En récompense, voici un charmant et naïf tableau d’une autre disgrâce un peu antérieure, de celle du comte d’Argenson, ancien ministre de la Guerre sous Louis XV, et renvoyé en 1757 pour avoir pris parti contre Mme de Pompadour au moment de l’assassinat de Damiens ; la page qu’on va lire de Marmontel est un renseignement précieux pour la peinture de la maladie morale que nous étudions : Dans l’un de ces heureux voyages que je faisais à Saumur, dit-il en ses Mémoires, je profitai du voisinage de la terre des Ormes pour y aller voir le comte d’Argenson, l’ancien ministre de la Guerre, que le roi y avait exilé.
Soyez logique, dites qu’on n’enseigne pas l’art, quel qu’il soit, peinture, sculpture, architecture or musique.
L’auteur du Bébé est de cette école de sentiment et de peinture, avec les facultés de son ordre et le cadre du tableau de genre qu’il s’est choisi.
Ce n’est qu’avec la comédie de Ménandre que le théâtre grec deviendra une peinture un peu plus approchée de l’extérieur de la vie. […] Et, après avoir montré aux bourgeois ce que sait faire un artiste quand il daigne se mêler d’affaires, souriant et dédaigneux, il revient à sa chère peinture. […] Cette jeune dinde, qui, grâce à l’argent paternel, est fort bien vêtue, habite un fort beau château et ne fait œuvre de ses dix doigts, a pour le commerce et les affaires un dédain si transcendant, elle est si persuadée qu’il n’y a pas de noblesse d’âme possible en dehors de la peinture à l’huile que, lorsque l’homme qu’elle aimait quitte la peinture pour la finance, elle le méprise instantanément et se considère comme indignement trahie. […] Si vous y songez un peu, vous soupçonnerez qu’il ne peut y avoir de « chef-d’œuvre » absolu et irréprochable, que dans la musique, la poésie lyrique, et peut-être la statuaire et la peinture… Pourquoi ? […] Il ne s’agit que de trier et de classer les notions qu’on a sur l’époque dont on veut faire la peinture.
La peinture des objets et la peinture de l’esprit où les objets sont reflétés composent un paysage qui est aussi un état de l’âme. […] » La peinture est exacte et, par l’exactitude, est pittoresque. […] Son petit ouvrage est une peinture des bonnes mœurs pyrénéennes. […] Il me semble que sa peinture est fidèle : on m’excusera si je n’en suis pas sûr. […] Pierre Hamp sont réalistes, sont la peinture exacte des métiers.
Il en est de la poësie et de l’éloquence, comme de la peinture et de tous les autres objets de l’esprit et de l’art humain : les génies supérieurs, qui même ne sont pas entr’eux du même ordre, les portent à un degré de perfection où les autres ne peuvent atteindre : mais des génies moins étendus et moins heureux, ne laissent pas d’avoir encore leurs ressources et leurs graces particulieres : ils demeurent, je ne dirai pas médiocres, puisqu’on attache à ce mot une raison de rebut, je dis qu’ils demeurent bons, malgré l’excellence des premiers ; et s’ils n’ont pas de part à l’admiration, du moins ne sont-ils pas exclus de l’estime. […] Les vieillards ont aimé, quel goût pour eux que d’être rapelés à leurs plus belles années par la peinture de ce qui les occupoit davantage ? […] Narcisse dans Britannicus est sans doute une excellente peinture d’un flateur et d’un traître : mais les vices imités à ce point, choquent plus que l’imitation ne fait de plaisir. […] Dans Cinna, la peinture qu’on fait au premier acte de la cruauté et des proscriptions d’Auguste, permet-elle de s’allarmer beaucoup de son péril, et prépare-t’elle bien à l’admiration de ses vertus ? […] Un sculpteur peut croire son art au-dessus de la peinture : cette préférence qu’il lui donne, l’anime à s’y distinguer : mais l’accuseroit-on de mauvais sens, s’il reconnoissoit que la peinture a l’avantage d’une imitation plus parfaite ?
Et ceci durera, malgré tous les efforts, jusqu’à ce qu’un autre créateur de valeurs littéraires vienne et reprenne ces peintures. […] Taine n’eût peut-être pas composé sa Philosophie de l’Art, s’il n’avait lu l’Histoire de la peinture en Italie. […] L’ouvrier français qui couvre de peinture une machine, dans le but pratique de la préserver de la rouille, dispose néanmoins sa peinture selon des tons et des lignes harmonieuses ; l’ouvrier américain badigeonne grossièrement, jette sur le métal cette uniforme teinte sang-de-bœuf, si fâcheuse pour nos yeux délicats. […] Aujourd’hui presque toute la peinture de genre dérive plus ou moins de Degas ; Forain, dont le talent est si âpre et si vert, lui doit énormément. […] Mais, quel que soit le mouvement du bras, le résultat pour ceux qui s’arrêtent devant l’œuvre est toujours celui-ci : on se sent devant une peinture qui diffère très peu de la nature elle-même.
Il sert à expliquer la philosophie, la peinture, la religion, la musique et la littérature. » Et voici les médecins de villes d’eaux. […] En peinture, il célèbre Whistler, Burne Jones, Botticelli et M. […] Les écrivains de l’école de Gautier et ceux de l’école parnassienne s’efforçaient de rapprocher la prose et les vers de la peinture. […] En philosophie d’Annunzio va jusqu’aux théories de Nietzsche ; en peinture il est préraphaélite ; en musique il est wagnérien. […] Nous sommes assez loin de la peinture légère et superficielle de la volupté.
Qui de nous ne se reconnaît pas dans cette peinture de l’enfant captif au dernier échelon de quelque cage paternelle ? […] C’est là qu’il partagea son temps, comme l’horloge partage les heures, entre des sociétés douces, des promenades philosophiques, des études variées et universelles, telles que la peinture, la chimie, la philosophie, la poésie, la prose.
« Il a été donné au seul Arioste, continue-t-il, d’aller et de revenir des descriptions les plus terribles aux peintures les plus gracieuses, et de ces peintures, à la morale la plus sage.
Ces traductions d’écrits et de poèmes de Wagner, ces études sur ses œuvres, sur la littérature et la peinture contemporaines, sur Tolstoï, etc., tout cela c’était agir selon l’intention de Wagner, c’était ramener toutes les manifestations éparpillées à un seul point de vue artistique ; c’était tenter une théorie générale de l’art, — Je sais bien que le tort qu’ont eu mes deux amis, c’est qu’ils intitulaient leur Revue « wagnérienne », tandis que le point de vue spécial d’où ils partaient pour juger l’art, était l’exact antipode de celui d’où part Wagner : ils sont littérateurs, exclusivement littérateurs, tout art est pour eux une chose abstraite, un jeu de signes conventionnels quelconques, le théâtre idéal c’est le cerveau d’un homme isolé, qui rêve, etc… — Wagner, lui. est l’ennemi de toute littérature, parce qu’elle tue l’art ; la pensée, selon lui, ne doit pas commander aux émotions, elle doit au contraire les suivre, l’œuvre d’art n’existe réellement « qu’à l’instant de sa pleine réalisation sensuelle ». […] Ce qu’on a blâmé, c’est que cette Revue s’occupât si peu ce musique, et on a trouvé ridicule qu’elle parlât de peinture, de littérature ; c’est-à-dire qu’on blâmait précisément ce qui en elle était bon, son plan général, sa conception.
Ses analyses de caractère sont mieux poussées que celles du romancier anglais chez lequel elles sont médiocres, ses peintures de milieux beaucoup plus exactes, ses descriptions, ses scènes plus renseignantes, sa composition mieux entendue. […] Taine dans la critique ; George Sand dans le roman idéaliste ; Delacroix et Berlioz dans la peinture et la musique ; tous ceux qui se réclament des romantiques autrement que par des similitudes de forme, ont fait prévaloir dans leurs œuvres l’indice sentimental que nous avons essayé de caractériser et aujourd’hui encore ceux des jeunes écrivains qui vont conquérir le public procèdent de la morale sinon de l’esthétique des génies de 1830.
Les critiques que fait ce lecteur dont j’ignore le nom, un peu minutieuses parfois, sont la plupart d’une grande justesse : il y relève des inexactitudes et des irrégularités d’expression, des phrases embarrassées, des répétitions (le mot de goût, par exemple, répété à satiété) ; il y fait sentir les faiblesses et les incertitudes du plan, surtout vers la fin ; il y reconnaît aussi et y loue les belles parties, le tableau si vif du prince de Conti à la journée de Neerwinden, et surtout la peinture animée des grâces, de l’affabilité et du charme habituel qui le faisaient adorer dans la vie civile.
Je trouve dans une lettre de lui à Mme de Montberon, alors qu’il approchait de la cinquantaine (1700), une peinture bien fine et bien circonstanciée de cet état insipide, aride, désabusé, où il se trouve : « Pour moi, je suis dans une paix sèche, obscure et languissante, sans ennui, sans plaisir, sans pensée d’en avoir jamais aucun ; sans aucune vue d’avenir en ce monde ; avec un présent insipide et souvent épineux… » Ces instants d’aridité et de dégoût, chez Fénelon, se peignent avec des traits qui font encore que son ennui ne ressemble pas à un ennui vulgaire.
C’est ainsi que pour exalter Corneille, en qui il voit Eschyle, Sophocle, tous les tragiques grecs réunis, il sacrifie et diminue Racine ; c’est ainsi que, pour mieux célébrer l’époque de Louis XIII et de la régence qui succéda, il déprime le règne de Louis XIV ; que, pour glorifier les Poussin et les Le Sueur, dont il parle peut-être avec plus d’enthousiasme et d’acclamation que de connaissance directe et de goût senti et véritable, il blasphème et nie l’admirable peinture flamande ; il dit de Raphaël qu’il ne touche pas, qu’il ne fait que jouer autour du cœur, « Circum praecordia ludit ».
Il eût désiré que la peinture proprement dite s’emparât de ces nouveaux domaines pour s’y rajeunir et s’y renouveler.
Or, dans la peinture générale qu’il fait de l’homme, il commence par étaler, sans compensation et sans contre-poids, toutes les causes de misère, d’incertitude et d’erreur ; il humilie l’homme tant qu’il peut, et, à ne considérer même les choses qu’au point de vue purement naturel, il ne tient point compte de cette force sacrée qui est en lui, de cette lumière d’invention qui lui est propre et qui éclate surtout dans certaines races, de ce coup d’œil royal et conquérant qu’il lui est si aisé, à l’âge des espérances et dans l’essor du génie, de jeter hardiment sur l’univers.
» Car, de même, continue Plutarque, que la poésie d’Antimaque et les peintures de Denys, ces deux enfants de Colophon, avec tout le nerf et la vigueur qu’elles possèdent, donnent l’idée de quelque chose de forcé et de peiné, tandis qu’aux tableaux de Nicomaque et aux vers d’Homère, sans parler des autres mérites de puissance et de grâce, il y a, en outre, je ne sais quel air d’avoir été faits aisément et coulamment : c’est ainsi qu’auprès de la carrière militaire d’Épaminondas et celle d’Agésilas, qui furent pleines de labeur et de luttes ardues, celle de Timoléon, si on la met en regard, ayant, indépendamment du beau, bien du facile, paraît à ceux qui en jugent sainement l’œuvre non pas de la fortune, mais de la vertu heureuse.
Celles qui sont à la Force ne savent point pour combien de temps, et la ci-devant princesse (de Lamballe) est sans femme de chambre, elle se soigne elle-même : pour une personne qui se trouve mal devant un oumard en peinture, c’est une rude position. — On ne voit pas une belle dame dans les rues ; je roule cependant avec mon cocher qui chatouille les lanternes de Paris avec son chapeau.
» Et puis il y avait la difficulté inhérente au genre, le péril de la satire, de la peinture individuelle, reconnaissable, frappante, à appliquer à des vivants et à faire accepter de tous sans trop de scandale.
Racine, à la différence de Shakespeare, n’a fait autre chose, dans sa poésie et dans sa peinture des passions, que de choisir de la sorte et de supprimer le laid qui est dans la réalité et dans la nature, pour ne laisser subsister que le beau qui lui sied et qu’il aime.
Molière, sans songer précisément à la politique, en avait sans doute tiré des jours profonds pour la peinture morale de l’espèce, pour sa comédie dont le rire inextinguible ne saurait faire oublier les sanglantes morsures et les perpétuelles insultes à la guenille humaine.
Quant à la peinture même des visages, c’est la physionomie qu’il convient de rendre d’un mot et d’un éclair, bien plus que le détail des traits dont l’énumération ne doit pas revenir sans cesse.
Il a laissé de ce lieu inspirateur les plus aimables peintures en vers, et même en prose.
Voici le titre complet : Du Progrès intellectuel dans l’Humanité ; Supériorité des Arts modernes sur les Arts anciens : — Poésie, — Sculpture, — Peinture, — Musique — par M.
. — Mais il n’y réussit pas suffisamment, dira-t-on ; il a beau décrire à merveille la race dans ses traits généraux et ses lignes fondamentales, il a beau caractériser et mettre en relief dans ses peintures puissantes les révolutions des temps et l’atmosphère morale qui règne à de certaines saisons historiques, il a beau démêler avec adresse la complication d’événements et d’aventures particulières dans lesquelles la vie d’un individu est engagée et comme engrenée, il lui échappe encore quelque chose, il lui échappe le plus vif de l’homme, ce qui fait que de vingt hommes ou de cent, ou de mille, soumis en apparence presque aux mêmes conditions intrinsèques ou extérieures, pas un ne se ressemble14, et qu’il en est un seul entre tous qui excelle avec originalité.
« Tel est le pays que les premiers rameaux de la race de Japhet (indo-européenne), partis d’Asie, ont peuplé, soit en descendant par terre l’escalier du Pinde, soit en arrivant par mer d’île en île ; c’est la patrie qu’ils ont choisie. » C’est ainsi que la science renouvelle, en le fixant et le précisant, ce que l’imagination, la poésie et la peinture avaient si souvent touché.
On objecte toujours l’usage ; mais il y a une distinction à faire, et que Dumarsais dès le principe a établie : c’est la prononciation qui est un usage, mais l’écriture est un art, et tout art est de nature à se perfectionner. « L’écriture, a dit Voltaire, est la peinture de la voix : plus elle est ressemblante, meilleure elle est. » Il importe sans doute, parmi tous les changements et les retouches que réclamerait la raison, de savoir se borner et choisir, afin de ne point introduire d’un seul coup trop de différences entre les textes déjà imprimés et ceux qu’on réimprimerait à nouveau ; il faut les réformer, non les travestir.
Suard, en publiant en 1803 toute cette partie littéraire et morale du Voyage de Malouet, avait probablement la pensée de faire opposition, — une opposition de salon et très mitigée, — au succès d’Atala : mais que peut un dessin juste et fin en regard d’une éclatante et passionnée peinture ?
La vive et séduisante relation que fait l’auteur à partir de la descente du Rhône sent plutôt le poëte amoureux de la nature et des monuments, je dirai presque le touriste de génie qui, après tant d’autres illustres voyageurs, sait rajeunir l’immortelle peinture, et non point le pèlerin véritablement inquiet, le persécuté soucieux, qui va consulter l’oracle des fidèles.
… Et ici, en beaux et grands vers que chacun a pu lire, revient l’utopie immense, trop immense, mais enfin bornée (il était temps) par une vive peinture de vie heureuse dans une bastide du Midi.
Dès le début de son discours, il a tracé dans une double peinture, pleine de magnificence, le caractère des deux familles, et comme des deux races, dans lesquelles il range et auxquelles il ramène l’infinie variété des esprits : la première, celle de tous les penseurs, contemplateurs ou songeurs solitaires, de tous les amants et chercheurs de l’idéal, philosophes ou poëtes ; la seconde, celle des hommes d’action, des hommes positifs et pratiques, soit politiques, soit littéraires, des esprits critiques et applicables, de ceux qui visent à l’influence et à l’empire du moment, et qu’il embrasse sous le titre général d’improvisateurs.
Le lecteur a sans doute visité des galeries de tableaux rangés par écoles ; après deux heures de promenade parmi des peintures de Titien, de Tintoret, de Bonifazio et de Véronèse, si l’on sort et si l’on s’assied sur un banc, les yeux fermés, on a d’abord des souvenirs ; on revoit intérieurement telle rose et blonde figure demi-penchée, tel grand vieillard majestueusement drapé dans sa simarre de soie, des colliers de perles sur des bras nus, des cheveux roux crêpelés sur une nuque de neige, des colonnades de marbre veiné qui montent dans un ciel ouvert, çà et là une mine gaie de petite fille, un beau sourire de déesse, une ample rondeur d’épaule satinée, la pourpre d’une étoffe rouge sur un fond vert, bref cent résurrections partielles et désordonnées de l’expérience récente.
Mais c’est à la peinture des situations générales plutôt encore qu’à celle des individus qu’il faut attendre M. de Lamartine.
Qu’on lise les huit articles qu’il a publiés dans le Journal des savants (août 1851-avril 1852), et qui ne sont pas finis ; les deux articles qu’il a publiés dans la Revue des deux mondes (1er août 1851 et 15 mai 1852) : c’est une peinture toujours nouvelle, toujours recommençante, et ne craignant pas même de se recopier (il n’y a pas de redites en amour)16, de cette personne « aux grâces immortelles », et à qui il ne reconnaît plus de défauts.
« Je n’aime dans l’histoire que les anecdotes, et, parmi les anecdotes, je préfère celles où j’imagine trouver une peinture vraie des mœurs et des caractères à une époque donnée. » Depuis le jour où M.
Le Lac, si admirable d’inspiration et de souffle, n’est pas lui-même si bien dessiné que Les Deux Pigeons ; et, quand j’entends réciter aujourd’hui, à quelques années de distance, quelqu’une de ces belles pièces lyriques qui sont de Lamartine ou de son école, j’ai besoin, moi-même qui ai été malade en mon temps de ce mal-là, d’y appliquer toute mon attention pour la saisir, tandis que La Fontaine me parle et me rit dès l’abord dans ses peintures : Du palais d’un jeune Lapin Dame Belette, un beau matin, S’empara ; c’est une rusée.
Un voyage de notre domicile d’alors au bureau du journal, et qui passait en revue, d’une façon fantaisiste, les industries, les officines de produits bizarres, les marchands et marchandes de tableaux et de bibelots que nous rencontrions sur notre route, et entre autres, la boutique d’une femme célèbre autrefois, comme modèle, dans les ateliers de peinture.
Moreau (de Tours), fidèle à sa peinture fantastique du génie, exagère tout, la distraction comme l’enthousiasme : « De même qu’en s’exaltant outre mesure, dit-il, l’imagination touche au délire ; l’attention, par sa tension exagérée, touche au fait le plus grave de l’aliénation mentale, à la perte de la conscience, à l’extase. » Ce sont là de grandes exagérations.
Ce sont, ou des vérités descriptives, ou des vérités de sentiment intime, ou des vérités de peintures domestiques, ou enfin des vérités historiques, politiques, philosophiques : ce sont ces vérités nouvelles, exprimées dans une langue inégale sans doute et dégénérée, mais tantôt brillante, tantôt ardente, tantôt molle et mélodieuse, tantôt austère et nerveuse, qui assurent à la littérature du xixe siècle, malgré ses défauts, une sorte de solidité, et lui permettent de soutenir avec quelque honneur la comparaison avec les siècles précédents.
Comment voulez-vous que Corneille puisse trouver bon Racine, qui goûte les sujets que Corneille a toujours évités et les manières de traiter les sujets que Corneille très visiblement n’aime point, et qui se donne tout entier à la peinture de l’amour, sentiment que Corneille a toujours considéré comme trop chargé de faiblesse pour pouvoir soutenir une tragédie ?
Si vous voulez comparer les peintures du caractère français dans les mémoires des différentes époques, à commencer même par les Commentaires de César, vous verrez combien ce caractère est resté immuable.
Les chambres sont hautes, lambrissées, avec des panneaux et des peintures dans le goût du dix-huitième siècle.
Mais on aime, en celle-ci, l’accord de l’idée et de sa réalisation, des formes, des couleurs, de la qualité même de la peinture et de la philosophie ou du rêve qui s’y dévoile. […] Il a su résoudre ce difficile problème d’une peinture pleine de pensée, et qui pourtant ne fût que de la peinture. […] Mais, s’il aime les demi-teintes et les nuances fines, sa peinture n’est pas fade ni terne. […] Ils sont, dans leur peinture et leur sculpture, des rhéteurs. […] Et il ajoute à ces grandes peintures de menus croquis où le détail est délicatement noté.
C’est le tableau de cette carrière pleine de mouvement et d’intérêt que nous nous proposons aujourd’hui de décrire ; c’est la peinture des émotions profondes dont fut agité cet homme supérieur que nous allons essayer de retracer. […] Les chaudières bouillantes et la peinture de l’enfer lui attirèrent celle des tartuffes, qui posaient déjà pour leur immortel portrait. […] On ne permit pas à l’abbé D’Aubignac de ne pas se reconnaître non plus dans un autre passage49, malgré la précaution qu’avait eue, le bon conseil qu’avait donné Molière, en disant dans cette Critique : « Toutes les peintures ridicules qu’on expose sur les théâtres doivent être regardées sans chagrin de tout le monde. […] Mais en même temps l’auteur montre, par la supériorité constante d’Alceste sur tous les autres personnages, que la vertu, malgré les ridicules où son austérité l’expose, éclipse tout ce qui l’environne ; et l’or qui a reçu l’alliage n’en est pas moins le plus précieux des métaux. » Arsinoé est la peinture frappante et admirable d’une classe de femmes très nombreuse alors. […] Quel art, quelle variété dans la peinture de cet admirable tableau !
« Si nous sentons un plaisir singulier à écouter ceux qui retournent de quelque lointain voyage, racontant les choses qu’ils ont vues en pays étranges, les mœurs des hommes, la nature des lieux et si nous sommes quelquefois si ravis d’aise et de joie que nous ne sentons point le cours des heures en oyant deviser un sage, disert et éloquent vieillard, quand il va récitant les aventures qu’il a eues en ses verts et jeunes ans combien plus devons-nous sentir d’aise et de ravissement de voir en une belle, riche et véritable peinture, les cas humains représentés au vif. » Ainsi s’exprime-t-il dans la préface de ses Vies parallèles ; et on ne saurait mieux indiquer ce que ses Vies contiennent d’enseignements, ou, comme nous dirions aujourd’hui, de « documents » sur l’homme. […] C’est ce que personne, avant Amyot, ne nous avait montré ; et si l’on s’étonnait là-dessus qu’un simple traducteur doive occuper une place aussi considérable dans l’histoire de la littérature de son temps, il suffirait de rappeler que ses « belles, riches et véritables peintures » ont éveillé la vocation de Michel de Montaigne. […] 3º Le caractère de l’Astrée. — Aspect général de l’œuvre ; — et que, bien loin que les épisodes y soient, comme dans d’autres romans de la même forme, des hors-d’œuvre par rapport au récit principal, c’est le récit principal qui n’est que le prétexte ou l’occasion des épisodes. — Diversité d’intérêt qui en résulte : — 1º Episodes historiques [Eudoxe et Valentinian, IIe partie, livre 12] ; — 2º Allusions contemporaines [Euric, Daphnide et Alcidon, IIIe partie, livre 3] ; — 3º Inventions personnelles [Damon et Madonthe, IIe partie, livre 6]. — La forme des récits n’est pas moins variée : — descriptions [IIe partie, livre 5] ; — conversations [IIe partie, livre 12] ; — narrations [IIIe partie, livre 7], on y trouve des modèles de tout, de lettres encore et de sonnets d’amour ; — sans compter quelques pages d’une touche plus réaliste ou plus brutale. — Du style de l’Astrée : — son élégance et sa clarté ; — sa douceur et sa fluidité ; — sa justesse dans l’abondance, — sa valeur psychologique ; — et, comme conséquence, de la peinture des variétés de l’amour dans l’Astrée. — L’amour sensuel et brutal [Eudoxe et Valentinian, IIe partie, livre 12] ; — l’amour volage et capricieux [Hylas, Ire partie, passim] ; — l’amour jeune et passionné [Chryséide et Arimant, IIIe partie, livres 7 et 8] ; — l’amour chevaleresque [Rosanire, Céléodante et Rosiléon, IVe partie, livre 10] ; — l’amour mystique [Céladon et Astrée]. — Variété des caractères. — Qu’il ressort enfin de l’ensemble du livre une impression de charme et d’apaisement sans analogue jusqu’alors dans la littérature ; — qui explique sa fortune, l’une des plus prodigieuses qu’il y ait dans l’histoire littéraire : — et sa longue influence.
On les rencontre dans tous les efforts où trouve son application le symbole expressif de l’aveugle et du paralytique, … dans la Peinture, où tant de réputations furent édifiées que le Temps s’est déjà chargé de remettre à leur place ; dans la Musique, où d’ingénieux assimilateurs, munis d’une technique savante, furent baptisés les continuateurs de Beethoven… mais dans la Littérature surtout, qui demeure notre art national. […] … La Peinture s’accorde avec l’art dramatique pour synthétiser, par des gestes identiques, les passionnés mouvements de l’âme humaine : en ce sens un Frédérick Lemaître et un Eugène Delacroix pouvaient tirer les plus durables bénéfices d’une fréquentation régulière, puisque leurs moyens d’expression étaient voisins et que se confondaient les limites de leur art. […] Valeur unique du Geste, qui fixe pour l’éternité l’instant pathétique de la passion : un des plus raffinés parmi les peintres de ce temps avait compris son éloquence, plus expressive que celle des mots, en imaginant cette formule : Arts du silence 2, par laquelle il entendait opposer la Peinture à la Musique et à la Poésie : c’était seulement, il faut le dire, prédilection d’un peintre pour sa spécialité, car, à le bien prendre, si l’on envisage l’ensemble de la production, il n’est pas d’art supérieur, mais seulement des artistes supérieurs. […] Tapis moelleux qui amortissent les pas, lourdes draperies qui se relèvent à volonté, s’abattent, assourdissant tout bruit autour d’elles, miroirs qui reflètent et prolongent la beauté, statues et peintures qui fixent le geste et l’immobilisent en son rythme le plus expressif… ce sont là les images, quelques-unes du moins parmi celles qui dans ma pensée viennent s’ordonner harmonieusement autour du nom de Mme Renée Vivien.
Le Times, c’est la montagne en travail ; elle mugit, elle rugit, elle se démène, elle n’accouche guère, pendant que le journal français va droit son chemin et tient le monde attentif, grâce à l’art d’écrire, qui est aussi répandu à Paris que la musique à Milan, la statuaire à Carrare, les eaux des fontaines à Rome, la neige à Moscou, la fumée à Manchester, le fracas des marteaux à Saint-Étienne, la peinture au Louvre, le bruit aux écoles, la gaieté chez les jeunes, l’avarice au vieillard, la douce odeur des roses naissantes dans les jardins fleuris de l’Été ! […] Les camarades de Molière, qui étaient aussi ses associés, avaient demandé à leur maître une comédie qui sortît enfin de ses admirables peintures du cœur humain, qui reposât quelque peu l’attention fatiguée du public, qui fût fondée, non pas sur les passions du cœur de l’homme, mais tout simplement sur le merveilleux, sur l’impossible. […] Bossuet, lui-même, n’a pas de plus vives peintures, quand il s’écrie : « Ne me dites rien des libertins ; je les connais ; tous les jours je les entends discourir, et je ne remarque dans tous leurs dis cours qu’une fausse capacité, ou, pour parler franchement, une vanité toute pure ; et pour fond, des passions indomptables, qui, de peur d’être réprimées par une trop grande autorité, attaquent l’autorité de la loi de Dieu, que, par une erreur naturelle à l’esprit humain, ils croient avoir renversé à force de le désirer. » Don Juan n’a jamais été mieux représenté que dans ces paroles ; il est bien dans le nombre de ces impies qui blasphèment ce qu’ils ignorent, qui se corrompent dans ce qu’ils savent. […] Un soir, le roi entend la jeune fille qui parle d’amour ; à ces propos d’amour son nom est mêlé, et lorsqu’à la dérobée il jette un coup d’œil sur cette jeunesse si bien emparlée et si tendre, il reconnaît la belle personne dont le portrait l’a frappé chez le surintendant Fouquet ; aussitôt ce roi égoïste se sent ému jusqu’au fond de l’âme ; c’est quelque chose de mieux que les sens, c’est presque le cœur qui lui parle, et de ce jour qui la devait plonger, vivante, dans un abîme de supplices et de repentirs, madame de La Vallière préside à ces fêtes, à ces spectacles, à ces miracles de la poésie et de la peinture, à ce beau siècle, à ce théâtre ou Molière et Lulli semblent lutter à qui produira les amusements les plus aimables.
On admirait surtout sa naïveté et sa facilité à décrire les choses dont il vouloit parler, et l’on trouvoit ses peintures si vives et si naturelles, que Ronsard avait coutume de l’appeler le Peintre de la nature. […] Il y a d’autres peintures, et vives et mignardes, dans l’ouvrage de Belleau, et, avec un peu d’exagération, ses amis de la Pléiade auraient pu dire : « Muses bucoliques, naguère dispersées, maintenant réunies, vous voilà de la même bergerie et dans un seul troupeau. » C’est ainsi qu’Artémidore parle de la réunion des poésies de Théocrite, habitant de la grande Syracuse, fils de Praxagoras et de la noble Philinna. […] Jodelle était aussi architecte, très connaisseur en peinture et en sculpture, éloquent orateur et fort adroit aux armes. […] Et le poète de rimer : Ce Prince est d’étrange nature, Je ne sais qui diable l’a fait, Ceux qui le servent en effet, Il les récompense en peinture. […] Son or dedans l’eau confondu Avecque ce cristal fondu Mêle son teint et sa nature, Et sème son éclat mouvant, Comme la branche au gré du vent Efface et marque sa peinture.
On l’accusait, j’imagine, de fausse élégance, de pompe, de froideur, et de ne savoir ni sentir, ni exprimer la vie, et voilà que nous avons découvert — après La Bruyère, il est vrai, et après Stendhal, — que nul poète n’a fait des peintures plus exactes, plus franches, ni plus hardies des « passions de l’amour ». […] Les sentiments des personnages y sont simples et faciles à prévoir ; leur peinture n’est point l’essentiel. […] Et c’est la plus fine connaissance de la vie et la plus navrante vérité de peinture. […] L’unité, dans Sapho, est surtout constituée par la continuité d’une idée qui circule à travers tout le drame et en relie les épisodes, et par la peinture d’un milieu moral particulier. […] Vibert qui représente la peinture française.
À ces petits défauts marqués dans la peinture, L’esprit avec plaisir reconnaît la nature. […] Ce mot, et cette phrase, c’est-à-dire cette idée et cette suite d’idées, il faudra qu’il leur fasse perdre leur caractère même et qu’il les change en simples enchantements des oreilles ou des yeux, qu’il les transforme soit en musique, soit en peinture. […] À partir de ce moment-là, c’était une nouvelle analyse qu’il nous fallait, la peinture de son désespoir et de son retour progressif à la résignation et à la fermeté d’âme. […] Pour Sarcey le théâtre était tout dans l’action, c’est-à-dire dans un événement bien préparé et amené d’une façon logique, et les caractères et les peintures de mœurs ne valaient que comme subordonnés à l’action et comme moyens de la préparer, de l’expliquer, de la justifier et de la mettre en sa vraie lumière. […] Il se rencontrait surtout avec le public français qui est trop impatient pour goûter un théâtre où l’essentiel serait soit idées, soit peintures de caractères, soit peintures de mœurs, soit beauté lyrique, soit beauté de spectacle ; qui ne veut de tout cela que comme accessoire subordonné et ornement ; qu’il s’agit, comme disait Sarcey, de « retenir trois heures sans qu’il ait envie de s’en aller », et qui ne peut être ainsi retenu que par un vif intérêt de curiosité.
On cite, chez Homère, la peinture de Ménélas se rassasiant de sa douleur, de Bellérophon dévorant son cœur ; chez Pindare, cette question et cette réponse : « Qu’est-ce que la vie ? […] Ces peintures, il faut le reconnaître, étaient à peu près inoffensives. […] D’ailleurs, le génie même qu’il a déployé dans la peinture de ses tristesses, ne suppose-t-il pas qu’elles avaient des répits et des intervalles ? […] N’est-il trop tard pour parler le langage de la vertu, quand on a énervé l’âme par la peinture poétique du vice ? […] La pensée de cette œuvre étrange paraît lui avoir été inspirée par les tableaux d’Holbein et d’Albert Durer ; Théophile Gauthier a même consacré une pièce de vers à ce dernier ; mais, aux traits prêtés par la peinture allemande, le poète a ajouté toutes les ressources que fournissait la mélancolie moderne.
Joannidès, tout jeune homme, né à Manchester, de parents grecs, venu à Paris pour étudier la peinture, et qui, se passionnant pour le théâtre, n’y a guère étudié que la Comédie-Française, a écrit un livre véritablement nécessaire et qu’on s’étonne que personne n’ait eu l’idée d’écrire plus tôt. […] Il n’y a pas à dire, le Tartuffe, à tous les points de vue, comme peinture de caractère, et comme peinture de mœurs et comme drame, car c’est un drame, est bien le chef-d’œuvre de Molière. […] L’idée de faire la peinture de la famille de son temps supposait, comportait, nécessitait un art réaliste ; et l’art de La Chaussée est le plus complètement romanesque qui se puisse. […] Un homme soucieux de peinture de mœurs, ou d’analyse de caractères, soucieux pour faire plus court, de peindre quelque chose, se dira : « Quels sont les caractères que suppose cette situation ? […] À propos de Henri III, il écrivait : « Le public s’est plu à cette peinture comme à tout ce qui est dédain du passé.
À ces causes, considérant que les sciences et les arts n’illustrent pas moins un grand État que font les armes, et que la nation française excelle autant en esprit comme en courage et en valeur ; d’ailleurs désirant favoriser le suppliant et lui donner le moyen de soutenir les grandes dépenses qu’il est obligé de faire incessamment dans l’exécution d’un si louable dessein, tant pour paiement de plusieurs personnes qu’il est obligé d’y employer que pour l’entretien des correspondances avec toutes les personnes de savoir et de mérite en divers et lointains pays ; nous lui avons permis de recueillir et amasser de foules parts et endroits qu’il advisera bon être les nouvelles lumières, connaissances et inventions qui paraîtront dans la physique, les mathématiques, l’astronomie, la médecine, anatomie et chirurgie, pharmacie et chimie ; dans la peinture, l’architecture, la navigation, l’agriculture, la texture, la teinture, la fabrique de toutes choses nécessaires à la vie et à l’usage des hommes, et généralement dans toutes les sciences et dans tous les arts, tant libéraux que mécaniques ; comme aussi de rechercher, indiquer et donner toutes les nouvelles pièces, monuments, titres, actes, sceaux, médailles qu’il pourra découvrir servant à l’illustration de l’histoire, à l’avancement des sciences et à la connaissance de la vérité ; toutes lesquelles choses, sous le titre susdit, nous lui permettons d’imprimer, faire imprimer, vendre et débiter soit toutes les semaines, soit de quinze en quinze jours, soit tous les mois ou tous les ans, et de ce qui aura été imprimé par parcelles d’en faire des recueils, si bon lui semble, et les donner au public ; comme aussi lui permettons de recueillir de la même sorte les titres de tous les livres et écrits qui s’imprimeront dans toutes les parties de l’Europe, sans que, néanmoins, il ait la liberté de faire aucun jugement ni réflexion sur ce qui sera de la morale, de la religion ou de la politique, et qui concernera en quelque sorte que ce puisse être les intérêts de notre État ou des autres princes chrétiens.
Selon lui, Horace nous a tracé un jardin anglais : son « Qua pinus ingens… » est la meilleure description, la plus douce, la plus riante : « Ce petit ruisseau qui travaille à s’échapper a fait, dit le prince, mon bonheur à exécuter encore plus qu’à le lire. » En lisant tout ce qu’il écrit sur les jardins et cette suite de boutades décousues avec un peu d’indulgence, on en est payé par de charmants passages, par de jolies peintures de sites et comme par des gouaches et des aquarelles légères très vivement enlevées.
Tu sais que ma louange de la nature est la plus sincère, et que mes ravissements ne sont point évoqués exprès pour procurer des occasions de pompe et de peinture poétique, mais qu’ils sont vrais, et tu les as tous partagés.
Là, nous composions des lettres, ou plutôt des volumes, qui, pour être du style le plus pathétique, ne nous portaient pas moins à des rires immodérés, par le contraste de la tranquillité d’âme du comte de Frise avec la peinture des agitations que nous lui supposions, et le penchant que j’ai toujours eu à la gaieté.
Ce passage où il les caractérise tous les trois est d’une belle touche et d’une peinture morale excellente : L’exemple de M. de Saint-Georges, dit-il, n’est fait ni pour vous, ni pour moi ; c’est un homme trop accompli ; il est gai, modéré, facile, sans orgueil et sans humeur ; il a une santé robuste ; il aime les sciences et la paix ; il est formé pour la vertu ; sa famille et ses affaires lui font un intérêt et une occupation ; son esprit déborde son cœur, le fixe et le rassasie ; il a le goût de la raison et de la simplicité, tout cela se trouve en lui, sans qu’il lui en coûte ; ce sont des dons de la nature ; il est formé pour les biens qu’elle a mis autour de sa vie ; les autres le toucheraient moins ; il a le bonheur, si rare, de jouir de tout ce qu’il aime, parce qu’il n’aime rien que ce dont il jouit.
Un jour, Lamennais veut louer Béranger dans un de ses livres, et il le fait sans restriction aucune : le passage est communiqué d’avance au poëte qui lui répond par ce petit avis, mêlé au remerciement : « A des louanges aussi flatteuses ne conviendrait-il pas d’ajouter : Il est fâcheux qu’en chantant pour le peuple, Béranger se soit d’abord trop laissé entraîner à la peinture de mœurs, que plus tard sans doute il eût voulu pouvoir corriger ?
Jamais je n’ai vu de plus bel effet de lumière sur le papier, à travers des arbres en peinture.
Celui qui n’a pas l’œil fait pour observer toutes ces choses, et qui ne peut d’un seul regard distinguer chaque nuance et chaque teinte dans sa variété, sera d’autant insuffisant par là même dans une des plus essentielles qualités du poète. » Pope n’est certes pas dénué de pittoresque ; il sentait la nature, il l’a aimée et décrite dans sa forêt de Windsor ; condamné par sa santé à une vie sédentaire et ne pouvant voyager vers les grands sites, il avait le goût de la nature champêtre, telle qu’elle s’offrait riante et fraîche autour de lui : il dessinait même et peignait le paysage, il avait pris des leçons, pendant une année et demie, de son ami Jervas ; et comme on lui demandait un jour : « Lequel des deux arts vous donne le plus de plaisir, la poésie ou la peinture ?
La Décade, organe des plus purs amis de Mme Roland, s’exprimait en ces termes par la plume de Ginguené : « Dans les portraits, il y a quelquefois de la justesse, quelquefois des peintures hasardées et même fausses, et souvent une exagération soit en bien, soit en mal, qui peut mécontenter les amis de ceux que l’auteur loue, presque autant que les amis de ceux qu’elle censure.
C’est le même qui a été si bien gravé par Tardieu (voir tome II, page 358, des Mémoires inédits sur la Vie et les Ouvrages des Membres de l’Académie royale de Peinture, par MM.
À côté de la peinture de Saint-Simon, j’ai bien envie de mettre le croquis du maréchal de Noailles par le marquis d’Argenson qui, lui, ne peint pas, mais charbonne.
Le temps n’a rien ôté à sa solide et vigoureuse peinture.
L’école catholique allemande se fonda successivement dans la philosophie, la poésie, la peinture.
Une de ses pages retrace toute une période d’années ; une de ses peintures ressuscite toute une vie ; une de ses maximes fait réfléchir tout un jour.
Quand je m’éveillai, j’étais dans un vrai paradis, au milieu d’un appartement tout d’or, de peintures, de glaces et de statues, qui toutes semblaient me regarder, entourée des belles suivantes de la duchesse, qui me faisaient respirer un flacon d’odeur délicieuse, et en présence d’une jeune et admirablement belle femme qui pleurait d’attendrissement près de mon chevet.
Il annonçait l’intention de passer en revue tous les arts, toutes les sciences et tous les genres littéraires : architecture, sculpture, peinture, astronomie, géographie, navigation, physique, chimie, mécanique, éloquence, poésie ; et dresser le bilan des progrès de l’esprit humain.
Baudelaire n’est pas peintre, et ses tableaux parisiens sont de la peinture inutile.
Sa vie a des échos dans notre vie ; à la peinture de nos misères il reconnaît sa propre misère.
Qu’est-ce que cela fait si, grâce à sa myopie, qui n’est qu’une vision intense des choses rapprochées, il nous fait, du monde où nous vivons, des peintures, éparses sans doute et fragmentaires, mais dont le relief et la couleur vibrante n’ont jamais, je crois, été égalées ?
Quelque déguisement qu’il prenne, cette pensée est toujours sa pensée favorite et inspiratrice : c’est elle qui met en œuvre son imagination, qui donne un but à ses fictions les plus folles, qui relève et ennoblit ses peintures de la vie la plus triviale, qui a dicté ses recherches purement scientifiques, ses ouvrages de critique et d’esthétique, comme ses plus bizarres rêveries et ses plus obscures conceptions.
Que représente, par exemple, cette peinture du journalisme vénal faisant de la politique un métier et une marchandise ?
Les murs de son appartement furent couverts de peintures représentant des armes de toute espèce, des chevaux, des éléphants, des dromadaires et des tigres, des portraits de ces rois et de ces héros de l’Iran, qu’il était chargé de célébrer.
J’étais en retard depuis quelque temps avec Mme Sand ; je ne sais pourquoi j’avais mis de la négligence à lire ses derniers romans ; non pas que je n’en eusse entendu dire beaucoup de bien, mais il y a si longtemps que je sais que Mme Sand est un auteur du plus grand talent, que tous ses romans ont des parties supérieures de description, de situation et d’analyse, qu’il y a dans tous, même dans ceux qui tournent le moins agréablement, des caractères neufs, des peintures ravissantes, des entrées en matière pleines d’attrait ; il y a si longtemps que je sais tout cela, que je me disais : Il en est toujours de même, et, dans ce qu’elle fait aujourd’hui, elle poursuit sa voie d’invention, de hardiesse et d’aventure.
La première partie des Mémoires, celle qui offre la peinture des jours d’enfance et d’adolescence, se rapporte pourtant, par la date de composition, à la plus heureuse époque de la maturité de M. de Chateaubriand, à cette année 1811 dans laquelle il publia l’Itinéraire.
Le seul épisode où l’auteur des Mémoires se soit développé avec le plus d’apparence de vérité et de naïveté, est celui de Charlotte, fraîche peinture de roman naturel et domestique, qui se détache dans les récits de l’exil.
Notre bon langage, en effet, notre prose, qui se sent toujours plus ou moins de la conversation, n’a pas naturellement de ces ressources et de ces fonds de toile pour une continuelle peinture ; elle court et fuit vite, et se dérobe : à côté d’une image vive, elle offrira une soudaine lacune et défaillance.
Poésie d’opéra, peinture de décors, Perrault ne conçoit rien de plus beau : c’est le côté faible de son goût.
Mme de Maintenon, en lisant cette version de son propre récit, avait raison de dire à Mme des Ursins : Je voudrais que la relation que je vous ai faite de notre joie sur la bataille d’Almanza fût aussi vive que l’idée que vous vous êtes faites de ce qui se passa dans mon cabinet ; vous l’avez mieux compris de Madrid que je ne l’ai vu, et vous en faites une peinture que je ne pourrai m’empêcher de lire aux personnes qui y ont pris part.
Telle est cette gracieuse peinture qui ressemble si bien elle-même à un bas-relief antique, et qui nous montre que, si Courier avait été de l’expédition de Mummius à Corinthe, il eût certainement été de cœur pour les Corinthiens contre les Romains.
Les systèmes que Bernardin avait mêlés à ses peintures n’y nuisaient pas.
Barthélemy avait songé d’abord à faire voyager un étranger, un Français, en Italie, vers le temps de Léon X, et à peindre par ce moyen la pleine et riche Renaissance ; mais, à la réflexion, il se trouva moins propre à un tel sujet, qui le tirait de son domaine favori et le jetait dans un monde d’art, de poésie moderne et de peinture, dans tout un ordre de sujets qui lui étaient médiocrement familiers, et il transporta alors cette idée en Grèce, en supposant un Scythe qui la visiterait vers le temps de Philippe.
Sayous ne nous retrace pas avec moins de finesse et de vérité l’aspect naturel du pays en Savoie, ces frais paysages jetés dans un cadre grandiose, cette espèce d’irrégularité et de négligence domestique, et ce laisser-aller rural que peut voir avec regret l’économiste ou l’agronome, mais qui plaît au peintre et qui l’inspire insensiblement : « L’imagination, dit-il, est plus indulgente : elle sourit à ce spectacle qui a sa grâce, et l’artiste jouit en reconnaissant un instinct de l’art et comme un goût de nature dans ce confus arrangement qui semble avoir été abandonné au hasard. » Nous connaissions déjà, depuis les peintures de Jean-Jacques Rousseau, ce charme des vallons et des vergers de Savoie, si frais et si riants au pied des monts de neige ; mais, avant d’en venir à saint François de Sales, il était bon de nous le rappeler.
La nouvelle formule grandissait avec lui : l’observation exacte, la vie réelle mise à la scène, la peinture de notre société, en une langue sobre et correcte.
Un chinois qui ne connoîtroit notre siecle que par cette peinture, s’imagineroit que tous nos sçavans sont d’accord.
En conclurai-je que le genre romantique est plus essentiellement faux dans ses peintures que le genre classique ?
Nul mouvement intérieur n’anime sa phrase et ne la secoue et ne lui imprime ces sinuosités et ces raccourcis qui font du style une peinture.
Ce travail inouï est si grand, et il a tant d’attitude, qu’il fait croire non seulement, comme nous le disions, à la vérité de la peinture, mais à la plus haute moralité dans le peintre qui, au fond, ne fut point ce grand honnête homme qu’il se pique d’être et qu’il paraît.
Je le récuse surtout parce que la peinture qu’il a faite, même si on admet qu’elle a été fidèle autrefois, date de trop loin déjà pour qu’on la puisse dire ressemblante aujourd’hui.
Amarrée sons les bosquets de tamarin, notre barque a trouvé son asile aujourd’hui, Avec sa voile repliée et ses flancs décorés de peintures, vois s’avancer la petite frégate ; sur sa poupe, aux clartés du charbon, le souper savoureux du musulman bouillonne, tandis qu’à l’écart, dans l’ombre du bois, l’Hindou prépare sa nourriture plus simple.
De là des rapprochements d’une amusante extravagance, bien que tout n’y soit pas absurde, et qu’il s’y rencontre des lueurs, et que, souvent aussi, il ne faille sans doute y voir que des satires ou flétrissures détournées des contemporains, par la peinture de leurs « doubles » de jadis. […] C’est une sorte de poème, moitié descriptif, moitié dramatique : tout consiste dans la peinture de deux amants qui marchent et causent dans la solitude ; tout gît dans le tableau des troubles de l’amour au milieu du calme des déserts et du calme de la religion. […] Peut-être même n’est-ce que de la littérature, c’est-à-dire la peinture d’une disposition d’âme imaginée plutôt qu’éprouvée. […] « Les allusions fréquentes dans le portrait de Galérius et dans la peinture de la cour de Dioclétien ne pouvaient échapper à la police impériale. » (À la vérité, ces allusions paraissent aujourd’hui lointaines.) […] Il dit, à propos de sa peinture du Paradis : « Jamais je n’ai fait un travail plus pénible et plus ingrat. » Il y paraît.
La comédie débutait, comme la peinture, par des figures immobiles, peintes dans les mêmes poses, avec les mêmes couleurs. […] Le principal et presque l’unique intérêt de ces comédies est donc dans la peinture des caractères. […] C’est lui, cependant, qui, plus que tout autre, a remis en honneur la peinture claire et lumineuse. […] Mais ce travers est, dans son fond, assez persistant à travers les âges pour que sa peinture nous intéresse encore. […] Coppée a recommencé si souvent, il y est revenu avec une si évidente complaisance qu’il faut bien qu’il y ait mis son cœur et qu’il ait trouvé, dans ces peintures en vers, — à peine ironiques çà et là, et si affectueusement !
Mille peintures, reproduites par toutes sortes de procédés, dansent devant nos yeux : nous voyons Charlotte coupant à sa nichée des tranches de pain bis ; Faust et Méphistophélès emportés dans un tourbillon parmi les sorcières de la nuit de Walpurgis, que sais-je encore ? […] Alors même que son périple autour des idées l’avait entraîné bien loin du romantisme, il demeurait plein d’indulgence pour les « défauts » de son chevalier à la main de fer : « J’ai écrit mon Goetz de Berlichingen quand j’avais vingt-deux ans, disait-il à Eckermann, et dix ans plus tard j’étais étonné de la vérité de mes peintures. […] Après avoir rédigé ses trois billets d’adieux, encartés les uns dans les autres, il a descendu la vallée de la Lahn, à pied d’abord, puis en bateau, jouissant de la beauté du paysage, repris par son ancien goût pour la peinture, sans plus penser à Charlotte. […] La cour, les situations, les relations, l’amour, tout était à Weimar comme à Ferrare, et je peux dire justement de ma peinture : elle est l’os de mes os et la chair de ma chair41. » « Tout était à Weimar comme à Ferrare », voilà une affirmation qui paraîtra pour le moins aussi étrange que le mélange des deux figures de l’auteur et du modèle. […] Ô saints Shakespeare, Richardson, Rousseau, et vous tous qui avez su émouvoir le cœur humain par la peinture des luttes de la passion et de l’idéal !
Que les procédés de l’école nouvelle soient en germe dans le récit de la bataille de Waterloo, dans la peinture du caractère de Julien Sorel, le fait est évident ; mais au moment de reconnaître en Stendhal un vrai réaliste, nous sommes arrêté par une objection insurmontable ; il a infiniment d’esprit, et même de bel esprit ; nous le prenons sans cesse en flagrant délit d’intervention railleuse, de persiflage voltairien. […] Et cela nous explique une étrangeté qu’on a remarquée bien souvent : les peintures du romancier sont plus fidèles pour la génération qui l’a suivi que pour celle qui posait devant lui. […] La peinture des laideurs de l’homme serait-elle moins sujette à vieillir que les efforts de son imagination pour embellir la vie ? […] Ces deux bonnes gens servent de prétexte à de nouvelles peintures de la vie petite-russienne ; nous attendons quelque joyeuseté, quelque fantaisie démoniaque : rien de tel n’arrive, seulement l’observation minutieuse d’une existence sans incidents, avec un grain de tristesse ; élément si essentiel de l’âme russe qu’elle ne retrouve toute sa force qu’en y touchant. […] Entre cette peinture et le noble vieillard qu’elle consolait, il y avait comme un lien fraternel, un entretien résigné sur les arrêts communs de la nature.
Voilà sans doute une belle tragédie chrétienne ; et c’est un emploi bien digne du réformateur de la raison humaine, de flatter les passions, et de séduire les femmes par la peinture de l’amour ! […] Il est vrai que c’est à cette licence, qui confond les deux sexes, qu’on doit la galanterie, les peintures fines et délicates de l’amour, parce que les auteurs ont pour objet principal de plaire aux femmes : dans les pays où il y a des mœurs, on ne sait pas parler d’amour ; les tragédies y sont austères, les comédies grossières et peu plaisantes. […] Les malheurs de l’imagination, quelque douloureux qu’ils puissent être, leur paraissaient tenir de trop près à l’extravagance pour mériter une place dans la tragédie ; ils croyaient que la route la plus sûre pour aller au cœur des hommes raisonnables, était la peinture des catastrophes terribles qui renversent quelquefois la fortune des grands de la terre. […] Un roman est toujours un mauvais ouvrage ; je n’excepte que ceux qui ne sont point romans, et se rapprochent de la poésie par la vraisemblance et la peinture naturelle des mœurs et des passions. […] Ce genre de comédie, quoique romanesque et très inférieur à la peinture des vices et des ridicules, est cependant préférable au tragique bourgeois, à ces drames absurdes pleins d’aventures extravagantes, où l’on ne trouve que de lugubres chimères et des déclamations
Tous ces détails de coquetterie innocente, d’émotion naïve, de prudence maternelle et de franchise presque de sœur, sont portés sur un fond de paysage brillant et de légère peinture du monde vaudois. […] Un portrait du père de M. de Bompré était dans le salon d’en bas, mauvaise peinture, mais ressemblante : il faut que le portrait se cache et monte d’un étage.
Et de là nous viendront tes dernières moissons, Peinture, hymne, lumière immensément versée, Comme un soleil couchant ou comme une Odyssée ! […] L’Envie enchaînée et domptée par la crainte des peines vengeresses achèvera la glorieuse peinture.
Faust, c’est le poème vital de Goethe, c’est la peinture de trois mondes à la fois dont se compose la vie humaine : le bien et le beau dans Marguerite, le mal dans Méphistophélès, la lutte du bien et du mal dans le drame tout entier. […] C’est la peinture, vous le savez, d’une scène de nuit, après une chasse dans les montagnes comme celles dont je vous parlais.
Les peintures générales sont les seules que la philosophie et l’humanité doivent se permettre : il est vrai que comme on pense rarement à se les appliquer, elles ne sont pas aussi utiles qu’elles devraient l’être ; mais les portraits isolés et ressemblants le sont encore moins. […] Il est à désirer encore que ceux de nos écrivains qui entreprennent, soit dans une pièce de théâtre, soit dans un autre ouvrage, la peinture de leur siècle, ne se bornent pas à en emprunter le jargon.
» Une haute idée, c’est que les Dames de Saint-Louis étant destinées à élever des demoiselles qui deviendront mères de famille et auront part à la bonne éducation des enfants, elles ont entre leurs mains une portion de l’avenir de la religion et de la France : « Il y a donc dans l’œuvre de Saint-Louis, si elle est bien faite et avec l’esprit d’une vraie foi et d’un véritable amour de Dieu, de quoi renouveler dans tout le royaume la perfection du christianisme. » La fondatrice leur rappelle expressément qu’étant à la porte de Versailles comme elles sont, il n’y a pas de milieu pour elles à être un établissement très régulier ou très scandaleux : « Rendez vos parloirs inaccessibles à toutes visites superflues… Ne craignez point d’être un peu sauvages, mais ne soyez pas fières. » Elle leur conseille une humilité plus absolue qu’elle ne l’obtiendra : « Rejetez le nom de Dames, prenez plaisir à vous appeler les Filles de Saint-Louis. » Elle insiste particulièrement sur cette vertu d’humilité qui sera toujours le côté faible de l’institut : « Vous ne vous conserverez que par l’humilité ; il faut expier tout ce qu’il y a eu de grandeur humaine dans votre fondation. » Quoi qu’il en soit des légères imperfections dont l’institut ne sut point se garantir, il persista jusqu’à la fin dans les lignes essentielles, et on reconnaîtra que c’était quelque chose de respectable en l’auteur de Saint-Cyr que de bâtir avec constance sur ces fondements, en vue du xviiie siècle déjà pressé de naître, et dans un temps où Bayle écrivait de Rotterdam à propos de je ne sais quel livre : On fait, tant dans ce livre que dans plusieurs autres qui nous viennent de France, une étrange peinture des femmes de Paris.
Depuis que les Mémoires de Saint-Simon sont publiés en entier, je ne dirai pas que les pages de chronique qu’on doit à Madame ont pâli, mais elles ont cessé d’étonner ; on y a reconnu de bonnes peintures naïves, un peu hautes en couleur et un peu grosses de traits, chargées et grimaçantes parfois, mais au fond ressemblantes.
Ainsi, il fera dire à Bossuet qu’il pressait de publier son ouvrage contre Richard Simon : « Avant toute chose, il ne se faut pas mettre la tête en quatre. » Il lui fait dire au sujet des lenteurs et des difficultés qu’éprouve cette publication : « Si nous obtenons ce que nous demandons, il y a de quoi faire bien enrager M. le chancelier ; mais aussi, si nous sommes tondus, nous enragerons bien. » Bossuet tondu et Bossuet enrageant, ce n’est pas là ce que j’appelle, en bonne peinture de portrait, de la ressemblance.
On a l’aperçu de ce livre, qui est moins un livre de philosophie qu’une peinture morale, livre de naïveté et de bonne foi, nullement d’orgueil, d’où il résulte qu’un homme de plus, et de ceux qui sont le plus dignes de mémoire, est bien connu ; livre à mettre dans une bibliothèque intérieure à côté et à la suite des Pensées de Pascal, des Lettres spirituelles de Fénelon, de L’Homme de désir par Saint-Martin, et de quelques autres élixirs de l’âme.
Qui se serait attendu à rencontrer en lui un rival de Granet pour la peinture d’un couvent ?
Enfin, après une vague et partiale peinture de l’état des Lettres sous les divers régimes qui se sont succédé depuis cinquante ans, et encore sous le coup de la Révolution de Février, qui le préoccupe extraordinairement, et qui n’a été, après tout, qu’une révolution plus ou moins comme une autre, il en vient à établir son principe et à proclamer son spécifique littéraire, — le mot peut paraître assez naïvement choisi : « Il fallait, s’écrie-t-il, il fallait (au lendemain de cette Révolution) proclamer le spiritualisme chrétien dans l’art, comme le seul spécifique assez puissant pour le guérir (pour guérir l’art, entendons-nous bien), comme la seule piscine assez profonde pour le laver de ses souillures. » Remarquez-vous comme ces esprits chastes, sitôt qu’ils se mêlent de critique, sont continuellement préoccupés et remplis d’immondices et de souillures ?
Il serait difficile pourtant de définir son genre de beauté d’après ce portrait trop petit, trop vague et d’une peinture trop légère, à peine exprimée.
Il publia en 1801 son Tableau de l’Agriculture toscane, dans lequel, à côté des détails précis, techniques et tels que les peut désirer tout lecteur propriétaire rural, se trouvent des peintures véritables inspirées par la beauté des lieux, et qui ne se rencontreront plus jamais ensuite sous sa plume.
Toutes ces premières impressions, celles du toit domestique, de la maison du pasteur auquel d’abord on l’avait confié, la mort d’une mère, puis la première communion, et le sentiment pénible qu’éprouva le jeune garçon en passant de son Alsace riante et champêtre aux murs froids d’un collège, ces premières descriptions ne peuvent nous toucher que médiocrement : il y a du vrai, de la sincérité ; mais ces peintures de l’enfance, recommencées sans cesse, n’ont de prix que lorsqu’elles ouvrent la vie d’un auteur original, d’un poète célèbre. « Les souvenirs de ma première enfance sont bien vagues, nous dit M.
Là-dessus aucune négligence, et n’imitez personne ; suivez ce que vous avez vu et appris ici. » Elle ne cesse de conseiller à sa fille des lectures fortes, des lectures suivies ; elle attend tous les mois en vain la liste des livres sérieux que l’abbé de Vermond s’était chargé de procurer à la jeune princesse, et qui, on le sait aujourd’hui par les catalogues, étaient si absents de ses bibliothèques particulières : « Tâchez de tapisser un peu votre tête de bonnes lectures ; elles vous sont plus nécessaires qu’à une autre, … n’ayant aucun autre acquit, ni la musique, ni le dessin, ni la danse, peinture et autres sciences agréables. » Il est permis sans doute, surtout à son âge, de s’amuser, mais d’en faire son unique soin et de n’être occupée qu’à « tuer le temps entre promenades et visites », elle en reconnaîtra le vide et en sera un jour aux regrets.
Dans les commencements de leur liaison et quelques années auparavant, M. de Talleyrand avait eu l’idée de donner à Paris un grand dîner de personnages considérables, et représentant chacun quelque chose : Cuvier, la science ; Gérard, la peinture… Royer-Collard devait y représenter l’éloquence politique.
annonçait à Mme Valmore qu’il venait d’autoriser le directeur à résilier son engagement pour l’année 1819-1820 ; on y sent la considération qu’elle inspirait partout autour d’elle : « Mille grâces, Madame, de votre charmant cadeau ; ce que je connaissais de vos ouvrages m’en rend la collection infiniment précieuse ; leur cachet particulier est la peinture de douces et modestes vertus, d’une exquise sensibilité et des sentiments les plus nobles, les plus purs, en un mot de ces sentiments que votre jeu reproduit avec tant de vérité et de naturel sur la scène.
Elle attribue beaucoup, pour l’inspiration élégiaque des Latins, aux obstacles que rencontrait l’amant dans la situation sociale de la femme, obstacles qui ne pouvaient être écartés que par elle ; elle ajoutaït en finissant : « S’il se trouvait donc un individu dont le sort, en aimant, dépendit absolument de la volonté, des désirs, des penchants d’un autre, sans qu’il lui fût permis de rien faire pour se le rendre favorable ; dont tous les sentiments éternellement réprimés se consumassent en souhaits inutiles, n’aurait-il pas un grand avantage pour la peinture des agitations du cœur ?
Mesdames Royales, filles de Louise XV, ne se sentirent pas de joie à la peinture de cet intérieur de nonnes ; c’était la plus vive gaieté qui eût jamais pénétré au sein de cette autre vie cloîtrée et innocemment futile.
Je sais bien qu’à vingt ans on sent ces choses mieux qu’on ne les décrit, et la peinture que retraçait Jean-Jacques, il ne l’aurait pas faite ainsi le soir même de la délicieuse journée.
et quand la contemplation extatique de l’être des êtres lui fait oublier le monde des temps pour le monde de l’éternité, enfin quand, dans ses heures de loisir ici-bas, il se détache sur l’aile de son imagination du monde réel pour s’égarer dans le monde idéal, comme un vaisseau qui laisse jouer le vent dans sa voilure et qui dérive insensiblement du rivage sur la grande mer, quand il se donne l’ineffable et dangereuse volupté des songes aux yeux ouverts, ces berceurs de l’homme éveillé, alors les impressions de l’instrument humain sont si fortes, si inusitées, si profondes, si pieuses, si infinies dans leurs vibrations, si rêveuses, si extatiques, si supérieures à ses impressions ordinaires, que l’homme cherche naturellement pour les exprimer un langage plus pénétrant, plus harmonieux, plus sensible, plus imagé, plus crié, plus chanté que sa langue habituelle ; et qu’il invente le vers, ce chant de l’âme, comme la musique invente la mélodie, ce chant de l’oreille, comme la peinture invente la couleur, ce chant des yeux, comme la sculpture invente les contours, ce chant des formes ; car chaque art chante pour un de nos sens, quand l’enthousiasme, qui n’est que l’émotion de sa suprême puissance, saisit l’artiste.
Les lettrés élégants du siècle dernier aimaient les paysans à la façon de citadins : ils en faisaient des peintures enjolivées et convenues, goûtaient surtout la « naïveté » des « villageois » à cause du contraste qu’elle fait avec la « corruption des villes ».
Sous le règne de Louis XIV, il suffit qu’un petit-fils du grand roi monte sur le trône de Madrid pour qu’il n’y ait plus de Pyrénées en matière littéraire ; car, aussitôt, l’Espagne, qui depuis un tiers de siècle avait à peu près cessé d’inspirer la France, redevient avec Le Sage un sujet de peintures à la mode.
L’écriture (idéographique à l’origine) se rattache à la peinture, et toutes deux avec la sculpture furent d’abord de simples appendices de l’architecture, qui elle-même était l’art hiératique ou religieux ; les palais et temples d’Assyrie, les monuments d’Egypte ou de l’Inde en témoignent.
Donc, madame Huguet fait à son fils une noire peinture de la pauvreté dans le mariage, et des périls qui attendent la Faim et la Soif partant, entrelacées, pour le voyage de la vie… A ce tableau désolant, Philippe oppose l’exemple de son père.
Aujourd’hui la postérité, indifférente aux considérations de personnes, ne voit plus que le livre ; elle le classe dans la série des témoignages et des peintures immortelles de la passion, et il n’en est pas un si grand nombre qu’on ne les puisse compter.
Il n’y a rien d’agréable, de délicat et de distingué comme les pages que Marmontel a consacrées dans ses Mémoires à Mme Geoffrin et à la peinture de cette société.
Patin, se mire dans ses peintures comme dans une glace. » Ce qu’on appelle machine, si petite qu’elle soit, n’est point de son fait ; il a l’idée morale et comique, il néglige le ressort.
Ce jugement général souffrirait quelque exception, si l’on examinait son ode intitulée Le Triomphe de nos paysages, où il y a des peintures assez fraîches, et celle qui a pour titre Mes souvenirs ou les Deux Rives de la Seine, où il a mis quelque sensibilité, mais de cette sensibilité où l’on n’a que soi-même pour objet21.
À ces peintures un peu partiales, mais non point fausses, d’Anne d’Autriche, il faut pourtant mettre toujours et sous-entendre la petite voix aigre qu’elle avait dans sa colère, et dont Retz nous a si bien rendu l’accent.
Dans un petit journal de voyage écrit à l’âge de vingt ans (1726), pendant son retour de Londres à Philadelphie, parlant de je ne sais quelle peinture atroce qu’on lui fait d’un ancien gouverneur de l’île de Wight : Ce qui me surprit, dit-il, ce fut que le vieux bonhomme de concierge qui me parlait de ce gouverneur eût une si parfaite notion de son caractère.
Lorsque son Testament politique parut en 1687, de bons juges y reconnurent le cachet du maître : Ouvrez son Testament politique, dit La Bruyère, digérez cet ouvrage : c’est la peinture de son esprit ; son âme tout entière s’y développe ; l’on y découvre le secret de sa conduite et de ses actions ; l’on y trouve la source et la vraisemblance de tant et de si grands événements qui ont paru sous son administration : l’on y voit sans peine qu’un homme qui pense si virilement et si juste a pu agir sûrement et avec succès, et que celui qui a achevé de si grandes choses, ou n’a jamais écrit, ou a dû écrire comme il a fait.
L’un ne voit dans ce livre qu’une œuvre de réalisme, la peinture brutalement exacte d’un lieu et d’une classe ; les autres admirent en plus de surprenantes qualités poétiques, le don du grandiose, l’amour passionné de la force et de la masse.
D’un autre côté, quoiqu’on ait rendu justice au peintre, au Titien historique qu’il fut, on a souvent trouvé dans les magnifiques peintures de ses Mémoires ce qu’on appelle vulgairement des « ombres au tableau ».
Le perçant, le vif, le fier y manquent ; nulle grande manière dans la peinture des caractères et dans le récit des événements.
Mais aussi que de choses rêveuses ou pathétiques, adorables de sentiment et de peinture, écrites par Henri Heine et que Voltaire aurait été dans l’impossibilité absolue d’écrire.
Comment Platon, qui blâme dans le pathétique de la tragédie grecque une peinture de douleurs ou de crimes mauvaise pour les âmes, n’aurait-il pas eu quelque louange d’exception ou quelque regret marqué pour le poëte dont il aime d’ailleurs la gravité religieuse, et qu’il n’avait pas banni comme Homère de sa république idéale ?
Car alors je suis bien sûr que c’est uniquement par la force de leur pensée la justesse de leurs peintures ou la sincérité de leur émotion qu’ils agissent sur moi. […] En Norvège comme chez nous, les « thèses » ne sont bonnes qu’à altérer les sincères peintures de la vie….Et cependant qui sait si, corrigée ainsi, la Maison de poupée nous inspirerait un aussi violent intérêt ? […] Tout cet acte formerait une peinture très dramatique et très bien graduée de la jalousie, et même des diverses espèces de jalousie dans une même âme, si le cas de Théodore était un cas ordinaire et si son cœur seul était enjeu. […] En d’autres termes, il se trompe ou cherche à nous tromper, non point dans la peinture de ces personnages, mais dans le jugement moral qu’il porte sur eux et qu’il voudrait nous imposer. […] Je ne lui reproche point d’avoir éliminé de ses peintures la vertu, car, après tout, la vertu est souvent absente des choses humaines ; je lui reproche d’en avoir éliminé l’hypocrisie.
Il existe une vraie et une fausse peinture ; une vraie peinture, qui a le goût précisément du vrai concilié avec le goût du noble, et une fausse peinture, qui a le goût du fantasque ou du maniéré concilié quelquefois avec celui du grimaçant et du laid. […] Tout le genre d’attrait que je vous promets et que vous promet la manière et le ton de mes premières pages, c’est une peinture d’intérieur vraie, curieuse et un récit bien mené. […] Aux arts qui ne font qu’imiter la nature, la nature n’ayant aucune moralité, elle demande le beau, mais nullement le beau moral : peinture, sculpture, architecture. […] Il y aurait les arts ou la beauté morale n’entre pour rien et où la recherche de la beauté morale serait même si vaine qu’elle en serait ridicule : arts plastiques : peinture, sculpture, architecture. […] Pièces à thèse, poèmes à thèses et peintures à thèses sont des thèses mal présentées et des œuvres d’art gauches.
Il n’est pas jusqu’aux poètes qui ne se piquent de renouveler l’art des vers par la Science, soit qu’ils ambitionnent, comme un Leconte de Lisle, de donner à leur peinture des mœurs antiques les précisions et jusqu’au vocabulaire des érudits, soit qu’ils recherchent, comme un Sully-Prudhomme, les fondements physiologiques de la versification. […] Les vieux Pisans sont là, qui vous regardent, qui vont vous parler, dans les peintures de Benozzo-Gozzoli, au Campo Santo de Pise ; les vieux Lucquois dans celles d’Amico Aspertini, à San Frediano de Lucques ; les vieux Siennois dans celles de Lorenzetti, au municipe de Sienne. […] Toutes les émotions ont été peintes par des analystes lucides, soucieux uniquement d’égaler la variété de la nature et parfaitement indifférents à la bienfaisance ou à la nocivité de leurs peintures. […] S’étant adonnée à écrire des romans, George Sand avait aussitôt pris l’habitude de signer des traités et de les exécuter à la manière des grands ouvriers de peinture de la Renaissance, qui décoraient des palais entiers à date fixe, sans discuter ni le choix de sujet, ni la forme ou la dimension des plafonds et des murs. […] Sa maîtresse est seule avec lui à l’étranger, il ne peut encore être jaloux du présent, il s’ingénie à exaspérer en lui cette insensée jalousie du passé dont il donnera plus tard dans la Confession une si frémissante peinture.
Certaines formes d’art, la peinture, le dessin, la sculpture, la mimique, l’art dramatique, ont ce caractère distinctif qui leur confère une valeur poétique particulière, d’être des représentations. […] Cette représentation est parfaite quand elle rivalise avec la réalité, c’est-à-dire quand ses peintures sont animées par le génie de manière à faire croire à la présence des objets. […] La musique en exprime également ; et la peinture ; et la sculpture. […] Helmholtz, conférence sur l’optique et la peinture, annexée aux Principes scientifiques des Beaux-Arts, Bibliothèque scientifique internationale, F. […] « L’effort pour exprimer directement une pensée par la sculpture ou la peinture est presque fatalement condamné à l’insuccès.
« Qu’on me trouve un auteur célèbre qui ait approfondi l’âme, et qui, dans les peintures qu’il fait de nous et de nos passions, n’ait pas le style un peu singulier ?
Dans Don Quichotte, je vois aussi des mœurs espagnoles du bon temps, du temps raisonnable de l’Espagne… Ainsi dans les comédies j’aime la peinture des mœurs, comme dans les estampes celle des modes.
Les Anglais osent de ces choses dans leur poésie, dans leur peinture, et c’est pourquoi leurs poètes peintres ont souvent plus de relief et de vérité que les nôtres.
Pour les arts de la musique et de la peinture qui, au contraire, vont gagnant chaque jour en honneur, il n’en est pas ainsi : une éducation et une organisation toutes spéciales sont à la fois indispensables pour y réussir.
On suit Érostrate dans le gynécée, dans l’hippodrome, au bois sacré ; les peintures locales que promettent ces divers titres sont exécutées avec étude, conscience, talent.
Il y a peu de peinture et de couleur dans le style de Corneille ; il est chaud plutôt qu’éclatant ; il tourne volontiers à l’abstrait, et l’imagination y cède à la pensée et au raisonnement.
Tel qui nous inonde de publications spécieuses à la longue, de peintures assez en vogue, et qui ne sont pas détestables, ma foi !
C’est une sorte de poëme, moitié descriptif, moitié dramatique : tout consiste dans la peinture de deux amants qui marchent et causent dans la solitude ; tout gît dans le tableau des troubles de l’amour au milieu du calme des déserts et du calme de la religion.
Ayant vécu à Lyon et à Paris, dans les quartiers populeux, parmi la petite bourgeoisie, ayant peiné, et longtemps coudoyé les gens qui peinent, commerçants, employés, ouvrières, il a représenté les vieilles maisons, les rues bruyantes de Lyon et de Paris, la vie laborieuse et tumultueuse des fabriques, les durs combats pour arriver aux échéances ou atteindre le jour de paye, l’effort journalier, épuisant, contre la misère : le Petit Chose, Jack, Fromont jeune et Risler aîné, des coins du Nabab et de l’Évangéliste sont d’exquises et fortes peintures de la vie bourgeoise et presque populaire.
Mais il ne s’ensuit pas que le noble historien se soit trouvé lui-même dans les meilleures conditions pour nous faire une peinture absolument fidèle du grand Condé Je ne nomme que celui-là, car c’est lui qui remplit la moitié du troisième volume et tout le quatrième.
Pourtant, de ce qu’aucun peintre n’a pu faire un portrait tout à fait ressemblant, devons-nous conclure que la meilleure peinture soit de ne pas peindre ?
Le bien est tout aussi réel que le mal ; les dossiers que vous m’avez chargé de lire renferment autant de vérité que les abominables peintures dont malheureusement nous ne pouvons contester l’exactitude.
Peintures tragiques de soldats qu’on fusille ou torture, souvent pour une peccadille ; puis, par contre-coup, éveil d’un sentiment d’horreur contre les férocités de ce livre de sang ; enfin dessein avoué d’y faire pénétrer un souffle d’humanité79 ; voilà ce qu’on rencontre dans une quantité de drames et de romans qui, depuis un siècle, ont exploité ce filon.
L’action semble se passer n’importe où, n’importe quand, entre des âmes qui n’ont des corps que par une vieille habitude ; le décor est réduit au minimum ; la mise en scène est simplifiée à l’extrême ; l’extérieur des personnages n’est pas ce qui doit intéresser, leur vie interne a seule droit à l’attention ; et encore dans la peinture de leurs pensées et de leurs sentiments ne veut-on exprimer par des formules définitives que l’essence de la nature humaine.
Toutes les fois qu’il parle d’Aunay, il a des peintures vives et il trouve des accents ; n’étant jamais poète avec son expression propre, il l’est quelquefois avec celle des anciens.
On la vit un jour, au haut de la coupole du Panthéon, réciter son Hymne à sainte Geneviève, en l’honneur des peintures de Gros.
Mme de Motteville, en répondant à Mademoiselle avec toutes sortes de compliments et en l’appelant tour à tour illustre princesse et belle Amelinte, la raille finement sur cet article d’interdiction matrimoniale qui était le grand point du nouveau code de bergerie, et elle essaie d’insinuer un peu de réalité, un peu de bon sens, dans la peinture de cette république à la fois galante, platonique et chrétienne.
J’ai parlé des accents pathétiques par lesquels il tâche d’émouvoir son père à la fin de son Mémoire ; mais on s’en ferait une trop vague idée si je ne citais textuellement cette page à la fois si éloquente et si réelle, si exacte de peinture et si déchirante : Cet état contre-nature auquel je suis asservi, écrit ce fils captif à celui qui s’intitulait l’Ami des hommes, mine les restes de mon être.
Dès l’abord le poète nous montre le curieux, l’amateur artiste, qui entre à Saint-Étienne regardant et admirant les sculptures et les tableaux : Époussetant de l’œil chaque peinture usée.
» Il manque peu de chose à ces premiers livres des Mémoires de Marmontel pour en faire de vrais chefs-d’œuvre de récit et de peinture familière et domestique.
Je pourrais citer d’autres délicieux petits tableaux tout à côté, notamment celui qui commence par ces mots : « Si jamais je travaille pour mon bonheur, je veux faire un jardin comme les Chinois… » Malgré ces touches heureuses, il manquait pourtant au Voyage de l’île de France, et à son exactitude complète, cette vie intime et magique que Bernardin, en y revenant, saura mêler plus tard à ces mêmes peintures, quand il les reverra de loin, non plus dans l’ennui de l’exil, mais avec la tendresse du regret et avec la vivacité de l’absence.
Et qu’est-ce donc cette science sans dédains, cette peinture qui descend à tout sans s’amoindrir, cette sagacité déductive, cette reconstruction du microcosme humain avec un grain de sable ?
Mardi 3 mai Phrase typique pour la peinture d’un temps, dite par Talleyrand à M.
La sculpture et la peinture, — le vieux Socrate en a fait la remarque, — ont pour objet les modifications de la forme par le mouvement.
C’est seulement par des considérations de cette sorte qu’il est permis de préférer l’art grec à l’art gothique, la peinture de Titien et de Michel-Ange à celle des primitifs, la musique de Mozart à celle de Wagner, le naturalisme étranger au naturalisme français.
Ce sont tous ces défauts du Dictionnaire de Trévoux qui ont fait naître l’idée du Grand Vocabulaire françois, contenant l’explication de chaque mot considéré dans ses diverses acceptions grammaticales, propres, figurées, synonimes & relatives ; les loix de l’orthographe, celles de la prosodie ou prononciation, tant familiere qu’oratoire ; les principes généraux & particuliers de la Grammaire ; les regles de la versification, & généralement tout ce qui a rapport à l’éloquence & à la poésie ; la géographie ancienne & moderne ; le blason, ou l’art heraldique ; la mythologie ; l’histoire naturelle des animaux, des plantes & des minéraux ; l’exposé des dogmes de la Religion & des faits principaux de l’histoire sacrée, ecclésiastique & profane ; des détails raisonnés & philosophiques sur l’œconomie, le commerce, la marine, la politique, la jurisprudence civile, canonique & bénéficiale ; l’anatomie, la médecine, la chirurgie, la chymie, la physique, les mathématiques, la musique, la peinture, la sculpture, la gravure, l’architecture, &c.
de peinture.
cette littérature d’album vaut bien les peintures murales dont M.
Il en est de même pour la peinture d’une bataille, d’une tempête, d’une sédition populaire, d’une révolution politique, d’un bouleversement dans le globe, d’une vue quelconque de la nature, du tableau d’une nation, de celui d’un âge de l’esprit humain.
Elle n’est pas seulement de la grande peinture, elle est aussi — et avant tout — un jugement prononcé par l’homme au nom de Dieu et de la vérité, et, comme tous les jugements, elle ne s’établit que sur une enquête sagace et profonde.
De même, dans la peinture des supplices de l’enfer, que M.
Ils seraient insuffisants comme peintures individuelles, si derrière eux il n’y avait pas des masses, ici l’armée des mercenaires, et là Carthage. […] Mais pourquoi la peinture de l’ennui serait-elle ennuyeuse ? […] « Ni moi, ni mon mari, dit-elle, ne sommes jamais malades. » La clarté et la décision de son parti pris participent à la lumière de la peinture italienne. […] Il y a une admirable peinture, dans la maison d’Auteuil, de cet amour sur le bord de la faute, et qui n’y tombe pas, partie à cause de la force de Marie et partie à cause de la faiblesse de Frédéric. […] La noble gaucherie que ce bourgeois de Rouen portait dans le monde parisien, nous la retrouvons dans ses peintures mondaines.
C’est, je l’avoue, dans la peinture de cette jeune fille, ange et vierge, qu’il a mis le plus de sa douceur d’idées et de sa délicatesse de style. […] Il en résulte une différence assez remarquable, c’est que le roman du dernier siècle étant presque toujours l’ouvrage d’un esprit mûr, revenu des illusions de la vie, et qui raconte sa propre histoire, les peintures du cœur y sont plus vraies, les sentiments plus naturels, les traits plus délicats et plus choisis : aujourd’hui que le roman est fait par des jeunes gens, la plupart ayant du talent, mais peu ou point d’expérience, les sentiments y sont plus exagérés, les détails plus confus, les caractères plus fantaisistes.
Si vous reconnaissez dans cette tache la livrée de l’amour, j’ai reconnu son pinceau dans la peinture suave que vous en faites. […] Précisément parce que le costume et le décor, parce que le mobilier, parce que les robes y tiennent peu de place, l’intérêt en est fait de ce qu’il y a de plus durable et de plus permanent dans la peinture des passions ou du monde. […] Rarement on a mieux fondu, dans l’unité d’un art supérieur, la satire du monde, la peinture de la passion, et, jusque dans le désordre de la passion même, le sentiment persistant de la dignité humaine. […] Mais je n’insiste pas, si la doctrine de l’art pour l’art, dangereuse en tant d’autres genres, l’est sans doute beaucoup moins qu’ailleurs en poésie ou en peinture. […] Elle fait rentrer le roman psychologique dans la définition sociale de l’art, en ne le réduisant pas à la représentation des singularités, laquelle mènerait infailliblement à la peinture des monstruosités : je prends ce dernier mot dans son sens propre et étymologique.
Des dessins de Férogio, une charmante esquisse d’Hébert, un blond Baudry, une Nuit de Rousseau, qui est comme le « Songe d’une nuit d’été » de Fontainebleau, des Chassériau, des fleurs de Saint-Jean, une Macbeth de Delacroix ; enfin, deux petits tableaux de femmes nues, dont le faire va de Devosge à Devéria, — deux tableaux du maître, chez lequel Gautier apprit la peinture au faubourg Saint-Antoine. […] Flaubert s’éjouit et se gaudit à la peinture de toutes les canailles européennes, grecques, italiennes, juives, qu’il ferait graviter autour de son héros, et il s’étend sur les curieux contrastes que présenterait, çà et là, l’Oriental se civilisant, et l’Européen retournant à l’état sauvage, ainsi que ce chimiste français qui, établi sur les confins de la Libye, n’a plus rien gardé des mœurs et des habitudes de sa patrie.
Que le lecteur essaye de se figurer cet enfant dans cette rue de commerçants, au milieu de cette famille bourgeoise et lettrée, religieuse et poétique, où les mœurs sont régulières et les aspirations sont élevées, où l’on met les psaumes en musique, et où l’on écrit des madrigaux en l’honneur d’Oriana la reine432, où le chant, les lettres, la peinture, tous les ornements de la belle Renaissance viennent parer la gravité soutenue, l’honnêteté laborieuse, le christianisme profond de la Réforme. […] Tel est l’effet de sa peinture de la Création. […] Dans l’une et dans l’autre, il y atteint par l’entassement des magnificences, par l’ampleur soutenue du chant poétique, par la grandeur des allégories, par la hauteur des sentiments, par la peinture des objets infinis et des émotions héroïques.
Cette peinture d’un génie étranger, pleine de mérites, quelques vives et importantes réserves qu’elle nous impose, ne porte, au surplus, aucune intention méprisante ou déprédatrice. […] À vrai dire, l’observation, la peinture de l’humanité en général n’y fait pas défaut Mais elle n’en est pas l’objet ni l’inspiration principale, ni la plus vive source d’intérêt Il est plat d’écrire que la Chartreuse de Parme est une « étude des petites cours italiennes ». […] Ma peinture en triptyque des trois grands Bretons du XIXe siècle : Chateaubriand, Lamennais, Renan, leur prête un certain nombre de traits communs dont mon contradicteur reconnaît la vérité. […] Il en va des ouvrages de musique comme des ouvrages de peinture ou de poésie.
Orphée charmant les animaux au son de sa lyre est la seule figuration mythologique que l’on rencontre parmi les peintures des catacombes. […] Mais, avant de s’attaquer à la question sociale, il voulut d’abord réformer la peinture, l’architecture, l’art tout entier ; avant de se battre avec Bentham et avec Ricardo, il se mesura avec les préjugés artistiques et réussit, dans une certaine mesure, à les vaincre. […] La semence n’était point perdue, cependant, puisque c’est du verbe de Ruskin que devait naître plus tard l’impressionnisme, dont la peinture fut à jamais révolutionnée. […] Je voudrais faire un travail concret : des vers, de la menuiserie ou de la peinture… » Sainte-Beuve est trop lettré. […] Il y a aussi la peinture historique, l’architecture historique, et, à la mi-carême, le costume historique.
Autre mérite de l’écrivain allemand : ces cinq tableaux de misère, de famine, de désespoir et de révolte, il a eu l’art de les soutenir par la minutie des détails, et surtout d’en graduer l’horreur : les noires peintures qu’il nous déroule avec une âpreté patiente échappent en partie à la monotonie inévitable par la vertu du crescendo. […] Et il y a les jeunes hommes névropathes, maladivement raffinés, qui ont tant contribué à inventer la littérature et la peinture symbolistes et mystiques, — et l’anarchie : car les sémites abondent, comme vous savez, dans les Revues décadentes et révolutionnaires. […] Ç’a été l’une des plus grossières erreurs littéraires de ce temps, de confondre l’énumération des parties avec la peinture, de croire que la juxtaposition interminable de détails, même pittoresques, peut finalement « former tableau », nous rendre sensibles, les vastes spectacles de l’univers physique. […] On n’a plus alors qu’une série de peintures partielles dont la succession fatigue et accable. […] Un jeune peintre dit à peu près : « Quand je travaillais et quand j’essayais d’avoir du talent, personne ne faisait attention à moi..Alors je me suis mis à barbouiller des peintures sans nom, j’ai fondé le Salon des « à-partistes », et tout aussitôt j’ai été injurié, c’est-à-dire connu ».
Mais l’opinion de Port-Royal sur la nature humaine se retrouvera dans ses tragédies ; elle le fera véridique et hardi dans ses peintures de l’homme. […] Seulement, c’est plus fort qu’eux, ils ne peuvent la peindre sans mêler à leurs peintures, trop menues, trop sèchement détaillées, de l’esprit et des pointes, et une trop piquante mythologie. […] Elle lui offrira des peintures de passions fortes et intactes. […] Que dire des peintures de l’amour d’Hermione ou de Roxane ? Et les peintures de l’amour désordonné, mais, en quelque façon, normal dans son désordre, n’avaient pas suffi à Racine.
— Et puis après, il avait fallu lui faire une cage convenable pour le voyage ; se procurer du bois, un peu de vieux fil de fer, et un peu de peinture verte pour peindre le tout et que ce fût joli. […] Intelligent fureteur, il a découvert bien des coins ignorés pour nous y montrer une peinture de primitif, un bas-relief antique ou un bronze de la Renaissance. […] L’ensemble du roman n’est pas traité avec moins de délicatesse de touche ; chaque chose, chaque personnage y est mis à sa place, la perspective y est partout observée et ne prête pas à la confusion que la superposition des événements impose à trop de nos romans modernes, leur donnant un faux aspect de peintures japonaises ou chinoises. […] parce qu’il aime ses peintures, ce peintre, et veut les faire voir, en scène ! […] Camusets de la littérature, du théâtre, de la musique, de la peinture, de la sculpture, pour ne parler que de l’art ; au roman fait pour nous montrer l’homme agissant, pensant, suivant des passions ou leur résistant, on a substitué de pédantes spéculations philosophiques, des grossièretés voulues, des travaux de myopes ; à la musique française faite d’esprit, de sensibilité et de clarté, on a opposé d’insupportables rêveries de fous, ou des contrefaçons aussi maladroites que malhonnêtes de la musique allemande ; quant à la peinture, à la sculpture françaises, on a voulu les remplacer par d’horribles tentatives, des ébauches informes, croyant qu’il suffisait de mal voir et de ne savoir ni composer, ni peindre, ni dessiner, pour créer une école nouvelle ; la spéculation n’y a vu qu’un nouveau moyen d’exploiter la sottise publique et les critiques qui avaient besoin de se faire connaître aidant, on a déclaré que le temps du beau et du grand était fini et que le règne du laid et du bête était arrivé.
Que Sénèque pousse son énumération aussi loin qu’il voudra, je persisterai dans la même réponse, et je lui dirai, d’après mon expérience, d’après l’expérience des bons et des méchants, que l’imitation d’une action vertueuse par la peinture, la sculpture, l’éloquence, la poésie et la musique, nous touche, nous enflamme, nous élève, nous porte au bien, nous indigne contre le vice aussi violemment que les leçons les plus insinuantes, les plus vigoureuses, les plus démonstratives de la philosophie. […] Ce n’est pas sans dessein ni sans fruit que les temples sont décorés de peintures qui nous montrent ici la bonté ; là, le courroux des dieux. […] On serait tenté de croire que la peinture de Syracuse est celle de Rome sous Tibère ou sous Caligula. […] Ce traité est adressé à Néron, au commencement de la seconde année de son règne ; aussi le ton en est-il noble et élevé, le style souvent ingénieux, mais plus simple, moins haché, et, s’il m’est permis d’emprunter une expression, de la peinture, plus large. […] Rien de plus énergique que la peinture des illustres malheureux : « Vous enviez leur courage et leur gloire, et vous oseriez reprocher aux dieux les terribles épreuves qui rendent ces hommes si grands à vos yeux !
Si la peinture est fidèle, si l’artiste a bien vu et bien copié ses modèles, il faut convenir qu’une Parisienne de nos jours est peu capable d’une passion forte, d’un sentiment vrai. […] Didon à ce panorama de Jérusalem qu’on montre en ce moment aux Champs-Élysées et où l’on voit, d’un côté, le Temple, la tour Antonia, le palais et les portes de la ville restitués d’après les travaux des archéologues, et, d’une autre part, un calvaire traditionnel comme une peinture d’église. […] Il faisait des bonds de tigre devant cette peinture et la contemplait d’un œil sombre en lui envoyant des baisers. « Quelle est belle ! […] Il était venu la vendre à Paris, et il poussait des hurlements horribles et s’arrachait les cheveux quand on lui disait qu’en réalité c’était un méchant ouvrage de peinture, dû à quelque seigneur cavalier, académicien de Rome ou de Venise, florissant vers 1800 ou 1810. […] Elle a le goût et le sentiment de la peinture.
Son nom seul évoque et rassemble, comme la fanfare d’un cor magique, tout un choeur de déesses éparses dans les peintures et les bas-reliefs de la Renaissance. […] On vit s’avancer ensuite, à la file, douze patients, la corde au cou et la torche au poing ; leurs bonnets de carton étaient coloriés de peintures grotesques. […] Ceux qui, s’étant repentis, avaient obtenu d’être étranglés avant le bûcher, portaient des flammes renversées ; mais les flammes de ceux qu’on devait brûler vifs étaient droites, et des diables grimpants sur leurs robes les déchiraient en peinture. […] Telle est, dans son rapide abrégé, cette conception étrange, qui, sous la forme du spectacle, du tableau, de la peinture ou du livre, fascina le Moyen-Age pendant plus d’un siècle.
Le jour, je me promène sous des hêtres pareils à ceux que Saint-Amant dépeint dans sa Solitude ; et, depuis six heures du soir que la nuit vient, jusqu’à minuit qui est l’heure où je me couche, je suis tout seul dans une grosse tour, à plus de deux cents pas d’aucune créature vivante : je crois que vous aurez peur des esprits en lisant seulement cette peinture de la vie que je mène… Les circonstances qui précédèrent et suivirent ce mariage furent assez singulières, et achevèrent de donner à Lassay, de lui confirmer aux yeux du monde le caractère de bizarrerie et d’excentricité qui tenait plus aux personnes auxquelles il s’était lié, qu’à lui-même.
Il ne serait point prudent de comparer, d’ailleurs aucune des pages de Bonstetten avec celles de Chateaubriand sur ces mêmes campagnes : un dessin à la mine de plomb, même très fin et très juste, ne se compare point à une peinture du Lorrain ou du Poussin.
Ainsi donc, je le répète pour n’avoir plus à y revenir (et que son aimable biographe me le pardonne), non, mille fois non, le mode de peinture employé à son égard n’est pas de tout point approprié au modèle ; non, on ne saurait, sans une transformation trop visible, présenter M.
Je ne puis rencontrer cela qu’en écrivant l’histoire, en m’attachant à une époque dont le récit me serve d’occasion pour peindre les hommes et les choses de notre siècle, et me permettre de faire de toutes ces peintures détachées un tableau.
Le genre humain tout entier marche à grands pas vers sa destruction ; il est dans le travail de l’agonie, et, comme un malheureux blessé à mort, il se débat et se roule dans son propre sang. » Qu’il y ait quelques amères vérités mêlées et broyées dans cette peinture apocalyptique, on ne le saurait nier ; mais comment faire le départ du vrai et du chimérique ?
Un prêtre illustre qui est plus à nos yeux qu’un écrivain, et dont le saint caractère grandit en ce moment dans l’humilité du silence ; un philosophe méconnu , qui avait doté notre siècle de naturelles et majestueuses peintures ; puis des poëtes admirés du monde et surtout préférés de nous, comme celui que nous abordons en ce moment : ce sont là nos seuls choix jusqu’ici, et désormais nous n’en prévoyons guère d’autres.
… Dans une pièce de vers qui obtint, il y a peu d’années, le prix à l’académie de Lausanne, je trouve ces beaux traits de nature ; il s’agit d’un voyageur : Il voit de là les monts neigeux Et les hauts vallons nuageux : Puis il entend les cornemuses Des chevriers libres et fiers, Perdus dans la pâleur des airs Par-dessus les plaines confuses ; et cette autre gracieuse peinture des ébats auxquels se plaisent les nains et les sylphes de la montagne : Sur les bords de l’eau claire, à l’ombre des mélèzes.
Nisard, il a de plus en plus, en effet, accru ses qualités sérieuses, ses connaissances diverses ; il prend intérêt à toutes sortes de choses, peinture, machines, histoire, etc., et y porte une expression abondante, redondante quelquefois, mais facile, claire, sensée, une foule d’observations morales qui plaisent à beaucoup d’esprits modérés et distingués, qui enchantent beaucoup d’esprits solides, qui ne satisfont peut-être pas toujours au même degré quelques délicats, subtils et dédaigneux.
Esther, avec ses douceurs charmantes et ses aimables peintures, Esther, moins dramatique qu’Athalie, et qui vise moins haut, me semble plus complète en soi, et ne laisser rien à désirer.
Ainsi, pour le premier quart du siècle qui précède la Révolution, la peinture, bien loin d’être trop forte, est trop faible, et l’on va voir que pendant un demi-siècle et davantage, jusqu’à la mort de Louis XV, elle demeure exacte ; peut-être même, au lieu de l’atténuer, faudrait-il la charger.
C’est pour leur plaire, et à tout le beau monde, qu’il prodigue les détails de mœurs délicates, les peintures de la vie aristocratique.
Ce talent éclate dans les peintures de la frileuse Vieillesse et de la Pauvreté honteuse, mieux encore dans celle de la doucereuse Papelardie.
Il n’est que trop facile aujourd’hui de railler la fausseté criarde et théâtrale de ces peintures.
Dangereuse peut-être pour les enfants d’une petite ville encore à demi puritaine, parce qu’elle leur offrait des tableaux voluptueux de couleur assez chaude, la peinture de la passion qui brûle Julie et Saint-Preux devenait inoffensive, voire même bienfaisante à Paris, parce qu’elle ramenait la société frivole et débauchée de la grande ville à voir dans l’amour, non plus un passe-temps, non plus « la bagatelle », selon l’expression significative du moment, mais un sentiment grave et fort où le cœur a plus de part que les sens.
. — Tandis qu’elle versait sur la terre son sang couleur de safran, d’un trait de ses yeux elle saisit de pitié les sacrificateurs, belle comme dans les peintures ; et on voyait qu’elle voulait leur parler, comme aux jours où elle charmait par ses douces paroles les riches festins paternels.
Elle semble tracée d’après les peintures des vases funéraires qui représentent un jeune homme descendant aux Enfers couronné de fleurs, et souriant à Perséphone, qui lui tend la main : — « Celui que les dieux aiment meurt jeune.
Fleury mérite de ne pas être passé sous silence, et que des biographies de ce genre, une fois faites, coupent court à bien des impostures historiques et à de fausses peintures.
C’est Pellerin qui confond ses facultés critiques, ses notions sur l’histoire de la peinture et son admiration pour les grands maîtres avec un pouvoir personnel d’exécution, Pellerin qui espère toujours susciter le don par un effort d’intelligence, qui supplée au talent par l’accoutrement, par le geste et le vocabulaire.
Mais j’oublie aussi le temps dans cette heureuse peinture : si je n’enrichis pas l’homme de lettres, je dois au moins m’occuper de le nourrir.
Scherer), en expliquant pour la première fois dans le langage de tous, plié avec un art admirable à des idées pour lesquelles il n’était pas fait, les parties les plus intimes de l’art de la peinture, jusqu’alors restées cachées à ceux qui n’entendent pas le jargon spécial des ateliers.
À combien de touchantes peintures ou de courageuses leçons cet art se reconnaît, dans les Chœurs d’Euripide, dans l’Andromaque, dans les deux Iphigénies, dans les Héraclides, dans Ion, dans Électre !
Panurge, sans compter ses méfaits d’escolier, qui sont peintures de mœurs locales, est surtout le Français hâbleur, parleur intarissable, conteur drôle, discuteur acharné et spirituel, dialecticien captieux et arrogant, qui n’a pour lui que la parole, mais qui s’en est fait, sous forme ou de fanfaronnade, ou degouaillerie, ou de paradoxe, ou de mensonge spécieux, ou de réplique déconcertante ou désarmante, une ressource à tout, à pallier ses fautes, à masquer ses lâchetés, à rendre amusants ses vices, à forcer ou à capter jusqu’à l’amitié des honnêtes gens. […] De là ses boutades continuelles contre eux ; ses peintures, consacrées désormais et devenues immortelles, des chat-fourrés ; de là surtout ce portrait merveilleux, tracé avec une ironie tranquille et imperturbable, digne de Swift, du juge parfait et idéal. […] L’immoralité littéraire est dans les peintures lascives et dans les narrations complaisantes d’actes honteux. De ces narrations et de ces peintures il n’y en a pas une, je dis pas une, dans Rabelais. […] Il savait particulièrement bien élever les rosiers. « L’innocente beauté des jardins et du jour » était encore le plus grand charme qu’il trouvât dans la vie, et c’en est un que de peindre le caractère de Ronsard avec îles vers de La Fontaine, Il s’entendait en peinture, en sculpture et surtout en musique, « se plaisant à chanter et à ouïr chanter ses vers », nous dit naïvement le bon Binet, et « appelant la musique sœur puînée de la poésie. » À ces divertissements honnêtes il a passé très probablement plus de temps qu’à figurer dans les réceptions royales, encore qu’il en fût friand.
M. de Chateaubriand changea de route et prouva le christianisme par des élans de sensibilité et des peintures poétiques. […] Une description n’est pas une peinture, et Balzac souvent croit faire une peinture quand il n’a fait qu’une description. […] C’est donc être exact que d’être grand : Balzac a saisi la vérité parce qu’il a saisi les ensembles ; sa puissance systématique a donné à ses peintures l’unité avec la force, avec l’intérêt la fidélité. […] Pour se délasser (ces traductions sont pénibles), il demande une petite peinture simple ; on lui indique le curé de Tours ; il y a là une vieille fille tracassière et dévote : probablement M. de Balzac en parlera gaiement. […] Pour philosopher sur l’homme, ce n’est pas assez d’une observation exacte, il faut encore une observation complète ; et la peinture du présent n’est point vraie sans le souvenir du passé.
Je regrette qu’il ait négligé l’occasion de fondre tous les renseignements dont foisonne sa mémoire, en une peinture plus vivante, plus intime, où apparaîtraient ces petits nobles d’Ajaccio, réduits à la simplicité par les conditions médiocres de leur fortune, mais très orgueilleux de leurs origines, jaloux de leurs prérogatives, hantés par je ne sais quel rêve impérieux. […] Le narrateur, en des peintures qui font songer à Paul et Virginie, nous a conté l’enfance de son héroïne aux îles lointaines, d’où elle apporta sa grâce de créole et son incessant caprice d’oiselle exotique. […] La description du « pèlerinage à Sainte-Odile », toute en jeux de lumières douces, de ciels tendres et de sentiments nuancés contraste avec l’énergique et farouche peinture que Taine a faite du même décor. […] Vous savez que la copieuse romancière d’Adam Bede et du Moulin sur la Floss refusait d’employer son génie à la peinture des héros. […] Au centre du mandarinat qui règne ainsi par le rotin et la cangue, il faudrait, pour achever la peinture du gouvernement chinois, décrire le palais impérial, vaste bâtisse qui envahit la Cité jaune, foyer des intrigues, source des faveurs, rendez-vous de toutes les ambitions et de toutes les convoitises.
Une pièce peut être excellente, pourvu qu’elle remplisse les conditions particulières de la scène ; le mérite littéraire, peinture des passions, humanité, observation, poésie, y est de surcroît : elle s’en passe à merveille. […] « La peinture de l’amour, de ses égarements et de ses crimes est le principal objet du théâtre. […] Elle nous doit une image fidèle de la vie, et si les passions de l’amour ne sauraient être l’unique sujet de ses peintures, on serait pareillement embarrassé pour lui interdire une matière aussi riche en émotions que fertile en enseignements. […] Les meilleurs amis de l’écrivain s’étonnent et déplorent qu’un défenseur de la foi se complaise à de pareilles peintures. […] Traitant indifféremment de questions religieuses, politiques, morales, de littérature ancienne et moderne, étrangère et française, de philosophie, de théâtre et de peinture, il y apporte une égale incompétence et ne s’en cache guère.
Il n’a point trop de tous les détails d’une peinture complète ; il aime à voir les objets, il s’attarde autour d’eux, il jouit de leur beauté, il les pare de surnoms splendides ; il ressemble à ces filles grecques qui se trouveraient laides si elles ne faisaient ruisseler sur leurs bras et sur leurs épaules toutes les pièces d’or de leur bourse et tous les trésors de leur écrin ; ses larges vers cadencés ondoient et se déploient comme une robe de pourpre aux rayons du soleil ionien. […] — Car bientôt tu deviens hideux, — et odieux à regarder. » Jérémie Taylor a-t-il trouvé une peinture plus lugubre ?
Ces trois portraits, de même grandeur, étaient de larges et solides peintures ; on voyait que les Kobus avaient toujours eu de quoi payer grassement les artistes chargés de transmettre leur effigie à la postérité. […] D’après cette peinture, le grand-père Frantz Sépel avait dû faire bien des envieux, et l’on s’étonnait que son petit-fils eût si peu de goût pour le mariage.
Il y a quatre cheminées dans le salon: deux à droite et deux à gauche, au-dessus desquelles il y a de grandes peintures qui tiennent tous les côtés, dont l’une représente une bataille d’Abas le Grand, contre les Yusbecs, et les trois autres des fêtes royales. […] On leur a donné un nom sale, qui marque l’effet que produisent communément sur ceux qui y entrent les peintures impudiques dont ils sont remplis.
La chimie seule semble devoir fournir à la peinture des compositions et des combinaisons de couleurs ignorées des anciens maîtres. […] La raison en est simple, c’est qu’ils n’écrivent pas pour moraliser, mais pour gagneur de l’argent, et que le vice et le crime offrent des tableaux à sensation qui ont prise sur la masse du public ; et que cette peinture au niveau de toutes les intelligences, voire même les plus incultes, les dispense de style et de talent, et qu’ils l’adoptent comme étant la plus facile et la plus lucrative.
Quelle admirable recherche d’expression dans la peinture d’un Christ en vieil ivoire qui Jette l’adieu suprême à sa foi disparue Et sent fuir ses genoux infiniment lassés ! […] on omettra volontiers la peinture d’une âme ; mais non point celle des bêtes qu’on égorge et qui mugissent en tirant leurs langues violettes ! […] Pour caractériser d’une phrase les arts contemporains, peinture, musique et poésie, roman et théâtre, critique et journalisme, je dirai qu’ils agissent beaucoup sur les nerfs et très peu sur la raison. […] « Je soutiens, a dit Sterne dans un fort bon sermon, que rien n’a fait plus de mal aux vertus sociales que ces hideuses peintures de la société où tant de philosophes se sont complu ; omettant tout ce qu’il y a de généreux dans le cœur de l’homme, elles l’abaissent au-dessous de la brute, comme un composé de tout ce qui est égoïste et bas. […] « Un frère m’a reçu et commençait à m’expliquer de mauvaises peintures et d’ennuyeuses inscriptions. — Mais le tombeau du Tasse, lui disais-je toujours ?
De la fable du roman, qui n’en est peut-être pas un, je parlerai peu et là n’est pas l’intérêt du livre ; il vit dans ces descriptions merveilleuses par la vérité, la profondeur de l’observation, l’amour de la nature, le charme du récit, de la peinture, l’élévation des idées, qui font de Loti un écrivain de premier ordre. […] Voici une petite peinture presque intime prise sur le vif de la mer d’Islande : La Marie projetait sur l’étendue une ombre qui était très longue comme le soir, et qui paraissait verte, au milieu de ces surfaces polies reflétant les blancheurs du ciel ; alors, dans toute cette partie ombrée qui ne miroitait pas, on pouvait distinguer par transparence ce qui se passait sous l’eau : des poissons innombrables, des myriades et des myriades, tous pareils, glissant doucement dans la même direction, Comme ayant un but dans leur perpétuel voyage. […] À partir de ce moment, on ne se soucie plus de la composition, du travail du maître, mais on s’acharne sur ce groupe, on y entre, on s’y mêle, car on sent que c’est dans ce coin qu’est la vérité ; là, Véronèse est au milieu de ses amis, étudiés chaque jour ; sous cette peinture on sent mieux la chaleur de sa vie intime, on respire l’air de ce temps-là ; le reste ne devient plus que de l’art. […] Naturellement, Claude fait avec une rare ténacité cette peinture qui ne s’achète ni ne se vend ; il est contesté même au musée des refusés, abreuvé de dédains, et finit par se pendre quand il s’aperçoit qu’il a sacrifié bonheur, liberté, fortune, femme et enfant ; et tout cela pour faire rire, devant ses productions, la foule qui sait que la vie est courte et qui s’intéresse plus aux résultats qu’aux tentatives. […] Je ne veux pas terminer sans parler de cette émouvante et terrible peinture de l’inhumation de Claude enterré à « Cayenne », au bruit des manœuvres, du roulement et des sifflements des locomotives qui passent sur un talus ; j’y trouve, chemin faisant, cette simple et touchante peinture du petit cimetière : Il y avait là un cimetière d’enfants, rien que des tombes d’enfants, à l’infini, rangées avec ordre, régulièrement séparées par des sentiers étroits, pareilles à une ville enfantine de la mort.
» avaient retenti dans toutes les travées du Salon de peinture, chassant en troupeau les nombreux visiteurs exténués par l’attention trop consciencieuse accordée au moindre tableau ; que de migraines en préparation ! […] Mais j’avouerai cependant que ma critique s’arrête toujours à un certain point et que je ne puis m’empêcher de saluer une belle peinture dans quelque cadre qu’elle se présente. […] Et c’était un envolement triomphal, Angélique heureuse, pure, élancée, emportée dans la réalisation de son rêve, ravie des noires chapelles romanes aux flamboyantes voûtes gothiques, parmi les restes d’or et de peinture, en plein paradis des légendes. […] Si j’y ai insisté cependant, c’est qu’il restera comme la peinture définitive de cette comédie de la mort qui s’offre de temps en temps en spectacle aux Parisiens. […] Mais la vérité est entière et fidèle dans la peinture du milieu où se déroule cette action : c’est celle des mœurs réelles de l’Angleterre.
On a dit, avec un mélange de paradoxe et de sévérité : « À moins que ce ne soit dans le feuilleton dramatique ou dans le compte rendu des Salons de peinture, Gautier n’a rien laissé qui paraisse assuré de survivre13 ». […] votre art qui a tant de ressources que le nôtre n’a pas, est-il donc cependant, dans de certaines conditions, plus éphémère que la fragile peinture ? […] Je ne louerai point de nouveau la couleur, le relief, la netteté de ses peintures. […] Mérimée voulut se reposer de tout ce bruit en visitant l’Espagne, où il partagea son temps entre la préparation d’une Histoire de la peinture à l’huile, les courses de taureaux et l’entretien des gitanes. […] Pour achever cette peinture d’une ville de province sous la troisième République, il faut épingler ici les fiches très instructives où M.
Il ne dissimule pas les horreurs ; et il n’a point affadi la peinture. […] Aristide Truffaut, l’indulgente peinture de la vie niaise, ridicule et anodine, mais une satire, et assez cinglante. […] Benjamin Vallotton… Si nous visitons les célèbres galeries de peinture, je crois que nous sommes bientôt las de la Renaissance épanouie et de ses abondantes réussites. […] Gilles au collège : André Lafon s’est plu à la peinture de ce collège et de ce collégien. […] Quelques semaines plus tard, elle sait pourquoi : elle aime un autre jeune homme, un ami d’enfance, un garçon chimérique au point qu’il fait de la peinture et qu’il refuse toute profession sérieuse.
Cela me confirme dans ma résolution de m’en tenir désormais uniquement à la nature : elle seule est d’une richesse inépuisable ; elle seule fait les grands artistes. » Ce que Werther dit là de la peinture, il l’entend également de la poésie : « Il ne s’agit que de reconnaître le beau et d’oser l’exprimer : c’est, à la vérité, demander beaucoup en peu de mots. » Et il cite en exemple une rencontre qu’il a faite, le jeune garçon de ferme amoureux de la fermière veuve, et amoureux tendre, timide, passionné : Il faudrait te répéter ses paroles mot pour mot, si je voulais te peindre la pure inclination, l’amour et la fidélité de cet homme.
Abufar ou la Famille arabe réussit fort, après quelque petite hésitation, et fut l’une des émotions littéraires du printemps de 1795 : au sortir de la tyrannie de Robespierre, on se plaisait à ces images de pasteurs et de chameaux du désert, à ces peintures patriarcales embellies.
Derrière ces dénominations de classes, en effet, se dessinaient de nouveau et reparaissaient assez reconnaissables l’ancienne Académie des Sciences, l’ancienne Académie française, l’ancienne Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, les anciennes Académies de Peinture, de Sculpture ; on rentrait, sauf les noms, dans les mêmes cadres.
Il a des peintures, des esquisses prises sur le fait et au naïf, de la Rome moderne, de la Rome papale et cardinalesque.
Mais, chemin faisant, au milieu des peintures et des caractères, des récits enjoués ou des idéales rêveries, les indications abondent : on y sent passer les secrets voilés ; on saisit surtout cette continuité essentielle du héros, qui s’étend du berceau jusqu’à la gloire, qui persiste de dessous la gloire jusqu’à la tombe.
Sans doute l’idée de morale le préoccupa outre mesure ; il y subordonna le reste, et en général, dans toute son esthétique, il méconnut les limites, les ressources propres et la circonscription des beaux-arts ; il concevait trop le drame en moraliste, la statuaire et la peinture en littérateur ; le style essentiel, l’exécution mystérieuse, la touche sacrée, ce je ne sais quoi d’accompli, d’achevé, qui est à la fois l’indispensable, ce sine qua non de confection dans chaque œuvre d’art pour qu’elle parvienne à l’adresse de la postérité, — sans doute ce coin précieux lui a échappé souvent ; il a tâtonné alentour, et n’y a pas toujours posé le doigt avec justesse ; Falconnet et Sedaine lui ont causé de ces éblouissements d’enthousiasme que nous ne pouvons lui passer que pour Térence, pour Richardson et pour Greuze : voilà les défauts.
beaucoup de savoir-faire, de facilité, de dextérité, de main-d’œuvre savante, si l’on veut, mais aussi ce je ne sais quoi que le commun des lecteurs ne distingue pas du reste, que l’homme de goût lui-même peut laisser passer dans la quantité s’il ne prend garde, le simulacre et le faux semblant du talent, ce qu’on appelle chique en peinture et qui est l’affaire d’un pouce encore habile même alors que l’esprit demeure absent.
XXIII Après cette lecture des fragments d’Apollonius de Rhodes, qui ont charmé tout le petit auditoire grec par les peintures les plus délicates d’un amour naissant, de la pitié entre deux amants, la controverse s’établit entre les auditeurs sur la prééminence d’Homère ou d’Apollonius.
Les arts les suivirent ; les plus grands noms dans la sculpture, la peinture, la gravure des pierres précieuses, l’architecture faisaient de Florence, de Rome, de Venise l’atelier de l’Europe.
C’est en effet en observant religieusement ces règles antiques, et en joignant aux grâces qui en dérivent, plus d’habileté dans la composition dramatique et dans la peinture des passions, que Racine et Voltaire ont assuré la prééminence du théâtre français.
Peinture, statuaire, musique, architecture, tous les arts, jusqu’à ceux du costume et des jardins, témoignent d’inquiétude ou de vulgarité.
Or, il avait créé le Drame, complet et vrai : complet, par la cohésion des trois dernières et essentielles formes expressives, littéraire, plastique et musicale ; vrai, par la réaliste description d’une action idéale, par la description naturelle et exacte d’une humaine action, abstraite en un mythe ; aux Œuvres il avait donné un Théâtre de représentation ; ce Théâtre était lieu de création artistique, non d’amusement : le Théâtre est éloigné et isolé ; la salle est annulée ; la représentation scénique, seule, est considérable ; les Œuvres étaient des Révélations, et le Théâtre était un Temple : les Œuvres, —Tristan, la Tétralogie, et Parsifal, — tout réalistes en leur forme, — ont un sens idéal, une signifiance profonde, et, en leurs peintures simples, tenacement conformes, et crûment vraies, elles sont, aussi, des symboles de cette Religion de la Compassion, le Mittleîd de ce Néo-Christianisme ; — et le Théâtre est pour cette révélation : à de rares époques fériées, solennellement, le Théâtre est ouvert, et, dans un ordonnement implicite et absolu de piété, se dévoile la splendeur du rite.
Graveur né à Liège en 1809 et mort à Paris en 1875, Frédéric Villot était un ami de Delacroix et fut le conservateur de la peinture du musée du Louvre de 1848 à 1861.
Qu'on rapproche ce qu'il dit dans de certaines occasions, de ce qu'il débite dans d'autres ; qu'on rapproche ses sentimens d'humanité, du mépris qu'il témoigne pour l'humanité en général ; ses déclamations contre les vices, des peintures séduisantes qu'il en fait ; son enthousiasme pour les vertus, du ridicule qu'il leur donne ; ses élans affectueux pour la tolérance, de ses rigueurs impitoyables contre les abus : & on sera à portée de juger, que s'il a été quelquefois réellement pénétré des belles maximes qu'il énonce, il ne l'a pas moins été des maximes qui leur sont contraires, puisque celles-ci paroissent aussi senties, aussi vives, & qu'elles sont aussi fortement énoncées & plus souvent répétées que les autres.
* * * — Dans les tableaux italiens, l’écartement des yeux dans les têtes, marque l’âge de la peinture.
Mais à la mort du peintre, ne voilà-t-il pas que le marchand de vin apprend le gros prix de ses peintures, et depuis ce jour, le ménage qui a de quoi vivre cependant, mène une existence désespérée, répétant à tous ceux qui veulent les entendre : « Pourquoi qu’il n’a pas dit qu’un portrait de lui, se vendait 100 000 francs ?
Il y eut certainement un même état de l’esprit en France qui se signifia par les théories de Descartes, où la pensée est séparée radicalement de la matière et comme réduite à l’abstraction, par la poésie abstraite de Boileau, par la poésie toute psychologique et aussi trop abstraite de Racine, enfin par la peinture abstraite et idéaliste du Poussin29.
Ils ont dans le cœur une sensibilité naturelle et profonde qui se plaît à la peinture des sentiments vrais.
Je crois à une peinture de la vérité plus large, plus complexe, à une ouverture plus grande sur l’humanité 19 » Il y a peut-être là l’intuition du vrai.
Ce terme s’applique ordinairement à tous ceux qui manient les formes d’art de la littérature, de la peinture, de la sculpture, de la musique, et exclusivement à eux.
Il excella dans la peinture des sentiments privés, bien plus que dans l’expression des grands devoirs et des vertus civiques.
Dans la peinture, il semble que ce fût impossible, si la peinture est plus attachée que nul art à la copie de la réalité. […] Cette image est un poignant chef-d’œuvre et de peinture et de pensée. […] Il le fallait, pour ennoblir le réalisme très gaillard de maints passages, les propos de maints personnages qui pratiquent l’argot des coulisses et de la rue, la vulgarité voulue ou consentie de ces peintures. […] Ils imaginèrent, en outre, de vouer la poésie à la plus belle expression des idées et à la peinture des symboles. […] … » La brièveté catégorique de ces maximes fait un contraste avec la peinture si nuancée de l’erreur et de ses diversités : l’erreur est nombreuse et, la vérité, simple.
La bicyclette, le cheval, la peinture, le bateau, sont d’excellentes choses et très utilement employables ; la maladie aussi, quand elle est présentée d’une façon attendrissante ou mélodramatique… Ah ! […] Benjamin Constant, lequel, interrogé dévotement sur les sensations que lui cause sa propre peinture, déclarait modestement ceci : — Oui, je suis le plus grand peintre de ce temps, et peut-être de tous les temps… Mais, que voulez-vous ? […] Georges Duval, de tous les messieurs Georges Duval de la poésie, du roman et de la peinture. […] c’était, au fond, un très pauvre diable qui avait essayé un peu de tout, de la peinture, de la littérature, de l’annonce et de la commission, et qui, tour à tour camelot, photographe, chanteur de café-concert et, peut-être, policier, avait, un beau jour, décidé, las de ses malchances, qu’il ne ferait plus rien ! […] Émile Zola prend, au début de son livre, une petite ville industrielle, Beauclair, soumise au régime actuel du salariat… c’est-à-dire au régime de la haine… Avec raison, Zola voit dans le salariat la grand mal moderne, celui dont tout le monde souffre par répercussion, les ouvriers, les patrons, les consommateurs… Et il en donne de tragiques exemples qui font frissonner… Tout ce que le salariat comporte de luttes mauvaises, de haines épuisantes, de honte, d’avilissement, de déchéance humaine, de misère et d’infécondité, il le traduit par la peinture de cette petite ville, avec une force de vérité inoubliable et saisissante.
Sur le moment personne ne savait laquelle il fallait admirer de ces deux peintures aux cadres pareils. […] Cet état est donné aux uns par la musique, à d’autres par la peinture, le drame. […] Ils croient vraiment que le goût de la peinture, de la musique, de la poésie, cela s’apprend comme l’orthographe ou la géographie ! […] Et ce sont les meilleurs, les plus sains : la volupté est une création humaine, un art délicat où quelques-uns seulement sont aptes, comme à la musique ou à la peinture. […] La musique a beaucoup baissé dans l’estime de la jeune fille (2) ; quelques-unes préfèrent la peinture (4) ou même la poésie (6).
Les os gravés et les peintures murales des cavernes témoignent d’une grande familiarité avec plusieurs animaux domesticables et qui étaient sans doute domestiqués dès cette époque, tels que le cheval et le tienne. […] La première figure que nous ayons de ce métier primitif nous est donnée par une peinture aztèque12. Les anciennes peintures égyptiennes nous montrent un perfectionnement capital, pour ce qu’il augmente la rapidité du travail, la navette. […] Par le loisir, il conquiert luxe, religion, poésie, peinture, danse, et cet usage somptuaire de l’intelligence, la pensée. […] Que les peintures des cavernes aient eu un but magique, en sont-elles moins des merveilles de dessin ?
. — On s’est plaint maintes fois que toute la littérature moderne reposât uniquement sur la peinture de l’amour. […] Zola et dans le temps où le naturalisme triomphait, il a dû à ce compagnonnage des débuts presque toutes les erreurs et les affectations regrettables de sa première manière : comme le souci de ne décrire qu’une humanité restreinte étudiée dans des types d’exception choisis encore entre les plus bas, comme dans certaines peintures l’exagération du trait poussé jusqu’à la caricature, et comme la grossièreté de l’expression soulignant celle des sujets. […] L’unique sentiment à la peinture duquel Maupassant est sans cesse revenu, l’amour, dans lequel il voit aussi bien l’unique attrait de la vie, c’est de même qu’il l’a dépouillé de tout idéal. […] L’éloignement adoucit, atténue, estompe les contours des choses. — Au surplus, ces peintures des mœurs étrangères sont-elles exactes ? […] Avant d’être un enseignement pour l’esprit, la peinture est une joie pour les, yeux, la musique est une volupté pour l’oreille.
Si vous lisez le récit qu’elle vient de publier en traduction sous ce titre : Au temps de l’Innocence, vous constaterez quel relief donne à sa peinture de l’âme américaine son contact constant avec d’autres nations. […] Dans un bien remarquable récit de ce Balzac avorté que fut Restif de la Bretonne, la Vie de mon père, se rencontre la plus forte peinture peut-être qu’ait faite un écrivain, d’un type de ces paysans-là. […] Il s’appelait Vélasquez, et toutes les fiertés de la tragique péninsule ont passé dans sa peinture. […] Courtois-Suffit dénonce très finement cette analogie : « Sans pourtant établir un parallèle péremptoire entre l’abus des stupéfiants dans un certain monde artistique et les productions plus ou moins étranges qu’il nous a été donné d’apprécier, tant en peinture qu’en musique, on peut se demander, en considérant d’une part les manifestations d’art d’une fantaisie spéciale, si la recherche des sensations inédites par l’emploi de la morphine et de la cocaïne n’a pas produit dans le milieu des artistes une déformation spéciale de la conception, une aberration générale des sens et plus particulièrement de la vision et de l’ouïe… » En effet tous les dilettantismes s’apparentent. […] Taine, dans son Étienne Mayran, Jules Vallès, dans son Jacques Vingtras, nous ont laissé deux sinistres peintures de ces forceries pédagogiques.
Une légère douillette de taffetas, simplement jetée sur ma personne, aurait eu l’air de me défendre du froid, et je l’aurais cru moi-même13. » Je crains bien qu’en fait de musique, de peinture, de tragédie, ces Français-là et nous, nous ne soyons à jamais inintelligibles les uns pour les autres. […] Non, dès qu’il s’agit de cette tragédie qui tire ses effets de la peinture exacte des mouvements de l’âme et des incidents de la vie des modernes.
Samedi 28 mars Exposition de Bastien-Lepage : de la peinture préraphaélique appliquée sur des motifs et des compositions de Millet. […] Des cours profondes comme des puits, des corridors interminables, des escaliers dont on ne peut compter les marches, puis soudain, des peintures ingénues et barbares, imparfaitement entrevues en un angle de plafond, soudain encore, un trou de lumière : une fenêtre avec son banc de pierre s’ouvrant au-dessus d’une ville de clochers roses sur un ciel mauve — et dans la trouble rêverie de votre esprit entre ces murs, revenant le souvenir du massacre, de la sanguinaire tuerie de 93.
La peinture qui suit est un nouveau mélange d’idées et de symboles orientaux : Et d’abord, sache Que le monde où tu vis est un monde effrayant Devant qui le songeur, sous l’infini ployant, Lève les bras au ciel et recule terrible. […] Il y a sur la terre peu de fonctions aussi importantes que celle-ci : être charmant… Avoir un sourire qui, on ne sait comment, diminue le poids de la chaîne énorme traînée en commun par tous les vivants, que voulez-vous que je vous dise, c’est divin. » Il a aussi des peintures admirables du dévouement féminin, du dévouement de chaque jour : « Etre aveugle et être aimé, c’est en effet, sur cette terre, où rien n’est complet, une des formes les plus étrangement exquises du bonheur.
Si cet homme est sourd de naissance, la langue n’étant pour lui qu’une simple peinture, il verra passer tour à tour les hiéroglyphes ou les images des choses sur lesquelles il méditera28. » Les mêmes idées et presque les mêmes termes se retrouvent dans les ouvrages de de Bonald, chez qui la parole intérieure devient la clef de voûte d’un système complet de philosophie théorique et pratique, ou, comme il dit, « l’explication du mystère de l’être intelligent. » A ce titre, cette doctrine mérite de nous arrêter quelque temps ; il est important de constater que la plus extrême des philosophies qui proclament la nécessité du langage repose sur une description inexacte et sur une interprétation fautive du phénomène de la parole intérieure. […] On ne retient presque rien sans le secours des mots, et les mots ne suffisent presque jamais pour rendre précisément ce qu’on sent. » (Diderot, Pensées détachées sur la peinture, la sculpture, l’architecture et la poésie.
Les apôtres étoient persécutés, et ils soufroient patienment les persécutions : qu’y a-t’il de plus naturel et de moins éloigné du langage ordinaire, que la peinture que fait S. […] M. de La Bruyére dit « qu’il y a de certaines choses dont la médiocrité est insuportable : la poésie, la musique, la peinture, et le discours public. » il n’y a point là de figure ; c’est-à-dire, que toute cette phrase ne fait autre chose qu’exprimer la pensée de M. de La Bruyére, sans avoir de plus un de ces tours qui ont un caractére particulier : mais quand il ajoute, « quel suplice que d’entendre déclamer pompeusement un froid discours, ou prononcer de médiocres vers avec emphase ! […] C’est ce qui fait l’hypotypose, l’image, la peinture ; il semble que l’action se passe sous vos yeux. […] Boileau sur un sujet pareil a fait d’après Horace une espèce de périphrase qui tire tout son prix de la peinture dont elle ocupe l’imagination du lecteur.
C’est une épigramme de quatre vers de la poétesse Anyté, une Grecque qui écrivait trois siècles avant notre ère : « O bouc », dit-elle, « des enfants t’ont mis des rênes de pourpre et ont garni d’un mors ta bouche barbue ; ils se jouent à figurer des courses de chevaux autour de l’autel du Dieu, tandis que doucement tu les portes tout réjouis. » L’expression de « bouche barbue » est devenue, dans Richepin, le point de départ d’une excellente peinture. […] Il continua par d’éclatantes peintures de paysages ou d’intérieurs dans l’Extrême-Orient et il les rassembla, comme des pages d’album pleines d’inattendu ou même d’inédit, dans trois volumes que le public accueillit aussitôt avec une faveur marquée : a Société Japonaise ; — Les Journées et les Nuits Japonaises ; — En Escale ; De Ceylan aux Philippines. […] Ces deux séjours nous ont valu le volume qui a pour titre : Notes sur la Russie et pour sous-titres : Tolstoï, les Étudiants, la Peinture russe, les Pèlerinages. […] Le biographe le plus copieux et non le moins utile de Verlaine, Edmond Lepelletier, affirme sans hésitation que l’idée des Fêtes galantes aurait été suggérée à l’auteur par la lecture du XVIIIe Siècle des deux Goncourt et, plus encore, par l’admiration des peintures de la galerie Lacaze, qui, nous dit-il, venaient d’entrer au Louvre.
— Ma foi, quelque chose comme le marbre ou la peinture que les artistes du siècle dernier apportaient, sous le nom de morceau de réception, à l’Académie qui venait de leur ouvrir ses portes. […] cache une idylle charmante, rappelant les belles peintures campagnardes de George Sand, en même temps qu’une douceur de langage à la façon du vieil Amyot. […] Prudhomme a dû bien se moquer et avec raison devant certaines peintures impressionnistes. […] La sécheresse de David, des écrivains de l’Empire, avait tué le charme de la peinture et des lettres dans notre pays, tout semblait perdu, et voilà que de ce qu’on croyait des ruines sont sortis Victor Hugo, Musset, Delacroix, Rude et tant d’autres dont le bronze des statues consacre aujourd’hui la gloire. […] La fable qui sert de prétexte à de ravissantes peintures du monde chrétien et païen de ce temps, au désert et à Alexandrie, est des plus simples et d’une grâce pénétrante.
C’est ce qui s’est passé pour la peinture impressionniste ; les découragés, les fruits secs que rebutaient les sérieuses études ont cru, à l’éclosion de cette nouvelle religion artistique, que le « grand soir » était arrivé et que c’en était fait de tous ceux qui savaient peindre, dessiner ou modeler un pied, un nez, une jambe ou un arbre. […] Mais les années ont passé et, peu à peu, on s’est aperçu qu’il en était qui partaient en guerre munis de bien autre chose que du dédain de la peinture de ceux qui les avaient devancés. […] Si Mignard a ses amateurs, combien plus sont excusables les compagnons de tes lippées fraîches, maître Rubens, ogre de la peinture ! […] » On dirait aujourd’hui : si je comprends ces vers, cette prose, cette musique, cette peinture ou cette sculpture, je ne les admire pas. […] Il semble qu’il ne raconte que ce qu’il a vu ou entendu, et fait en sorte qu’en voyant et en admirant le tableau qu’il vous montre, on ne songe qu’à la peinture, en oubliant le peintre.
Chéron, de lui recueillir tout ce qu’il trouverait là-dessus ; mais il le remercia un matin et lui dit de ne plus donner suite à ses recherches, déclarant qu’un tel sujet funèbre, remis sans cesse sous ses yeux, lui devenait impossible à supporter : la mort, même en peinture, il ne pouvait la regarder fixement !
Comme il y avait exposition de peinture au début, M.
Les inflexions de la ligne des monts sur le bleu du ciel, les plis et les contreplis du sol, les profondeurs des ravines, les saillies des caps, les lits des torrents ; les plateaux arides, où la terre éboulée laisse percer le sable rouge ; les maisonnettes ensevelies sous les feuilles de leurs vergers séculaires ; les arbres penchés avec leurs grands bras en avant sur les abîmes, comme pour se parer contre leur chute : tous ces horizons variés, dont chaque nuage ou chaque rayon qui traverse le firmament diversifie l’aspect et la couleur, et semble faire onduler le paysage comme une peinture mobile, ne laissent pas un regard indifférent ou uniforme dans les yeux.
C’est possible ; mais j’ai toujours cru que la peinture n’était pas un défaut dans ces tableaux écrits qu’on appelle la grande histoire.
Il se plongea dans les mâles études de l’antiquité grecque et de l’Allemagne, toujours antique ; études sur la philosophie, sur la poésie, sur l’architecture, sur la musique, sur la sculpture, sur la peinture, ces cinq formes extérieures par lesquelles le beau, caché dans les langues, dans les sons, dans les lignes, dans les nombres, dans le marbre, dans les couleurs, se révèle avec plus ou moins d’évidence et de splendeur dans tous les temps et dans tous les lieux où Dieu suscite le génie pour dévoiler la beauté.
La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) I Humboldt passe à la peinture et au dessin.
Il y a quelques traits de vérité ; mais l’ensemble du tableau est faux, outré, comme tout tableau qui n’est vu que sous un seul jour, comme toute peinture où l’imagination n’emploie que les couleurs de la prévention et de la haine.
L’imitation utile féconde, on ne peut trop louer Du Bellay de l’avoir définie : c’est, dans la peinture de la vie humaine et dans l’expression des vérités générales, de se rencontrer avec les anciens qui y ont excellé.
Il dépense des millions tous les ans en achats de tableaux et de sculptures et en créations et dotations de musées, et toujours on nous ressasse les oreilles de l’influence sur le goût et sur la culture du peuple que ces choses doivent exercer ; il n’en est rien cependant, — « lorsque l’art allemand se releva de sa profonde décadence à la fin du siècle passé, il n’y avait point de musées ; aujourd’hui que chaque ville en possède, la peinture allemande tombe dans la plus absolue inanité… Pourquoi du reste l’état n’achète-t-il pas des romans, et ne commande-t-il pas des valses ?
Mme Jacques Fréhel, inégale encore à l’effort de composer un livre harmonieux et encore impuissante à faire vivre les personnages qui lui répugnent, est admirable dans la peinture de quelques êtres nobles, qu’elle fait passer malheureusement sur les marges de l’intrigue.
C’est une peinture d’une vérité amère et hardie que celle de ce vieux fripon dans sa maison, jovial et bourru, gouailleur et cynique, humiliant et rudoyant sa femme, qu’il a réduite à l’état de servante.
C’est le ministère qui tient notre pain… Et tout ce qu’il y aurait à faire, cependant, en dehors des commandes du gouvernement… la décoration picturale des cafés, des gares de chemins de fer surtout, de ces endroits où tout le monde attend et où on regarderait… On me dira qu’il y a des peintures à la bibliothèque de la Chambre des pairs.
Zola, et peut-être moi-même, avons apportée dans le peinture du bas de la société, sera reprise par un écrivain de talent, et employée à la reproduction des hommes et des femmes du monde, dans des milieux d’éducation et de distinction, — ce jour-là seulement, le classicisme et sa queue seront tués.
Par son habitude de penser des mots et non des objets, de ne point disséquer les âmes et de ne point montrer les choses, il est par excellence du pays du spiritualisme cartésien, duthéâtre classique et de la peinture d’académie.
Les personnages qui les font, sont dans une situation extrêmement violente ; et ce que le poète leur fait dire, doit être une peinture exacte de leur situation.
Mais le poète n’a pas mis à cette peinture d’acharnement ni de haine ; et, lorsque le grand roi revient dans son palais, seul avec son arc, rabaissé subitement à la condition humaine, et plus misérable d’être tombé de si haut, — comme il avait sincèrement pleuré avec Atossa, le poète pleure sincèrement avec Xerxès. […] Hervieu a beaucoup moins souci de me retenir par un spectacle concret de la vie et par la peinture d’êtres vivants que de m’enfoncer dans la tête, à coups de maillet et à tour de bras, une conviction dont j’étais pénétré d’avance. […] Abel Hermant : une petite histoire, et la peinture ou l’esquisse d’un monde spécial. […] Et je ne demanderai pas non plus à l’Hôtel du Libre-Échange la vraisemblance des faits, ni une exacte vérité morale. — Mais la tolérance que j’accorde sans peine au vaudeville et au mélodrame populaire, il faut bien que je la refuse à la comédie de mœurs ou d’analyse, au drame historique et à la tragédie, c’est-à-dire aux genres dont le principal objet avoué est justement la peinture des sentiments et des passions, peinture dont la vérité a pour corollaire un certain degré de vraisemblance dans les événements. […] Ce dur observateur a mis de la cordialité dans la peinture de M. et de Mme Vigneron, qui sont excellents, et de leurs trois filles, qui sont charmantes, chacune à sa façon.
. — Il faut retenir ceci cependant du feuilleton dramatique du grand empereur que le choix du grand sujet, du beau sujet, est le premier devoir du dramatiste et qu’il faut bien se garder de croire qu’en art dramatique il en soit comme en peinture et que le sujet ne soit rien du tout. […] C’est la façon personnelle de parler qui marque que l’on est un tel et non pas un autre : « Shakespeare ne possède pas le moyen principal, sinon unique, de la peinture des caractères : la langue, l’appropriation du langage à chaque caractère. […] Mais il ne se fût peut-être pas défendu du besoin de placer une figure aimable ou une situation douce dans cette énergique et désolante peinture de la réalité. […] Par suite de ceci que le roman est la peinture de toute une époque et tient à l’être et à rester tel, le principal personnage est passif. […] Racine, à la différence de Shakspeare, n’a fait autre chose, dans sa poésie et dans sa peinture des passions, que de choisir de la sorte et de supprimer le laid qui est dans la réalité et dans la nature, pour ne laisser subsister que le beau qui lui sied et qu’il aime.
J’objectai timidement que la part de la statuaire et de la peinture est bien petite, en somme, dans les troubles de la chair et du sang qui agitent les hommes, et que l’art, au contraire, ravit ses amants dans des régions sereines où ils goûtent seulement des voluptés paisibles. […] j’ai peur qu’un mal physique ne procède de toutes ces tortures morales. » En 1877, une passion unique s’empara de cette âme en peine : Marie Bashkirtseff se consacra tout entière à la peinture. […] C’est le 21 janvier 1882 qu’elle vit pour la première fois Bastien Lepage, dont elle admirait et imitait la peinture. […] Elle a du goût pour la peinture et fait de jolies aquarelles. […] « Le comte Edling n’est pas beau, mais c’est justement dans le laid qu’on peut étudier l’art de la peinture. » Elle chante, elle joue du clavecin, elle a même composé six valses, « mais elle ne peut les produire ».
Vernet a fait en peinture, M. […] Il avait songé à Racine, et cherché son principal moyen de succès dans la peinture des combats intérieurs, des contradictions incessantes d’un cœur partagé entre l’amour et le devoir, entre le doux égoïsme de la passion et la froide raison d’État ; toute cette poésie amoureuse et charmante que Racine a répandue à flots limpides dans Andromaque, dans Esther, et surtout dans Bérénice, M. […] Cela est si vrai, que, par un nouveau progrès dans la décadence, l’école dont je parle en arriva à transporter dans la poésie les procédés d’un autre art, à nous donner de la peinture et de la sculpture en vers, et à croire que le but suprême était atteint, si, force de ciseler et d’enluminer la langue poétique, elle parvenait à rivaliser, sous leur plume, avec l’ébauchoir et le ciseau. […] Arago, de la peinture mieux que M. […] Saint-Martin, à ce nouveau point de vue, deviendrait simplement une sorte de Joubert, mais un Joubert agrandi et obscurci, échangeant contre un Sinaï quelque peu allemand ce jardin français de Savigny, dont Chateaubriand, dans ses Mémoires, nous a tracé une si délicieuse peinture.
Littérature, Poésie, Théâtre, Musique, Peinture, Sculpture, Philosophie, Histoire, Sociologie, Sciences, Voyages, Bibliophilie, Sciences occultes, Critique, Littératures étrangères, Portraits, Dessins et Vignettes originaux Épilogues (actualité) : Remy de Gourmont. […] Il évoque les goûts malsains de son enfance, peintures absurdes, littératures étranges, et toutes ses folies, et ses hallucinations maladives, dont il entretenait en lui-même, comme par une ivresse de s’intoxiquer mieux, la frénésie… « Je voyais très franchement une mosquée à la place d’une usine…, des calèches sur les routes du ciel… Puis, j’expliquai mes sophismes magiques avec l’hallucination des mots ! […] Car, à la différence des Parnassiens dont ce fut peut-être l’erreur principale de négliger le caractère essentiellement musical de la poésie, Kahn considère la versification comme une science de l’harmonie ; il a défini la poésie « une musique spéciale »45 et il fait cette remarque ingénieuse que la poésie romantique et la parnassienne furent influencées par la peinture, — et encore par une peinture antérieure à l’épanouissement complet de l’impressionnisme, — tandis que la nouvelle école, qui succédait au Parnasse, se recruta dans une génération qui fut, elle, « submergée de musique »46. […] Et c’est ainsi que le Domaine de fée est consacré surtout à l’expression du sentiment, la Pluie et le Beau temps à la peinture des paysages, et les Limbes de lumière évoquent de grandes songeries idéologiques.
On nous a gâtés depuis en fait de descriptions ; la littérature a fait concurrence à la peinture et s’est piquée de l’égaler ou de l’éclipser. […] Nécessaire peut-être pour l’auteur, ce voyage l’était moins pour le public, et il ne ressortait d’un récit toujours agréable ni renseignements ni peintures d’un caractère original bien nouveau.
Puis, quelque grossières que soient leurs peintures, il s’agit chez eux des accompagnements de l’amour ; Swift ne touche qu’aux suites de la digestion, et il n’y touche qu’avec dégoût et par vengeance ; il les verse avec horreur et ricanement sur les misérables qu’il décrit. […] Homme du monde et poëte, il a inventé la plaisanterie atroce, le rire funèbre, la gaieté convulsive des contrastes amers, et, tout en traînant comme une guenille obligée le harnais mythologique, il s’est fait une poésie personnelle par la peinture des détails crus de la vie triviale, par l’énergie du grotesque douloureux, par la révélation implacable des ordures que nous cachons.
Et qu’on ne croie pas que je veuille faire de ce Moyen-Âge une peinture agréable et fausse. […] Ce qu’il y a de plus beau, suivant moi, dans la peinture que Michel-Ange nous a faite du Jugement dernier, et ce qui corrige à mes yeux l’horreur d’un tableau où l’enfer domine, où les damnés abondent, c’est le groupe de femmes, à la droite du Christ, qui s’élèvent de terre et montent au ciel, non pas seules, mais en emportant des hommes avec elles.
Rien n’y amuse les yeux ; aucun ornement, aucune fantaisie d’art, ni peinture, ni sculpture ; ce ne sont que lignes sèches et rigides. […] LXIII Une très belle demoiselle, juive, dont mon père avait vanté le portrait, exposé au dernier Salon, vint le voir, pour le remercier, et lui montrer, peut-être, que l’original valait mieux encore que la peinture. […] La gracieuse enfant s’imaginait faire de la peinture. D’un pinceau, qui semblait trempé dans du miel, elle léchait, en effet, de petites toiles, qui le plus souvent la représentaient elle-même, bien enlaidie… À cause de ses beaux yeux andalous et de sa passion sincère pour la peinture, mon père recommanda, le mieux qu’il put, la jeune artiste, et, très reconnaissante, la vieille Maugrabine, apporta un jour, dans un petit panier, un angora blanc, tout bébé, qui lui était né d’une noble chatte… On baptisa le nouveau venu : Don Pierrot de Navarre, et ce fut un chat très aimé.
Mérimée, parmi nous, dans ses cadres restreints, s’est montré irréprochable sur ce point de la réalité : sa peinture serrée et fidèle, toute confinée à l’objet qu’elle exprime, laisserait percer plutôt une aversion, une méfiance trop contraires à ce qui est un faible chez M. de Vigny.
« Les uns croient que c’est outrager les hommes que d’en faire une si terrible peinture, et que l’auteur n’en a pu prendre l’original qu’en lui-même.
Prenons du moins ce tableau comme il est, pareil aux tableaux des plus anciens maîtres en peinture : il y manque le dessin ; il y manque la couleur, la perspective ; il y manque tout ce que vous voudrez : — il n’y manque pas l’expression, d’autant plus sensible qu’elle y est toute seule et plus naïve.
Car c’est là le trait le plus frappant de ce style, la rapidité prodigieuse, le défilé éblouissant et vertigineux de choses toujours nouvelles, idées, images, événements, paysages, récits, dialogues, petites peintures abréviatives, qui se suivent en courant comme dans une lanterne magique, presque aussitôt retirées que présentées par le magicien impatient qui en un clin d’œil fait le tour du monde, et qui, enchevêtrant coup sur coup l’histoire, la fable, la vérité, la fantaisie, le temps présent, le temps passé, encadre son œuvre tantôt dans une parade aussi saugrenue que celles de la foire, tantôt dans une féerie plus magnifique que toutes celles de l’Opéra.
Cet échelon se reconnaît à divers indices, à la possession d’un langage fondé sur des racines, à l’art d’allumer ou au moins d’entretenir le feu (un singe en est incapable), à l’invention de l’ornement (tatouage, peinture des sauvages, déformation volontaire du nez, des oreilles, des lèvres, etc.), à la fabrication des premiers outils (haches en silex, bâtons pointus, etc. ; un singe se sert d’une pierre ou d’un bâton, mais ne sait pas les transformer pour les approprier à un usage).
Le tambour de la coupole (la partie cylindrique) est percé de seize fenêtres ; c’est à travers ces fenêtres qu’en se promenant au Pincio on aperçoit quelquefois le soleil qui se couche. » XVI Depuis la base des piliers jusqu’à la cime de cinq cents pieds de la coupole, abîme de vide, les murailles élèvent avec elles jusqu’au faîte le miracle de tous les arts : chapelles, tombeaux, figures, peintures, mosaïques, balustrades de marbres précieux, symbole du crucifié, anges qui l’assistent sur la terre ou qui le reçoivent dans son éternité.
Ils y coururent et ils revinrent en pleurant, comme Adam et Ève qui sont en peinture là-haut aux Camaldules, quand ils virent pour la première fois mourir quoi ?
Né dans une contrée où s’était éveillé de bonne heure le goût des vastes compositions historiques, il a fait une œuvre toute flamande encore à d’autres égards : le génie de cette Flandre opulente, matérielle, sensuelle, pays des cortèges somptueux et bizarres, des tapisseries immenses et splendides, de l’éclatante et grasse peinture, où, sous les ducs de Bourgogne, la féodalité mourante étala ses plus riches et plus étourdissantes mascarades, ce génie est bien le même qui s’exprime dans le talent de Jean Froissart, l’incomparable imagier.
I, p. 345 Comparez, dans le poème de saint Brandan, la peinture de cette île merveilleuse, où les moines ne vieillissent pas et reçoivent leur pain du ciel, où les lampes s’allument d’elles-mêmes pour les fêter ; vie de silence, de liberté, de calme, idéal de la vie monastique au milieu des flots.
Ils se nomment et s’annoncent eux-mêmes, comme les personnages de nos peintures primitives par les phylactères qui pendent de leurs bouches — « Ceux que vous voyez ici, ce sont les Fidèles.
Luxe mou, rose, énervant, sculpture décolletée, céramique d’orgie, peinture érotique, tentation de saint Antoine de l’art libertin, où la Chine grimacière, la Saxe galante et le rococo Pompadour luttaient de minauderies et d’agaceries mignardes pour griser les sens et irriter le désir.
Taine, mais elles y sont empâtées, comme dans certaines peintures.
Des hommes d’un jugement plus délicat que hardi, doivent nécessairement s’effrayer de la franchise avec laquelle une plume aussi catholique que celle de l’auteur du Clément XIV a tracé la peinture de ce déplorable pontificat.
Ce n’est pas même l’éclat d’un coloris et le fini d’une peinture qui rappelle les plus grands maîtres sur toiles de la Renaissance, et fait de ce livre quelque chose de plastique qui se sent aux yeux comme dans la pensée.
Au palais, on pouvait entendre les accents éloquents de Guadet, de Gensonné, de Garat, de Vergniaud, de Dupaty et de Desèze ; la peinture voyait s’ouvrir un musée, et des amateurs éclairés assuraient leur protection et leurs encouragements aux beaux-arts. […] Ce ne fut point, pourtant, vers la peinture des mœurs madrilènes, que Valera tourna sa puissance d’observation25. […] Nous croyons difficile la réelle peinture d’un sentiment que le devoir interdit d’éprouver, et si, malgré nous, nous le subissons, d’exprimer comme personnel ; nous ne l’interdisons pas en tant que badinage, mais il y a péril plus grave, lorsque, dans l’œuvre d’un homme d’église, et dans l’œuvre d’un homme qui n’est point un apostat, comme Théodore de Bèze, ou un défroqué comme la plupart de nos petits abbés musqués du dix-huitième siècle, l’on trouve des pièces licencieuses et tachées d’une boue païenne. […] Le naturalisme n’est pas la peinture du sale et du laid, du vice et de la cochonnerie : la littérature naturaliste n’est pas une littérature de filles et de gandins abrutis, de mastroquets et de mauvais lieux. […] Encore une fois, les échappées lumineuses, les fugues exquises, les peintures de nature ensoleillée ne sont point absentes.
Sous prétexte que chaque art a ses moyens particuliers, sa beauté propre, qu’il doit cultiver d’abord et avant tout, ce qui est incontestable et s’oppose utilement, par exemple, à la peinture philosophique ou littéraire, Pater veut que cette beauté propre et ces moyens particuliers constituent le tout de la création artistique et que la forme et la matière se confondent radicalement. Autrement dit, la peinture ne serait que dessin et couleur, la musique que sonorité savante et agréable, la poésie résiderait uniquement dans le rythme et l’arrangement euphonique des mots. […] Oui, la musique doit être avant tout musicale, la peinture avant tout picturale, et les vers doivent d’abord être de bons vers. […] Pour la peinture, cela s’admet encore moins, car enfin il faut bien qu’un tableau représente quelque chose. […] Et le sujet de Bouvard et Pécuchet, ce n’est pas la peinture de deux crétins monomanes, mais de deux hommes d’intelligence moyenne, voire dépassant un peu la moyenne, remarquables par leur bonne volonté et leur appétit de savoir, mais qui, entreprenant avec courage le tour complet des connaissances humaines, découvrent partout, même chez les autorités traditionnelles et consacrées, le dogmatisme en l’air, le sophisme éhonté, l’erreur grossière et l’épaisse sottise.
— Ou bien est-ce la peinture dont le rideau de fer est orné qui provoquait ces applaudissements ? […] « Il peut d’abord sembler étrange que, pour former le cœur des petits enfants de Paris, on ait eu l’idée de leur mettre sous les yeux la peinture la plus vive, la plus brûlante de l’amour, l’histoire d’une passion furieuse, désordonnée, qui va jusqu’au meurtre, à la folie et au suicide. […] La peinture des grandes passions a par elle-même quelque chose de troublant et de contagieux à quoi il est imprudent d’exposer les âmes neuves. […] Musette, aujourd’hui, est employée au Louvre ou dans les cabines téléphoniques ; ou bien elle est institutrice et ne trouve point de place ; ou bien elle donne d’incertaines leçons de piano ou fait vaguement de la peinture. […] Et le singulier bonheur de ce théâtre, c’est que, si cet ascétisme vous gêne, vous pouvez en faire abstraction : ce qui restera, ce sera la peinture la plus vivante et la plus vraie de nos mœurs.
Dans la Mort d’Agis (1642) au contraire, le poëte a fait une belle peinture des mœurs grecques au temps où fleurissaient les lois de Lycurgue : La morale régnait dedans tous les esprits. […] Louis XIV crut voir une critique de sa conduite dans ce tableau, ou du moins cette peinture admirable le fit réfléchir, sans doute ; car, à partir de ce moment, il cessa de danser dans les ballets où il figurait souvent. […] Une grande dame de l’époque avait la prétention d’être un fin connaisseur en peinture. […] On y trouve des peintures brillantes, des traits frappants, des situations intéressantes, des incidents heureux, puis à côté de cela, des longueurs, des irrégularités, des écarts qui ralentissent la marche de l’action et nuisent au développement des caractères. […] Le talent de Campistron consistait principalement à donner de jolies descriptions, des peintures de mœurs attrayantes.
Il y avait la peinture, il y avait la musique. La peinture c’était les impressionnistes exposant des merveilles dans des appartements vacants pour trois mois. […] Sous l’inspiration de Paul Arène, esprit charmant et étroit, qui avait été du Parnassiculet (avec le même sentiment d’ironie un peu méchante pour les confrères), un excellent poète, Gabriel Vicaire, et un homme d’esprit, Henri Bauclair, maintenant secrétaire au Petit Journal et qui alors démontrait, dans de brèves nouvelles, des qualités d’humour à la Baric, écrivaient un petit volume, qui se ressentait infiniment du patronage d’Arène, par ses affinités avec le Parnassiculet, et la peinture de mœurs littéraires trop exactement transposées de la Gueuse Parfumée, une œuvre de Paul Arène d’ailleurs fort joliette. […] Poictevin, toujours une profonde réflexion des lieux, des peintures, des aspects de foule, en une âme qui sait en ouvrer un entrelac sûr et personnel. […] Des fantaisies politiques alterneront avec des peintures de natures inférieures, un peu par-ci, par-là, pour le contraste, émaillées de belles apparitions d’âme.
En même temps, à la définition délicate qu’il donne de l’idylle, à la peinture complaisante et suave qu’il en retrace, je crois retrouver, à travers l’écrivain didactique, l’homme heureux et sensible, l’hôte de la Maisonnette et l’amant de la nature. […] — La peinture du Dieu de l’Hiver, dont Baggesen place le trône au-dessus de tous les glaciers des Alpes, offre aussi de ces traits de vigueur austère qui n’appartiennent qu’aux poëtes supérieurs. […] « La principale cause paraît avoir été dans les peintures poétiques que cette philosophie faisait de la vie des hommes vertueux après la mort. » — « C’est une observation capitale dans l’histoire de la philosophie que, dans la philosophie spéculative, toutes les erreurs ou toutes les découvertes postérieures viennent toutes se rattacher à des systèmes antérieurs, comme à leur occasion ou comme à leur cause.
Le Mauvais Désir est une sorte de paradoxe sentimental, âpre et ironique ; la Carrière d’André Tourette est une très curieuse étude de mœurs ; l’Associée est une peinture de caractère, sobre et forte et qui n’a rien perdu de ses qualités de mesure et de vigueur. […] Quel contraste entre ces deux scènes, entre la belle peinture réaliste d’en bas et l’étrange vision qui la domine ! […] Laissons-les dire et suivons M.Barrès quand il nous montre le Crétois Théotocopuli, ayant passé par les écoles de peinture de Venise et de Rome et façonné à leurs magnificences de couleurs, prenant soudain contact avec un milieu nouveau pour lui et qui devait bientôt le dominer entièrement au point qu’il devint, comme le dit M.
Un homme d’esprit, qui est redevenu de mode, Stendhal, dans une page de son Histoire de la peinture, a écrit : Le pays du monde où l’on connaît le moins les Grecs, c’est la France, et cela, grâce à l’ouvrage de l’abbé Barthélemy : ce prêtre de cour a fort bien su tout ce qui se faisait en Grèce, mais n’a jamais connu les Grecs.
A défaut de cette grandeur de peinture qui nous supprimerait, la chronique des Mémoires est là qui nous soutient.
On voit dans ces épanchements confidentiels de Goethe qu’il était ramené sans cesse vers les peintures de la vie domestique, si simplement et cependant si poétiquement décrites et chantées dans l’Odyssée.
M. de Marcellus venait alors d’épouser, à Paris, une femme d’une naissance éminente, d’un esprit héréditaire, d’une beauté remarquée dans son siècle, mademoiselle de Forbin, fille du comte de Forbin, directeur des musées, homme dont les agréments de figure, les succès de salon ou de cour sous deux règnes, l’esprit épigrammatique, et les talents en peinture et dans les lettres, faisaient un ornement de l’époque impériale, dépaysé dans le royalisme de la Restauration.
Cette peinture évangélique de l’âme de l’évêque, âme chrétienne parce qu’elle est populaire, et populaire parce qu’elle est chrétienne, mon ami, est ce qu’on appelle un tableau de genre suspendu dans un vestibule pour prédisposer, par une bonne impression, les yeux, l’esprit, le cœur des lecteurs aux sentiments religieux et doux, qui sont l’édification de ce triste monde.
Les chambres, les salons, les terrasses, les paons qui venaient comme des chiens ailés becqueter les vitres quand on nous ouvrait les fenêtres, les hirondelles qui se préparaient à partir et qui voltigeaient autour du toit comme pour faire leurs adieux à leur demeure ; enfin, les belles peintures que madame de Lamartine et votre nièce ont prodiguées dans les appartements, les portraits chéris de votre fille qui sortent partout des murailles comme pour vous appeler à la revoir dans un autre monde… Nous ne pouvions penser à enregistrer tout dans nos souvenirs ; mes filles prenaient des notes en silence, moi je priais tout bas pour les habitants absents de ce lieu où l’on a tant aimé et tant souffert.