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478. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

La commedia dell’arte en France Nous avons expliqué comment et dans quelles circonstances les Italiens réussirent à représenter des pièces dont le dialogue était abandonné à l’inspiration de chaque acteur. […] Les comiques italiens, dont la présence au milieu de si graves circonstances était un signe du temps, avaient à peine pu donner un échantillon de leur savoir-faire.

479. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Obsédé d’une idée de plus en plus impérieuse et exclusive, Jésus marchera désormais avec une sorte d’impassibilité fatale dans la voie que lui avaient tracée son étonnant génie et les circonstances extraordinaires où il vivait. […] Quant à Gadare, aujourd’hui Om-Keis, à une heure et demie du lac et du Jourdain, les circonstances locales données par Marc et Luc n’y conviennent guère.

480. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Ici, comme dans plusieurs autres circonstances de sa vie, Jésus se plia aux idées qui avaient cours de son temps, bien qu’elles ne fussent pas précisément les siennes. […] Il est naturel, du reste, que la légende se soit emparée de cette circonstance.

481. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

Ce physiologiste fait remarquer que le fœtus produit des mouvements qui ne peuvent évidemment dépendre des circonstances complexes d’où ils naissent chez l’adulte ; s’il meut ses membres, c’est donc parce qu’il peut les mouvoir. […] Le voici : c’est que cette activité spontanée est réglée par des circonstances physiques et non par le bien-être final de l’animal.

482. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Un amour sage, élevé, éclairé, est d’une autre puissance que les amours fougueux, délirants, convulsifs ; le foyer d’une passion élevée éclaire en même temps qu’il échauffe : elle mesure sa marche sur celle des circonstances qui assurent les espérances de succès. […] Elle réglait, elle déterminait la conduite qu’il aurait à lui prescrire suivant les circonstances où elle se trouvait.

483. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

Cette gradation corrélative ne peut sans doute pas être niée lorsqu’on se borne à des faits très généraux ; mais on est très embarrassé pour déterminer la circonstance précise qui assure la supériorité d’un cerveau sur un autre, de l’intelligence d’une espèce sur l’intelligence d’une autre espèce. On est d’abord conduit à penser que cette circonstance est le volume ou plutôt la masse des cerveaux7, car c’est une loi assez générale de la physiologie que la force des organes est proportionnelle à leur masse, et ainsi, par exemple, les plus gros muscles sont les plus forts.

484. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXI » pp. 87-90

Il y avait ici des circonstances aggravantes : le feuilleton de Janin était léger, inexact, hostile ; la rapidité même avec laquelle on l’a inséré (sans attendre le lundi d’habitude) était une hostilité et une désobligeance de plus ; mais un auteur a toujours mauvaise grâce à venir défendre son ouvrage critiqué et à dire : mon sonnet est fort bon.

485. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbier, Auguste (1805-1882) »

Or, une partie de la gloire d’Auguste Barbier lui vient des circonstances au milieu desquelles il jeta ses premières poésies.

486. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre premier. Du Christianisme dans l’éloquence. »

Il ne lui faut ni les cabales d’un parti, ni des émotions populaires, ni de grandes circonstances, pour briller : dans la paix la plus profonde, sur le cercueil du citoyen le plus obscur, elle trouvera ses mouvements les plus sublimes ; elle saura intéresser pour une vertu ignorée ; elle fera couler des larmes pour un homme dont on n’a jamais entendu parler.

487. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Avec quelque soin qu’on travaille un auteur ancien, il est difficile de n’en faire aucun : les usages, les allusions à des faits particuliers, les différentes acceptions des mots de la langue, et une infinité d’autres circonstances peuvent y donner lieu. […] Les différents emplois des synonymes se démêlent en général par une définition exacte de la valeur précise de chaque mot, par les différentes circonstances dans lesquelles on en fait usage, les différents genres de styles où on les applique, les différents mots auxquels ils se joignent, leur usage au sens propre, au figuré, etc. […] Dans les verbes, il faut toujours prendre l’infinitif pour la racine des dérivés, parce que l’infinitif exprime une action indéfinie, et que les autres temps désignent quelque circonstance jointe à l’action ; celle de la personne, du temps, etc., et par conséquent ajoutent une idée à celle de l’infinitif. […] Que ce soit un valet qui parle, il faudra être en garde pour employer l’expression et le tour dont il s’agit, et ne se résoudre à en faire usage qu’après s’être assuré que cette façon de parler est bonne en elle-même, indépendamment et du personnage et de la circonstance où il est. […] Dans ce discours oratoire, on se borne à louer en général les talents, l’esprit, et même, si on le juge à propos, les qualités du cœur de celui à qui l’on succède, sans entrer dans aucun détail sur les circonstances de sa vie.

488. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Leconte de Lisle était poussé dans son orbite par plusieurs circonstances diverses. […] Triste philosophie, qui ne naît pas chez le poète simplement de circonstances privées et spéciales, mais plutôt d’une conviction longuement mûrie et d’un sentiment profond ! […] La vie universelle, la vie en soi ne serait pas mauvaise, ainsi qu’il l’a affirmé ailleurs ; elle l’est devenue aujourd’hui sans doute, mais par un concours de circonstances qui ne sortent pas fatalement de ses principes essentiels. […] Costumes, mobiliers, habitations, sites historiques ou autres, chaque circonstance matérielle devait être reconstituée dans son intégrité parfaite. […] Toujours ils se contentent d’imiter ou d’accentuer, voire d’exagérer par des grossissements maladroits. « Ils ne boivent pas dans leur verre, ou bien ils n’y boivent qu’en de très rares circonstances », pourrions-nous dire en paraphrasant une métaphore célèbre.

489. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Mais, d’autre part, presque tout dépend des circonstances. […] On parle toujours des circonstances ; eh bien ! les circonstances, ce sont ces autres-là ! […] Cela dépendait des autres, des circonstances, des gens, — des autres en un mot. […] Mais ici comme là, les circonstances poussent le caractère dans une direction opposée à leur courant.

490. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Ponsard » pp. 301-305

Il a parlé de son prédécesseur en des termes que je me permettrai tout bas de trouver indulgents, mais qui étaient convenables dans la circonstance et qui n’ont semblé que justes.

491. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Avertissement de la première édition »

Je me disais comme Pline le Jeune, lorsqu’il décrit et développe les mérites de tant d’illustres amis : « At hoc pravum malignumque est non admirari hominem admiratione dignissimum, quia videre, alloqui, audire, complecti, nec laudare tantum, verum etiam amare contingit. » Je me disais cela en commençant, et les circonstances extérieures se prêtaient elles-mêmes à cette vue et y inclinaient en quelque sorte la critique, afin que celle-ci pût remplir tout son rôle à ce moment.

492. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 2. Caractère de la race. »

Race de bon sens, parce que l’intelligence, les idées la mènent, elle est inconstante et légère, parce qu’elle n’a guère de passions dont le hasard de ses raisonnements ne change l’orientation, elle paraît aventureuse et folle, quand ses déductions et ses généralisations la heurtent à l’implacable réalité des intérêts et des circonstances.

493. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XX » pp. 215-219

Il résulte de ce qui précède : i° que Saint-Simon s’est trompé sur le motif qui fit renvoyer madame de Navailles, et qu’ainsi son accusation contre madame de Montausier tombe ; 2° que la cause du renvoi de la maréchale fut une intrigue issue de main de courtisan, avec de telles circonstances, que ni le roi, ni les personnes instruites de ses motifs, ne pouvaient douter de la faute grave qui était imputée à la dame d’honneur, et qu’ainsi, madame de Montausier, en achetant sa charge, ne fit que partager le sentiment général qui la condamnait.

494. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 317-322

La modération de M. de Fontenelle, dans cette circonstance, doit servir de modele à tout Auteur raisonnable.

495. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 223-229

Personne n’a su, mieux que lui, développer les petits caracteres, faire valoir les petites circonstances, & répandre sur de petits événemens un jour riant & quelquefois instructif.

496. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 109-114

Si on trouve des hommes portés l'injustice, à la malignité ; de telles dispositions sont dans eux des vices acquis par l'éducation, les circonstances, les passions, & non des germes inséparables de la Nature humaine.

497. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Étienne Dolet, et François Floridus. » pp. 114-119

Les circonstances de sa mort donnèrent lieu à bien des superstitions.

498. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 39, en quel sens on peut dire que la nature se soit enrichie depuis Raphaël » pp. 387-392

Il faudroit connoître le monde presqu’aussi-bien que l’intelligence qui l’a créé, et qui a décidé de son arrangement, pour imaginer la perfection où la nature est capable d’arriver à la faveur d’une combinaison de hazards favorables à ses productions, et de circonstances heureuses dans leur nutrition.

499. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion » pp. 429-434

Mais dans le tableau dont je parle, Attila représente si naïvement un Scythe épouvanté, le pape Leon qui lui explique cette vision, montre une assurance si noble et un maintien si conforme à sa dignité, tous les assistans ressemblent si bien à des hommes qui se rencontreroient chacun dans la même circonstance où Raphaël a supposé ses differens personnages, les chevaux mêmes concourent si bien à l’action principale ; l’imitation est si vrai-semblable, qu’elle fait sur les spectateurs une grande partie de l’impression que l’évenement auroit pû faire sur eux.

500. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VI. Observations philologiques, qui serviront à la découverte de véritable Homère » pp. 274-277

Mais comment savoir ces particularités de l’histoire d’un homme, lorsqu’on en ignore les deux circonstances les plus importantes, le temps et le lieu ?

501. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Mais le même attrait qui intéressait les contemporains aux fautes domestiques de Louis XIV me porte, comme malgré moi, à toucher un point si délicat et à examiner par quelles circonstances l’art ni la morale dramatiques n’ont souffert de la faveur accordée à un mauvais exemple. […] Les circonstances avaient exagéré tous les caractères. […] Deux circonstances contribuèrent surtout à faire naître l’esprit de société : ce fut le mélange des classes et le commerce des femmes. […] Une circonstance propre à la comédie du dix-septième siècle en explique la durée et la popularité sans vicissitudes dans notre pays. […] La grandeur d’un tel auditeur, le prix que la religion devait mettre à l’édifier ou à l’amener au repentir, la liberté de tout dire tempérée par l’obligation de parler avec déférence et à propos, la délicatesse d’un auditoire qui pouvait assister le même jour à un sermon de Bourdaloue et à une tragédie de Racine, toutes ces circonstances portèrent à la perfection cet art de la chaire qui n’est connu que des nations chrétiennes, et dont les plus beaux modèles appartiennent à notre pays.

502. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Mais je soupçonne ici une illusion : l’attention une fois dirigée sur l’idée de l’image tactile, il est difficile que la mémoire ne complète pas l’idée générale par un exemple particulier, et cet exemple particulier est naturellement déterminé dans sa nature propre par l’image sonore actuellement présente à la conscience ; l’idée d’une image n’est autre chose qu’un groupe d’images effacées ; cette idée se précise si au groupe d’états très faibles se joint un état plus distinct du même genre, et il est à peu près impossible, en portant l’attention sur le groupe, de ne pas susciter tout spécialement à la conscience, parmi les phénomènes qui le composent, celui d’entre eux qui, à ce moment même, se trouve dans les circonstances les plus favorables à sa reproduction [ch. […] Si, dans certains cas, l’image sonore est accompagnée d’une image tactile discernable à l’observation psychologique, ce sont là des cas exceptionnels qui confirment par opposition la règle générale ; j’accorde volontiers qu’il y a de tels cas : ainsi l’image tactile accompagne visiblement l’image sonore quand nous y tenons ; elle l’accompagne, même contre notre désir, si nous portons notre attention sur son idée ; ces deux circonstances, notons-le, ne peuvent se rencontrer que chez un psychologue ; — l’image tactile reparaît encore quand notre parole intérieure s’anime et se rapproche de la parole extérieure [ch. […] Une fois qu’on a appris à s’en servir, qu’importent et la date et les circonstances de leur entrée dans l’esprit ? […] Celui-ci a la perception externe comme caractère spécifique, mais la reconnaissance n’est pas un caractère spécifique de la parole intérieure, car elle ne l’accompagne pas toujours et elle peut accompagner aussi la parole extérieure ; elle accompagne indifféremment les deux paroles dans les mêmes circonstances, et ces circonstances sont exceptionnelles. Il faut même ajouter que les circonstances qui provoquent la reconnaissance se rencontrent plus rarement pour la parole intérieure que pour la parole extérieure.

503. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Oui, oui, mon ami, ce n’est pas seulement en faisant des poésies et des pièces de théâtre que l’on est fécond ; il y a aussi une fécondité d’actions qui en maintes circonstances est la première de toutes. […] Maintenant je n’essaye pas de ces choses-là, et cependant, même dans ma vieillesse la plus avancée, je n’ai pas du tout à me plaindre de stérilité ; mais ce qui, dans mes jeunes années, me réussissait tous les jours et au milieu de n’importe quelles circonstances, ne me réussit plus maintenant que par moments et demande des conditions favorables. […] Mais, en regardant d’un œil attentif, il était impossible de ne pas apercevoir en lui une gêne semblable à celle d’une personne revenant dans une situation qui, par un concours de diverses circonstances, se trouve changée. […] Vogel, entra, s’assit auprès de nous et raconta les circonstances de la mort de la princesse, que Goethe écouta sans sortir de sa tranquillité et de son calme parfaits. […] Nous devons, suivant nos talents, nos penchants, notre situation, développer chez nous, fortifier, rendre plus générale la civilisation, former les esprits, et surtout dans les classes élevées, pour que notre nation, bien loin de rester en arrière, précède tous les autres peuples, pour que son âme ne languisse pas, mais reste toujours vive et active, pour que notre race ne tombe pas dans l’abattement et dans le découragement, et soit capable de toutes les grandes actions quand brillera le jour de la gloire. — Mais, pour le moment, il ne s’agit ni de l’avenir, ni de nos vœux, ni de nos espérances, ni de notre foi, ni des destinées réservées à notre patrie ; nous parlons du présent, et des circonstances au milieu desquelles paraît votre journal.

504. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Peu éloignée du temps où des héros qui ne savaient pas lire gagnaient des batailles et subjuguaient des provinces, elle ne connaissait encore d’autre gloire que celle des armes ; et c’est ici une de ces circonstances peu fréquentes dans notre histoire, où la paresse et le préjugé l’ont emporté sur le désir de faire sa cour au monarque. […] Comme dans des circonstances pareilles et avec des intérêts semblables, les hommes voient à peu près les mêmes choses, je ne doute pas que plusieurs gens de lettres n’aient fait les mêmes observations que moi ; tant pis même pour ceux à qui elles seront nouvelles : mais la plupart d’entre eux ne peuvent faire part aux autres de ces observations, parce qu’ils sont en quelque sorte établis dans le pays où je n’ai fait que passer, et qu’il faut être de retour chez soi pour parler à son aise des nations qu’on a parcourues ; je souhaite que mes réflexions puissent être de quelque secours à ceux qui me suivront dans la même carrière ; et quand je ne me proposerais pas un but si raisonnable, je serais du moins semblable à la plupart des voyageurs, assez rassasiés de leurs courses pour n’avoir nulle envie de les recommencer, mais en même temps assez pleins de ce qu’ils ont vu pour vouloir en entretenir les autres. […] Un homme de lettres forcé par des circonstances singulières à passer ses jours auprès d’un ministre, disait de lui avec beaucoup de vérité et de finesse : il veut se familiariser avec moi, mais je le repousse avec le respect. […] Il y a bien de l’apparence que ce sont des circonstances pareilles qui ont corrompu sans retour la langue du siècle d’Auguste. […] Il n’est pas absolument sans exemple de voir ces despotes de la littérature, célébrés par les étrangers et par les Français, survivre, pour la frayeur de leurs semblables, à leur réputation littéraire, lorsqu’ils cessent, par le changement des circonstances, de pouvoir faire ni bien ni mal.

505. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Parce qu’ils n’étaient rien, à part les circonstances, ils se sont trouvés valoir quatre fois plus que s’ils avaient été, et Cassagnac l’a prouvé avec la plus magnifique évidence. […] Heureusement, les circonstances arrachèrent Cassagnac au danger que l’audace de son esprit faisait courir à son esprit. […] Affaire de temps et de circonstances ! […] Elle se souviendra qu’il fut toute sa vie un fort journaliste, comme un jour il fut un fort orateur, et comme il aurait été un fort homme d’État, si les circonstances avaient eu l’esprit d’en faire un ministre ; mais les circonstances sont si bêtes !

506. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

résultent bien moins encore de la tournure de son esprit que des circonstances extraordinaires avec lesquelles il s’est trouvé aux prises pendant sa vie. […] Dans la vie d’un homme, il y a toujours des circonstances décisives qui l’enlèvent à la génération dont il procède pour le placer au milieu de celle dont il fait partie. […] Une circonstance fort simple en elle-même devint un événement de la plus haute importance pour lui. […] Tant de circonstances et de sentiments nouveaux, bizarres et contradictoires, ne pouvaient manquer de faire une profonde impression sur l’imagination du jeune Étienne. […] Cette circonstance força David et Alexandre de comparaître au tribunal comme témoins à décharge pour Topino, qui, en effet, avait réclamé et reçu une portion des billets.

507. (1883) Le roman naturaliste

Si quelques circonstances ont tourné l’attention vers les gens de théâtre, M.  […] S’il y a des écrivains inférieurs à la réputation que les circonstances leur ont faite, on ne laisse pas aussi d’avoir vu quelquefois des esprits supérieurs à leurs œuvres. […] Vainement elle essaie de se retenir sur la pente ; le désir est trop fort, les circonstances trop puissantes, le milieu dans lequel elle s’agite plus disproportionné que jamais à la violence de ses rêves. […] C’est par son fait, notez-le bien, et non pas du tout par le fait des circonstances. Les circonstances ne modifient pas notre nature ; elles la dégagent de son indétermination primitive et nous la révèlent à nous-mêmes.

508. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Il ne composa qu’après coup ce quatrième livre, dans lequel il sut combiner les sentiments vrais qu’il retrouvait au dedans de lui avec quelques circonstances peut-être fictives ou du moins antérieures176. […] Voilà ce qu’il faut dire pour rester juste envers Parny ; mais les circonstances n’en furent pas moins pour lui un malheur irréparable. […] Les amis, du reste, ne cherchaient point à dissimuler les défauts de cette œuvre de circonstance, et les ennemis commençaient à dire que M. de Parny, qui avait si bien chanté les amours, avait un talent moins décidé pour chanter les guerres 189. […] Sa mort, au milieu des graves circonstances publiques, excita de sensibles, d’unanimes regrets, et rassembla, un moment, tous les éloges.

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