Or, quelle que soit la manière dont on la conçoive, les plus grandes joies que l’homme puisse tirer des biens qu’elle lui apporte sont les joies qu’il saura extraire de la pensée et de l’art. […] On conçoit également des subventions de l’État.
Janssen, dans son mémorable ouvrage sur L’Allemagne et la Réforme, — que comme d’intermédiaires pour parvenir à une intelligence plus profonde du christianisme et à l’amélioration de la vie morale » ; et c’était sans doute une manière parfaitement légitime d’en user, mais on en pouvait concevoir une autre. […] Ils conçurent l’idée d’une autre vie, plus libre, plus ornée, plus « humaine » en un mot, que celle qu’ils menaient depuis cinq ou six siècles.
J’ai plus d’une fois entendu Stéphane Mallarmé parler de ce drame philosophique qu’il avait conçu dans sa jeunesse et dont le héros s’appelait Igitur d’Elbenon. […] Le succès lui vint rapidement, et c’est de cette admiration, conçue au temps de leur commune jeunesse, que M. […] Le jeune Baudelaire avait six ans lorsque mourut son père, dont il conserva un vif souvenir qui ne fut pas sans doute sans influence sur le peu de sympathie qu’il conçut par la suite pour l’homme que, remariée au lieutenant-colonel Aupick, sa mère lui donna pour beau-père. […] Nous y trouvons des pièces écrites dès avant 1846, à une époque où Baudelaire ne pouvait guère avoir conçu l’œuvre éventuelle et qu’il y a incorporées, de même que, plus tard, après la suppression des cinq pièces incriminées par le procès de 1858, il y inséra, pour l’édition de 1861, trente-cinq poèmes nouveaux, sans craindre par cette adjonction d’en, rompre l’équilibre et d’en compromettre l’unité, unité qu’elle puise dans la douloureuse, dans la cruelle, dans la profonde sincérité du poète.
La mère, voyant la gêne des siens qui se prolongeait sans espoir, conçut un grand dessein et s’embarqua pour l’Amérique avec sa dernière fille, avec Marceline, âgée d’environ treize ans.
De tous les rois dont son pouvoir A fait ou défait la couronne : Certes, mon esprit s’en étonne, Pourtant je le puis concevoir.
C’est là, on le conçoit, un bien joli cadre : deux âmes sœurs, séparées par une cloison, par un voile, et qui se sont devinées du premier jour, sans jamais devoir se reconnaître en face.
Vers le même moment, Charles Labitte concevait, seul, un autre projet plus riant et qui eût été pour lui comme le délassement de l’autre, un livre sur le règne de Louis XIII et où devaient figurer Voiture, Balzac, Chapelain, l’hôtel Rambouillet, etc. ; une grande partie des matériaux amassés ont paru depuis en articles dans la Revue de Paris et ailleurs.
L’homme d’intelligence et de sympathie littéraire élevée, qui a conçu l’idée de cette Anthologie et qui en a dirigé l’exécution, a pensé qu’entre ces deux écueils, le trop d’unité ou l’extrême diversité, il y avait pour une œuvre de ce genre bien plus d’inconvénients d’un côté que de l’autre.
« Jéhovah m’a dit : Tu es mon fils, je t’ai conçu aujourd’hui dans mes desseins !
Elle, de son côté, sachant que le jeune était plein d’égards et d’obéissance pour le vieux, soit en portant le plus qu’il pouvait le poids de la chaîne commune, soit en faisant double tâche pour diminuer la fatigue du vieillard affaibli par les années, avait conçu involontairement une vive reconnaissance pour le jeune galérien ; elle le regardait, à cause des soins pour son père, plutôt comme son frère que comme un criminel réprouvé du monde.
Nous sommes loin de l’histoire, avec ces Sarrasins, qui ont pris la place des Basques montagnards, et ces Sarrasins païens, idolâtres, du reste vaillants et accomplis « barons », s’ils étaient chrétiens : avec ce Charlemagne à la barbe blanche, âgé de deux cents ans, majestueux symbole de la royauté chrétienne : avec ces douze pairs qui combattent et périssent aux côtés de Roland : avec ce traître Ganelon, dont la trahison, plus inutile encore qu’inexpliquée, n’est sans doute qu’une naïve satisfaction que se donne le sentiment national, incapable de concevoir le désastre sans un traître au moins qui soit présent : avec ce Turpin, type légendaire du prélat guerrier, détaché ainsi que Ganelon d’une autre partie de l’histoire pour survivre immortellement transfiguré dans la légende de Roland.
Et si l’on concevait encore des doutes sur l’œuvre qu’elle a fait, il suffirait, pour s’épargner des anathèmes naïfs et une déploration superflue, de se demander à qui l’oubli du vrai et du bon moyen âge, est imputable.
Ce qui rend la méprise de l’éditeur du Ménagiana très facile à concevoir, c’est qu’il était d’usage dans les impressions du temps de n’écrire qu’en abrégé le mot de madame ou de mademoiselle ; on écrivait Me ou Mlle .
Si le théâtre athénien domina et inspira tous les autres, c’est qu’Athènes avait été l’âme de ces grandes luttes ; c’est que seule elle avait eu l’idée d’une Patrie commune se levant en masse contre les Barbares, et que cette patrie était née des efforts magnanimes qu’elle fit pour la concevoir.
[NdA] On conçoit qu’un pauvre voyageur comme l’était alors Bernardin de Saint-Pierre se préoccupe à ce point des détails de poche et d’économie, et y entre par sous et deniers : mais il n’en perdra jamais l’habitude, même lorsqu’il sera au-dessus du besoin.
XX Quoi qu’il en soit, à l’insu de sa mère et d’elle-même, quelques admiratrices de sa beauté, parmi des femmes de cour et quelques courtisans affairés d’importance, conçurent, dit-on, à cette époque l’idée intéressée de lui faire épouser clandestinement le comte d’Artois, qui fut depuis Charles X.
Des gens d’esprit, de beaucoup d’esprit, des femmes distinguées et gracieuses ; l’une d’elles était simplement Mme de Sévigné, et c’est de cette époque que La Fontaine la connut, et c’est de cette époque que Mme de Sévigné conçut pour La Fontaine cette admiration profonde qu’elle ne laisse aucune occasion, comme vous le savez, de déclarer.
Mais Jacques, loin d’en concevoir aucun ressentiment, l’excuse dans son cœur et trouve qu’on ne saurait lui imputer à crime son infidélité : « Qu’a-t-elle fait, dit-il, pour perdre mon estime ? […] Ils n’appartiennent pas entièrement à l’humanité, car ils n’ont, pas été conçus selon la loi de l’humanité qui veut une réciprocité d’ardeur, une communauté d’aspirations entre l’homme et la femme. […] Frédéric Soulié : « Disons-le donc, la loi a été de tout point hors de la justice et du bon sens ; et avançons que celui-là vaut mieux qui peut concevoir, méditer et préparer une vengeance pendant de longues années, que l’étourdi qui, sous le coup de sa colère, frappe sans voir et sans savoir. Celui-là est un homme d’une précieuse nature, à qui une pensée peut rester longtemps au cœur, y mûrir, s’y étendre et s’y accomplir comme elle a été résolue ; et celui-ci est une méprisable créature qui fait au hasard tout ce qu’il fait, sous l’inspiration qui ne lui laisse ni concevoir, ni méditer, ni diriger son action.
je ne puis leur faire que de courts emprunts, mais ils suffiront pour donner idée au lecteur de l’esprit dans lequel le livre a été conçu et du talent avec lequel il a été mis en œuvre. […] Il s’agit d’un… Alphonse qui exploite horriblement, honteusement l’amour que la femme de celui qui lui fait gagner sa vie a conçu pour lui. […] Il faut dire de ce livre, pensé par un esprit réfléchi et profond, conçu avec humour, écrit éloquemment, que la lecture en est douce et bienfaisante.
Il est difficile de concevoir que des hommes sensés et réfléchis nourrissent l’espoir de rendre un jour supportable le séjour de cette petite boule qui, tournant gauchement autour d’un soleil jaune et déjà à demi obscurci, nous porte comme une vermine à sa surface moisie. […] Claretie un mot à peu près ainsi conçu : « Je le crois bien, Monsieur, que mon Américaine pourrait devenir une pièce de théâtre. […] Il y a donc quelque chose, et ce quelque chose est Tout ; car à sa borne nous ne pouvons pas plus concevoir le néant que nous n’avions pu le concevoir auparavant ; nous le prolongeons donc et l’élargissons sans bornes possibles, et nous disons : « Ce quelque chose est tout. » — Et nous ne pouvons pas lui trouver des bornes dans le passé, car avant lui il faudrait supposer le néant que nous ne pouvons pas concevoir ; ni dans l’avenir, car après lui il faudrait supposer le néant que nous ne pouvons pas admettre. […] De toute manière nous ne pouvons pas concevoir le Tout se connaissant, et c’est l’immense difficulté pour ceux qui veulent faire de l’Infini un être personnel. […] Faut-il rappeler que l’un conçoit le lyrisme sous la forme souverainement simple de la poésie populaire, tandis que l’autre le revêt de toutes les splendeurs de l’éloquence et de la rhétorique ?
Il conçoit pour les hommes et pour leur raison un effroyable mépris ; il le déverse dans son livre préféré, dans l’Iliade grotesque du nihilisme, Bouvard et Pécuchet. […] Examinons des livres40 d’une si grande conséquence, et d’abord le plus dramatique de tous, la vie de l’homme qui les conçut.
. — Je ne garderai que le stérile nom d’épouse — et vous serez quitte de tout autre ennui730. » Cela est grand ; cette femme a un cœur fier, et aussi un cœur d’épouse ; elle sait donner et elle sait souffrir ; ce qui est mieux, elle sait se sacrifier sans emphase et d’un ton calme ; ce n’est point une âme vulgaire qui a conçu une pareille âme. […] Comme Shakspeare, il a conçu de vraies âmes féminines740, une Monimia, surtout une Belvidera qui, semblable à Imogène, s’est donnée tout entière et perdue comme en un abîme dans l’adoration de celui qu’elle a choisi, qui ne sait qu’aimer, obéir, pleurer, souffrir, et qui meurt comme une fleur séparée de sa tige, sitôt qu’on arrache ses bras du col autour duquel elle les avait noués.
Vous avez inspiré de l’amour à ma sœur, et elle a conçu beaucoup d’inquiétudes pour mon frère. […] Il lui persuada de feindre une guerre avec ses voisins et de faire tuer Sîfrit dans la mêlée, souvenir biblique de la trahison de David ; le roi accepte ; Kriemhilt, l’épouse de Sîfrit, conçoit des soupçons, fait venir Hagene, qu’elle croit fidèle et s’ouvre à lui sur le secret profond qui rend Sîfrit invulnérable.
» — « Vous concevez, c’est bien difficile, me répond-on. […] Vous concevez, ça n’est pas possible, on allume du feu, on se chauffe, on bat la semelle. » « J’ai mal aux yeux, ajoute l’autre, j’ai mal aux yeux comme tout, aujourd’hui, c’est du bois vert qu’on brûle, le vent vous chasse la fumée dans les yeux ; si ça dure un mois, il me semble que je serai tout à fait aveugle. » Lundi 5 décembre Saint-Victor, dans son feuilleton d’hier, disait, d’une manière brillante, que la France devait perdre la conception que jusqu’ici elle s’était faite de l’Allemagne, de ce pays qu’elle s’était habituée à considérer, sur la foi des poètes, comme la patrie de la bonhomie et de l’innocence, comme le nid sentimental des amours platoniques. […] Concevez-vous, depuis septembre dernier… » Puis, le monsieur à la pauvre femme, qui a fini de dîner, s’en va.
Il en traduit encore plus manifestement l’esprit même, si Voltaire n’a conçu son Essai sur les mœurs qu’à dessein de montrer la supériorité de son siècle sur les autres ; et si Montesquieu, de son côté, convaincu que « l’histoire n’a rien à comparer à la puissance de l’Europe de son temps » s’est efforcé d’en trouver la raison dans la supériorité de ses lois ? […] Païen comme Ronsard, aussi profondément païen dans ses Idylles que l’auteur des Hymnes et des Sonnets à Cassandre, c’est comme lui, Ronsard, qu’il a aimé, qu’il a senti, qu’il a conçu la nature. […] Et si enfin le classicisme français, dans ses chefs-d’œuvre, n’avait été, pour ainsi parler, qu’une projection de l’esprit français sur le plan de la littérature générale, on ne conçoit pas comment il eût pu éviter d’être refoulé dans ses propres frontières par le progrès même de cette littérature, et ainsi de mourir de son propre triomphe.
Vacherot, nous renseigne curieusement à cet égard : « Conçoit, juge et formule trop vite. […] Ç’a été folie de détruire, au profit d’un organisme factice, conçu à priori, l’organisme naturel élaboré par les siècles, le vieil arbre qui portait « dans ses couches superposées, dans ses nœuds, dans ses courbures, tous les dépôts de sa sève ». […] Il ne s’agit donc plus seulement de répondre aux sollicitations d’un idéal conçu par la raison philosophique, de contenter les exquises aspirations d’une âme affinée. […] Qu’est-ce que l’immortalité d’une âme conçue comme une pure abstraction, comme la loi d’unité de notre personne ?
Ils eussent conçu la beauté toute différente peut-être ; ou bien ils eussent abouti dans leur libre effort individuel, à une forme toute voisine encore, mais légitime, obtenue légitimement… Faute de cet effort naturel, les voici employés à une création inverse. […] Il conçut une humanité sociable, sociale, formée et menée par le milieu. […] Je conçois en un certain sens que l’on souffre de cet amoindrissement d’un grand homme. […] On conçoit aussi — mais sans l’approuver — la réaction parnassienne.
Je trouve une lettre de Mlle de Vertus à Mme de Sablé, ainsi conçue (car, selon moi, tous les détails ont du prix touchant des personnes si élevées, si délicates, et finalement si respectables) : « Enfin, je reçus hier au soir un billet de la dame (Mme de Longueville).
Je le concevrais s’il y avait dans l’empire ottoman une race, chrétienne ou non chrétienne, assez nombreuse, assez compacte, assez courageuse, assez intelligente pour se substituer de plein droit à l’empire et pour gouverner ces quatre cent mille lieues dépeuplées de leurs possesseurs ; mais ce fait n’existe pas.
Si c’est de l’homme isolé, tombé du sein de la femme sur le sein de la terre, l’homme enfant n’a d’autre liberté que celle de mourir en naissant, car sans la société préexistante entre la femme et son fruit conçu par une rencontre purement bestiale, la femme n’est pas même tenue à le relever du sol, à le réchauffer sur son sein et à l’abreuver du lait de ses mamelles ; et si, par un premier acte de cette société instinctive qu’on appelle l’amour maternel, l’enfant est nourri d’abord d’un aliment mystérieux préparé pour lui par la nature, aussitôt qu’il est sevré, que devient-il ?
« Voilà ce que j’hésitais depuis longtemps à dire, prévoyant bien que je révolterais par ces paroles l’opinion commune ; en effet, il est difficile de concevoir que le bonheur public et particulier tienne à cette condition.