Avant-propos de l’édition de 1853 15 juin 1853. Depuis quelque temps on nous demande de divers côtés de rassembler en un corps de doctrine les théories dispersées dans nos différents ouvrages, et de résumer, en de justes proportions, ce qu’on veut bien appeler notre philosophie. Ce résumé était tout fait. Nous n’avions qu’à reprendre des leçons déjà bien anciennes, mais assez peu répandues parce qu’elles appartiennent à un temps où les cours de la Faculté des lettres n’avaient guère de retentissement au-delà du quartier latin, et aussi parce qu’on ne pouvait les trouver que dans un recueil considérable, comprenant tout notre premier enseignement de 1815 à 18211. Ces leçons étaient là comme perdues dans la foule.
» que : « Buvons, mes frères, et tenons-nous en joie. » Que le but de l’univers nous soit profondément caché ; que ce monde ait tout l’air d’un spectacle que se donne un Dieu qui sans doute n’existe pas, mais qui existera et qui est en train de se faire ; que la vertu soit pour l’individu une duperie, mais qu’il soit pourtant élégant d’être vertueux en se sachant dupé ; que l’art, la poésie et même la vertu soient de jolies choses, mais qui auront bientôt fait leur temps, et que le monde doive être un jour gouverné par l’Académie des sciences, etc., tout cela est amusant d’un côté et navrant de l’autre. […] Il est de deux Académies ; il est administrateur du Collège de France ; il a été aimé, nous dit-il, des trois femmes dont l’affection lui importait : sa sœur, sa femme et sa fille ; il a enfin une honnête aisance, non en biens-fonds, qui sont chose trop matérielle et trop attachante, mais en actions et obligations, choses légères et qui lui agréent mieux, étant des espèces de fictions, et, même de jolies fictions Il a des rhumatismes.
Et justement ce que lui reprochait surtout l’Académie, c’est de heurter la pudeur, de glorifier des faiblesses indignes et des actions manifestement contraires à la décence et même à la vertu. […] Alexandre Dumas fils lui-même partage, sur la tragédie de Corneille, le sentiment de l’Académie et de Chapelain, et, comme de raison, l’exagère encore.
Avant-propos de la première édition L’Académie des sciences morales et politiques avait proposé pour 1856 la question suivante : « Exposer et apprécier l’influence qu’a pu avoir en France, sur les mœurs, la littérature contemporaine, considérée surtout au théâtre et dans le roman. » L’Académie expliquait que l’examen provoqué par elle devait particulièrement porter sur les erreurs morales et les fausses doctrines qu’avait pu émettre ou propager la littérature. […] En publiant cet ouvrage, j’ai cru remplir un devoir ; j’ai voulu m’associer à la pensée de bien public qui avait inspiré l’Académie lorsqu’elle avait mis ce sujet au concours.
La fin d’un beau jour d’Edmond Jaloux Lorsque l’Académie française décerna l’an dernier le Grand Prix de Littérature à Edmond Jaloux, le choix rencontra une approbation unanime ; avec une élégance que l’on a plaisir à enregistrer l’auteur vient d’y répondre en publiant un roman qui est jusqu’à présent son chef-d’œuvre. […] (Oui, je sais, à un moment la Comédie-Française intervient ; mais qu’est-elle d’autre aujourd’hui que l’Académie des théâtres de boulevard ?) […] « Bien écrire, c’est bien penser, bien sentir et bien rendre », [Buffon, Discours de réception à l’Académie française, « Sur le style », prononcé le 25 août 1753, in Œuvres, éd.
Nos jeunes écrivains ne voient-ils pas qu’il est déjà presque impossible d’employer un seul mot, dans tout le Dictionnaire de l’Académie : que chacun de ces mots est devenu capable désormais de quarante significations métaphoriques diverses, et que, au train dont vont les choses, chacun pourra bientôt être remplacé, sans rien perdre de son sens, par quatre cents autres ? […] Les directeurs des journaux de province, consultés récemment sur leurs goûts littéraires, l’ont nommé parmi les quelques écrivains qu’ils aimeraient à voir figurer dans une Académie idéale.
Ne nous mêlez pas de ce que nous enseignons, de ce que nous écrivons, et nous ne vous disputerons pas le peuple ; ne nous contestez pas notre place à l’université, à l’académie, et nous vous abandonnerons sans partage l’école de campagne.
À peine risquerais-je : « Peut-être n’est-il pas aussi naturel ; “autochtone” qu’on veut dire ; ne viendrait-il pas, je ne sais par quel détour, des bibliothèques et des académies ?
Chevreul a exposé cette théorie dans la Revue des Deux-Mondes en 1833, dans un ouvrage spécial (De la baguette divinatoire, du pendule explorateur et des tables tournantes) en 1854, enfin dans le tome XXXIX (1877) des Mémoires de l’Académie des sciences. — Cf.
Pour se complaire dans la société d’un tel génie, il fallait s’y être préparé par des études persévérantes, et le spiritualisme de l’académie combattait, sans les terrasser, les doctrines sensuelles du paganisme. […] Guizot qu’il jouait sa renommée en parlant de philosophie, car dix ans plus tard, lorsqu’il entrait à l’Académie française, ayant à louer son prédécesseur selon l’usage traditionnel, il a prouvé qu’il avait à peine feuilleté les œuvres M. […] Ses pages sur l’immortalité de l’âme peuvent servir de préface au discours prononcé à l’Académie, J’y retrouve, en effet, le même dédain pour les enseignements de l’histoire, et j’ajouterai le même dédain pour l’intelligence de la foule.
Jules Lemaître tenait ces propos réactionnaires à l’Académie, au cours d’un ravissant éloge des vieux livres, dans une de ces solennelles séances où la plus noble tradition s’égaye de quelque badinage ; de sorte qu’on peut un instant se demander si, en quelque mesure, ce n’est point là une boutade. […] Un lauréat de l’Académie Goncourt écrit : « Une pelouse que bordent comme d’une chaîne de médaillons ovales des corbeilles de fleurs d’une jolie diaprure… » Ce lauréat, qui sans compter entasse tous ces génitifs, a aussi le tort de substituer à des prépositions telles que par ou avec la perpétuelle préposition de : manie fréquente aujourd’hui.
Le vénérable secrétaire perpétuel de l’Académie a trouvé moyen de n’avoir pas un ennemi dans un emploi où l’on a tant d’occasions de froisser les gens. […] Vous avez sûrement fait cette innocente remarque : les rapports entre l’Académie et la Comédie-Française, ces deux grandes compagnies, dont la plus solennelle n’est peut-être pas celle que vous pensez, n’ont jamais été meilleurs que depuis deux ou trois ans. Pas un auteur dramatique, à l’Académie, qui n’ait eu sa « reprise », parfois bien inattendue. — D’où vient cela ?
Pour ceux qui, d’une vie d’inspecteur d’académie, ont tiré Werther, Le Tasse, Les Affinités électives et les deux Faust, décidément elle n’est pas très bonne. […] Il était bon qu’un homme, évidemment désintéressé, qui n’était engagé dans aucun parti, qui plutôt, comme « incroyant », semblait engagé dans le parti « avancé » ; qui était déjà de l’Académie française et qui, par conséquent, n’était pas suspect de se donner certaine opinion pour entrer là, connu d’ailleurs pour sa sincérité, sa loyauté, sa liberté d’esprit ; absolument étranger, aussi, à toute ambition politique ; rompît le charme, et parlât de la Révolution sans ménagements, mais comme on doit parler de toutes choses. […] Si l’on avait plébiscité son élection à l’Académie, il aurait eu dix mille voix contre cinq millions accordées je ne dirai pas à qui.
Lévy-Bing, exposa dans Le Moniteur l’idée d’une académie polyglotte à laquelle serait confiée la tâche de confectionner la future langue universelle. […] Jules Claretie, de l’Académie française, 1 vol. grand in-8º.
Vous avez la manie du bel esprit, de la haute science, des académies ; vous voulez briller ; vous voulez qu’on vous connaisse ; vous voulez qu’on vous tympanise aux quatre coins de la ville ; et vous avez le mépris du bon sens qu’il soit dans votre servante ou dans votre mari. […] Elles font le rêve du secrétariat perpétuel de l’Académie des Précieux. […] Comme Cathos et Magdelon, elle veut fonder un salon littéraire, une ruelle célèbre, une académie et, en maîtresse de maison impérieuse, elle en trace le plan, et le programme devant qu’elle soit ; elle n’a rien du romanesque grotesque de Bélise, et même elle n’a aucun romanesque ; mais elle a le philosophisme d’Armande, méprise comme elle la matière et la substance étendue et la guenille et les tient pour choses du dernier vulgaire et, quoique très intelligente, Molière, avec raison, a voulu qu’elle fût aussi bête qu’Armande et Bélise quand il s’agit d’admirer les sottises du faux bel esprit qui exploite son travers.
Les mains ne s’attachent pas aux bras ; les corps ont plus de douze fois la grandeur de la tête ; le moindre élève des Beaux-Arts rectifierait ces académies insuffisantes, comme le moindre vaudevilliste rebouterait les scènes et les dialogues de M. […] Flaubert y consacre vingt pages, et quelles pages, toutes bourrées de citations ironiques tirées des comptes rendus analytiques des travaux de l’Académie de Rouen.
« La personnalité de Dieu, au lieu de garder sa forme primitive, synthétisée, s’est au contraire disséminée ; elle anime désormais les fibres les plus obscures de la matière, et la moindre parcelle du monde nous apparaît toute tressaillante du sang divin », disait en substance l’auteur de Chair dans un récent discours sur le Naturisme, prononcé à Bruxelles, au palais des Académies.
C’est pourquoi les journaux pieux ou d’académie assumèrent en vain la honte d’avoir injurié Verlaine, encore sous les fleurs ; le coup de pied du sacristain et celui du cuistre se brisèrent sur un socle déjà de granit, pendant que dans sa barbe de marbre, Verlaine souriait à l’infini, l’air d’un Faune qui écoute sonner les cloches.
Reumont a connu le livre d’Antoine de la Sale par l’extrait qu’en avait donné en 1862, — ce qui m’avait également échappé, — le baron Kervyn de Lettenhove dans les Bulletins de l’Académie royale de Belgique. […] Voyez Dorn, dans le Bulletin historique-philosophique de l’Académie de Saint-Pétersbourg, t.
Le livre pour jeune fille est l’objet d’un commerce important, encouragé annuellement par l’Académie et plusieurs autres sociétés de bienfaisance. […] A première vue, l’impression du nu féminin parmi le nu marmoréen est plutôt pénible ; on est contrarié par le ton de la peau, ce mélange de rose et de jaune, par la mobilité de la face et des muscles de tout le corps, brisé souvent en une attitude sans grâce, par les cheveux, par d’autres ombres, par l’absence de calme et de lignes fixes et aussi, par ce que l’on sent de fugitif, de personnel, en l’académie correcte de cet être qui s’érige bêtement, nu et ennuyé, sur une table.
Discours de réception à l’Académie française.
Lorsque l’on considère la science contemporaine du dehors et sans être initié à son esprit et à ses tendances, lorsque l’on parcourt les feuilles scientifiques, les comptes rendus des académies, et ces comptes rendus moins sévères que le goût publie recherche aujourd’hui, et qui partagent avec le roman et le théâtre l’honneur du feuilleton ; lorsque d’un autre côté on lit ou du moins l’on consulte les innombrables ouvrages où la science essaie de se rendre populaire et d’expliquer à tous les merveilleuses inventions qu’elle a suscitées, et que tout le monde connaît, lorsqu’enfin l’on voit se produire à la fois tant de faits minutieux et tant de découvertes utiles, on est tenté de croire que les deux caractères les plus saillants des sciences à notre époque sont l’esprit pratique, le goût des applications utiles, dédaigneux de toute tendance spéculative un peu élevée.
Cette empirique prépondérance de l’esprit de détail chez la plupart des savants actuels, de leur aveugle antipathie envers toute généralisation quelconque, se trouvent beaucoup aggravées, surtout en France, par leur réunion habituelle en académies, où les divers préjuges analytiques se fortifient mutuellement, où d’ailleurs se développent des intérêts trop souvent abusifs, où enfin s’organise spontanément une sorte d’émeute permanente contre le régime synthétique qui doit désormais prévaloir.
Si les Observations de l’Académie sur le Cid avaient eu une postérité, les Chapelains de 1673 auraient rapproché ce vers du Il en rougit le traître !
Or, il est évident que, par tout le reste de son œuvre, Attila, Saint Paul, Mahomet et les poèmes couronnés par l’Académie, M. de Bornier est « un Monsieur bien sage », je veux dire un excellent littérateur, de plus de noblesse morale que de puissance expressive, poète par le désir et l’aspiration, mais un peu inégal à ses rêves. […] Le respectacle Ferdinand Verrier, de l’Académie des Sciences morales et politiques, la plus respectable des Académies (car, à l’Académie française, on reçoit de temps en temps des hommes gais), a, depuis dix-huit ans, la plus respectable liaison avec la respectée baronne de Formanville.
Par quel prodige, au milieu de ce siècle de critique et tout en subissant comme un autre les misères de ce siècle, dans ce pays de censure et d’académie, un homme de ce temps et de ce lieu a-t-il pu se ressouvenir de la vraie, pure, originelle et joyeuse nature humaine, se dresser contre le flot de la routine implacable et non pas écrire ou parler, mais « chanter » comme un de ces bardes qui accompagnèrent au siège de Troie l’armée grecque pour l’exciter avant le combat et ensuite la reposer, — toutefois en chantant ne point sembler (pour ne blesser personne) faire autre chose qu’écrire ou parler comme tout le monde, et, avec une langue composée de vocables caducs, usés comme de vieilles médailles sous des doigts immobiles depuis deux siècles, donner l’illusion bienfaisante d’un intarissable fleuve de pierreries nouvelles ? […] Par eux il a, pour ainsi parler, prouvé qu’il pouvait comme un autre accumuler les livres qui mènent à toutes les académies et méritent le pleur ou le sourire d’un public — même d’élite82. […] Jean Aicard qui vient de recevoir à l’Académie son prix annuel, ou encore c’est M.
Une aristocratie, même purement intellectuelle, une société d’élite, une académie est bien souvent portée vers la réaction ; en supposant qu’elle compte les esprits les plus capables de comprendre l’art au point précis où il est arrivé à leur époque, elle ne compte pas toujours ceux qui peuvent le mieux comprendre l’art du lendemain. Au lieu de se plier au goût plus ou moins altéré d’une époque, le génie entreprend de le réformer ; or, le goût d’une époque est souvent plus facile à réformer (Corneille en a été encore un exemple) que celui d’une académie.
parce que l’Académie en était encore à l’Art poétique de Boileau, qui certes n’eût pas compris, et eût été très bien fondé, de son temps, à ne pas comprendre ce mélange de la vie métaphysique et de la vie réelle qui fait la nouveauté et la grandeur de la forme de Faust. […] Il sentait le ridicule de l’orgueil en délire ; il le raillait chez les autres, avec âpreté, afin de s’en préserver tout le premier, et il refusait tout : et la députation, et l’Académie, et la fortune, afin de ne pas perdre la tête et de garder intacte sa figure de bonhomme honnête, modeste et populaire.
Nous nous contenterons de rappeler ici qu’il venait d’aboutir, deux ans avant la première publication du Discours de la méthode, à la fondation de l’Académie française… Et bien moins enfin pourrait-on prétendre que le cartésianisme ait en quelque manière que ce soit favorisé le jansénisme — puisque la réformation de Port-Royal est antérieure de vingt-cinq ans à Descartes, — et que c’est de là que devait sortir, non pas la seule, mais la plus redoutable opposition que le cartésianisme ait rencontrée. […] Chez la vieille Ninon de Lenclos, où son parrain, l’abbé de Châteauneuf, le menait aux jours de congé ; au Temple, chez les Vendôme, où l’on tenait, après boire, académie de libertinage ; ailleurs encore, chez les Maisons, où Dumarsais faisait le philosophe ; au café Gradot, au calé Procope, où Boindin donnait des leçons d’athéisme ; à la cour du Régent ou chez Mme de Prie, tous ces audacieux paradoxes, toutes ces idées que Bayle avait insinuées sous le couvert de son érudition, Voltaire les avait entendu soutenir et discuter, il les avait discutées lui-même, il les avait mises en vers faute d’oser encore les mettre en prose.
Le volume obtint un prix à l’Académie, et Pierre Dupont eut dès lors une petite place en qualité d’aide aux travaux du Dictionnaire. […] Pierre Dupont se conduisit définitivement avec l’Académie comme il avait fait avec la maison de banque.
Ils perduraient, non décédés extérieurement, décorés, membres d’académies ou titulaires de bonnes rubriques dans des journaux. […] Quelques-uns d’entre eux sont « naturistes » ; d’autres se font un devoir, pour être de leur temps et l’exprimer, de célébrer les Universités populaires ; d’autres écrivent au secrétaire perpétuel de l’Académie française pour le sommer de mettre un terme à l’anarchie de la métrique contemporaine. […] Ce qui, du reste, importe, dans cet essai linguistique, beaucoup plus que l’argumentation elle-même, c’en est l’esprit, et Gustave Kahn réclamait utilement en faveur de la liberté de l’écrivain, qui a le droit, s’il le fait avec discernement, de devancer l’usage et qui, en tous cas, a le devoir de ne se point astreindre aux vocabulaires reconnus par les Académies.