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561. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

— et de faire suivre le nom de chaque poète d’appréciations contemporaines. […] Elle n’a pas le temps de lire les « Œuvres complètes » ; ce qu’on prend pour sa justice n’est souvent que l’acceptation de la mode autrefois contemporaine. […] Leurs balbutiements poétiques doivent avoir été contemporains. […] « Parlerai-je aussi de ceux qui jugeaient bon d’informer leurs contemporains de l’amour qu’ils portaient à leurs mères ? […] Puis, après les misères et les luttes, (je les ai racontées dans la Légende du Parnasse contemporain), vinrent, pour la plupart, la paix, l’acceptation, et, pour quelques-uns, la gloire.

562. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Aujourd’hui donc, en dépit de ce qu’il y a d’un peu plat où d’un peu gros dans les vogues du jour, consolons-nous avec un des hommes qui sont le plus faits pour intéresser et pour piquer la curiosité de ceux qui ont le plaisir d’être leurs contemporains ; car s’il a beaucoup écrit, il n’a publié qu’une moitié de ses œuvres et n’a livré qu’une des faces de son talent ; car, eût-il tout publié, il aurait encore plus d’idées qu’il n’en aurait produit dans ses livres. […] Lorsqu’on est jeune, qu’on a l’esprit élevé comme le cœur, et qu’on croit à la raison universelle, si clairvoyant et si avisé d’ailleurs qu’on puisse être, on est d’abord tenté de se dire que la sottise humaine a fait son temps et que le règne du vrai commence, tandis qu’en réalité cette sottise ne fait que changer de costume avec les âges, et que, sous une forme ou sous une autre, elle est notre contemporaine toujours. […] Et puis l’orateur était dans son élément et dans son droit en ne négligeant pas une occasion si naturelle de juger les époques successives de notre histoire contemporaine. […] Au reste, il aura beau se soustraire par portions et vouloir se dérober, il est de ceux qui laisseront plus de trace qu’ils ne se l’imaginent et que les contemporains eux-mêmes ne le pensent. […] Magnin, Portraits contemporains (1846), tome II, page 314.

563. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Il menait exactement la vie qu’il reprochera plus tard avec tant d’âpreté à beaucoup d’« honnêtes gens » de ses contemporains. […] Mais cette bonhomie dévote, ces façons candides de frère lai, ce ton de piété plébéienne, je ne pense même pas que vous les surpreniez jamais chez les prêtres célèbres qui furent les contemporains de Veuillot, chez les Lacordaire, les Ravignan, les Dupanloup, ces aristocrates de la foi. […] On pourrait presque dire qu’il a répandu dans ses articles et ses pamphlets ce que Taine devait ordonner en un corps de théorie dans les derniers volumes de ses Origines de la France contemporaine. […] Hugo a été « l’homme moderne » plus qu’aucun autre contemporain. […] S’il doit à l’intransigeance même de sa foi des vues profondes sur l’histoire contemporaine et des clairvoyances terribles sur les personnes, il lui arrive aussi de se tromper fâcheusement sur elles, de nous surfaire leur perversité, et de perdre, pour ainsi parler, la notion du vrai humain.

564. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Et combien d’autres poètes contemporains me sont essentiellement chers, depuis Lamartine jusqu’à Verlaine, sans oublier le pauvre Pierre Dupont, qu’on traite dédaigneusement de chansonnier ! […] En ce sens, le dernier venu des maîtres sera toujours le meilleur et le plus affectionné, parce que très contemporain il peut satisfaire mieux aux exigences de nos âmes de plus en plus diverses et impressionnables. […] De l’alliage merveilleusement divers dont est fait la poésie contemporaine, Hugo, sans doute, a fourni la matière la plus dense, mais d’autres, peut-être, ont apporté de plus précieux métaux auxquels notre instrument devra ses sonorités les plus frémissantes. […] Celui qui a dit de Victor Hugo qu’il résumait à lui seul la poésie du xixe  siècle a sans doute entendu marquer par là, d’une façon ironique et piquante, qu’il avait passé sa vie à démarquer le système de ses plus illustres contemporains. […] Et l’effort qui soutient, inlassable, la joie — la Joie — de ceux des esprits contemporains que nous aimons.

565. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Lamartine.] » pp. 534-535

Non, ceux qui n’en ont pas été témoins ne sauraient s’imaginer l’impression vraie, légitime, ineffaçable, que les contemporains ont reçue des premières Méditations de Lamartine, au moment où elles parurent en 1819.

566. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXII » pp. 328-331

Sainte-Beuve commente ici, à propos de Manzoni, son article sur Fauriel qui venait de paraitre dans la Revue des Deux Mondes, et qu’il a recueilli depuis dans les Portraits contemporains (tome IV).

567. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Donnay, Maurice (1859-1945) »

Lavisse et de Vogüé, ces deux guides autorisés de la jeunesse contemporaine.

568. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — France, Anatole (1844-1924) »

[Les Contemporains, 2e série (1885).]

569. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Glatigny, Albert (1839-1873) »

Cependant, comme les hasards nécessaires arrivent toujours, les pérégrinations du comédien errant l’amenèrent à Alençon, où Malassis, l’éditeur artiste qui à ce moment-là n’habitait pas encore Paris, lui donna un recueil de vers quelconque d’un poète contemporain.

570. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 343-347

& l’on étoit surpris d’entendre raconter les anecdotes littéraires & politiques du temps par un homme que les Grecs, les Romains, les Celtes, les Chinois, les Péruviens, auroient pris pour leur Compatriote & leur Contemporain ».

571. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Préface »

Guizot ; et tout en signalant ce qui nous paraissait inacceptable dans l’ancienne orthodoxie, nous nous sommes demandé si le Christianisme transformé ne pourrait pas être l’issue de la crise religieuse dont souffre la société contemporaine.

572. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Je ne connais guère d’œuvres contemporaines où il soit aussi étendu et se module avec autant d’élasticité, alliant la minutie à la fougue. […] Sa culture est proverbiale parmi ses contemporains et son ami Louis de Gonzague Frick la surnomme « Notre Sainte-Mère la Connaissance et la Véhémence ». […] Il est l’auteur de romans psychologiques, dont la trilogie L’Âme errante, Rédemption, l’Ennemie (1892-1896), de romans sur la presse contemporaine et de nouvelles. […] Le titre exact est Anthologie des poèmes yougo-slaves contemporains. […] Cette œuvre sans lendemain pour Einstein, dédiée à André Gide, est une source d’inspiration pour ses contemporains.

573. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Franc-Nohain (1873-1934) »

Franc-Nohain, enfant perdu du vers libre, qu’il manie de toutes façons picaresques, et non, je le crois, sans par-ci par-là quelques parodies de ses contemporains.

574. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — [Note.] » pp. 83-84

Un contemporain de Montesquieu, mais qu’on ose à peine citer à son sujet, le frivole abbé de Voisenon, a pourtant sur lui quelques traits heureux et bien rendus : Il était si bon père qu’il croyait de bonne foi que son fils valait mieux que lui.

575. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre IV. Pourquoi le génie d’Homère dans la poésie héroïque ne peut jamais être égalé. Observations sur la comédie et la tragédie » pp. 264-267

De là deux lois éternelles en poésie : d’après la première, le sublime poétique doit toujours avoir quelque chose de populaire ; en vertu de la seconde, les peuples qui se firent d’abord eux-mêmes les caractères héroïques, ne peuvent observer leurs contemporains civilisés [et par conséquent si différents], sans leur transporter les idées qu’ils empruntent à ces caractères si renommés.

576. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

En est-il un seul parmi nos contemporains qui échangeât volontiers sa gloire contre leur existence ? […] Et les comédies contemporaines les plus applaudies et les plus fanées déjà datent de dix années à peine ! […] Pour Molière, les contemporains furent étrangement sévères. […] Tous les contemporains, voire les ennemis, s’accordent à reconnaître que Molière fut un comédien excellent. […] Victor Fournel, Les Contemporains de Molière (2 vol. in-8).

577. (1929) La société des grands esprits

Les Grecs restaient artistes en toute occasion : c’est une de leurs supériorités sur les multitudes contemporaines. […] Son contemporain Plutarque était même investi de fonctions sacerdotales qui l’obligeaient à venir fréquemment de Chéronée à Delphes. […] Les plus récemment publiés sont Spinoza et ses contemporains, de M.  […] L’honneur était pour lui, aux yeux de ses contemporains : devant la postérité, il est pour eux. […] Ceux de nos érudits contemporains qui sont allés à l’école de l’Allemagne y ont retrouvé un héritage français.

578. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Mais nos contemporains savent accommoder avec plus d’artifice les pièces ou les actes « à tiroirs ». […] non, ce n’est pas ainsi que nos contemporaines sont coquettes quand elles s’en mêlent ! […] On peut voir chez les contemporains le détail d’autres mystifications. […] Tout cela n’a point échappé aux contemporains. […] Et comme il doit être triste de n’être plus le contemporain de personne.

579. (1890) Nouvelles questions de critique

Les Anglais en ont une, en deux volumes également, et signée du nom de l’un des plus remarquables publicistes de l’Angleterre contemporaine, M.  […] Je crains que l’érudition contemporaine, avec ses procédés et ses méthodes, n’en ait abondamment multiplié l’espèce. […] Pellissier, — que de juger à leur tour les jugements qu’il porte sur nos contemporains, sur MM.  […] Dumas a modifié singulièrement l’évolution de la littérature contemporaine. […] Transfuges du Parnasse contemporain, car les premiers vers de M. 

580. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

» on pourra répondre : « Ses contemporains » ; et quelques-uns n’étaient pas indignes de l’être. […] Le premier, dit un contemporain, semblait un lourd et solide galion d’Espagne, assailli par une frégate vive et légère. […] Il ne raconte rien ; il jette tout en dehors, et sur la scène : c’était la pratique de ses contemporains. […] Mais ce sont là de ces fautes qui font partie de la nationalité de Shakspeare, et ne le rendaient que plus cher à ses contemporains. […] Jamais, avant lui, la gloire contemporaine d’un poète n’avait aussi rapidement parcouru l’Europe, et passé d’une nation chez toutes les autres.

581. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Alfred de Musset, il a fait ressortir tout ce qui manque à un récit, quels qu’en soient d’ailleurs l’intérêt et le charme, s’il reste individuel et accidentel, s’il ne reflète pas, sous une forme poétique et vraie, un type et un symptôme contemporains. […] Tous les contemporains sont là pour l’attester, l’impuissance avec prétention, l’ennui avec scandale, telle fut l’impression universelle, décisive, constatée non par les ennemis de Balzac, mais par le vrai public. […] Un autre défaut capital, qui déroute et impatiente à tous moments le lecteur de M. de Balzac, c’est cet absurde mélange, dans une société toute contemporaine, de l’élément fictif avec l’élément réel. […] Poëte, il a été, de tous ses contemporains, de tous ses émules, celui que nous avons le plus admiré, qui a le mieux réussi jadis à nous faire croire à la nécessité d’un 89 poétique. […] Cette liberté qu’il aime serait sûre de son triomphe, et son triomphe serait bien cette fois notre plus belle et notre plus nouvelle conquête, si tous les contemporains de M. de Tocqueville la comprenaient comme lui.

582. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 218-221

Il est sûr de vivre par là entre tous les poëtes ses contemporains ou quelque peu ses aînés.

583. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. — POST-SCRIPTUM. » pp. 269-272

Nous ferons certainement d’autres portraits contemporains, nous en avons déjà fait, en bon nombre, qui n’ont pu entrer dans les présents volumes, et, au moment même où nous achevons cette espèce de série, nous mettons sous presse un volume destiné à la compléter et à la poursuivre.

584. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 467-471

La raison en est facile à trouver ; c’est que la Postérité ne juge jamais d’un Auteur sur les éloges de ses contemporains & de ses amis ; elle le cite en personne devant son Tribunal, & ses Productions ne peuvent se soutenir à ses yeux que par leur propre mérite.

585. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1828 »

Ainsi le premier volume contient toutes les Odes relatives à des événements ou à des personnages contemporains ; les pièces d’un sujet capricieux composent le second.

586. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Préface »

Elle n’avait pas lu la préface générale, placée à la tête du premier volume des Œuvres et des Hommes (le volume des Philosophes et des Écrivains religieux), ou si elle l’avait lue, elle ne s’en souvenait plus, car il est dit positivement dans cette préface, que pour être plus dans le mouvement de son temps, l’auteur laisserait là toute exposition artificielle ou chronologique, et ne partirait jamais, tout en embrassant le siècle tout entier, dans un nombre indéterminé de volumes, que des publications contemporaines ou des réimpressions par lesquelles on atteint à tous les moments du passé et à tous les hommes qui y ont laissé une place durable ou éphémère… Avec ce système, il y a des attentes, il n’y a pas d’oublis !

587. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

La représentation de Lohengrin Lohengrin a été joué à Paris une fois, date mémorable dans l’histoire de l’art contemporain. […] Wagner a exercé une énorme influence sur la musique contemporaine, et ceux-là mêmes qui répudient son système ont profité et profiteront encore de ses hardiesses et de ses innombrables trouvailles. […] Arthur Meyer, directeur du Gaulois, a demandé aux plus célèbres d’entre les musiciens français contemporains ce qu’ils pensent du projet de représenter Lohengrin à l’Eden-Théâtreu. […] [IV] Richard Wagner et le drame contemporain, par Alfred Ernst, avec une introduction par Louis de Fourcaud (un volume in-18, à la Librairie Moderne, 3 francs 50).

588. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Rendons justice au matérialisme contemporain ; il ne se refuse à reconnaître aucun des faits qu’atteste l’expérience, soit externe, soit interne ; il admet toutes les propriétés caractéristiques qui distinguent les divers règnes de la nature ; il ne nie aucun des phénomènes de conscience proprement dits, c’est-à-dire aucun des sentiments qui répondent chez l’homme aux mots d’individualité, de personne, de moi, comme le sentiment de l’unité, le sentiment de l’identité, le sentiment de la liberté, le sentiment de la responsabilité. […] Les physiologistes contemporains n’ont pas une autre psychologie au fond que les anciens physiologistes ; toute la différence consiste en ce que, si leur explication est la même, leur science des rapports du physique et du moral ne souffre aucune comparaison avec celle de l’antiquité. […] Enfin nous n’aimons pas le mot dont se sert la science contemporaine pour exprimer le résultat de cette révolution qu’elle tente d’opérer dans le domaine entier des connaissances humaines. […] Bien que la tendance au déterminisme soit générale, et qu’on la retrouve chez toutes les écoles de philosophie naturelle et même de philosophie morale, il se rencontre des esprits et des âmes qui protestent énergiquement contre une telle conclusion des méthodes contemporaines.

589. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

M. de Saumaise, par exemple, est pour lui le type du grand homme littéraire contemporain, le demeurant des savants de la grande bande ; il l’appelle habituellement « ce grand héros des belles-lettres ». […] Une remarque qui est à faire, c’est que tout en s’opiniâtrant ainsi à ses admirations du xvie  siècle jusqu’à faire tort à ses contemporains et jusqu’à résister à leur mérite, Gui Patin n’était pas de pied en cap un savant de cette vieille trempe : il n’était qu’un homme très instruit. […] Un contemporain nous l’a représenté sans charge et tout à son avantage : « Il avait la taille belle, l’air hardi, le visage plein, l’œil vif, le nez aquilin, et les cheveux courts et frisés.

590. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Marais, à le bien lire, nous apprend ainsi quantité de détails curieux sur nos grands auteurs ses contemporains ; il donne la clef de particularités, déjà obscures. […] L’indisposition de son mari, mais surtout la beauté, la jeunesse et l’esprit galant de cette dame n’ont fait aucun tort à sa vertu, et quoique les personnes qui soupiraient pour elle fussent des plus riches du royaume et de la plus haute qualité, elle a mérité l’estime générale de tout le monde par la sagesse de sa conduite ; et on lui doit même cette justice de dire qu’elle s’est piquée d’une belle amitié conjugale sans en pratiquer les principales actions. » Certes, c’est là un témoignage qui compte de la part d’un contemporain, d’un homme qui ne passe pas pour trop scrupuleux et qui s’exprime en général assez librement. […] Un jour, et bientôt (car dorénavant tout va de plus en plus vite), le grand flot de l’intérêt contemporain se déplacera, le courant de la société sera ailleurs.

591. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Les admirations contemporaines les plus unanimes et les mieux méritées ne peuvent rien contre ; la résignation la plus humble, comme la plus opiniâtre résistance, ne hâte ni ne retarde ce moment inévitable, où le grand poëte, le grand écrivain, entre dans la postérité, c’est-à-dire où les générations dont il fut le charme et l’âme, cédant la scène à d’autres, lui-même il passe de la bouche ardente et confuse des hommes à l’indifférence, non pas ingrate, mais respectueuse, qui, le plus souvent, est la dernière consécration des monuments accomplis. […] C’est un écrivain du xviie  siècle dans le xviiie , un l’abbé Fleury dans le roman ; c’est le contemporain de Le Sage, de Racine fils, de madame de Lambert, du chancelier Daguesseau ; celui de Desfontaines et de Lenglet-Dufresnoy en critique. […] On lit dans les lettres de l’aimable madame de Staal (De Launay) à M. d’Héricourt : « J’ai commencé la Grecque à cause de ce que vous m’en dites : on croit en effet que mademoiselle Aïssé en a donné l’idée ; mais cela est bien brodé, car elle n’avait que trois ou quatre ans quand on l’amena en France. » Mademoiselle Aïssé, mademoiselle De Launay, l’abbé Prévost, trois modèles contemporains des sentiments les plus naturels dans la plus agréable diction !

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