Laide d’abord, belle ensuite, elle est l’attirante… Et c’est ainsi que Magnus, l’homme — la Beauté, la Perfection, la Vie — tombe à ses pieds, tranché par son coup de faulx, après avoir donné tous les baisers d’amour à sa vierge aimée, à Divine, pâle fleur de lis qui meurt, elle aussi, peut-être parce qu’elle ressemblait trop à l’Aurore ! […] Entrée de la Dame dans le palais de Magnus, la Mort de Magnus ; Beautés poignantes, Scènes d’angoisse et d’amour, qui vous ravissent et vous bouleversent, hurlantes d’humanités !
Car même elle entre dans l’amour. […] L’amour, dans des mœurs simples, n’est composé que de lui-même, ne peut être payé que par lui, s’offense de ce qui n’est pas lui ; mais dans des mœurs raffinées, c’est-à-dire, corrompues, ce sentiment laisse entrer dans sa composition une foule d’accessoires qui lui sont étrangers.
J’ai parlé déjà de cette haine instinctive du style et de la couleur, qui est si caractéristique dans Buloz ; mais son amour de la platitude est encore plus fort que cette haine. […] On y parlait, au début, de Platon et des siens, et le pauvre rédacteur, épris d’antiquité, disait élégamment : « Lorsque les brises de la mer Égée parfumaient l’atmosphère de l’Attique, quelques hommes, préoccupés de l’éternel mystère, venaient, dans les jardins d’Acadème, se suspendre aux lèvres de Platon, etc. » Buloz prit peur de cette phrase comme de la plus audacieuse hardiesse, et de sa patte dictatoriale et effarée il supprima le tout et mit à sa place ; « Il y eut aussi dans la Grèce des sociétés savantes. » Une autre fois, dans une étude sur la mystique chrétienne, on disait : « L’amour de la vérité cherche celle-ci dans les solitudes intérieures de l’âme » ; mais Buloz, qui ne connaît pas les solitudes intérieures de l’âme, traduisit d’autorité : « Les esprits curieux fuient les embarras des villes », qu’il connaît !
Sans la rédemption, le Saint-Sépulcre, le prosélytisme de la foi et de l’amour qui brûlait dans ce vieux pilote, ayant passé déjà quarante ans de vie à la mer, et qui n’en portait pas moins le cordon de saint François autour des reins et vivait, à bord, de la contemplation séraphique autant que de la contemplation de la nature, sans le catholicisme enfin et sa grâce divine, Christophe Colomb n’aurait été qu’un rêveur de plus, parmi les marins qui rêvaient, car à son époque le vent des découvertes soufflait sur tous les fronts et agitait tous les esprits. […] La foi et l’amour ne se dédoublent pas chez les femmes.
Madame de Gasparin oublie, elle, son protestantisme, dans l’amour et à force d’amour.
Lui seul, dans cette balance si vite faussée de nos facultés, a fait équilibre au bassin qui penche sous le poids accablant de l’Amour, en jetant dans l’autre bassin la charge de l’Obéissance ! […] En effet, pour nous dégoûter de l’erreur de son principe et de sa doctrine, le protestant a la sécheresse de sa raison et la superbe de son orgueil, mais Saint-Martin a l’imagination du poëte, l’amour du croyant ; et son orgueil est si doux (car il y a toujours de l’orgueil dans un chef de secte), qu’on le prendrait presque pour cette vertu qui est un charme et qu’on appelle l’humilité.
À ce titre, on doit placer vers les temps qui précédèrent la guerre persique et les agitations des villes grecques d’Asie un poëte d’Éphèse, Callinos, un de ces élégiaques comme Alcman, dont le vers brisé respire tour à tour l’ardeur de la guerre ou la passion de l’amour. […] » Sous la gravité douce du mètre élégiaque, cet amour de la gloire, et les vertus dont il se nourrit, le culte de la patrie, la pitié pour les faibles, le devoir de les défendre, enflamment Tyrtée d’un enthousiasme contenu qui n’a pas moins de puissance que l’accent plus lyrique.
Par amour de la simple vérité, M. […] Benoît compose avec son indiscutable devoir ; et les scrupules qui vont l’empêcher de livrer Joze, tous ses scrupules ne sont, en somme, que son amour. […] Considérant que « la vie est amour », il a fait un mariage d’amour et, tard, vérifie que la vie et l’amour sont deux choses. […] Strowski a signalé (dans son Saint François de Sales) une bien ravissante analogie entre les dires de saint François, touchant l’amour divin, et les théories de l’amour que présente la mondaine Astrée d’Honoré d’Urfé. […] Il avait leur perpétuel émoi du cerveau, leur digne amour des faits et des idées, leur volonté de conformer celles-ci à ceux-là.
Et l’amour de l’humanité !
Ici, c’est Irène qui, au contraire, influe, par une puissance d’amour, sur la conversion humaine du héros.
En dehors des actualités sociales, les sujets qu’il préfère par contraste sont les plus doux : l’amour de la femme, la tendresse pour les enfants, et aussi la passion de la nature méridionale ensoleillée sous l’azur.
Il contenait des vers d’amour, d’une sensualité de tête tout à fait curieuse et personnelle, des « exercices » dans le genre parnassien, dont quelques-uns au moins (L’Élégie verte, par exemple, ou certaines ballades) sont de simples merveilles d’esprit et d’habileté technique, et enfin des sonnets sur les classiques français, où le futur critique des Contemporains est déjà tout entier, et qui tiennent à la fois du chef-d’œuvre et du tour de force.
Il est fait pour chanter la luxure, les fruits qu’on cueille à l’automne et les instants où la mort, aussi belle que l’amour, se confond avec lui.
Mais comment voudroient-ils, à travers les dangers, Poursuivre ma vengeance en des bords étrangers, Eux, que leur intérêt & l’amour de la vie Ont à peine arrachés du sein de leur patrie ?
Auroit-il eu enfin la simplicité d’assurer, qu’il n’est rien sorti des mains de M. de Voltaire, qui ne respire l’amour du vrai, si l’Auteur de l’Histoire générale, du Siecle de Louis XIV, du Siecle de Louis XV, & de cent autres Histoires, n’eût dirigé sa plume, ou plutôt ne l’eût aveuglé sur la sottise qu’il avançoit ?
Après avoir tâché de se rendre utile au Public par des Ouvrages, tels qu’une Traduction de la Siphylis de Fracastor ; l’Histoire des Révolutions de l’Empire de Russie ; l’Histoire de Christine, Reine de Suede ; l’Abrégé chronologique de l’Histoire Ancienne, celui de l’Histoire du Nord ; le Dictionnaire portatif des Beaux-Arts, & la Poétique de M. de Voltaire ; de l’amour des Lettres, il est passé à celui de la Librairie.
L’amour de Pyrrhus & de Téglis est le seul objet d’intérêt qui y regne ; mais cette passion est conduite avec tant d’art, que seule elle suffit pour attacher le Spectateur, & même le Lecteur.
C’est ce même amour de la Patrie qui lui a dicté tous les Discours qu’il a composés pour l’instruction de M. le Dauphin, aujourd’hui sur le Trône, tels que les Leçons * de Morale, de Politique & de Droit public, les Devoirs des Princes, réduits à un seul principe, &c.
Sais-tu bien qu’à l’instant que son flanc mit au jour Ce triste et dernier fruit d’un malheureux amour, Je la vis massacrer par la main forcenée, Par la main des brigands à qui tu t’es donnée ?
Qu’ils renoncent à la définir, ou, s’ils ne peuvent consommer ce sacrifice si cher à leur amour effréné des théories, qu’ils s’en tiennent aux bonnes vieilles définitions de Platon et d’Aristote ; qu’ils nomment la poésie une création, d’après l’étymologie du mot, ou une imitation belle, d’après un caractère incontestable de toute œuvre d’art304 : ils ne seront plus précis, ils ne seront plus originaux, mais ils deviendront vrais ; ils nous édifieront moins par leur imagination, autant par leur science, et davantage par leur justice. […] Il rit encore des roulements d’yeux et des contorsions du pauvre homme, lorsqu’il jette à Agnès, dans un transport d’amour et de rage, cette question d’un comique si sublime : Pourquoi ne m’aimer pas, madame l’impudente ? […] Elle fonde donc sa foi à la beauté des œuvres, à l’art des ouvriers, sur un témoignage intérieur, sur l’amour. […] Son sens moral est resté aussi fin, aussi délicat, aussi susceptible que son sens esthétique, et de même que le beau et le bon se confondent à ses yeux dans les œuvres qu’elle loue, l’amour de la beauté s’est allié dans son âme au respect de ce qui est bien. […] Par une subtilité pleine de candeur, qui était bien dans la nature de son génie, Corneille avait besoin de trouver dans les anciens des exemples et des règles pour faire autrement que les anciens, et il voulait leur rester soumis en leur désobéissant ; voici comment il justifie l’une de ses pièces d’être sans modèle dans l’antiquité : « L’amour de la nouveauté était l’humeur des Grecs dès le temps d’Eschyle, et, si je ne me trompe, c’était aussi celle des Romains, Nec minimum meruere decus, vestigia græca Ausi deserere.
Quelques années plus tard, quand la France se reprend d’amour pour l’azur du ciel, pour la verdure des prés, pour la mystérieuse obscurité des forêts ; quand la rêverie, ce breuvage grisant et assoupissant, enivre et endort les cœurs ; quand une mélancolie douce se complaît au murmure des sapins agités par la brise ou au clapotis des vagues expirant sur la grève ; alors aussi, par une coïncidence logique, la société française s’éprend de la fumée du tabac, des chimères de l’illuminisme et des voluptés d’une musique plus large et plus profonde. […] En des époques plus anciennes encore, les troubadours accompagnent sur la viole d’amour les chansons, aubades et sérénades qu’ils composent en l’honneur de la dame de leurs pensées. […] Elles ne retrouveront faveur qu’à l’époque où la France, se retournant avec sympathie vers ce passé lointain, se reprendra d’amour pour la poésie des trouvères, c’est-à-dire au commencement de notre siècle. […] On se figure très bien sous ces voûtes sonores une chanson guerrière déclamée d’une voix tonnante, quelque conte gras et gaillard faisant éclater un gros rire sur de larges faces ; on entend à la rigueur un chant d’amour charmant l’ennui des longues soirées d’hiver où la châtelaine rêve et soupire. […] On a dit d’elle140 : « Tout en elle était sonore : ses amours, ses amitiés, ses haines, ses défauts, ses vertus. » Elle avait le verbe haut, la parole vive, animée.
Donc, c’est une loi d’amour procréateur dont est pénétrée la Matière, et procréateur du Mieux, puisque c’est tendance à l’harmonie. L’Amour, sa Force inhérente (c’est-à-dire sa propension à l’harmonie de toutes les parties universelles, et à l’équilibre) l’Amour, et pris au sens d’affinité chimique meut la Matière. […] Or, Amour implique deux désirs, deux pôles : pour se connaître, dirons-nous métaphysiquement, ils entrent en action, et la résultante de cette action est le troisième mouvement qui naît d’elle — et qui détermine la sortie hors de la non-connaissance, de la non-conscience : c’est-à-dire qu’il détermine l’Evolution, troisième mouvement de l’unité trinaire que nous avons représenté par l’Ellipse, signe de l’Univers évoluant. […] Comme toute connaissance individuelle dépend aussi des connaissances ataviques, l’homme doit gratitude et amour au Passé qui le domine, le pénètre, le hante.
L’avarice ne se concilie point avec l’amour. […] sans doute, le combat ne peut manquer d’être fort plaisant entre l’amour et l’avarice, entre la plus généreuse et la plus égoïste des passions ; mais on oublie une chose, c’est qu’un tel combat est impossible. […] L’intrigue d’amour, banale, pesamment conduite, occupe trop de place. […] L’Amour médecin, acte II, scène i. […] L’Amour médecin, acte IV, scène v.
On sent qu’il en a l’amour, qu’il les scande avec volupté, qu’une belle césure le ravit, que toutes les délicatesses le touchent, que nulle nuance d’art ou d’émotion ne lui échappe, que son tact littéraire s’est raffiné et préparé pour goûter toutes les beautés de la pensée et des expressions. […] Il apprenait l’art d’égayer, de toucher, de parler d’amour ; il sortait ainsi des études arides ou spéciales ; il savait choisir parmi les événements et les sentiments ceux qui peuvent intéresser ou plaire ; il était capable de tenir sa place dans la bonne compagnie, d’y être quelquefois agréable, de n’y être jamais choquant. […] Son opéra de Rosamonde s’achève par le conseil de préférer l’amour honnête aux joies défendues ; son Spectator, son Tatler, son Guardian sont les sermons d’un prédicateur laïque. […] Il dresse la liste des gens morts ou malades d’amour, et des causes ridicules qui les ont mis dans ce triste état. « William Simple, frappé à l’Opéra par un regard adressé à un autre. — Sir Christopher Crazy, baronnet, blessé par le frôlement d’un jupon de baleine. — M. […] À sa vue, je sentis mon cœur touché de tant d’amour et de vénération, que les larmes coulèrent sur mes joues, et plus je la regardais, plus mon cœur se fondait en sentiments de tendresse et d’obéissance filiale. — À sa droite était assise une femme si couverte d’ornements que sa personne, son visage et ses mains en étaient presque entièrement cachés.
On y ferait à chaque pas, en se baissant, son butin de moraliste : « Chaque femme se croit volée de tout l’amour qu’on a pour une autre. » — « Madame Lauter, encore sur ce point, était comme toutes les femmes, — excepté vous, madame ; — elle ne plaçait l’infidélité que dans la dernière faveur. » — « On ne se dit : Je vous aime, en propres termes, que quand on a épuisé toutes les autres manières de le dire ; et il y en a tant que l’on n’arrive quelquefois à dire le mot que lorsqu’on ne sent plus la chose et que le mot est devenu un mensonge. » — « La justice du monde, comme la justice des lois, ne découvre presque jamais les crimes que lorsqu’ils n’existent pas encore, ou lorsqu’ils n’existent plus. » — Mais je m’arrête, de peur du sourire de l’auteur, pendant que je me baisse à ramasser ainsi les aphorismes qu’il sème en s’en moquant tout le premier : il me ferait niche par derrière.
Conséquent dans ses doctrines, il a réclamé pour tous l’usage et la protection des lois ; il entendait que chacun pût librement exprimer son amour ou sa haine, et que la faction même qui avait voulu anéantir la presse s’en servit pour sa défense.
Lui-même ne considère-t-il pas un peu comme des distractions et des haltes légères les histoires d’amour où il s’est un instant complu et les jolis Contes dorés d’où nous tirons des vers d’une forme si précise et d’une fermeté d’acier.
Comme Brizeux, auquel il ressemble par la pudeur de son lyrisme voilé, il a aimé la Muse d’un amour exclusif, délicat et scrupuleux… Le poète de l’Âme vierge n’a pas attendu, pour nous dire sa chanson, que les annonciateurs de « formules » nouvelles aient prédit une révolution du goût.
Maurice Barrès Dans les Noces corinthiennes « il n’y a plus qu’une vierge sensible qui meurt de son amour froissé ».
Ferdinand Brunetière Albert Glatigny, la plus étrange figure littéraire qu’ait peut-être vue notre âge ; un comédien errant et ronsardisant qui a aimé les vers comme on aime l’amour, et qui en est mort.
époque d’amour et d’épouvante !