Comme comédienne, elle appartient à vingt auteurs et à dix mille spectateurs ; comme femme, elle appartient à tous. Elle ne s’appartient jamais à elle-même. On ne s’appartient à soi-même que quand on appartient à un seul. […] Mais quand on fait un roman de poète, il faut supprimer le milieu, comme nous disons dans notre mauvaise langue ; car le milieu, c’est-à-dire les personnages secondaires qui font le fond du tableau, c’est la réalité ; et ils ne peuvent appartenir qu’à la réalité.
Ce village avait jadis appartenu à un monastère, et son église possédait une petite image miraculeuse, à l’influence de laquelle les habitants attribuaient leur bonne fortune d’être restés libres, au beau milieu des possessions d’un puissant seigneur. […] Admirateur passionné de Bach et de Hændel, artiste dans l’âme, doué de cette vivacité d’imagination et de cette hardiesse de pensée qui n’appartiennent qu’à la race germanique, Lemm aurait pu, — qui sait ?
Lorsqu’il y a une dizaine d’années j’écrivais dans cette Revue même sur Mme de Staël, j’avais rencontré en chemin ces trois extraits anonymes, et j’avais dû en rechercher curieusement l’auteur, car ils expriment des opinions et décèlent des résultats qui ne pouvaient alors appartenir qu’à très-peu d’esprits en France. […] Mais Fauriel, dans une suite de questions très-fermement posées, lui demandait : « Les dogmes extravagants, les fables ridicules n’appartiennent-ils pas à l’esprit plus qu’à la forme d’une religion, ou du moins ne peuvent-ils pas agir sur cet esprit et le corrompre sans le secours d’aucune forme extérieure ; et dès lors n’y a-t-il pas lieu à réformation dans un cas inverse à celui admis exclusivement par l’auteur ? […] — La peinture du Dieu de l’Hiver, dont Baggesen place le trône au-dessus de tous les glaciers des Alpes, offre aussi de ces traits de vigueur austère qui n’appartiennent qu’aux poëtes supérieurs.
De tels événements appartiennent à toute une époque. […] Je lui reprocherais d’avoir porté sur un mal réel, dont il n’appartiendrait pas à un esprit vulgaire d’éprouver l’alarme, un diagnostic faux. […] Il faut compter aussi l’influence de son temps, les sentiments, les goûts, les tendances de toutes sortes qui distinguent la génération à laquelle il appartient.
Au contraire même : à partir du xviie siècle, en France, presque tous nos grands hommes de lettres appartiennent à cette classe. […] J’espère que, à la fin de mon livre, tel petit fait social, entre les personnes qui, dans le premier volume, appartiennent à des mondes bien différents, indiquera que du temps a passé… « Puis, comme dans une ville qui, pendant que le train suit sa voie contournée, nous apparaît tantôt à notre droite, tantôt à notre gauche, les divers aspects qu’un même personnage aura pris aux yeux d’un autre, au point qu’il aura été comme des personnages différents, donneront — mais par cela seulement — la sensation du temps écoulé. […] Fierté d’appartenir à une religion qui permet, qui ordonne même de « choisir sa voie ». […] D’aspect viril, sans grâce, sans beauté, la Bonifas, qui naquit et vécut dans une petite ville de province, sent ses désirs irrésistiblement portés vers le sexe auquel elle appartient par une erreur de la nature.
On l’ensevelit, comme elle l’avait désiré, selon le rit de l’Église réformée à laquelle appartient son mari, et dont les cérémonies funèbres ne contrarient pas cette croyance simple qu’elle avait.
Ce costume est à peu de chose près celui que portent les hommes arabes ; mais, par sa richesse, il n’aurait pu appartenir qu’au chef d’une tribu.
Le 28 juillet 1568, l’auguste captive, malgré ses énergiques protestations, fut conduite dans le comté d’York, au château de Bolton, qui appartenait à lord Scrope, beau-frère du duc de Norfolk.
Le jansénisme et Port-Royal Le jansénisme appartient à peu près exclusivement à la France et aux Pays-Bas catholiques.
Le privilège de jouer les moralités appartenait exclusivement aux Clercs de la basoche 30.
Elle lui rappelle « qu’il est maudit … qu’il lui appartient de par tous les pouvoirs des anathèmes éternels … qu’il n’avait que faire de songer à un monde qui le répudierait avec horreur s’il pouvait y rentrer à jamais !
Marc demeure sans partage à cet Auteur, & que la louange donnée à la Fête de Flore & à Adele de Ponthieu, appartient toute entiere à l'Auteur de ces deux agréables Productions.
Mais elle retient de force le petit bien-aimé, le couronne de fleurs, et fait de lui toutes ses joies. » — Zeus, pris pour arbitre, décida qu’Adonis appartiendrait quatre mois à Cypris, quatre mois à Perséphone, et quatre mois à lui-même.
Au premier abord, en effet, le père Poirier semble appartenir au règne végétal de la bourgeoisie lucrative : il a gagné quatre millions à vendre du drap, et il est resté Poirier comme devant.
. ; mais… et je suis venu pour cela, c’était pour moi un devoir de vous le déclarer… je ne peux pas voter pour vous… j’appartiens à l’Internationale… je dois même travailler contre vous. » Et le cul-de-jatte de l’Internationale se remet à pleurer, et sa douleur était sincèrement déchirante.
Il parle de ce ton de force & de véhémence qu’il n’appartient qu’aux gens persuadés d’avoir.
Il y a tout un côté dans la science par où elle agit profondément sur le sentiment et sur l’imagination, et c’est par ce côté qu’elle appartient à la poésie.
L’autre méthode est plus simple et plus humble : elle appartient au critique.
Et comme le système de répartition de la richesse — conception d’ordre économique — est basé sur l’argent, c’est à la puissance d’argent qu’appartiennent les biens de ce monde.
. — Terme d’anatomie : qui appartient au bassin, l.
C’est ce génie qui, de nature, nous appartient à nous autres, chrétiens, gens du passe, intelligences historiques, et qui en nous trahissant s’est encore plus trahi que nous ; c’est cette imagination heureusement indomptable, quoiqu’on lui ait mis des caparaçons bien étranges et des caveçons presque honteux, qui n’a pas voulu rester ce que Dieu l’avait faite pour sa gloire et la sienne, et qui s’est transformée en contemptrice aveugle de ce passé qui lui donne son talent encore, lorsqu’elle le peint en le ravalant !
Mais cette activité appartiendrait réellement à l’âme plutôt qu’au corps.
Saint-Preux, au cours d’une conversation, a dit tristement à Julie : « Madame, vous êtes épouse et mère, ce sont des plaisirs qu’il vous appartient de connaître. » Aussitôt, continue-t-il, M. de Wolmar, me prenant par la main, me dit en la serrant : Vous avez des amis ; ces amis ont des enfants ; comment l’affection paternelle vous serait-elle étrangère ? […] Et il est bien vrai que Rousseau a mis sa marque éloquente sur ces préceptes connus : mais, il reste, ici encore, que ce qui est bon lui appartient peu, et que ce qui lui appartient paraît d’une absurdité insolente. Ce qui lui appartient, c’est l’idée antinaturelle d’une prétendue éducation selon la nature, qui exigerait la dépossession des parents et le sacrifice total de la vie du maître à un seul élève ; et c’est l’idée d’une éducation qui, si elle était réalisable, empêcherait chaque génération de profiter du labeur et de la pensée des morts. […] Il y a, dit-il, une profession de foi purement civile, dont il appartient au souverain (au peuple souverain) de fixer les articles, non pas précisément comme dogmes de la religion, mais comme sentiments de sociabilité sans lesquels il est impossible d’être bon citoyen ni sujet fidèle.
Relativement à nous, les hommes de cette époque nous semblent parfois, et dans une certaine mesure, manquer d’une certaine nuance, très appréciée de nos jours, de naïveté et d’abandon ; mais relativement à ceux qui les précèdent, c’est chose reconnue de tous, à quelque famille littéraire qu’on appartienne, que la réforme de Boileau et de ses amis a été une revanche un peu dure du naturel sur le romanesque, de l’observation sur la fantaisie et de la psychologie sur la rhétorique. […] Commencez par avoir du talent, et après, venez causer avec moi : tout ce que je ferai sera peut-être de vous signaler quelques écueils. » Cette utilité toute négative des règles, Molière la définissait admirablement quand il disait : « Ce ne sont que quelques observations que le bon sens a faites sur ce qui peut ôter le plaisir qu’on prend à ces poèmes. » Mais, quant à inspirer du talent à qui que ce soit, jamais règle ou théorie n’y a réussi. — Eh bien, ce que je veux qu’un théoricien ajoute, après m’avoir exposé ses idées, Boileau l’a dit avant même d’exposer les siennes, tout au début de sa Poétique, pour que nul ne s’y pût méprendre : « C’est en vain qu’au Parnasse… » ou comme il l’a dit en prose : « La première règle, c’est d’avoir du génie. » Une autre observation essentielle, chez un théoricien littéraire, est de reconnaître que, si large que puisse être une poétique, il appartient au génie de la franchir, à ses risques et périls, quand il se sent mené par le Dieu. […] Pour serrer les choses de plus près, le grand écrivain classique est un homme qui représente, non pas le caractère tout entier de la race à laquelle il appartient, c’est chose impossible ; non pas aussi, comme tout à l’heure, un des défauts de la nation dont il est, poussé à un degré extraordinaire ; mais une des qualités de cette nation élevée à une hauteur, amenée à une grandeur inaccoutumées. […] Un Dieu démontré est quelque chose que l’on vient de trouver au bout d’une méditation ou d’un raisonnement, et c’est donc quelque chose qui vous appartient comme la page que vous venez d’écrire ou un objet d’art que vous venez de fabriquer. […] Les exordes appartiennent tous à une littérature éminemment impersonnelle.
On peut se demander, pour nous borner à la France, si l’avenir appartient chez nous aux coreligionnaires de l’auteur de la Vie de Jésus, je veux dire à ceux qui reconnaissent sous tous les symboles l’aperception, inégale mais légitime, d’un Idéal indéfinissable, ou bien si la maxime odieuse : « Le cléricalisme, voilà l’ennemi », continuera de dominer les libres penseurs, j’entends ceux qui se disent tels. […] « Cosmique, dit le dictionnaire, qui appartient à l’ensemble de l’univers. » Cette simple définition grammaticale marque avec une extrême netteté ce qu’il faut entendre par la formule un peu inusitée que je viens d’appliquer à Renan. […] Taine appartient à une école qui professe trop nettement le culte des faits accomplis pour ne pas juger comme vains tous les efforts que pourraient tenter vers le passé les apôtres de la réaction. […] Si l’on s’en rapporte aux dates, l’énigmatique personnage qui signa du pseudonyme de Stendhal deux des chefs-d’œuvre du roman français, et se fit appeler Arrigo Beyle, Milanese, sur la pierre de son tombeau, appartient à une génération bien éloignée de la nôtre.
Cet effort ne peut aboutir à créer de l’énergie, ou, s’il en crée, la quantité créée n’appartient pas à l’ordre de grandeur sur lequel ont prise nos sens et nos instruments de mesure, notre expérience et notre science. […] Les éléments d’une tendance ne sont pas comparables, en effet, à des objets juxtaposés dans l’espace et exclusifs les uns des autres, mais plutôt à des états psychologiques, dont chacun, quoiqu’il soit d’abord lui-même, participe cependant des autres et renferme ainsi virtuellement toute la personnalité à laquelle il appartient.
Enfin le vice n’appartient à la comédie, qu’autant qu’il est ridicule & méprisable. […] Il n’est aucun genre de narration où le discours direct ne soit en usage, & il y répand une grace & une force qui n’appartiennent qu’à lui. […] C’est encore un des priviléges de l’amour, de pouvoir être humble & suppliant lans bassesse : mais ce n’est qu’à lui qu’il appartient de flater la main qui le frappe. […] La prospérité n’a point de gloire qui lui appartienne ; elle usurpe celle des talens & des vertus, dont on suppose qu’elle est la compagne : elle en est bien-tôt dépouillée, si l’on s’apperçoit que ce n’est qu’un larcin ; & pour l’en convaincre, il suffit d’un revers, eripitur persona, manet res. […] Voyez un roi qui par les liens de la confiance & de l’amour unit toutes les parties de son etat, en fait un corps dont il est l’ame, encourage la population & l’industrie, fait fleurir l’Agriculture & le Commerce ; excite, aiguillonne les Arts, rend les talens actifs & les vertus secondes : ce roi, sans coûter une larme à ses sujets, une goutte de sang à la terre, accumule au sein du repos un thrésor immense de gloire, & la moisson en appartient à la main qui l’a semée.
Il doit être las de tout ce qu’on lui jette dans ces journaux, où chaque fleur de rhétorique cache un piège tendu à sa crédulité, où chaque colonne masque une escopette braquée sur son porte-monnaie, où chaque ligne porte un appât offert à ses appétits d’éternel goujon ; où tout appartient au plus offrant et sert au plus coquin, où se bousculent, du haut en bas de l’échelle sociale, les convoitises malsaines et les intérêts véreux. […] En attendant, le conte lui appartient, le conte est sa propriété exclusive, et cette propriété en vaut une autre, quand on la sait cultiver. […] Rodin lui appartenait ; il lui appartenait à lui seul.
L’honnête et chétif Senancour, auteur du morne Obermann, vous apparaîtra, agité dans l’épuisement, sensible dans la langueur, méditant un ouvrage sur le Monde primitif, et bégayant des paroles insipides : — Si au moins il appartenait à ma destinée de ramener à des mœurs primordiales une contrée circonscrite et isolée ! […] Alfred de Musset, je l’accorde, a mérité plus d’une fois l’admiration du vulgaire ; mais lorsqu’on relit ses stances À la Malibran, quelques passages de ses Nuits ou la sublime plainte du Souvenir, on se dit que la troisième place lui appartient. […] Et pour la première fois, il me semble, donnez à penser qu’appartient séculairement et comme son patrimoine libre de toute daté et de tout lieu, à la corporation des poètes, un langage à eux propre, et perpétuel. […] Avez-vous remarqué ce passage de la première lettre : qu’appartient séculairement et comme son patrimoine libre de toute date et de tout lieu, à la corporation des poètes, un langage à eux propre et perpétuel ?
Les paysages où ont lieu ces aventures surprenantes semblent appartenir à une autre planète que la nôtre. […] Elle lutte, aujourd’hui, contre l’idée étatiste qui tend à détruire l’esprit d’initiative en subordonnant les individus à cette fiction : la Loi. — Il appartient aux Indépendants, à ceux qui ne veulent être ni d’une école, ni d’un parti, ni d’un cénacle, de la maintenir intégrale, d’indiquer les corollaires qu’elle comporte et d’en poursuivre la réalisation pratique. […] Mais pour en venir à cette conception que tout appartient à tous, il serait nécessaire de combler l’abîme qui sépare les intellectuels des prolétaires.
Elle affecte parfois d’appartenir jusque dans le costume, à l’autre partie de l’humanité dont elle assume souventes fois les courantes idées. […] Raynaud, la place vous appartient large et belle dans cette enchanteresse forêt des Ardennes. […] Tout dernièrement j’ai visité Nancy et Lunéville, et fus touché de l’accueil si chaleureux de mes compatriotes ; car j’appartiens à cette région ; je naquis à Metz, et c’est ici, il Londres, en 1872, que j’optai pour la nationalité française.