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375. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Les amis de Chapelain lui conseillèrent de se taire ; aussi le fit-il. […] Les amis de Despréaux étoient de moitié de ce badinage. […] Despréaux le prit en aversion, parce que son ami Molière avoit à s’en plaindre. […] Il retrancha de ses satyres le nom de Boursault, & devint son ami zélé. […] Tu fus de ses amis peut-être ?

376. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Car ce cœur vif et tendre infiniment Pour ses amis, et non point autrement. […] Il rappelle en quelque sorte celui qui termine la fable des deux amis, celle des deux pigeons. […] Comment ses amis la lui ont-ils laissé mettre dans ce recueil ? […] Il faut revenir à son ami sans y penser et sans l’y faire songer lui-même. […] Il faut, dit l’autre ami, le prendre de soi-même.

377. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XI. Le plus brave des trois. »

(Bambara) Deux amis vivaient dans un même village, chacun avec sa maîtresse. […] Au soir, l’amant, qui se nommait Kéléké, ne la voyant pas revenir, pria Missa, son ami, d’aller au devant d’elle. […] » La femme accepte l’épreuve et Missa, la laissant là toute seule dans l’obscurité ; s’en va trouver son camarade : « Ami, lui dit-il en l’abordant, près de la grande termitière rouge qui se trouve sur la route du village voisin, une panthère m’a pris ta maîtresse et elle est en train de la dévorer.

378. (1933) De mon temps…

C’était là que le comte Primoli recevait ses amis de Paris, de Rome et d’ailleurs. […] Leconte de Lisle n’est-il pas son maître vénéré et son ami très aimé ? […] Une rencontre fortuite fît de Mirbeau son ami. […] Mallarmé y amenait volontiers l’un ou l’autre de ses jeunes amis. […] Ses amis partis, il achète un carré de terrain et s’y construit une cabane où il vit en sauvage.

379. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

On se rappelle ce grand seigneur qui un jour, dans la galerie de Versailles, devant Boileau, Racine et Valincour, fit taire de jeunes étourdis qui riaient aux éclats de ce qu’Homère avait parlé des Myrmidons ; mais ensuite, prenant à part les trois amis dans l’embrasure d’une fenêtre, le même seigneur leur demanda sérieusement : Maintenant que nous sommes entre nous, dites-moi s’il est bien vrai, messieurs, qu’Homère ait parlé des Myrmidons ? […] On y lisait une fable injurieuse, qui commençait par ces mots : Un aveugle, ami d’un bossu, Lui dit un jour : Cher camarade, Je me suis toujours aperçu Que l’homme a l’œil faible et malade… La clef n’était pas difficile à trouver. […] Ses amis ressentent une douleur profonde de le voir à la veille d’être entièrement aveugle ; sa vue, qui s’éteint par degrés insensibles, le rappelle sans cesse à sa prochaine infortune et le sollicite au découragement ; tandis que nous travaillons à le consoler et à le distraire de ce triste objet, il s’imprime dans Paris des livres cruels où l’on insulte lâchement à son malheur. […] J’ai, connu un bossu, homme d’ailleurs de beaucoup d’esprit, qui n’avait jamais pu se familiariser avec son ombre ; je lui devins à charge, et il m’évita enfin, ne pouvant soutenir la petite guerre que je lui faisais pour lui ôter ce faible : pour moi, j’ose dire que je soutiens galamment ma disgrâce ; j’en atteste mes amis, qui, pour faire honneur à mon courage, ne me font plus apercevoir dans notre commerce cette retenue excessive, cette circonspection humiliante qui n’est due qu’aux faibles. […] Si c’est incomplet, c’est délicat ; on y reconnaît bien l’homme qui vit dans une société spirituelle et subtile, l’ami de La Motte et de Mme de Lambert.

380. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

La maréchale duchesse de Luxembourg était fille du duc de Villeroy et petite-fille du maréchal de ce nom, ami de Louis XIV. […] Elle l’avait pour amant déjà, depuis quelques années, et n’en faisait point mystère : on a des couplets d’elle, où elle s’en vante à la face de la première duchesse de Luxembourg, laquelle avait pour ami de son côté Pont-de-Veyle, de même que Mme du Châtelet avait Voltaire. […] Horace Walpole d’abord, cet ami de Mme du Deffand, juge un peu lestement la maréchale, et non-seulement son passé, mais son avenir. […] Celle-ci, de son côté, cédait sans doute un peu moins dans ses dernières années à l’impétuosité de son caractère, à son esprit d’épigrammes, et se donnait un peu plus de peine pour persuader à ses amis qu’elle les aimait. […] Un jour, une de ses amies intimes, Mme de Monconseil, était à toute extrémité ; la maréchale alla à sa paroisse et fit vœu, si la malade réchappait, de délivrer dix prisonniers pour dettes.

381. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Les frères Deschamps, nos vieux amis, sont bien faits pour contraster de profil dans un même cadre M. […] La mémoire fidèle de ses amis et la lecture de ses poésies touchantes ont suffi pour nous le faire apprécier et aimer. […] J’entends… ma fin prochaine en sera moins amère ; Mes amis, il suffit : je suivrai vos conseils, Et je mourrai du moins dans les bras de ma mère. […] Sa vie, la plus errante et la plus diverse qu’on puisse imaginer, n’apparaît que par lambeaux déchirés dans ses vers, que de pieux amis viennent enfin de recueillir147. […] J’emprunte la plupart de ces détails au Lycée, qui contient (tome V, page 63) un article nécrologique sur Loyson, dû à la plume amie de M.

382. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

De ces neuf mois de Hollande, en y resongeant, il n’aurait voulu retrancher que huit jours perdus à Rotterdam loin de son amie, huit jours donnés à je ne sais quel congrès scientifique, à des savants du pays. […] Laissons les folles et échevelées élégies du début ; je passe, je poursuis, et je crois sentir presque à chaque page un orateur étouffé et gémissant : Ô mon amie, comme ton Gabriel est dégradé ! […] Il dira des regards de son amie, qu’ils pompent l’amour sur ses lèvres. […] Dans une courte et fort digne lettre adressée au comte de Maurepas, ami de son père, et qui, à cette date, était de fait Premier ministre, Mirabeau réclame énergiquement sa délivrance et sa liberté. […] Le docteur Ysabeau, son ami, et qui, depuis des années, lui avait donné des soins, pria son beau-frère le curé Vallet, député à l’Assemblée constituante, de faire part de cette triste nouvelle à Mirabeau.

383. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Parlant du père de son bon camarade Durant, laboureur d’un village voisin, et qui se plaisait à le recevoir les jours où les deux amis allaient en promenade : « Comme il nous recevait, s’écrie-t-il, ce bon vieillard en cheveux blancs ! […] Cependant le futur littérateur, le prochain ami des philosophes, s’annonçait déjà par quelques hardiesses et quelques faiblesses. […] Un de mes amis qui connaît à fond son Limousin prétend que si les nièces de curé et les jeunes filles du pays en général sont fraîches et jolies, elles n’ont nullement de ces airs du Corrège ni de ce parler couleur de rose. […] Ces dissipations, celles qu’il trouvait à Passy où il était allé loger chez son ami et Mécène M. de La Popelinière, cette vie de soupers et de plaisirs, arrêtèrent les premiers succès de Marmontel et nuisirent à son essor tragique, en supposant qu’il eût été de force à se pousser dans cette voie. […] C’est pour être heureux avec moi que j’ai besoin de mes amis. » Marmontel avait besoin souvent de ses amis, car il était habituellement heureux.

384. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Solidarité »

Des réflexions si justes et si élevées de mon ami Corréard, je vous engage particulièrement à retenir ceci, que nous ne sommes pas des isolés dans le temps ; que tout ce que la vie a pour nous soit de commodité, soit de noblesse, c’est à nos pères, à nos aïeux, à nos ancêtres que nous le devons ; que nous devons aux morts la culture même d’esprit qui nous permet, sur certains points, de penser autrement qu’eux  et mieux, je l’espère  et qu’enfin, suivant le beau mot d’Auguste Comte, l’humanité est composée de plus de morts que de vivants. […] C’est si commode, de vivre dans son coin, pour soi et, tout au plus, pour les siens et pour deux ou trois amis, de se moquer du reste, de croire qu’on a fait tout son devoir de citoyen quand on a payé l’impôt, et tout son devoir d’homme quand on a lâché quelques aumônes prudentes, de pratiquer le dédaigneux odi profanum vulgus, d’être un spectateur détaché de la comédie ou de la tragédie humaine ! […] C’est là, mes amis, une basse et mauvaise façon de prendre la vie. […] Voilà, mes amis, des propos bien sévères.

385. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

A-t-il besoin de revoir un parent, un ami, il fait un vœu, prend le bâton et le bourdon du pèlerin ; il franchit les Alpes ou les Pyrénées, visite Notre-Dame de Lorette ou Saint-Jacques en Galice ; il se prosterne, il prie le saint de lui rendre un fils (pauvre matelot, peut-être errant sur les mers), de sauver une épouse, de prolonger les jours d’un père. […] Ce céleste ami lui est si dévoué, qu’il consent pour lui à s’exiler sur la terre. […] Souvent le mort chéri, sortant du tombeau, se présentait à son ami, lui recommandait de dire des prières pour le racheter des flammes, et le conduire à la félicité des élus. […] Enfin, les vents, les pluies, les soleils, les saisons, les cultures, les arts, la naissance, l’enfance, l’hymen, la vieillesse, la mort, tout avait ses saints et ses images, et jamais peuple ne fut plus environné de divinités amies, que ne l’était le peuple chrétien.

386. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Angellier, Auguste (1848-1911) »

. — À l’Amie perdue (1896). […] Auguste Angellier vient de publier sous ce titre : À l’Amie perdue, et avec cette jolie épigraphe latine, dans le goût ancien : Amissæ Amicæ . Il comprend cent soixante-dix sonnets développant tout un roman d’amour qui commence par la floraison des aveux et des premières tendresses, se continue au bord des flots bleus, dans les monts, s’attriste d’une querelle, se poursuit en rêveries, devant la mélancolie des vagues grises, se termine enfin par le sacrifice, le deuil et l’acceptation virile qui n’est pas l’oubli… C’est bien l’histoire commune et éternelle des cœurs… C’est un véritable écrin que l’Amie perdue, un écrin plein de colliers et de bracelets pour l’adorée, et aussi de pleurs s’égrenant en rosaire harmonieux… C’est un des plus nobles livres d’amour que j’aie lus, parce qu’il est plein d’adorations et exempt de bassesses, parce que la joie et la douleur y sont chantées sur un mode toujours élevé, entre ciel et terre, comme le vol des cygnes qui ne s’abaisse pas même quand leur aile s’ensanglante d’une blessure… Je vous assure qu’il est là tel sonnet que les amants de tous les âges à venir, même le plus lointains, aimeront à relire, où ils retrouveront leur propre pensée et leur propre rêve, comme le doux André Chénier souhaitait qu’il en fût de ses vers d’amour… [Le Journal (26 juillet 1896).]

387. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

» car j’avais lu les belles pages de Chateaubriand sur le couvent et l’oranger de Saint-Onufrio. « Oui », me dit négligemment le frère, et il m’ouvrit sans autre entretien la porte extérieure de la chapelle, et, me montrant du geste une tablette de marbre incrustée dans le pavé de l’église, j’y tombai à genoux, et j’y lus l’inscription célèbre par sa simplicité, que le marquis Manso, l’ami du poète, obtint la permission de faire graver sur la pierre nue qui couvrait le cercueil de son ami. […] Je gémis sur le sort de ma fille, qui malheureusement pour elle reste vivante, jeune, sans direction, entre les mains de ses ennemis, sans autre ami que son misérable père, pauvre, âgé, loin d’elle et disgracié de la fortune. […] Nous n’avons plus d’amis à Naples, nos parents y sont nos ennemis ; et, à cause de ces circonstances, chacun craint de nous tendre la main… Mon angoisse est telle, excellente dame, que le désordre de mon esprit se communique à mes paroles ; c’est à Votre Excellence à se représenter l’excès des peines qu’il m’est impossible d’exprimer !  […] Le duc d’Urbin, charmé de la figure, du caractère et du talent précoce de Torquato, en fit le compagnon d’étude et l’ami de son propre fils Francisco. […] Tel est le portrait minutieux qu’un contemporain et un ami trace du Tasse ; ce portrait est parfaitement conforme à celui que nous possédons nous-même, copié sur le portrait original, peint sur le Tasse vivant à Florence, et qui nous a été prêté par notre illustre ami, le marquis Gino Caponi, homme digne de vivre dans sa galerie en société avec ces grands hommes de sa patrie.

388. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

La Fare ne se sépare guère de Chaulieu, et si on lit encore quelques-uns de ses vers légers, ce n’est guère qu’à la suite de ceux de son ami : il mérite pourtant une considération à part ; il a une physionomie très marquée ; il laisse même à qui l’étudie une impression toute autre que celle que l’on reçoit de la rencontre de Chaulieu. […] Tandis que le voluptueux Salluste cherche au commencement de ses Histoires à élever sa pensée et celle de ses lecteurs et à la fixer vers les choses impérissables, La Fare, moins ami de l’idéal et qui sépare moins ses écrits de ses propres habitudes, commence par une citation de Pantagruel. […] Du reste, il eut des amis avec qui il vécut familièrement ; il introduisit les plaisirs et les jeux, et amollit par là les courages. […] On lit, en effet, dans une lettre du chevalier de Bouillon à l’abbé de Chaulieu, qui était alors à Fontenay, en 1711 : Malgré votre peu d’attention pour moi, je ne puis m’empêcher, mon cher abbé, de vous assurer que vous n’avez point d’ami qui regrette si fort votre absence, et qui soit plus sensible à votre retour. […] [NdA] Il s’agit d’Hermias, un moment roi d’Atarnée en Mysie, disciple et ami d’Aristote, et qui, venu tard et resserré dans un cadre étroit, paraît avoir eu des vertus héroïques.

389. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Je ne veux parler que de son journal, et montrer l’homme au naturel, tel que plusieurs de ses contemporains l’avaient indiqué déjà, modeste, droit, sincère, plein de scrupule et de candeur, humble chrétien, père de famille éprouvé, le plus humain des doctes ; le digne ami de De Thou : — d’un seul mot, c’est tout dire. […] Mais ce n’était qu’un premier pas : de Thou estimait n’avoir rien fait pour un homme de cette valeur, s’il ne le plaçait au foyer des études et en vue de tous, à Paris, et il s’aida pour cela d’un de ses amis, M. de Vic, qui attira Casaubon à Lyon, et de là, sur l’ordre du roi, l’amena à la Cour. […] O Lucilius, mon vertueux ami, pénétrez-vous de cette maxime, et vous rougirez de la légèreté des hommes qui changent tous les jours la base de leur vie, et qui, prêts à la quitter, ébauchent encore des projets. […] — Ô grand philosophe (s’écrie à son tour Casaubon), je suis bien de ton avis, et je te prendrai plutôt pour conseil que ces miens amis, gens d’ailleurs de vertu et de prudence, qui m’engagent à changer de genre de vie et à embrasser si tard la profession d’enseigner le droit. […] presque chaque jour il est dérangé ; les affaires, les amis lui prennent ses heures, — les amis, dites plutôt les ennemis.

390. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Puisque j’ai parlé de Lamennais à cette date de 1833, et tel qu’il paraissait encore aux yeux de ce cercle fidèle, comment ne pas indiquer le portrait de lui que Guérin a tracé dans une lettre du 16 mai à M. de Bayne de Rayssac, l’un de ses amis du Midi ? […] Les lettres de Guérin à ses amis servent à compléter les impressions notées dans son journal durant ce temps, et quelques-unes des pages de ce journal ne sont elles-mêmes que des passages de ses lettres qui lui semblaient mériter d’être transcrits avant de s’échapper. […] Il n’y avait pas moins de six ou sept lieues à faire ; mais aller vers un grand but et y aller par un long chemin avec un ami, c’est double bonheur. […] Je m’imagine que ces doux propos ressemblaient par l’esprit à ce qu’avaient dû être les entretiens de Basile et de Grégoire au rivage d’Athènes, à ceux d’Augustin et de ses amis au rivage d’Ostie. […] Un cordial ami breton qui se trouvait à Paris (M. 

391. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Ce fut un de ces heureux esprits qui passent leur vie à penser, à converser avec leurs amis, à songer dans la solitude, à méditer quelque grand ouvrage qu’ils n’accompliront jamais et qui ne nous arrive qu’en fragments. […] Joubert, toujours avoir dans la tête un coin ouvert et libre, pour y donner une place aux opinions de ses amis, et les y loger en passant. […] Il conseillait donc à cette aimable amie le repos, l’immobilité, de suivre le seul régime dont il se trouvât bien, de rester longtemps couchée et de compter les solives : Votre activité, ajoutait-il, s’indigne d’un pareil bonheur ; mais voyons si votre raison ne serait pas de cet avis. […] Mais, dans un coin de la rue Neuve-du-Luxembourg, un salon bien moins en vue, bien moins éclairé, réunissait dans l’intimité quelques amis autour d’une personne d’élite. […] Joubert continua de vivre et de penser, mais avec moins de délices ; il s’entretenait souvent d’elle avec Mme de Vintimille, la meilleure amie qu’elle eût laissée ; mais rien ne se reforma de tel que la réunion de 1802, et, dès la fin de l’Empire, la politique et les affaires avaient relâché, sinon dissous, les relations des principaux amis.

392. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Il avait dans sa ville natale un ami qui ne faisait qu’un avec lui, et ils étaient comme deux âmes dans un même corps. Cet ami le soutint, l’encouragea : « C’est un beau plan, lui disait-il, et ton pied te conduira au bonheur. […] Mahmoud pourvut à ce que personne ne pût l’interrompre dans son travail, en défendant la porte à tout le monde, à l’exception d’un seul ami et d’un esclave chargé du service domestique. […] En partant, il laissa aux mains d’un ami un papier scellé, recommandant qu’on le remît au sultan vingt jours après son départ. […] En entendant ces paroles qui semblent sortir d’une âme amie, le cœur de Sohrab s’élance, il a un pressentiment soudain ; il demande ingénument au guerrier s’il n’est pas celui qu’il cherche, s’il n’est pas l’illustre Roustem.

393. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Une autre année, à un autre anniversaire, si nous y sommes encore, nous parlerons de cet autre ami de la famille, de l’auteur des Contes de fées, je veux dire de Perrault. […] monsieur, lui disait-il, si l’on ne vous connaissait pas, on vous volerait. » Vers ce temps-là, ce redoutable Rivarol avait écrit, à l’occasion de Numa Pompilius, un article si sanglant, que des amis de Florian le supplièrent de ne pas le publier. […] Il se présenta lui-même comme porté jusque dans le sanctuaire académique par les amis de Voltaire : « Ainsi quelquefois de vaillants capitaines élèvent aux honneurs un jeune soldat, parce qu’ils l’ont vu servir enfant sous les tentes de leur général. » En même temps il rendait un public hommage à Gessner, mort depuis peu, et qu’il proclamait son maître et son ami. […] Dans cette dernière fable, où il s’est souvenu des Deux Pigeons, Florian a su trouver une double combinaison ingénieuse, par laquelle les deux amis, tour à tour en péril, et poursuivis du même chasseur, se secourent et se sauvent l’un l’autre. […]        Soir et matin, nos bons amis,        Profitant de ce voisinage.

394. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Quand vinrent les querelles de la Sorbonne sur la grâce, dont tout le monde parlait sans y rien entendre, Charles et Claude Perrault et quelques autres amis voulurent « savoir à fond de quoi il s’agissait ». […] Ces Tuileries ouvertes et publiques, qu’on dut à Perrault dès ce temps-là, cadrent bien avec l’idée aimable qu’on se fait de l’ami et de l’enchanteur des enfants, de l’auteur des Contes de fées. […] Le vieil Arnauld, ou, comme on disait, le grand Arnauld, alors réfugié à Bruxelles, et âgé de quatre-vingt-deux ans, s’émut beaucoup de cette querelle sur les femmes entre son ami Boileau et Perrault, qui était le frère d’un de ses amis. […] Les petites moralités finales en vers sentent bien un peu l’ami de Quinault et le contemporain gaulois de La Fontaine, mais elles ne tiennent que si l’on veut au récit ; elles en sont la date. […] [NdA] Je n’oublie pas que Charpentier était des amis et, jusqu’à un certain point, des partisans de Perrault, et que Ménage, en dehors de la question des anciens, estimait Perrault un de nos meilleurs poètes  !

395. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

« Son talent est comme le bois de santal, sec et odorant », a dit de lui un ami. […] Henri Chevreau et Laurent-Pichat, qui ont publié en commun un recueil de vers, Les Voyageuses (1844), butin rapporté d’un voyage fait ensemble par les deux amis en Grèce et en Orient. […] J’ai sous les yeux de touchantes et cordiales stances adressées récemment par lui à son ami M.  […] Jeune, et déjà fait aux épreuves de la vie, il prend l’homme avec tous ses sentiments de père, de fils, d’époux, d’ami, et il le place dans le cadre éblouissant des Tropiques. […] Un jeune ami, qui n’est pas loin de moi, et qui n’est encore connu du public que par une édition d’Hégésippe Moreau, M. 

396. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

Parlant du connétable de Montmorency, blessé à mort dans la bataille de Saint-Denis à l’âge de soixante-quatorze ans ; après quelques détails sur l’action, il dit : Il faut venir au connétable, lequel le lendemain mourut chargé de six coups, en âge, en lieu et condition honorables ; grand capitaine, bon serviteur, mauvais ami ; profitant des inventions, labeurs et pertes d’autrui, agissant par ruses, mais à leur défaut usant de sa valeur. […] La mémoire de votre père et les prières de votre roi depuis trois heures sont-elles évanouies, avec la révérence qu’on doit aux paroles d’un ami mourant ? […] D’Aubigné était de cette race cassante qui ne se refuse jamais un coup de langue, et qui pour un bon mot va perdre vingt amis ou compromettre une utile carrière. […] Je lui dis souvent qu’il est temps d’arrêter sa plume ; ce sera du soulagement pour lui et pour ses amis. […] Un érudit de mes amis suppose que ce doit être une femelle de sanglier, une petite laie, — Selon une autre explication qui m’est donnée, il faudrait lire soutrille, et ce serait la portée d’une laie.

397. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

De beaux vers, la Nuit de Mai, où la plainte est comme étouffée, la Nuit de Décembre, où elle éclate, et de laquelle je ne voudrais retrancher que le dernier paragraphe (Ami, je suis la Solitude), avaient entretenu cet intérêt à la fois littéraire et romanesque, que la Confession d’un Enfant du siècle, fort vivement attendue, semble devoir combler. […] le pied de sa maîtresse qui s’appuie sur le pied de son ami intime. […] Il quitte sa maîtresse, se bat avec son ami et est blessé ; guéri, il se jette dans la débauche, dans l’orgie, jusqu’à ce que la mort de son père l’en tire. […] La manière bizarre, capricieuse, cruelle, dont il défait à plaisir son illusion et la félicité de son amie, est admirablement décrite ; cela sent son amère réalité. […] Avant de laisser le brillant et nouveau témoignage de force et de talent donné par M. de Musset, aux limites et presque en dehors de la critique littéraire sur laquelle nous avons trop insisté peut-être, que l’auteur, que l’ami nous permette un vœu encore.

398. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

Il se console, avec un bon conseil, du lien peu sûr des amitiés courantes : Si vous avez besoin d’amis, Commencez par avoir des louis. […] Tandis qu’on me faisait ce récit, je commentais en moi-même la stupidité du Destin qui épargne tant d’octogénaires paralytiques, tant de ruines humaines, et qui arrache, tout à coup, un homme vigoureux à sa famille, à ses amis, à ses travaux. […] Il n’y a ici que des amis sincèrement émus, venus avec la conscience de remplir un dernier devoir. […] J’y déplorai la mort d’un familier, d’un probe écrivain qui n’a pas eu le temps de donner sa mesure pleine, mais que j’aimais : Léon Dequillebec, ancien secrétaire de rédaction de la Plume, et mon éminent ami Laurent Tailhade avait dû subir une cruelle épreuve, l’ablation de l’œil droit. […] Café du Quartier Latin, aujourd’hui disparu, où fréquentaient Verlaine et ses amis, alors au coin du boulevard Saint-Michel et de la rue Royer Collard.

399. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Baudouin » pp. 198-202

Feu notre ami Greuze n’eût pas manqué de prendre l’instant précédent, celui où un père, une mère, envoient leur fille à son époux. Quelle tendresse, quelle honnêteté, quelle délicatesse, quelle variété d’actions et d’expressions dans les frères, les sœurs, les parens, les amis, les amies ; quel pathétique n’y aurait-il pas mis ! […] petit dialogue. mais, mon ami, à quoi pensez-vous ? […] Placée un peu plus à gauche, sur un tabouret, et vue par le dos, une amie penchée vers l’accouchée et la déterminant au sacrifice.

400. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

est-il un ami ? […] pas un ami pour la recevoir ! […] — C’est convenu. » Les deux amis se séparent, et, le dimanche suivant, l’ami retrouvé s’en va d’un pied léger à Passy. […] « Mon ami, lui dit-il, quel âge avez-vous ? […] La Romiguière, qui était son meilleur ami. « À quoi bon ces vanités qu’on te refuse, ami Monteil ?

401. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Note »

Ses amis ne furent point très-contents d’un petit article de moi qui parut dans le Globe du 19 août 1830 et dans lequel, en félicitant Victor Hugo de se rallier à la nouvelle France, j’acceptais au contraire, comme un fait accompli et légitime, l’abdication politique de M. de Chateaubriand. Les amis de celui-ci, Mme Récamier, M. […] Je m’en fis même une objection quand mon ami Ampère voulut me présenter à l’Abbaye-au-Bois ; mais je finis par céder à ses instances, et c’est dans ce salon que je retrouvai M. de Chateaubriand comme dans son cadre le plus naturel et où il était décidé à être le plus aimable. […] « Chateaubriand. » Et maintenant qu’on s’étonne, si l’on veut, et qu’on se scandalise qu’après des années écoulées, en ne cessant de placer M. de Chateaubriand au premier rang littéraire du siècle, j’aie écrit sur lui, dans les deux volumes dont il est le sujet et le centre, comme en pensaient et en parlaient dans la familiarité tous ses amis et connaissances, toutes les personnes de la société en dehors de sa coterie, M.

402. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire et philosophique »

Sous le titre de Précis de l’histoire de la Philosophie, MM. de Salinis et de Scorbiac, directeurs du collège de Juilly, viennent de publier un manuel fort plein de science et de faits, non-seulement à l’usage de leur établissement, mais encore à celui du grand nombre des enseignements philosophiques dans les collèges, et même d’une utilité applicable à tous les lecteurs amis de cette haute faculté de l’esprit humain. […] Le style de l’ouvrage est d’une belle clarté et d’une rigueur philosophique qui rappelle en certaines pages d’exposition l’auteur de la Controverse chrétienne ; et il nous a semblé que celui-ci, ami des éditeurs, pourrait bien ne pas être étranger en effet à la rédaction d’un livre modeste, et dont pourtant toute plume s’honorerait. […] Tous les amis de la philosophie et d’une littérature ingénieuse et sérieuse voudront lire ces deux volumes, et sauront gré à M.  […] Gilbert, l’ancien ami et éditeur du théosophe Saint-Martin.

403. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Voiture, et Benserade. » pp. 197-207

Uranie ne le vit qu’après moi ; & tout chaud qu’il étoit, immédiatement après sa production, je le portai au bonhomme M. de Malherbe. » Balzac, après avoir dit que Malherbe en devint jaloux, ajoute : « Je m’intéressai, avec chaleur, à ce qui regardoit la gloire de mon ami. […] Tous les mouvemens de ses amis & de ses protecteurs ne purent rendre l’ouvrage supportable. […] L’auteur, envoyant un exemplaire de sa traduction à un de ses amis, le conjura de lui dire ce qu’il en pensoit. Cet ami ne balança point, & lui envoya pour réponse un rondeau qui finit par ces vers : De ces rondeaux un livre tout nouveau A bien des gens n’a pas eu l’art de plaire : Mais, quant à moi, j’en trouve tout fort beau, Papier, dorure, images, caractère, Hormis les vers qu’il falloit laisser faire A la Fontaine.

404. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Addisson, et Pope. » pp. 17-27

On vient de traduire le The Fan, ainsi que les fables du même auteur, poëte estimable & très-bon ami de Pope. […] Il dit qu’Addisson condamne avec des louanges affectées, qu’il approuve avec une politesse maligne ; qu’il ne raille point, mais qu’il excite à railler ; qu’il voudroit blesser, mais qu’il craint de frapper ; qu’il fait penser à la faute qu’il remarque, mais qu’il hésite à la condamner ; qu’également réservé dans sa critique & dans ses louanges, il est à la fois ennemi timide & ami peu sur. […] « Puissé-je, dit-il dans une de ses lettres, vivre & mourir dans l’indépendance ; vivre & mourir en paix ; soutenir l’aisance & la dignité d’un poëte ; voir les amis & lire les livres qu’il me plaira ; être au dessus du besoin d’avoir un protecteur, quoique je veuille bien appeller quelquefois un ministre mon ami !

405. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Cet écrit, commencé avant 1805, à la prière du général Van Ryssel, ami de La Fayette, ne fut achevé qu’en 1807 et resta dédié au patriote hollandais, mort dans l’intervalle. […] Des prisons de Magdebourg, en juin 93, La Fayette écrivait à la princesse d’Hénin : « Le nom de mon malheureux ami La Rochefoucauld se présente toujours à moi… Ah ! […] Vingt-deux girondins, la plupart ses amis, ont péri sur l’échafaud pour s’être opposés à ces décrets. […] ce que Washington eût répondu ; il modère prudemment la joie de son ami : « Je me joins sincèrement à vos vœux pour l’émancipation de l’Amérique du Sud. […] Celui-ci, tout effrayé pour Sieyès, en dit un mot à l’oreille aux quelques amis républicains, et il fut convenu de ne pas donner lecture de la pièce sans le consulter.

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