Goethe avait écrit lui-même ces vers en lettres latines sur du vélin, et les avait attachés avec un ruban de soie dans un carton couvert de maroquin rouge. […] Par une sorte de flatterie envers les Allemands, auxquels il devait faire tant de mal, il avait pris quelque connaissance de la littérature allemande ; il était d’ailleurs versé dans la littérature latine, et avait édité Horace.
Nos critiques français, qui n’ont étudié que le monde grec et latin, ont peine à comprendre que le christianisme ait été d’abord un fait exclusivement juif. […] Les auteurs latins de la décadence, les tragédies de Sénèque, par exemple, ont souvent meilleur air, quand elles sont traduites en français, que les chefs-d’œuvre de la grande époque.
Au moment où Ronsard et son école ressuscitent les dieux du vieil Olympe, calquent les procédés et les mots mêmes des poètes de l’antiquité classique, l’architecture se refait grecque et latine comme la littérature. […] Ce sera, si vous voulez, la duchesse de Broglie, qui passe des journées à la Chambre des députés et chaque soir jette sur le papier des notes sur les hommes et les choses qu’elle a vus, en citant bravement du latin au risque de l’écorcher.
Vendredi 5 juillet Jollivet rappelait que l’affaire Baudin n’a fait que faire traverser la Seine à la popularité de Gambetta, mais que cette popularité existait déjà dans le quartier latin. […] L’année dernière, le professeur Deulinger lui disait, à peu près en ces termes : « Les religions, ça peut être utile à vous autres latins, pour nous, c’est inutile, car ça n’apporte rien à la raison des Allemands. » Lundi 2 septembre Dîner à Munich, chez le comte Pfeffel.
Ce qui doit nous édifier, c’est cette teutomanie naïve qui prétend concentrer dans la seule Allemagne ce qui reste de vie au genre humain et raie sans façon la France et les races latines du livre de l’avenir. […] Elle semble ne s’être conservée jusqu’au XVIIe siècle que chez les Arabes ; à cette époque, elle pénètre en Occident ; Michel Scotus fait, sur une traduction arabe, la première traduction latine de l’Histoire des animaux.
Quand il est un peu plus assagi, et qu’on le met au latin, on a besoin de le battre plus d’une fois pour le contraindre.
En tout, Linné, l’homme de l’ordre et de la méthode, observateur neuf, ingénieux, inventif, à l’œil de lynx, écrivain concis et expressif, poète même dans son latin semé d’images et taillé en aphorismes, Linné fait un parfait contraste avec Buffon, le peintre du développement et des grandes vues, et dont la phrase aux membres distincts et nombreux, enchaînés par une ponctuation flexible, ne se décide qu’à peine à finir.
Il fut ensuite principalement renommé et illustre pour la beauté de ses traductions, dont il a fait un bon nombre, tant du grec que du latin.
Vous êtes remplis encore de cette parole abondante, douce, affectueuse, onctueuse, fondée en raisons de physiologie et d’hygiène, solide à la fois et moralement persuasive, qu’Aulu-Gelle déclare cependant n’avoir pu reproduire qu’imparfaitement avec l’infériorité de son latin et de la langue romaine elle-même.
Ces ouvrages, très goûtés quand ils parurent, et dont le second (De l’intérêt des princes) fut même traduit en latin, sont aujourd’hui de peu de profit et peu attachants de lecture.
Mais Mme Swetchine est d’avis que la philosophie perd son latin à faire ces beaux traités, et en même temps elle n’a jamais consenti à lire couramment dans ces autres traités si engageants et si doux que lui offrait, à ses heures, la nature.
Il le fut au Concours général pour le discours latin de rhétorique, et remporta le prix d’honneur en 1840.
Plaute n’y cherchait pas tant de malice lorsque, parlant d’une de ses comédies empruntées de Philémon et traduites du grec en latin, il disait : « Plaute l’a traduite en barbare (Plautus vortit barbare) », entendant simplement par là tout ce qui n’était pas grec.
Un critique latin d’entre les modernes, un savant en us a qualifié non moins heureusement la merveilleuse et presque ineffable aménité de Térence.
La ville de Strasbourg s’appelant en latin Argentina, on pensait aussi (les malins du moins et les faiseurs de calembours le disaient) qu’Argentum, l’argent, n’avait pas laissé de pleuvoir et de s’infiltrer dans la place.
Son grand-père était sous-préfet à Rocroi, en 1814-1815, sous la première Restauration ; son père, avoué de profession, aimait par goût les études ; il fut le premier maître de son fils et lui apprit le latin : un oncle revenu d’Amérique lui apprenait l’anglais en le tenant tout enfant sur ses genoux.
Association de pères de famille, agriculteurs et guerriers, qui couvre peu à peu les sept collines, ayant au-dessous d’elle des clients nombreux, la cité est d’abord un patriciat jaloux qui retient d’une manière incommunicable, non-seulement le gouvernement, mais le culte, le droit civique, et comme la famille même et la propriété. » On sait toutes les crises par où l’on dut passer avant de forcer une à une les barrières : patriciat hautain et féroce, révoltes populaires, sécessions à main armée et droits conquis, puissance des tribuns ; puis, en dehors de Rome, le travail des peuples latins et italiens, leur révolte aussi, la guerre sociale, et les alliés vaincus faisant irruption pourtant dans la cité et gagnant en définitive leur cause.
Ne prenez pas Virgile au mot quand il vous parle, presque en rougissant, de son loisir sans honneur, ignobilis otî ; ou c’est qu’en latin le mot n’a pas ce sens-là.
J’en reviens volontiers et je m’en tiens sur lui à ce jugement de La Bruyère dans son Discours de réception à l’Académie : « Un autre, plus égal que Marot et plus poëte que Voiture, a le jeu, le tour et la naïveté de tous les deux ; il instruit en badinant, persuade aux hommes la vertu par l’organe des bêtes, élève les petits sujets jusqu’au sublime : homme unique dans son genre d’écrire, toujours original, soit qu’il invente, soit qu’il traduise ; qui a été au-delà de ses modèles, modèle lui-même difficile à imiter. » — Voir aussi le joli thème latin de Fénelon à l’usage du duc de Bourgogne sur la mort de La Fontaine, in Fontani mortem.
Chénier se rattache de préférence aux Grecs, de même que Regnier aux Latins et aux satiriques italiens modernes.
Les plus résistants, ceux qui ont échappé, par miracle, au Mal-né, à la contagion des écoles, aux épidémies des villes, ceux qui, par miracle, ont rapporté un corps sain de leur passage à travers les bouges des garnisons et des brasseries7 du quartier latin, n’en souffrent pas moins, au fond de l’âme, d’un désarroi profond.
Aux Perrins, aux Coras, est ouverte à toute heure : Là du faux bel esprit se tiennent les bureaux, Là tous les vers sont bons pourvu qu’ils soient nouveaux ; Au mauvais goût public, la belle y fait la guerre, Plaint Pradon opprimé des sifflets du parterre ; Rit des vains amateurs du grec et du latin, Dans la balance met Aristote et Cottin ; Puis, d’une main encor plus fine et plus habile, Pèse sans passion Chapelain et Virgile, Remarque en ce dernier beaucoup de pauvretés ; Mais pourtant confessant qu’il a quelques beautés, Ne trouve en Chapelain, quoi qu’ait dit la satire, Autre défaut, sinon qu’on ne le saurait lire, Et pour faire goûter son livre à l’univers, Croit qu’il faudrait en prose y mettre tous les vers.
Godard le tuait, il avait — choisissant peut-être la pénitence la plus répugnante au noble et clair latin qu’il est — suivi à Ligugé le grossier flamand Huysmans, alourdisseur, enlaidisseur et embreneur de toute la mystique catholique.
La philosophie l’ennuya ; elle se faisait encore en latin et dans la forme du syllogisme : il demanda de s’en affranchir, et son père lui permit de terminer en liberté ses études sous ses yeux.
Aux Polonais qui haranguaient en latin, elle marqua qu’elle les entendait et leur répondit sur l’heure éloquemment et pertinemment sans s’aider d’aucun interprète.
À vingt-quatre ans, l’abbé Gerbet annonçait un talent philosophique et littéraire des plus distingués ; en Sorbonne, il avait soutenu une thèse latine avec une rare élégance ; il avait naturellement les fleurs du discours, le mouvement et le rythme de la phrase, la mesure et le choix de l’expression, même l’image, ce qui, en un mot, deviendra le talent d’écrire.
Monsieur, J’ai reçu la lettre que tous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 2 courant, dans laquelle, après m’avoir accablé d’un déluge de compliments que je ne puis jamais espérer de mériter, vous me demandez mon avis sur votre traduction d’un vers latin qui m’a été appliqué.
Phidias était entremetteur ; Socrate était apostat et voleur, décrocheur de manteaux ; Spinosa était renégat et cherchait à capter des testaments ; Dante était concussionnaire ; Michel-Ange recevait des coups de bâton de Jules II et s’en laissait apaiser par cinq cents écus ; d’Aubigné était un courtisan couchant dans la garde-robe du roi, de mauvaise humeur quand on ne le payait pas, et pour qui Henri IV était trop bon ; Diderot était libertin ; Voltaire était avare ; Milton était vénal ; il a reçu mille livres sterling pour son apologie en latin du régicide ; Defensio pro se, etc., etc., etc., — qui dit ces choses ?
On lui reproche d’avoir parlé de ces Théologies morales, écrites en latin, nous dit-on, pour l’usage des seuls confesseurs, comme si leurs auteurs les avaient proposées à la lecture commune des fidèles. […] Mais, en l’attendant, on oublie que, d’être écrite en latin, ce n’était pas alors une raison pour une Théologie morale d’être lue par moins de lecteurs ; et la preuve n’en est-elle pas que le succès des Provinciales n’est devenu lui-même européen, si je puis ainsi dire, qu’après que Nicole eût mis le texte de Pascal en latin ? […] Il pose des questions, celle-ci, par exemple, que je cite en son texte latin : Dormire quis nequit nisi sumpta vesperi cæna : teneturne jejunare ? […] Les commentateurs, eux, remontent bien un peu plus haut, jusqu’aux fabliaux du moyen âge et jusqu’à la comédie latine. […] Ceux-ci, en particulier, « savent, la plupart, de fort belles humanités, savent parler en beau latin, savent nommer en grec toutes les maladies, les définir et les diviser ».
Au milieu d’une compagnie, on l’entendait tout d’un coup marmotter un vers latin ou une prière. […] Il avait vécu en cynique et en excentrique, ayant passé sa jeunesse à lire au hasard dans une boutique, surtout des in-folio latins, même les plus ignorés, par exemple Macrobe ; il avait découvert les œuvres latines de Pétrarque en cherchant des pommes, et crut trouver des ressources en proposant au public une édition de Politien.
Horace, par exemple, qui est pour nous la fleur des poètes classiques latins, était critiqué comme novateur par les partisans des anciens poètes. […] A la vérité, nous venons de rappeler que dans tous ces passages Corneille imite le poète tragique latin. […] L’Histoire d’Espagne du père Mariana, livre IX, chapitre v, nous dit tout uniment ceci (j’abrège à peine le texte latin) : Rodrigue avait tué en duel le comte de Gormas ; Chimène, fille de celui-ci, épousa le meurtrier, qui devait être condamné à mort pour ce fait. […] Vous connaissez l’humeur de nos Français : ils aiment la nouveauté… » Cependant il ajoute et fait voir, par des citations latines, que les Grecs et les Romains l’aimaient aussi. […] Or, en 1630, avait paru un recueil d’œuvres poétiques en latin, composées par un jésuite, homme de talent, Louis Cellot, Ludovicus Cellotius.
Héritier de la culture latine, il allait prendre contact avec la forme romaine de la beauté. […] De la comédie latine, monsieur Paul Adam ; de vos chers Romains : lisez Plaute. […] Carrère écrit de Rome et prend un peu son rêve latin pour une réalité. […] Daudet, estime en Zola le rhéteur latin, l’homme qui bâtit, comme Cicéron Branquebalme, des aqueducs romains. […] » Le Parlement est plein de fameux Loustalots qui se cherchent vainement dans les noms latins de M.
Les garçons passent aussi leur première jeunesse à l’école, où ils apprennent le grec et le latin. […] Le second siècle de la littérature latine eut les mêmes prétentions que notre siècle. […] Si les exemples instruisaient, je pourrais ajouter qu’une autre cause de la chute des lettres latines, fut la confusion des dialectes dans l’empire romain. […] N’est-ce pas ainsi que le poète latin que nous avons déjà cité, s’adresse aux amis qu’il a laissés à Rome ? […] Ils firent la principale force de l’armée d’Annibal ; dix mille d’entre eux défendirent seuls contre Paul Emile la couronne d’Alexandre, dans le combat où Persée vit passer l’empire des Grecs sous le joug des Latins.
Quelque temps après sa sortie de Saint-Sulpice, admis comme répétiteur au pair dans une pension du quartier latin, logé et nourri avec les élèves, ayant beaucoup de temps pour travailler, il s’engagea, de plus en plus, dans les régions récemment découvertes et illuminées par la critique allemande. […] Les idiomes les plus inutiles, avec les caractères les plus bizarres et les plus magiques, sont précisément ce qui réveille leur passion et qui excite leur travail ; ils plaignent ceux qui se bornent ingénument à savoir leur langue, ou tout au plus la grecque et la latine. » On connaît, du même auteur, l’ingénieux portrait de Théocrine, ou de « l’homme qui sait des choses assez inutiles ». […] Déjà cet extraordinaire Frédéric-Thomas Graindorge, — « animal taciturne et américain » mais façonné, par la culture latine, aux procédés de la déduction rationnelle, — avait, malgré son humour bizarre, une tendance invincible à lier entre eux symétriquement les petits faits, afin d’en tirer des idées générales. […] Anatole France n’aimerait pas être comparé à l’ami de Mécène, à ce Désaugiers latin que les programmes classiques s’obstinent à mettre, par un sacrilège effroyable, à côté du divin Virgile. […] Rappelez-vous Des Esseintes et ses prodigieuses dissertations sur la décadence latine.
On est surpris de la différence que produisent à cet égard quelques degrés de latitude… » Voltaire écrit à Mme du Deffand : « Savez-vous le latin, madame ? […] Ce qui développa peut-être encore ces deux éléments dans Montaigne, l’esprit positif, avec l’éloquence, — c’est que dès sa plus tendre enfance il fut élevé en latin, ne parla que latin jusqu’à six ans, avant de parler français ou gascon, ne lut ensuite que des livres latins, et enfin, pendant toute sa vie, n’eut guère d’autre nourriture habituelle que la moelle épaisse du génie romain. […] En résumé, Montaigne est donc, au fond, si l’on nous permet cette formule dans une étude physio-logico-littéraire, un Anglo-Gascon, greffé de latin. […] Il y a les races latines et catholiques, et il y a les races germaniques et protestantes. […] » Ce qu’il y a de réel au fond, c’est que les grands maîtres de la Renaissance sont de race latine, par conséquent païens, même lorsqu’ils traitent des sujets chrétiens.
C’est peut-être le jour où il souffrait d’avoir adressé ces lettres un peu trop terre-à-terre au contrôleur général, qu’il écrivit, pour se revancher, ces mots latins et courageux à huis clos en tête de son exemplaire de l’Histoire universelle de d’Aubigné : « Duo tantum haec opto, unum ut moriens populum Francorum, etc. » Ces deux souhaits de Mézeray étaient de voir, avant de mourir, la liberté du peuple français, et que chacun fût dorénavant rétribué selon ses services.
Le petit précepteur qu’on choisit, Julien, fils d’un menuisier, enfant de dix-neuf ans, qui sait le latin et qui étudie pour être prêtre, se présente un matin à la grille du jardin de M. de Rênal (c’est le nom du maire), avec une chemise bien blanche, et portant sous le bras une veste fort propre de ratine violette.
Le poète suit les divers degrés de perfectionnement et montre à plaisir la tapisserie dont bientôt on revêtit le bois des sièges dans les anciens jours, tapisserie à l’étroit tissu, richement brodée, « où l’on pouvait voir s’étaler la large pivoine, la rose en fleur tout épanouie, le berger à côté de sa bergère, sans oublier le petit chien et le petit agneau avec leurs yeux noirs tout fixes et tout ronds, et des perroquets tenant une double cerise dans leur bec. » — Tous ces riens sont agréablement déduits et relevés de couleurs, comme le ferait au besoin l’abbé Delille ou comme un spirituel jésuite n’y manquerait pas non plus dans des vers latins.
On y suppose que l’Académie française, en apprenant la mort du célèbre poète latin, manifesta son deuil et ses regrets, et cela devient une occasion de tracer un léger crayon de chaque académicien.
M. d’Argenson porta très peu d’idéal dans cette liaison ou intrigue amoureuse qui ne mérite pas le nom de passion, et qui dura une année ; tout en parlant convenablement de la dame devenue veuve après la rupture, et remariée depuis, il ajoute en terminant cet article : « Je lui souhaite longue vie et bonheur : pour moi, j’ai à présent de toutes façons bien mieux qu’elle. » — Dans ce genre de relations que j’abrège et qui revient en plus d’un endroit sous sa plume, M. d’Argenson n’est point fat, mais il est très peu chevaleresque ; on ne saurait même l’être moins, il est honnête homme en tout ; mais, comme les honnêtes gens parmi les Latins ou parmi les Gaulois, il ne craint pas de braver l’honnêteté dans les mots : ou plutôt il ne prend pas garde, et il ne paraît pas même soupçonner ce genre de scrupule.
Nul ne savait mieux que lui, au collège, aiguiser le vers latin et même tourner le vers français en un genre qu’on était déjà près d’abandonner : Sous lui bâille un commis qui l’aide à ne rien faire, disait-il agréablement dans une épître à je ne sais quel avocat sans cause5.
C’est un prêtre qui ne sait pas le latin.
J’oubliais Henry Monnier, l’aîné de Gavarni de quelques années et son franc camarade, dont j’ai sous les yeux lettres sur lettres réclamant des costumes pour les rôles de sa femme, et parfois dans un latin macaronique transparent (Indigo vestis mihiuxoris ad proximam operam dramaticam, etc.).
Si l’ouvrage réussit un peu long, c’est-à-dire si l’ouvrage est long à terminer : cela peut être du latin ou de l’italien, ce n’est certes pas du français.
Il termine modestement en disant que « sa muse sera contente, si elle aide les ignorants à voir ce qui leur manque, et les hommes instruits à réfléchir sur ce qu’ils savaient déjà » ; ce qui a été rendu d’après lui en un seul vers latin excellent qu’on croirait d’Horace : Indocti discant, et ament meminisse periti.
On devrait bien une bonne fois, pour édifier la moyenne des gens instruits qui, chez nous, sont si en retard sur les grosses questions et à qui il convient d’offrir les idées sans trop de fatigue, nous traduire exactement et au complet les Prolégomènes de Wolf, qui, dans leur latin original et serré, sont d’une lecture assez rude ; ou les environnerait de notes, d’éclaircissements ; on y joindrait l’indication des travaux qui en sont dérivés et qui s’y rattachent.
Savoir le latin est bien : savoir la géométrie est pour le moins une marque aussi élevée de culture.
Fénelon n’était pas un flatteur ou il ne l’était qu’avec goût, lorsque dans son Mémoire sur les occupations de l’Académie française, et conseillant à la docte Compagnie de donner une Rhétorique et une Poétique, il disait : « S’il ne s’agissait que de mettre en français les règles d’éloquence et de poésie que nous ont données les Grecs et les Latins, il ne vous resterait plus rien à faire : ils ont été traduits… Mais il s’agit d’appliquer ces préceptes à notre langue, de montrer comment on peut être éloquent en français, et comment on peut, dans la langue de Louis le Grand, trouver le même sublime et les mêmes grâces qu’Homère et Démosthène, Cicéron et Virgile, avaient trouvés dans la langue d’Alexandre et dans celle d’Auguste. » Il y aurait à dire aux analogies, mais ce qui est certain, c’est que, s’il est naturel et juste de dire la langue de Louis XIV, il serait ironique et ridicule de dire la langue de Louis XV.
Mariant ainsi cette culture d’esprit aux soins les plus réguliers de sa famille et de sa maison, elle prétendait que cela s’entr’aide, qu’on sort d’une de ces occupations mieux préparé à l’autre, et elle allait jusqu’à dire en plaisantant que d’apprendre le latin sert à faire les confitures.
Il leur enseigna en même temps de garder le silence sur l’objet de la cérémonie, de prier Dieu dans leur cœur et de se taire devant le bargello, pendant que lui, le père Hilario, dirait la messe des morts et que l’enfant de chœur qui servirait la messe entendrait, sans les comprendre, les paroles latines prononcées par le prêtre sur la tête des deux fiancés.
La langue française, dit-il, est d’origine latine, elle est de la famille des langues du midi, et c’est la méconnaître que de la greffer sur les littératures du nord.
Voilà qui est difficile à dire en une autre langue que le latin d’Abélard.
non, j’étudie Virgile et j’apprends le latin. » Nous ferons ici comme elle, nous laisserons la politique de côté avec tous ses méchants propos et ses sots contes : ce sont légendes qui ne sont pas à notre usage.
Elle eut une éducation forte, et apprit le latin dès l’enfance.
Et il les a d’autant mieux, notez-le bien, qu’il n’avait guère lu les anciens, ni grecs ni latins, et qu’il ne savait pas leur langue.
Frédéric jugeait bien encore des moralistes et philosophes anciens, ou même des poètes philosophes en qui la pensée domine, tels que Lucrèce : « Lorsque je suis affligé, disait-il, je lis le troisième livre de Lucrèce, et cela me soulage. » Pourtant, même dans ce qui faisait l’objet de ses lectures familières, il y regardait si peu de près quant à l’érudition, qu’il lui est arrivé de ranger par mégarde Épictète et Marc Aurèle au nombre des auteurs latins.
Enfin, pour ne rien omettre et pour rendre justice à chacun, dans une Visite au château de Montaigne en Périgord, dont la relation a paru en 1850, M. le docteur Bertrand de Saint-Germain a décrit les lieux et relevé les diverses inscriptions grecques ou latines qui se lisent encore dans la tour de Montaigne, dans cette pièce du troisième étage (le rez-de-chaussée comptant pour un) où le philosophe avait établi sa librairie et son cabinet d’études.
C’est censé écrit par une espèce de valet de chambre très instruit et très lettré, qui, au besoin, est homme à citer Horace en latin, Shakespeare en anglais, et à avoir lu Corinne.
Son second professeur de mathématiques, Labbey, ayant été nommé à l’École d’artillerie de Châlons, Courier l’y suivit (1791) ; mais, tout en poursuivant son dessein d’entrer dans une arme savante, il ne sacrifiait cependant point ses auteurs grecs et latins, et, à chaque moment de relâche, il leur laissait reprendre l’empire.
[NdA] Les éditions de l’Introduction à la vie dévote se multiplièrent à l’infini ; on traduisit le livre dans toutes les langues : on le mit en latin ; on le mit même en vers français.
Oui, il a eu le toupet de nous offrir, dans sa pitié profonde, Victor-Amédée, le seul et vrai roi des races latines.
Banville dit : « Le vers de douze syllabes, ou vers alexandrin, qui correspond à l’hexamètre des Latins, a été inventé au xiie siècle par un poète normand, Alexandre de Bernay ; c’est celui de tous nos mètres qui a été le plus long à se perfectionner, et c’est de nos jours seulement qu’il a atteint toute l’ampleur, toute la souplesse, toute la variété et tout l’éclat dont il est susceptible. » C’est un des fondateurs du Parnasse, qui nous explique qu’il admet l’alexandrin, mais non le classique, l’alexandrin modifié (il le rencontre d’avance, avec joie dans les Plaideurs, c’est vrai, mais utilisé pour la farce) par le romantisme.
Les Vacances de Camille, les Buveurs d’eau, le Pays latin, le Bonhomme Jadis, etc., ne sont que les chapitres du même livre, les développements épisodiques de la même idée.
Déjà les Latins employaient le mot genius (venu du grec gênios) et les Arabes le mot djinn qui en est sans doute le prototype.
C’est un Rivarol soleillant qui sait s’éteindre à temps dans un Henri Heine clair de lune, et qui a appris le latin des lutins dans Shakespeare.
Il est un Trissotin surveillé, correct, moderne, à linge blanc, ayant du monde, certainement moins cuistre que l’autre, mais nonobstant excessivement Trissotin, ayant, comme l’autre, son latin et son grec et de bien autres langues à sa disposition ; un Trissotin compliqué, perfectionné et polyglotte, qui se permet de cracher toutes sortes de mots étrangers et savants en ces Lettres, qui font l’effet d’un dégorgement de perroquet indigéré.
nous sommes devenus des Germains, au contact de cet homme revenu d’Allemagne, et nous discutons, avec une considération obséquieuse, la considération du bonhomme Géronte pour Sganarelle quand il l’entend parler latin, des sottises qu’il fallait écarter avec le rire souverain des railleurs !
Courez, fuseaux, courez en tissant vos trames181. » Avec la majesté de l’hexamètre latin, on sent ici le souffle de la muse grecque, et aussi comme un reste de la barbarie première dans l’image de Polyxène immolée sur le tombeau d’Achille.
En 1823, un jeune ministre anglican, brillant élève de Cambridge et déjà célèbre par quelques poésies grecques, latines, anglaises, était envoyé à Calcutta, pour diriger, à titre d’évêque, les établissements religieux du Bengale.
Comme le jongleur qui offre à la Vierge l’humble tribut de ses pauvres tours, Taine, sur cette aurore des jeunes socratiques, écrivit sa thèse latine, De personis Platonicis, devenue son article sur les Jeunes Gens de Platon. […] » C’était parler en professeur de latin, et il y aurait beaucoup à dire sur ces prétendus avantages du bilinguisme, mais il est bien certain que rien n’éveille, ne mobilise, n’incite l’esprit, comme de faire des versions, inconscientes ou pénibles. […] Dans la Cina, une robuste et véhémente Italienne, l’auteur avait voulu évidemment symboliser l’Algérie future, la nouvelle race, la nouvelle nation, faite de sang latin. […] Composition latine ou française, en langue scolaire, équivaut à discours latin et discours français. Les chaires de prose latine ou française, dans nos universités, s’appelaient naguère ou s’appellent encore chaires d’éloquence latine, d’éloquence française.
Mais comme il est plus aisé d’imiter le grossier & le bas, que le délicat & le noble, les premiers poëtes Latins, enhardis par la liberté & la jalousie républicaine, suivirent les traces d’Aristophane. […] Ainsi les premier, comiques Latins hasarderent la satyre personnelle, mais jamais la satyre politique. […] Ce mot vient du latin dialogus, & celui-ci du grec διάλογος, qui signifie la même chose. […] Marmontel, malgré l’altération de la prosodie latine dans notre prononciation. […] Quintilien regarde Tibule comme le plus élégant & le plus poli des poëtes élégiaques latins ; cependant il avoue que Properce a des partisans qui le préferent à Tibulle, & nous ne dissimulerons pas que nous sommes de ce nombre.
11° Il faut remplacer l’étude du latin et du grec, qui est devenue inutile, par celle des langues vivantes, qui est utile. […] Outre que le provençal n’est pas si éloigné du français, ni du latin qu’on ne le devine à peu près, à travers l’ensoleillement des finales. […] Cependant qu’Aristote, la philosophie grecque en général, les moralistes latins, Saint Thomas et les scolastiques étaient tenus dans un mépris complet. […] Des signes nombreux attestent aujourd’hui la renaissance d’une philosophie vigoureuse, d’une métaphysique valable, dépouillée de l’influence allemande et conforme au génie latin. […] L’autorité et la direction des études appartiennent au père ; la gestion de la maison appartient à la mère, qui l’inculque aux filles, comme le père inculque le latin et le grec aux garçons.
Il admira Ronsard et La Pléiade, et il publia les Syrtes et les Cantilènes, qui, par l’archaïsme, le rajeunissement des mots, l’audace régressive et décadente, lui firent au quartier latin une véritable réputation. […] Notre ami Desrousseaux ne faisait pas encore de la politique et vivait alors dans toute la simplicité noctambulesque du quartier latin. […] Des amis, se trouvant à Lille le jour de son élection à l’Académie, lui adressèrent une dépêche de félicitations rédigée en latin. Faguet répondit immédiatement par une autre dépêche en latin. […] Tout à l’heure j’ai dit : le hasard… Une après-midi, par un temps bien dur et bien froid, alors que je me sentais mourir de misère au quartier Latin, j’entrai pour me réchauffer à la bibliothèque Sainte-Geneviève.
On doit également fixer aux premières années de cette période assez peu connue de sa carrière les représentations que la Vie de Boissat, de l’Académie française, écrite en latin par Nicolas Chorier, nous apprend que Molière et ses camarades donnèrent à Lyon, où ils devaient revenir plus tard, et à Vienne, en Dauphiné. […] Presque tout ce qui lui appartient en propre dans ces deux productions, comme tout ce qu’il a emprunté à ses devanciers, est dans le goût des théâtres latin, espagnol et italien. […] Jusque-là imitateur habile, quelquefois rival heureux des Latins et des Italiens, il ne nous avait intéressés qu’aux ruses d’un valet ou aux amours de deux jeunes gens. […] L’abbé de Marolles, qui a traduit ou trahi tous les poètes latins, fit paraître en 1659 la seconde édition d’une version en prose française de Lucrèce qu’il avait publiée dix ans auparavant, sous les auspices dédicatoires de la « Sérénissime Reine de Suède ». […] Le plus souvent ils ne s’exprimaient qu’en latin ; quand ils daignaient se servir de la langue française, ils la défiguraient par des tournures scolastiques qui la rendaient presque inintelligible.
La littérature latine, issue directement et immédiatement de la littérature grecque n’a fait que prolonger et que refléter celle-ci. […] De sorte qu’un sang tout barbare aurait noyé en lui le sang latin — si tiède — des Racine, et que le jeune Viking se serait lancé dans le siècle en jouisseur, en conquérant. […] Une connaissance approfondie des littératures grecque et latine, la pratique courante de la prose et du vers français, fort commune en son temps et même dans sa famille milonaise : autant de moyens hérités ou acquis dont il use alors aisément. […] Elle nous a valu la tragédie… Mais il nous est permis de constater que, là, nos divers modes d’expression poétique furent fixés, classés suivant une hiérarchie à l’antique, et que de cette époque date la prééminence officielle de l’alexandrin, considéré comme l’équivalent de l’hexamètre latin dans notre langue. […] J’imagine qu’on dut renoncer assez vite à assimiler notre prosodie aux prosodies latine et grecque.
Si nous étions obligés de choisir entre Tite-Live et Tacite, par exemple, il se pourrait que nous fussions plusieurs à préférer l’historien de la décadence latine à l’historien de la bonne époque. […] Le Latin mystique, par R. de Gourmont.
. — Héphestos (le Vulcain latin). — Son origine volcanique. — Son génie d’artiste, ses chefs-d’œuvre. — Thétis dans La forge d’Éphestos. […] VII. — Hermès (le Mercure latin). — Sa nature crépusculaire. — Dieu des messages, des transitions, des marchés, des trouvailles : patron des gymnases, modèle de l’Éphèbe, Conducteur des morts. — Dépravation de son type.
Elle applique assez pour distraire ; elle n’exige pas assez d’application pour être impossible à un homme dont le malheur n’a pas affaibli la raison. 2º Depuis longtemps je désirais m’exercer à la langue latine que j’ai mal apprise dans ma jeunesse : ce que je comprends de Tacite, de Tite-Live, de Salluste, d’Horace et de Virgile m’a donné une grande curiosité pour le reste. 3º Hobbes m’a paru avoir un mérite éminent comme écrivain politique, etc.
Il apprit de ses maîtres du latin, et le reste au hasard, comme on peut se le figurer en ces années de troubles civils.
Il faisait des vers latins non sans quelque recherche, et le plus souvent de petites fables morales en anglais.
Une édition de Milton, avec traduction en anglais des ouvrages latins, l’occupa ensuite ; il était peu propre à un tel rôle d’éditeur.
C’est ainsi qu’autrefois, étant au collège, Hénault avait fait une composition de vers latins pour son camarade et concurrent Chauvelin, qui se trouvait ce jour-là pris de migraine, et celui-ci avait été empereur comme on disait, ou premier de la classe.
En lui envoyant copie de la Lettre latine de Bossuet au pape Innocent XI sur l’éducation du dauphin, il dit : « Je le fais bien valoir à cet abbé par la lettre que je lui écris, parce qu’avec de pareilles gens si méprisants il faut faire le gascon… Nous verrons comment notre abbé le recevra ; je veux qu’il sente le besoin qu’il a de moi. » — D’ailleurs il est heureux à sa manière, il s’arrange et s’acoquine à Meaux ; il achète une maison, grande affaire ; il se cache pour cela sous le nom du chanoine Blouin ; dès qu’on le sait, les anciennes jalousies contre lui se réveillent.
Il parlait avec tant de grâce, tant de feu, tant de majesté, souvent une heure durant, il s’énonçait en si beaux termes, tantôt latins, tantôt français, et disait de si belles choses, si curieuses, si recherchées, que les gens qui n’étaient venus qu’à dessein de le critiquer (ils étaient sans doute en grand nombre) ne pouvaient s’empêcher d’admirer son érudition et de se récrier comme les autres sur sa mémoire.
Les pierres et marbres, dont les inscriptions sont à peine mutilées, ont été replacés avec piété et avec goût ; on y retrouve intacte l’élégante et ingénieuse épitaphe latine du Père Sanadon.
En 1785, il entra au collége de la Marche, où il demeura quatre ans à faire ses humanités, jusqu’en juillet 89, studieux écolier, incapable d’un bon vers latin, mais remportant d’autres prix, et surtout dévorant Malebranche, Helvétius et les livres philosophiques du siècle ; ses croyances religieuses étaient, dès cet âge, anéanties.
Elle attribue beaucoup, pour l’inspiration élégiaque des Latins, aux obstacles que rencontrait l’amant dans la situation sociale de la femme, obstacles qui ne pouvaient être écartés que par elle ; elle ajoutaït en finissant : « S’il se trouvait donc un individu dont le sort, en aimant, dépendit absolument de la volonté, des désirs, des penchants d’un autre, sans qu’il lui fût permis de rien faire pour se le rendre favorable ; dont tous les sentiments éternellement réprimés se consumassent en souhaits inutiles, n’aurait-il pas un grand avantage pour la peinture des agitations du cœur ?
A la bonne heure ; mais je puis dire qu’une de ces expressions de Benjamin Constant à Mme de Charrière passe tout et ne se pourrait représenter qu’en latin, comme lorsque Horace, par exemple, parle d’Hélène : Nam fuit ante Helenam… Le principal tort, sans doute, en ces incidents, est à la femme qui souffre de tels oublis de plume ; pourtant cette affectation de cynisme sert à juger aussi les qualités de jeunesse et le degré de conservation de celui qui se donne licence.
C’est ainsi qu’on voit dans les lettres latines d’Héloïse à Abélard que celle-ci refusa de devenir la femme du théologien, comme il était permis alors, mais peu honorable, aux gens de sa robe, et qu’elle aima mieux rester sa maîtresse, afin d’avoir seule la tache, et qu’il n’y en eût pas au nom de l’illustre maître.
. — Puisque nous en sommes à ce détail, ne laissons pas de remarquer encore que la fontaine Polycrècne, dont il est question dans la même épître et qui arrose la vallée de Saint-Chéron, près de Bàville, fontaine chantée en latin par tous les doctes et les beaux-esprits du temps, Rapin, Huet, etc., est restée connue dans le pays sous le nom de fontaine de Boileau.
Un homme au collège s’est laissé dire qu’un vers est une ligne de douze syllabes sans élisions, laquelle finit par un son pareil à celui de la ligne voisine ; tout le monde peut fabriquer des lignes semblables, c’est affaire de menuiserie ; d’ailleurs il se souvient qu’il en a fait en latin, presque aussi bien que Claudien, bien plus joliment que Virgile ; maintenant que le voilà inspecteur des douanes, officier en retraite, il rabote et aligne des vers, compose des fables, traduit Horace, exactement comme d’autres, ses confrères, confectionnent des boîtes et des bilboquets avec un tour.
La littérature sacrée et les littératures grecque et latine, furent sous un précepteur particulier les premiers aliments de son imagination.
Deux œuvres mettent alors en lumière l’avortement du genre historique : d’abord l’admirable corps d’Histoires du président de Thou259, si exact, si informé, si impartial, et qui, écrivant en latin avec les mots et la couleur de Tite-Live, n’arrive qu’à faire un pastiche ; en second lieu la célèbre Histoire Romaine de M.
Paul Bourget ait une assez grande influence sur la jeunesse d’à présent, non pas peut-être sur celle dont les études classiques ont été poussées très avant et que la tradition latine et gauloise munit et défend, mais sur la partie la plus inquiète, la plus nerveuse et la plus ignorante de la jeunesse qui écrit.
La certitude et l’activité ; des croyances morales simples et fortes, héritées de l’antiquité grecque et latine, attendries par le christianisme, élargies par la Renaissance, enrichies de toute la générosité acquise par l’âme humaine à travers trente siècles ; des actes conformes à ces croyances ; des écrits conformes à ces croyances et à ces actes ; le plus ardent patriotisme et le plus humain ; les plus solides vertus privées et publiques ; une sincérité entière ; toutes communications ouvertes, si je puis dire, entre la vie publique, la vie privée et l’œuvre écrite ; des passages aisés et tranquilles de la médiocrité à la puissance, de la chaire du professeur à la tribune et au cabinet du ministre, et de là au foyer domestique et au recueillement de l’étude… bref, c’est une vie singulièrement harmonieuse que celle de M.
Grégoire Le Roy, lequel possède pourtant maintes qualités bien latines.
Oui, il faut qu’il devienne en quelque sorte un être multiple, capable de se faire contemporain de Louis XIV pour goûter Racine, familier de l’Hôtel de Rambouillet pour se plaire avec Voiture, homme de la Renaissance, enivré de grec et de latin, pour entrer en communion avec Ronsard.
Parmi les modernes, on a les lettres latines d’Héloïse ; celles d’une Religieuse portugaise ; Manon Lescaut, la Phèdre de Racine, et quelques rares productions encore, parmi lesquelles les lettres de Mlle de Lespinasse sont au premier rang.
Il parle français parfaitement, il sait beaucoup de latin et de grec, et il a l’histoire ancienne et moderne au bout des doigts.
Michaud et Poujoulat, avaient pu mettre en goût les lecteurs ; mais autre chose est un extrait où l’on ne prend que les beautés et la fleur d’un sujet, autre chose une reproduction exacte et complète des textes latins dans toute leur teneur, et des instruments mêmes (comme cela s’appelle) d’une volumineuse procédure.
J’y vois quantité de remarques fines, rangées les unes à côté des autres, un peu trop de ce qu’on appelle dans les classes de l’esprit de vers latins.
La langue du midi de la France, la plus précoce de celles qui naquirent du latin après la confusion de la barbarie, cette langue dite provençale-romane était arrivée à une sorte de perfection classique durant le xiie siècle, de 1150 à 1200 ; elle avait produit en poésie des œuvres diverses et des plus distinguées, et elle était en plein épanouissement lorsqu’elle fut violemment dévastée et ravagée au commencement du xiiie siècle, dans la guerre dite des Albigeois (1208-1229).
Maître ès arts à dix-neuf ans, il alla ensuite à Bourges pour y étudier le droit ; il y devint précepteur et bientôt professeur des langues grecque et latine à l’université de la ville.
Cet usage de lire en public et sur la scène des ouvrages nouveaux existait chez les Grecs et les Latins : c’était une source de gloire et d’émulation ;’ j’ai vu M. de Voltaire regretter qu’il soit aboli.
Il n’eut en rien la religion des anciens ni celle des classiques ; il se piquerait plutôt de les ignorer ou de les avoir oubliés que de les posséder ; une citation latine lui fait l’effet d’une incongruité.
Les études de Marmont furent assez bonnes ; le latin était faible, mais les mathématiques excellentes.
Il ne connut jamais beaucoup cette première Antiquité simple, naturelle, naïve, de laquelle Fénelon était parmi nous comme un contemporain dépaysé : l’Antiquité de Montesquieu était plutôt cette seconde époque plus réfléchie, plus travaillée, déjà latine ; ou, pour mieux dire, il les confondait ensemble, et dans toutes les époques, à tous les âges des anciens, depuis Homère jusqu’à Sénèque et Marc Aurèle, il allait demander des traits ou des allusions faites pour rehausser la pensée moderne.
Il remarque que, quoiqu’il y ait dans les Essais une infinité de faits, d’anecdotes et de citations, Montaigne n’était point à proprement parler savant : « Il n’avait guère lu que quelques poètes latins, quelques livres de voyages, et son Sénèque, et son Plutarque » ; ce dernier surtout, Plutarque, « c’est vraiment l’Encyclopédie des anciens ; Montaigne nous en a donné la fleur, et il y a ajouté les réflexions les plus fines, et surtout les résultats les plus secrets de sa propre expérience. » Les huit pages que Grimm a consacrées aux Essais de Montaigne sont peut-être ce que la critique française a produit là-dessus de plus juste, de mieux pensé et de mieux dit.
Une âme osque, une âme grecque et une âme latine.
Ce ne fut que sous Louis XVIII, qui se donnait l’air d’un lettré parce qu’il savait un peu de latin, qu’un Saint-Simon obtint, parce qu’il était Saint-Simon, l’autorisation de publier ces Mémoires, dont quelques fragments, arrachés à la surveillance de leurs eunuques, avaient été publiés déjà, plus mutilés, il est vrai, que la Vénus de Milo, mais dont les mutilations faisaient ardemment désirer la splendeur révélée de leur beauté intégrale.
Partout ailleurs, il est éclatant, débordant, imagé, asiatique, comme disaient les Latins pour marquer la magnificence de ces espèces de génies ; mais, en histoire, l’asiatique redevenait romain.
Il eût été malheureux, enfermé dans notre vieille École normale, entre les murs nus d’une mansarde délabrée, en face des sales ruelles du quartier latin.
Cicéron, si jaloux de rendre en iambes latins des monologues de Sophocle, pouvait-il oublier le poëte grec qui aurait uni à l’enthousiasme de l’ode la puissance du drame tragique ?
Sa langue est classique, fortement constituée, bien en corps, solide au vieux sol latin. […] Wilde aurait pu aussi bien user du latin et du grec. […] Cervantès a tracé en Don Quichotte la caricature épique du Latin ; Daniel de Foë a fait dans Robinson le portrait éternel de l’Anglais. […] L’un qui continue le rêve d’amour et de beauté ; de sa race, l’autre qui célèbre l’énergique vitalité de la sienne ; car c’est de l’antique sol latin que M. d’Annunzio exhume le vase aux formes harmonieuses où il verse le vin odorant de ses songes, tandis que M. […] Je connais les sous-entendus du latin de V.
Le mètre, transformé depuis les Grecs et les Latins, bouleversé de nos jours mêmes par l’école romantique, a-t-il de longues chances de durée et de vie ? […] Aussi le vers magistral et typique des grands peuples poétique doit être rythmé selon des nombres pairs ; tels ont été le vers sanscrit et l’hexamètre grec ou latin : tel est maintenant encore l’alexandrin français. […] Nos parnassiens d’aujourd’hui, en croyant faire des vers français, font en réalité des vers latins : ce sont les mêmes procédés, — chevilles, épithètes ingénieuses, centons pris dans les bons auteurs, — avec le souci de la rime remplaçant celui du dactyle. […] Les paysages jouent un rôle secondaire dans la poésie grecque et latine, comme dans celle du dix-septième siècle. […] L’accent tonique était donc, dans les langues grecque et latine, en lutte perpétuelle avec la quantité.
Celui-ci, ayant oublié plusieurs mots du Pater et du Credo latins, ne sait plus les réciter qu’en anglais. […] Voilà les effets de la prière publique rendue au peuple ; car celle-ci a été retirée du latin, reportée dans la langue vulgaire, et dans ce seul mot il y a une révolution. […] Ils ont aussi besoin de porcs pour leur nourriture, afin d’avoir du lard ; le lard est leur venaison ; vous savez bien que le justice est là avec son latin et sa potence, s’ils veulent en avoir une autre ; en sorte que le lard est leur nourriture nécessaire, de laquelle ils ne peuvent se passer. […] Comme tous ces écrivains, comme Montaigne, il est imbu de l’antiquité classique ; il cite en chaire des anecdotes grecques et latines, des passages de Sénèque, des vers de Lucrèce et d’Euripide, et cela à côté des textes de la Bible, de l’Évangile et des Pères.
Il avait passé tout un après-midi à causer littérature avec Saint-Marc-Girardin et Nisard ; et l’on avait fait des citations, et chacun y était allé de son latin et même de son grec : « C’est égal, dit Saint-Marc-Girardin en prenant congé de ses compagnons, nous sommes là trois pédants qui nous sommes joliment amusés ! […] Ils se plaignent, si je ne me trompe, que, chez la plupart de nos poètes et même chez quelques-uns des plus grands, la poésie ressemble plus à un beau discours qu’à un chant ; ils se plaignent qu’elle soit plus éloquente que suggestive, qu’elle ait des reliefs trop nets et des contours trop arrêtés, et qu’enfin nos vers français aient un peu trop constamment le genre de beauté des vers latins, de ces vers trop sonores, au rythme trop marqué et trop énergique et qu’un Virgile seul a pu amollir quelquefois, rythme qui commande presque la précision dans les mots et dans les images et qui exclut la demi-teinte, la pénombre et l’ondoiement. […] Son printemps est d’une divine intempérance… Les visions de Hugo sont certes aussi abondantes, et son vocabulaire est, en outre, beaucoup plus riche mais ces visions, Hugo les domine, il les fait saillir par des oppositions, ou il les aligne, comme des soldats, en rangs profonds ; il les dispose, il les gouverne, il les régente ; en somme, il applique à ces masses, si vastes qu’elles soient, le compas latin et le compas même de Boileau. […] Celui-ci, homme de lettres accompli, est comme la perfection et l’aboutissement du génie latin.
La comédie latine n’a pu être que ce qu’elle était. […] Les comiques latins eux-mêmes avaient eu des existences toutes pleines de ces hasards. […] La composition et la forme des comédies latines s’expliquent encore plus aisément. […] Les comiques latins se préoccupaient donc, avant tout, de deux choses : premièrement, d’être compris et, secondement, de n’être pas ennuyeux. […] Seulement c’est un symbole classique et il ne nous étonne plus parce que toute notre enfance s’est passée sinon à comprendre, du moins à révérer le symbolisme grec et latin.
Entre autres paradoxes, il prétendait qu’il faut arroser les langues latines avec du vin et les langues anglo-saxonnes avec de la bière, et il assurait que, pour sa part, il devait au stout et à l’extra-stout des progrès étonnants, cette boisson, si foncièrement anglaise, le faisant entrer dans l’intimité du pays, lui causant des sensations, lui suggérant des idées inconnues aux Français et lui révélant des nuances d’interprétation insaisissables pour tout autre.
Il y a dans ce visage un excès de mortification qui fait peur et au sens latin du mot mortem sibi facere, se faire d’avance sa mort. […] Dans une de ses notes sur sa vie de collège, il s’écrie : « Je ne peux cependant pas me figurer que je suis un Latin. Je ne peux pas… Je ne sais pas comment les Latins vivaient. […] Il est un Latin, et l’héritier malgré lui de l’antique esprit de la civilisation romaine, même en la reniant. […] Il ne savait pas l’orthographe ; il l’a apprise, ainsi que le latin, l’allemand, la métaphysique, un peu de sciences naturelles, l’histoire.
Taine écrit à son professeur pour lui annoncer son prix d’honneur au concours général : « Sans vous je n’aurais eu ni ordre, ni clarté, ni méthode… » Vallès gémit : « Comme ce latin et ce grec sont ennuyeux ! […] » Les dédicaces successives des trois volumes, d’abord « A tous ceux qui crèvent d’ennui au collège » ; puis « A tous ceux qui, nourris de grec et de latin, sont morts de faim », et, pour terminer, « A tous ceux qui, victimes de l’injustice sociale, prirent les armes contre ce monde mal fait », jalonnent, comme trois bornes tragiques, le chemin suivi par le fils du paysan, imprudemment éduqué, vers la bande imbécile d’utopistes sanguinaires qu’il appelle magnifiquement « la grande fédération des douleurs ». […] Nous croyons que de cette restauration, au sens latin du mot, des énergies françaises, une oligarchie recrutée et vivante sortirait tout naturellement, — puisque vous semblez craindre que le terme d’aristocratie ne fasse équivoque. — Nous croyons que cette oligarchie, le « patriciat » d’Auguste Comte, à la fois fixée par l’hérédité et renouvelée sans cesse, comme l’oligarchie anglaise, par l’accession des supériorités et la rentrée des cadets dans le rang, serait l’organe de sagesse et de fierté nationales dont le pays a tant besoin. […] L’abus de l’esprit latin, ce besoin de reproduire, jusqu’à la fausser par excès de servilisme, l’administration romaine, n’a pas détruit l’instinct d’indépendance propre au sang celtique et au sang germanique, ces deux autres éléments dont est issue notre race. […] Qui enfin n’a senti en suivant, épisode par épisode, la tragique aventure de Jean Valjean dans les Misérables, qu’il était là en présence d’une création sans analogue, anomale, et, si l’on veut, monstrueuse — au sens que les Latins donnaient à ce mot — par beaucoup d’endroits, mais d’une telle puissance dans la conception et l’exécution qu’il manquerait quelque chose à l’histoire de l’art du roman, si ce livre n’avait pas été composé ?
J’ai même hésité si je n’en changerais pas le titre, comme trop peu attrayant, outre la disgrâce d’être en latin. […] Ce travail est un des derniers qui l’aient occupé, parmi de très savantes recherches sur les origines latines de la langue française, et dans toute l’activité de ses devoirs de professeur où il se ménageait si peu. […] Professeur d’éloquence latine au Collège de France, j’expliquais dans les Annales de Tacite l’admirable récit du complot où périt Galba. […] — Je plaisante, lui dis-je, David n’a rien écrit de pareil, et je n’ai voulu que flatter votre passion par un méchant propos de mon cru, en mauvais latin. […] Voir au tome Ier de mes Études sur les poètes latins de la decadence, dans le chapitre sur Martial, ce que j’en écrivais dès 1834 !
Ces inégalités peignent bien le Germain solitaire, énergique, imaginatif, amateur de contrastes violents, fondé sur la réflexion personnelle et triste, avec des retours imprévus de l’instinct physique, si différent des races latines et classiques, races d’orateurs ou d’artistes, où l’on n’écrit qu’en vue du public, où l’on ne goûte que des idées suivies, où l’on n’est heureux que par le spectacle des formes harmonieuses, où l’imagination est réglée, où la volupté semble naturelle. […] Un chiffre, un détail de dépense, une misérable phrase de latin barbare est sans prix aux yeux de Carlyle. […] Dans la première sont les simples savants, les vulgarisateurs, les orateurs, les écrivains, en général les siècles classiques et les races latines ; dans la seconde sont les poëtes, les prophètes, ordinairement les inventeurs, en général les siècles romantiques et les races germaniques.
Latin de race et de goûts, M. […] Ayant écrit cela et Vitraux, poèmes qu’un mysticisme dédaigneux pimentait singulièrement, et cette Terre latine, prose d’une si émouvante beauté, pages parfaites et uniques, d’une pureté de style presque douloureuse, M. […] L’ignominie du siècle exaspère le Latin épris de soleil et de parfums, de belles phrases et de beaux gestes et pour qui l’argent est de la joie qu’on jette, comme des fleurs, sous les pas des femmes, et non de la productive graine qu’on enterre pour qu’elle germe.
En homme de collège qui s’égaye, il fit à ce sujet une petite épigramme latine dans le genre de Martial, qui commence par ces vers : Inclyta dum narrat Ludovici Closius acta, Foemina dulciloqui pendet ab ore viri, etc., etc ; et dont voici le sens : Tandis que Duclos raconte les grandes actions de Louis XI, les femmes sont sous le charme, suspendues à son doux langage.
Né à Paris sur la paroisse de Saint-Gervais, le 4 février 1688, d’un père financier et dans l’aisance, d’une famille originaire de Normandie qui avait tenu au parlement de la province, Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux reçut une bonne éducation, ce qui ne veut pas dire qu’il fit de fortes études ; il n’apprit nullement le grec et sut le latin assez légèrement, ce semble ; son éducation, plutôt mondaine que classique, et particulièrement son tour d’esprit neuf, observateur, et qui prenait la société comme le meilleur des livres, le disposaient naturellement à être du parti dont avait été feu Perrault, et dont, après lui, Fontenelle et La Motte devenaient les chefs, le parti des modernes contre les anciens.
Édélestand du Méril, les Poésies populaires latines du Moyen Âge (1847).
Gachard a retrouvé la substance ou même la teneur dans une traduction latine, n’en dit pas davantage, et rien ne saurait faire soupçonner la sincérité de Philippe II dans cette explication si constante et si uniforme de sa conduite.
On a, par exemple, le menu du dîner de noces, un festin de Gargantua, les inscriptions mêlées aux illuminations des palais, les devises latines pédantesques et d’un goût équivoque, tout le programme des magnificences.
La plus douce occupation du guerrier philosophe, au milieu de cette inaction prolongée qui le dévorait, était de s’entretenir avec le jeune Victor, de le prendre sur ses genoux, de lui lire Polybe en français, s’appesantissant à plaisir sur les ruses et les machines de guerre, de lui faire expliquer Tacite en latin ; car l’intelligence robuste de l’enfant mordait déjà à cette forte nourriture.
Sa Rome étrusque a peu réussi chez nous, et l’on raille même agréablement ses grandes épopées latines ; mais, tout à côté, on raille aussi ces vieilles fables qu’on n’adoptait pas sans doute, mais qu’on relevait peu jusque-là ; on parle très-lestement de Tite-Live ; on va même un peu loin peut-être en disant de son pleraque interiere que c’est la facile excuse d’un rhéteur ingénieux qui voulait se soustraire au long travail de l’historien.
Ce n’est pas là une transposition laborieusement étudiée : l’auteur ancien n’a fait que toucher pour ainsi dire en lui l’image à réveiller, et du fond de son expérience a surgi tout à coup, entre les lignes du texte latin, une physionomie familière et contemporaine.
Paul Bourget) aux littératures du Nord : elle me paraît le produit extrême et très pur de la seule tradition grecque et latine.
Cypris ne chante plus sur les ondes… À l’arbre de la Croix pendent les dieux latins, Car l’Oingt est advenu… les roses Pourpre hostiale dans la rousseur des matins.
Les voyez-vous faire la guerre aux mots grecs ou latins qui hérissent les poèmes de Ronsard et la prose de Rabelais, chasser honteusement les vocables habillés à l’ancienne mode ?
L’abbé Fraguier, homme de goût, a fort célébré Rémond dans ses Poésies latines ; on assure qu’il en parlait moins bien en prose.
Une application infinie et un désir insatiable d’apprendre lui tenaient lieu de science ; plus il était ignorant, plus il affectait de paraître savant, citant quelquefois hors de propos des passages latins qu’il avait appris par cœur, et que ses docteurs à gages lui avaient expliqués.
Elle dira, par exemple, à propos des amis et du soin qu’il faut prendre en les choisissant : « Il faut songer de plus que nos amis nous caractérisent : on nous cherche dans eux… » Elle a de ces mots courts, mais d’un beau style, d’un style antique et comme latin.
Buffon fit deux vers latins pour mettre au bas du portrait de Mme Necker ; ils sont remarquables par la vivacité de l’éloge autant que par l’inélégance : Angelica facie et formoso corpore Necker Mentis et ingenii virtutes exhibet omnes.
Dès les premières pages, quand il nous peint sa famille modeste, unie et heureuse (il était fils, je crois, d’un tailleur), le bon prêtre qui lui apprend le latin, l’abbé Vaissière ; le premier camarade et ami de cœur qu’il se donne pour modèle, le sage Durant ; quand il nous fait connaître de près sa mère, charmante et distinguée d’esprit dans sa condition obscure, son père sensé et d’une tendresse plus sévère, ses tantes, ses sœurs, on croit respirer une odeur de bonnes mœurs et de bons sentiments qui lui resteront, et qu’il ne perdra jamais, même à travers les boudoirs où plus tard il s’oubliera.
Parlant des écrivains latins qui imitèrent le style de Salluste et forcèrent sa manière, il fait un retour sur les écrivains modernes qui se piquent aussi d’imiter les deux plus beaux esprits du siècle (Fontenelle et Voltaire), et qui veulent prendre notamment à ce dernier « le ton philosophique, la manière brillante, rapide, superficielle, le style tranchant, découpé, heurté ; les idées mises en antithèses et si souvent étonnées de se trouver ensemble.
Le rapsode est devenu citoyen, et le conte épique devient un discours : l’histoire est une tribune où un homme, doué de cette harmonie des pensées et du ton que les Latins appelaient uberté, vient plaider la gloire de son pays et témoigner des grandes choses de son temps.
* * * — Au fond, Racine et Corneille n’ont jamais été que des arrangeurs en vers, de pièces grecques, latines, espagnoles.
Elle n’est pas non plus la joie sèche des comiques de race latine, le rire d’un homme sanguin, équilibre, sain, ayant la salutaire étroitesse d’esprit de l’homme normal.
Chaque mot y est d’abord suivi de son qualificatif, de la signification latine & même de son étymologie, lorsque celle-ci mérite la peine d’être indiquée.
Ce mot latin, « Capitolium », te fait peut-être songer, mon ami, à quelque bâtisse vingt fois séculaire, — de l’âge des Thermes, rue de Cluny, à Paris ; et tu murmures déjà le vers des Feuilles d’automne : Toulouse la romaine, où, dans des jours meilleurs, etc.
Paul de Kock a créé la Grisette, et Gavarni la Lorette ; et quelques-unes de ces filles se sont perfectionnées en se l’assimilant, comme la jeunesse du quartier latin avait subi l’influence de ses étudiants, comme beaucoup de gens s’efforcent de ressembler aux gravures de mode.
C’est seulement dans deux parties du monde, l’Europe et l’Amérique, sur les points où quelques peuples latins, germains, anglo-saxons ont institué une certaine civilisation dite occidentale, que nous pouvons constater une « évolution générale » vers la démocratie.
L’éloquence de la chaire avait des défauts presque semblables ; affectation, exagération, pointes ridicules, entassement de métaphores, mélange du profane et du sacré, citations éternelles de grec, de latin, d’hébreu, et un peu plus d’Ovide ou d’Horace que des pères ; enfin, multitude d’idées empruntées des erreurs et des préjugés du temps sur la physique, sur l’histoire naturelle, sur l’astronomie, sur l’astrologie, sur l’alchimie ; car alors on prodiguait tout, et on faisait étalage de tout ; tel était le goût des orateurs sacrés sous Henri IV et sous Louis XIII.
Au lieu d’établir des classes pour l’histoire de sa nation, pour la géographie, on emploie la jeunesse à tourner & retourner du latin & du français, c’est-à-dire, à travailler sur des mots, d’autant plus que les thêmes & les versions qu’on donne aux écoliers, n’ont souvent pas le sens commun. […] On me demanda s’il ne seroit pas à propos de ressusciter cette pauvre langue latine, qu’on n’apprend plus que par maniere d’acquit, & qu’on a prise tellement en aversion, qu’on voudroit l’expulser des inscriptions mêmes. Je n’hésitai point à répondre affirmativement, ayant goûté trop de plaisir dans la lecture des auteurs latins. […] Mais les livres latins, observa-t-il, ne paroissent-ils pas aussi des grimoires. […] Toujours un aphorisme grec ou latin devoit être sur les levres d’un docteur.
Il avait recueilli les harangues grecques et latines de plus de cent orateurs fameux sous le règne d’Auguste, et ajouté à la fin de chacune un jugement sévère. […] Ainsi il entendit parler la langue latine dans sa plus grande pureté ; ce n’est point un auteur de la basse latinité : il écrivit avant les deux Pline, Martial, Stace, Silius Italicus, Lucain, Juvénal, Quintilien, Suétone et Tacite. […] On publia contre lui nombre d’épigrammes grecques et latines assez mauvaises, à en juger par celles que Suétone nous a transmises (SUETON. […] Je ne dis rien de son commerce épistolaire avec saint Paul241, ouvrage ou d’un écolier qui s’essayait dans la langue latine, ou d’un admirateur de la doctrine et des vertus du philosophe, jaloux de l’associer aux disciples de Jésus-Christ. […] Ainsi, l’on disait d’un chien, d’un animal engendré de deux espèces, d’un style mêlé de plusieurs idiomes, d’un mot composé de mots empruntés de deux langues, qu’ils étaient hybrides ; ou du latin umber, mestif (métis, en vieux français) dont on fit imber, iber, ibrida : et pourquoi pas de Iberus, Espagnol ?
» Buffon demande aussi aux animaux et aux plantes : — Avez-vous de la grandeur, de la proportion, de l’élégance ; avez-vous, en un mot, le decor des Latins ? […] On pourrait pourtant invoquer en faveur de l’étude de l’hébreu une partie des arguments littéraires dont on se sert pour défendre l’étude du grec et du latin.
Leroux (Revue Encyclopédique, mars 1833) a démontrée explicite au sein du dix-septième siècle, par plus d’un passage de Fontenelle et de Perrault, et que le dix-huitième a propagée dans tous les sens, jusqu’à Turgot qui en fit des discours latins en Sorbonne, jusqu’à Condorcet qui s’enflammait pour elle à la veille du poison, cette idée anime énergiquement et dirige Mme de Staël : « Je ne pense pas, dit-elle, que ce grand œuvre de la nature morale ait jamais été abandonné ; dans les périodes lumineuses comme dans les siècles de ténèbres, la marche graduelle de l’esprit humain n’a point été interrompue. » Et plus loin : « En étudiant l’histoire, il me semble qu’on acquiert la conviction que tous les événements principaux tendent au même but : la civilisation universelle… » — J’adopte de toutes mes facultés cette croyance philosophique : un de ses principaux avantages, c’est d’inspirer un grand sentiment d’élévation. » Mme de Staël n’assujettit pas à la loi de perfectibilité les beaux-arts, ceux qui tiennent plus particulièrement à l’imagination ; mais elle croit au progrès, surtout dans les sciences, la philosophie, l’histoire même, et aussi, à certains égards, dans la poésie, qui, de tous les arts, étant celui qui se rattache le plus directement à la pensée, admet chez les modernes un accent plus profond de rêverie, de tristesse, et une analyse des passions inconnue aux anciens : de ce côté se déclare sa prédilection pour Ossian, pour Werther, pour l’Héloïse de Pope, la Julie de Rousseau, et Aménaïde dans Tancrède. […] Le caractère imposant, positif, éloquemment philosophique, de la littérature latine, y est fermement tracé : on sent que pour en écrire, elle s’est, de première main, adressée à Salluste, à Cicéron, et qu’elle y a saisi des conformités existantes ou possibles avec l’époque contemporaine, avec le génie héroïque de la France. […] Leur latin était inconnu la veille du jour où ils parurent.
Vous trouveriez chez lui telle image qui semble appartenir aux plus beaux temps de la simplicité et de la majesté latines […] La fine déduction grecque ou française n’a jamais trouvé place chez les nations germaniques ; tout y est gros ou mal dégrossi ; il ne sert de rien à celui-ci d’étudier Cicéron et d’emprisonner son élan dans les digues régulières de la rhétorique latine. […] « Les Anglais ont ordinairement vingt ans avant d’avoir parlé à quelque personne au-dessus de leur maître d’école et de leurs compagnons de collége ; s’il arrive qu’ils aient du savoir, tout se termine au grec et au latin, mais pas un seul mot de l’histoire ou des langues modernes.
Il m’exposait tout cela dans de longues promenades autour de la Butte et, plus tard, aux cafés du quartier Trudaine et du quartier Latin, puis il ne fit plus rien que de voyager terriblement et de mourir très jeune. […] Le « roman » est bien encore du latin, le latin liturgique selon moi, celui, dès lors, des basiliques « romanes », — je ne comprends pas bien, de la part des poètes en question, le saut de cette époque à celle de Ronsard dont vraiment usent trop, comme idiome, comme rhythme, comme tic, ces d’ailleurs si aimables et par endroits admirables poètes.
La modestie en latin paraît plus modeste encore. […] Afin de lire Virgile dont André Chénier lui avait parlé, il apprit le latin. […] Des avances de pièces de cinq francs dans quelques journaux amis, des camarades du quartier latin, que sais-je ? […] Quand il eut quitté les bureaux de la Revue fantaisiste, — il serait peut-être plus exact de dire : quand on l’en eut mis à la porte, — le futur Parnasse passa les ponts et s’alla loger dans le quartier latin. […] Les jeunes gens du pays latin publiaient peu de journaux littéraires ; ils avaient d’autres ambitions et c’est dans quelques-unes des feuilles éphémères, mais toujours renaissantes que fondaient de hardis étudiants en droit peu inquiets de l’amende certaine et de la prison possible, que se révélèrent pour la première fois les hommes qui depuis ont été le gouvernement de la République.
La différence entre l’épigramme alexandrine et l’épigramme de Martial nous fait assez bien mesurer la qualité et la nouveauté de ce qu’il y a de poésie urbaine dans la littérature latine impériale. […] C’est elle qui s’est traduite sous la figure latine. […] Les Poètes latins de la décadence, de Nisard, œuvre à la fois critique et allégorique où l’auteur retrouve et stigmatise sous des masques antiques ses contemporains, peuvent passer à cet égard pour typiques. […] Et pourtant lorsque Nisard en avait, ici, aux poètes romantiques, nous croyons qu’il se trompait et que ses traits érudits, barbelés de latin, tombaient à côté du but. […] Et dans le germanisme même, dans l’ensemble de la culture allemande, de l’esprit allemand, il voit l’intérieur indivise, authentique et profond de l’être, le centre calme et puissant, la conscience pure de ce que l’esprit latin conçoit et rend comme une périphérie et un dehors.
Elle ne veut pas d’un gendre mondain et frivole ; elle souhaite pour sa fille un homme cousu de grec et de latin, dont les doctes entretiens nourrissent dans la famille le goût des hautes spéculations. […] En voyant un sermon sur la tolérance aboutir au meurtre de Luigi, on se demande si par hasard cette tragédie singulière ne serait pas traduite d’une amplification latine, si M. […] Bien qu’Othello soit un beau travail de versification, cependant, je l’avouerai, j’eusse mieux aimé de toutes manières qu’Alfred de Vigny eût abordé le théâtre en son nom, sans gaspiller sa verve et sa poésie sur des œuvres admirables sans doute, mais écrites, il y a environ deux siècles, pour une cour érudite et guindée, pour Élisabeth qui lisait l’hébreu et parlait latin. […] Si l’on recherche pourquoi le public français, si renommé dans toute l’Europe pour l’élégance et la délicatesse de son goût, en est venu à mériter presque littéralement l’apostrophe du satirique latin : panem et circenses , à mettre sur la même ligne que Pierre Corneille, et même fort au-dessus, le mélodrame du boulevard et des acteurs inconnus dans le siècle dernier, mais fort applaudis de nos jours, les éléphants, les lions et les chevaux, auxquels Rome impériale aurait prodigué ses battements de mains, on trouve dans l’histoire des mœurs une explication claire et irrécusable. […] Mais avant François Ier les vocables virgiliens abondaient déjà dans notre idiome ; nous n’avions pas attendu l’érudition des Lascaris et des Politien pour emprunter à la littérature latine des étymologies sans nombre et la plupart des lois de notre syntaxe.
Le latin y est tout particulièrement et comme soigneusement écorché ; c’est à n’y pas croire.
Elle s’était mise au latin et était arrivée à entendre les odes d’Horace ; elle lisait l’anglais et avait traduit en vers quelques pièces de William Cowper, notamment celle des Olney Hymns, qui commence ainsi : God moves in… ; une poésie qui rappelait les Cantiques de Racine et toute selon saint Paul.
Il savait la littérature latine, peu ou point de grec ; il avait du goût pour les lettres, de la curiosité pour la philosophie, et aimait la conversation des gens d’esprit et de pensée.
Il commença de s’appliquer au latin, mais bientôt les événements de la Révolution le privèrent de maîtres ; il était à peine capable de sixième ; son frère, un peu plus avancé que lui, le guida pendant quelques mois et le mit presque tout de suite aux Annales de Tive-Live.
Arago, à propos des classiques grecs et latins ; et, s’il déploie dans la discussion moins de prestesse sémillante, ou de riche et poétique abandon, que nos champions de France, il y porte des raisons encore mieux enchaînées, une politesse ingénieuse non moindre.
La première partie de cet ouvrage contiendra une analyse morale et philosophique de la littérature grecque et latine ; quelques réflexions sur les conséquences qui sont résultées, pour l’esprit humain, des invasions des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres ; un aperçu rapide des traits distinctifs de la littérature moderne, et des observations plus détaillées sur les chefs-d’œuvre de la littérature italienne, anglaise, allemande et française, considérés selon le but général de cet ouvrage, c’est à dire, d’après les rapports qui existent entre l’état politique d’un pays et l’esprit dominant de la littérature.
De là en lui un excès de sensibilité, des afflux soudains d’émotion, de transports contagieux, des courants de passion irrésistible, des épidémies de crédulité et de soupçon, bref l’enthousiasme et la panique, surtout s’il est Français, c’est-à-dire excitable et communicatif, aisément jeté hors de son assiette et prompt à recevoir les impulsions étrangères, dépourvu du lest naturel que le tempérament flegmatique et la concentration de la pensée solitaire entretiennent chez ses voisins Germains ou Latins ; on verra tout cela à l’œuvre
Avaient-ils l’hémistiche, les pieds, la rime de ce langage nombreux et musical que les Grecs, les Latins et nous, nous appelons aujourd’hui des vers ?
D’autres fois, à force d’étudier les Grecs et les Latins, il se familiarise avec les formes particulières que certaines circonstances et le caractère de la civilisation antique ont données aux sentiments de l’âme et à leur expression littéraire.
Ainsi, selon les milieux, la farce se diversifie : la farce judiciaire, parodie de la procédure et du jargon de la chicane, amusera les basochiens ; les écoliers feront leurs délices du jargon latin et des calembours ou drôleries pédantesques ; le paysan ne se lassera pas de se voir en scène, lui, son ménage, femme, voisins, M. le curé, le frère quêteur du couvent prochain, parfois le magister de son village, ou le charlatan à qui il demande une drogue quand sa femme ou lui sont bien malades, souvent le soldat, qui est son ennemi naturel.
Non : Fénelon nous ramène à Ronsard, ou plutôt à Du Bartas, presque à l’écolier limousin : il rêve d’inutiles synonymes, des composés de forme grecque ou latine, toute une fabrication artificielle de mots littéraires.
Les écoles primaires, les traitements des petits employés, les paperasseries plus que chinoises des bureaux, les bourdes solennelles de la magistrature et l’élevage des nourrissons, le divorce et les réceptions de l’Académie, les caisses d’épargne, la question des égouts et les questions de grammaire… il faudrait, comme on dit en vers latins, une bouche de fer et beaucoup de temps devant soi pour énumérer seulement les sujets où M.
Et puis il faudrait pour y arriver faire des années de ce que j’appelle littérature écolière, vers latins, discours de rhétorique, etc. jugez quel supplice !
Vir bonus, strangulandi peritus, « un bon homme, habile à pendre… » Ainsi l’appelle, en son latin, un savant du temps ; et Tallemant des Réaux lui-même ne le traite pas trop mal dans ses Historiettes.
J’ai là (ce qui vaut mieux) sur ma table ses grandes feuilles-manuscrites, toutes chargées de notes gracieuses ou sévères, d’extraits d’auteurs latins, grecs, anglais, italiens, provisions de toute sorte et pierres d’attente qu’il amassait pour des temps meilleurs et pour l’avenir.
Lui, amateur des sources antiques, toujours en quête des saines et « bonnes disciplines », qui voudrait produire dans son style la « tranquillité modeste et hardie » de ses pensées ; lui qui, dans les belles pages de prose où il ébauche des projets d’ouvrages sévères, aspire et atteint à la concision latine, à la « nerveuse et succulente brièveté » d’un Salluste honnête homme et vertueux, on conçoit la colère à la Despréaux, et plus qu’à la Despréaux, qui dut le saisir en voyant un tel débordement de déclamations soi-disant philosophiques, de facéties galantes et de gentillesses libertines, découlant de la plume d’un bel esprit formé à l’école de Danton.
La chapelle est trop petite pour contenir le monde descendu du quartier Latin et de la butte Montmartre.
Du reste, c’est un monsieur qui a des prétentions au style et aux lettres, qui est beau parleur ou croit l’être, qui récite au besoin un vers latin ou deux avant de conclure à la mort, qui cherche à faire de l’effet, qui intéresse son amour-propre, ô misère !
Sans doute, pour rendre ce que nous disons ici sensible par les faits, il est utile qu’un homme puissant ait marqué le temps d’arrêt entre l’écroulement du monde latin et l’éclosion du monde gothique ; il est utile qu’un autre homme puissant, venant après le premier comme l’habileté après l’audace, ait ébauché sous forme de monarchie catholique le futur groupe universel des nations, et les salutaires empiétements de l’Europe sur l’Afrique, l’Asie et l’Amérique ; mais il est plus utile encore d’avoir fait la Divine Comédie et Hamlet ; aucune mauvaise action n’est mêlée à ces chefs-d’œuvre ; il n’y a point là, à porter à la charge du civilisateur, un passif de peuples écrasés ; et, étant donnée, comme résultante, l’augmentation de l’esprit humain, Dante importe plus que Charlemagne, et Shakespeare importe plus que Charles-Quint.
Une langue vague et confuse est, chez un peuple, un sûr indice de décadence intellectuelle et morale ; au contraire, le grec et le latin sont considérés comme les langues éducatrices par excelence, parce que les mots qui les composent expriment des notions bien faites ; dépôts des efforts d’attention des Hellènes et des Romains, ces deux langues nous obligent à nous faire nous-mêmes des âmes grecques et romaines pour nous les assimiler.
Voilà, ce me semble, à peu près tout pour ce qui est des Grecs et des Latins.
On tremble pour sa grâce native, quand on rapporte que, dans son enfance, elle voulut apprendre le latin sous le même maître que ses frères et l’on n’est rassuré qu’en lisant l’humble réflexion de sa sœur : « Elle ne faisait cela que dans des vues de piété et pour mieux comprendre les offices de l’Église », écrivait dernièrement cette sœur, avec l’accent du plus naïf des légendaires.
» Notre devoir est tout tracé : veiller à ce que se rallume chez nous le double flambeau de la culture classique latine et de la foi catholique, qui s’adaptent merveilleusement au génie de notre race… » Arthur gervais, Instituteur en retraite.
Assurément, il n’arrive à personne de parler de la beauté, de la grandeur d’un feuilleton, de célébrer le style de Ponson du Terrail, l’harmonie des périodes chez Xavier de Montépin, de rechercher, parmi les génies grecs, latins ou français, la filiation littéraire de M.
Ce qui nous frappe seulement, d’après un débris conservé dans un reste de traduction latine, c’est que ce dernier Prométhée d’Eschyle présentait au plus haut degré une de ces péripéties, que réclame Aristote.
Pour ramener, dans mon exemple même, la conséquence poétique à son origine religieuse, je citerai cette page où Mallarmé essaye de discerner dans la cérémonie de la messe la forme de la scène idéale : « La nef avec un peuple je ne parle d’assistants, bien d’élus : quiconque y peut de la source la plus humble d’un gosier jeter aux voûtes le répons en latin incompris, mais exultant, participe entre tous et lui-même de la sublimité se reployant vers le chœur : car voici le miracle de chanter, on se projette, haut comme va le cri. […] Il m’a semblé qu’alors elle survenait non, ainsi que le dit James, comme une mémoire tronquée, mais comme l’accent immédiatement fourni par notre réserve intérieure pour noter, auréoler, rendre spécial et lumineux un instant privilégié, — comme un passé qualitatif spontané analogue à celui qui fournit l’un de ses sens à l’antiquus latin. […] Il apprécie à la messe « le répons en latin incompris, mais exultant » et peut-être lui suffirait-il aussi que, de ses poèmes incompris, des jeunes gens exultassent. […] Dans l’Après-Midi, malgré les « bords siciliens », pas d’image grecque, latine, méditerranéenne, de corps en plein air, doré et dur, mais cette chair, capricieusement rosée, de crème mousseuse, qui floconne sur une toile de Greuze ou dans la Psyché de Prudhon.
Il s’est rendu coupable, un nombre incalculable de fois, du même délit que son homonyme latin, qu’Ovide et Martial, que presque tous les poètes de la Renaissance, que Montesquieu, que Crébillon fils, que Voltaire, Gentil-Bernard, Parny, etc. […] La poésie latine n’est qu’une imitation d’écoliers, alourdie et plate. […] On les a d’abord dispensés de tous les exercices difficiles, tels que le discours latin, les vers latins, le thème grec. […] Une femme qui ne se gouverne pas elle-même, ce que les Latins appelaient une femme impotens sui, ce que nous appelons aujourd’hui une nerveuse, une névropathe, une déséquilibrée. […] monsieur, indiquez-moi une chanson de Désaugiers on de Béranger, aussi « difficultueuse » que vous voudrez, et, si je ne la chante pas de manière à vous satisfaire, avec intelligence, avec esprit, avec finesse, j’y veux perdre mon nom, qui est un nom latin et un beau nom !
Une bonne moitié des citations de Montaigne sont appliquées du dehors, après coup, par une main étrangère ; et quand on les enlève, — c’est-à-dire quand du texte de 1595 on se reporte à celui de 1588, — non seulement on ne fait à Montaigne aucune déchirure ni aucune violence, mais au contraire on le débarbouille son style reparaît moins latin en français et même aussi sa pensée plus claire, — et généralement mieux suivie. […] Car si l’on fait une fois commencer l’histoire d’un mot français avec celle du mot latin dont il est dérivé, quelle raison aura-t-on de ne pas poursuivre et remonter jusqu’au grec, jusqu’au sanscrit, jusqu’à la prétendue langue mère indo-européenne ? […] et l’abus qu’elle a fait, pour la soutenir, des ornements appelés littéraires : la citation et l’allusion savantes, la métaphore et la périphrase, le grec et le latin, l’ithos et le pathos, l’hypotypose et la prosopopée. […] Baïf, Jean-Antoine de Baïf, le « métricien » de la Pléiade, n’est qu’un insupportable pédant, barbouillé de grec et de latin, que l’on avait pris « tout petit » pour l’accabler du poids de son érudition ; et, de Ronsard même ou de Malherbe, s’il n’y a pas de doute, assurément, que Ronsard soit le poète, c’est Malherbe qui est l’artiste. […] Ad augusta per angusta : elle n’a pas vu que la perfection est la récompense ou le prix du soin inquiet de la forme, Elle n’a pas voulu, selon l’expression de Boileau, « parler grec et latin en français » ; — ou du moins Boileau se trompe en en faisant le reproche à Ronsard, dont la veine est de soi bien française ; — mais elle a voulu faire passer en français toutes les richesses de la poésie grecque et latine et, faute d’un peu de discernement, les pauvretés avec les richesses.
Ils sentirent combien s’affirme désirable une alliance étroite entre la pensée latine et la pensée germanique. […] Jullien a voulu dire que la forme même du vers suffisait à dénuer de vie une œuvre d’art, il devra tenir pour inférieures non seulement les tragédies de Racine et beaucoup de comédies de Molière mais encore presque tout la théâtre de Shakespeare, Plaute et Térence chez les latins, Aristophane et les tragiques grecs — bien d’autres. […] Jullien n’est pas sans savoir que les vers latins et grecs s’éloignent beaucoup plus des proses grecque et latine que le vers français ne s’éloigne de la prose française.
» On pourrait le retrouver, en montant au premier étage, au piano nobile des palais vénitiens de Corfou, en explorant l’ancien duché de Naxos, en visitant les familles latines de Santorin, même eu poussant une pointe jusqu’à Malte. […] Depuis que nous avons perdu l’Alsace, un contrepoids manque à nos qualités latines. […] Le scholar, récemment affranchi du quartier latin, se grisait d’arômes et de couleurs, de lumière et d’ombre, de magnificence et de beauté. […] Dans l’immense domaine de l’Amérique du Sud, le Latin est refoulé, supplanté, « roulé » par l’Anglais, surtout par l’Allemand… Plus loin encore que M. […] Chailley-Bert se souvient des fabulistes latins : À quoi bon s’indigner et s’inquiéter ?
On nous annonce maintenant une « renaissance latine ». […] Ce ne sont pas seulement les auteurs grecs et latins, ce sont les classiques français qu’on étudie de moins en moins dans les collèges. […] Ce « latin » nous arrive au moment où nous commençons à nous fatiguer de ce qu’on appelle d’un mot et en bloc : les littératures du Nord. […] Nous soupirons après une « renaissance latine ». […] Rémy de Gourmont sait du latin.
La plupart de ses collègues étaient assemblés autour d’un ministre qui avait à sa solde des écrivains mercenaires chargés de retrancher des poëtes latins tout ce qui concernait la Divinité, afin de les rendre classiques pour les écoles républicaines. […] Aucun ne vous laissera dans l’âme cette harmonie paisible du beau antique que les Grecs, ou les Latins, ou les Indous appelaient la beauté suprême, parce qu’elle était à la fois vérité et volupté, et qu’elle produisait sur le lecteur un effet divin et éternel sentiment de l’âme à tout ce que l’on désire, qui la remplit sans la laisser désirer rien de plus, ivresse tranquille où les rêves mêmes sont accomplis, et où le style, où l’expression ne cherche plus rien à peindre, parce que tout est au-dessus des paroles.
Son hérédité particulière reproduit en petit l’hérédité même de la race française, de qui la substance première, d’origine celtique, fut constamment régénérée par la vigueur et la grâce de l’esprit latin. […] Voilà pourquoi nous l’honorons comme un des plus grands esprits qu’aient produits les tribus latines, comme le sage des temps nouveaux.
* * * La grande question moderne — et aujourd’hui dominant tout, et menaçante — c’est ce grand antagonisme du Latin et du Germain : ce dernier devant dévorer le premier. Et cependant, prenez, dans le tas de ces deux humanités, un échantillon de chacune, l’intelligence personnelle sera presque toujours du côté du Latin, de l’Italien par exemple.
Mais déjà, sans doute, quand il écrivait cette dernière phrase, une idée encore plus hardie s’élaborait dans l’esprit de Léon XIII, et déjà son active imagination voyait s’ouvrir les perspectives de l’Encyclique du 20 juin 1894 sur l’Unité catholique : Pendant que notre esprit s’attache à ces pensées, — de réconciliation des Églises orientales avec l’Église latine, — et que notre cœur en appelle de tous ses vœux la réalisation, nous voyons là-bas, dans le lointain de l’avenir, se dérouler un nouvel ordre de choses, et nous ne connaissons rien de plus doux que la contemplation des immenses bienfaits qui en seraient le résultat naturel. […] Il y a ici, dans les traductions françaises : « Sous réserve des droits acquis », ce qui me semble une traduction trop libre et quelque peu abusive du latin Salva justitia.
Milton, Poésies latines. […] Inutile de multiplier les exemples. — La langue grecque distingue lire tout haut : […] ou […], et lire tout bas : […] (mot à mot : prendre connaissance) ; mais ce dernier terme, tout abstrait, ne renferme aucune allusion à la parole intérieure, et, en latin, la distinction s’affaiblit : recitare signifie lire tout haut, legère a les deux sens ; en français, elle a totalement disparu : nous n’avons qu’un mot, lire, pour les deux opérations, et ce mot ne signale à l’esprit ni la présence de la parole extérieure dans le premier cas, ni celle de la parole intérieure dans le second.
C’est, en effet, sur l’historien latin qu’il tenta pour la première fois cette expérience de démontage. […] Et à peine réussissons-nous à le comprendre, nous Latins, à qui manquent le mot et la chose. […] Il disait : « Je n’aurais dû écrire sur la philosophie qu’en latin, pour les initiés ; on risque trop de faire du mal aux autres. » Barbey d’Aurevilly, critique Ils ont l’air graves, ces in-octavo que la librairie Lemerre nous donne d’année en année, sous ce titre : les Œuvres et les Hommes, — l’air lourds aussi ; mais cela ne tient qu’à l’épaisseur du papier. […] Je ne sais pourtant si je ne préfère pas encore les figures d’écoliers groupés autour de Berryer adolescent, sous les arbres de Juilly : Gruey, cœur délicat et rude travailleur, Nicod, grand joueur à la balle et fort en vers latins, Lichtenstein, Gibert, les deux Granville, Lucien et Christian de Chateaubriand, Christian surtout, ce franc compagnon, le plus rieur de tous et le plus pieux, qui entra chez les Jésuites en passant par les dragons de la garde. […] Adolescent, il dévorait les poètes, tous les poètes, les français, depuis les symbolistes jusqu’aux trouvères, les grecs, les latins, depuis Ennius, dit quelqu’un qui le connut, jusqu’à Claudien et jusqu’à Rutilius Numantianus, avec un goût pour les raffinements maladifs et les corruptions savantes.
Mais la lecture de l’élégie latine, loin de diminuer mon admiration pour André Chénier, ajoute encore à ma sympathie pour ce génie heureux et privilégié ; car s’il m’est impossible de méconnaître dans Tibulle l’origine de l’ode française, je suis forcé en même temps d’avouer qu’il y a entre l’élégie latine et l’ode française un immense intervalle, et qu’il fallait, pour le combler, une pénétration et une puissance singulières. […] Cette manière de comprendre les femmes appartient précisément à l’élégie latine. […] Tous ceux qui sont assez lettrés pour vivre familièrement dans le commerce des historiens latins, tous ceux qui peuvent lire Tite-Live sans le secours plus ou moins perfide des traducteurs, savent à quoi s’en tenir sur la valeur de cette admiration.
Une tradition veut qu’il ait surtout accepté cette invitation chez Ninon parce qu’il y devait rencontrer Boileau, et que Boileau lui avait promis de travailler avec lui au latin macaronique de la cérémonie du Malade imaginaire. […] Le latin macaronique, où s’amusait l’auteur du Malade imaginaire, en compagnie de Boileau et de La Fontaine, témoigne de la science que possédait le traducteur de Lucrèce. […] Eudore Soulié a réunis, et qui nous font connaître la bibliothèque de Molière, cette bibliothèque petite mais choisie, où, chose étrange, Plaute, Rabelais, les bouffons italiens ne figurent pas, mais où l’on rencontre la Bible, Plutarque, des grecs et des latins, Balzac, Montaigne, un traité de philosophie, des livres d’histoire et des voyages. […] Huet, l’évêque d’Avranches, composa une épitaphe en latin : Plaudebat Moleri, etc.
La fureur antisémite, anti-protestante, antilibérale, déchaînée à l’occasion d’un déni de justice dont l’évidence est un scandale pour le monde étonné, menace, en ramenant des temps, des spectacles, des mœurs, qu’on ne croyait plus rencontrer que dans les anciens récits de l’histoire, de précipiter la ruine de la France, réduite au misérable néant de l’Espagne et des autres pays de la décadence latine. […] Le peintre Charles Durand n’a eu qu’à supprimer le d final et à traduire Charles en latin : Carolus Duran. […] À Molière on préférait obstinément Térence et Aristophane. « Nous ne réussissons que par l’imitation des anciens », écrivait le conseiller Lantin, à propos de La Bruyère, imitateur de Théophraste, et le président Bouhier raillait l’auteur des Caractères de se croire au-dessus du versificateur latin, Santeul. […] Les missionnaires perdaient leur latin — et leur anglais — à essayer de faire comprendre à ces païens qu’il est mal de manger son semblable. « Je t’assure que c’est bon », répétaient-ils, assis par terre en cercle et montrant leurs dents longues. […] Prenons, par exemple, le mot père, en sanscrit pitar, en zend patar, en grec et en latin pater : ce mot est dérivé de la racine PA, qui signifie protéger, supporter, nourrir ; car le père était considéré, au berceau de l’humanité,, comme le protecteur, le soutien et le nourrisseur de la famille. — Le mot sanscrit duhitar.
Encore les nouveaux programmes du baccalauréat ont-ils porté un coup funeste à ce fameux Midi, roi des étés, que les rhétoriciens ne mettent plus en vers latins, opération qui n’était pas commode. […] Surtout il rajeunit notre langue poétique aux sources grecques et latines. […] Disons le mot, cela fait songer à d’excellents vers latins : ceux qui se sont délectés à cet exercice avant le découronnement des études classiques me comprendront. […] François Coppée me rappelle les grands versificateurs de « l’âge d’argent » de la littérature latine.
Depuis, toute cette végétation s’est développée ; l’Odéon est devenu une forêt vierge : la lune y pénètre par le toit crevassé ; les fées l’habitent, les lutins y dansent ; parfois deux ou trois couples du quartier Latin, qui ont par hasard découvert cet asile mystérieux, s’y donnent des rendez-vous… Et à cause de cela beaucoup de gens croient que l’on joue à l’Odéon le Songe d’une nuit d’été. » Ainsi parleraient sans doute ces revenants ironiques, prolongeant une plaisanterie surannée. […] Où donc es-tu, mon vieux quartier Latin ? […] Ils n’habitent plus au quartier Latin, mais aux environs de la place Pigalle et non loin du Chat-Noir. […] Meilhac et Halévy, se sait bon gré de les comprendre, est tout heureux de retrouver au fond de sa mémoire des lambeaux d’Homère et de Virgile, des souvenirs de textes grecs ou latins qui l’ennuyaient fort, qu’il comprenait mal et qu’il ne sentait à aucun degré, mais qui lui inspiraient tout de même du respect : car il était entendu que d’avoir ânonné sept ou huit ans sur ces textes, cela constituait une éducation proprement « libérale ». […] Et alors il se gaudit, et, pour un peu, il ferait à son voisin des citations latines, comme les deux Labadens qui se retrouvent dans la comédie de Labiche.
Oui, mais aussi, dès que les Grecs et les Latins lui eurent apporté la forme qu’elle cherchait en vain, en quelles œuvres originales, et vigoureuses, et délicates, éclata le génie de la France ! […] Ces « figures immobiles », ces « types » (dont quelques-uns nous venaient de la comédie latine), c’est le capitan ou matamore, le parasite, le pédant, le poète extravagant, le vieillard amoureux et jaloux, généralement avare, la vieille amoureuse, la femme d’intrigue, la nourrice, le valet farceur et fripon. […] Car ce vieux livre, traduit du latin de Vivès par Pierre de Changy et imprimé pour la première fois en 1542, se trouvait, assurément, cent vingt ans plus tard, dans la bibliothèque de Sganarelle et dans celle d’Arnolphe ; et les théories que Sganarelle expose à Ariste dans l’École des Maris, et le sermon qu’Arnolphe fait à Agnès dans l’École des Femmes, ne paraissent autre chose que des résumés de cet antique ouvrage. […] Et enfin, ce à quoi Vivès s’attache dans ces exemples empruntés à l’antiquité grecque et latine, ce sont les faits, et non pas l’esprit. […] On put croire d’abord que le jeune poète parnassien n’avait vu dans ces récits qu’un exercice amusant et difficile de versification, quelque chose comme le plaisir d’écrire en français des vers latins (si j’ose cette catachrèse) sur des sujets réfractaires à la poésie.
Qu’il entre tant soit peu de dialectique dans l’étude des dialectes (et qu’on ne m’accuse pas de jouer sur les mots, quand, au contraire je joue mots sur table), et le classique jardin des racines grecques et latines, au lieu de faire penser à un dépositoire d’affreux chicots, se repeuplera de ces membres vivants qui vont dans la terre chercher la nourriture des arbres et des plantes, et permettent ainsi, leur maturité aux fruits, à ces grains d’orge dont Engels, dans l’Anti-Dühring constate que des milliers sont écrasés, bouillis, mis en fermentation et finalement consommés. […] Citation extraite d’une pièce de théâtre de l’auteur latin Térence (184-159), intitulée L’Héautontimorouménos, Flammarion, coll. « GF », 1993. […] Proverbe latin : « l’âne frotte l’âne ».
Pour les plantes, j’ai employé les noms latins, les mots reçus, au lieu des mots arabes ou phéniciens.
Dans les collèges de l’Université, on n’enseigne point l’histoire604. « Le nom de Henri IV, dit Lavalette, ne nous avait pas été prononcé une seule fois pendant mes huit années d’études, et, à dix-sept ans, j’ignorais encore à quelle époque et comment la maison de Bourbon s’est établie sur le trône. » Pour tout bagage, ils emportent, comme Camille Desmoulins, des bribes de latin, et ils entrent dans le monde, la tête farcie « de maximes républicaines », échauffés par les souvenirs de Rome et de Sparte, « pénétrés d’un profond mépris pour les gouvernements monarchiques ».
Plusieurs médecins ont cité l’histoire d’une fille de vingt-cinq ans, très ignorante et ne sachant pas même lire, qui, devenue malade, récitait d’assez longs morceaux de latin, de grec et d’hébreu rabbinique, mais qui, une fois guérie, parlait tout au plus sa propre langue.
. — Prenons un mot latin, le mot securis.
Un de ces grands poètes latins que vous n’estimez qu’à moitié, vous, fiers descendants d’Homère et de Pindare, a prononcé cette sentence : Il faut que Médée soit féroce ou indomptée…… Je m’en tiens là… — À demain, à demain !
Nous entendons bien ce que veut dire le mot romanesque ; il s’applique à des histoires fabuleuses du genre de celles qu’on écrivait, au moyen âge, dans les jargons appelés Romans, ou romains rustiques, grossières altérations de la langue latine, informes ébauches des langues modernes.
Il lui suffit que les noms grecs et latins aient une plus douce harmonie que les noms germaniques, pour condamner l’épopée aux sujets païens et lui interdire le moyen âge.
» se demandait un jour un Père Jésuite dans un discours latin qui fit quelque scandale.
Ni Mme de Sévigné, quoique Ménage lui eût appris le latin et que l’hôtel de Rambouillet l’eût faite un moment bel esprit, ni Saint-Simon, quoiqu’il ait mis en tête de ses Mémoires des considérations fort peu claires sur l’histoire, n’ont voulu ni cru être des auteurs.
Le 2 ou 3 novembre 1845, je franchis le dernier seuil par lequel l’Église avait voulu me retenir, et j’allai m’établir dans une institution du quartier Saint-Jacques, relevant du lycée Henri IV, comme répétiteur au pair, c’est-à-dire, selon le langage du Quartier Latin d’alors, sans appointements.
Quoique les Divinités du Paganisme eussent une existence réelle dans l'opinion des Grecs & des Latins, Homere & Virgile les représentent sous des images visibles & connues, toutes les fois qu'ils les introduisent sur la Scene pour leur faire jouer un rôle.
Delmont, le jeune homme, après mainte fredaine, faisait le projet de quitter la Chaussée-d’Antin pour le Quartier latin, et d’y devenir absolument sage : La raison doit enfin disposer de ma vie ; Je ne veux plus du temps follement abuser, Et je n’ai pas vingt ans, monsieur, pour m’amuser.
À la suite de ces vers, où l’on reconnaît l’ami de La Fontaine, je lis, écrites de la main de Sieyès également, des pensées latines extraites de Salluste et surtout de Lucain ; entre autres : « Jusque datum sceleri » (Le crime eut force de loi), dont il a fait usage dans la Notice qu’il publia sur sa propre vie en l’an III, et cet autre passage : « … Ruit irrevocabile vulgus », qui exprime la force fatale de la démocratie triomphante.
On y trouve beaucoup de latinisme, parce que l’auteur avoit d’abord écrit en latin les trois premiers volumes de son ouvrage, & qu’il ne les publia en françois qu’à la priére de ses amis.
Boileau, en traduisant le commencement de l’Énéide, a mis trois vers pour deux, comme le remarque M. de la Harpe, et pourtant il a supprimé l’une des circonstances les plus essentielles dont l’auteur latin avait voulu frapper l’esprit du lecteur.
Une certaine obscurité plane sur l’étymologie du mot latin ; on le rattache généralement au grec […], qui signifie errer, au sens physique, et, par extension, divaguer.
Voyez-le, quand il veut exprimer le double caractère et comme la double personnalité d’un de ces Flamands qui avaient étudié en Italie, d’un de ces romanistes, comme on disait, qui allaient apprendre la peinture à Rome, à Florence, à Venise, et puis, de retour au pays natal, ressaisis par le génie si profond et si particulier de la race, finissaient par triompher de leurs maîtres latins, et par plier leur éducation méridionale aux rêves d’un idéal qui n’avait pas changé.
Zola n’était pas encore au temps où Mme de Staël écrivait : « La littérature est l’expression de la société. » Avant Mme de Staël, La Bruyère avait commencé son livre des Caractères par cette phrase charmante en sa douce malice : « Je rends à mon siècle ce qu’il m’a prêté. » Les Grecs et les Latins, avant La Bruyère, avaient plus d’une fois dit à peu près la même chose.
Je me rappelle un dîner que nous lui donnâmes chez Pinson et une fantastique promenade au clair de la lune que nous lui fîmes faire à travers le quartier latin. […] Voyez avec quelle entente des oppositions il a encadré la peinture aux tons chauds de la vie échevelée du pays latin entre deux gentilles églogues. […] Voyez avec quelle entente des oppositions il a encadré la peinture aux tons chauds de la vie échevelée du pays latin entre deux gentilles églogues. […] Ses livres ne conquièrent pas plus de partisans à la vie de bohème qu’à la vie du pays latin. […] C’est le spécimen d’une folle journée du quartier latin en 1817.
Il collaborait aux petits journaux du quartier latin : la jeune France, etc. […] Au temps du boulangisme, des monômes sillonnent les rues du quartier latin ; M. […] Ceux qui croiraient qu’ils ont à enseigner la grammaire simplement et que la plus grave question du jour est de décider si l’étude du latin doit commencer en sixième ou en septième se sont trompés dans le choix de leur vocation. […] Songez que les cours continuent de s’y faire en latin ! On y passe six années à faire, dans le latin le plus barbare, de la philosophie ou de la théologie la plus archaïque.
Il apprit le latin comme un homme qui devait plus tard écrire Brutus et la Mort de César. […] À quatorze ans, il suivait seulement l’ornière banale des études de collège, grec et latin.
» C’est Léonide Leblanc, qui interpelle ainsi le jeune Lambert, et le mépris qui sort de la bouche de la femme, qui a été aimée par des princes, pour le jeune premier du quartier Latin, ne se peut noter. […] Bourget vient aujourd’hui au grenier, et se met à conter, pittoresquement, l’intérieur de Nicolardot, vivant dans la mansarde d’une maison de passe, d’une des rues du quartier Latin.
Ce ne sont pas eux qui ennobliront leur langage par la recherche des termes généraux, des « communia verba » chers à la pastorale latine, et plus encore à la pastorale du xviie et du xviiie siècle. […] Il n’est rien de plus abstrait que la grammaire : aussi laissent-ils rouiller le mécanisme ingénieux et compliqué de la langue latine. Quand ils se l’approprient, comme les Gaulois, c’est en faisant triompher définitivement le latin populaire du latin savant. […] Sa force immobile, cette force qui repose placidement en soi, sa simplicité sévère et majestueuse nous avait été dérobée par des interpositions plus modernes qui, comme l’idéalisme de Phidias, la revêtaient d’une beauté plus humaine et mieux équilibrée, ou comme les adaptations latines, l’effaçaient sous des imitations trop industrieuses qui corrompaient sa pureté, abaissaient sa grandeur fière et noyaient ses purs reliefs et ses couleurs vives dans le terne assombrissement des fictions romaines. […] Il redresse au cordeau les caprices de ses sentiers ; il grave sur ses arbres des devises italiennes et latines ; il enferme en des canaux ses eaux courantes et les force, comme il lui plaît, de murmurer ou de se taire ; il aime que le parc tienne à distance la forêt sauvage.
Qu’un tremblement de terre abîmât dans un gouffre cette Florence qui n’est pourtant pas bien vieille, — car son histoire date vraiment du début du douzième siècle — et la civilisation latine, autant dire la civilisation tout court, aurait subi la plus irréparable des pertes. […] Ces émigrants des steppes immenses et d’une société encore chaotique s’émerveillaient de cette citadelle de l’ordre latin où, nous autres Français, nous venions retrouver les plus pures qualités du commun héritage méditerranéen portées à un degré supérieur, et tous, Anglais, Russes, Français, quel conseil pratiquions-nous, sinon celui de l’héroïque Michel-Ange répondant à un cardinal qui lui demandait, le voyant se diriger sous la neige vers un monument d’autrefois : « Où vas-tu par un temps pareil ? […] Puis ce sont les Sibylles avec des inscriptions latines qui rappellent les auteurs antiques qui en ont parlé : la Sibylle de l’Hellespont (Sibylla Hellespontica), née en Troade, et dont Héraclite écrit qu’elle vécut du temps de Cyrus, la Sibylle de l’Érythrée (Sibylla Erythrœa) « qu’Apollodore déclare avoir été sa concitoyenne » — la Sibylle de la Lybie (Sibylla Lybia) « dont se souvient Euripide ». […] Si ce mot vient comme on l’a prétendu du verbe latin exinere, « tirer dehors », il prend son sens originel dans cette action de l’officier digne de ce nom qui, par son autorité d’abord, puis par sa seule existence, fait sortir de ceux qui travaillent sous lui et même qui l’approchent simplement, les énergies dont il est l’incarnation : le courage, l’acceptation de la hiérarchie, le sacrifice à l’intérêt commun.
Le besoin d’entendre bien parler, sur des matières bien connues de l’orateur, logiquement mises en ordre, composées en un discours solide, est naturel dans une société cultivée (l’atticisme cristallise autour de Lysias comme la littérature latine autour de Cicéron), et il l’était surtout chez les Français de l’âge classique. […] Entre la critique professionnelle et la critique d’artiste, l’état de lutte fait partie d’un rythme incorporé à la vie même de la littérature, comme la lutte entre Latins et Germains est incorporée à la géographie de l’Europe. […] Lisez, au trente-septième chapitre du premier livre, cet étonnant morceau de critique qu’est la comparaison des traits de cinq poètes latins sur Caton, la manière délicate dont ils sont classés, rendus en formes et en mouvements de plaisir. […] La succession de trois littératures classiques, grecque, latine, française, les « Grands siècles » qui s’y répondent, les liaisons qui s’y manifestent, les groupes qui s’y équilibrent, l’esprit de règle, de mesure et d’humanité qui y circule, tout ce qui tient pour nous dans le mot de classicisme, voilà le grand centre de la critique, la voie royale où elle voit s’avancer la littérature comme une procession bien ordonnée.
Il amène son fils que mon père saupoudre d’un peu de latin et en échange, M. […] Soubasson qui s’est fait indiquer les noms scientifiques des doigts de la main, et qui trouve que le latin est une bien belle chose vue que c’est toujours avec ce petit doigt qu’il se fouille l’oreille. […] Pour la seconde fois, les Latins ont conquis la Gaule ! […] La plus jeune, une fillette de dix-sept à dix-huit ans, avait le nez friand, du vice et de l’intelligence de Paris sur un minois futé, des bottines qui reniflaient l’eau, une tenue de petite rouleuse du Quartier latin, une voix éraillée, une conversation agrémentée de termes médicaux. […] Mais cette élégance factice résidait dans la physionomie plutôt que dans les manières ; ce dandysme n’était sur ni de son programme, ni de son tailleur, et sentait le quartier Latin. — « Il est charmant, mais pas très bien élevé !
Patin, dans sa leçon d’ouverture publiée le 16 décembre 1838 (Revue de Paris), a rapproché exactement la tentative de Chénier de l’œuvre d’Horace chez les Latins.
Seigneur, en latin du moyen âge, signifie « l’ancien », le chef du troupeau.
Passez les mers, et demandez à l’Amérique anglo-saxonne du Nord de reconnaître le principe des nationalités latines, espagnoles, portugaises, dans ces tronçons du Mexique et des républiques espagnoles de l’Amérique du Sud, par cette fédération envahissante des États-Unis, qui ne reconnaissent d’autres droits et d’autres origines que leur caprice.
VI Après cette magnifique et courte allocution, à laquelle la brève et mâle concision de la langue latine prête un accent d’inflexibilité et de supériorité d’âme qu’aucune éloquence ne surpasse, Tacite raconte les derniers soucis d’Othon pour ceux qui devaient lui survivre.
Il ne s’agit pas de tout cela, qu’un trait d’encre sème sur la page et qu’un coup d’ongle efface, comme dit le latin : il y a dans le livre plus de pages qu’il n’en faut pour pouvoir en déchirer quelques-unes.
Sa description est savante et réellement universelle : c’est le Cosmos latin.
La langue seule était flottante, empruntant tantôt à l’italien, tantôt au latin, tantôt au patois du Midi l’instrument de sa pensée.
) ; mots à terminaison latine qui jetteraient Cicéron ou Virgile dans des abîmes de perplexité (aluminium, fuchsia, eucalyptus, etc.).
Ne sit ancillae amor pudori pourrait dire maître Guérin, qui sait du latin, qui a le mot pour rire, et qui, de temps à autre, régale ses clients d’une citation d’Horace, comme il leur offrirait une prise de tabac : — « En usez-vous ?
Les sourdes ténèbres du lieu, les vieilles et puériles lois latines psalmodiées par le greffier, les paroles surhumainement graves, adressées par le juge, une touffe de fleurs à la main, à la misérable guenille d’homme devant lui, écartelé nu entre quatre piliers et oppressé de masses de fer, la bouche râlante, la barbe suante, la peau terreuse, muet et les yeux clos, cela est énorme et admirable.
Le vieux curé les suivait en récitant quelques versets de liturgie latine sur la brièveté de la vie ; un père et une mère pleuraient, en chancelant, derrière lui.
Il faisait imprimer dans son palais les traductions des bons auteurs grecs et latins ; il envoyait des géomètres et des physiciens au fond de l’Afrique et de l’Amérique, chercher de nouvelles connaissances.
Vous verrez qu’à propos de ce commentaire sur Pindare, écrit par un homme dont le seul mérite net et vrai fut de savoir bien le latin dans son temps, il est des gens qui parleront encore longtemps de la gloire de collège de Villemain ; et ils auront raison, car cette gloire a fait son heureuse position dans les lettres, et tous les livres qu’il a écrits depuis n’y ont pas beaucoup ajouté.
Tant y a que l’expedient que mon père y trouva, ce feust qu’en nourrice, et avant le premier desnouement de ma langue, il me donna en charge à un Allemand, qui depuis est mort fameux medecin en France, du tout ignorant de nostre langue, et très bien versé en la latine. […] Il en eut aussi avecques luy deux aultres moindres en sçavoir, pour me suyvre, et soulager le premier ; ceulx cy ne m’entretenoient d’aultre langue que latine. Quant au reste de sa maison, c’estoit une regle inviolable que ny luy mesme, ny ma mere, ny valet, ny chambriere, ne parloient en ma compaignie qu’autant de mots de latin que chascun avoit apprins pour jargonner avec moy. […] Il eut le temps d’exprimer dans une pièce de vers latins les émotions profondes qu’elle lui avait fait éprouver160. On a de l’Hôpital un recueil entier de poésies latines, écrites d’un style mâle et ferme.
André Gide sait l’allemand, ainsi que l’anglais, l’italien, le latin et le grec, et il cite beaucoup de textes dans ces diverses langues : les textes grecs sans l’ombre d’accentuation, malheureusement). […] Sur ces entrefaites, son vieux père l’envoie à la recherche d’un jeune bohème du quartier latin nommé Lafcadio Wluki, et qui n’est autre qu’un fils naturel de ce vieillard ; ancien diplomate, le comte Jules-Agénor de Baraglioul avait connu la mère, demi-mondaine cosmopolite, à Bucarest.
En dehors du dogme et de la foi, le catholicisme est sans doute ce qu’il y a de meilleur, mais il faut pour l’équilibre, qu’au-dessus du catholicisme, l’élément germain se mêle, en nous, à l’élément latin. […] Ils ne savaient rien, un peu de latin et pas de grec.
Moi je suis un latin de Paris… moi, je me vois plutôt dans des affaires de chapitre, des diplomaties de communautés, avec une grande vanité de jouer des hommes et des femmes pour le spectacle de l’ironie. […] Le matin, on a répandu une circulaire au quartier Latin, pour que la toile tombe au premier acte.
En présence d’un résultat fait pour me réjouir, pour réjouir tous les amis des belles-lettres qu’on appelle en latin humaniores, afin de les engager à n’être jamais inhumaines, je puis, sans qu’on me soupçonne de palinodie ou de faiblesse, déclarer, en toute franchise, que si j’avais pu croire nuire aux abonnements, ou plutôt si je n’avais espéré y contribuer dans ma très humble part, je n’aurais pas écrit une ligne sur la publication de M. de Lamartine. […] Un monde vieilli, sans maturité et sans innocence, une doctrine exposée aux interprétations violentes ou chimériques du rude génie latin ou de l’imagination subtile de l’Orient et de la Grèce, un prince pour qui le labarum était à peu près tout le symbole, et dont les intentions excellentes s’entremêlaient de mille ferments d’erreur et même d’emportements tyranniques et sanguinaires, voilà ce qui attendait l’Église délivrée et glorifiée au seuil de ces palais que lui ouvrait Constantin, sur les marches de ces temples qu’il décorait pour elle.
Je traitais les sujets de vers latins dans tous les mètres imaginables, et je me plaisais à imiter les styles qu’au collège on appelle de décadence. […] N’ayant pas appris le latin, il se servit ingénieusement de ce prétexte pour ne pas faire de centons d’Horace ou de Virgile. […] Méry eût pu citer les vers de tous les poëtes latins. […] A côté de son talent, moins éclairé que l’autre, nous avons essayé de le faire ressortir en quelques lignes, qu’on nous permettra de citer : « Melænis est un poëme romain où se révèle, dès les premiers vers, une familiarité intime avec la vie latine. […] L’amour du latin, déjà très-vif chez lui, semble l’avoir préservé de l’engouement qu’excitaient les littératures exotiques.
On fêtait beaucoup intéressé à lui et grand-père lui avait appris le latin. […] Maman était aux cent coups et fit venir les meilleurs médecins, qui y perdirent leur latin ; l’enfant étouffait, on le crut mort et même on lui jeta le drap sur la tête. […] Il nous racontait, avec orgueil, l’affreuse méchanceté qu’il avait imaginée, pour se venger de son bourreau : ayant poussé très loin l’étude du latin, qu’il approfondissait avec son père, très fort latiniste, il avait dépassé en savoir le pion qu’il détestait. Avec une malice diabolique, il glissait, dans un thème latin, quelque faute rare, difficile à remarquer pour un savant médiocre, et, quand le maître avait déclaré que le thème était sans faute : « Vous vous trompez, s’écriait l’élève, devant toute la classe attentive, il y a une faute dans mon thème, et la voici.
Le plantain, la roquette, la moutarde ont des effets contraires, ainsi que toutes ces plantes auxquelles les Grecs donnaient le nom de πολόδπερμς les Latins, celui de millegrana. […] Il y a un dicton célèbre sur ce sujet et qu’on ne cite jamais qu’en latin pour ce qu’il est un peu brutal. […] Latin populaire pectiniculum, de pecten, peigne. […] Jeu de mots en latin ; lepus-oris, lièrve, et lepor-oris, beauté.
Non content de mettre les autres hors de la philosophie, le dit déterministe parle latin au délégué. […] Esprit analytique, habile à saisir le détail des choses, il ne sait pas aussi bien pénétrer jusqu’à leur âme, jusqu’à ces profondeurs où les diverses parties d’un être, disjecti membra poetae (citons du latin ; nos moyens nous le permettent, comme dirait Giboyer) se relient et se coordonnent en un ensemble vivant, organique, harmonieux. […] Oui, mesdames, les femmes, par cela seul qu’elles ont été souvent d’aimables ignorantes, parce qu’elles n’étaient pas, comme dit l’autre, « embabouinées de grec et de latin », n’ont cessé de réclamer contre les formes rébarbatives et les lettres parasites introduites par les pédants barbus. […] Il existe encore à la Sorbonne, je crois, une chaire d’éloquence latine. […] N’est-il pas grotesque que pour obtenir le titre de docteur ès-lettres, en France, on soit encore condamné à écrire une thèse en latin ?
Elle s’était mise au latin et était arrivée à entendre les odes d’Horace ; elle lisait l’anglais et avait traduit en vers quelques pièces de William Cowper, notamment celle-ci dans les Olney Hymns : God moves in… etc.
Quelques citations d’Horace, qui lui sont échappées, me montrent même que, comme Mme de La Fayette, comme Mme de Sévigné, elle sut le latin : elle l’apprit, durant ces saisons de calme loisir, par les soins de son mari, et près du berceau de son fils ; car elle était mère à dix-sept ans.
« Il partit de Paris », dit Balzac, « avec le même habit qu’il portait en y arrivant. » C’était aux approches de la Saint-Barthélemy ; il se rendit à Rome avec son ami Manzuoli, un des secrétaires du cardinal, et fut accueilli par le pape Pie V, auquel il adressa une ode latine qui lui mérita sa faveur.
Il avait compris que de lier le prêtre à l’autel, à ses offices en latin, à son cérémonial séculaire, à sa prédication traditionnelle des lieux communs sans date, c’était l’éloigner du peuple, c’était inutiliser, tuer l’Église et la religion, sous prétexte de ne pas les compromettre.
Il veut faire un éleveur de roi, d’un fils de démocrate, que deux franciscains vont chercher dans un hôtel du quartier Latin, à l’escalier plein de filles en savates.
Il dépasse même ce latin.
Les barbares approchent, l’invasion vous menace ; songez que les déclamateurs en vers et en prose ont succédé jadis chez les latins aux poëtes et aux orateurs.
Ils verront que j’ai cherché à y épuiser toutes les formes de la phraséologie française, en luttant de toute ma puissance d’écolier contre les difficultés de la construction grecque et latine, travail immense et minutieux comme celui de cet homme qui faisait passer des grains de mil par le trou d’une aiguille. » Ainsi Nodier, qui s’était inspiré surtout, dans son style, des auteurs du xvie siècle, faisait entrer les éléments de la Renaissance dans le Romantisme, en complétant ainsi l’œuvre commencée par M. […] La difficulté n’est vaincue que grammaticalement, pour ainsi dire, puisqu’on peut reproduire en allemand la même série de syllabes longues ou brèves qu’en latin ou en grec ; mais où est l’harmonie, où est la musique du vers ?
Quelle erreur on a commise en retirant des mains de nos écoliers le Conciones et en remplaçant le discours latin par d’insipides exercices ! […] Il mêle incessamment sa réalité morose aux nobles idées dont nous entretiennent les classiques latins et grecs, rangés tout à côté sur une planche de sapin. […] Il explora le Quartier latin. […] Ce Germain et ces Latins ont vu l’Italie des empereurs, des papes et des républiques.
Au mois de janvier, lorsque les profanes guettent la « décision », la déclarent lente à venir et, de leurs vœux, hâtent le général en chef, Polybe leur traduit un chapitre de Tite-Live où, dans sa troisième Décade, ce Latin vante Fabius, dit le Temporiseur. […] La philologie latine et hellénique n’appartient à personne en particulier, date de Rome et d’Athènes. […] Ils sont aussi (comme, des Latins et des Grecs, disait Montaigne) nos bons amis du temps passé. […] Lui, Rémy de Gourmont, n’a pas redouté de lire le latin de cet Anglais, vu qu’il est futile de se fier à la traduction de La Salle, toute pleine d’arrangement. […] Au bout de son jardin, près des vagues, devant l’horizon de la mer latine, il avait désigné la place de sa sépulture.
Vers cette époque les « diacres civils », embryon du tchinovnisme futur, commencent d’aider les clercs dans leurs traductions du latin et du grec. […] On le plaça par la suite au gymnase de Niéjine, on lui montra le latin et les langues étrangères ; ses biographes nous assurent qu’il fut un détestable écolier. […] Le français, renforcé de grec et de latin, appelant à son aide tous ses patois du Nord et du Midi, la langue de Rabelais enfin, peut seule donner une idée de cette souplesse et de cette énergie. » — Je dois pourtant faire entrevoir quelques-unes de ces pages classiques ; on les apprend en Russie dans toutes les écoles. […] oui, cela vient du latin nihil, chez nous nitchevo, autant que je puis juger ; cela doit signifier un homme qui n’admet rien. — Dis plutôt, ajoute un autre vieux, qui ne respecte rien. — Qui considère tout du point de vue critique, reprend le jeune homme […] Le nihiliste, c’est l’homme qui ne s’incline devant aucune autorité, qui n’admet aucun principe comme article de foi, de quelque respect que soit entouré ce principe. » Le bonhomme Kirsanof, un classique de 1820, ne remontait qu’au latin.
S’il est vrai, comme il semble, que la royauté et l’organisation nobiliaire de l’armée sont perdues chez les peuples latins, il faut dire que les peuples latins appellent une nouvelle invasion germanique et la subiront. » II Heureux qui trouve dans des traditions de famille ou dans le fanatisme d’un esprit étroit l’assurance qui seule tranche tous ces doutes !
On prend la liberté de lui citer Horace, puisqu’elle rapporte souvent le texte des auteurs latins. […] Il la peint consultant tous les jours les prêtres d’Isis, les devins juifs, les augures latins ; il parle autant de la piété crédule que de l’amour de sa maîtresse ; et c’est pour cela qu’il la chérissait peut-être. […] C’est précisément ce qui était arrivé au plus fameux des rhéteurs latins.
Le Père Lemoyne dans ses épîtres, Rapin, Vanière et autres dans leurs poésies latines, ont rempli à cet égard avec talent, et quelques-uns avec goût, l’intervalle qui sépare Du Bartas de Delille.
Ils ont prononcé la parole unique, héroïque ou tendre, enthousiaste ou assoupissante, la seule qu’autour d’eux et après eux le cœur et l’esprit voulussent entendre, la seule qui fût adaptée à des besoins profonds, à des aspirations accumulées, à des facultés héréditaires, à toute une structure mentale et morale, là-bas à celle de l’Indou ou du Mongol, ici à celle du Sémite ou de l’Européen, dans notre Europe à celle du Germain, du Latin ou du Slave ; en sorte que ses contradictions, au lieu de la condamner, la justifient, puisque sa diversité produit son adaptation, et que son adaptation produit ses bienfaits Cette parole n’est pas une formule nue.
Le français, l’italien, le grec, le latin, l’histoire, la théologie, la poésie, la musique, la danse se partageaient, sous les plus savants maîtres et sous les plus grands artistes, ses études.
Cette littérature puissante et rude comme le climat et comme le temps, n’a rien de commun avec la littérature grecque ou latine, encore moins avec les molles et perverses imitations de la Grèce ou de Rome par l’Italie moderne, par l’Espagne ou par la France jusqu’à Corneille.
A six ans, il « lisait aux quatre langues », française, grecque, latine et hébraïque.
Ce sont les morales raides où il peut y avoir des niches, à poussières, à microbes, des moisissures et des creux de pourriture, dans des coins dans les raideurs, des dépôts, lues, et ce que nos Latins nommaient situs, une moisissure, une saleté venant de l’immobilité, d’être laissé là.
Nous en avons des rédactions diverses, dont plusieurs latines : le roman du Gral et le Peredur (le Perceval breton) sont très spécialement célèbres.
Marcelle Tinayre a appris le latin, Mme de Noailles a lu Ronsard, Mme de Régnier a reçu de son père une forte éducation.
Dimanche 5 mars Aujourd’hui Tourguéneff est entré chez Flaubert, en disant : « Je n’ai jamais si bien vu qu’hier, combien les races sont différentes : ça m’a fait rêver toute la nuit… Nous sommes cependant, n’est-ce pas, nous, des gens du même métier, des gens de plume… Eh bien, hier, dans Madame Caverlet, quand le jeune homme a dit à l’amant de sa mère qui allait embrasser sa sœur : « Je vous défends d’embrasser cette jeune fille. » Eh bien, j’ai éprouvé un mouvement de répulsion, et il y aurait eu cinq cents Russes dans la salle, qu’ils auraient éprouvé le même sentiment… et Flaubert, et les gens qui étaient dans la loge, ne l’ont pas éprouvé ce moment de répulsion… J’ai beaucoup réfléchi dans la nuit… Oui, vous êtes bien des latins, il y a chez vous du romain et de sa religion du droit, en un mot, vous êtes des hommes de la loi… Nous, nous ne sommes pas ainsi… Comment dire cela ?
Les Latins se sont aussi exercés à faire des parodies ; mais il ne nous reste que des fragmens des leurs & de toutes celles des Grecs.
Mes yeux fichés, collés sur ces bourgeois superbes, parcouraient tout ce grand banc à genoux, ou debout, et les amples replis de ces fourrures ondoyantes à chaque génuflexion longue et redoublée, qui ne finissait que par le commandement du roi par la bouche du garde des sceaux ; vil petit-gris qui voudrait contrefaire l’hermine en peinture, et ces têtes découvertes et humiliées à la hauteur de nos pieds. » Qui songe à rire de ces pédanteries latines et de ces détails de costumier ?
La chevalerie dégage une poésie, vouée à Dieu, à la valeur, aux dames, avec un décor autochtone de châteaux, de forêts, de sorciers, d’enchanteurs, poésie longtemps informe, qui eût à la longue tourné en une grande littérature romantique, qui y tourna réellement avec Dante, mais qui, sur la plus grande partie de son front fut arrêtée, refoulée, déviée, à partir de la Renaissance, par l’imitation des Grecs et des Latins. […] Il y a un secteur du mouvement littéraire où tout se passe comme si romantique dérivait non de romanesque et de roman, mais de la langue romane, qui, prétend Sismondi, « était née du mélange du latin et de l’ancien allemand. […] La Harpe y commença un cours général de littérature grecque, latine et surtout française qui dura, (avec une interruption de trois ans à la fin de la Révolution) de 1786 à 1798. […] Classique, qu’on trouve déjà au xvie siècle, a deux sens : l’un ancien, conforme au sens latin de classicus, soit, appliqué à un auteur, écrivain de la première classe, ou, comme nous dirions, « de classe », grand cru classé de la littérature, — un autre plutôt péjoratif, auteur bon pour les classes des collèges.
Fléchier, « prédicateur du roi », solide poète latin, agréable poète français, homme du monde, vint en 1665 aux Grands Jours d’Auvergne avec le fils de M. de Caumartin, dont il était précepteur. […] Ayant fait un poème latin sur les Grands Jours, il le justifiait en ces termes : « Ce poème a trois parties : la préparation, la narration, la conclusion. […] Mes yeux fichés, collés sur ces bourgeois superbes, parcouraient tout ce grand banc à genoux ou debout, et les amples replis de ces fourrures ondoyantes à chaque génuflexion longue et redoublée qui ne finissait que par le commandement du roi par la bouche du garde des sceaux, vil petit-gris qui voudrait contrefaire l’hermine en peinture, et ces têtes découvertes et humiliées à la hauteur de nos pieds. » Qui songe à rire de ces pédanteries latines et de ses détails de costumier ? […] La Gaule, l’Espagne et l’Afrique étaient latines.
Et loin enfin ces dénouements qui nous étonnent, sans doute, et qui nous surprennent, mais dont, au sortir du théâtre, il nous faut aller vérifier l’authenticité dans le latin barbare des Jornandès ou des Ammien Marcellin ! […] Il ne s’agissait, en effet, à vrai dire, de rien de moins que de savoir si les Grecs et les Latins demeureraient éternellement nos maîtres, les régulateurs de nos jugements, et les modèles de notre art. […] Elle écrit à son ami Saci, le traducteur de Pline, et, quelques mots de latin s’étant glissés sous sa plume, elle s’en excuse dans les termes suivants : « Il me semble qu’avec vous, cher Saci, en me mêlant de citer, je franchis les bornes de la pudeur… et que je vous fais part de mes débauches secrètes. » Je ne saurais dire si Marivaux a fréquenté chez Mme de Lambert, mais nul n’en eût été plus digne ; et ce que nous savons avec certitude, c’est que tous les amis littéraires de la précieuse marquise furent aussi les siens.
Les comédiens italiens la jouèrent à Paris en 1664 sous le titre de le Festin de pierre, peut-être par une confusion de convive signifiant encore au xvie siècle repas (du latin convivium) et de convive signifiant au xviie siècle celui qui prend part à un repas (du latin conviva). […] Ils le sont en ce sens qu’un faiseur de fagots, d’une ignorance parfaite, seul dix mots de latin qu’il a retenus ayant été domestique chez un apothicaire, fait très bien l’effet d’un médecin, impose comme tel, est admiré comme tel, se fait une réputation en un tournemain et guérit aussi bien qu’un médecin pourrait faire. […] La pièce est de Plaute ; mais Molière l’a remaniée librement, y a mis beaucoup de lui et lui a donné une finesse et aussi une poésie, par exemple dans les dialogues entre Jupiter et Alcmène, qu’elle était infiniment loin d’avoir dans l’auteur latin. […] C’est Monsieur Caritidès, des Fâcheux, qui raffine sur l’habitude, surannée du reste, d’habiller son nom en latin et qui travestit le sien en grec et qui recherche la faveur des gens de cour pour faire parvenir ses placets au Roi et pour leur donner tout le poids qu’il faut ; c’est Monsieur Lysidas le critique, à cheval sur les règles, et qui se fait tout blanc d’Aristote et qui a pour doctrine que seuls les savants, à l’exclusion de la Cour et du parterre, se connaissent aux ouvrages de l’esprit et ont qualité pour décider de leur valeur.
C’était, si vous vous en souvenez bien, dans ces jours néfastes où le public épouvanté l’entendit parler latin ; pecudesque locutæ ! […] J’arrachai les herbes qui couvraient quelques lettres latines, et bientôt je parvins à lire ce premier vers des élégies d’un poëte infortuné : — « Mon livre, vous irez à Rome, et vous irez à Rome sans moi. » « Je ne saurais vous peindre ce que j’éprouvai en retrouvant au fond de ce désert le tombeau d’Ovide.
Il prononce un benedicite latin, — toujours ce latin qui glace l’onction des prières. […] J’ai connu jadis au quartier Latin un très honnête et très charmant garçon qui n’eût pas, comme on dit, fait de mal à une mouche et qui, rentré chez lui, en roulant des cigarettes, écrivait paisiblement sans passion aucune, des brochures qu’il intitulait : Cris de Haine ! […] Rabelais, et le fait est bien prouvé, avait un enfant, né à Lyon ; il l’avait reconnu et nommé Théodule ; le pauvre Théodule mourut âgé de deux ans, et aux larmes que versent les amis de Rabelais, il est permis de croire que celui à qui on a infligé un éclat de rire perpétuel ne rit pas pendant toute sa vie ; son ami intime, prêtre comme lui, faisant partie comme lui du cénacle de Marguerite de Navarre, a laissé sur ce petit mort des élégies, des distiques des plus touchants ; on y respire le parfum de l’antiquité ; je copie l’épitaphe traduite d’élégants vers latins : À Théodule Rabelais, mort âgé de deux ans Tu demandes qui repose en ce tombeau si petit ? […] Catéchisme, rudiment, explication conjugaisons latines : Bien.
. — Lisette célébrée en latin barbare. — Attraits de la laideur. — Le mysticisme obscène. — La Messe-Noire. — Les procédés de M. […] On trouve, enclavée dans les pièces françaises qui composent les Fleurs du Mal, un hymne en latin barbare consacré à célébrer… quoi ? […] quand même cela serait possible, quand même nous autres, Français et modernes, nous pourrions, à notre fantaisie, et de manière à faire illusion, nous déguiser en Virgiles ou bien en Homères, en Phidias ou bien en Praxitèles, et produire des œuvres vraiment grecques ou latines, à quoi bon ? […] En tête-à-tête avec ses trois mots latins, M.
Dans ce livre comme dans l’Amour, Stendhal aborde un scabreux cas physiologique qu’il juge psychologique et qui valut à Henri IV le surnom de capitaine Bon-Vouloir, comme à Condé le fameux compliment de Ninon qui, le voyant fort velu et se rappelant le proverbe latin, lui dit, en éclatant de rire : « Il faut que vous soyez bien courageux ! […] Jean Carrère n’avait pas besoin pour faire connaître son nom du tapage des émeutiers qui avaient transporté leur industrie au quartier Latin, imposant ainsi de bien compromettants alliés aux étudiants ; il lui suffisait de publier un livre comme ses : Premières poésies, qui viennent de paraître à la bibliothèque de la Plume. […] Bien que ce soit le poète et non pas l’homme que nous voulons étudier ici, il est assez intéressant de constater que son talent est bien la résultante de son individualité et que l’on retrouve dans les œuvres de ce descendant de conquérants espagnols le charme et la pureté de la race latine, en même temps que l’amour du pompeux et du flamboyant qui est le propre de la littérature d’au-delà des Pyrénées. […] Car rien de tout cela n’est latin, n’est français, ne jaillit de notre sol, de notre inspiration nationale.
Dès la seconde page, Saint-Simon nous montre sa mère qui lui donne dès l’enfance de sages conseils et qui lui représente la nécessité, à lui fils tardif d’un vieux favori oublié, d’être par lui-même un homme de mérite, puisqu’il entre dans un monde où il n’aura point d’amis pour le produire et l’appuyer : « Elle ajoutoit, dit-il, le défaut de tous proches, oncles, tantes, cousins germains, qui me laissoit comme dans l’abandon à moi-même, et augmentoit le besoin de savoir en faire un bon usage sans secours et sans appui ; ses deux frères obscurs, et l’aîné ruiné et plaideur de sa famille, et le seul frère de mon père sans enfants et son aîné de huit ans. » Or, ne trouvant pas la phrase assez claire dans son tour un peu latin, l’édition de 1829 a dit : « Elle ajoutoit le défaut de tous proches, oncles, tantes, cousins germains, qui me laissoit comme dans l’abandon à moi-même, et augmentoit le besoin de savoir en faire un bon usage, me trouvant sans secours et sans appui ; ses deux frères étant obscurs, et l’aîné ruiné et plaideur de sa famille, et le seul frère de mon père étant sans enfants et son aîné de huit ans. » Me trouvant et deux fois étant sont ajoutés.
En six siècles, ils ont fait à peine un pas hors des mœurs et des sentiments de leur inculte Germanie ; le christianisme qui a trouvé prise sur eux par la grandeur de ses tragédies bibliques et la tristesse anxieuse de ses aspirations, ne leur apporte point la civilisation latine ; elle demeure à la porte, à peine accueillie par quelques grands hommes, déformée, si elle entre, par la disproportion du génie romain et du génie saxon, toujours altérée et réduite, si bien que pour les hommes du continent, les hommes de l’île ne sont que des lourdauds illettrés, ivrognes et gloutons, en tout cas sauvages et lents par tempérament et par nature, rebelles à la culture et tardifs dans leur développement.
« La connaissance des œuvres de Virgile et d’Horace est si généralement répandue parmi toutes les personnes un peu initiées à la littérature latine, qu’il serait superflu d’en extraire des passages pour rappeler le vif et tendre sentiment de la nature qui anime quelques-unes de leurs compositions.
Un extrait de cet ouvrage, traduit de l’original latin, forme un des chapitres de la Logique de Port-Royal.
À nous, gens de race latine, qu’importerait ce Wotan que nous appelons Odin, et en qui nous aurions peine à reconnaître le Zeus des Grecs et le Jupiter des Romains ?
Il publia des traductions de tragédies grecques, des traductions du latin, une étude sur « le système de la Mythologie » ; par une curieuse coïncidence, quelques-uns de ces écrits furent imprimés à Bayreuth.
Enfin au quartier latin, quelques étudiants voulurent organiser l’opposition ; mais rien d’officiel ne fut fait, et l’Association Générale des étudiants ne pris pas de décision.
Arrivons à ce grand crime que nous lisons partout et qui a rempli tous ces jours-ci de circulaires le quartier Latin : la protection de la princesse Mathilde.
Celui qui lui répondit fut un ancien professeur dont j’ai oublié le nom ; je sais seulement que toute sa gloire consiste à avoir signé ou dirigé une traduction des classiques latins.
Provost y a perdu son latin et Barré de même. […] Nous allâmes d’un côté jusqu’au Truc d’Arthur, qui s’est joué l’année dernière avec tant de succès au Palais-Royal, et nous remontâmes de l’autre jusqu’aux Atellanes latines, dont c’était le sujet favori. […] Il est dans Lucrèce moitié en grec, moitié en latin. […] Oui, qui parle toujours de grec et de latin ! […] Vadius ne sort pas de son cabinet, où il se barbouille de grec et de latin, où il annote les passages pillés par Cotin, et, quand il sort de sa retraite pour aller dans un salon, il ne ressemble pas mal à l’âne de la fable qui veut imiter le petit chien.
Nous n’insisterons pas sur le dernier chapitre du livre, consacré à la poésie latine, et où s’achève, avec la peinture du monde ancien, l’histoire de l’art dans ses rapports avec le sentiment de la nature jusqu’au christianisme. […] Remarquez comme le second vers s’arrête brusquement au premier hémistiche, contrairement aux habitudes de la poésie latine, pour forcer l’attention et l’applaudissement. […] Marchands de grec, de latin, cuistres, pédagogues qui rime avec dogues, philistins, magisters, monstres aux ongles noirs de crasse, Grimauds hideux, qui n’ont, tant leur tête est vidée, Jamais eu de maîtresse et jamais eu d’idée ! […] Je me tiens pour assuré que si Horace nous avait laissé une épître familière ad Baculum où il eût exprimé quelqu’une de ces jolies idées, il n’y aurait pas assez d’éloges pour la pièce latine. […] Pour le bien comprendre, il est utile, presque nécessaire, d’avoir le texte latin ouvert à côté ; l’éclat poétique s’éteint dans l’excessive condensation du style ; l’élan, le mouvement du poète latin s’embarrasse dans la rime, qui l’arrête ou le brise.
Ils n’avaient rien de latin, rien de classique ; ils inventaient leur langue, ils notaient avec une intensité incroyable leurs sensations d’artistes malades de leur art. […] Une des grosses jouissances est de paraphraser l’antiquité, de vivre en communion plus ou moins étroite avec les Grecs et les Latins. […] Il arrivait de cette Provence où j’ai grandi, il avait ces larges espoirs et ces belles paresses des tempéraments latins, dont le sommeil est plein de rêves de batailles et de triomphes. […] Ajoutez qu’il est artiste, j’entends homme de style et de symétrie latine. […] Évidemment, il songe à l’antiquité, à Homère, chez les Grecs, et à Virgile, chez les Latins, sans parler des auteurs tragiques.
Je n’ai connu Moréas que d’une seule rencontre au Quartier Latin, en 86, avant l’article en question. […] Il m’agrée de répéter plutôt l’intéressante explication de évolution vers le Vers-libre, que me donnait récemment Viélé-Griffin ; au collège Stanislas, il pratiqua avec goût le vers latin, allant de Virgile aux Proses de l’Eglise et, me dit-il, il n’en agit pas autrement en partant de notre Vers classique. […] Dumur qui dans son Recueil de poèmes La Neva propose curieusement une prosodie où il tente de traiter selon la Grecque et la Latine notre métrique, s’en va vers le Roman. […] Syntaxe et grammaire se rapprochent du latin Virgilien, et de plus en plus la langue tendra, heureusement pour un temps, à une qualité comme agglutinante. […] Et c’est encore de cette préoccupation qui l’emporte lui-même, que l’on a pu dire de lui qu’il est par excellence un Latin, et un auteur de pure tradition Française.
Belot, en passant par le théâtre indien, le théâtre latin, Shakspeare, Cervantès, Corneille, Diderot, Goethe et Schiller. […] La double leçon, de latin et de musique, que donnent à Bianca ses deux amoureux jouant le rôle de professeurs, est amusante et assez finement conduite. […] Une tragédie du seizième siècle, c’est un seul fait rejeté à la fin, comme le verbe dans les thèmes latins des élèves de cinquième, et avant ce fait, pas grand-chose, parce qu’ils ne sont pas très forts. […] Il faut songer à Shakspeare, à son Holopherne (Peines d’amour perdues), pédant au langage macaronique, dont toutes les phrases sont mêlées d’italien et de latin, qui lit des madrigaux pleins de pointes et de concetti, et qu’on peut tenir pour le véritable ancêtre du Cydias de La Bruyère et du Trissotin de Molière. […] Vadius est le pur homme de collège, farci de latin, et surtout de grec, ce qui, à cette époque, est une rareté.
La tradition nous a conservé le souvenir de quelques-unes de ses compositions latines. […] Il est permis de comparer la nature de quelques-unes de ces obligations, — comme d’imprimer sur de beau papier, en beaux caractères, avec de belles marges, sous la surveillance de correcteurs congrus en la langue latine , et capables au moins de lire le grec, — à ces conditions que plus tard les règlements de Colbert imposèrent à l’industrie française en général, et plus particulièrement à l’industrie de luxe. […] Nous nous construisons, à distance de perspective, une histoire idéale de la période révolutionnaire, et, parce que de grands événements en occupent le premier plan, parce que le drame est dans les assemblées, et la tragédie sur la place publique, parce que l’émeute est dans les rues de la grande ville, la guerre intestine dans les provinces, la guerre étrangère presque sur toutes les frontières à la fois, nous sommes tentés involontairement de hausser le Ion, et nous voilà tous, comme l’historien latin, écrivant à la manière noire : Opus aggredior opimum casibus, atrox præliis, discors seditionibus ipsa etiam in pace sævum… Le moyen de croire en effet que, sous la menace perpétuelle, hier de la violence populaire, aujourd’hui de la guillotine officielle, demain de l’invasion ennemie, la vie normale de l’humanité ne fût pas comme interrompue ?
[NdE] Sainte-Beuve utilise, en soulignant le mot, la graphie latine recepisse.
L’antiquité latine, plus rapprochée de nous que la grecque, nous est dès longtemps plus familière ; c’est sur elle que tombent d’abord les regards, et qu’aussi, à mesure qu’on s’éloigne, on a plus de facilité pour se reporter.
Le chevalier Herbert Croft, baronnet anglais, prisonnier de guerre à Amiens, où il s’occupait de travaux importants sur les classiques grecs, latins et français, eut besoin d’un secrétaire et d’un collaborateur : Nodier lui fut indiqué et fut agréé ; il obtint l’autorisation d’aller près de lui.
Thomas, à l’âge de douze ans, pauvre et abandonné, fut recueilli par la charité d’une pieuse femme qui le fit élever et instruire : il apprit dans cette maison la grammaire, le latin, le plain-chant, et surtout l’art recherché et précieux alors de transcrire d’une main courante les manuscrits rares que la découverte de l’imprimerie ne vulgarisait pas encore.
Elle créait, au lieu de la monarchie classique et plagiaire des lettres grecques et latines, la république du génie.
On se demande pour quels motifs ignorés du vulgaire l’Académie a décrété que honneur et honnête prendraient deux n, tandis que les mots latins correspondants, ainsi d’ailleurs qu’honorable en français, se contentent d’en avoir une.
un discours en latin, un thème de grec, une dissertation.
À ce propos, quelqu’un raconte, avoir ramené chez lui, une fille du quartier Latin, saoule, qui, à la vue sur sa commode d’un livre, ayant pour titre : Thérèse, s’écriait, la gueule tournée par la pocharderie : « Si ça s’appelait Pauvre Thérèse, je lirais ça, toute la nuit !