de l’homme qu’on auroit voulu peindre ; et on l’auroit outrée exprès, pour la mieux faire sentir. […] On prétend que cette foule de dieux dans l’iliade, ne blesse pas l’unité d’une puissance supérieure ; qu’ils n’en sont que les différens attributs ; et que si le poëte les a personifiés, ce n’étoit que pour expliquer les opérations divines d’une maniere proportionnée à l’imagination humaine. […] L’histoire sainte est vénérable et divine par des endroits bien plus importans que le style ; on la rabaisse quand on y cherche de l’art, et l’élégance étudiée qu’on y veut mettre, lui ôteroit ce caractere si sensible de vérité qui fait sa plus grande force. […] Telles parurent alors, divin Ménélas, vos jambes, quand on les vit teintes de ce beau sang qui couloit jusques sur vos pieds.

373. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

La Philosophie, qui jadis ne s’appuyait que sur le ciel, se rabat sur les causes secondes et disparaît ; la Religion rougissante voile son feu sacré, et la Moralité, sans s’en douter, s’éteint ; la vertu publique, la vertu privée n’osent plus jeter de flammes ; il n’y a plus d’étincelle humaine, il n’y a plus d’éclair divin. […] Il y montre que Dieu a fait tout pour le mieux, que l’homme est borné et ne doit pas juger Dieu, que nos passions et nos imperfections servent au bien général et aux desseins de la Providence, que le bonheur est dans la vertu et dans la soumission aux volontés divines. […] For her th’ unfading rose of Eden blooms, And wings of seraphs shed divine perfumes ; For her the spouse prepares the bridal ring, For her white virgins Hymeneals sing, To sounds of heav’nly harps she dies away, And melts in visions of eternal day. […] Divine oblivion of low-thoughted care ! […] Nor public flame, nor private dares to shine, Nor human spark is left, nor glimpse divine ; Lo !

374. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Il était fanatique de l’Homère de Ferrare, le divin Arioste ; et le crime du Tasse, à ses yeux, était d’oser entrer en parallèle avec cette mémoire. […] Il ajouta que le poète a quelque chose de divin ; que les Grecs le nommaient d’après un attribut de la divinité, voulant dire par là que rien dans l’univers ne mérite le nom de créateur, si ce n’est Dieu et le poète. […] « Quelques jours après, le Tasse m’ayant fait le plaisir de me venir voir, comme cela lui arrive souvent, je lui montrai cette note dont il fut ravi, et ayant pris la plume il écrivit dessous : Divin ! […] Ils le logèrent dans une cellule d’où le regard s’étendait sur le solennel et poétique horizon de Rome ; ils lui prodiguèrent les respects, les pitiés, les soins qu’on doit à un hôte presque divin, qui emprunte votre toit pour retourner au ciel d’où il est descendu. […] Ce n’est pas le poète, c’est le conteur divin.

375. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

« À ce propos, on vint à parler de Michel-Ange Buonaroti ; et ce qui en fut le motif, ce fut un dessin que j’avais fait sur un carton de cet homme divin. […] Cet ouvrage fut cause que le divin Michel-Ange fut chargé de faire la grande chapelle du pape Jules, dont il n’acheva que la moitié, son talent, depuis, ne pouvant répondre à celui de ses premières études. […] Il partit pour Rome sans argent et sans recommandation, avec son courage, son talent déjà divin et sa verve d’artiste pour tout avenir. […] « Je fis ensuite réflexion sur la cause qui m’avait empêché de me donner la mort, et je la jugeai toute divine. […] Laisse-toi conduire, et ne perds pas l’espérance en sa divine bonté.

376. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Messieurs, leur dis-je alors, les fils des empereurs et des rois ont en eux quelque chose de majestueux et de divin ; cependant, si vous demandez à un humble paysan lesquels il aime davantage des fils des rois ou des siens, il dira que ce sont les siens. […] En les voyant, le roi s’écria : C’est un ouvrage plus que divin ! […] Nous citons ici, comme nous l’avons cité dans notre entretien sur Bernard de Palissy, le travail et l’anxiété de Benvenuto dans la fonte de cette œuvre divine en bronze. […] Il parlait d’après Bandinello, qui lui cita pour exemple le Christ et le saint Thomas de bronze d’André Verrochio ; le beau David du divin Michel-Ange, qui n’était parfait que par devant. […] Je lui répondis alors : Monseigneur, vous m’avez commandé un ouvrage d’une extrême difficulté, que j’ai achevé, et qui a mérité les éloges de cette divine école ; je ne dis pas que le célèbre Bronzino, qui l’a loué en prose et en vers, n’en pût faire autant, s’il était sculpteur ; je ne dis pas que le divin Michel-Ange, mon maître, n’en fût venu à bout dans le temps de sa jeune vigueur ; mais je ne connais que ces deux-là dans notre école.

377. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

A peu près ceci : que l’énergie et la volonté commençaient à travailler les êtres, que les natures saines et droites, parmi les simples et les cultivés, sentaient confusément que là où ils avaient cru voir la volonté divine, ne subsistait que le despotisme humain ; que la toute justice et la toute vérité s’étaient peu à peu corrompues entre les mains de ses dépositaires, qu’il n’y avait plus enfin dans cette Église triomphante, que pourriture et insincérité. […] Écoutez plutôt : « L’autorité royale est absolue… Les princes sont des espèces de dieux, suivant le langage de l’Écriture, et participent eu quelque façon à l’indépendance divine… Au caractère royal est inhérente une sainteté qui ne peut être effacée par aucun crime, même chez les princes infidèles… » Bossuet en déifiant le prince, quelqu’il soit et de quelque manière qu’il ait été établi, en le marquant d’un caractère de sainteté qu’aucun forfait ne peut effacer, n’est plus qu’un adorateur du fait brutal, de la force pure, et il rétrograde ainsi par-delà le moyen âge et jusqu’aux Césars byzantins… »‌ Je ferai la même observation que pour l’alinéa précédent. […] L’esprit obstinément fermé à toutes les voix humaines, il ne connaît que la « parole divine », orgueilleusement campé sur le Dogme, dont il claironne la doctrine à tous les échos. […] Beaucoup y forcèrent ; la plupart animèrent les bourreaux, forcèrent les conversions et ces étranges convertis à la participation des divins mystères, pour grossir le nombre de leurs conquêtes, dont ils envoyaient les états à la Cour pour en être d’autant plus considérés et approchés des récompenses. »‌ Tel est le tableau présenté par un contemporain. […] A la Révocation de l’édit de Nantes il répondit, le même mois, par l’édit de Postdam où il disait notamment :‌ « Comme les persécutions et les rigoureuses procédures qu’on exerce depuis quelque temps en France contre ceux de la religion réformée ont obligé plusieurs familles de sortir de ce royaume et de chercher à s’établir dans les pays étrangers, nous avons bien voulu, touché de la juste compassion que nous devons avoir pour ceux qui souffrent pour l’Évangile et pour la pureté de la foi que nous confessons avec eux, par le présent édit, signé de notre main, offrir aux dits Français une retraite sûre et libre dans toutes les terres et provinces de notre domination ; et leur déclarer en même temps de quels droits, franchises et avantages, nous prétendons les y faire jouir, pour les soulager, et pour subvenir en quelque manière aux calamités avec lesquelles la Providence divine a trouvé bon de frapper une partie si considérable de son église. »‌ La réponse à cet appel ne se fit pas longtemps attendre.

378. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

Mais alors rendez donc à la papauté tout ce que le tempus edax rerum a usé du prestige temporel, de l’ascendant politique, de la force des armes de la papauté, depuis les jours de Hildebrand, de Léon X, de Jules II, de ces pontifes armés de la foudre divine et de l’épée de saint Pierre à la fois. […] Le prince est prince de droit public, le pontife est pontife de droit divin. […] Par son droit divin sur les consciences, il nous domine, il nous intimide, il nous tient sous ses bulles et sous ses foudres. […] Or qu’est-ce que la souveraineté dans le droit public moderne de l’Europe, depuis la décadence de ce que nous appelions le droit divin ?

379. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Divin repos qui me manque ! […] Amour divin, seul véritable. […] Je ne saurais me passer de l’approbation divine en ma vie et mes affections, mais peu m’enquiers de celle des hommes, encore moins des femmes. » Le 15 novembre. […] Ce n’est pas une forme de l’art, c’est une émanation de la vie qui monte à l’âme et qui l’enivre de charme et de sainteté, d’un charme et d’une sainteté tellement fondus ensemble qu’on ne peut pas discerner ce qui est amour divin de ce qui serait amour terrestre, ce qui serait délire de ce qui est édification, et qu’en fermant un moment le livre pour le rouvrir bientôt après à une autre note, on ne peut en détacher ni son cœur ni son imagination : oui, voilà ce style !

380. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Maintenant l’âme ne cherchera plus d’autres jeux : elle se jouera, délicieusement de sa douleur, elle redira, mille fois, la divine réponse. […] Le Mage Divin Beethoven comprit que, à la traduction d’émotions personnelles et intimes, seyait seulement une musique discrète, pouvant être lue dans le recueillement, ou jouée sur quelque piano, tandis qu’autour est le silencieux oubli. […] Belle joie, elle s’efface : « Car je suis un pécheur misérable ; agneau divin, pardonneur des péchés, vois mon cœur ; aie pitié, agneau divin !

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