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1201. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

C’est là qu’à chaque pas on croit voir apparaître                    Un trône d’or, Et qu’en foulant du pied des tombeaux, je crus être                    Sur le Thabor !

1202. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Le fou est absolument incapable d’attention, il est subjugué par les idées qui l’occupent et par son imagination ; il ne peut changer les rapports de ces idées entre elles ; il ne peut suivre la trace d’une vérité qui apparaît ; il ne peut lier les faits et les causes, les conséquences et les principes-.

1203. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

C’est comme observateur pénétrant et attentif de cette démocratie que nous apparaît surtout M. de Tocqueville.

1204. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Elles fournissent ainsi des matériaux à l’accumulation par sélection naturelle, de la même manière que l’homme accumule dans une direction donnée les différences individuelles qui apparaissent dans ses races domestiques.

1205. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Sainte-Beuve, avec la demi-lune rousse de sa tête, pelée comme le derrière d’un renard attaqué d’alopécie, son teint hortensia, son oreille rouge comme celle de Tartuffe et prête à chaque instant à monter au violet de la colère, le tout recouvert du vieux foulard qu’il étendait là-dessus quand il rentrait, échauffé, de l’Académie, et le beau Scaramouche de Chasles, à la face pâle, aux yeux italiens, aux moustaches callotiques, longues, peintes, relevées, qui ne devinrent que le plus tard possible la barbe blanche sans transition de gris qui apparut soudainement, comme celle d’un alchimiste, un jour, à son cours, et fut pour les femmes qui y venaient le coup de pistolet de la surprise.

1206. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Alfred de Vigny restera donc à présent, dans la pensée de tous, ce qu’il n’était que dans la sienne : un désespéré qui avait apprivoisé le désespoir, qui l’avait rendu doux et aimable, qui, comme Androclès, se faisait suivre par ce lion… Il apparaîtra plus grand que les poètes de ce temps, qui ne sont que des poètes ; car il fera l’effet d’une poésie, — la poésie de ce désespoir silencieux qui ne se mettait pas de cendres sur la tête, mais qui en avait dans le cœur !

1207. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Il semble apparaître enfin au jour, mais c’est pour tenter de reconquérir la vie qui lui échappe, qu’il sent s’éloigner de lui, et pour la possession de laquelle il luttera, plein d’une rage sourde, jusqu’à ses derniers instants.

1208. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Nous avons ainsi transformé la multitude disséminée des faits en une hiérarchie de propositions, dont la première, créatrice universelle, engendre un groupe de propositions subordonnées, qui, à leur tour, produisent chacune un nouveau groupe, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’apparaissent les détails multipliés et les faits particuliers de l’observation sensible, comme on voit dans un jet d’eau la gerbe du sommet s’étaler sur le premier plateau, tomber sur les assises par des flots chaque fois plus nombreux, et descendre d’étage en étage, jusqu’à ce qu’enfin ses eaux s’amassent dans le dernier bassin, où nos doigts les touchent.

1209. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Je ne prétends point anticiper en ce moment, ni préjuger quelques-unes des pièces de vers assez spirituelles et agréables qu’on a de lui ; mais il est certain qu’à sa sortie du collège, en cette mémorable année 1819 où Lamartine se révélait par ses premières Méditations, où Victor Hugo adolescent s’essayait déjà par des odes touchantes et pures, où André Chénier apparaissait comme un jeune moderne dans ses œuvres pour la première fois recueillies, Ampère, ardent, exalté, enthousiaste, ne rêvait que la palme et le laurier. […] Ampère apparaissait donc dans tout son relief comme le pur et vif organe, le représentant de l’esprit français nouveau. […] Tout connaître semble être le but de sa vie ; chaque nouvelle étude lui apparaît comme un nouveau monde dans lequel il se lance avec une ardeur de découvertes qui lui fait mettre de côté pour un temps les études antérieures.

1210. (1890) Nouvelles questions de critique

Contentons-nous donc d’observer qu’à mesure que l’on avancera dans la continuation de l’ouvrage et que les défauts en apparaîtront mieux, il ne sera pas difficile seulement, mais vraiment impossible de modifier le plan primitif, et qu’il faudra que l’on prenne son parti de le remanier tout entier. […] Chose curieuse, en effet, et difficilement explicable, que le mysticisme, presque partout, nous apparaisse comme le terme du naturalisme ! […] il le voit ; son œil, sans en être troublé, suit ces métamorphoses dans cet enchevêtrement de formes qui n’apparaissent que pour s’évanouir, il conserve toute la lucidité, la netteté, la sûreté de sa vision. […] Mallarmé dispose des mots précis ; c’est le sujet… Il apparaît clairement sous les modulations environnantes des syllabes musicales… Malgré ses faiblesses, l’œuvre poétique de M.  […] Mais, vers le milieu du xviiie  siècle, de nouvelles métaphores apparaissent dans la langue de la rhétorique.

1211. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Car ceci est une esquisse ; et ce n’est pas le plan qui apparaît, c’est l’absence de plan. […] De même « la Bavière idéale de Musset, avec ses princes invraisemblables et ses étudiants exquis vous donnera l’impression d’un pays bleu, peuplé de fantômes légers, et vous n’auriez aucun étonnement à voir apparaître quelque Titania ou quelque Obéron parmi les bleuets au milieu desquels est assis Fantasio ». […] La bonne dame de la poste nous est très convenablement apparue sous les traits de Mlle Bellanger. […] Je crois qu’il ne la voit pas du tout comme il l’a faite et comme elle apparaît au spectateur et au lecteur. […] Christiane, et Jean derrière elle, apparaissent.

1212. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

en lui apparaît et brille le cœur noble et clément, élevé au-dessus des cruautés ou des grossièretés de son siècle.

1213. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Je sentais, au contraire, reparaître présente et vivante cette idée formidable de la mort au sens chrétien, idée souverainement efficace si on la sait appliquer à toutes les misères et les vanités, à toutes les incertitudes de la vie : ce fondement solide et permanent de la morale chrétienne m’apparaissait à nu et se découvrait dans toute son étendue par l’austère exposition de Bourdaloue, et j’éprouvais que, dans le tissu serré et la continuité de son développement, il n’y a pas un instant de pause où l’on puisse respirer, tant un anneau succède à l’autre et tant ce n’est qu’une seule et même chaîne : « Il m’a souvent ôté la respiration, disait Mme de Sévigné, par l’extrême attention avec laquelle on est pendu à la force et à la justesse de ses discours, et je ne respirais que quand il lui plaisait de finir… » À peine s’il vous laissait le temps de s’écrier, comme cela arriva un jour au maréchal de Grammont en pleine église : « Morbleu !

1214. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

C’est au milieu d’eux, c’est dans ces joyeux repas à la Croix-de-Lorraine ou dans la maison de Molière à Auteuil, qu’il nous apparaît de loin le convive indispensable, le boute-en-train de la bande, tutoyant même Despréaux.

1215. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Voltaire, disons-le, dans les dernières années de sa vie, nous apparaît, par cette suite même de lettres, comme s’étant occupé activement du bien public dans sa petite contrée de Gex, et de tous les intérêts particuliers qui, de loin, faisaient appel à son patronage ; il plaide sans cesse auprès des ministres et des sous-ministres pour ses colons et pour tout ce qui peut assurer leur existence ou améliorer leur bien-être, et aussi pour les autres clients plus éloignés qui se donnaient à lui.

1216. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Et c’est ainsi que comme un fleuve qu’on saigne tant qu’on peut à droite et à gauche, jusqu’à ce qu’à la fin on parvienne à lui faire changer de cours, le pauvre Casaubon, qui, de loin, nous apparaît comme la personnification de l’étude heureuse de l’Antiquité dans une époque faite exprès pour lui et toute favorable, suivait péniblement sa voie à travers les obstacles et luttait pour maintenir sa vocation.

1217. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Et M. de Rémusat, mûr dès la jeunesse, et Ampère, mobile d’humeur,« changeant comme avril » et Albert Stapfer, l’élève de Guizot, passé plus tard à Carrel ; et Sautelet au visage jeune, au front dépouillé qui attendait la balle mortelle ; et Duvergier de Hauranne, esprit net, perçant, ardent alors à toute question littéraire (je suis toujours tenté de lui demander grâce en politique au nom des amitiés de ce temps-là) ; et Artaud, jeune professeur destitué et promettant un littérateur ; et Guizard plus intelligent et plus discutant que disert, et Vitet dont le nom dit tout, et l’ironique et bon Dittmer, le demi-auteur des Soirées de Neuilly, si supérieur à Cavé ; et Dubois, du Globe si excité, si excitant, qui a commencé tant d’idées et qui, en causant, n’a jamais su finir une phrase ; et Paul-Louis Courier, aux cheveux négligés, qui apparaissait par instants comme un Grec sauvage et un chevrier de l’Attique, — large rire, rictus de satyre, et qui avait du miel aux lèvres ; — et Mérimée, dont M. 

1218. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Là où l’on est plus sûr de les retrouver et où leur signature apparaît authentique, c’est dans ces peintures ordinaires d’intérieurs de fermes, de repas de famille, de brebis qu’on fait boire à l’abreuvoir, etc. ; toutes scènes domestiques ou champêtres, peu variées, ou qui ne semblent guère que des variantes d’un même fond de tableau, mais toutes d’un ton juste, d’une couleur un peu grise ou crayeuse, mais saine, où rien ne dépasse d’une ligne la stricte réalité, et où elle nous est livrée encore plus que rendue dans son jour habituel, dans son uniformité même et sa rusticité.

1219. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Quand on y regarde de près et en prose, Denain, avec les circonstances qui l’accompagnèrent, nous apparaît dans un éclair moins rapide et sous un jour un peu différent.

1220. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

… » Ce n’est plus la seule Pompéa, en effet, qui a parlé, c’est le passé tout entier, c’est toute sa jeunesse qui s’est rassemblée une dernière fois aux yeux d’Herman et qui lui apparaît comme dans un miroir magique.

1221. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Taine comme, à ma connaissance, il ne l’avait pas été encore : il n’apparaît qu’à son moment et après un tableau caractérisé de la Renaissance chrétienne, de ce puritanisme dont il est la fleur suave et douce et la couronne sublime, bien qu’un peu bizarre.

1222. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Mais comment discerner ces têtes capables et d’une arrière-pensée bienveillante, comment avoir l’idée de les rapprocher de soi, quand elles apparaissaient chargées de toutes les souillures, presque de tous les crimes, et quand on était soi-même avec un triple bandeau de préventions sur les yeux ?

1223. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

L’Humanité collective et solidaire y apparaît rangée comme en amphithéâtre, ou plutôt échelonnée dans des stations successives et de plus en plus avancées ; mais laissons parler ou chanter l’auteur.

1224. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Une jeune fille qui sort pour la première fois du couvent où elle a passé toute son enfance ; un beau lord élégant et sentimental, comme il s’en trouvait vers 1780 à Paris, qui la rencontre dans un léger embarras et lui apparaît d’abord comme un sauveur ; un très-vieux mari, bon, sensible, paternel, jamais ridicule, qui n’épouse la jeune tille que pour l’affranchir d’une mère égoïste et lui assurer fortune et avenir ; tous les événements les plus simples de chaque jour entre ces trois êtres qui, par un concours naturel de circonstances, ne vont plus se séparer jusqu’à la mort du vieillard ; des scènes de parc, de jardin, des promenades sur l’eau, des causeries autour d’un fauteuil ; des retours au couvent et des visites aux anciennes compagnes ; un babil innocent, varié, railleur ou tendre, traversé d’éclairs passionnés ; la bienfaisance se mêlant, comme pour le bénir, aux progrès de l’amour ; puis, de peur de trop d’uniformes douceurs, le monde au fond, saisi de profil, les ridicules ou les noirceurs indiqués, plus d’un original ou d’un sot marqué d’un trait divertissant au passage ; la vie réelle, en un mot, embrassée dans un cercle de choix ; une passion croissante qui se dérobe, comme ces eaux de Neuilly, sous des rideaux de verdure, et se replie en délicieuses lenteurs ; des orages passagers, sans ravages, semblables à des pluies d’avril ; la plus difficile des situations honnêtes menée à fin jusque dans ses moindres alternatives, avec une aisance qui ne penche jamais vers l’abandon, avec une noblesse de ton qui ne force jamais la nature, avec une mesure indulgente pour tout ce qui n’est pas indélicat : tels sont les mérites principaux d’un livre où pas un mot ne rompt l’harmonie.

1225. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Il est vrai qu’elle ne lui apparaît qu’en toilette simple, sans autre fleur qu’elle-même, derrière des barreaux non dorés, dans une chambre étroite que masque un bureau obscur : mais est-ce qu’elle ne l’éclaire pas ?

1226. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre premier. Les sensations totales de l’ouïe et leurs éléments » pp. 165-188

Il est clair que chacune d’elles dure de moins en moins longtemps et que son maximum est de plus en plus voisin du maximum de la suivante ; c’est pourquoi elle doit être de moins en moins distincte, et on finira par ne plus apercevoir en elle de maximum ni de minimum ; ce qui arrive : à mesure que le son devient plus aigu, le nombre et la pluralité qui apparaissaient encore, quoique voilés, dans le son grave, disparaissent et s’évanouissent tout à fait.

1227. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

L’homme sauvage lit, et un monde nouveau apparaît page par page à ses yeux.

1228. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Tous les genres que j’ai nommés, anciens et récents, déformations et créations, toutes les traditions et toutes les nouveautés, comédie larmoyante, comédie de caractère, comédie de mœurs, bouffonnerie, satire morale, sociale, philosophique, aristophanesque, tout cela se réunit dans l’œuvre supérieure que le théâtre comique nous présente à la fin du siècle, dans l’étincelant et complexe génie de Beaumarchais, qu’il nous faut réserver pour le faire apparaître à sa date496.

1229. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

ce n’est pas pour rien que cet évêque a un grand nez, — pieusement mentionné chaque fois que l’aristocratique prélat apparaît dans cette histoire.

1230. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

On se croyait à la veille de voir apparaître la grande rénovation ; l’Écriture torturée en des sens divers servait d’aliment aux plus colossales espérances.

1231. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Les cerveaux de ces gens-là apparaissent d’abord comme des lieux d’asile et on voit tout de suite qu’il n’y a pas en ces pays falots de population indigène.

1232. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Dès aujourd’hui une conclusion me paraît incontestable : entre les divers portraits ou statues qu’il a essayé de donner de lui, M. de Chateaubriand n’a réussi qu’à produire une seule œuvre parfaite, un idéal de lui-même où les qualités avec les défauts nous apparaissent arrêtés à temps et fixés dans une attitude immortelle, — c’est René.

1233. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Le trait final est aussi le plus perfide et le plus humiliant ; on l’y montre comme s’attachant à tout prix à la célébrité de M. de Voltaire : « C’est lui qui la rend l’objet de l’attention du public et le sujet des conversations particulières ; c’est à lui qu’elle devra de vivre dans les siècles à venir, et, en attendant, elle lui doit ce qui fait vivre dans le siècle présent. » Pour compléter la satire, il faut joindre à ce portrait de Mme du Châtelet, par Mme Du Deffand, les lettres de Mme de Staal (de Launay) à la même Mme Du Deffand, où nous est représentée si au naturel, mais si en laid, l’arrivée de Mme du Châtelet et de Voltaire, un soir chez la duchesse du Maine, au château d’Anet : « Ils apparaissent sur le minuit comme deux spectres, avec une odeur de corps embaumés. » Ils défraient la société par leurs airs et leurs ridicules, ils l’irritent par leurs singularités ; travaillant tout le jour, lui à l’histoire, elle à Newton, ils ne veulent ni jouer, ni se promener : « Ce sont bien des non-valeurs dans une société où leurs doctes écrits ne sont d’aucun rapport. » Mme du Châtelet surtout ne peut trouver un lieu assez recueilli, une chambre assez silencieuse pour ses méditations : Mme du Châtelet est d’hier à son troisième logement, écrit Mme de Staal ; elle ne pouvait plus supporter celui qu’elle avait choisi ; il y avait du bruit, de la fumée sans feu, il me semble que c’est son emblème.

1234. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Le commencement du second livre des Confessions est délicieux et plein de fraîcheur : Mme de Warens pour la première fois nous apparaît.

1235. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Vauvenargues, dans tout ce qu’on lit et qu’on sait de lui, apparaît comme un esprit d’une forte trempe, comme une âme d’une grande élévation et un grand cœur.

1236. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

À côté de ces figures rudes et mâles, une femme nous apparaîtrait, la reine Marguerite, sœur des Valois, qui nous laisse entrevoir dans ce qu’elle écrit un personnage élégant, fin, délicat, exquis, perfide, un type qui n’était point rare dans cette famille et dans ce cortège de Catherine de Médicis.

1237. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

C’est dans cette retraite heureuse que, rendu à ses goûts naturels, il nous apparaît avec toutes ses qualités douces, tempérées, ingénieuses, et le plus à son avantage.

1238. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Domergue, me rend perplexe à cet égard. » — « Comme il vous plaira, monsieur, comme il vous plaira ; bonsoir. » Toute cette scène est très agréablement contée ; elle fait plus d’honneur pourtant à l’esprit de Rulhière qu’à son cœur, et lui-même il nous apparaît en tout ceci comme un homme qui cherche partout trop visiblement des traits et des embellissements pour l’ouvrage qu’il compose.

1239. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Le voile alors tomba de ses yeux, et la violence générale lui apparut dans tout ce qu’elle avait d’odieux et de criminel.

1240. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Puis peu à peu la figure de l’infortuné jeune homme apparaît ; un rayon de vie descend.

1241. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Et ailleurs, un jour qu’allant à une noce, elle lui avait apparu dans une magnifique robe de satin bleu, toute rehaussée d’or et de diamants, il la compare à la reine des fées : « C’est la plus jolie petite raisonnable et aimable Titania que vous ayez jamais vue.

1242. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Mais, à prendre les choses telles qu’elles nous apparaissent en France à la fin du xve  siècle, on remarque un mélange, une lutte très sensible entre le pédantisme et la licence, entre le raffinement et la grossièreté.

1243. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

Ajoutons que la peine et le plaisir apparaissent sous des formes de plus en plus nettes chez les animaux, à mesure que leur organisation même se perfectionne.

1244. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Ainsi, faites absolument comme vous l’entendrez, vous êtes, n’est-ce pas, bien plus intéressé que moi au succès de la pièce. » Puis, au bout de tous ces apparents abandonnements, apparaissait sournoisement le nom de Meurice, de l’excellent Meurice, à qui La Rochelle devait référer, en dernier ressort, pour tout.

1245. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Oui, il m’apparaît comme un de ces raisonneurs, à la fois profonds et légers de Balzac, donnant à ce qu’il dit — et ce qui ne m’avait jamais intéressé chez les autres, — un intérêt de roman.

1246. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

L’univers sans le livre, c’est la science qui s’ébauche ; l’univers avec le livre, c’est l’idéal qui apparaît.

1247. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

ils voguent gaiement à l’avenir inconnu, répondant par des calembours aux bourrasques du destin ; si l’un d’entre eux vient à faiblir et pleure, les autres lui montrent du doigt — à travers la brume — la maison Hachette…, l’Académie royale de musique… ou le palais de l’Exposition… Et, dans le lointain, le dôme de l’Institut, visible à peine, apparaît par intervalles.

1248. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Faites apparaître les fées, les nécromants, les sylphes ; ces fictions, qui ne sont pas nouvelles pour nous, puisque les récits de Perrault en ont bercé notre enfance, peuvent avoir de la grâce et amuser l’imagination : mais ne prodiguez pas les revenants, les larves, les lamies, les lémures, les vampires, grossières créations de l’ignorance et de la peur.

1249. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Elles y apparaissent vivaces, inextinguibles, y perçant tout, à bien des places, de l’obstiné rayon que tant de charretées de mots et de textes, versés par-dessus, n’ont pu étouffer.

1250. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Aujourd’hui, cette fresque nous apparaîtra tout entière.

1251. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Mais si le critique n’a pas encore tout son développement de doctrine et de génie sévère dans l’auteur des Jugements nouveaux, s’il n’a pas encore atteint cette carrure et ce poids, cette maturité et cette élévation définitive qui font le critique tout-puissant dans une compréhension et une exclusion également souveraines, l’écrivain, qui apparaît toujours plus tôt chez les hommes parce qu’il tient bien plus à des spontanéités qu’à des expériences, et à des jaillissements qu’à des replis, l’écrivain est venu chez Xavier Aubryet, et son développement est si complet et si superbe qu’il aura plus à faire désormais pour s’émonder que pour s’accroître.

1252. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Il en élève les coutumes et jusqu’aux préjugés à la hauteur de lois immuables, et si le xviiie  siècle lui apparaît le plus profondément perdu de raison de tous les siècles, et, dans ce siècle, Jean-Jacques Rousseau le plus perdu des philosophes, c’est que le xviiie  siècle et Rousseau, l’auteur du Contrat social et de l’Inégalité des conditions, sont, de tous les temps et de tous les hommes, ceux qui ont le plus méconnu la voix infaillible et l’autorité souveraine de l’Histoire.

1253. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Ainsi, dès Marie, dès son premier souvenir et son premier poème, le Breton s’interrompt dans Brizeux, et l’homme moderne, l’homme des langages les plus communs de ces temps, apparaît.

1254. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Le Trissotin était monté jusqu’au Satan, et l’ensorcellement de son talent si formidable, que, quand on lit ses vers, sa rage et ses rugissements contre Dieu et sa création et l’ordre du monde n’apparaissent plus comme la plus insensée des folies, et qu’on sent avec épouvante passer en soi comme le frisson partagé des colères du Sacrilège !

1255. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Les difficultés, les révoltes apparaissent jusque dans la vie des saints.

1256. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Mais selon la loi de Dugald Stewart, l’état primitif d’une idée ou représentation, c’est de faire illusion et d’être affirmative ; donc, un instant auparavant, c’est-à-dire dans la perception, cette représentation ou simulacre intérieur nous a fait illusion, et nous est apparue comme un objet extérieur et réel. — Dans un très-grand nombre de cas, par exemple dans toutes les illusions des sens, l’objet apparent diffère de l’objet réel, et par conséquent s’en distingue12.

1257. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

La nature apparaît telle qu’elle est, comme un ensemble de faits observables, dont le groupement fait les substances, dont les rapports fondent les forces ; et la science, ramenée dans le lit où elle coule depuis deux siècles, se porte entière et d’un élan vers son terme unique et magnifique, la connaissance des faits et des lois.

1258. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Quelques siècles auparavant, Pindare avait dit de Pélée : « Il a vu le cercle magnifique180 où s’étaient assis les rois du ciel et de la mer, faisant apparaître les dons et la puissance qu’ils destinaient à sa race. » Depuis lors, cette image des noces de Thétis et de Pélée avait souvent occupé la peinture comme la poésie : c’était un des thèmes favoris de l’art grec, aussi familier que le voyage des Argonautes, la vengeance de Médée, ou l’abandon d’Ariane.

1259. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Le poëte est là tout entier dans ses rêves de liberté sans limites, sa haine de la tyrannie sous toutes les formes, les démentis de son espérance, sa tristesse aussi profonde que sa confiance avait été aveugle et trompée : « Ô vous, nuages, qui, au loin sur ma tête, flottez et vous arrêtez, vous dont nul mortel ne peut régler la marche dans l’espace sans route ; vous, ondes de l’Océan, qui, vers quelque plage que vous rouliez, n’obéissez qu’aux lois éternelles ; vous, forêts, qui écoutez le chant de l’oiseau de nuit penché sur l’écorce d’une branche inclinée, hormis quand vous-mêmes, secouant vos rameaux, vous formez ce majestueux concert des vents devant lequel, comme un inspiré de Dieu, à travers des détours que nul homme des bois n’a jamais foulés, j’ai tant de fois égaré, parmi les herbes sauvages en fleurs, ma course éclairée de la lune, sous l’aspect ou l’écho de chaque image informe qui m’apparaissait, de chaque bruit insaisissable retentissant au désert !

1260. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Ces touchantes aventures qui ont compté, comme Clarisse pour madame de Staël, parmi les événements de notre jeunesse, ces idéales images qui nous sont vaguement apparues, un matin, sous les voiles radieux du roman ou de l’élégie, qu’on s’obstine à nous les montrer plus tard, dans de nouveaux cadres, dans des situations nouvelles, en précisant le trait, en allongeant l’histoire, en dissipant la brume et le mystère, le charme est rompu ; ce qui nous avait ravis nous laisse insensibles, et l’on nous gâte l’émotion restée au fond de nos cœurs, comme on gâte une liqueur précieuse conservée au fond d’un vase en y versant du vin frelaté. […] Sensualisme, matérialisme, fatalisme, despotisme, tout cela se tient et s’enchaîne : maintenant, que cette puissance, cette ultima ratio, apparaisse avec un caractère théocratique ou monarchique : qu’elle s’affuble même d’une robe de cardinal ou d’inquisiteur : on pourra, pour être fidèle à un système ou mieux s’obstiner dans un paradoxe, la glorifier encore sous cet habit et sous cette forme : ce que l’esprit chrétien aura à y gagner, je le cherche vainement. […] « Les révolutions, ajoute-t-il, la guerre, la diplomatie, la politique, auxquelles je me consacrai, m’apparurent, comme les passions de l’adolescence m’étaient apparues, par leur côté littéraire : j’aurais voulu que la vie publique mêlât le talent littéraire à tout ; rien ne me paraissait réellement beau dans les champs de bataille, dans les vicissitudes des empires, dans les congrès des cours, dans les discussions des tribunes, que ce qui méritait d’être ou magnifiquement dit ou magnifiquement raconté par le génie des littérateurs » ; et plus loin : « L’histoire n’était selon moi que la poésie des faits, le poëme épique de la vérité. » Que vous en semble ? […] C’est que le clergé était alors une puissance politique ; que lui aussi pliait sous l’inerte fardeau de ces institutions qui, en vieillissant, s’appesantissaient davantage ; qu’il n’apparaissait plus au peuple que par ce côté oppressif et vexatoire où la foi disparaissait dans le joug, le sacrement dans la dîme, le prêtre dans le maître, le fidèle dans le corvéable. […] Un peu plus tard, quand le schisme envahit la Judée, quand les regards des fidèles sont attristés de l’étrange abandon des Lieux-Saints, des abus qui se propagent alentour, Hélène, cette vieille mère de Constantin, cette fille du peuple dont la basse extraction fut d’abord pour son fils une cause de déchéance, et qui jusque-là n’avait été dans ce siècle qu’un personnage assez obscur, apparaît tout à coup comme la messagère inspirée du trône auprès du Calvaire, retrouve la vraie croix, rend aux Lieux-Saints leurs douloureuses splendeurs, ranime la foi des peuples devant ces miraculeux spectacles, et rassérène dans cet inventaire des plus précieuses reliques chrétiennes les imaginations assombries par les crimes récents de Constantin.

1261. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

S’il m’apparaissait reconnaissable après ce long espace de temps, je lui sauterais à la gorge et je l’étranglerais. […] Les ptérodactyles, les plésiosaures, les mammouths, les mastodontes apparaissent, se dégageant du chaud limon de la planète à peine refroidie, et dont les volcans crèvent la croûte, rondelles fusibles du feu central, évoqués par une description puissante mais innomés, car Adam le nomenclateur n’est pas né encore. […] A présent, il nous apparaît sous un jour plus sérieux, et nous dirions même mélancolique, si un tel mot pouvait s’appliquer à Paul de Kock. […] Tel il apparut gai, bien portant, heureux parmi le chœur verdâtre, élégiaque et byronien des romantiques ; figure originale et réjouie, vraiment française. […] se disent-ils, la verte chevelure de la mère Cybèle tombe boucle à boucle, et bientôt apparaîtra tout nu le crâne chauve de la terre !

1262. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

La Réforme fonda en France un courant intellectuel qui longtemps coula silencieusement sous les gazons de l’épicuréisme de cour, et qui apparut tout à coup, vers la fin du xviiie  siècle, sous les ruines de l’édifice social qu’il avait lentement miné. […] En conséquence le moyen âge apparaissait sous les couleurs les plus brillantes, et les romanciers, pour se familiariser avec cette époque jusqu’alors si peu connue, n’eurent qu’à marcher sur les traces des érudits qui leur en ouvraient les portes. […] Aussi quand apparurent les Méditations, on comprit que la révolution était terminée. […] Ainsi nous apparaît Hugo, plein de son œuvre, fier et habile destructeur, immolant sans pitié les nobles Muses de la Seine au délire sauvage de sa Muse en courroux. » En effet, plus semblable aux poètes germaniques que Lamartine, V.  […] Comment pourrait-on en douter en écoutant ces notes déchirantes de la Nuit de Décembre : Ce soir encor je t’ai vu m’apparaître.

1263. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Mais, si l’on passe des coulisses dans la salle, leurs jambes s’allongent comme par miracle ; leur sourire, ce sourire impersonnel et blanc de ballerines, les fait toutes jolies, et elles apparaissent vêtues de brocart et de pierres précieuses. […] Ce déplacement de mes humbles pénates m’apparaît comme un événement considérable et qui bouleverse mon existence. […] Il a des lettres de Musset à George Sand et de George Sand à Musset où il apparaît clairement que… Mais je suis honnête homme, vous ne tirerez pas de moi un seul mot de plus. […] … Une dernière fois, la cité féerique nous est apparue dans un immense et surnaturel flamboiement ! […] Comment le monde lui apparaît-il ?

1264. (1902) Le critique mort jeune

Même scepticisme « cauteleux, insidieux, tranquille et lentement tournoyant et enveloppant », mais destiné à mieux faire apparaître de certaines vérités et qui sert d’introduction à une sorte d’utilitarisme… Il n’est pas jusqu’à l’athéisme « en quelque manière respectueux » de Bayle, et qui est tout ce qu’on peut imaginer de plus opposé à ce que recouvre aujourd’hui ce mot, qui ne ressemble très exactement à ce manque de sens mystique propre à M.  […] Vaincus par ces grandes magies, nous avions perdu toute notion du réel, quand des taches graves apparurent, grandirent sur l’eau, puis nous prirent dans leur ombre. […] Ce sectateur et bénéficiaire des Droits de l’Homme apparaît alors comme un type : le « Monneron », qui vaudra comme une des plus fortes créations de M.  […] Cette petite tête réfléchie d’enfant qui apparaît entre les chassés-croisés de ces personnes pressées d’atteindre le plaisir, n’en fait d’ailleurs ressortir que le burlesque et pas du tout l’odieux ou le néant. […] Et il y apparaît constamment un type d’homme voluptueux, actif et sceptique, aussi étranger à la notion du péché que ces Romains que M. 

1265. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

C’est bien le même mélange de mysticisme et de réalisme qui apparaît dans les églises gothiques. […] À la vérité la Vierge lui est apparue moins souvent ; mais il n’en accuse que sa propre indignité. […] On les trouve dans l’art comme dans la poésie : d’où il apparaît qu’en tout temps l’art et la poésie obéissent à une même philosophie générale. […] Apparaît en tête des romanciers Flaubert. […] Zola espère de son côté que le régénérateur du théâtre, — il ne dit pas du roman, — apparaîtra bientôt, et son cœur en tressaille d’aise.

1266. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Les incantations y abondent ; un esprit apparaît dans Montezuma et déclare que les dieux indiens s’en vont. […] Il ne sait pas effacer en lui l’érudit, le logicien, le rhétoricien, pour ne montrer que « l’honnête homme. » Mais l’homme de cœur apparaît souvent ; à travers plusieurs chutes et beaucoup de glissades, on découvre un esprit qui se tient debout, plié plutôt par convenance que par nature, ayant de l’élan et du souffle, occupé de pensées graves, et livrant sa conduite à ses convictions. […] VIII C’est dans ces trois poëmes que le grand art d’écrire, signe et source de la littérature classique, apparut pour la première fois.

1267. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Un pays divisé sur les questions dynastiques doit renoncer a la guerre ; car, au premier échec, cette cause de faiblesse apparaît, et fait de tout accident un eu mortel. […] La similitude de l’Angleterre et de la France du Nord m’apparaît chaque jour davantage. […] Tous les germes putrides qui eussent amené sans cela une lente consomption devinrent un accès pernicieux ; tous les voiles se déchirèrent ; des défauts de tempérament qu’on ne faisait que soupçonner apparurent d’une manière sinistre.

1268. (1910) Rousseau contre Molière

Alceste lui-même apparaît. […] Par peur de la mort, vous guettez tous les symptômes de maladie que vous pouvez voir vaguement apparaître en vous et vous êtes la dupe des Tartuffe de la médecine et d’un Tartuffe féminin de l’amour conjugal. […] Quelques années plus tard, il allait apparaître sur la scène et s’y maintenir. […] L’homme du peuple, dans Molière, apparaît rarement et il n’y apparaît guère à son avantage. […] Dans le programme de Chrysale, l’amour n’apparaît point, parce que Chrysale a cinquante ans et n’a plus de prétentions à cela ; et prier Dieu n’apparaît point parce que, comme tous les personnages raisonnables et sympathiques de Molière, Chrysale n’a pas de sentiments religieux ; et, de même que Molière mettait des maximes religieuses dans la bouche d’Arnolphe, parce qu’il est personnage grotesque, il n’en pouvait pas mettre dans la bouche de Chrysale, personnage sensé.

1269. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Et quand il apparaît, on voit flamber un peu de résine, comme un peu de fumée sortirait d’une pipe, ou comme le pétard d’un enfant. […] Quand on voit dans une indication du premier Hamlet, au troisième acte, le spectre apparaître, sauf votre respect, en chemise de nuit, au moment même où son fils le contemple et le décrit avec la plus respectueuse terreur, ou s’imagine sans peine que ce pauvre fantôme pouvait bien n’avoir, au premier acte, sur la plate-forme d’Elseneur, qu’un manteau de cuir pour figurer sa fameuse armure connue des Polonais et qu’une torche de résine pour jouer quelque reflet de « ces flammes sulfureuses et torturantes » où il va être obligé de rentrer. […] C’est, comme le dit Antoine, l’ombre de César « promenant sa vengeance » ; et pour ne pas laisser méconnaître son empire, c’est encore cette ombre qui, aux plaines de Sardes et de Philippes, apparaît à Brutus comme son mauvais génie. […] Faussement accusée, elle ne sait se justifier qu’en disant combien elle aime ; modeste et timide sous son déguisement, elle apparaît dans la grotte de Bélarius comme l’ange de la grâce, elle est belle dans le désert comme à la cour, et ajoute encore à la beauté du paysage dans lequel Shakspeare a placé les deux jeunes princes. […] Exemple et organe à la fois de la colère céleste, Marguerite, par les cris de sa douleur, appelle sans cesse la vengeance sur ceux qui ont commis tant de forfaits, sur ceux même qui en ont profité ; c’est elle qui leur apparaît quand cette vengeance les a atteints ; son nom se mêle à l’effroi de leurs derniers moments, c’est sous sa malédiction qu’ils croient succomber autant que sous les coups de Richard, sacrificateur du temple sanglant dont Marguerite est la sibylle, et qui lui-même tombera, dernière victime de l’holocauste, emportant avec lui tous les crimes qu’il a vengés et tous ceux qu’il a commis.

1270. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Bien qu’en plus d’un passage de ce livre sur les Rose-Croix, la religion chrétienne ne semble pas suffisamment distinguée de ce qui est touché tout à côté, il apparaît assez clairement que l’auteur ne favorise en rien les nouveautés religieuses qui ont troublé le royaume et porté atteinte à la foi des aïeux. […] Tous ses écrits de cette époque ne furent plus composés qu’en vue de quelque circonstance particulière et en quelque sorte domestique ; moins que jamais le public apparut à sa pensée, ce grand public prochain qui allait être le seul juge.

1271. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Ce travail est tel que, si, dans cinq ou six siècles, un homme d’État ou un homme de guerre à venir veut se rendre compte, sans erreur et sans effort, de la formation d’une armée au dix-neuvième siècle, il n’aura qu’à ouvrir l’Histoire du Consulat et de l’Empire, et l’armée moderne lui apparaîtra tout entière, recrutée, vêtue, armée, montée, hiérarchisée, disciplinée, commandée, vivant et combattant, comme ces modèles d’anatomie que l’on dévoile dans les musées pour découvrir aux initiés de la science les mystères de la structure humaine. […] S’il y a un droit divin dans la supériorité d’esprit et de caractère d’un homme de génie, Napoléon, dans cette histoire, apparaît, plus que partout ailleurs, marqué de ce signe du commandement.

1272. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

Ossian fils de Fingal I Vers l’année 1762, un phénomène littéraire étrange apparut comme une comète dans le monde ; les imaginations en furent ébranlées, ainsi qu’elles avaient pu l’être à l’apparition des poëmes homériques en Grèce ; l’histoire en fut éclairée, les traditions, jusque-là verbales, se renouèrent, et la poésie servit de témoin aux récits des plus antiques légendes. […] Les vents inconstants soufflaient avec violence, et le chêne altier balançait sur ma tête son tremblant feuillage : Evirallina occupait mes pensées, lorsque dans tout l’éclat de sa beauté, et roulant dans ses pleurs l’azur de ses beaux yeux, elle m’apparut sur son nuage, et d’une voix faible : « Ossian, dit-elle, lève-toi et sauve mon fils !

1273. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Professeur fieffé, doctrinaire intransigeant, continuateur vigoureux du grêle Nisard, défenseur de la tradition et de toutes les traditions, et par conséquent leur prisonnier : tel il apparaît aux inattentifs. […] Il apparaît, par sa complexion, comme un soldat-gentilhomme de jadis, un maréchal de camp de l’ancien régime ou tout au moins un général risque-tout du premier empire, égaré dans une démocratie niveleuse, empêtré dans des charges bureaucratiques autant que militaires, commandant durant une paix interminable une armée de citoyens et d’électeurs où le patriotisme abonde plus que le tempérament et l’esprit proprement guerriers.

1274. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

On a vu que les modifications des organes corporels apparaissent accidentellement, se développent par l’usage ou l’habitude, et diminuent ou se perdent par l’inactivité ; je ne puis douter qu’il n’en soit de même pour les modifications des instincts. […] Dans le cas le plus simple où des insectes neutres d’une seule caste, c’est-à-dire tous semblables entre eux, sont peu à peu devenus différents des mâles et des femelles fertiles, ainsi que je le crois très possible, en vertu du seul principe de sélection naturelle, nous pouvons admettre en toute sûreté, par analogie avec les variations ordinaires, que chacune des modifications légèrement avantageuses qui se sont produites successivement, n’a pas apparu à la fois chez tous les individus neutres d’un même nid, mais seulement chez quelques-uns.

1275. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Elle qui passe et Bonaparte qui s’en vient, voilà les deux seuls visages, en marbre pur, qui apparaissent dans tout le cours de cette histoire, où chaque figure a l’ulcère d’un vice ou le front courbé d’une bassesse. […] Dès ses premières polémiques sur le nouveau terrain où il s’engageait, Granier de Cassagnac apparut immédiatement le formidable et l’invulnérable polémiste qu’il n’a pas cessé d’être jusqu’à sa dernière heure, et — comme la polémique des idées ressemble à la guerre ! 

1276. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Dès lors son œuvre littéraire s’explique tout entière, et ses « plagiats » apparaissent sous un jour particulier. […] Le conflit lui-même étant trouvé, la difficulté est d’en dire, d’une façon brève et sûre, la genèse, afin qu’il apparaisse naturel et inévitable ; c’est l’art de l’exposition et de la psychologie dans le dialogue ; une fois la lutte expliquée et engagée, l’effet en sera d’autant plus saisissant que la marche en sera plus rapide, plus foudroyante.

1277. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Son système nous apparaît au commencement du dernier siècle, comme une admirable protestation de cette partie de l’esprit humain qui se repose sur la sagesse du passé conservée dans les religions, dans les langues et dans l’histoire, sur cette sagesse vulgaire, mère de la philosophie, et trop souvent méconnue d’elle. […] Ainsi toutes les découvertes des anciens Égyptiens appartiennent à un Hermès ; la première constitution de Rome, même dans cette partie morale qui semble le produit des habitudes, sort tout armée de la tête de Romulus ; tous les exploits, tous les travaux de la Grèce héroïque composent la vie d’Hercule ; Homère enfin nous apparaît seul sur le passage des temps héroïques à ceux de l’histoire, comme le représentant d’une civilisation tout entière.

1278. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Richelieu tout le premier montra qu’au fond il jugeait mieux de Rohan lorsqu’il lui confia ensuite le corps d’armée destiné à entrer dans la Valteline, et que, dans une lettre de lui adressée à ce général victorieux, il lui dit « qu’il sera toujours très volontiers sa caution envers le roi que lui, Rohan, saura conserver les avantages acquis et ne perdra aucune occasion de les augmenter. » Mais, en ce moment de la guerre civile, ce sont deux génies, deux âmes rivales et antagonistes qui sont aux prises, et tous les défauts, toutes les complications et enchevêtrements de la conduite et du rôle de Rohan lui apparaissent : il les impute à son caractère, et il les exprime avec excès, avec injustice sans nul doute, mais avec discernement du point faible et en des termes qui ne s’oublient pas.

1279. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Mme de Créqui est de ces personnes qui ne nous apparaissent que vieilles et qu’on ne saurait se figurer autrement.

1280. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Tel était Villars et tel il nous apparaît les jours où il se voyait malheureux et le plus maltraité par la fortune.

1281. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Tel nous apparaît Maine de Biran dans ce volume, au point de départ ; quinze et vingt ans après, et par le seul mouvement continu de sa pensée, il en était venu à déplacer totalement son point de vue, à le porter, en quelque sorte, de la circonférence au centre, à tout rendre (et même au-delà) à la force intime et à la volonté : L’art de vivre, écrivait-il en 1816, consisterait à affaiblir sans cesse l’empire ou l’influence des impressions spontanées par lesquelles nous sommes immédiatement heureux ou malheureux, à n’en rien attendre, et à placer nos jouissances dans l’exercice des facultés qui dépendent de nous, ou dans les résultats de cet exercice.

1282. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

L’original y apparaît dans son plein : le personnage s’y juge au fond.

1283. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Elle nous apparaît bien telle qu’elle est, une âme tourmenteuse d’elle-même, craignant avant tout ce qui serait faiblesse, inconséquence, et, dans cette crainte, se portant plutôt à l’excès contraire et à des gageures rigides qu’elle tiendra jusqu’au bout : tout ou rien, un éclat de volcan ou une glacière !

1284. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

C’était une bécasse arrivée la nuit ; elle montait en battant les branches et se glissait entre les rameaux des grands arbres nus ; à peine apparaissait-elle une seconde, de manière à montrer son long bec droit.

1285. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Les bornes de sa capacité y apparurent.

1286. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Dès le 29 juin 1810, le prince Berthier prévenait le ministre Clarke que « par décision de la veille l’Empereur avait accordé à M. l’adjudant-commandant (Berthier a effacé de sa main le titre de colonel) baron de Jomini un congé de six mois pour soigner sa santé dans ses foyers. » C’est de là, de la ville d’Aarau, que Jomini adressait à cet ami, le baron Monnier, les lettres suivantes où ses fluctuations et son orage intérieurs apparaissent à nu : « Aarau, 15 octobre 1810.

1287. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

La religion sans âme, la beauté vénale et souillée, ce n’est pas seulement Rome ou Venise ; le peuple méprisé et fort, c’est partout la Terre de labour ; Juliette assoupie et non pas morte, Juliette au tombeau, appelant le fiancé, c’est la Vierge palingénésique de Ballanche, la noble Vierge qui, des ombres du caveau, s’en va nous apparaître sur la plate-forme de la tour ; c’est l’avenir du siècle et du monde.

1288. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Aucune terre n’apparaît, aucune pointe d’île ne perce, aussi loin que la vue s’étend.

1289. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Pour ne pas nous apparaître poétisées à la manière de Laure ou de Médora, elles n’en demeurent pas moins adorables toutes les deux, et on ne s’en estimerait pas moins fortuné pour la vie de leur agréer à l’une ou à l’autre, et de les obtenir, n’importe laquelle.

1290. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

» D’où vient que ce baiser de feu apparaît tout d’un coup ici pour la première fois ?

1291. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

S’adressant à l’esprit et faite avant tout pour lui figurer l’idée, elle peut sur quelques points laisser l’idée elle-même apparaître dans les intervalles de l’image.

1292. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

Si un navire en perdition apparaît et disparaît tour à tour sur la cime ou dans la profondeur de ses lames, on pense aux périls des hommes embarqués sur ce bâtiment, on voit d’avance les cadavres que le flot roulera le lendemain sur la grève, et que les femmes et les mères des naufragés viendront découvrir sous les algues, tremblant de reconnaître un époux, un père ou un fils. — Émotion !

1293. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Et nous voyons précisément ces caractères apparaître dans les écrivains dont j’ai parlé.

1294. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Et, de même, il peut apparaître en bien des endroits comme un pur dilettante, et comme un dilettante de décadence, plein d’affectation et d’artifice, d’une sensualité maladive et d’un mysticisme équivoque ; mais tout à coup on découvre chez lui un esprit très grave, d’une gravité de prêtre, très préoccupé de vie morale, sérieux au point de tout prendre au tragique.

1295. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Cependant, pour peu que la transformation des habitudes et des goûts qui nous a frappés ait une certaine profondeur et qu’elle apparaisse en plusieurs milieux éloignés et différents de langue et d’organisation sociale, il est bien difficile de croire à une transmission d’une pareille promptitude et l’on est obligé de se demander s’il n’y a pas eu sur ces points divers naissance multiple de phénomènes semblables.

1296. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Ses premières descriptions ont de la fraîcheur et de la vie : le monastère de Marlaigne près de Namur nous apparaît aussitôt, avec ses ermitages et son paysage, d’une façon dont les choses naturelles n’ont pas coutume de se montrer à nous sous Louis XIV.

1297. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Il y apparaissait quelquefois, mais il en sortait dès qu’il le pouvait.

1298. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Bref, on traitait déjà Marthe comme une fiancée, comme une épousée, quand un jour, un dimanche matin, le bon curé lui apparaît après la messe, un papier à la main.

1299. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Ici, dans les Époques, il raconte et décrit en sept tableaux les révolutions du globe terrestre, depuis le moment où il le suppose fluide jusqu’à celui où l’homme y apparaît pour régner.

1300. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Alors, quantité de définitions et de sentences d’or apparaissent : par exemple, cette définition de l’homme, que d’autres avant lui avaient trouvée, mais qu’il a réinventée et mise en honneur de nouveau : « L’homme est une intelligence servie par des organes. » Voici quelques-unes encore de ces belles pensées, et qui sentent le moderne Pythagore : En morale, toute doctrine moderne, et qui n’est pas aussi ancienne que l’homme, est une erreur.

1301. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Il disait un jour de quelqu’un de ses proches : « Un tel n’est point menteur, mais il n’a qu’un défaut, c’est qu’il ne peut dire les choses comme elles sont. » C’est aussi ce qu’il faisait lui-même, on vient de l’entendre ; et c’est de cette façon dramatique, et à travers ce prisme trompeur, que nous sont apparus trop souvent les spectacles de cette orageuse époque, et que la vue de ceux qui n’étaient point contemporains a été surprise et abusée.

1302. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Mais quand Jean-Baptiste Rousseau s’échauffe dans son ode au comte Du Luc, ou sur une naissance ou sur une mort de prince du sang, il a beau produire quelques tons brillants et harmonieux, le vide des idées et des sentiments se fait aussitôt sentir ; le factice du genre apparaît ; cet auteur qui, de propos délibéré, entre en délire, trouve des lecteurs froids, et il les laisse froids.

1303. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

C’est ainsi que m’apparaît encore aujourd’hui M. 

1304. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Nous ne suivrons pas Gourville dans les voyages multipliés qu’il fit à l’armée de Catalogne et ailleurs : il nous apparaît comme le commis négociateur par excellence.

1305. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Le plaisir que j’en ai éprouvé, je ne puis vous l’exprimer, mais je puis vous peindre la douleur et l’affliction que j’ai ressentie en me reportant au temps présent, et voyant disparaître cette atmosphère lumineuse qui un moment avait apparu à mes yeux et venait de s’évanouir comme un songe.

1306. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Franklin parmi eux apparaît comme un éducateur infatigable et un civilisateur.

1307. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

L’intérêt se concentre donc exclusivement sur Saint-Simon, le Saint-Simon double qui apparaît comme un autre Saint-Simon aujourd’hui, et qui devient pour l’histoire quelque chose comme un problème.

1308. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

… Quoique j’aie cherché, sans le trouver, dans les deux trop petits volumes de M. de Lescure, l’écrivain oublié des Actes des Apôtres, de ces Apôtres moins heureux que ceux de Jésus-Christ, qui fondèrent le Christianisme, tandis qu’eux, ces nouveaux pauvres diables d’Apôtres, n’ont pu empêcher la royauté très chrétienne de s’en aller en quatre morceaux, j’y ai trouvé pourtant assez de journaliste et même, disons le mot, assez d’homme d’État dans Rivarol pour appuyer aujourd’hui sur ce qu’il fut comme journaliste, malgré le flot du temps qui remporta et qui, comme journaliste, devait l’emporter, et sur ce qu’il aurait pu être comme homme d’État, sans la faiblesse aveugle d’une Royauté vouée à toutes les fautes, et dont l’imbécillité fut le bourreau, avant le bourreau… VII Oui, le journaliste, — et, à travers le journaliste,, l’homme d’État que le journaliste, comme on sait, n’implique pas toujours, voilà ce qu’est et ce qu’apparaît presque exclusivement Rivarol dans cette publication nouvelle de M. de Lescure.

1309. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Le catholicisme (maintenant prouvé) de l’auteur n’apparaît pas nettement dans son livre.

1310. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Les Saints d’Ernest Hello ne ressemblent nullement aux Saints juste-milieu d’Augustin et d’Amédée Thierry, ces Iconoclastes tempérés, qui n’en brisent point les grandes images, mais qui les liment… Sous la plume de Hello, ils apparaissent dans leur intégralité complète, surhumaine et splendide, et on ne les chasse pas à coups de bonnet de docteur jusque dans le fond des Légendes, — ces Contes de fées de l’Histoire, auxquels ne croient même pas nos enfants, ces majestueux polissons !

1311. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

« Il y a aux yeux de la raison une équation parfaite, absolue, nécessaire, entre l’idée de fin et l’idée de bien, équation qu’elle ne peut pas ne pas concevoir dès que le principe de finalité lui est apparu86. » Puisque la fin est le bien, la fin absolue de la création est le bien absolu ; or, ce bien nous apparaît comme sacré ou obligatoire.

1312. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

A ce moment le soleil apparaît, resplendissant (tout le drame s’est passé jusque-là sous une pluie ruisselante et continue). […] Tandis que je le parcourais, la pauvre France m’est apparue comme une grande ignorante et une grande insouciante, et j’en ai été d’abord un peu humilié. […] Du moins, cela n’apparaît pas assez. […] Une écuyère qui me semblait infiniment belle apparaissait debout sur la selle d’un cheval blanc, une selle large comme une terrasse. […] Or, dès que le prince apparaît, le cœur de Miranda est à lui. « Tu t’imagines, dit Prospero à la jeune fille, qu’il n’y a pas au monde de figures pareilles à la sienne, parce que tu n’as vu que Caliban et lui.

1313. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Les hardies hypothèses de Niebuhr, restées jusqu’alors inaccessibles à la masse du public lettré et comme étouffées sous une obscure et pesante érudition, apparaissaient tout à coup vivantes et colorées. […] Son imagination évoqua les morts qui dormaient dans cette vaste nécropole historique ; ces parchemins usés et noircis lui apparurent comme les témoins contemporains des siècles abolis dont il écoutait la voix et recueillait le véridique témoignage. […] L’amour divin enseigné par l’Évangile ne lui apparaissait que défiguré par les mièvreries de la dévotion et par l’orgueil de la théocratie ; il ne le trouvait ni assez large ni assez ardent pour satisfaire son cœur. […] Dieu ne doit apparaître à l’enfant que quand l’idée de justice est née, comme Dieu de justice. […] Michelet nous apparaît déjà dans son Journal tel qu’il sera toute sa vie, et rien ne peut mieux en faire comprendre l’harmonie et l’unité.

1314. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Dans le déclin du romantisme, dans le dégoût injuste, mais fatal, qui succédait, vers 1850, à un engouement d’un demi-siècle, Stendhal apparut comme le plus antiromantique, et c’était vrai, de toute l’époque romantique et lyrique et élégiaque. […] On sourit un peu quand on le voit s’indigner de ce qu’un de ses amis, intelligent, riche, de loisir, n’écrive pas un livre : « Il y a quelque chose de tout à fait phénoménal pour moi à voir qu’un homme qui a autant d’idées que toi, et souvent des idées aussi neuves et aussi profondes, n’ait jamais tenté de faire un grand ouvrage qui le classe et file son nom dans la mémoire de ses contemporains et de la postérité. » La nécessité d’écrire un livre parce qu’on est intelligent n’apparaît nullement à M. de Kergorlay, et il ne voit pas le devoir qu’il y a, parce qu’on a des idées, à les exposer à ceux qui ne les comprennent pas. […] Indiquer aux hommes ce qu’il faut faire pour échapper à la tyrannie et à l’abâtardissement, en demeurant démocratiques, telle est l’idée générale dans laquelle peut se résumer mon livre (la Démocratie) et qui apparaîtra à toutes les pages de celui que j’écris en ce moment (l’Ancien régime).

1315. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Le rapprochement fait apparaître l’état de nos connaissances sur le fait ; la conclusion définitive dépend du rapport entre les affirmations. […] Lorsqu’apparaît un changement dans un usage, c’est que les hommes qui le pratiquent ont changé. […] Pour préciser l’étendue de l’habitude, on cherchera les points les plus éloignés où elle apparaît (ce qui donne l’aire de dispersion), et la région où elle est la plus fréquente (le centre). […] On cherchera les cas extrêmes, quand apparaît pour la première fois et pour la dernière la forme, la doctrine, l’usage, l’institution, le groupe. […] Le rôle de l’histoire dans l’éducation n’apparaît peut-être pas encore nettement à tous ceux qui l’enseignent.

1316. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Songez que les grandes œuvres ont besoin pour apparaître que l’éducation du public ait été faite en ce sens. […] Il abrège ; il fait sauter les redondances ; c’est ce qui apparaît le plus clairement. […] C’est vrai du moins dans les genres littéraires où il n’est point nécessaire et où il est bon que la personnalité de l’auteur n’apparaisse point, dans le roman, dans la nouvelle, dans le théâtre. […] Du reste, aucun souci n’apparaissait en lui de se faire des idées générales ou de se munir d’observations. […] L’horreur de la vérité apparaît à ceci qu’avec une documentation assez consciencieuse et sérieuse, jamais, non jamais, ni un homme ni une femme ne nous apparaît dans un roman de Zola tel qu’il nous fasse dire : « C’est cela, je le connais. » Jamais d’aucun de ces personnages on ne s’avisera de dire : « Il semble qu’on l’a vu et que c’est un portrait. » Mauvais critérium ?

1317. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

» Après l’obligation de juger, la nécessité de classer nous apparaît ainsi comme étroitement inhérente à la notion même de la critique. […] Comme autrefois Virgile à Dante, Pascal lui apparaît, et, par-delà les régions obscures de la science et de la philosophie, il lui laisse entrevoir celles plus lumineuses de l’amour et de la charité. […] Sous combien d’aspects un même objet ne peut-il pas apparaître ; que d’impressions différentes ne peut-il pas exciter tour à tour ; et par combien d’autres objets ne le peut-on pas lui-même exprimer ! […] Cette incapacité fâcheuse de mettre aux choses leur juste prix, et de ne leur donner dans le roman ni plus ni moins d’importance qu’elles n’en ont dans la réalité de la vie, n’apparaît nulle part plus clairement que dans la façon, ensemble ou alternativement subtile et grossière, dont nos jeunes romanciers ont parlé de l’amour. […] On ne se trompe pas tant ; et, pour considérables qu’elles soient, les différences n’apparaissent que plus tard, beaucoup plus tard.

1318. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Et il apparaît clairement que bien loin qu’il y ait là rien de commun avec la déduction cartésienne, partant du « simple » pour descendre au « composé », c’est du complexe que l’on part, de l’observation des choses et de la connaissance de la vie, pour s’élever au point de généralisation qu’exige la vérité poétique. […] Si l’on dressait un lexique de la langue de Marivaux, elle apparaîtrait extrêmement riche — bien plus riche peut-être que celle de Le Sage — en dictions communes, triviales, populaires. Elle apparaîtrait, comme l’on sait, non moins riche en néologismes : c’est encore qu’en sa qualité d’adversaire déclaré des anciens, il se pique d’être uniquement attentif aux choses de son temps. […] C’est ici le fondement de la tragédie, du drame et du roman ; dont les chefs-d’œuvre, à vrai dire, ne seraient que les annales du crime historique et de l’impudicité privée, si nous ne sentions intérieurement qu’il apparaît parfois des exceptions parmi les hommes, et que le propre des exceptions est de confirmer les règles ; — en portant cruellement la peine de les avoir violées. […] Une nouvelle espèce d’hommes apparaissait en scène, et son premier acte de puissance allait être de renverser, dès qu’elle le pourrait, tout ce que Voltaire avait aimé.

1319. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Ces nuances ne peuvent être exprimées que par le talent littéraire, et voilà pourquoi les poèmes où il apparaît pour la première fois sont si instructifs. […] Jésus-Christ apparaîtra en grande pompe avec ses saints et ses anges, et rappellera à la vie tous les justes qui ont reçu l’Évangile depuis sa Passion. […] Ce jour-là Moïse, Élie et Elisée lui apparurent et lui remirent les clefs du sacerdoce. […] Une colonne de feu apparut au-dessus du temple, et des bruits surnaturels furent entendus. […] Les régions supérieures des délivrés, des Brahmas, des dieux, apparaissent tour à tour à mesure que l’eau s’abaisse.

1320. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Les événements de la Révolution vinrent mettre à l’épreuve sa fermeté : il vit cette opulence presque royale dont il jouissait depuis plus de vingt ans et dont il usait avec une libéralité vraiment auguste, lui échapper tout à coup, et la misère, à soixante-seize ans, lui apparaître ; il fut le même : « À soixante-seize ans révolus, disait-il, on ne doit pas craindre la misère, mais bien de ne pas remplir exactement ses devoirs. » J’ai déjà cité quelques-unes de ses nobles paroles.

1321. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

C’est en ce sens qu’il y a vraiment des grands hommes, toujours rares, toujours possibles, reconnus et salués bientôt (malgré les contradictions) quand ils apparaissent.

1322. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Je ne prétends point flatter ici Saint-Martin et je tiens à le montrer tel que je le conçois et qu’il m’apparaît après une longue connaissance plutôt qu’après une étude bien régulière.

1323. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

C’est là le dernier aspect sous lequel nous apparaît cet homme original qui a tant écrit, tant fait de confidences sur lui-même et sur son temps, et qui offre en lui un mélange de vertueux, de cordial, de sensé, de singulier, de naïf et même de grossier, bien fait pour appeler l’étude et les explications de plus d’un moraliste.

1324. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Humble et patiente amitié, pensai-je, c’est ainsi qu’on t’oublie aux heures splendides de la jeunesse et de l’amour ; c’est ainsi que tu apparais, douce et consolatrice, vers le soir de la vie, quand la passion est morte et l’existence dénudée32.

1325. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Celui-ci, très apprécié des romantiques, ouvrait la marche dans la série des Grotesques de Théophile Gautier, qui en traçait un portrait de verve où l’homme est deviné sous le poète et où Villon apparaît dans son relief comme le roi de la vie de Bohème.

1326. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Ainsi, lorsqu’on jouait le Comte d’Egmont de Gœthe, à la scène de la prison, pendant qu’on lisait au comte sa condamnation, Schiller chargé de l’arrangement et de la mise en scène, avait pris sur lui de faire apparaître dans le fond le duc d’Albe en masque et en manteau, pour qu’il pût se repaître de l’impression que la condamnation à mort produirait sur Egmont.

1327. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Lisez ce portrait-type de la femme telle que le siècle la dégagea après ses premières fureurs de Régence, et telle que la mit en scène et la fit parler, le premier, Marivaux : « Mais déjà, au milieu des déités de la Régence, apparaît un type plus délicat, plus expressif.

1328. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Mais c’est par d’autres côtés plus considérables qu’il apparut dans cette Chambre de 1815 ; il avait tous les titres pour se faire écouter d’elle, son passé, sa fidélité éprouvée et constante pour la cause royale, la gravité de ses mœurs et l’autorité de son accent.

1329. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

L’ange Gabriel ne nous eût pas fait plus de plaisir avec ses formes divines que cette espèce de Sangrado quand il nous apparut.

1330. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Don Carlos crut voir, de plus, ce religieux lui apparaître en songe et lui dire qu’il ne mourrait pas cette fois.

1331. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Un jour vint et une heure, un moment social, non calculé, non prévu, général, universel, où il se trouva, — sans que personne pût dire ni à quelle minute précise, ni par quelle transformation cela s’était fait, — où, dis-je, il se trouva qu’une langue nouvelle était née au sein même de la confusion, que cette langue toute jeune, qui n’était plus l’ancienne langue dégradée et dénaturée, offrait une forme actuelle et viable, animée d’un souffle à elle, ayant ses instincts, ses inclinations, ses flexions et ses grâces : le français des XIe et XIIe siècles, cette production naïve, simple et encore rude et bien gauche, ingénieuse pourtant, qui allait bientôt se diversifier et s’épanouir dans des poèmes sans nombre, dans de vastes chansons chevaleresques, dans des contes joyeux, des récits et des commencements d’histoires, venait d’apparaître et d’éclore aux lèvres de tout un peuple.

1332. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Ce rapport que je cherche m’apparaît frappant, au contraire, dans ces quatre Lettres d’un tour si fier et d’une attitude magnanime.

1333. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

. — Tel nous apparaissait Lamartine, lorsqu’hier sa voile s’enflait vers l’Orient ; tel il nous reviendra bientôt, plus pénétré et plus affermi encore, après avoir touché le berceau sacré des grandes métamorphoses. 

1334. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Sa vie, la plus errante et la plus diverse qu’on puisse imaginer, n’apparaît que par lambeaux déchirés dans ses vers, que de pieux amis viennent enfin de recueillir147.

1335. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Le sagace dissertateur essaye de les rattacher directement aux Annales des pontifes, et de montrer que, vers le temps même où l’on cessa de rédiger celles-ci, on commence à voir apparaître une publication ou journalière ou assez fréquente, qui les remplaça avec avantage.

1336. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Or, quand Corneille, né en 1606, parvint à l’âge où la poésie et le théâtre durent commencer à l’occuper, vers 1624, à voir les choses en gros, d’un peu loin, et comme il les vit d’abord du fond de sa province, trois grands noms de poëtes, aujourd’hui fort inégalement célèbres, lui apparurent avant tous les autres, savoir : Ronsard, Malherbe et Théophile.

1337. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

« Ce qui n’est pas historique ne nous apparaît pas immédiatement comme possible : les faits historiques, au contraire, sont évidemment possibles : ils ne seraient pas arrivés, en effet, s’ils n’étaient possibles. » Au point de vue poétique, l’histoire et la légende sont équivalentes : mais il est notable que Corneille les distingue.

1338. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

L’Art poétique L’Art poétique a ses défauts : une lacune de l’esprit de Boileau y apparaît.

1339. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Zola apparaît assez curieusement dans le caractère particulier de chacun des romans qui doivent l’exprimer.

1340. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

La Réforme dissipa l’ignorance, dégagea la religion de la philosophie, chassa la scolastique née de leur confusion, et l’antiquité chrétienne apparut dans toute sa beauté31.

1341. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

78. » Cette morale apparaît surtout dans les professions dites libérales, accompagnée de toutes sortes de préjugés destinés à maintenir l’honneur et le prestige du corps. — Dans le régime socialiste, la solidarité professionnelle ne serait vraisemblablement pas moins tyrannique que dans l’économie bourgeoise.

1342. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Je me tournai et tout Baju m’apparut alors, ramassé, âpre, têtu, avec, dans une petite figure vieillotte, la flamme d’un regard vibrant.

1343. (1890) L’avenir de la science « II »

Notre époque de passion et d’erreur apparaîtra alors comme la pure barbarie ou comme l’âge capricieux et fantasque qui, chez l’enfant, sépare les charmes du premier âge de la raison de l’homme fait.

1344. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Chose remarquable et qui s’explique par ce fait que les mœurs sont toujours en avance sur les lois et souvent la littérature sur les mœurs, tant que le mariage apparaît comme une chaîne rivant l’un à l’autre pour la vie deux malheureux, victimes d’une illusion plus ou moins courte, la plupart des romanciers et des dramaturges plaignent ou même poussent à la révolte les couples prisonniers.

1345. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

A ce moment, Claude apparaît dans l’angle de la chambre, le fusil à l’épaule, couchant en joue la misérable.

1346. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Je dis rachète, car, du moment que nous ne chantons plus et que nous lisons, le faible, le commun, le recherché et l’obscur nous apparaissent même dans ces petites trames si bien ourdies.

1347. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Mais j’ai à le suivre rapidement dans sa marche, et ce qui m’apparaît de plus saillant, je le relève.

1348. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Comme Mme de Sévigné, son esprit, son naturel l’emportent ; la vérité lui apparaît plaisante, et elle la raconte gaiement.

1349. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

La première fois qu’il voit apparaître le bonnet rouge, il plaisante des craintes qu’on en a, et très agréablement (16 mars 1792).

1350. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Il vit la mort de près, il entendit les médecins dire de lui : « Il n’en a pas pour deux heures. » L’image de sa vie passée lui apparut sous son vrai jour ; rapproche des jugements de Dieu le jeta dans l’épouvante.

1351. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

Mme de Sévigné avait d’abord commencé par plaisanter là-dessus comme les meilleures personnes du monde ne peuvent s’empêcher de faire : « On dit qu’elle (Mme de La Vallière) a parfaitement bien accommodé son style à son voile noir, et assaisonné sa tendresse de mère avec celle d’épouse de Jésus Christ. » Mais quand elle fut allée elle-même à la grille et qu’elle eut vu Mme de La Vallière, elle n’eut plus qu’un cri d’admiration pour une simplicité si véritablement humble et si noble encore : Mais quel ange m’apparut à la fin !

1352. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Il avait embrassé dans toute leur étendue les matières politiques, étrangères, internationales, financières aussi ; et ce fut en effet la première forme sous laquelle apparut Mirabeau publiciste et auteur de tant d’écrits et de brochures depuis sa sortie de Vincennes (fin de 1780) jusqu’en 89.

1353. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Tel nous apparaît Moreau avant la politique, avant la misère extrême, avant l’aigreur ; tel il se retrouva sans doute à l’heure expirante et aux approches du grand moment qui élève les belles âmes et les pacifie.

1354. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Telle m’apparaît, malgré tous mes efforts pour me la représenter plus aimable, la géographe du pays de Tendre, la Sapho de Pellisson.

1355. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Telle elle apparut la première fois à Gibbon, dans un séjour qu’elle fit à Lausanne.

1356. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Le ciel à ses yeux se déchire, et Dieu enfin lui apparaît : Il me faut, comme à l’univers, s’écrie-t-il, un Dieu qui me sauve du chaos et de l’anarchie de mes idées… Son idée délivre notre esprit de ses longs tourments, et notre cœur de sa vaste solitude.

1357. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Mais une fois jeté en prison (avril 1794), détenu au Luxembourg, La Harpe, avec cette âpre personnalité qu’on lui connaît, s’étonna plus qu’un autre d’avoir été atteint ; l’idée de la mort lui apparut, son imagination lui fit tableau ; il fut en proie à un grand tumulte, et, dans ce bouleversement de tout son être, il sentit une révolution s’opérer en lui : il eut le coup de foudre, ce qu’on appelle le coup de la grâce, qui le renversa et le retourna.

1358. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Le pauvre prince de Conti, qui nous apparaît ici dans toute son inconstance de caractère et sa muabilité, est invité à aller à Montpellier par le comte d’Aubijoux, gouverneur, et qui se fait une fête de le recevoir.

1359. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

L’ouvrage ne fut remarqué que de quelques-uns : pour que les hommes fassent attention à un talent et à un génie, il faut qu’il leur apparaisse avec plénitude et surcroît, et qu’il leur en donne toujours un peu trop.

1360. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Et ici toute la Révolution de 89 et ses principales scènes apparaissent dans le lointain du panorama.

1361. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

Et quand il disait cela, de la porte derrière laquelle elle écoutait, apparaissait la vieille servante, la figure cachée dans ses mains, et qui lui jetait : « Mais, mon cher maître, vous avez perdu la tête, comment pouvez-vous dire des choses comme cela ? 

1362. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Gaston Deschamps très certainement apporte dans ses feuilletons du Temps une sincérité visible, mais malgré toute sa bonne foi, nous devons avouer qu’il apparaît comme très mal renseigné et d’une timidité qui confine à l’injustice.

1363. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Noi eravam lungh’ esso’l mare ancora, Come gente, ch’ aspetta su camino ; Che va col cuor, et col corpo dimora : Et ecco, qual sul presso del mattino Per li grossi vapor morte rosseggia Giu nel ponente sovra’l suol marino : Cotal m’apparue, sancor lo veggia, Un lume per lo mar venir si ratto Ch’ el muover su nessun volar parreggia ; Del qual com’i un poco hebbi ritratto L’occhio, per dimandar lo Duca mio, Rividi’l piu lucente et maggior fatto.

1364. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Il parut, ou plutôt il apparut !

1365. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Il avait l’imagination tournée du côté du génie espagnol ; et même le caractère romain ne lui était apparu qu’au travers du voile espagnol, car Lucain était de Cordoue.

1366. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Ici, je voudrais pouvoir citer Cassagnac lui-même, et faire apparaître, les uns après les autres, tous ces grands hommes de la Révolution, qui l’ont créée à leur image.

1367. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Pommier, dans cette vision du dernier jour et de l’Éternité, Jésus-Christ, qui, par sa double nature d’homme et de Dieu, est de plein droit l’arbitre agréable et agréé du genre humain entre son Père et nous, Jésus-Christ n’apparaît pas assez.

1368. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Mais voici la racine même du débat qui apparaît dans cette opinion du docteur Norbert Grabowsky : « C’est l’intérêt bien compris de chacun, qui devrait pousser tout le monde à s’exercer dans l’abstinence.

1369. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Il s’endormit ; et voici que le diable en personne apparut, s’empara du violon, joua la sonate désirée.

1370. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

si Philippe était mort, demain vous feriez un autre Philippe. » C’est dans la chambre des communes, c’est devant cinq cents hommes assemblés qu’un orateur anglais, dans une séance qui avait duré un jour entier, et où l’on proposait de remettre une affaire importante au lendemain, s’écria : « Non ; je veux savoir aujourd’hui, et avant de me retirer, si je me coucherai ce soir citoyen libre d’Angleterre, ou esclave des tyrans qui veulent m’opprimer. » C’est dans la même chambre qu’un orateur voulant décider la nation à la guerre, après une journée entière de débats, le soir, à la lueur sombre des flambeaux qui éclairaient la salle, peignit le fantôme effrayant d’une domination étrangère, qui voulait, disait-il, remplir l’Europe, et après s’être étendu dans le continent, allait traverser les mers, allait aborder sur leur rivage, et apparaître tout à coup au milieu d’eux, traînant après lui la tyrannie, la servitude et les chaînes.

1371. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

« Élevez-le, tel qu’il apparut, pacifique et beau, pour ennoblir par la douceur du joug ceux qu’il plaît à la Providence d’émanciper dans la haute Amérique.

1372. (1925) Comment on devient écrivain

Dans les milieux simples, la gloire apparaît comme une balançoire. […] Paul Morand avec un banquier qu’il avait consulté pour Lewis et Irène, un écrivain original, M. t’Sterstevens, déclare que la documentation lui apparaît comme l’erreur la plus manifeste de cette littérature indigente qui a rempli la seconde moitié du dix-neuvième siècle ». […] La littérature française doit vous apparaître comme un vaste enchaînement logique d’œuvres et de procédés, se développant suivant les lois d’une filiation qui reste à étudier, mais qui ne mérite ni indignation, ni colère. […] Que répondrons-nous à ce justicier apparu sur les nuées avec la rapidité, la soudaineté, la violence de l’éclair ? […] Ces amplifications furent froidement accueillies. « Dumas file sur la province, dit Firmin Maillard, le froid le suit à Valenciennes, à Lille où les ouvriers typographes l’ont prié de faire une conférence à leur bénéfice et auxquels il répond : « Mes enfants, vous êtes les mains avec lesquelles je mange depuis quarante ans ; il est bien naturel que la tête vienne au secours des mains. » Malgré cela, le froid persiste, Dumas gagne l’étranger ; Venise et Vienne ont pour lui le même climat, il ne retrouve un peu de chaleur qu’en Hongrie, où il a l’heureuse idée d’apparaître costumé en Hongrois.

1373. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Il trouve le moyen de faire des « chroniques » non politiques, rarement littéraires, et où la société qu’il a sous les yeux n’apparaît point. […] On a relevé avec raison ce passage où nous apparaît un pauvre jeune homme, distingué, aimable, causeur spirituel, et qui devient absolument muet, stupide et paralysé de terreur devant son père. […] Le sociologue positif apparaît. — Le voici encore, plus accusé (lettre CXXXI). […] Les sociétés, qui lui apparaissaient tout à l’heure comme les combinaisons de forces naturelles et aveugles, se présentent à ses yeux maintenant comme des systèmes d’idées. […] Montesquieu, si bien fait pour les grands sujets, nous apparaît souvent comme un savant de La Bruyère.

1374. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

et c’est là qu’apparaît la force de la civilisation. […] Voilà les deux grandes images qui apparurent à l’âme du Dante. […] Le génie oriental leur apparaissait, à travers l’Espagne et le christianisme. […] Je n’examine pas quelles objections peuvent s’adresser, sous le rapport de l’art, à cette architecture arabe ; mais sa variété, ses coupes hardies et capricieuses, toutes ses pompes devaient puissamment saisir l’imagination des peuples vaincus ; et les Arabes, à certains égards, leur apparaissaient comme des maîtres protégés par ces génies heureux de l’Orient, qui les aidaient à construire tant de magnifiques édifices brillants de marbre et d’or. […] Ce luxe des fêtes, cette richesse orientale qui se communiquait à la poésie, nous apparaîtra tout entière dans un pareil exemple.

1375. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Un de ces séminaristes, l’abbé de Mondésir, interrogé cinquante ans plus tard, se souvient surtout des allures excentriques et tumultueuses et des « menteries incroyables » du chevalier de Chateaubriand, qui lui est apparu (on le sent) comme une espèce de fou. […] Cela ne lui apparaissait donc pas, en tout cas, comme un devoir si impérieux. […] Le Sauveur apparaît à Marie… Qui pourrait redire l’entretien de Marie et d’Emmanuel ?  […] Les guerres de l’ancien régime apparaissent inoffensives. […] Il y façonnait sa propre figure, telle qu’il voulait qu’elle apparût à la postérité.

1376. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

« Le premier moment » où cet instinct apparaît « n’est ni moral ni social, mais purement réflexe ; c’est un réflexe défensif. […] Parce que nous sommes des vivants, parce que nous faisons partie de ce petit phénomène parfaitement négligeable, de ce petit accident un peu ridicule, de cette bavure de l’Univers qu’on appelle la vie ; il faut que l’explication de l’univers s’appuie tout entière sur la conception que nous nous faisons de la vie ; il faut que le monde, je dis le monde, « le monde, l’univers, tout, la nature entière », soit déclaré mauvais si la vie nous apparaît mauvaise, et bon si la vie nous apparaît bonne, et que nous résolvions sur lui comme nous résolvons sur elle, et d’après ce que sur elle nous avons résolu. […] Pour mon compte, elle ne m’apparaît pas. […] Sur le premier point, vous n’ignorez pas que, dès qu’une doctrine nouvelle apparaît à la lumière de ce monde, on trouve presque immédiatement qu’elle a eu mille « précurseurs » ; qu’elle était annoncée et préparée par mille intuitions déjà très claires et précises ; qu’elle remonte à la plus fuligineuse antiquité ; que vraiment avant d’être inventée elle était banale ; et la phrase traditionnelle revient : « Tout ce qui est nouveau là-dedans est faux, et tout ce qui est vrai est aussi vieux que le monde. » Ç’a été dit du christianisme, ce sera dit de toutes les nouveautés qui pourront se produire. […] Fogazzaro c’est, au contraire de ses désirs, combien la doctrine évolutionniste est vraiment neuve en son fond et combien peu elle a été pressentie et, même vaguement, subodorée avant qu’elle apparût.

1377. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

mais il est vraisemblable que le messie de la nouvelle religion n’est pas encore à la veille de se révéler ; soyez sûrs, par exemple, que quand il se manifestera il apparaîtra dégagé des lourds et pesants manteaux du réalisme aussi bien que des vapeurs nébuleuses de nos novateurs ; en homme d’esprit, il aura emprunté à chaque école ce qu’elle a de meilleur et sera, lui, accepté sans discussion. […] L’orgueil allumait toutes ses flammes sur ce front chargé de sinistres pensées, où la peur n’apparaissait point, non plus le repentir. […] D’autres surgiront, indignés, un peu suspects, à qui l’habit à collet et parements verts est confusément apparu dans leurs rêves ; ceux-là traiteront durement celui qui a parlé selon sa conscience de l’Académie comme du reste de la société, et ne seront peut-être pas fâchés de semer, chemin faisant, quelques grains de reconnaissance que le hasard peut faire germer. […] Dehors, après avoir déambulé pendant quelques instants en une allée sablée, nous nous enfonçâmes dans un vaste champ où les ronces nous égratignèrent les genoux et dans lequel une myriade de petites croix noires sillonnées de lettres blanches se culbutaient, très pressées, les unes sur les autres   …………………………………………………………………………………………… … Soudain, en un lopin triangulaire d’argile ou de marne, entre une série de chapelles, de pylônes et de fûts tronqués, un monolithe ayant la forme d’un obélisque, une sorte de stèle en marbre au cône crénelé, tout environnée de grillages, m’apparut, et mon cœur, battant plus vite, me dit que c’était là.

1378. (1923) Au service de la déesse

Et surtout, cette croyance, naïve chez ce bonhomme et peu raisonnable chez lui, nous la retrouvons dans l’œuvre des grands génies de la Grèce : elle est ainsi consacrée, Tournier l’a montrée dans Eschyle et dans Hérodote et non pas comme une opinion qui apparaît de temps à autre, mais comme le principe d’une poésie et d’une philosophie de l’histoire. […] Claudel nous apparaît comme un poète médiéval : et, s’il vous semble que son œuvre se lie mal à notre littérature, c’est que vous entendez, par notre littérature, celle qui florit en France depuis la fin du moyen âge. […] Claudel apparaît comme le chef-d’œuvre d’une chapelle extrêmement habile et qui a su se fabriquer son héros. […] Or, Suzanne dit que, dès l’adolescence, « la vie et l’âme lui apparaissaient doubles » ; et, plus tard, quand elle est seule, abandonnée dans une île déserte du Pacifique, elle « s’amuse à être deux femmes ». […] Sa vie, en rêve, lui apparaît comme une colline que couronne un petit bois sacré.

1379. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Elle m’apparaît seulement grande, comme une grosse émeraude d’un bijoutier, de la rue de la Paix. […] Et, au milieu du pittoresque bric-à-brac de la demeure, apparaissent et disparaissent, les dents blanches, les noires faces riantes, les madras de couleur de deux négresses, qui sont la domesticité du maître de la maison.

1380. (1925) La fin de l’art

On disait : « Enfin ils poignaient. » Le sens n’était pas douteux, cela signifiait : ils apparaissaient, ils surgissaient. […] » Il n’apparaît pas, dois-je dire, qu’on la prenne désormais au sérieux, mais c’est peut-être trop de la laisser revivre, même pour un instant.

1381. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

La vision de Claire, qui apparaît à Egmont dans sa prison au milieu des anges pour le conduire au ciel, est d’une grossièreté de matérialisme théâtral qui n’a pas échappé à madame de Staël, la spirituelle femme qui avait l’instinct du ridicule autant que la faculté de l’enthousiasme, — heureusement pour elle ! […] Et c’est ainsi que l’Indou, dans Gœthe, va apparaître.

1382. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

C’est qu’à travers les feuillages noirs l’image de la Mort est apparue : Puisque je dois mourir, tout me navre et me nuit… Pour un instant, la poétesse se dissocie de la nature et prend conscience de sa petite vie individuelle ; qu’elle rentre vite dans le fourré de l’inconscience et redevienne un des gestes, un des cris spontanés de la nature : Errer dans la nature ainsi qu’une abeille ivre… ……………………………………………………………………………………… Et ne distinguer plus de mon cœur éphémère Et soupirant, le cœur paisible de la terre, qu’elle s’enfonce dans le silence des choses « comme le moissonneur en la mer des moissons » : le silence est la voix de son cœur : il lui parlera d’amour. […] À travers les nuages, une cime de montagne apparaît Nette et nue comme une femme se dévêt… Le sentiment qui emplit ces vers est le désir de l’amour, cette identification parfaite de deux êtres ; je ne vis que pour lui, dit-elle, Je viens toujours à lui, les mains pleines de roses : À mes plus beaux présents, il n’a jamais souri, Il ne me tend jamais qu’une bouche morose. […] Faust apparaît.

1383. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

L’amour physique, par exemple, mais c’est d’ordinaire tout pomponné, tout frais, satin et rubans et mandoline, rose au chapeau, des moutons pour un peu, qu’il apparaît au « printemps de la vie ». […] Bouchor et son puissant effort incontestable vers les sommets symboliques de l’esprit humain, la jeune pléiade belge (si consolante dans notre décadence française pourtant encore fière) dont Rodenbach, Giraud, Séverin, seraient les chefs acclamés si le choix n’était défié par tout ce talent collectif, enfin Moréas, subtil et brutal si bien, Kahn, Vignier, qu’il nous serait utile de défendre contre des scrupules peut-être un peu bien sévères, Guigou, « étrange et sincère », Raymond de la Tailhade, prédit grand poète et déclaré bon poète, Tailhade, somptueux et pervers — « j’en passe et des meilleurs », comme dit Hugo, d’ailleurs excessivement admiré dans le livre de Nos Poètes — apparaissent ou plutôt paraissent « pleins de grâce et de vérité » dans ce livre substantiel auquel il faut acquiescer, en dépit des justes réserves que lui doit le Décadisme (ou ce qu’on nomme ainsi) en raison de quelques injustices. […] que du temps de la place Royale (second séjour), un peu avant l’élection à la Présidence de Louis Bonaparte, celui-ci fréquentait chez le grand homme, où apparaissait, rayonnante de grâce, de pétulance et de beauté enflammée, Mlle Eugénie de Montijo qui chantait au poète, et j’imagine aussi au prince, des airs espagnols à tourner toutes les têtes.

1384. (1886) Le naturalisme

Au quatrième siècle avant notre ère, quand les Grecs avaient déjà leurs admirables épopées, leur théâtre, leur poésie lyrique, leur philosophie et leur histoire, alors seulement apparut la première fiction romanesque : la Cyropédie de Xénophon, roman moral et politique, qui ne manque pas d’analogie avec le Télémaque. […] Le Don Quichotte et l’Amadis divisent en deux hémisphères notre littérature romanesque ; on peut reléguer dans l’hémisphère de l’Amadis, toutes les œuvres dans lesquelles l’imagination règne, et dans celui de Don Quichotte celles dans lesquelles domine le caractère réaliste qui apparaît dans les monuments les plus antiques des lettres espagnoles. […] L’habileté de Flaubert apparaît aussi bien dans ce qu’il dit que dans ce qu’il omet. […] Cela apparaît nettement chez la piétiste Yonge, et chez l’auteur d’Adam Bede, Eliot, qui est libre-penseur et philosophe.

1385. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Que répondrons-nous à ce justicier foudroyant, apparu sur les nuées avec la rapidité, la soudaineté, la violence de l’éclair ? […] L’intensité matérielle de la description homérique n’apparaît pas dans toutes les traductions. […] Je ne vois que des sapins maigres, longs comme des mâts, et la montagne apparaît là-bas, nue et pelée comme le dos décharné d’un éléphant… C’est vide, vide, avec seulement des bœufs couchés, ou des chevaux plantés debout dans les prairies. […] Le neuvième jour avant les calendes de septembre, vers la septième heure, ma mère l’avertit qu’il apparaissait un nuage d’une grandeur et d’une forme extraordinaire… Mon oncle demande ses sandales et monte dans l’endroit d’où ce prodige était le plus visible. […] De l’autre côté apparaissait un nuage noir et effrayant ; déchiré par un souffle de feu qui le sillonnait de traits tortueux et rapides, il présentait en s’entr’ouvrant de longues traînées de flammes, semblables à des éclairs, mais plus grandes encore… Peu de temps après, le nuage s’abaisse vers la terre et couvre la mer.

1386. (1902) Propos littéraires. Première série

Worms-Clavelin, dans ce nouveau volume, apparaît à peine, M.  […] Montaigne apparaît vers la fin. […] Elle est fausse, tout simplement, et elle compromet l’Individualisme à mesure qu’elle apparaît de plus en plus comme fausse. […] Cette vengeance du destin qui l’avait frappé apparut au malade comme un favorable présage… « — Tu as commandé la voiture ? […] Cela apparaît de plus en plus.

1387. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Ami sincère d’une certaine démocratie, il ne lui apparut jamais que le front chargé de soucis et de nuages.

1388. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Les circonstances récentes ont fait apparaître dans notre Parlement, en matière d’affaires étrangères, deux partis extrêmes, également dangereux : l’un qui rêve de conquêtes et aime la guerre, soit pour elle-même, soit pour les révolutions qu’elle peut faire naître ; l’autre qui a pour la paix un amour que je ne craindrai pas d’appeler déshonnête, car il a pour unique principe non l’intérêt public, mais le goût du bien-être matériel et la mollesse du cœur.

1389. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

La France lui apparaissait comme un gouffre, « comme un épouvantable enfer » ; il y échappe et arrive sur la terre étrangère sans ressources, cherchant à gagner le pain de chaque jour.

1390. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Voilà près d’un demi-siècle, voilà quarante-quatre années du moins que M. de Chateaubriand a inauguré notre âge par Atala, par le Génie du Christianisme, et s’est placé du premier coup à la tête de la littérature de son temps : il n’a cessé d’y demeurer depuis ; les générations se sont succédé, et, se proclamant ses filles, sont venues se ranger sous sa gloire ; presque tout ce qui s’est tenté d’un peu grand dans le champ de l’imagination et de la poésie procède de lui, je veux dire de la veine littéraire qu’il a ouverte, de la source d’inspiration qu’il a remise en honneur ; ce qu’on a, dans l’intervalle, applaudi de plus harmonieux et de plus brillant est apparu comme pour tenir ses promesses et pour vérifier ses augures ; il a eu des héritiers, des continuateurs, à leur tour illustres, il n’a pas été surpassé ; et aujourd’hui, quand beaucoup sont las, quand les meilleurs se dissipent, se ralentissent ou se taisent, c’est encore lui qui vient apporter à la curiosité, à l’intérêt de tous, un volume impatiemment attendu, et qui n’a, si l’on peut dire, qu’à le vouloir pour être la fleur de mai, la primeur de la saison.

1391. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Depuis ç’a été le tour des femmes ; l’émulation les a prises de lutter au sérieux avec les types, à peine apparus, d’Indiana ou de Lélia.

1392. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

La prose lui apparaît d’abord considérable et déjà formée dans Froissart, dans Comines, et cette prédilection pour la prose, qui est chez M.

1393. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

En parcourant dernièrement cette quarantaine de petits volumes où, sous le titre d’Annales poétiques, est enterré, en fait de vers, tout ce qu’on ne lit plus, où La Monnoie tient autant de place que Racine, où Pavillon offre deux fois plus de façade que Despréaux, un petit résultat évident m’est apparu.

1394. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Si pourtant l’objet de notre étude ce jour-là, et en quelque sorte de notre dévotion, est un de ces morts fameux et si rares dont la parole remplit les temps, l’effet ne saurait être ce que nous disons ; l’autel alors nous apparaît trop lumineux ; il s’en échappe incessamment un puissant éclat qui chasse bien loin la langueur des regrets et ne rappelle que des idées de durée et de vie.

1395. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Le Grec ancien, le chrétien des premiers siècles, le conquérant germain, l’homme féodal, l’Arabe de Mahomet, l’Allemand, l’Anglais de la Renaissance, le puritain apparaissent dans leurs livres à peu près comme dans leurs estampes et leurs frontispices, avec quelques différences de costume, mais avec les mêmes corps, les mêmes visages et la même physionomie, atténués, effacés, décents, accommodés aux bienséances.

1396. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

. — C’est pourquoi, pour se faire une première idée de l’esprit, il faut se représenter une de ces trames, et poser que, connue par deux procédés différents, la perception extérieure et la conscience, elle doit apparaître forcément sous deux aspects irréductibles, mais d’inégale valeur, c’est-à-dire morale à l’endroit et physique à l’envers. — L’événement primordial ainsi dégagé et déterminé, il faut maintenant avec lui construire le reste.

1397. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Nous y reconnaissons la nature, exactement et vigoureusement rendue, et c’est parce que nous les sentons vraies, d’une vérité qui nous saisit immédiatement, que nous pouvons les admirer autant que firent les hommes auxquels elles apparurent dans leur nouveauté.

1398. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Puis apparut ce qu’on a appelé le cycle de l’antiquité 51 : des poètes savants, qui lisaient les livres latins, y remarquèrent mille choses merveilleuses qui pouvaient se mettre en clair français à la grande joie du public illettré.

1399. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Mais tout s’organise, l’esprit classique mûrit, prend conscience de lui-même, les influences fâcheuses sont repoussées, les éléments disparates sont éliminés : les forces qui tendent au vrai, au simple, à la raison enfin, prévalent ; et les résultats apparaissent autour de 1660.

1400. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Après une étrange et bien fausse critique de notre système de versification, où apparaissent les limites de son sens artistique, Fénelon signale le défaut général de la poésie moderne : le trop d’esprit.

1401. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Il a le génie des préparations, si l’on entend par là, non les préparations morales qui font apparaître la vérité des effets dramatiques, mais les indications de faits qui doivent servir à faire basculer soudainement l’intrigue.

1402. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Dans certains cas, du reste, ou plutôt dans certains genres, le personnage sympathique pourra fort bien être un coquin, pourvu que nous n’y songions point et qu’il ne nous apparaisse jamais que comme très spirituel ou très comique.

1403. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

« Tourmenté d’une soif spirituelle, j’allais errant dans un sombre désert, et un séraphin à six ailes m’apparut à la croisée d’un sentier.

1404. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

L’idéal de notre littérature apparaît dès cette première moitié du xvie  siècle : c’est Rabelais quand il ne laisse pas sa raison au fond de la dive bouteille ; c’est Calvin, quand il n’allume pas le bûcher de Servet.

1405. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Entre l’idéal de l’autorité, tel qu’il apparut à Bossuet sous la forme de la monarchie absolue, tempérée par des lois fondamentales, et les dangereuses rêveries du Contrat social, il manque un corps de doctrines tirées de la science des besoins de l’homme et de l’expérience comparée des sociétés humaines, supérieur à toutes les formes de gouvernement et pouvant les perfectionner toutes.

1406. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre IV. L’espace et ses trois dimensions. »

Mais il suffit qu’elle persiste souvent pour que les séries σ nous apparaissent comme remarquables, pour que nous soyons amenés à ranger dans une même classe les séries Σ et Σ + σ, et de là à ne pas les regarder comme distinctes.

1407. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

À contempler notre civilisation il apparaît d’ailleurs que si la femme est corrompue et vénale, une large part de responsabilité en revient à l’homme.

1408. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Nul ne peut dire de quel point du ciel apparaîtra l’astre de cette rédemption nouvelle.

1409. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

L’influence personnelle de Bentham y frappe tout d’abord ; et on peut dire que parmi les nombreux disciples qu’il a laissés en Angleterre, Mill apparaît simplement comme le plus systématique.

1410. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

» s’écrie l’impure, retroussant, à deux bras, sa traîne qui remplit la chambre, et elle s’engouffre dans une porte ouverte, comme une diablesse d’opéra disparaissant par une trappe, quand le bon ange apparaît.

1411. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

De temps en temps, il apparaît, décharge aux pieds de sa femme des cargaisons d’or, et repart.

1412. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Elle aimait le roi pour lui-même, comme le plus bel homme de son royaume, comme celui qui lui était apparu le plus aimable ; elle l’aimait sincèrement, sentimentalement, sinon avec une passion profonde.

1413. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Depuis la publication du Congrès de Vérone et des Mémoires, ce point de vue qui porte sur le caractère même nous est apparu dans toute sa lumière, et l’auteur a pris soin de mettre en saillie toutes les faiblesses de l’homme.

1414. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

À la Convention, Saint-Just ne nous apparaît que calme d’aspect, inflexible, maître de lui ; son ardeur est fixée, et se recouvre d’un front impassible.

1415. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Et par moment, dans sa demi-nuit et ses ténèbres transparentes, le peuple bariolé qu’on entrevoit là, apparaît comme un carnaval dans les Limbes.

1416. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

C’est la veine noire dans le marbre blanc ; elle circule partout, et apparaît à tout moment à l’improviste sous le ciseau.

1417. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Car les disciples des philosophes de la vapeur et des allumettes chimiques l’entendent ainsi : le progrès ne leur apparaît que sous la forme d’une série indéfinie.

1418. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Et plus loin, lorsque sur le champ de bataille, à huit heures du soir, la Garde de l’Empereur s’ébranle, n’a-t-on pas, toutes les imaginations humaines n’ont-elles pas la vision du drame, dans ces lignes de Victor Hugo : « Quand les hauts bonnets des grenadiers de la Garde, avec la plaque à l’aigle, apparurent, symétriques, alignés, tranquilles, superbes, dans la brume de cette mêlée, l’ennemi sentit le respect de la France ; on crut voir vingt victoires entrer sur le champ de bataille, ailes éployées, et ceux qui étaient vainqueurs, s’estimant vaincus, reculèrent, mais Wellington cria : “Debout, gardes, et visez juste !”

1419. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Les héros ainsi réunis en corps politique, et investis à la fois du pouvoir sacerdotal et militaire, nous apparaissent dans la Grèce sous le nom d’Héraclides, dans l’ancienne Italie, dans la Crète et dans l’Asie Mineure, sous celui de Curètes.

1420. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

» Et il apparaît que, si c’est le vagabond qui écrira l’admirable Cinquième Rêverie, c’est beaucoup l’ancien laquais qui écrira le Discours sur l’inégalité et qui fondera sur l’égalité la théorie du Contrat social. […] (Son œuvre elle-même apparaît dans la littérature comme une éruption morbide.) […] (Combien Chateaubriand, ce fils aristocrate de Jean-Jacques, lui ressemble, c’est ce qui apparaît à mesure qu’on lit davantage l’un et l’autre.) […] A vrai dire, ce culte est bien étrange dans un livre qui prétend découvrir et honorer les intentions de la « nature », laquelle apparaît si évidemment mère et maîtresse d’inégalité à tous les degrés de l’être. […] Et plus loin, il nous fait ce petit récit, où il apparaît que Thérèse aussi était une « femme sensible » : Durant mon séjour à Genève, madame de Warens fit un voyage en Chablais et vint me voir à Grange-Canal.

1421. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Que de la mort de sa mère à la sienne, à elle, Henriette d’Angleterre, occupée de sa douleur, et de pensées religieuses et d’affaires diplomatiques très considérables, n’ait pas eu le temps d’organiser ce petit complot littéraire, ni surtout n’ait pas été en disposition de le faire, cela ne m’apparaît pas très clairement. […] Consultons-la. » Domitie répond évasivement, avec des réserves que l’on peut mettre sur le compte de la pudeur ; mais de telle sorte qu’elle fait entendre que le devoir de Titus serait, en effet, de l’épouser. — Coup de théâtre : Bérénice apparaît. […] Domitie, qui n’est jamais loin, apparaît et s’adressant à Bérénice : « Il vous aime, Madame ? […] Il s’attache tout autant à nous montrer que Corneille pouvait, à la date où il est apparu, créer un théâtre romantique, qu’il n’était pas « trop tard », comme on a dit ; et que, par conséquent, s’il ne l’a pas fait, c’est qu’il était bien incapable de le faire. […] Peut-on vraiment supporter que Zeus s’exprime ainsi, lui qui porta Minerve dans son cerveau : … Alors guette l’arrêt Où ta forme à vingt ans fugace t’apparaît ; Saisis la coupe, bois, et la métamorphose S’opère ; ton image actuelle est forclose ; Le papillon nouveau s’envole du bombyx Et le nocher sans toi repasse encor le Styx.

1422. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

L’incarnation, vue de ce côté, l’insertion, cette insertion cardinale, apparaît ainsi comme un accueil, comme un accueillement, comme un recueillement de l’Éternel dans la chair, comme un achèvement d’une série charnelle, comme un couronnement d’une race charnelle, et non seulement comme une histoire arrivée à la chair, et à la terre, mais comme le couronnement, comme l’aboutissement d’une histoire arrivée à la chair, et à la terre. […] La deuxième couche, le coup de génie mais non plus déjà peut-être de vision c’est l’autre vers posé ; posé dans toute sa grandeur ; la trouvaille, non plus peut-être autant la première vision, la vision directe ; la vision nue ; dépouillée ; la trouvaille ensemble, à la fois faite et jaillie : Quel dieu, quel moissonneur de l’éternel été Et ensuite, en deuxième, en subsidiaire : Avait, en s’en allant, négligemment jeté Les différents terrains, les différentes couches, les différentes strates apparaissent très nettement, comme dans une coupe géologique honnête. […] Les comptes obscurs que nous établissons inconsciemment en venant au monde pour savoir où nous en sommes, pour voir en nous-mêmes à quel moment du monde nous venons au monde, à quel moment, à quelle date nous apparaissons, nous autres à notre tour, les calculs globaux, sommaires que nous faisons sans même nous en apercevoir quand nous arrivons à l’âge de raison pour savoir où nous en sommes, comment placés nous sommes, (c’est-à-dire en somme un peu qui nous sommes), sont invincibles. […] — Nulle part autant que dans Racine n’apparaît peut-être le poignant, le cruel problème de l’innocence ou de la prétendue innocence de l’enfant. […] Cette communion, cette communication de toutes parts du texte avec l’extra-texte sans que sur aucun point du contour elle apparaisse ou se trahisse par quelque flottement, par quelque déperdition.

1423. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Là, comme un Ange assis, jeune, triste et charmant, Une forme céleste apparut vaguement. […] * * * « Non moins belle apparut, mais non moins incertaine, De l’Ange ténébreux la forme encor lointaine, Et des enchantements non moins délicieux De la Vierge céleste occupèrent les yeux.

1424. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Lorsque le soir un domestique frisé et revêtu d’une livrée bleu-clair avec des boutons armoriés se présente devant vous et se met avec un zèle extrême en devoir de tirer vos bottes, vous sentez que si, au lieu de sa pâle et maigre figure, apparaissaient tout à coup à vos yeux les larges pommettes et le nez épaté d’un jeune rustre que son maître a enlevé depuis peu à la charrue, mais qui a déjà eu le temps de découdre en plus de dix endroits les coutures du kaftane 5 de nankin qu’on vient de lui faire endosser, — ce changement vous causerait un indicible plaisir, et que vous vous exposeriez très-volontiers au danger d’avoir vos pieds mis en sang par la maladresse de ce valet improvisé. […] Courbé en deux et la tête enfoncée dans mon manteau, j’attendais patiemment la fin de l’orage, lorsque à la lueur d’un éclair une forme élevée apparut à mes yeux sur la route, et comme je continuais à regarder de ce côté, elle se dressa devant moi, près du drochki, comme si elle sortait de terre.

1425. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Les femmes apparaissent dans ses écrits telles que nous les voyons dans les rêves de notre adolescence, parées de leur beauté virginale, et ne tenant à la terre que par l’amour. […] Elle ignorait la nature du sentiment qu’elle avait pour lui ; était-ce un dieu qui lui apparaissait sur la terre dans une forme qui n’avait point d’âge et dont la chevelure blonde semblait parer l’immortalité ?

1426. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Elle ne m’apparaît pas dans le clair éther de la Grèce, pas plus que dans le bleu clair de l’Ombrie. […] Et le nez apparaît camard, brisé et bouché par l’embaumement, et le sourire d’une feuille d’or se montre sur les lèvres de la petite tête, au crâne de laquelle s’effiloquent des cheveux courts, qu’on dirait avoir encore la mouillure et la suée de l’agonie.

1427. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Qu’elle vienne ici, seulement qu’elle m’apparaisse, que je revoie ses grands yeux, qu’elle pose doucement sa main sur mon front, qu’elle me sourie… que ce bouquet d’arbres vigoureux et touffu fait bien à droite ! […] Il ne m’apparut que sur les dix heures, avec son bâton d’aube-épine et son chapeau rabattu.

1428. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Or, au contraire, la société apparaît avec de grandes divisions ou professions qui font l’homme et lui donnent une physionomie plus saillante encore que celle qui lui est faite par ses instincts naturels ; les principales passions de homme s’attachent à sa profession sociale, elle exerce une pression sur ses idées, ses désirs, son but, ses actions. […] Beaucoup de gens prétendent voir ce qui se passe autour d’eux sans avoir besoin du romancier ; ceci est une erreur puisqu’il faut à l’écrivain un travail suivi et spécial pour arriver à rendre complètement ce que les autres ne voient que par fragments et passagèrement ; de même que le soldat, le juge, le marchand etc., font des études et des travaux, ont des occupations en vue des résultats de leur profession, de même agit le romancier ; il suit les esprits, s’inquiète des faits, de leur source et de leurs conséquences, interroge, pense, et rassemble ce qui n’apparaît qu’épars aux autres gens préoccupés par leurs professions et leur situation sociale. […] — Je ne sais qui vient de jeter un cri de joie grotesque en voyant apparaître M.  […] Les idées de Shakespeare apparaissent en France dépouillées de cette forme du vers qui les rendait peut être fatigantes, et certainement Molière, le plus vigoureux de nos poètes, est le moins poète de tous.

1429. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Le génie de la France, tel qu’il apparaît à travers l’histoire, brûlant et brillant à la fois, sain, vigoureux et clair, resplendit tout entier, en effet, dans ces œuvres d’une éternelle jeunesse, qui nous font bien mesurer toute la distance qui sépare l’engouement et le succès passager de la gloire durable. […] Couthon, gentilhomme, n’apparaît guère pour défendre le corps et un peu la mémoire du défunt qu’après le trépas du poète. […] Ce fier visage de songeur nous apparaît donc à travers l’histoire comme un des plus nobles et des plus sympathiques. […] C’est véritablement là qu’il nous apparaît comme un précurseur, et c’est l’honneur éternel de cet homme d’avoir prononcé le premier ce grand mot d’humanité, qu’on proscrivait alors, nous l’avons montré, et qui est ou qui sera le mot d’ordre moderne.

1430. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Il l’ouvrait, en prêtre domestique, au couvre-feu, comme le père de famille fait la Bible dans les vieilles familles anglaises, Victor Hugo ne m’était jamais apparu ainsi. […] Il était alors le plus grand critique possible dans la philosophie de l’histoire et, s’il ne vous faisait pas suffisamment entrevoir le but de sa philosophie personnelle, du moins il faisait apparaître le passé dans une si vive lumière et il en promenait une si belle sur les chemins de l’avenir, qu’on se sentait arracher le bandeau des yeux comme avec la main. […] Si les buissons épineux de la route sont un fond nécessaire aux fleurs ; si leur ton neutre et calme est, en lui seul, apaisant pour nos yeux ; si les pierres les plus aiguës ont de beaux angles fiers, et si même les encombrantes roches m’apparaissent magnifiques à dépasser ?  […] » Et alors c’est l’inanité foncière, c’est le vide, c’est le creux de cet amour artificiel qui apparaît dans toute son amère tristesse. […] Il est bien certain que le jésuite disparaît absolument de l’histoire à tel point qu’on n’en entend plus du tout parler, juste au moment où l’aventurier de Naples apparaît.

1431. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

« Tout cela était imperceptible pour les indifférents, tant les cosmétiques étaient employés avec art ; mais pour cette pauvre femme qui pleurait sa jeunesse morte comme la mère de la Bible pleurait ses enfants, et qui, au contraire de Sara (sic), eût tant voulu être consolée, rides et plissures apparaissaient comme des gouffres béants ou des montagnes escarpées. […] Tous les jours je vois apporter quelque amélioration à leur vêtement, à leur nourriture ; les plus beaux édifices de Paris sont leurs casernes, et la vieillesse et la maladie ont été dépouillées pour eux des terreurs qui leur font cortège quand elles apparaissent aux autres hommes. […] Ni la joie ni la douleur ne nous sont encore apparues, mais nous devinons leur approche ; et entre l’ombre que projette l’une et le rayonnement que projette l’autre, nulle erreur n’est possible. […] Ce qui doit venir est peut-être bien loin encore, et les précurseurs eux-mêmes ne nous sont pas encore apparus ; mais enfin, nous nous préparons à la préparation, comme disait je ne sais plus quel Allemand. […] Une jeune fille, belle, douce et pieuse, lui apparaît comme la vision de ce qui aurait pu être ; c’est dire qu’il rencontre le malheur sous la forme la plus railleuse et la plus désespérante qu’il puisse revêtir.

1432. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Et c’est justement pour cela que des individus et des générations entières peuvent envisager des tâches si grandioses qu’elles seraient apparues aux temps jadis comme de la folie et un jeu impie avec le ciel et l’enfer. […] Il y a une morale de maîtres et une morale d’esclaves ; j’ajoute tout de suite que, dans toute culture plus élevée et plus mêlée, apparaissent aussi des tentatives d’accommodement des deux morales, plus souvent encore la confusion des deux et un malentendu réciproque, parfois même leur étroite juxtaposition, et jusque dans le même homme et à l’intérieur d’une seule âme. […] « Toute la lutte morale contre le vice, le luxe, le crime et même contre la maladie apparaît comme une naïveté et comme quelque chose de superflu. […] Mais cet arrière-plan de ses conceptions et cette pensée de derrière la tête, sont, je le répète, restés confus ; les passages de ses œuvres où ils apparaissent et en quelque sorte se glissent, sont assez rares : l’expression qu’il leur donne, quelquefois lumineuse à souhait, comme on vient de voir, est plus souvent hésitante et obscure. […] Comparés à lui, tous les autres apparaissent guindés, sans finesse, intolérants, et d’allure vraiment paysanne… Sterne est le grand maître de l’équivoque, le mot pris, bien entendu, dans un sens beaucoup plus large que l’on a coutume de faire lorsque l’on songe à des rapports sexuels.

1433. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Placé au foyer de l’émigration et de la coalition, il est réputé quelque peu aristocrate par ses amis de France qui l’ont perdu de vue, et tant soit peu jacobin par ceux qui le jugent de plus près et croient le connaître mieux ; mais il nous apparaît déjà ce qu’il sera toujours au fond, un girondin de nature, inconséquent, généreux, avec de nobles essors trop vite brisés, avec un secret mépris des hommes et une expérience anticipée qui ne lui interdisent pourtant pas de chercher encore une belle cause pour ses talents et son éloquence. […] Mais ici, dans cette lettre qui n’est qu’une conversation, cet esprit à la Voltaire nous apparaît dans sa filiation directe et à sa source, point du tout masqué Encore. […] et par les mœurs, visant au nouveau par la tête et par les tentatives, il fut heureux qu’à une heure décisive, un génie cordial et puissant, le génie de l’avenir en quelque sorte, lui apparût, lui apprît le sentiment, si absent jusqu’alors, de l’admiration, et le tirât des lentes et misérables agonies où il se traînait.

1434. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Ce qu’il avait appelé si longtemps sa bonne étoile ne lui apparaissait plus qu’à travers les orages.

1435. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Dupleix, dans cette plaidoirie de l’autre monde, ne fait que reprendre, à trente ans de distance, le rôle que la vieille demoiselle de Gournay avait tenu dans ses querelles contre l’école de Malherbe : ce sont là des revenants ou des sibylles, des caricatures, des demeurants d’un autre âge, qui apparaissent tout affublés à la vieille mode et font rire, même quand ils ont des lueurs de raison.

1436. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Mme Roland nous apparaît dès l’abord comme un des représentants les plus parfaits à étudier, les plus éloquents et les plus intègres, de cette génération politique qui avait voulu 89 et que 89 n’avait ni lassée ni satisfaite.

1437. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

La rêverie, enfin, à côté des personnes qu’on aime, apparaît dans tout son charme chez La Bruyère.

1438. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Où voit-on apparaître d’abord les couplets d’Henri IV sur Gabrielle et sa chanson à l’Aurore 8 On a là toute une série de petites questions en perspective.

1439. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

« Je vois encore dans le miroir de ma mémoire, si fidèle pour les images helléniques, ce petit tableau tel qu’il m’est apparu à Scio.

1440. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Une ombre apparaît derrière elle, ombre à l’astre amoureux des amoureux, la lune.

1441. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

En second lieu, une poétique nouvelle apparaît dans le Génie du Christianisme 655.

1442. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Il peignit par ces traits généraux et sommaires sous lesquels nous apparaît la nature extérieure.

1443. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Un autre poète du temps, Jean Sirmond, dans d’excellents vers latins, salue en Balzac la personnification de l’éloquence : « Telle apparaîtrait, dit-il, l’Éloquence, heureuse de se faire voir sous ses propres traits, si elle descendait du ciel, soit pour accabler le crime, soit pour diviniser la vertu8. » Il peint l’étonnement de la cour, entendant cette parole si vive et ce qu’il appelle les miracles de la déesse de la persuasion.

1444. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

La littérature grecque n’était pas morte apparemment au siècle des Pisistratides, où déjà l’esprit philologique nous apparaît si caractérisé.

1445. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Saint-Sulpice m’en apparaît toujours comme le facteur principal.

1446. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

La forêt se transforme petit à petit en parois de pierres, en couloirs, puis les troncs des arbres se métamorphosent en colonnes et la salle du Graal apparaît.

1447. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

Sa mémoire, sans savoir comment, conservait et reproduisait mille images, mais, quand elles apparaissaient évoquées par l’inspiration, il les reconnaissait comme les émotions de toute une existence, condensées en une série d’accords joyeux ou tristes.

1448. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Mais le principe de la répétition universelle n’explique pas l’innovation, l’invention, qui fait apparaître des formes jusque-là inconnues.

1449. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Seulement, si supérieur qu’il apparaisse, dans cette lettre testamentaire, à ce qu’est son fils dans tout le roman, ce comte de Camors a déjà des pailles dans son acier.

1450. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Alors, au-delà de cette ombre et de ce reste de feuillage qui allait disparaître, bien haut, sortant des oliviers comme une pierre précieuse des griffes de sa monture, une ville blanche apparut.

1451. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

C’est alors que, devant la force barbare et les envahissements de la Turquie, malgré la connivence de Charles IX, qui préludait par cette lâcheté au grand crime intérieur de son règne, entre l’inaction calculée de l’Angleterre, la timidité de l’Autriche, l’épuisement de l’a Pologne en guerre avec la Moscovie sauvage encore, on vit apparaître le réveil du génie chrétien et resplendir l’étoile d’Occident.

1452. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Il vaut par la perfection du style, d’une souplesse, d’une plasticité admirables, et par l’évocation suprêmement artiste des choses, qui rend tangible la vie cachée, la vie secrète, la vie profonde, où apparaît, dépouillée de tout le mensonge qui la recouvre, la hideuse armature humaine. […] Et telle apparaît la physionomie de M.  […] Napoléon n’apparaît ici que par lointains épisodes, en brefs raccourcis, dans le recul de son héroïsme fatidique, de son cabotinisme prodigieux, de ses foules surmenées, piétinées, et toujours râlantes, et toujours en marche, sur un fond de clameurs, de canons, de sang, d’agonies de peuples, de résurrections d’empires, que pour rendre plus sensible l’écœurement de notre temps qui — suprême ironie ! […] Voyons, franchement, que veux-tu que nous devenions, moi, ma Justice, ma Loi et ma Morale, si, un jour, une telle catastrophe nous arrivait, et que, au-dessus de nos faces blêmes, nous apparût l’image rayonnante et nouvelle de la vérité ! […] Il retrouve, au pied d’un figuier, les déchets de la glaise qui servit à modeler l’homme, et, se remettant au travail, il façonne, avec hâte et précision, une nouvelle forme… Bientôt, le ventre radieux apparaît ; les hanches fermes et douces se dégagent, s’élargissent harmonieusement ; les mamelles puissantes projettent, comme une gloire, leur double rayonnement globulaire… Avec une complaisance évidente et malicieuse, Jéhovah accumule la glaise sur les parties somptueuses de la forme nouvelle, si bien qu’au moment de modeler la tête, la glaise manque.

1453. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Voici encore le pavillon de Mme Gibert, où derrière les vitres apparaissent encore quelques lions, en affreuse faïence ocre, mais sur toutes les fenêtres, est collée une large bande portant : Grand appartement pour le commerce à louer. […] Jeudi 26 avril Pendant que je suis en train de faire le départ du troisième volume de mon Journal, apparaît dans l’entrebâillement de la porte du cabinet de Fasquelle, la tête de Zola, et cette tête amaigrie, et si joliment amenuisée, que j’ai vue il y a un mois, sous les embêtements de Germinal, et l’exaspération de la non-réussite, a le décharnement d’une profonde maladie intérieure.

1454. (1881) Le naturalisme au théatre

Plus tard seulement, lorsqu’arrivèrent les imitateurs, la queue de plus en plus grêle et débile des disciples, les défauts de la formule apparurent, on en vit les ridicules et les invraisemblances, l’uniformité menteuse, la déclamation continuelle et insupportable. […] Peu à peu, les pièces se compliquent, mais d’une façon barbare, et lorsque Corneille apparaît, il est surtout acclamé parce qu’il se présente en novateur, qu’il épure la formule dramatique du temps et qu’il la consacre par son génie. […] C’est cette étude du terrain qui m’intéresse, parce qu’elle m’apparaît pleine d’enseignements. […] Grâce à eux, des légendes grotesques se sont formées, l’histoire apparaît aux ignorants comme une parade, avec des paillasses richement vêtus qui tapent des pieds et qui déclament. […] Ensuite, c’est Stencko, qui veut enlever Mikla ; là, apparaît Marutcha, une sorte de prophétesse qui conduit les Cosaques au combat, et Marutcha décide les jeunes gens à se sacrifier pour leur pays.

1455. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Mais qui ne voit que le plein du sens de cette formule, et non seulement le plein mais l’extrême rigueur et exactitude, qui ne voit que cette formule n’est vidée de tout son contenu, qui ne voit que le plein du contenu de cette formule n’apparaît, (et par conséquent n’est apparu dans l’histoire du monde), que pour celui qui est éclairé des lumières de la pensée bergsonienne. […]   Ici apparaît sous un jour nouveau, ici éclate, ici et à ce recroisement jaillit dans son plein le sens et la force et la destination centrale de cette vertu que nous avons nommée la jeune et l’enfant espérance. […] En comparaison du Menteur toutes les comédies de Molière (et pourtant il est le plus grand génie comique qui soit jamais apparu dans le monde) sont des comédies bourgeoises. […] S’il n’y avait point dans Polyeucte cette tragédie sacrée incomparable et d’ailleurs unique, alors il nous apparaîtrait que la tragédie profane que nous avons dans Polyeucte est la plus pleine et la plus pure et la plus antique et la plus profonde et si je puis dire ensemble la plus gracieuse et la plus grave et la plus sacrée tragédie profane de l’amour et de l’honneur que nous ayons. […] (Et ici encore il apparaît que nous ne pouvons avancer d’un pas sans nous être munis, sans être revêtus du langage bergsonien, sans être appareillés dans l’appareil bergsonien, sans être armés de l’instrument bergsonien).

1456. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Bourget, qui n’apparaît qu’à fleur de peau, donne un précieux reflet à toute chose, elle lui sert bien plus à apprécier, à comparer qu’à citer. […] Accoudée sur la barre d’appui de la fenêtre, la femme d’ouvrier regarde au loin Paris qui, des hauteurs de Belleville, lui apparaît dans le lointain et lui adresse en son langage cette éloquente apostrophe. […] Jamais l’effondrement de la vie humain dans l’abîme de la mort ne m’était apparu avec ce resplendissement d’épouvante. […] Il y avait presque foule déjà dans les salons quand enfin, et précédent de fort près sa fille, Mme de Pétensac apparut dans une toilette grenat qui lui donnait l’air d’une bombe framboisée d’où son nez s’élançait comme un pic de vanille. […] Puis, des voûtes apparaissaient, obscures, sous des entassements hérissées de charpentes, de poutres, de solives carbonisées, noires, chevaux de frise impromptus qui gardaient-les approches.

1457. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Une cornette de Béguine apparaît derrière les vitres miroitantes d’un petit couvent, en allée de fenêtre en fenêtre… Ne sont-ce pas des ailes de linge en route pour le ciel ? […] La République, avant l’épreuve, apparaissait à ses fidèles comme un idéal de désintéressement, de justice et d’honneur, et l’immatérielle splendeur de leur rêve justifiait assez le culte farouche qu’ils lui avaient voué. […] Mais, sur la place, des statues d’athlètes et de guerriers, signées aussi de Phidias, apparurent semblablement touchées de la décrépitude : pendant que les héros de Panaène et d’Alcamène, de Polyclète et de Myron, n’avaient, les dieux ni les mortels, subi aucun dommage. […] Ce sont surtout les guerres d’Afrique, les récits des batailles qui s’y sont livrées, le détail de l’installation française, qui sont l’intérêt de ce premier volume dans lequel nous voyons tour à tour apparaître le duc d’Aumale, les futurs maréchaux Pélissier, Bugeaud, Mac-Mahon, les généraux Lamoricière, Changarnier, Fleury, d’Hautpoul, Cavaignac, Bosquet et tant d’autres. […] Enveloppé dans la gloire de sa jeunesse, de la pourpre impériale et des nuages de l’apothéose de Sainte-Hélène, ainsi nous apparaissait Napoléon, ainsi nous en étions-nous contentés jusqu’ici.

1458. (1924) Critiques et romanciers

Brunetière est incapable, ce semble, de considérer une œuvre, quelle qu’elle soit, grande ou petite, sinon dans ses rapports avec un groupe d’autres œuvres, dont la relation avec d’autres groupes, à travers le temps et l’espace, lui apparaît immédiatement ; et ainsi de suite. […] Et « ce que l’ancienne critique appelait l’imperfection d’une œuvre apparaît alors comme une condition de la vie même de cette œuvre ». […] En effet, la civilisation nous apparaît comme sans cesse menacée. […] « Ce fléau venait d’apparaître ; et Mirbeau, au lieu de réclamer des mesures prophylactiques, lui souhaitait la bienvenue. […] Premièrement, il apparaît comme un idéologue : et c’est un mot qu’on a tant galvaudé qu’il n’a pas l’air d’un compliment ; pour l’appliquer à Paul Adam, je ne songe qu’à la noblesse des idées et à la dignité de l’amour qu’elles inspirent.

1459. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Ramée, jeune statuaire, plein de chaleur et d’enthousiasme, touchés l’un et l’autre du feu sacré, s’étaient mis en campagne ; ils avaient visité en pèlerins fervents et infatigables les monuments, les églises, les restes d’abbayes, et la théorie fondée sur l’observation était née ; elle avait apparu, un matin, lumineuse et manifeste.

1460. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

C’est en cela que son paysage, jusque dans ses acquisitions nouvelles, diffère toujours de ces paysages plus exactement clos, et comme entre deux haies, de Grunau, d’Auburn, et de certaines peintures des rives de l’Yarrow en Écosse, du Skorf en Bretagne, dans lesquelles les perspectives du ciel elles-mêmes nous apparaissent plus encadrées.

1461. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Je continue de le peindre tel qu’on me l’a montré, tel qu’il m’apparaît tout à fait présent.

1462. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

André, par l’ensemble de ses poésies connues, nous apparaît, avant 89, comme le poète surtout de l’art pur et des plaisirs, comme l’homme de la Grèce antique et de l’élégie.

1463. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Mais parmi celles qui méritent le plus l’étude et qui appellent longtemps le regard par l’étendue, la sérénité et une sorte de froideur, au premier aspect, immobile, apparaît surtout M. 

1464. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Deux têtes d’hommes vêtus de noir apparurent derrière un rideau bas de noisetiers de l’autre côté du ravin.

1465. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

L’ombre de Louis XIV apparut dans le cabinet révolutionnaire des Tuileries.

1466. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

« Ensuite, dit Tacite, on pensa aux Dieux ; on voulut bien convenir de réédifier le Capitole. » XXVII Ici, avec un art de composition qui fait contraster la plus pure vertu avec la plus infâme corruption du temps, et qui repose l’esprit lassé de tant de turpitudes, Tacite fait apparaître tout à coup dans le sénat un grand citoyen, un débris de l’antiquité dans l’infamie moderne, Helvidius Priscus ; il se complaît à retracer l’homme et le discours.

1467. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Ainsi la philosophie ascétique du député d’Arras, la ténacité froide de ses idées d’abord féneloniennes, la patience de ses utopies à attendre l’heure des applications, au milieu des premiers murmures de l’Assemblée constituante contre ses chimères démagogiques, son obstination à acquérir par un travail ingrat l’éloquence qui lui manquait à l’origine et qu’il finit par conquérir à force de veilles, sa pauvreté volontaire, sa vie d’artisan dans une maison d’artisan, sa sobriété, sa séquestration absolue du monde des plaisirs ou des intrigues, en sorte qu’il ne sortait de son entresol, au-dessus d’un atelier, que pour apparaître aux deux tribunes du peuple : tous ces détails vrais du portrait de Robespierre, détails sur lesquels j’ai trop insisté, d’après madame Lebas, n’étaient que de la fidélité et ont paru de la faveur.

1468. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

C’était la plus belle et la plus gracieuse des femmes qui m’eût jamais apparu dans ma vie.

1469. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

Pendant ce temps les grands bœufs marchaient toujours, et les murs gris des remparts de Lucques, couronnés d’une noire rangée de gros tilleuls, commençaient à apparaître à travers la poudre de la route, au fond de l’horizon.

1470. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Je n’aurais fait que seconder la ruine dans laquelle femme, enfant, patrie auraient misérablement péri ; la seule chose à faire était une république qui apparaissait à tout le monde alors comme le remède suprême et radical, et qui le fut.

1471. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Voilà sous quel aspect la nature apparut à l’enfant qui devait être un poète, quand on le menait promener à la vigne paternelle.

1472. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Nous disions : « Depuis que la philosophie du Dix-Huitième Siècle a porté dans toutes les âmes le doute sur toutes les questions de la religion, de la morale et de la politique, et a ainsi donné naissance à la poésie mélancolique de notre époque, deux ou trois génies poétiques tout à fait hors de ligne apparaissent dans chacune des deux grandes régions entre lesquelles se divise l’Europe intellectuelle, c’est-à-dire d’une part l’Angleterre et l’Allemagne, représentant tout le Nord, et la France qui représente toute la partie sud-occidentale, le domaine particulier de l’ancienne civilisation romaine.

1473. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Les beautés nous apparaissent dans tout leur jour, les défauts ne peuvent nous échapper, et nous pouvons alors prononcer notre opinion en pleine connaissance de cause.

1474. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Après Rabelais et Calvin, elles continuent d’entrer en foule dans les ouvrages en prose, et on les voit apparaître en plus grand nombre et de plus en plus claires dans Amyot et Montaigne.

1475. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Il était la terreur d’Alphonse Daudet qui se sauvait toujours lorsqu’il voyait apparaître son vieux confrère, la stature et l’air provocants sous ses cheveux blancs, la moustache en croc d’un colonel de cavalerie.

1476. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Au moment du plus vif embarras, — la fille apparaît : « Ah !

1477. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Là où les savants ne voient que des débris littéraires stériles, il voit Siegfried, le plus pur type de l’Eternellement-Naturel ; et à côté de lui, lui apparaît Brünnhilde, la Walkyre, l’élément purement humain.

1478. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Mais un jour vient où, pour les âmes très délicates, les signes de l’art apparaissent trop sensibles, incapables désormais d’être négligés.

1479. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

Fechner raconte que, s’éveillant dans son lit, étant immobile, il regarde sa pipe noire sur le mur opposé ; puis, fermant les yeux, il a la sensation de son lit en noir et de la pipe en blanc ; mais les deux sensations consécutives lui apparaissent sur le même plan, avec le lit considérablement raccourci.

1480. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre deuxième. Le développement de la volonté »

V La volonté comme synthèse déterminée selon des lois Le résultat général de notre étude, c’est qu’aucun motif ou mobile ne contient l’explication adéquate de la volition subséquente ; l’ensemble même des motifs et mobiles, tels qu’ils apparaissent à la conscience réfléchie, ne contient pas encore cette explication complète de nos volitions.

1481. (1904) En méthode à l’œuvre

D’où, il apparaît vraiment une série mouvementée d’ondes de durées régies par l’Idée, déterminées par la valeur phonétique de toutes lettres, mais essentiellement par la valeur des Voyelles… Ainsi pouvons-nous voir que le Rythme, — désormais devient le mouvement même de la Pensée consciente et représentative des naturelles Forces.

1482. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Elle n’a plus les mêmes regards, elle n’a plus les mêmes gestes ; et elle m’apparaît comme se dépouillant, chaque jour, de ce quelque chose d’humainement indéfinissable qui fait la personnalité d’un vivant.

1483. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

On découvrirait alors que fusiniste et ornemaniste, par exemple, étant des formations orales, apparues à une époque où la langue prononce identiquement in et ain, an et ent, ne pouvaient prendre, en se dérivant, une prononciation que ne contiennent pas leurs radicaux ; l’aspect de ces deux mots décèle leur origine, qui est récente et populaire.

1484. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Non, mais ils furent saisis tout entiers du vertige universel de l’espérance d’une ère nouvelle, dont le crépuscule apparaissait tout à coup sur l’horizon de la France.

1485. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

L’organisation de la famille, du contrat, de la répression, de l’État, de la société apparaissent ainsi comme un simple développement des idées que nous avons sur la société, l’État, la justice, etc.

1486. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Il présente la chose tout d’abord comme une rencontre extraordinaire et un peu romanesque ; et puis, faisant apparaître seulement à la fin M. de La Fourcade, garde du corps, il révèle à qui l’on a affaire : il ne s’agit que d’aventuriers.

1487. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

… Toujours est-il que le Léviathan oratoire n’apparaît pas dans cette histoire des orateurs, et ce qui l’en a écarté ce ne sont pas les raisons politiques qui ont fait se détourner l’auteur de La Tribune moderne de Chatham, de Pitt et de Burke, et ne voir que Fox !

1488. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Ferrari n’apparaît pas seulement comme une vérité, mais comme la seule vérité qu’il y ait à exprimer sur l’Italie.

1489. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

……………………………………………………… Et votre vain progrès, sinistrement léché Par la langue de feu qui sort du lac de soufre, ……………………………………………………… Jamais la royauté du prêtre n’apparaît Sans une transparence affreuse d’esclavage.

1490. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Déjà Victor Hugo, le père de bâtards qui devraient, quand il les regarde, lui faire honte de sa paternité, nous avait donné le prêtre amoureux, Claude Frollo ; mais, tout en le traînant dans la fange enflammée de sa passion pour une coureuse de places publiques, il lui avait gardé sur son énorme front chauve un rayon d’intelligence qui, du moins, tout coupable qu’il apparaissait, faisait reculer le mépris.

1491. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Ce n’est plus l’homme seulement, dans ses rapports avec les choses du dehors, l’homme sensible, l’homme animal, que cette lumière fait apparaître, c’est l’homme intérieur, l’être libre dans son activité.

1492. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Ici nous apparaît un grand principe qui confirme notre découverte de l’origine de la poésie ; c’est que les premiers hommes des nations païennes ayant eu la simplicité, l’ingénuité de l’enfance, les premières fables ne purent contenir rien de faux, et furent nécessairement, comme elles ont été définies, des récits véritables.

1493. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Si donc nous parlons d’études morales à propos d’alexandrinisme, ce n’est point qu’alexandrinisme, ou même lamartinisme, ou même classicisme révèle au moment où il apparaît dans un peuple un état national particulier, et cela nous ne le croyons pas, et regrettons de ne le croire point, tant il serait agréable à démontrer, relativement facile à développer, et amusant à mettre en lumière. […] Or, quand la science, le savoir, le trésor des connaissances acquises apparaît trop dans un écrivain, son œuvre, n’apparaissant plus comme personnelle, n’apparaît plus comme artistique. […] Les défauts, généralement, sont ce point faible, invisible, ou presque, dans la nouveauté de l’œuvre, qui apparaîtra dans quelques années, fera ride, se révélera de plus en plus, et par où elle périra. […] Ce n’est que vers le deuxième tiers du discours que la personnalité de l’orateur apparaît, ou même sa pensée propre, très différente souvent, comme on peut croire, de la pensée du précédent. […] Mais encore une fois c’était toujours, art ou naturel, bien amené et c’était toujours comme adouci par la bonne grâce. — Toujours est-il que voilà un trait nouveau dans le caractère de notre éloquence politique, et que ce trait, ce n’est guère qu’à partir de 1840 qu’on le voit distinctement apparaître.

1494. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Certaines doctrines hasardées du grand poète prennent dès lors tout leur sens et leur vrai caractère ; et n’apparaissent plus que comme des exagérations de polémique, contenant une part, mais seulement une part, de la pensée de l’auteur. […] Nous ne nous intéressons qu’à l’histoire du père qui s’aperçoit que son fils le trompe ou va le tromper comme mari ; nous ne nous intéressons qu’au drame Mithridate-Monime-Xipharès ; ou plutôt nous ne voyons que cela ; tout le reste a disparu, ou plutôt n’apparaît pas. […] — Par conséquent au lieu d’une tragédie c’est une comédie. — Oui, tel qu’il apparaît au théâtre, Mithridate est une comédie héroïque, mais une comédie. […] En tous cas, 1830 ou 1831, La Maréchale est bien un cadet du romantisme, et non seulement il y avait quelque temps que Cromwell, Hernani, Marion Delorme, Henri III et sa cour et même Antony avaient été écrits lorsqu’elle apparut ; mais encore, ce que M.  […] Napoléon apparut tout à coup dans la loge juste en face.

1495. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Philosophiquement et de loin, Camille Jordan nous apparaît, à cette heure de 1797, dans une position intermédiaire, tenant le milieu entre M.  […] Un nouveau et dernier Camille Jordan, désormais tout en vue, nous apparaît.

1496. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

La statue habillée, qui se penche avec un air rêveur au milieu des fleurs de nos expositions, apparaissait à mon imagination comme proposant à la critique une énigme tout aussi obscure, tout aussi curieuse, tout aussi digne d’être déchiffrée, que celles des sphinx et des colosses égyptiens qui bordaient, il y a quatre mille ans, les avenues des temples de Thèbes, écrasant de leur masse la foule imperceptible, à son approche de la demeure du dieu ; et je me disais : La critique doit comprendre cette énigme, cela suffit. […] Le roi, les reines, les dames, les courtisans prirent leurs places, les violons jouèrent, la toile se reploya, et, sous les yeux de cette cour voluptueuse et brillante, apparut l’intérieur de la maison d’Orgon et Tartuffe.

1497. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

La religion apparaît, comme elle doit apparaître, par des émotions et des visions ; car ce n’est point une âme calme que celle-ci ; l’imagination s’y déchaîne au moindre heurt et l’emporte jusqu’au seuil de la folie.

1498. (1904) Zangwill pp. 7-90

. — Au sortir de ce grand potager, le Rhin apparaît, et l’on remonte vers la France. […] ; de tels poëmes ne sont point faits pour les besoins des historiens ou des critiques de la littérature ; qu’on lise d’abord sans aucune arrière-pensée d’utilisation ce poëme unique, cet étrange et cet admirable poëme ; il sera toujours temps d’en parler plus tard ; si jamais l’impression reçue de la lecture s’efface un peu, et ainsi atténuée permet aux considérations d’apparaître sans paraître trop misérables en comparaison du texte.

1499. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Ici comme dans le monde physique, la condition est suffisante et nécessaire ; si elle est présente, l’œuvre ne peut manquer ; si elle est absente, l’œuvre ne peut apparaître. […] Mais, lorsque le soir vint, on vit apparaître une grande poussière comme une nuée blanche, et peu de temps après quelque chose de noir qui s’étendait au loin dans la plaine. […] Pour lui, par lui, les trois grandes choses modernes apparaissent, bureaucratie, diplomatie et banque ; l’usurier, le commis, l’espion. […] Je ne fais nul doute que déjà ne lui apparaisse le ravissement de sa vie, la tendre intimité du nid, la pauvre petite maison qui aurait été son ciel… Rapprochez-vous, c’est un amant ; mais éloignez-vous, c’est un dieu. […] L’univers, transfiguré par le délire, apparaissait comme une hiérarchie d’êtres surnaturels, émanations d’un principe obscur, d’autant plus grossières qu’elles s’en éloignaient davantage, et dont l’homme était la plus vile.

1500. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Ou bien on essaie de mettre en doute la vérité qu’on aperçoit, on essaie de la nier ; on ne le peut, et alors elle se présente à la réflexion comme supérieure à toute négation possible ; elle nous apparaît, non plus seulement comme une vérité, mais comme une vérité nécessaire. […] Il ne s’agit donc que d’éliminer la particularité du phénomène où il nous apparaît, soit la chute d’une feuille, soit le meurtre d’un homme, etc., pour concevoir immédiatement, d’une façon générale et abstraite, la nécessité d’une cause pour tout ce qui commence d’exister. […] Nous avons constaté l’existence des principes universels et nécessaires ; nous avons marqué leur origine ; nous avons fait voir qu’ils nous apparaissent d’abord à propos d’un fait particulier, et par quel procédé, par quelle sorte d’abstraction l’esprit les dégage de la forme déterminée et concrète qui les enveloppe et ne les constitue pas. […] Tous ces grands spectacles apparaissent-ils seulement pour apparaître ; ne les regardons-nous pas comme des manifestations d’une puissance, d’une intelligence et d’une sagesse admirables ; et, pour ainsi parler, la face de la nature n’est-elle pas expressive comme celle de l’homme ?

1501. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Presque toutes les belles comparaisons, qui à chaque pas émaillent le poëme d’Éloa, pourraient se détourner sans effort et s’appliquer à la muse de M. de Vigny elle-même, — et la villageoise qui se mire au puits de la montagne et s’y voit couronnée d’étoiles, — et la forme ossianesque sous laquelle apparaît vaguement d’abord l’archange ténébreux, — et la vierge voltigeante qui n’ose redescendre, comme une perdrix en peine sur les blés où l’œil du chien d’arrêt flamboie, — et la nageuse surprise, fuyant à reculons dans les roseaux ; mais surtout rien ne peindrait mieux cette muse dans ce qu’elle a de joli, de coquet, comme dans ce qu’elle a de grand, que l’image du colibri étincelant et fin au milieu des lianes gigantesques ou dans les vastes savanes sous l’azur illimité.

1502. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Ces pensées, qui aux jours de la jeunesse révoltaient comme trop fausses ou ennuyaient comme trop vraies, et dans lesquelles on ne voyait que la morale des livres, nous apparaissent pour la première fois dans toute la fraîcheur de la nouveauté et le montant de la vie ; elles ont aussi leur printemps à elles ; on les découvre : Que c’est vrai !

1503. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Mais les troubles civils, et, aussitôt après, l’éclat de l’Empire, avaient dérobé ce résultat, qui n’apparut un peu nettement qu’au début de la Restauration.

1504. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Si de nos jours, à propos d’un autre pamphlet royaliste bien différent, qui n’exprimait que l’étincelante colère et les représailles d’un écrivain de génie, un moment homme de parti avant d’être l’homme de la France, — si Louis XVIII pourtant a pu dire de la brochure intitulée De Buonaparte et des Bourbons, apparue sur la fin de mars 1814, qu’ elle lui avait valu une armée , Henri IV n’aurait-il pas pu dire plus justement la même chose de sa bonne Satyre nationale ?

1505. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Tout son passé lui apparaissait à l’heure de la mort.

1506. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

Saint François avait apparu entre deux nuées sur le mât de leur frêle barque ; les pirates avaient sombré, le vent s’était calmé, la mer, aplanie comme un miroir ; et un courant invisible les avait portés sur le sable près de l’écueil de la Meloria, sur la côte toscane.

1507. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

CXXXIX Tout cela m’apparut pour la première fois à l’idée, monsieur, et me fit aussi froid au front et au cœur, bien que ce fût en un beau jour d’automne, que si un vent de neige avait soufflé sous l’arche du pont.

1508. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

CXCV Aussi, pour bien le confirmer dans l’idée qu’il allait me voir apparaître, quand je fus à la dernière arcade au tournant du cloître avant son grillage, je m’assis sur le socle de l’arcade et je jouai doucement, lentement, amoureusement, l’air de la nuit dans la tour, afin qu’il comprît bien que j’étais là, à dix pas de lui, et qu’il entendît pour ainsi dire battre mon cœur dans la zampogne ; et je finis l’air, non pas comme d’habitude, par ces volées de notes qui semblaient s’élancer vers le ciel, comme des alouettes joyeuses montant au soleil, mais je le finis par deux longs, lugubres et tendres soupirs de l’instrument qui semblait bien plutôt pleurer que chanter, hélas !

1509. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Jean-Marc Bernard Le théâtre, tel que l’ont compris les Grecs et les grands Maîtres du xviie  siècle, m’apparaît vraiment comme le spectacle intellectuel le plus beau qui soit.

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