La Philosophie qui s’entend au ménage choisirait mieux.
Caro, l’auteur de l’Idée de Dieu, aurait dû comprendre, si, en vivant avec les philosophes, son spiritualisme ne s’était pas essuyé des dernières lueurs du Christianisme qui l’éclairait encore… Or, entre tous, il a choisi, parmi ceux qui concentrent et qui résument la haine et le mépris d’une vie réputée inexplicablement douloureuse, le poète Leopardi, auquel il donne l’importance exagérée d’un talent qu’il n’eut jamais, et il le dresse à côté de Schopenhauer et de Hartmann comme étant le poète de l’idée dont ils sont les métaphysiciens.
Pieux dès qu’il respira et comme il respirait, élevé par son oncle, un pauvre curé de campagne, qui lui apprit assez de latin pour entendre le bréviaire, Benoît-Joseph, dès qu’il fut en âge de choisir sa fonction parmi les hommes, sentit tressaillir en lui la vocation religieuse, qui y tressaillit longtemps, mais sans l’éclairer.
Elle est en péril avec l’inspiration que le poète a choisie ou subie, mais qui ne lui est pas venue — comme l’inspiration doit venir — de son propre fond.
Quand il écrivit ses Mémoires de Mathilde, ce fut à la reprise dans l’opinion du grand livre des Liaisons dangereuses, et partout il fut écrasé par les modèles qu’il avait choisis.
Qu’ils la ménagent et la choisissent.
Pour mieux montrer l’abjection de la Bohême littéraire, nous choisirons son plus beau cadavre.
si je dois vivre, si les jours de Démosthène doivent être conservés, que mes conservateurs soient mon pays, les flottes que j’ai armées à mes dépens, les fortifications que j’ai élevées, l’or que j’ai fourni à mes concitoyens, leur liberté que j’ai défendue, leurs lois que j’ai rétablies, le génie sacré de nos législateurs, les vertus de nos ancêtres, l’amour de mes concitoyens qui m’ont couronné plus d’une fois, la Grèce entière que j’ai vengée jusqu’à mon dernier soupir ; voilà quels doivent être mes défenseurs ; et si, dans ma vieillesse, je suis condamné à traîner une vie importune aux dépens des autres, que ce soit aux dépens des prisonniers que j’ai rachetés, des pères à qui j’ai payé la dot de leurs filles, des citoyens indigents dont j’ai acquitté les dettes ; ce n’est qu’à ceux-là que Démosthène veut devoir : s’ils ne peuvent rien pour moi, je choisis la mort ; cesse donc de me séduire, etc. » J’aime ensuite à voir la pitié de dédain avec laquelle il regarde le courtisan qui le croyait sans défense, parce qu’il n’avait autour de lui ni armes, ni soldats, ni remparts, comme si le courage n’était pas la défense la plus sûre pour un grand homme.
Il s’agissait d’aller à la cave, choisir le vin ; la bonne prenait un porte-bouteilles en osier et une grosse clé, et nous descendions tous les trois. […] Et il choisissait, dans différents coins, des bouteilles poudreuses, dont le panier s’emplissait. […] Pendant la saison des fruits, je choisissais un abricotier des vergers, où j’avais, au moins, de quoi m’occuper. […] Je n’avais pas choisi sans réflexion, ce titre me semblait devoir annoncer l’histoire de deux diablotins, l’un rouge et l’autre noir, et cela promettait d’être amusant. […] C’était elle qui le choisissait.
J’ai choisi ces noms entre des centaines. […] Qu’ils gouvernent et choisissent mal, qu’importe. […] Il y a intérêt aussi à ce que ces maîtres aient choisi cette tâche désintéressée et ingrate, par vocation et non par carrière. […] Je choisis, à dessein cette fois, des livres rangés par l’auteur dans des groupes parallèles. […] Cette Allemagne d’avant l’hégémonie prussienne était à la fois la terre choisie de l’esprit critique et celle des légendes.
Il est juste de dire que le moment n’était pas très-bien choisi, et qu’il aurait dû ajouter que tous les peuples étalent naïvement le même défaut sur leurs théâtres et dans leurs musées. […] C’est dans ce genre surtout qu’il faut choisir avec sévérité ; car la fantaisie est d’autant plus dangereuse qu’elle est plus facile et plus ouverte ; dangereuse comme la poésie en prose, comme le roman, elle ressemble à l’amour qu’inspire une prostituée et qui tombe bien vite dans la puérilité ou dans la bassesse ; dangereuse comme toute liberté absolue. […] Fromentin a réussi comme écrivain et comme artiste, et ses œuvres écrites ou peintes sont si charmantes que s’il était permis d’abattre et de couper l’une des tiges pour donner à l’autre plus de solidité, plus de robur, il serait vraiment bien difficile de choisir. […] Si défectueuse et même injuste que soit cette expression, je la choisis comme rendant approximativement la raison qui empêche ce savant artiste d’éblouir et d’étonner. […] Cherchons une explication moins ambitieuse, et croyons simplement qu’ayant entendu répéter fréquemment qu’il fallait copier fidèlement le modèle, et n’étant pas doué de la clairvoyance nécessaire pour en choisir un beau, il a copié le plus laid de tous avec une parfaite dévotion.
Mais, ce chemin, Krogstad ne l’a pas choisi. […] J’en suis réduit à l’églogue de Ruth, qui se trouve à la suite du « théâtre choisi » que j’ai eu soin d’apporter avec moi. […] Dumas) vous parler de l’Ami des femmes ou de la Visite de noces ; mais je ne choisis pas mes sujets. […] Il est tout à fait surprenant qu’un homme de son monde choisisse le jour de son mariage pour se griser comme un roulier. […] Mais pourquoi choisit-il un chemin si long ?
Jamais il n’a froissé personne, et personne ne sait mieux que lui choisir ses relations au bon coin. […] Il est de la forte race de ces écrivains qui ont choisi la littérature, non point comme un passe-temps dont on s’amuse, non point comme une profession dont on vit, mais comme une vocation d’instinct vers laquelle leur esprit les a portés par une irrésistible et naturelle pente. […] Caro venait chaque année, durant les six mois de belle saison, heureux de retrouver, en ce paysage choisi, la solitude et le silence. […] Elle choisit seulement les hommes qui sont faits à son image. […] Je m’adressai à des personnes que je pris le soin de choisir différentes de classe, de mœurs, d’éducation, de parti politique et dont la réunion correspondait assez à l’idée, très vague d’ailleurs, que l’on se fait de cette chimère : l’opinion publique.
Je ne le choisis pas spécialement, je le prends au hasard, car tous ont ce caractère d’indicible et épouvantante horreur. […] Ce qui importe, c’est que, à la faveur de ces tropes si honnêtement choisis, il soit bien avéré que je ne suis qu’un insulteur public ; que, si je maltraite quelqu’un, ce quelqu’un est toujours, de ce fait, un homme d’étonnant génie, et qu’il n’est qu’un va-nu-pieds notoire et scandaleux celui que j’admire et que j’aime. […] Il est vrai que ces livres sont des livres choisis, et que leurs auteurs me sont des amis, amis de mon amitié, et amis de mon esprit. […] Il était le lien entre des amitiés soigneusement choisies qu’il aimait à réunir autour de lui. […] Il choisit l’aventure, et l’aventure ici, ce n’est pas autre chose que la conquête de la vie.
Lavisse qui fut consulté lorsqu’il s’agit de choisir un précepteur au prince impérial en remplacement de M. […] Il eut sur un cercle choisi une influence réelle. […] et le moment est bien choisi pour être timide ! […] Le prédicateur, dans la chaire, traite le sujet qu’il a choisi. […] Ce qui est incontestable, c’est que partout où ils passent, — et ils choisissent les milieux les plus hostiles, — les missionnaires créent en faveur de la religion un mouvement de sympathie ou, à tout le moins, de curiosité.
Molière est un de ces illustres témoins : bien qu’il n’ait pleinement embrassé que le côté comique, les discordances de l’homme, vices, laideurs ou travers, et que le côté pathétique n’ait été qu’à peine entamé par lui et comme un rapide accessoire, il ne le cède à personne parmi les plus complets, tant il a excellé dans son genre et y est allé en tous sens depuis la plus libre fantaisie jusqu’à l’observation la plus grave, tant il a occupé en roi toutes les régions du monde qu’il s’est choisi, et qui est la moitié de l’homme, la moitié la plus fréquente et la plus activement en jeu dans la société. […] Cette tragi-comédie achevée avec applaudissement, Molière, qui aimait à parler comme orateur de la troupe (grex), et qui en cette occasion décisive ne pouvait céder ce rôle à nul autre, s’avança vers la rampe, et, après avoir « remercié Sa Majesté en des termes très-modestes de la bonté qu’elle avait eue d’excuser ses défauts et ceux de sa troupe, qui n’avoit paru qu’en tremblant devant une assemblée si auguste, il lui dit que l’envie qu’ils avoient eue d’avoir l’honneur de divertir le plus grand roi du monde leur avoit fait oublier que Sa Majesté avoit à son service d’excellents originaux, dont ils n’étoient que de très-foibles copies ; mais que, puisqu’elle avoit bien voulu souffrir leurs manières de campagne, il la supplioit très-humblement d’avoir agréable qu’il lui donnât un de ces petits divertissements qui lui avoient acquis quelque réputation et dont il régaloit les provinces. » Ce fut le Docteur amoureux qu’il choisit. […] » A ce cri, qu’il devinait bien être celui du vrai public et de la gloire, à cet universel et sonore applaudissement, Molière sentit, comme le dit Segrais, s’enfler son courage, et il laissa échapper ce mot de noble orgueil, qui marque chez lui l’entrée de la grande carrière : « Je n’ai plus que faire d’étudier Plaute et Térence et d’éplucher les fragments de Ménandre ; je n’ai qu’à étudier le monde. » — Oui, Molière ; le monde s’ouvre à vous, vous vous l’avez découvert et il est vôtre ; vous n’avez désormais qu’à y choisir vos peintures. […] J’ai cherché à soutenir ailleurs que chaque esprit sensible, délicat et attentif, peut faire avec soi-même, et moyennant le souvenir choisi et réfléchi de ses propres situations, un bon roman, mais un seul ; j’en dirai presque autant du drame.
La tirade est peut-être ce qu’il y a de plus antiromantique dans le système de Racine ; et s’il fallait absolument choisir, j’aimerais encore mieux voir conserver les deux unités que la tirade. […] Comparez les événements de la comédie intitulée Lanfranc ou le Poète à la fable du même sujet traité par la muse classique ; car dès le premier mot, vous avez deviné que ce n’est pas sans dessein que j’ai choisi le principal caractère d’une des comédies classiques les plus renommées : comparez, dis-je, les actions de Lanfranc à celles du Damis de la Métromanie. […] Figurez-vous un beau matin que tous les censeurs sont morts, et qu’il n’y a plus de censure, mais en revanche quatre ou cinq théâtres à Paris, maîtres de jouer tout ce qui leur vient à la tête, sauf à répondre des choses condamnables, des indécences, etc., etc., devant un jury choisi par le hasard 21. […] Que dirait le public, sectaire ou non, si on l’invitait à choisir, sous le rapport de l’esprit et du talent, entre : M.
Dès qu’ils furent sortis de la barbarie, qu’ils cessèrent d’être errans & pauvres, & qu’ils purent jouir de leurs conquêtes, ils cherchèrent les moyens de respirer en paix sous l’heureux climat qu’ils avoient choisi. […] Le Poëte alors choisit un langage moins vulgaire pour s’exprimer, & ce langage imparfait & grossier s’épure & s’adoucit insensiblement, sur-tout quand c’est un homme de génie qui l’emploie. […] Quels sujets pouvoit-on choisir, pour amuser l’oisiveté des Grands, & délasser le Peuple de ses travaux ? […] Un Roi jeune & victorieux, une Cour brillante, qui ne respiroit que la gloire & la galanterie, où l’on ne songeoit qu’à plaire, où du sein des plaisirs on voloit à la victoire, frappèrent les premiers regards de Racine ; ainsi, lorsqu’il choisit l’amour pour être l’ame de ses Tragédies, il suivoit à la fois le goût qui dominoit alors, & le penchant de son cœur.
41 » Il repousse cette conséquence, pourtant inévitable, de son système, que l’esprit serait l’esclave de la mémoire verbale ; celle-ci « offre ses expressions », mais « l’esprit les demande, les cherche, la raison les examine… ; l’esprit fait plus : il les crée lorsque la mémoire… ne lui en présente que d’insuffisantes… ; la mémoire n’est qu’un dictionnaire à l’usage de l’esprit…, un dépôt d’expressions où chaque esprit choisit celles qui peuvent le mieux rendre sa pensée » ; c’est pourquoi « chaque écrivain a son style, expression de son esprit »42. […] En effet, réfléchir, méditer, penser, c’est « diriger nos souvenirs, choisir parmi nos idées…, les analyser, les combiner, les enchaîner, les déduire les unes des autres », c’est abstraire, généraliser, classer, raisonner ; « rien de tout cela ne peut se faire qu’au moyen de la parole », qui, d’ordinaire, en pareil cas, reste intérieure. « Réfléchir, méditer, penser, c’est donc se parler à soi-même… Toutes les opérations par lesquelles l’intelligence se forme et se développe » sont faites au moyen de la parole intérieure. « C’est par la parole extérieure que nous rendons compte de nos idées à nos semblables, et c’est par la parole intérieure que nous nous en rendons compte à nous-mêmes. » Le silence et la solitude sont favorables à ce « colloque mystérieux, dans lequel l’homme, auditeur et orateur en même temps, parle, écoute, entend, disserte, discute et prononce tout à la fois… C’est elle qui établit, qui confirme et conserve en nous les connaissances que nos semblables nous donnent au moyen de la parole extérieure. […] Choisissons un exemple plus simple encore : qui peut se représenter une couleur d’une manière aussi distincte que lorsqu’elle est sons les yeux ? […] L’effort mental par lequel nous dirigeons et choisissons nos idées et nos expressions laisse après lui, s’il est persistant et répété, des habitudes ; si cet effort est méthodiquement réglé par un esprit bien fait, la parole intérieure se forme à l’exactitude et aux autres qualités d’un bon langage, et surtout elle devient souple, propre à exprimer toutes les idées, anciennes ou nouvelles, qui nous viendront à l’esprit [ch.
J’ai étudié l’œuvre de Han Ryner dans un ordre choisi par moi-même, plus instructif que la chronologie des labeurs. […] Il a donc choisi un rite puisqu’en matière de rites, il faut choisir. […] Au début des années vingt (ca 1922), Figuière publie en effet des Pensées choisies de Brulat dans la collection des « Petits livres du chevet ».
Il a fait voir ; d’autres ont choisi.
Souvent des revers et toujours du malheur au dedans de soi ; mais l’esprit vraiment remarquable, mais une intelligence éclairée, c’est l’homme qui choisit le bien et sait le faire, pour qui la vérité est une puissance de gouvernement, et la générosité un moyen de force.
Jules Renard est assez original de regard et d’écriture pour choisir presque au hasard.
La confusion qu’on en a faite a contribué à jeter une sorte de défaveur sur les branches les plus importantes de la science, sur celles-là même qui, à cause de leur importance, ont mérité d’être choisies pour servir de bases aux études classiques.
Goethe choisit, pour titre de ses Mémoires, Vérité et Poésie, montrant par là qu’on ne saurait faire sa propre biographie de la même manière qu’on fait celle des autres.
J’aurai mal choisi mon exemple, mais les principes de ma poétique n’en seront pas moins vrais ; ce ne sera pas sur la Discorde d’Homère, mais sur la mienne que j’aurai donné la préférence à l’Amphitrite d’Ovide.
Si l’on veut estimer la « valeur d’art », il ne suffit point de noter la qualité ou la quantité des émotions accessoires que suscite l’œuvre, et il ne s’agit pas seulement de savoir si elle provoque en nous un sentiment de vive sympathie ou d’ardent patriotisme ; il faut étudier la langue même de l’émotion, le rapport choisi entre les perceptions qui en sont l’instrument, la « mise en œuvre ».
Il ne la choisit point.
Louis XVI et sa cour37 I Par un hasard qu’il a certainement le droit d’appeler heureux, Amédée Renée eut, dit-il, l’honneur inespéré d’être choisi pour finir, par un dernier volume, cette histoire de Sismondi que son auteur devait conduire jusqu’à la Révolution française, quand, arrivé au règne de Louis XVI, il fut emporté par la mort.
de quitter la route qu’on a choisie pour les exposer à l’intérêt public.
Les quinze années qu’il a choisies pour en raconter et en pénétrer les événements sont les dernières années du règne de Louis XIV.