Le tort de Musset, ou sa défaillance, c’est de ne pouvoir pas le soutenir aussi longtemps que son divin maître. […] C’est ce que vous trouverez assez rarement, je crois, dans le divin William. […] Cet amour divin, lui-même, que Thérèse goûte avec ravissement, avec trop de ravissement, ce n’est, transposé, en quelque sorte, que l’amour très humain qui remplit son cœur et auquel elle essaye de donner le change. […] Dehelly, forme le duo le plus insuffisant qui se puisse et par Mme de Boncza (qui, il faut le dire, n’a que quelques répliques sans importance). — Elle est miraculeusement jouée par Mme Bartet, qui en porte tout le poids, et qui s’est révélée, c’est le mot, sous un aspect tout nouveau, non plus « divine », mais furie adorable et pitoyable martyre, avec une puissance dans l’imprécation et une profondeur dans la souffrance et le désespoir, dont aucun mot ne peut donner l’idée, ou du moins que je suis parfaitement impuissant à peindre comme je les sens.
Pour le prestige d’antiquité, il croyait sans aucun doute l’avoir mis suffisamment en lumière en parlant de la « hauteur divine » où Sophocle avait porté la tragédie grecque. […] Aussi l’on a-t-il déduite, et longtemps avant Chamfort, dont on connaît le célèbre aphorisme, — car pour Jean-Jacques, on pourrait faire voir que, moins hardi qu’on ne le croit, il a reculé devant cette extrémité, — c’est encore l’auteur de Cléveland et du Doyen de Killerine qui, le premier dans le roman, a proclamé « le droit divin » de la passion.
La vue des images divines, qui hantaient l’esprit des martyrs, les absorbait souvent à tel point qu’ils ne sentaient ni le fer ni le feu qui torturaient leurs chairs. […] Mais peu à peu l’intérêt s’accroît, à mesure que la passion se dégage et que sous le personnage historique ou légendaire apparaît le type humain créé et mis en scène par le poète, c’est-à-dire à mesure que l’art se manifeste et que le génie du poète, s’essayant à un jeu divin, infuse dans les fantômes qu’il évoque à nos yeux la vie et toutes les passions qui en font le charme ou l’horreur. […] Or cette sensation, ce n’est pas la pitié que nous inspire Iphigénie qui nous la donne, ni la double anxiété de Chimène, ni l’enthousiasme contagieux de Pauline, ni la rage d’Hermione ; non, cette sensation, dont le dieu nous secoue après avoir secoué le poète, n’est autre chose que la sensation du beau, c’est-à-dire ce trouble presque superstitieux de stupéfaction et d’admiration qui s’empare de nous, lorsque nous voyons une ébauche faite de main d’homme se revêtir soudain des signes supérieurs de la vie dont la volonté divine a marqué le front de ses créatures.
Et quant aux merveilles Dont votre divin chant vient frapper les oreilles, Philomèle est au prix novice dans cet art.
Ce qu’il désigne par des noms divins, c’est ce je ne sais quoi d’invisible et de grandiose qui circule à travers la nature et qu’on devine au-delà d’elle40, mystérieux infini que les sens n’atteignent pas, mais que « la vénération révèle » ; et quand plus tard les légendes précisent et altèrent cette vague divination des puissances naturelles, une idée reste debout dans ce chaos de rêves gigantesques : c’est que ce monde est une guerre et que l’héroïsme est le souverain bien.Au commencement, disent ces vieilles légendes écrites en Islande41, il y avait deux mondes : Nilflheim le glacé et Muspill le brûlant.
C’est cette force providentielle et divine qui vient en aide aux bons sentiments des princes assez justes pour vouloir la justice, assez audacieux pour oser la faire, qui a préservé des catastrophes prédites l’immense empire de Russie.
Le haut est de moresques d’or et d’azur, admirablement vives et éclatantes, et inscrites de sentences et d’aspirations mystiques sur l’amour divin.
. — La Divine Aventure, poèmes, Le Beffroi, Lille, 1905, in-18. — Les Noces de Léda, épisode, Le Beffroi, Lille, 1905, in-8º.
L’auteur explique et analyse, comme un souvenir de la veille, toutes les puérilités angéliques, tous les divins enfantillages dont se compose la vie d’une jeune fille. […] Quand il a passé la journée près d’une jeune fille calme et pure, dont le cœur ne s’est pas encore ouvert à la passion, dont la beauté sereine, le caractère angélique, le regard limpide, le sourire presque divin, lui promettent une longue suite d’années heureuses, il trouve, en rentrant chez lui, une lettre qui lui rappelle que sa chaîne n’est pas brisée.
Et c’est pourquoi « la forme dramatique est la forme divine ». […] Et c’est pourquoi « la forme dramatique est la forme divine ».
Accompagnez les mêmes personnages dans les contrées des Papegauds, des Papelards, des Papes-Figues, des Prêtregauds, des Cardingaux, des Evesgaux, des Moinegauds, des Capucingaux, vous ne pourrez méconnaître en eux le peuple mitré, enfroqué, tonsuré, et vous admirerez comment Rabelais en son temps osait se moquer des divines décrétales, des bulles fulminantes, des mouches d’inquisition, des indulgences sixtines, toutes choses saintes et déifiques, par lui qualifiées de belles extravagances, qui faisaient le siège apostolique de Rome tant redoutable à l’univers, qu’il fallait ribon-ribaine que tous rois, empereurs, potentats, et seigneurs, pendissent de lui, tinssent de lui, par lui fussent couronnés, confirmés, autorisés, et vinssent là bouquer et se prosterner à la mirifique pantoufle ! […] Panurge qui court, en lui tendant l’oreille, « La cherche sous la terre au fond d’une bouteille : « La bouteille divine, oracle du caveau, « Épanouit les sens, dilate le cerveau, « Purge le cœur de fiel, désopile la rate, « Aiguillonne les flancs, nous chatouille, nous gratte, « Nous redresse l’esprit… ; c’est assez ! […] Les propres mots de la préface de l’auteur décèlent la profondeur de ses critiques, lorsqu’il compare son roman à Socrate, « parce que le voyant au dehors, et l’estimant sur l’extérieure apparence, n’en eussiez donné un coupeau d’oignons, tant laid il était de corps, et ridicule en son maintien, le visage d’un fol, simple en mœurs, rustique en vêtement, inepte à tous offices de la république, toujours riant, toujours buvant d’autant à un chacun, toujours dissimulant son divin savoir ; mais ouvrant cette boîte, eussiez au-dedans trouvé une céleste et inappréciable drogue, un entendement plus qu’humain, vertu merveilleuse, courage invincible, sobresse non pareille, contentement certain, assurance parfaite, déprisement incroyable de tout ce pour quoi les humains veillent, travaillent, naviguent et bataillent ! […] Car s’il ne fallait en littérature qu’énoncer les principes généraux qui se trouvent résumés en quelques préfaces des grands écrivains, et en quelques vers de l’Art poétique, s’il suffisait de dire ensuite, vous ne serez auteurs que si vous êtes inspirés de l’esprit divin ; dès ce moment, on n’aurait plus qu’à fermer toutes les écoles, qu’à vider toutes les chaires publiques ; car il ne serait plus besoin ni possible d’entreprendre aucun cours littéraire.
Ces génies abondants, qui ne sont pourtant plus les divins vieillards et les aveugles fabuleux, lisent, comparent, imitent, comme tous ceux de leur âge ; cela ne les empêche pas de créer, comme aux âges naissants.
Schlegel critique les plus beaux endroits de Phèdre ; et de même que l’Allemand de nos jours, l’Écossais de cette époque donnait le divin Shakspeare comme le vrai modèle du goût.
Dès que j’en vis briller la splendeur plus qu’humaine, De mon intérieur vous fûtes souveraine ; De vos regards divins l’ineffable douceur Força la résistance où s’obstinait mon cœur ; Elle surmonta tout, jeûnes, prières, larmes, Et tourna tous mes vœux du côté de vos charmes.
On a dit que je parlais de la sélection naturelle comme d’une puissance divine ; mais qui trouve mauvais qu’un auteur parle de l’attraction ou de la gravitation comme réglant les mouvements des planètes ?
Partout elle est présente en cette œuvre d’agrément et de perdition ; l’écho du théâtre a gardé les enchantements de cette voix divine ; les trumeaux de ces salons, disposés pour la société du grand siècle, ont conservé le profil incertain de cette image et le charme piquant de son sourire. […] ce génie presque divin succombant sous le quolibet banal d’un libelliste ! […] Socrate est mort, non pas pour avoir supporté cette insulte d’une heure, non pas pour avoir enseigné aux païens la Providence divine, l’immortalité de l’âme, les espérances de la vie à venir ; il est mort pour avoir parlé à cette république, qui se mourait sous l’ironie et le blasphème, des saintes lois de la morale éternelle.
L’art est divin : il crée ou ressuscite26. » En effet, Marguerite Gautier est entrée dans ce monde de l’art dont les créations sont plus vivantes que n’ont été les créatures humaines. […] « Dans trente ans d’ici, on ne lira plus les Trois Mousquetaires ; mais, dans mille ans, les nourrices berceront les petits enfants avec le joli conte de Dantès et de son île, et peut-être, dans une langue qui n’est pas encore née, quelque poète qui aura, lui, le fond et la forme, mêlant ensemble d’Artagnan, Porthos, Bussy, Marguerite de Bourgogne, Chicot, le capitaine Roquefinette, le bonhomme Buvat, écrira avec les débris de tant de récits magiques quelque poème aussi indestructible que celui que le divin Arioste a composé avec les fragments du Cycle carlovingien. » Même admiration, avec quelques degrés en moins, pour Stendhal, Balzac, George Sand, Lamartine, Musset. […] Ceux qu’il y groupe, ce sont les auteurs du théâtre de second ordre, Favart, Ducis, le Voltaire des Contes, Gresset et Parny, ces deux derniers surtout : Gresset, dont le « divin caquetage est de la poésie et de la plus originale », et qui, en écrivant Vert-Vert, écrivait pour les siècles ; Parny, « l’un des poètes le plus absolument poètes de la littérature européenne », Parny, « ce délice ».
Il affectait de mépriser l’effort parnassien et, lui qui s’assimilait si adroitement les vieux poètes, il raillait la perfection d’Heredia et croyait au génie poétique fonctionnant sur un trépied divin. […] J’ai essayé d’expliquer ailleurs le génie et les procédés du divin poète provençal. […] Je le regarde et je divine ; je crie, je veux parler, et je fonds en larmes.
Retenez bien qu’entre des actions également défendues par les lois divines et humaines, il en est de naturelles, comme il en est qui ne sont pas naturelles, et si vous voulez que je vous donne un exemple qui vous apprenne à les discerner, Chénier, écoutez-moi : … Il est naturel pour un fils de fondre le poignard à la main sur le bourreau de son père ; mais il ne l’est pas pour un frère de laisser son frère périr sur un échafaud, quand il n’avait, pour le sauver, qu’à le vouloir.
Pendant ce temps d’ivresse et de bonheur, son imagination se livra à tous les charmes d’une compagnie délicate et choisie, qu’un soleil couchant de divine beauté embellissait encore.
Il montre dans Charles le respect inné de la royauté, la croyance au droit divin, la conviction enracinée que toute remontrance ou réclamation est une insulte à sa couronne, un attentat à sa propriété, une sédition impie et criminelle : dès lors, vous ne voyez plus dans la lutte du roi et du parlement que la lutte de deux doctrines ; vous cessez de prendre intérêt à une ou à l’autre pour prendre intérêt à toutes les deux ; vous êtes les spectateurs d’un drame ; vous n’êtes plus les juges d’un procès.
Il trépigne et beugle : « C’est insensé… Peut-on vraiment… D’abord les Grecs sont indiscutables… Tout est divin chez eux. » Hourvari général pendant lequel Sainte-Beuve se signe avec une piété d’oratorien, en murmurant : « Mais, Messieurs, le chien d’Ulysse… » et que Gautier lance : « Homère, un poème de Bitaubé… oui, c’est Bitaubé qui l’a fait passer… Homère n’est pas ça.
* * * — C’est un mot divin de mère, que le nom donné par Mme Marcille à sa petite chérie de Jeanne.
Divine, IV, 367.
Vie d’Antoine] ; — de Joseph de Maistre [Traité des délais de la justice divine].
De là aussi le scandale qu’elles suscitèrent chez « l’hypocrite lecteur » et qui fit momentanément de Baudelaire un poète d’exception, un « poète maudit », selon l’expression de Verlaine, de ceux dont le laurier, en sa verdeur éternelle, conserve toujours la trace de la foudre et sa divine cicatrice. […] Je gage que vous songeâtes plus d’une fois à l’oiseau divin en regardant le col recourbé de la gondole qui vous menait sur les canaux, à travers cette Venise que vous ne jugiez pas « bien bâtie », mais à qui vous reconnaissiez cependant un air de « distinction » a cause sans doute des belles architectures d’églises du de palais qu’elle offrait à vos yeux et malgré le dédale de ses rues, étroites, glissantes et qui ne servent qu’au « menu peuple ».
Sans doute, quand Homère conte, il est clair autant qu’eux et développe comme eux ; mais à chaque instant les magnifiques noms de l’Aurore aux doigts rosés, de l’Air au large sein, de la Terre divine et nourrice, de l’Océan qui ébranle la terre, viennent étaler leur floraison empourprée au milieu des discours et des batailles, et les grandes comparaisons surabondantes qui suspendent le récit annoncent un peuple plus enclin à jouir de la beauté qu’à courir droit au fait.
Particulièrement, l’action est si bien une qu’elle est la seule de son espèce sans épisode ni intrigue subsidiaire, chaque scène conduisant à l’effet principal et chaque acte se terminant par un grand changement de situation. » Il a fait davantage ; il a quitté l’attirail français, il est rentré dans la tradition nationale : « Dans mon style, j’ai essayé, de parti pris, d’imiter le divin Shakspeare, et pour le faire plus librement, je me suis débarrassé de la rime.
Elle eut peur d’écrire, mais son messager, un paysan petit et sec, qui avait le talent de faire ses soixante verstes à pied par jour, fut chargé de dire à Ivan Pétrovitch de ne pas trop s’affliger, qu’elle espérait, avec l’aide de Dieu, convertir la colère de son mari en clémence ; qu’elle aurait préféré une autre belle-fille, mais que telle n’avait sûrement pas été la volonté divine, et qu’elle envoyait à Malanïa Serguéiewna sa bénédiction maternelle.
Molière, Molière lui-même, si riche de toutes parts, compte cette beauté parmi les plus divines dont sa muse est pourvue.
Dans les théories les plus répandues sur l’utilité du langage, les mots semblent doués à l’égard des idées d’une sorte de pouvoir personnel et de droit divin.