Puisque, dirons-nous donc, la technique de toute une école littéraire s’est réclamée des « libertés et des franchises » de la science, et en particulier des droits du médecin, il n’est pas déplacé à la science médicale d’apprécier la mesure dans laquelle cette école a tenu ses promesses, compris ses devoirs professionnels, conduit ses investigations cliniques, justifié, enfin, les droits arrogés.
Aucun ennui n’est à redouter avec M. d’Hervilly ; il ne traverse pas de solitude desséchante ; il nous conduit au hasard, c’est vrai : on a chance d’arriver, si on l’accompagne, dans quelque champ de foire peuplé de femmes sauvages et de créatures monstrueuses… Le poète n’a pas de préférences ; il passe de l’Algérie à la Chine et du Sénégal au Groenland.
Très sûrement conduits et d’un fort échafaudage, ils en voilent le labeur sous de magnifiques couleurs et sous une haute éloquence.
Un pareil enthousiasme devoit nécessairement conduire à des bévues : c’est pourquoi le Louangeur épistolaire, après avoir comparé son Héros à trois anciens Géometres, dont les connoissances ont été infiniment surpassées par leurs successeurs, Songe que tu rends à la France Diophante, Hipparque & Proclus.
Il ne se consola jamais du vol de son plus bel ouvrage ; & la douleur de ne pouvoir confondre la perfidie de Thestorides le conduisit au tombeau, plus que l’âge, les infirmités & l’extrême misère.
Suétone conta l’anecdote sans réflexion et sans voile ; Plutarque y joignit la moralité ; Velleius Paterculus apprit à généraliser l’histoire sans la défigurer ; Florus en fit l’abrégé philosophique ; enfin, Diodore de Sicile, Trogue-Pompée, Denys d’Halicarnasse, Cornelius-Nepos, Quinte-Curce, Aurelius-Victor, Ammien-Marcellin, Justin, Eutrope, et d’autres que nous taisons, ou qui nous échappent, conduisirent l’histoire jusqu’aux temps où elle tomba entre les mains des auteurs chrétiens : époque où tout changea dans les mœurs des hommes.
Le terme que j’ai été conduit à construire est donc, à la fois, plus étendu et plus restreint que les dénominations, d’ailleurs analogues, quant au caractère fondamental des idées, qu’on pourrait, de prime abord, regarder comme équivalentes.
Si vous aimez mieux des incidens plus simples, plus communs et moins grands, envoyez le bûcheron à la forêt, embusquez le chasseur, ramenez les animaux sauvages des campagnes vers leurs demeures, arrêtez-les à l’entrée de la forêt, qu’ils retournent la tête vers les champs dont l’approche du jour les chasse à regret ; conduisez à la ville le paysan avec son cheval chargé de denrées, faites tomber l’animal surchargé, occupez autour le paysan et sa femme à le relever.
L’étranger sortit et, par un détour, revint sur la route qui l’avait conduit à la case de l’avare.
Marmier est bienveillant, ce qui conduit presque toujours à être clairvoyant. […] Marmier, d’ailleurs, cette analyse nous conduirait trop loin. […] Fabre de conduire son personnage au point culminant. […] Un conspirateur, le commandant Rivière, est arrêté et conduit devant Fouché, qui l’interroge. […] L’abondance de ces crimes a nécessairement conduit M.
Nous pouvons démêler la forme d’esprit qui le dirige et chercher d’avance vers quelles idées il nous conduit. […] Mais cette voie plus lente conduit presque aussi loin que l’autre, et par surcroît elle évite bien des faux pas. […] Celle où Carlyle a marché, étant la plus lointaine, l’a conduit vers la perspective la plus étrange. […] « Ceci n’est pas une métaphysique, ou quelque autre science abstraite, ayant son origine dans la tête seule, mais une philosophie de la vie, ayant son origine aussi dans le cœur, et parlant au cœur1425. » Carlyle a conté, sous le nom de Teufelsdroeckh, toute la suite des émotions qui y conduisent. […] On peut marquer tous les pas qui conduisent la simple conception philosophique à l’état extrême et violent.
Par là on sera conduit à déterminer les centres autour desquels l’incohérence cristallise. […] Encore ces directions n’ont-elles pas toutes pour nous le même intérêt : c’est de la voie qui conduit à l’homme que nous devons nous occuper plus particulièrement. […] Nous allons voir que, des quatre grandes directions où s’est engagée la vie animale, deux ont conduit à des impasses, et que, sur les deux autres, l’effort a été généralement disproportionné au résultat. […] Mais c’est à l’intérieur même de la vie que nous conduirait l’intuition, je veux dire l’instinct devenu désintéressé, conscient de lui-même, capable de réfléchir sur son objet et de l’élargir indéfiniment. […] A la vérité, chacune de ces deux recherches conduit à l’autre ; elles font cercle, et le cercle ne peut avoir pour centre que l’étude empirique de l’évolution.
Theuriet, nous la retrouvons, marquée d’une façon originale, dans certaines pages où le poète nous conduit dans sa maison de Talloire, en Savoie, et dans sa retraite de Nice, où il a déjà passé plus d’un hiver.
Quelle comparaison entre un Ouvrage marqué au coin du génie, conduit avec un art qui enchante, enrichi de tableaux & de sentimens qui attachent & pénetrent l’ame, embelli par des peintures qui ravissent l’imagination & la captivent !
Cette curiosité conduit peu à peu à douter des choses généreuses ; elle dessèche la sensibilité, et tue pour ainsi dire l’âme : les mystères du cœur sont comme ceux de l’antique Égypte : le profane qui cherchait à les découvrir sans y être initié par la religion, était subitement frappé de mort.
Son amour-propre se satisfait ainsi ; il étale son esprit devant le lecteur, et le désir qu’il a de se montrer penseur ingénieux, le conduit souvent à bien penser.
Mais les hommes croïent naturellement que leur goût est le bon goût, et par consequent, ils pensent que les personnes qui ne jugent pas comme eux, ont les organes imparfaits, ou qu’elles se laissent conduire à des préjugez qui les gouvernent sans qu’elles-mêmes s’apperçoivent du pouvoir de la prévention.
Que dirait-on si l’on montrait qu’il conduit à faux ?
Le culte de Jupiter, que nous retrouvons partout chez les premières nations païennes, fixe les fondateurs des sociétés dans les lieux où les ont conduits leurs courses vagabondes, et alors commence l’âge des dieux qui dure neuf siècles.
Mais les Romains ne rencontrant aucun de ces obstacles, marchèrent d’un pas égal, guidés dans cette marche par la Providence qui se sert de l’instinct des peuples pour les conduire.
Ce vieux guerrier, hésitant dans le conseil, jamais au feu, veut se mettre lui-même à la tête des grenadiers prussiens et les conduire à l’assaut de Hassenhausen, en suivant un pli de terrain qui se trouve à côté de la chaussée, et par lequel on peut parvenir plus sûrement au village. […] À cette vue, les grenadiers à cheval de la garde, conduits par le général Lepic, l’un des héros de l’armée, s’élancent à leur tour pour seconder les efforts de Murat. […] Il n’y a plus, en effet, que cette manœuvre à exécuter jusqu’à la nuit, car il est impossible, soit d’éloigner l’ennemi, soit de le fuir par le pont qui conduit à l’île de Lobau. […] XVIII Le récit des préparatifs et de la campagne de Russie rend ici à l’historien de l’Empire toutes les qualités spécialement techniques et militaires de son style ; il rassemble une à une, de toutes les parties de l’empire, de la Hollande, de l’Italie, de l’Allemagne, de la Pologne, l’innombrable multitude d’hommes, de chevaux, de canons, de bagages, dont se compose la plus vaste armée d’invasion qui ait jamais foulé du même pas le sol de l’Europe, et il la conduit étape par étape jusqu’au bord du Niémen. […] Arrêtons-nous ici, et voyons si l’écrivain aura la constance de conduire son héros jusqu’à Waterloo, où il tombe enfin dans le sang de ses derniers compagnons d’armes pour ne plus se relever que dans l’imagination sans mémoire des peuples.
Voltaire a pleine raison quand il établit que c’est l’esprit philosophique qui conduit tous les arts, guidés par lui secrètement et à leur insu. […] Depuis Descartes, il n’est pas un philosophe qui puisse ignorer ni le chemin infaillible qui conduit à cette distinction capitale de l’âme et du corps, ni les conséquences, ou plutôt les dogmes, qui en sortent. […] — « Nous ferons tous nos efforts, répondit Criton, pour nous conduire ainsi. […] V Ainsi, conduit par une exacte analyse des faits, Platon a posé d’abord la distinction de l’âme et du corps et la substantialité de l’âme ; il a posé son immortalité véritable avec le cortège obligé des récompenses et des peines ; il a découvert la loi morale et l’a montrée, dans toute sa puissance et sa pureté, au fond de la conscience humaine. […] Mais, je le déclare, si ces travaux, tout admirables qu’ils peuvent être, n’aboutissent qu’à satisfaire une curiosité vaine ; si les doctrines auxquelles ils doivent conduire sont obscures ou fausses ; si en traitant longuement des facultés et des actions de l’âme, on oublie de se prononcer sur ses destinées, la science peut encore applaudir ; mais la philosophie n’obtient pas ce qu’elle demande : elle a manqué le but qu’elle doit poursuivre.
Mais Richebourg est là qui doit conduire la pensée du lecteur, qui le sait et en abuse. […] Ponson du Terrail, qui eût été capable d’écrire avec goût des récits de peu d’étendue et d’y encadrer des études de mœurs et de caractères, avait été conduit par les circonstances et par l’amour du gain à dérouler d’interminables suites d’aventures héroïques ou criminelles. […] Le public est dorénavant conquis, entraîné ; il vous suivra par tous les chemins de traverse où il vous plaira de le conduire. […] Quant à vouloir enchaîner les aventures avec ordre, quant à conduire l’action au dénouement par un fil logique, on ne saurait s’embarrasser que le moins possible de cette gênante préoccupation. […] [Adolphe Brisson] Mon cher Confrère, Assurément, il serait à désirer que le niveau de ce qu’on appelle communément le « roman-feuilleton » se relevât… Par malheur je ne vois pas trop les moyens qui pourraient le conduire à se réhabiliter dans l’estime des honnêtes gens.
Spenser conduit à Milton et de là au puritanisme, comme Platon conduit à Virgile et de là au christianisme. […] C’est au plus haut du pays des fées qu’il nous conduit, par-dessus toutes les cimes de l’histoire. […] Sa pensée maîtresse se marque dans la grande œuvre qu’elle produit et qu’elle conduit. […] Un pareil moment ne dure guère, et la séve poétique s’use par la floraison poétique, en sorte que l’épanouissement conduit au déclin. […] Ce n’est point un dialecticien, comme Hobbes ou Descartes, un homme habile à aligner les idées, à les tirer les unes des autres, à conduire son lecteur du simple au composé par toute la file des intermédiaires.
Il s’impose également par déduction et conduit d’abord à la question finale, pour laquelle le nevermore servira de réponse. […] Sardou conduit une pièce depuis le point de départ jusqu’à l’œuvre complète. […] Il n’en est pas de même chez les autres, chez les esprits à tendances originales fortement organisées à l’étude desquels j’ai été conduit maintenant. […] L’esprit est encore mal formé, la tendance directrice trop incomplète ou mal organisée ne sait pas conduire un ensemble en subordonnant convenablement les détails. […] Souvent, presque toujours, le novateur le plus déterminé reculerait devant son invention s’il distinguait nettement où elle doit conduire.
Il annonce à sa famille sa résolution inébranlable de faire de la littérature ; il la désole, il se fait prédire le plus sombre avenir, mais il part tout de même, conduit par l’illusion, attiré par le gouffre ! […] Je serais tenté de vous citer trop de noms, un Emmanuel Arène, foudroyé comme il arrivait au sommet de son talent et de sa carrière, d’autres, au contraire, bien vivants, bien campés, Adrien Bernheim, qui n’avait pas encore tout à fait un an de théâtre, ou Pierre Decourcelle que le krack de l’Union générale venait de jeter de la Bourse au boulevard et au journalisme, le mettant sur la voie qui devait le conduire à la présidence de la Société des auteurs. […] Peut-on tricher la foule pour ainsi dire et la conduire en ayant l’air de lui obéir ? […] Elles la conduisent dans une double impasse : le réalisme vulgaire et l’ésotérisme, c’est-à-dire la région la plus basse et la région inaccessible et obscure.
comme ils s’étaient loyalement conduits jusqu’à ce jour ! […] Il conduit sa chronique avec exactitude jusqu’au moment où le marquis de Montferrat, son ami et son seigneur de prédilection, périt à son tour dans une rencontre en poursuivant les féroces Bulgares (1207) : « C’est alors, dit Gibbon, c’est à cet accident funeste que tombe la plume de Villehardouin et que sa voix expire ; et, s’il continua d’exercer l’office de maréchal de Romanie, la suite de ses exploits n’est point connue de la postérité. » On suppose qu’il mourut cinq ou six ans après, vers 1213, et il paraît certain qu’il ne retourna jamais en France.
Une femme intrigante et criminelle, Mme de La Motte, se mit, vers le même temps, à exercer sur le cardinal son ascendant funeste et vraiment fabuleux, qui conduisit ce malheureux prince à acheter des joailliers de la reine le fameux Collier, en croyant n’obéir qu’à un ordre de sa souveraine. […] Ils montaient au Pic, et nous demandèrent si l’on voyait la plaine bien dégagée de vapeurs, car la curiosité seule les y conduisait, et ils venaient des montagnes du Béarn… Les Alpes ne m’ont point offert d’exemple d’une pareille curiosité : elle suppose cette inquiétude de l’esprit, ces besoins de l’imagination, cet amour des choses étonnantes, lointaines, fameuses, dont le bonheur paisible de l’habitant des Alpes ne fut jamais troublé, et dont le bonheur plus romanesque de l’habitant des Pyrénées se compose.
Il paraît croire, d’ailleurs, que si Louvois n’était pas mort à propos ce jour-là, les ordres étaient donnés pour le conduire à la Bastille. […] Il voulait qu’elles retournassent dans la ville ; mais elles persistèrent à n’y vouloir point retourner, et apparemment le roi aura la bonté de se relâcher ; il leur a même envoyé à souper. » Et le lendemain le roi envoie des carrosses à ces dames pour les conduire à une abbaye voisine. « Outre les quarante femmes qui sont sorties du côté du roi, il y en a eu encore trente, dit Dangeau, qui sont sorties du côté de M. de Boufflers. » Le roi, tout souffrant et peu valide qu’il est, s’expose suffisamment.
Le comte me découvrit dans l’espèce de retraite où je m’étais réfugié ; il vint à moi, me prit par la main, et me conduisit vers Ellénore. […] Avec une politesse exquise qui excluait toute forme familière et nous tenait à distance l’un de l’autre comme il l’entendait, mais avec une tranquillité d’accent et une manière courtoise, il se mit immédiatement à conduire le discours, et je ne pus m’empêcher de le suivre.
J’ai souri en lisant dans un bulletin : Fabre s’est conduit en héros. […] Un jour que ces vaillants hommes demandaient qu’on les conduisît au canon, un bataillon entier était, littéralement, pieds nus ; on hésitait à l’employer.