Cela vous fait bien neuf heures de ténèbres et trois heures de crépuscule et l’action peut commencer avant nuit close, et finir avant soleil levé, le tout en douze heures. […] Il maintient l’unité d’action, mais il est coulant sur l’unité de temps, et il abandonne absolument l’unité de lieu. […] À mettre plus d’action dans le jeu, « la dignité tragique » eût été blessée. […] On me dira que diction et action doivent aller absolument ensemble et qu’on ne conçoit point, si ce n’est comme ridicule, une diction noble et un jeu ardent. […] Ensuite, il est tout psychologique, et il faut le prendre ainsi et songer qu’il ne peut pas être le moins du monde en action.
Il se fit le panégyriste de ses actions et le partisan le plus zélé de sa grandeur. […] Le sénat répondit en votant des arcs de triomphe et des actions de grâces aux dieux. […] Il a peint l’homme, et il a dignement retracé les plus grands caractères et les plus belles actions de l’espèce humaine. […] La littérature, au lieu d’être une action, devenait une étude ; elle passait du forum dans le cabinet. […] Son action terrible, ses larges développements de passions ne peuvent s’encadrer dans les limites de nos règles.
Le moraliste ancien ne pouvait observer l’homme que dans ses actions, interprètes souvent infidèles des pensées, ou dans les discours, qui servent presque plus à nous cacher qu’à nous faire voir. […] Tout en disant avec saint Paul : « Que ceux qui usent de ce monde soient comme n’en usant pas », il ne craint point de prendre plaisir aux grandes actions des hommes qui ont voulu s’y perpétuer par la gloire. […] Entre le péril de limiter la toute-puissance divine, et celui de détruire par la prédestination la moralité des actions humaines, loin de s’emporter comme Luther, de sacrifier le plus faible au plus fort, l’homme à Dieu, il s’humilia devant ce mystère, s’en rapportant au Juge suprême de nos actions, du soin d’accorder deux vérités contradictoires, mais également évidentes, sa propre prescience et la liberté humaine. […] La loi même du genre veut que l’orateur fasse valoir les qualités de son héros, qu’il retrace ses grandes actions, et que, loin d’en rabaisser le prix, il en propose l’exemple à l’auditoire. […] Il ne faut donc pas s’étonner qu’il y ait eu des fautes commises de part et d’autre, du côté de Bossuet par emportement149, du côté de Fénelon par cette habileté qui fut si prodigieuse qu’elle fit mettre en doute sa sincérité, et que la magnanimité même de sa soumission, après le bref du pape, fut interprétée comme l’action d’un habile homme.
L’action matérielle est assez peu de chose pourtant. Je ne crois pas que personne la réduise à une plus simple expression que moi-même je ne vais le faire : — C’est l’histoire d’un homme qui a écrit une lettre le matin, et qui attend la réponse jusqu’au soir ; elle arrive, et le tue. — Mais ici l’action morale est tout. L’action est dans cette âme livrée à de noires tempêtes ; elle est dans les cœurs de cette jeune femme et de ce vieillard qui assistent à la tourmente, cherchant en vain à retarder le naufrage, et luttent contre un ciel et une mer si terribles que le bien est impuissant, et entraîné lui-même dans le désastre inévitable. […] Et vous, ne profitez pas de ce que vous êtes quaker pour troubler tout, partout où vous êtes. — Vous parlez rarement, mais vous devriez ne parler jamais. — Vous jetez au milieu des actions des paroles qui sont comme des coups de couteau. […] Ce sophisme chattertonien admis, quelle admirable et naturelle exposition en action de la pièce et des caractères !
Mais qu’il ait fait, comme dit son fils236, trop de réflexions sur son changement à la cour, lui qui se peint comme « un homme passant sa vie à penser au roi, à s’informer des grandes actions du roi ; lui à qui Dieu, dit-il, avait fait la grâce de ne rougir jamais ni du roi ni de l’Évangile237 » que le chagrin qu’il en ressentit ait aggravé une maladie qui, plus tard, l’eût sans doute emporté, même au milieu de tous les sujets de contentement ; c’est ce qu’on peut admettre sans faire tort à Racine. […] S’il était quelqu’un parmi nous qui, après avoir « passé sa vie à penser » à une personne illustre, « à s’informer de ses grandes actions », eût tout à coup perdu ses bonnes grâces, je lui demanderais, comme au seul bon juge, si la douleur de Racine a été indigne de lui238. […] Il y a une fort grande différence pour l’homme de génie, qui vient de naître à la vie de l’esprit, d’ouvrir les yeux au magnifique spectacle d’une nation bien conduite, dont tous les actes sont marqués d’invention, de force et de raison, grande au dedans et grande au dehors ; ou d’avoir à percer les ténèbres d’une société qui se débat dans des luttes tumultueuses où l’action déréglée a forcé et dénaturé tous les caractères. […] Il y a, dans le règne de Louis XIV, une période où l’éloge le plus magnifique pouvait à peine égaler la grandeur des actions. […] Préface de Bérénice : « Ils ne songent pas qu’au contraire toute l’invention consiste à faire quelque chose de rien, et que tout ce grand nombre d’incidents a toujours été le refuge des poètes qui ne sentaient dans leur génie ni assez d’abondance ni assez de force pour attacher durant cinq actes leurs spectateurs par une action simple, soutenue de la violence des passions, de la beauté des sentiments et de l’élégance de l’expression. » 214.
Il ne se bornait pas aux simples faits principaux ni à l’analyse des ouvrages, ni même à la peinture de la physionomie et du caractère ; il voulait tout savoir, renouer tous les rapports du personnage avec ses contemporains, le montrer en action, dans ses amitiés, dans ses rivalités, dans ses querelles ; il visait surtout à ajouter par quelque page inédite de l’auteur à ce qu’on en possédait auparavant. […] Tout atteste que l’action de l’heureux pamphlet fut immense sur l’opinion à travers la France encore soulevée. […] Il y a un mot de Bossuet (ou de Fénelon) qui dit : « L’homme s’agite, et Dieu le mène. » Tout le secret de la vie est là ; il faut s’étourdir par l’action.
Un peuple ne passe pas en un jour, ni même en cinquante ans, de l’action révolutionnaire au repos monarchique. […] « Dumouriez, qui avait entrevu le jeune duc de Chartres à l’armée de Luckner, l’observa attentivement dans cette occasion, fut frappé de son sang-froid et de sa lucidité dans l’action, pressentit une force dans cette jeunesse, et résolut de se l’attacher. » XII La lutte des Girondins avec Marat s’ouvre par un portrait que j’ai copié sur l’image de Marat mort dans sa baignoire, peint par le peintre David, qui osa se déclarer l’ami de ce forcené. […] L’action et la réaction, le coup et le contrecoup s’étaient succédé de part et d’autre avec une telle rapidité, comme dans une mêlée, qu’il était difficile de dire qui avait frappé le premier.
Entre tant de personnages qui, vus de près et saisis en pleine action, tantôt y gagnent et tantôt y perdent, et dont quelques-uns n’accroissent pas leur réputation, ou même la déshonorent, il en est un du moins qui, en chaque rencontre, ne fait que gagner à être de plus en plus connu et mis en lumière, et qui mérite, plus encore que Turenne peut-être, qu’on dise de lui qu’il fait honneur à la nature humaine : c’est Vauban. […] Vauban est rude ; il a dans son action, comme dans son langage, des marques restantes du xvie siècle ; il a des habitudes, des manières de dire comme d’agir à la Sully, à la L’Hôpital.
Beyle eut un mérite rare, incontestable : du sein de la littérature de l’Empire, qui retardait sur les grandes actions et des prodigieux événements contemporains, il sentit qu’une autre littérature devait naître. Cette littérature, grande à son tour et neuve, ne pouvait coïncider avec les choses extraordinaires accomplies dans l’ordre de l’action ; car « un peuple, prétendait-il, n’est jamais grand que dans un genre à la fois. » Les victoires de l’esprit ne devaient donc venir qu’après celles de l’épée.
Liautard, cet homme d’activité et d’intrigue, dont l’action tendait à s’étendre fort au-delà de son collège, se vantait d’être un antagoniste déclaré, un ennemi. […] La première action à exercer fut sur l’esprit de Louis XVIII, lorsque, séparé de M.
L’auteur n’a pas craint de marquer par là que c’est le paysage qui domine, que c’est le pittoresque des choses qui l’emporte sur les actions des personnages. […] Encore une fois, l’action n’est que secondaire ; c’est le détail tout spirituel et pittoresque qui est tout.
Taine : il les remet sur pied et comme vivants, en pleine action. […] Émotions et raisonnements, toutes les forces et toutes les actions de son âme se rassemblent et s’ordonnent sous un sentiment unique, celui du sublime, et l’ample fleuve de la poésie lyrique coule hors de lui, impétueux, uni, splendide comme une nappe d’or… « Il a été nourri dans la lecture de Spenser, de Drayton, de Shakespeare, de Beaumont, de tous les plus éclatants poëtes, et le flot d’or de l’âge précédent, quoique appauvri tout alentour et ralenti en lui-même, s’est élargi comme un lac en s’arrêtant dans son cœur… « Tout jeune encore et au sortir de Cambridge il se portait vers le magnifique et le grandiose ; il avait besoin du grand vers roulant, de la strophe ample et sonnante, des périodes immenses de quatorze et de vingt-quatre vers.
C’est ici que se place l’influence du marquis de Valfons, quelque temps major général du prince : dans ses Souvenirs publiés et qu’on a lus avec plaisir, il n’a eu garde d’omettre les conseils qu’il avait donnés en toute occasion, et il ne s’est pas oublié ; on y prend une idée fidèle de l’état-major du prince, de son caractère indécis, de sa bienveillance un peu molle, en même temps qu’il y est rendu toute justice à son courage à la tranchée et dans l’action. […] monsieur le comte, vous vous fâchez ; M. le comte de Clermont a envoyé recevoir les ordres de M. le maréchal, il les aura dans un moment. » En effet, la réponse arriva : ce fut d’aller en avant, comme le comte d’Estrées l’avait proposé. » Ce récit n’est point tout à fait exact, et Rochambeau, présent à l’action, le rectifie sur quelques points : « M. le comte d’Estrées marcha, à la tête de plusieurs colonnes d’infanterie, droit au village (d’Ans), le faisant tourner par l’infanterie des troupes légères : il fut emporté, et la gauche de l’ennemi fut prise en flanc par tout le corps commandé par ces trois généraux.
Elle a été dotée de toutes les épithètes, de tous les verbes qui indiquent les qualités et les actions des objets sensibles : elle a été élevée, basse, elle a eu des idées étendues, étroites, des sentiments vifs ou lents, ardents ou froids. […] Ainsi l’on nomme la cause pour reflet ; l’effet pour la cause ; l’instrument pour l’acte ou l’acteur ; l’œuvre pour l’auteur ; les dieux pour les actions, les objets, les éléments auxquels ils président ; le contenant pour le contenu ; la résidence pour l’habitant ; le lieu d’origine pour le produit ; le signe pour la chose signifiée ; le possesseur pour la chose possédée ; les parties du corps pour les facultés ou les qualités dont on convient qu’elles sont le siège ; l’espèce pour le genre ; le genre ou l’individu pour l’espèce ; la matière pour l’objet qui en est fait ; la partie pour le tout ; le fleuve pour le pays qu’il arrose ou pour le peuple qui vit sur ses bords.
Rabusson veut-il nous faire entendre qu’aux heures mêmes où son héros déploie, le plus de volonté, il subit encore des impulsions irrésistibles et cachées et reste passif en pleine action ? […] … La Providence est une divinité maladroite, qui ne fait rien pour raffermir son culte toujours chancelant, mal assis dans le cœur de l’homme ; elle vous reprend d’une main (elle doit avoir des mains puisqu’on lui prête un doigt) ce qu’elle, vous a donné de l’autre, de sorte que l’observateur attentif finit par s’apercevoir qu’il n’y a rien, dans ces alternatives de générosité et de rigueur, qui différencie clairement son action de celle du hasard au passe dix ou à la roulette.
Mais La Bruyère, fin polisseur de statuettes, a tort de blâmer le moins fini et le moins élégant des statues, et il eût été bien incapable de dresser la cariatide, un peu lourde sans doute, qui supporte une action. […] À condition de lire très vite, elle paraît supportable dans l’action orageuse et dans l’analyse : Adolphe Dennery et Paul Bourget nous ont rendus si peu exigeants… Ceux qui aiment Montégut doivent admirer dans Le Geste une inspiration particulièrement heureuse et un livre relativement harmonieux.
Du Parnasse il est descendu dans la boue de l’Action quotidienne et collective. […] Dans l’Action du 25 juin 1903, il écrit ces lignes qui pourraient être de M.
Non, il faut le reconnaître à son honneur, et ç’a été là une des causes de son importance personnelle, il est un ; la littérature, l’histoire elle-même, n’ont jamais été pour lui qu’un moyen, un instrument d’action, d’enseignement, d’influence. […] Pourtant cette flamme éclatait plutôt encore dans son regard, dans son geste, dans son action.
La bonne critique elle-même n’a son action que de concert avec le public et presque en collaboration avec lui. […] À mesure qu’ils s’éloignèrent de leur point de départ de 1800, ils perdirent de leur utilité d’action et de leur netteté de vue ; ils avaient eu besoin d’une crise décisive qui les éclairât, et ils tâtonnèrent un peu quand survinrent des complications nouvelles.
Quand les partis n’ont pas de chef ni de tête, quand ils se présentent par leur corps seul, c’est-à-dire par leur réalité la plus hideuse et la plus brutale, il est plus difficile et aussi plus hasardeux de se montrer envers eux si équitable et de faire à chacun sa part jusqu’au milieu de l’action. […] « Qui ne me voudra savoir gré, dit-il, de l’ordre, de la douce et muette tranquillité qui a accompagné ma conduite, au moins ne peut-il me priver de la part qui m’en appartient par le titre de ma bonne fortune. » Et il est inépuisable à peindre en expressions vives et légères ce genre de services effectifs et insensibles qu’il croit avoir rendus, bien supérieurs à des actes plus bruyants et plus glorieux : « Ces actions-là ont bien plus de grâce qui échappent de la main de l’ouvrier nonchalamment et sans bruit, et que quelque honnête homme choisit après, et relève de l’ombre pour les pousser en lumière à cause d’elles-mêmes. » Ainsi la fortune servit à souhait Montaigne, et, même dans sa gestion publique, en des conjonctures si difficiles, il n’eut point à démentir sa maxime et sa devise, ni à trop sortir du train de vie qu’il s’était tracé : « Pour moi, je loue une vie glissante, sombre et muette. » Il arriva au terme de sa magistrature, à peu près satisfait de lui-même, ayant fait ce qu’il s’était promis, et en ayant beaucoup plus fait qu’il n’en avait promis aux autres.
La publication des pièces officielles et des dépêches des ambassadeurs de France, pendant la durée de l’influence de Mme des Ursins à Madrid (si cette publication se fait un jour), pourra seule achever de déterminer avec précision toute l’importance et la qualité de son action politique ; nous en savons déjà assez pour porter sur elle une appréciation morale ; et quant à son mérite littéraire, nous osons dire qu’il ne manque à ce qu’on a de Mme des Ursins que des éditeurs moins négligents pour qu’elle devienne un de nos classiques épistolaires. […] Et cependant, en quittant ces deux personnages de haute représentation, Mme des Ursins et Mme de Maintenon, ces deux sujets habiles et du premier ordre, me sera-t-il permis de rappeler au fond, en arrière et au-dessous d’elles, d’une époque un peu plus ancienne, une simple spectatrice de cette belle comédie de la Cour, une personne qui n’a eu en rien le génie de l’intrigue et de l’action, mais d’un bon sens égal, doux et fin, d’un jugement calme et sûr, la sage, la sincère et l’honnête femme véritablement en ce lieu-là, Mme de Motteville ?
Il a décrit, d’une plume fière, l’action de ce caustique sur les cervelles et sur les cœurs. […] Il les veut si purs, il les rêve si parfaits, qu’il affecte de considérer comme un crime, chez un bourgeois, une action qui serait simplement douteuse si elle avait pour auteur un artisan ou un rustre.
Au cours des récits où figureront ces personnages surnaturels, je leur conserverai le nom que leur donne l’indigène du pays où l’action se passe. […] Cependant ils ont l’orgueil de leur race et opposent volontiers, en paroles sinon en actions, leur loyauté à la félonie de la race des hommes (v.
Si l’association produit ses effets utiles quelquefois, c’est dans des contes où l’imagination cherche moins à serrer la réalité que dans les fables123 (au point de vue de l’action, sinon des personnages). […] Noter que ce respect ne va pas jusqu’à engendrer des actions dans le genre de celles de Régulus ou de Porcon de la Babinais, sauf peut-être dans le conte de Bérenger-Féraud (Les deux amis brouillés par leur maîtresse) qui rappelle dans sa dernière partie l’histoire de Damon et Pythias.
Il ne raconte pas une action, il la met sous les yeux ; il veut plus qu’émouvoir et plaire, il aspire à faire illusion. […] Ont-ils fait une pièce dont l’action dure seulement une semaine, et dont les personnages franchissent au moins, d’une scène à l’autre, l’étroit passage qui sépare la France de l’Angleterre ou l’Europe de l’Afrique ?
En France, pays de l’action, où les idées sont toujours des hommes, qui n’est pas personnel n’est pas Français. […] Selon la méthode de Taine, qui indigne du Méril, mais qui l’indigne si doux, le talent lui-même n’est plus qu’un champignon d’une espèce particulière, qui pousse tout à coup quand l’humus se trouve contenir du phosphore, qu’aucun nuage ne neutralise l’action du soleil et que l’air ambiant est suffisamment saturé d’oxygène.
Revenons maintenant de ces éléments à ces ensembles mêmes, afin d’apprécier l’action qu’ils doivent exercer sur les idées sociales, par le degré de leur unité. […] Lamprecht qu’à la dernière extrémité ; l’action unifiante du commerce ne pouvait s’exercer.
Quand la France se soulevait de sa base antique pour repousser les armées étrangères, quand le cri d’alarme avait retenti du Nord au Midi, sous les flammèches qui sortaient de toutes les bouches, le feu prit au cerveau d’un jeune conscrit ; et, dans une nuit, il fit ce chant de la Marseillaise, dont les paroles, la musique et l’action sur les champs de bataille peuvent nous dire ce qu’était la poésie grecque. […] « Quand la France en colère leva ses bras gigantesques, et que, jurant ce serment dont la fureur ébranle l’air, la terre et les mers, elle frappa de son pied vigoureux et dit qu’elle voulait être libre, rendez-moi témoignage combien j’eus d’espoir et d’inquiétude, et avec quel transport je chantai sans crainte mes fières actions de grâces au milieu d’une foule servite !
Victor Hugo, l’action du novateur exhumé dut être très-réelle, quoique indirecte et difficile à saisir, comme il convient à tout grand écrivain qui passe à son creuset ce qu’il emprunte.
Ses séances, courtes et silencieuses, sont pleines de résultats et tout entières en action ; elle n’est plus qu’un Conseil d’État, ou plutôt un grand Conseil de guerre, qui ne voit dans la France qu’un camp où la Révolution est assiégée.
Laurent, les meneurs de toutes les factions se sont montrés bien modestes, en se réunissant pour proclamer unanimement la nullité de celui qui, sans autre ressource que l’austérité de ses mœurs et de ses principes, parvint à les dompter tous, et ne succomba ensuite que pour avoir tenté de régulariser l’action révolutionnaire, dans un temps où elle ne pouvait céder encore à la prudence des hommes. » Nous avouerons que cette médiocrité absolue de Robespierre nous avait toujours un peu chagriné, et que nous ne pensions point sans quelque embarras que l’homme monstrueux qui a mis son sceau sur la plus épouvantable période de l’histoire du monde, et l’a, pour ainsi dire, frappée à son effigie, n’eût eu d’autre mérite que celui d’un phraseur vulgaire et d’un passable académicien de province.