Dieu étant l’idéal de chacun, il en convient que chacun le façonne à sa manière et sur son propre modèle.
Enfin ce mathématicien du fantastique, cet esprit imperturbablement logique sur les confins du rationnel, sait, quand il lui convient, rester court au bord d’un développement dernier, et, quelque fait à demi dévoilé laissé dans l’ombre, jouer de la suggestion de l’insinuation, des réticences et des symboles.
Il convient que vous vous taisiez devant un dieu.
Avouons que ce ne sont pas là des modèles ; avouons que Racine a donné ce modèle qui n’existait pas avant lui ; que dans Andromaque les grands crimes sont produits par les grandes passions, les intérêts clairement développés, habilement opposés l’un à l’autre sans se nuire et sans se confondre, expliqués par les personnages et jamais par le poëte ; que les moyens que l’auteur emploie ne sont jamais ni trop vils ni trop odieux ; que les ressorts sont toujours naturels sans être prévus, les événemens toujours fondés sur les caractères ; et convenons que Racine est le premier qui ait su assembler avec tant d’art les ressorts d’une intrigue tragique.
La conversation fut souriante, légère, affectueuse, telle qu’il convient auprès d’un malade qui reprend à la vie, et à laquelle il ne faut donner que ces mouvements doux de l’esprit et du cœur, qui bercent l’âme comme dans ce second berceau de la mort.
Le vers négligé, mou, le versus pedestris du dix-huitième siècle, qui convient si bien à la muse décrépite de l’abbé Delille et de ses imitateurs, n’est plus de mise dans un poème court destiné à frapper l’esprit des lecteurs par une succession rapide d’images intenses.
Cela est nécessaire pour connaître le départ qu’il convient de faire entre l’admiration qu’on doit à l’homme de génie, et l’estime quelquefois un peu flottante que l’on doit à l’homme lui-même.
Elles ont donc — il faut en convenir — plus à faire pour éclater que si rien n’entravait leur action, mais leur lenteur même à percer ce fourré d’erreurs, de passions et d’obstacles qui bien souvent les arrête, les rend plus soudaines, plus foudroyantes quand elles arrivent, et marquent du signe d’un triomphe d’autant plus grand qu’il fut plus disputé, la vérité de leur arrêt.
c’est qu’il est rare que le talent devance l’expérience ; souvent même cette dernière est déjà trop loin pour que celui-là la rattrape, et c’est ce qui fait qu’au théâtre les meilleures ingénues sont fort souvent des dames ou des demoiselles un peu plus âgées qu’il ne conviendrait. […] Je n’insiste pas sur le plan de l’ouvrage, l’espace me manquerait pour l’analyser comme il convient. […] Puis, sans qu’elle osât en convenir vis-à-vis d’elle-même, elle était plongée dans cette demi-ivresse, connue des femmes, des jolies femmes surtout, au sortir d’un bal.
On en conviendra, Sylvie la bergère a un langage de soldat aux gardes. […] Le portrait fut trouvé d’une grande ressemblance, cependant l’Achille de comédie refusa de payer le prix convenu. […] Le jour fut convenu pour cette espèce de défi. […] Singulière et modeste éducation pour des jeunes personnes, on en conviendra !
À chaque étape, chacun d’eux rencontre le guide et le maître qui lui convient : dans le premier ciel, Adam et l’Esprit de la Lune ; dans le second, Jésus avec Jean-Baptiste et Mercure ; dans le troisième, le patriarche Joseph et Vénus ; dans le quatrième, Énoch et le Soleil ; dans le cinquième, Aaron et Mars ; dans le sixième, Moïse et Jupiter ; dans le septième, Abraham et Saturne. […] Le mot lui convient si peu ! […] Ce qu’il n’avait pas fait dans un simple récit de route (où d’ailleurs je conviens qu’il aurait pu le faire), la forme de son nouveau livre l’exigeait presque d’un artiste désireux de se perfectionner. […] Voltaire, c’est nous tournés contre notre foi, avec une profondeur dans le dessein, une science dans la tactique qui sont incomparables, et, bien que le mot ne lui convienne guère, avec une loyauté aussi grande qu’on peut l’attendre d’un pamphlétaire. […] Le roman, intitulé Un Simple, violent, inexpérimenté, se ressentait de l’influence du naturalisme : le jeune auteur y avait traité, sans le savoir, le même sujet que celui de Pierre et Jean, avec plus de dureté, comme il convient à la jeunesse.
Elle résiste à la volonté de son père qui voudrait lui faire épouser un riche héritier qu’elle déteste, mais elle résiste avec humilité, avec décence, ainsi qu’il convient à une enfant chrétiennement élevée. […] Maurice Maeterlinck Il est convenu que M. […] Et je ne sache point que le chef-d’œuvre de Sophocle en soit diminué, pas plus que le chef-d’œuvre de Racine… D’ailleurs, il convient d’ajourner son jugement. […] Il y avait un soupçon de badauderie, nous dirions aujourd’hui de « snobisme », dans l’admiration que l’écolier lui avait vouée… Mérimée Suivait Stendhal, comme les jeunes gens suivent présentement Ibsen ou Maurice Maeterlinck, un peu par sincérité et un peu par pose, pour ne pas ressembler à tout le monde et pour avoir l’air d’être « dans le train », Ajoutons que Mérimée avait adopté d’instinct la méthode qui convenait le mieux à son tempérament littéraire. […] Des âmes neuves, des types d’humanité encore inédits se révéleraient peut-être… Les hommes ont une faculté presque inépuisable d’adaptation à toutes les conditions extérieures de la vie sociale… Le désordre ne saurait s’éterniser, parce qu’il ne conviendra jamais qu’à une minorité infime… Enfin, il y aurait toujours bien autant de vertu et d’abnégation dans ce monde-là que dans l’ancien, car le fond de la nature humaine ne change guère, et l’altruisme aussi est dans la nature ; il y est moins, voilà tout… Et quand les mêmes injustices et les mêmes violences renaîtraient sous d’autres formes ?
Car il n’a pas la conviction pleine et robuste de son ami Lantaigne ; il ne croit à la parole d’aucune église ; et d’autre part, il a beau être voltairien jusqu’aux os, il ne peut pas convenir avec lui-même qu’il est tel, tant cette négation sèche lui paraît étroite et tant il a la fausse honte de n’être qu’un homme du xviiie siècle aux approches du xxe . […] chaque femme a son heure qui s’harmonise à son genre de beauté, surtout à son genre de charme, et qui le met dans tout son jour, ou pour mieux dire, dans sa plénitude ; « il est des femmes rieuses et gaies dont la mutinerie folâtre est plus délicieuse le matin ; il faut vivre avec celles-là dans la familiarité de la vie de campagne ou au bord de la mer ; il en est d’autres, impériales et triomphantes, auxquelles convient l’éclat des fêtes de nuit et dont la royauté éclate plus entière dans la magnificence des grandes toilettes, parmi les lustres et les fleurs, les diamants et les épaules nues »… Bref, M. […] Il ne faudrait pas le presser beaucoup pour le faire convenir que l’invention de l’organisme social est, non pas un simple jeu d’esprit, — cela, il n’en conviendrait pas, — mais un procédé commode et utile pour étudier les phénomènes sociaux. […] Il faut de l’indéterminé dans le beau ; tout le monde, presque, en convient ; mais ce n’est pas assez dire : il y faut de l’inachevé, de l’ébauché, du balbutiant, et, le vraiment inachevé étant ce qui n’est pas commencé, peut-être… Il y a là une limite difficile à marquer ; car enfin faut-il bien, pour qu’il soit sensible, que le beau, sans s’exprimer (oh ! […] Or il conviendra que Wagner, M.
Ainsi, dans un personnage, nous devrons faire un choix, prendre les bons sentiments, passer les mauvais sous silence ; même, nous serons plus recommandables encore, si nous inventons le personnage de toutes pièces, si nous le coulons dans le moule convenu du bon ton et de l’honneur. […] J’attends qu’on nous débarrasse des personnages fictifs, de ces symboles convenus de la vertu et du vice qui n’ont aucune valeur comme documents humains, J’attends que les milieux déterminent les personnages et que les personnages agissent d’après la logique des faits combinée avec la logique de leur propre tempérament. […] Il est convenu que l’argent est une chose grossière qui rabaisse la dignité des lettres ; du moins, il n’y a pas d’exemple d’un homme ayant gagné une fortune en écrivant, et cela ne surprend personne, les écrivains eux-mêmes se drapent dans leur pauvreté et acceptent de vivre d’une aumône princière. […] L’homme et la nature restent à l’état abstrait, les écrivains ne se donnent pas la mission de faire la vérité sur les êtres et les choses, mais celle de les peindre selon le mécanisme convenu, en poussant toujours au type, de façon à obtenir le plus de grandeur possible. […] Oui, cela est convenu, il est puéril de le dire.
Il a cette faiblesse, j’en conviens. […] Son père supportait impatiemment ses habitudes de citadin ; ses habits, ses jabots, ses livres, sa flûte, sa propreté, lui paraissaient avec assez de justesse, une délicatesse exagérée ; il ne faisait que se plaindre de son fils, et le grondait sans cesse. « Rien ne lui convient ici, disait-il souvent ; à table, il fait le dégoûté, ne mange de rien, ne peut supporter l’odeur des domestiques, ni la chaleur de la chambre ; la vue des gens ivres le dérange ; on n’ose pas seulement batailler devant lui ; il ne veut pas servir, il n’a pas pour un liard de santé, cette femmelette !
Je suis sortie avec maman et puis je me suis mise à parcourir les salons pour voir s’il y avait des fleurs et si tout y avait l’air qui me convient. […] La légende de la femme artiste, de cet être vagabond et perverti, incompatible avec le travail ou le talent, laide, mourant de faim, belle, tournant mal, est une histoire à laquelle on ne croit plus beaucoup, bien qu’il soit toujours convenu de jeter le nom vénérable et adoré d’Artiste comme un manteau sur un tas de choses qui n’ont le plus souvent aucun rapport avec l’art. […] Mon tempérament intellectuel peut ne pas vous convenir… vous seriez bien difficile… enfin je m’imagine que je vous connais (c’est du reste l’effet que les romanciers produisent sur les petites femmes un peu bêtes).
Les étrangers n’y résistent pas ; ils n’ont rien de pareil chez eux ; Lord Chesterfield la propose en exemple. « Elle roule toujours, dit-il, sur quelques points d’histoire, de critique ou même de philosophie, qui conviennent mieux à des êtres raisonnables que nos dissertations anglaises sur le temps et sur le whist. » Rousseau, si grognon, avoue « qu’un article de morale ne serait pas mieux discuté dans une société de philosophes que dans celle d’une jolie femme de Paris ».
Quant à lui, il était ce qu’on est convenu d’appeler très improprement panthéiste, c’est-à-dire ne séparant pas en deux la création et la créature, et adorant la nature entière comme la divinité des choses sans s’élever à la divinité de l’esprit ; philosophes pour ainsi dire brutaux et fatalistes dans leur croyance, qui reconnaissent bien en Dieu la force latente de tous les phénomènes visibles ou invisibles, mais qui n’y reconnaissent pas l’individualité et la suprême intelligence, c’est-à-dire ce qui constitue l’être, refusant ainsi à l’Être des êtres ce qu’ils sont forcés d’accorder au dernier insecte de la nature.
Le respect humain la rendit en apparence fidèle au culte de la gloire de ce grand homme convenu, qu’elle avait aimé jeune sous le nom d’Alfieri.
Certes, ils auraient fait une déplorable découverte ceux qui auraient détrôné notre âme, condamné l’esprit à s’immoler lui-même, en employant ses facultés à démontrer que les lois communes à tout ce qui est physique lui conviennent ; mais, grâce à Dieu, et cette expression est ici bien placée, grâce à Dieu, dis-je, ce système est tout à fait faux dans son principe, et le parti qu’en ont tiré ceux qui soutenaient la cause de l’immortalité est une preuve de plus des erreurs qu’il renferme.
Le jeune Darnley, fils du comte Lenox, exclurait les princes étrangers dont la domination menacerait l’indépendance de l’Écosse et plus tard peut-être de l’Angleterre ; il donnerait à la reine un gage de bonne harmonie intérieure et de foi commune au catholicisme ; il plairait aux Anglais, car sa maison avait des biens immenses en Angleterre et habitait Londres ; enfin, il conviendrait aux Écossais, car il était Écossais de sang et de race, et les nobles d’Écosse se surbordonneraient plus volontiers à un de leurs plus grands compatriotes qu’à un Anglais ou à un étranger.
Sans insister plus qu’il ne convient, on ne peut cependant omettre de dire qu’il y avait dans les gros recueils des casuistes une floraison d’imagination subtile et romanesque, fort analogue à celle qui se révèle dans la composition des thèmes oratoires sur lesquels s’exerçaient les rhéteurs de l’empire romain, et que, tout en condamnant la bizarrerie immorale de ces jeux d’esprit, il ne faut pas pourtant en exagérer la conséquence.
La Hollande convenait mieux à son humeur et à sa santé ; il y goûtait la liberté de l’incognito, l’ordre, l’aisance de la vie.
Au lieu de convenir qu’il y a des passions profondes et des passions superficielles les romanciers veulent que ce soit la passion, comme telle, qui soit elle-même, en son essence, profonde.
L’intelligente et facile princesse, envers qui il ne convient pas d’être plus sévère que ne le fut celui qui eut le droit de l’être le plus, s’y entoura de tous les beaux esprits du temps, et le Petit Olympe d’Issy de Michel Bouteroue 13 est le tableau de cette cour, à laquelle ne manqua ni la gaieté ni l’esprit : Je veux d’un excellent ouvrage, Dedans un portrait racourcy, Représenter le païsage Du petit Olympe d’Issy, Pourveu que la grande princesse, La perle et fleur de l’univers, A qui cest ouvrage s’addresse Veuille favoriser mes vers.
A coup sûr, nous sommes loin avec lui de la vraie vie des champs ; et pourtant certaines descriptions de la vallée du Lignon nous sortent du monde convenu où il nous promène.
Né dans une coupe, comme il convenait à sa destinée, il personnifia la libation des sacrifices mêlée au feu — Agni — qu’elle alimente, ne faisant plus qu’un avec lui, allant porter au ciel, dans un tourbillon d’étincelles, les prières de l’homme et sa propre essence que boiront les dieux.
Poirier devait s’appeler d’abord, m’a-t-on dit, la Revanche de George Dandin, et je conviens, en effet, que le bonhomme avait une revanche à prendre.
Obstacles matériels Cette critique militante, qui est la difficulté et le triomphe du genre, qui, par les qualités qu’elle exige, netteté, décision, hardiesse, instinct heureux et pressentiment du goût public, convient si bien à l’écrivain français, a eu quelques beaux jours dans le premier quart du siècle.
Ils la convient à leurs manifestations et ce qui est plus étrange cette foule vient et leur obéit.
Mais on ne saurait s’empêcher de reconnaître que comme les écrivains n’écrivent que pour être lus, et que les lecteurs ne lisent que les livres qui leur conviennent, la corruption de la littérature, quand elle se généralise, est un fâcheux symptôme et un dangereux auxiliaire des causes fatales qui battent en brèche les assises de la société. […] Il ne nous convient pas de répéter tout ce qu’elle dit de sa grand’mère, qui faisait collection de couplets scandaleux contre Marie-Antoinette, et de sa mère, qui lui fit des confidences qu’elle aurait dû ensevelir dans l’oubli. […] About, tout en se plaignant beaucoup de l’injustice des critiques, qui lui ont reproché un plagiat, convient qu’il a mis à profit le dossier publié par la famille Savorelli à l’occasion de la rupture d’un mariage ; il ajoute que les lettres de Vittoria Savorelli, considérablement abrégées par ses soins, lui ont fourni une quinzaine de pages, qui ne sont pas les plus mauvaises du livre. […] J’imagine qu’il ne vous plairait pas plus d’entendre l’étrange histoire de Coquinel le saltimbanque et le paillasse qu’il ne me conviendrait de la raconter. […] Au lieu de cela, il ne fait que balbutier les noms de Louis XVI et de Louis XVII, pour donner à son interlocuteur l’occasion de déclarer qu’il n’a pas condamné le premier, non parce que Louis XVI était roi, mais parce qu’il était homme, et qu’il ne se reconnaît pas le droit d’abréger une vie humaine, scrupule rare et exceptionnel, vous en conviendrez, dans cette homicide assemblée ; et que, quant au second, il le plaint non comme fils de roi, mais comme enfant, au même titre que le frère de Cartouche, pendu, quoique innocent, avec ce célèbre malfaiteur.