Ecrire avec des termes généraux et des périphrases, c’est donner la définition de la chose au lieu de la montrer, et l’exprimer en savant ou en faiseur d’énigmes, non en poëte. […] Quand on écrit ainsi le mot propre, c’est qu’on est frappé et comme possédé par l’objet ; on le voit intérieurement, tel qu’il est, grossier ou sale, et on ne peut pas s’empêcher de l’exprimer tel qu’on le voit. […] En déplaçant quelques épithètes, sa fable se trouverait écrite en prose. […] Pour moi, j’aimerais mieux être obligé de commander une armée, que d’écrire ces terribles lignes non finies ; je trouve plus difficile de composer six beaux vers que de remporter une victoire ; en pareil cas du moins j’aurais la chance d’avoir un imbécile pour ennemi ; mes généraux me remplaceraient ; et il y a telle occurrence où les soldats tout seuls ont gagné la bataille. […] Patru aurait voulu que La Fontaine ne mît pas ses fables en vers ; et Lessing plus tard écrivit les siennes en prose, prétendant ramener l’apologue à son expression naturelle.
Leclercq l’idée d’écrire des dialogues. Plus tard, à Hambourg (1810), il fit jouer des proverbes écrits, par la société française qui s’y trouvait amenée à la suite des guerres de l’Empire. […] C’était une scène ou plusieurs scènes qu’on écrivait ou que souvent on improvisait entre soi sur un simple canevas, et qui renfermaient un petit secret. […] Cet homme lunatique, qui commence sa matinée du dimanche par contrarier femme et domestique en tout point, par se refuser au dîner périodique de famille sous prétexte qu’on ne l’a pas invité par écrit, qui ne sait qu’imaginer pour contredire les autres et lui-même, qui n’a pas plus tôt exprimé un caprice, qu’il le regrette ; que tout vient tenter et lutiner sans le fixer à un choix ; qui passe de l’envie du trictrac à celle de dîner tout seul, puis à l’idée de se purger, et qui finit, après avoir bien grondé, et sa lune déclinant vers le soir, par se laisser coiffer par sa belle-mère d’un bonnet de coton à longue mèche, et par se coucher docilement à jeun, comme un enfant honteux qui est puni d’avoir fait le malade ; tout ce portrait est délicieux, et si La Bruyère avait fait de son Distrait une petite comédie, c’est ainsi qu’il aurait voulu s’y prendre, qu’il aurait ménagé les scènes, en y semant les jolis mots. […] Théodore Leclercq a très bien peint sa douce paresse et son humeur peu ambitieuse, qui laissait à son observation tout son jeu et toute sa lucidité : « Assez bon observateur, dit-il, positivement parce que je reste en dehors des prétentions actives, je regarde faire, et j’écris sans remonter plus haut que le ridicule, qui est mon domaine, laissant des plumes plus fortes que la mienne combattre ce qui est odieux. » Là où il est le plus charmant et le plus naturellement dans son domaine, c’est quand il peint les légers ridicules dont il ne s’irrite point, mais dont il sourit et dont il jouit, les ridicules des gens qu’on voit et qu’on aime à voir, avec qui l’on joue la comédie sans qu’ils se doutent qu’ils la jouent doublement eux-mêmes.
On ne conçoit pas pourquoi cet homme a laissé sa confession générale par écrit… L’effet fut pourtant tout différent de celui que présageait d’Argenson. […] Il faut presque lui pardonner toutes ses intrigues et ses machinations, puisqu’il les a écrites. […] « Il y a plus de douze cents ans que la France a des rois, dit Retz ; mais ces rois n’ont pas toujours été absolus au point qu’ils le sont. » Et dans un résumé rapide et brillant, il cherche à montrer que si la monarchie française n’a jamais été réglée et limitée par des lois écrites, par des chartes, comme les royautés d’Angleterre et d’Aragon, il avait toutefois existé dans les temps anciens un sage milieu « que nos pères avoient trouvé entre la licence des rois et le libertinage des peuples ». […] L’homme qui sous Louis XIV, vers 1672, âgé de cinquante-huit ans, écrivait ces choses dans la solitude, dans l’intimité, en les adressant par manière de passe-temps à une femme de ses amies, avait certes dans l’esprit et dans l’imagination la sérieuse idée de l’essence des sociétés et la grandeur de la conception politique ; il l’avait trop souvent altérée et ternie dans la pratique ; mais plume en main, comme il arrive aux écrivains de génie, il la ressaisissait avec éclat, netteté et plénitude. […] Cette galerie, dont les traits cent fois répétés et reproduits depuis remplissent toutes nos histoires, est la gloire du pinceau français, et on peut dire qu’avant Saint-Simon il ne s’était rien écrit de plus vif, de plus éclatant, de plus merveilleusement animé.
« La nature m’a beaucoup donné, écrit-il, mais je mourrai sans avoir rien fait. […] En lui, deux âmes se battent : « En réalité, écrit-il, quand je suis avec les gens du peuple, je ne suis bon qu’à tendre l’oreille et à observer. […] Il se torture d’arguties, recommence sans cesse son infructueux examen de conscience, et se butte toujours à l’impossibilité d’éprouver une sensation forte et décisive, qui est le symptôme dernier de sa ruine morale : « Elle m’aime, écrit-il à un ami, et elle m’a dit qu’elle serait à moi, si je me reconnaissais le droit de, l’exiger. […] Que l’on considère que ces études de pathologie mentale sont écrites par un auteur qui s’entend merveilleusement à décomposer les mouvements d’âme, à manier les sentiments, à percevoir la forme particulière qu’ils revêtent dans l’individu qu’il analyse, à faire entrevoir par le clair-obscur d’un style réticent, par l’indécis des incidents contradictoires, tout le complexe de l’être qu’ils affectent, qui connaît les infinies sinuosités, les étranges mélanges de clarté et d’ombre que présente tout esprit humain, on mesurera ce que les romans de Tourguénef ont de concluant et de propre. […] La sérénité de Goethe, la paix des systèmes spinosistes, le calme bien ordonne et la belle stabilité des écrits de M.
Cette philosophie, nous l’avons vu, serait la nôtre, s’il ne s’y mêlait pas deux points de vue de nature opposée et presque contradictoire : l’un, vraiment philosophique, qui ramène le beau à la part de généralité et de raison que contiennent les ouvrages d’esprit : l’autre, que je me permets d’appeler peu philosophique, et qui mesure la beauté et la vérité des écrits au degré de leur conformité avec les opinions moyennes, qui composent ce qu’on appelle à tort ou à raison le sens commun. […] Dans une théorie littéraire qui partout fait prédominer le fond sur la forme et demande d’abord aux écrivains non comment ils ont écrit, mais comment ils ont pensé, dans cette théorie, la première place était due à celui qui nous a appris à penser, et à préférer la raison à toutes choses. […] Nisard quelques-unes des pages les plus heureuses et les plus fortes que l’on ait écrites sur ce grand sujet. […] Pascal n’a pas eu besoin de Louis XIV pour trouver l’occasion d’écrire les Provinciales ou les Pensées. […] Les mauvais auteurs contre lesquels écrivait Boileau étaient de l’Académie française.
N’a-t-il pas écrit quelque part que « le sujet d’une belle tragédie doit n’être pas vraisemblable » ! […] Précisément en ce temps-là, Quinault, renonçant à la tragédie et à la comédie, n’écrivait plus que des « tragédies » lyriques. […] S’il avait continué d’écrire pour la scène, je ne doute pas qu’il lui en eût emprunté davantage. […] il écrit si bien86 ! […] — on ne trouvait à nommer, entre Racine, qui avait cessé d’écrire en 1677, et Voltaire, dont la première tragédie, son Œdipe, est de 1718, on ne trouvait à citer que le seul Crébillon.
Le chroniqueur Turpin, archevêque de Reims, avait fourni par ses écrits appelés romans une immense matière aux poètes. […] Je déchirais la page après l’avoir écrite ; je jetais la prose ou les vers au vent, comme un peintre jette son pinceau impuissant sur sa toile. […] dit la belle comtesse. — Parce que le cœur s’y mêle, répondit le professeur, parce qu’il a été pensé avec la sensibilité et non avec la fantaisie, parce qu’il a été écrit avec des larmes. […] C’est qu’à mon sens, il a écrit ce chant sous l’influence vive et personnelle de l’amour malheureux qu’il éprouvait pour une autre Ginevra. […] C’est que Voltaire écrivait en grand artiste, et qu’Arioste chantait l’amour en grand amoureux.
Celui qui connaîtrait bien les œuvres de Cicéron connaîtrait à peu près tout ce que les hommes ont pensé, dit et écrit de plus juste et de plus parfait sur ce globe, avant l’Évangile. […] Quelques lignes d’abord sur sa vie, que nous avons écrite dans un autre ouvrage. […] César plaidait, faisait des vers, écrivait l’Anti-Caton, conquérait les Gaules. […] « Que je me repens, écrit-il en route, que je me repens, mon cher Atticus, de n’avoir pas prévenu par ma mort volontaire l’excès de mes malheurs ! […] C’est là qu’il écrivit, sans relâche et sans lassitude, ses plus belles œuvres littéraires.
« Bonaparte impatienté écrivit à M. de Cacault de revenir à Paris avec le projet de concordat accepté, ou de demander immédiatement ses passeports. […] Tous les trois, ils écrivirent au cardinal Fesch, en déclarant qu’ils ne pouvaient aller à Saint-Cloud. […] Tous trois écrivirent aussi ce jour-là même au cardinal Fesch, et ils lui firent savoir que la maladie les empêchait d’intervenir. […] Le cardinal Fesch étant sénateur, — je ne puis cacher dans cet écrit ce qui est indispensable pour qu’il soit véridique, — fit la faute de marcher avec les sénateurs plutôt qu’avec les cardinaux. […] « Dans ce dessein, tous ensemble nous libellâmes un écrit dont chaque mot fut pesé un à un, et cinq heures s’écoulèrent dans ce travail.
* * * — Sur le registre des massacres de Septembre, on lit : « Jugé par le peuple et mis en liber… » liber est effacé, et à la place en surcharge, est écrit en mort. […] Après de la bière, on écrirait un traité sur Hegel ; après du champagne, on dirait des sottises ; après du bourgogne, on en ferait ; — après du cidre, on rédigerait un bail. […] Moi, vous savez, je ne suis pas au premier venu, mais quand j’ai su que c’était lui, toute ma journée, il l’a eue… Si j’avais su votre adresse, je vous aurais écrit, c’est bien malheureux que je n’aie pas su votre adresse ! […] Le roman actuel se fait avec des documents racontés, ou relevés d’après nature, comme l’histoire se fait avec des documents écrits. […] c’est bien un douloureux livre sorti de nos entrailles… Même matériellement nous ne pouvons plus le corriger, nous ne voyons plus ce que nous avons écrit : les choses du bouquin et leur horreur, nous cachent les fautes et les coquilles.
On nous dit et on nous écrit tous les jours : « Comment entreprenez-vous une œuvre de haute critique littéraire dans un siècle et dans un pays qui n’ont plus de littérature ; dans une nation qui s’est épuisée de grands esprits pendant deux grands siècles, le dix-septième et le dix-huitième, siècle français par excellence ? […] Macaulay écrit l’histoire pour ses amis de telle ou telle coterie politique, au lieu de l’écrire pour le genre humain ; mais son livre n’en est pas moins un grand signe de vie dans la littérature contemporaine de la Grande-Bretagne. […] pleure tes collines, Où l’histoire du monde est écrite en ruines ! […] Si quelqu’un voulait écrire l’histoire des idées, je vous défierais de le lire ; mais qu’il écrive l’histoire des hommes qui ont représenté ces idées, il sera lu d’un bout de la terre à l’autre. […] En peu de minutes d’entretien, encourageant de son côté, timide du mien, je me sentis aussi à l’aise devant elle que si je l’avais vue tous les jours. « M. de Santilly me mande que vous écrivez des vers », me dit-elle en souriant de ma jeunesse et de ma confusion. « Vous êtes sans doute curieux de visiter la chambre et la bibliothèque du grand homme que l’Italie a perdu.
Quelqu’un qui, à cette époque, aurait écrit ce que j’écris ici, eût passé pour un sacrilège, ou un dément. […] Mais les préfaces qu’il écrivit pour eux sont pires. […] Ce n’est encore qu’une aube, à l’heure où j’écris. […] Je n’écris pas ceci pour chagriner quiconque. […] S’il écrit à la Revue des Deux Mondes, c’est déjà grave.
Après ces développements, il sera facile d’expliquer comment il faut entendre qu’une littérature et un art représentent la société dont ils sont issus et écrivent son histoire intérieure. […] Que les âmes anglaises eussent été plus frivoles, Bunyan aurait probablement persisté à écrire son livre, muet alors et stérile et qui eût été rejoindre la masse des œuvres mort-nées. […] Employée avec les ménagements et les soins que l’usage enseignera, la méthode exposée plus haut sera d’un secours véritable pour la connaissance du passé ; elle permettra pour les époques et les peuples littéraires, d’écrire l’histoire intérieure des hommes sous la surface des faits politiques, sociaux et économiques, et d’écrire cette histoire en termes scientifiques précis. […] Par ces deux méthodes, en étudiant, d’abord en leurs initiateurs, puis en leurs adhérents, les grands mouvements intellectuels, politiques, guerriers, l’histoire tout entière doit être écrite. […] XLVI) : « J’entreprends ici d’écrire l’histoire d’une littérature et d’y chercher la psychologie d’un peuple ».
Plus tard, à moins de dix ans de là, lorsqu’en ses moments de répit il écrira ou dictera sa chronique dans quelque château de Romanie, il n’aura pas revu sa Champagne, il sera toujours sur cette terre de conquête qu’il faut défendre pied à pied et payer de son sang chaque jour ; où l’on perd en chaque rencontre un compagnon, un ami, et où le vainqueur en armes n’a pas une nuit sans veille. […] Quand Baudouin, élu empereur par les Français, s’est aventuré dans une expédition contre le roi des Bulgares et est fait prisonnier après une défaite, son frère Henri prend sa place ; mais les barons attendent, avant de l’élire et de le sacrer empereur à son tour, d’être positivement assurés du trépas de son frère : « Sur quoi je voudrais, écrit l’historien Nicétas, que les Romains (les Grecs) fissent un peu de réflexion ; eux, dis-je, qui n’ont pas sitôt élu un empereur qu’ils songent à le déposer. » Ainsi l’idée de légitimité, de fidélité au serment, et de religion politique, existe chez les Latins, tandis qu’elle est entièrement abolie chez les Grecs : ce qui, chez ceux-ci, est une infériorité sociale de plus. […] s’écrie tout d’un coup Nicétas en s’interrompant, le Barbare devance mes paroles ; il est emporté plus rapide dans sa course que l’aile de l’Histoire, et aucun obstacle ne l’arrête ; car elle, elle en est encore à le montrer saccageant Thèbes, s’emparant d’Athènes, envahissant l’Eubée : mais lui, il ne marche pas, il vole, il traverse les airs laissant en arrière tout récit ; il marche vers l’Isthme, il renverse l’armée romaine qui lui barre le passage ; il pénètre dans cette ville assise sur l’Isthme même et qui était jadis l’opulente Corinthe ; il se porte à Argos, il enveloppe tout le pays de Lacédémone, il s’élance dans l’Achaïe, court de là à Méthone, et se rue sur Pylos, la patrie de Nestor : puis, arrivé aux bords de l’Alphée, il s’abreuvera, je pense, de ses ondes, et, s’y baignant, il y puisera le souvenir de la tradition antique et gracieuse ; et, dès qu’il aura su que le fleuve s’est fondu d’amour pour Aréthuse, la source de Sicile, qui désaltère les fils de l’Italie, je crains fort que, ne faisant violence au fleuve lui-même, il n’écrive sur ses eaux et ne fasse savoir par lui à ses compatriotes de là-bas les exploits dont ont souffert les Grecs. […] On était trop prompt, au xiiie siècle et depuis, à tout refuser en fait de Muses et de Grâces à ceux qui étaient nés par-delà certaines rivières et certains monts : « Ne me parlez point, écrivait à l’un de ses amis de Paris Paul-Louis Courier devenu Grec et Romain en 1812, ne me parlez point de vos environs ; voulez-vous comparer Albano et Gonesse, Tivoli et Saint-Ouen ?
Montluc, qui ne faisait pas semblant d’entendre, écouta la réponse du marquis : « Celui-là fera toujours bien partout où il se trouvera. » Ces petites pointes d’honneur servent beaucoup à la guerre, remarque-t-il ; et c’est pourquoi il ne se fait faute de mettre telles paroles par écrit, bien qu’elles soient à sa louange : « Capitaines, et vous seigneurs, qui menez les hommes à la mort, car la guerre n’est autre chose, quand vous verrez faire quelque brave acte à un des vôtres, louez-le en public, contez-le aux autres qui ne s’y sont pas trouvés. […] Lui qui n’a point lu les livres ni étudié, il a de belles et grandes paroles que lui envierait un Chateaubriand et tout écrivain d’éclat, et comme les trouvent parfois, sans tant de façons, ceux qui, avec une pensée vive et une âme forte, écrivent ou dictent en tenant l’épée. […] Il est content quand il peut dire dans une de ces marches hardies : « C’était une belle petite troupe que la nôtre. » Dans les guerres de Piémont, sous le maréchal de Brissac, il avait extrait de sa compagnie, qui était dans une garnison, trente-quatre soldats qui avaient des morions ou casques jaunes (car il avait éprouvé le bon effet, sur le moral, de ces marques distinctives), et qui étaient renommés sous ce nom : « Tant qu’il y aura mémoire d’homme qui fut alors en vie, écrivait-il vingt ans après avec orgueil, il se parlera en Piémont des braves morions jaunes de Montluc : car, à la vérité, ces trente quatre en valaient cinq cents, et me suis cent fois étonné de ce que ces gens firent lors : je pouvais bien dire que c’était petit et bon11. » Je ne voudrais pas avoir l’air de restreindre les mérites et la portée de Montluc. […] Corne, ancien avoué, qui s’est occupé de recherches historiques concernant la famille et la généalogie des Montluc, m’écrit de Condom que Blaise de Monluc (ainsi lui-même signait-il, et non pas Montluc), est né, selon toute vraisemblance, non à Condom, mais dans l’arrondissement de cette ville, à Sainte-Gemme, lieu situé dans la commune du Saint-Puy, canton de Valence.
Tout son monde de Versailles est là, même Racine, le gentilhomme ordinaire, qui prend ses notes pour l’histoire dont il est chargé et qu’il n’écrira pas ; on a de lui une lettre intéressante à Boileau, aussi exacte et circonstanciée que peut l’être la relation de Dangeau lui-même. […] Un Courtenay mousquetaire y fut tué, un descendant légitime de Louis le Gros et, à sa manière, un petit-fils de France. « Je voyais toute l’attaque fort à mon aise, écrit Racine à Boileau, d’un peu loin à la vérité ; mais j’avais de fort bonnes lunettes, que je ne pouvais presque tenir ferme tant le cœur me battait à voir tant de braves gens dans le péril. » Le roi, à ce siège de Mons comme l’année suivante à celui de Namur, s’offre bien à nous dans l’attitude sinon héroïque, du moins royale, et il satisfait à l’honneur, au courage, à tous ses devoirs, y compris l’humanité : « Jeudi 5 avril. — Le roi, en faisant le tour des lignes, a passé à l’hôpital pour voir si l’on avait bien soin des blessés et des malades, si les bouillons étaient bons, s’il en mourait beaucoup, et si les chirurgiens faisaient bien leur devoir. » La ville a demandé à capituler après seize jours de tranchée ouverte : « Le roi, dit Dangeau, a donné ce matin (9 avril) à Vauban 100000 francs, et l’a prié à dîner, honneur dont il a été plus touché que de l’argent. […] Et par cela seul que Dangeau écrit jour par jour, ce nous sera un témoin de ce changement graduel ; il ne sera pas en son pouvoir de le dissimuler. […] Il donne beaucoup d’audiences, et travaille tout le reste du jour ; il s’est accoutumé à dicter et fait écrire à M. de Barbezieux, sous lui, toutes les lettres importantes qui regardent les affaires de la guerre.
Cet écrivain si distingué, le premier des critiques de guerre proprement dits, qui avait produit son ouvrage de génie à vingt-six ans, et que la nature fit naître par une singulière rencontre dans le temps où elle venait d’enfanter le plus merveilleux des guerriers (comme si elle avait voulu cette fois qu’Aristarque fût le contemporain et le témoin de l’Iliade), Jomini a éclairé, en fait de guerre, tout ce qu’il a traité ; mais il n’en est pas moins vrai que la narration précise, détaillée, de ces trois campagnes pyrénéennes, l’histoire et la description de chacune des opérations qui les composent, écrite d’après les pièces et documents originaux, et vérifiée point par point sur les lieux, restait à faire, et M. […] Il écrivait à la fin d’un de ses rapports au ministre : « Les généraux sont malades ou absents, les canons me font faux bond, mais Ça ira ! […] Il était déjà dénoncé ; il écrivait de son côté au ministre et demandait : premièrement, un congé temporaire « pour se tirer des griffes de ses ennemis » ; en second lieu, « une autre place où il pût verser jusqu’à la dernière goutte de son sang pour le service de la République, pourvu qu’il n’y eut ni Fabre ni Gaston. […] Demandant pour lui le grade de général de brigade, il écrivit au Comité de salut public ces propres mots : « Récompensez et avancez ce jeune homme, car, si on était ingrat envers lui, il s’avancerait tout seul.
Il tenait à prouver à tous qu’il savait écrire. […] Biot mit dans la suite une certaine coquetterie bien permise à montrer ce qu’il aurait pu faire s’il avait été chargé d’écrire les Éloges des savants ; ses morceaux sur Gay-Lussac et sur Cauchy sont jugés excellents par ceux qui ont voix au chapitre. […] C’est ce qu’il n’a cessé de faire à l’occasion des nombreux écrits et témoignages originaux publiés en Angleterre sur Newton, et dont il s’était constitué dans le Journal des Savants le rapporteur très attentif, très fidèle, en même temps que le critique scrupuleux et sévère : on peut dire qu’en ce qui concerne Newton, il a été, pour la France, son historien de seconde main. […] certes, quand il écrivait son Essai sur l’Histoire des Sciences pendant la Révolution, M.
Feuillet excelle à écrire de ces Journaux de femme, de jeune fille. […] Le dialogue est moins bien ; il y a trop de style ou de ce qu’on appelle ainsi : les personnages parlent trop comme on écrit quand on se soigne ; c’est du style habillé et paré. […] Feuillet nous a montré une comédienne en quête à la fois d’un amant et d’une croyance, et, à ce double coup de dés, faisant dépendre l’un de l’autre, tellement que le jour où elle a trouvé un amant honnête homme et sincère, elle écrit au curé : « Je crois en Dieu ! […] C’est un ami en voyage qui écrit à son ami.
Il n’y a rien que de naturel dans cette liaison des noms ; il n’est que juste que ceux qui alimentent la chronique scandaleuse soient cousins de ceux qui l’écrivent. […] En regard de ces misérables billets écrits en zigzag après boire, et signés Tourlourirette, mettez donc le portrait de cette Louise-Bénédicte, dont Mlle de Launay, qui ne la flatte pas, disait : « Personne n’a jamais parlé avec plus de justesse, de netteté et de rapidité, ni d’une manière plus noble et plus naturelle… Sa plaisanterie est noble, vive et légère. » — Et sans remonter aux autres petites Cours d’une date antérieure, si l’on compare seulement Berny à ses rivales contemporaines, à la Cour du prince de Conti à l’Isle-Adam, à celle du duc d’Orléans à Villers-Cotterets, quelle différence encore, quelle distance ! […] Il avait ordre, en arrivant à l’armée, d’écrire à tous les Électeurs et princes de l’Empire avec lesquels on n’était point en guerre, « pour leur donner part du choix que le roi avait fait de lui, et leur marquer que Sa Majesté était dans la ferme résolution de faire observer la plus exacte discipline dans ses troupes et d’empêcher toute vexation. » Arrivé à l’armée, ses fautes de général commencèrent dès le premier jour. […] J’écrivais alors dans le Moniteur, et cela eût été vrai de tout autre journal.
Les écrits destinés à combattre une erreur disparaissent avec l’erreur qu’ils ont combattue. […] La révolution, qui a transformé la littérature en journaux ou écrits périodiques et fait de toute œuvre d’esprit une œuvre actuelle qui sera oubliée dans quelques jours, nous place tout naturellement à ce point de vue. […] On conçoit d’après cela un état où écrire ne formerait plus un droit à part, mais où des masses d’hommes ne songeraient qu’à faire entrer dans la circulation telles ou telles idées, sans songer à y mettre l’étiquette de leur personnalité. […] Dans les écrits anciens, ce qui nous intéresse le plus est précisément ce à quoi les contemporains ne songeaient pas : particularités de mœurs, traits historiques, faits de linguistique, etc.
On peut la définir ainsi : une œuvre qui cherche à plaire en exprimant et en suggérant, à l’aide de phrases écrites ou parlées, des sensations, des sentiments, des idées, des tendances pratiques, des visions et des aspirations idéales. […] Aussi écrivait-il en tête d’un de ses recueils de poésies ce titre significatif : Emaux et Camées. […] « Les poètes dramatiques sont les meilleurs prédicateurs de l’Empire », écrivait-il. […] A certaines ironies féroces et énormes on devinerait, ne le sût-on pas d’ailleurs, que Flaubert a écrit l’histoire de Madame Bovary, afin de satisfaire et de répandre son mépris de la vulgarité bourgeoise.
César Franck je le sais, est originaire de Belgique ; mais c’est pour nous qu’il a écrit, c’est en France qu’il a vécu et travaillé, et, ce libre choix, il a tenu à l’affirmer aux heures les plus douloureuses de l’An terrible. […] On citera entres autres écrits sur l’art : D. […] Il écrivit dans diverses revues poétiques et publia un recueil, L’automne, en 1886. […] En lien avec l’univers wagnérien, il écrivit Briséis avec Catulle Mendès, pièce dramatique qui sera mise en musique par Chabrier en partie (le seul premier acte est achevé).
Raphaël est un livre d’amour écrit avec de prodigieux défauts, mais aussi avec des qualités rares, par la plume de ce temps-ci la plus riche, la plus abondante et la plus flexible. […] Raphaël a pu avoir du voluptueux dans sa vie, mais M. de Lamartine en a prêté gratuitement à son pinceau. — Je reviens au Raphaël d’aujourd’hui, à celui de M. de Lamartine : S’il eût tenu un pinceau, dit notre auteur, il aurait peint la Vierge de Foligno ; s’il eût manié le ciseau, il aurait sculpté la Psyché de Canova ; s’il eût connu la langue dans laquelle on écrit les sons, il aurait noté les plaintes aériennes du vent de mer dans les fibres des pins d’Italie… S’il eût été poète, il aurait écrit les apostrophes de Job à Jéhovah, les stances d’Herminie du Tasse, la conversation de Roméo et Juliette au clair de lune, de Shakespeare, le portrait d’Haydé de lord Byron… S’il eût vécu dans ces républiques antiques où l’homme se développait tout entier dans la liberté, comme le corps se développe sans ligature dans l’air libre et en plein soleil, il aurait aspiré à tous les sommets comme César, il aurait parlé comme Démosthène, il serait mort comme Caton. […] Quand on l’a lu longtemps, on est charmé de voir la verdure et les arbres moins colorés dans la campagne qu’ils ne le sont dans ses écrits.
Mais que faut-il donc pour écrire un bon drame ? […] Jusserand a évidemment envie d’écrire ce second volume suffisant et nécessaire. […] L’histoire est bien difficile à écrire. […] C’est un bon écrit. […] Le poème rêvé fut écrit.
. — Je dirai tout de suite que pour avoir sous les yeux tout ce que j’ai écrit ex professo sur La Mennais, il faudrait y joindre l’article sur la Correspondance publiée par M. […] Quoique ma retraite du National date à peu près de ce moment, je me gardai bien de me rapprocher de la politique dominante ni d’y tremper en rien ; je me tenais en dehors : c’est à tel point que lorsque M. de Salvandy, à quelques années de là, jugea à propos, à l’époque du mariage du duc d’Orléans, de me faire nommer, sans me consulter, pour la Légion d’honneur et de mettre mon nom au Moniteur dans la même promotion qu’Ampère et Tocqueville, je lui écrivis, en le remerciant de sa bonne grâce, que j’avais le regret de ne pouvoir accepter.
C’est à quoi j’en voulais venir : l’éditeur, chose toute simple, a étalé dans une préface officieuse toutes les preuves authentiques de la gloire et du génie du grand homme calomnié ; il nous a représenté son illustre client se composant une bibliothèque de toutes les éditions, traductions, imitations de ses œuvres bien-aimées, impénétrable rempart contre l’envie ; il a parlé du goût pur, universellement reconnu au vicomte par les étrangers, et a écrit en lettres italiques l’admiration de l’univers. […] De telles citations ne tariraient pas ; c’en est assez pour montrer comment l’auteur traite le roman historique ; car il paraîtrait qu’il a eu la prétention d’en faire un, et de préluder ainsi à l’histoire, dont l’étude, nous dit-on, l’occupera désormais tout entier, mais on ne dit pas s’il écrira l’histoire de France.
Hé, madame, écrivez vos mémoires pour vous, dans le recueillement de la solitude et de l’âge ; épanchez-y en silence vos souvenirs, vos joies, vos douleurs, et, si vous voulez, vos péchés et vos repentirs ; confiez à l’amitié ou à la famille cet humble et sacré dépôt qui doit vous survivre ; et croyez bien que le lecteur n’aura jamais plus foi en vos paroles que quand plus tard vous ne serez pas là interposée entre vos révélations et lui. […] Elle aussi peut-être s’imagine appartenir au public, non-seulement par ses écrits et ses travaux littéraires, mais encore par sa vie et par les rôles politiques qu’elle a successivement revêtus.
Joubert… quelques pensées de lui sont ce qu’on a écrit de mieux en fait de critique littéraire des Grecs. […] Sainte-Beuve a beaucoup écrit, par la suite, sur les deux Guérin (Maurice et sa sœur Eugénie).
Ainsi Lamartine, quand une dame lui présente un album pour y écrire des vers, s’inspire de la circonstance, de l’objet qu’il a sous les yeux, et improvise cette belle comparaison : Sur cette page blanche où mes vers vont éclore, Qu’un souvenir parfois ramène votre cœur. […] Quand on commence à écrire, il est dangereux parfois de comparer, on oublie de définir.
Comme le loup déguisé en berger, nos jeunes arrivistes voudraient écrire sur leur chapeau : C’est moi qui suis Guillot l’altruiste, Gregh l’humaniste, Béret le laïque ou Riz-Choux le socialiste. […] Dans un livre écrit avant la vingtième année et dont la langue est d’une beauté précoce et sûre, Léon Vannoz hésite entre différentes noblesses apprises.