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641. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

Les Saisons, poème trad. de l’anglais de Thomson par Mme Bontemps, 1760, in-12 ; les fruits d’Young, tr. […] Caroline de Lichtfield, 1780, 2 vol. in-12. — Haller, Poèmes suisses, tr.

642. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Armand Silvestre »

Je sais bien que d’aucuns me blâment de cela, me jetant au nez le lyrisme douloureux de mes poèmes et concluant de ce contraste que je ne suis sincère ni en prose ni en vers. […] Il faut ajouter, du reste, que parfois, dans les poèmes les plus extasiés, sous la plus magnifique floraison d’images, le pied du faune s’entrevoit çà et là, et, comme chez Hugo « crève l’azur ».

643. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Dans la plus grande partie des Poèmes Saturniens, il échappe à l’influence parnassienne et nous chante, en toute simplicité, son âme mélancolique et charmante de ce temps-là. […] Il faut condamner également ses poèmes sociaux.

644. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

II Rien de plus beau, en effet, que ce poème religieux de la vie de Saint Louis, et surtout rien de plus sans ombre. […] Qu’importe qu’on y passe auprès de figures comme Frédéric II, — ce poème de Lord Byron au Moyen Âge, — comme Grégoire IX, — cette énergie de quatre-vingt-dix-huit ans, — comme Urbain IV, Clément IV, Alexandre IV, sans que l’auteur les regarde et soit tenté d’en faire le portrait !

645. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Mirèio, dont nous avons tant parlé, Mirèio et ses douze chants, ce poème de longueur à l’Énéide, est un poème écrit en provençal ; mais, en français, nul grand travail de poésie, de philosophie et d’histoire n’a révélé des noms nouveaux ou consacré des noms déjà connus.

646. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

J’allais dire le poème, et j’aurais bien dit : un poème où la Fantaisie a posé un crêpe sur ses ailes roses, qui n’en sont que plus roses par-dessous !

647. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Breton, Jules (1827-1906) »

On ressent, à le feuilleter, une impression complexe, et il y a certaines de ses pièces formant si bien tableau, qu’on s’arrête pour laisser passer l’image ; il faut lire les Glaneuses, les Deux Croix et le poème du Pardon : un long défilé de costumes bretons, de mendiants bariolés, de bannières flottant comme des petites voiles sur cet horizon de mer qui sert de fond à toutes les fêtes bretonnes, apparaît écumant ou calme, uni ou blanchissant, entre les menhirs gigantesques, les vieilles églises romanes, comme la poésie éternelle et l’éternelle menace de la nature.

648. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Croisset, Francis de (1877-1937) »

Les meilleurs poèmes de M. de Croisset sont de beaux monstres ; il y a de l’horreur dans le frisson d’art qu’ils nous arrachent.

649. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Du Camp, Maxime (1822-1894) »

. — Convictions, poème (1858). — Le Salon de 1859 (1859). — L’Expédition des Deux-Siciles (1861). — L’Homme aux bracelets d’or (1862). — Le Chevalier du cœur saignant (1862). — Les Buveurs de cendre (1866). — Les Forces perdues (1867). — L’Orient et l’Italie (1868). — Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie (1869)

650. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gille, Philippe (1831-1901) »

Philippe Gille excelle dans ces courts poèmes, et le Héros, Homère et son guide, Attente, sont de petits tableaux achevés sur une idée ingénieuse.

651. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lapaire, Hugues (1869-1967) »

C’est la Mireille du Berry… Tel est ce poème (Sainte Soulange), exquis, pareil à un bouquet où l’églantine, la bruyère et un brin de buis bénit mêleraient leurs arômes.

652. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mauclair, Camille (1872-1945) »

Camille Mauclair, littérairement, a touché à tout, et l’on peut dire qu’il n’est pas de beautés ni d’idées qu’il n’ait goûtées et comprises, ni de façons de sentir et de penser auxquelles il ne se soit prêté pour nous en donner ensuite, soit en des poèmes, soit en des conférences, soit en des essais de métaphysique ou d’esthétique, soit en des études de critique, soit encore en des romans ou en des contes, sa notation propre et toujours intéressante.

653. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Popelin, Claudius (1825-1892) »

d’avant-hier, poème (1886). — Un livre de sonnets (1888)

654. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rouquès, Amédée (1873-1935) »

Il pleut beaucoup dans les poèmes de M. 

655. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Trarieux, Gabriel (1870-1940) »

Dans ce poème, car le volume n’en contient qu’un, l’auteur a fait un adieu au monde social pour se retirer dans la nature, pour vivre loin des humains et laisser errer ses rêves des cimes des montagnes aux profondeurs des mers, des abîmes du ciel à ceux de la terre.

656. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre premier. De l’Écriture et de son excellence. »

Les productions les plus étrangères à nos mœurs, les livres sacrés des nations infidèles, le Zend-Avesta des Parsis, le Veidam des Brahmes, le Coran des Turcs, les Edda des Scandinaves, les maximes de Confucius, les poèmes sanskrit ne nous surprennent point : nous y retrouvons la chaîne ordinaire des idées humaines ; ils ont quelque chose de commun entre eux, et dans le ton et dans la pensée.

657. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Corbière, Tristan (1845-1875) »

Il réunit la même année tous ses poèmes et les fit paraître en une édition de luxe, qu’il orna d’un étrange frontispice à l’eau-forte.

658. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dujardin, Édouard (1861-1949) »

. — Les lauriers sont coupés, avec trois poèmes et les Hantises (1898). — L’Initiation au péché et à l’amour (1898).

659. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Manuel, Eugène (1823-1901) »

Manuel, Eugène (1823-1901) [Bibliographie] Pages intimes, poèmes (1866). — Les Ouvriers, drame en un acte et en vers (1870). — Pendant la guerre, poésies (1871). — L’Absent, drame (1873). — En voyage, poésie (1890). — Poésies de l’école et du foyer (1892).

660. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Méry, Joseph (1797-1866) »

La part qu’il avait prise au beau poème de Napoléon en Égypte, et à celui du Fils de l’homme, lui avaient acquis toutes les sympathies des Bonaparte de Florence et de Rome.

661. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pommier, Amédée (1804-1877) »

. — L’Enfer, poème catholique (1853). — Les Russes (1854). — Colifichets et Jeux de rimes (1860).

662. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soulié, Frédéric (1800-1847) »

Victor Hugo Dans ses drames, dans ses romans, dans ses poèmes, Frédéric Soulié a toujours été l’esprit sérieux qui tend vers une idée et qui s’est donné une mission.

663. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Mais, voilà que lui apparaissent les œuvres de Beethoven ; voilà qu’il entend les derniers quatuors, et qu’une signifiance merveilleuse à lui s’en transissue ; et voilà qu’il se plonge en ces poèmes, les Symphonies, les Sonates, les Ouvertures, et qu’un univers nouveau naît à lui ; « maintenant se révèle une vie toute faite d’esprit, une sensibilité douce tantôt, tantôt effrayante ; fiévreusement, le trouble, puis la paix, et les soupirs et l’angoisse, et la plainte et le transport ; tout cela semble avoir été pris au sol le plus profond de l’âme, et lui être rendu » ; et il comprend que la musique est, non plus l’élargissement d’autres modes de vie artistique, mais le spécial langage du monde spécial de l’âme… « Tirésias avait vu se fermer, devant lui, le monde de l’apparence ; et il avait pu aussi contempler avec ses yeux intérieurs le fond même de toutes les apparences. » Alors qu’importent les jeux des circonstances vaines, et que veut cette chimère, l’action d’un drame extérieur ? […] Mais échauffé des plus nobles chimères, il a rêvé un art complexe de toutes les puissances de l’art ; j’ai dit que c’était l’époque de l’Œuvre d’art de l’avenir, de Drame et Opéra ; le jeune artiste, avant de comprendre que l’œuvre de Beethoven réside majeurement en ses quatuors de cordes, a vu dans le hasard d’un chœur concluant la neuvième symphonie le commencement d’un art nouveau ; il a calculé, le jeune artiste, que l’émotion de ses musiques se doublerait de l’émotion de ses poèmes et se triplerait de l’émotion de ses spectacles ; et — ne serait-ce pas le profond de la vérité ? […] Dans les seules scènes se rapportant directement à Wotan, la parole apparaît de nouveau et évoque devant nous la vision du dieu… mais, pour le reste, Wagner sur le poème a construit la symphonie la plus grandiose — peut-être — que jamais il ait écrite… Au fond, il n’y a qu’une chose ici : la musique… On sait qu’à la fin du drame il y avait des vers résumant l’idée poétique du Ring, et que Wagner, lorsqu’il vint à parachever la musique, les supprima ; il les a supprimés, nous dit-il, « parce que c’eût été essayer de substituer à l’impression musicale une autre impression », et « parce que le sens de ces vers est exprimé par la musique avec la plus exquise précision… » Ainsi apparaît décisif ce couronnement du tétraptyque wagnérien par l’unique et glorieuse musique. […] Cependant, je rangeais la Tristesse d’Olympio en un poème lyrique indéniablement inspiré de Berlioz ; et cette orchestration, non distinguée par un jury, demeure encore en mon carton. […] Et bons wagnéristes qui n’êtes point compositeurs, jouissez simplement de ces musiques — savantes autant qu’inspirées ; même jouissez des beaux vers du poème : même, entêtés wagnéristes, des décorations qui vous sont exposées.

664. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Ce n’est qu’alors aussi que se forment ces grands acteurs aussi rares que les grands poètes, qui, comme Roscius, Garrick, Talma, Rachel, Ristori, personnifient, dans un corps et dans une diction modelés sur la nature par l’art, les grandes ou touchantes figures que l’histoire ou l’imagination groupent sur la scène dans des poèmes dialogués pétris de sang et de pleurs. […] Que serait devenu le grand Homère, qui allait récitant lui-même ses poèmes sur les chemins de Chio ou de Samos, s’il avait écrit ses divins ouvrages en scènes et en dialogues, et s’il lui avait fallu trouver des interprètes de ses vers parmi les pasteurs ou les matelots de l’Ionie ? […] Corneille cependant avait raison selon nous ; et en assignant au jeune Racine le rôle de poète épique, il ne lui assignait certes pas une gloire inférieure à la sienne, car on lit et relit avec délices le poème ; et la lecture des tragédies, dépourvue des fantasmagories de la scène, est une lecture difficile, ingrate, tronquée, souvent fastidieuse. […] La première de ces causes, c’est la brièveté nécessaire de la tragédie ou du drame, qui, devant être récité avec un grand appareil de décoration et une grande lenteur de déclamation devant le peuple rassemblé pendant une soirée, ne comporte pas la vaste étendue et l’ampleur indéfinie du poème épique. […] La seconde de ces causes, c’est que le poète tragique est privé, par la nature même de son sujet et par le dialogue pressé qu’il établit entre ses personnages, de toute la partie descriptive de la poésie, c’est-à-dire d’un des plus grands charmes du poème.

665. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Le premier de nos Français qui ait, un peu confusément, mais profondément, éprouvé ce sentiment nouveau, c’est un poète lyonnais, Maurice Scève, dans sa Délie, objet de plus haute vertu, poème symbolique, imité de Pétrarque, et dont la nuit obscure, si l’on ose ainsi parler, étincelle de beautés singulières. […] 3º Les Œuvres. — Les œuvres de Maurice Scève se composent, pour ne rien dire de quelques opuscules, de Délie, objet de plus haute vertu, Lyon, 1544 ; — et du Microcosme, poème descriptif en trois chants, Lyon, 1560. […] Les Odes, les Hymnes et les Poèmes. — Que ce sont les Odes et les Hymnes qui ont fondé de son vivant la réputation de Ronsard. — Les contemporains s’y sont-ils mépris ? […] Il n’y tombe pas encore tout à fait dans les Poèmes ; — et c’est qu’il lui faut auparavant passer par l’alexandrinisme, — [Cf.  […] 2º Les Origines de l’Astrée. — Biographie d’Honoré d’Urfé : — Son premier écrit : Les Epistres morales, 1598 ; — son mariage avec Diane de Châteaumorand ; — ses malheurs conjugaux ; — son poème du Sireine, 1606. — La composition de l’Astrée. — Le mélange de la fiction et de la réalité [Cf. 

666. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

L’éditeur d’André Chénier n’avait pas qu’à transcrire les manuscrits : ce n’était là que le plus facile de sa tâche, il avait à classer les fragments de poèmes et à classer les poèmes. […] Aucun de ces ouvrages ne vaut les poèmes d’André Chénier. […] La Maison pauvre, intitulée « poème », est plutôt un recueil de poèmes. […] Ce sont les poèmes d’une saison, d’une ou deux années. […] Mais enfin, dans ce poème, que de sensibilité exquise ; et aussi que de soumission !

667. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Il juge les plus vieux poèmes d’après des règles qu’il tient pour immuables et divines. […] Elle est tirée d’un poème de Thomas Moore (the veiled prophet). […] Aussi le nouveau poème de M.  […] Je songe surtout à son dernier recueil, les Poèmes de la mort. […] Maurice Rollinat a fait un poème assez vigoureux.

668. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Un système de philosophe vaut un poème, un poème vaut une découverte scientifique, une vie de science vaut une vie de vertu. […] Un peu plus, on nous ferait expier par de sévères macérations l’allégresse avec laquelle nos prédécesseurs ont chanté l’impitoyable et éclatant poème de la science dominatrice et triomphante. […] Ses poèmes, coupés d’arêtes vives, comme les rocs du Piton de la Fournaise, sont parfois rudes au toucher, éclairés par de brusques coups de lumière. […] L’auteur des Poèmes barbares a fait comme ses illustres devanciers. […] Armand Silvestre aux poèmes fragiles, frileux, un peu exténués, de M. 

669. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bertrand, Aloysius (1807-1841) »

[Préface aux Petits Poèmes en prose (1887).]

670. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Normand, Jacques (1848-1931) »

— La Poésie de la Science, poème (1879). — L’Amiral, comédie en trois actes et en vers (1880). — Paravents de salons et de tréteaux, fantaisies de salon et de théâtre (1881). — L’Auréole, comédie en un acte et en vers (1882). — Les Moineaux francs (1887). — Le Réveil (1888). — Musotte, pièce en trois actes, en collaboration avec Guy de Maupassant (1891). — La Muse qui trotte (1894). — Soleils d’hiver (1897). — Douceur de croire, pièce en trois actes et en vers (1899).

671. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Redonnel, Paul (1860-1935) »

Je salue en deux sortes de poèmes une sincérité égale : dans les uns, le poète, ému de sa merveilleuse diversité, exprime avec fougue ou en souriant chacun de ses aspects, chacun de ses moments, se réjouissant surtout à ce qu’il y a d’extrême en lui.

672. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tisseur (Les frères Barthélémy, Jean, Alexandre et Clair) »

Ce volume donne : d’abord de sévères poèmes antiques, puis des rêves intimes, des notations philosophiques ; — puis une seconde série où se retrouveront les mêmes inspirations, mais exprimées avec moins de rigidité et d’heureux manquements aux règles surannées (et même ridicules) de la poésie classico-romantique, — règles faites pour une langue dont la prononciation a varié.

673. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Z — Zola, Émile (1840-1902) »

Paul Alexis Il s’aperçut un beau matin qu’en réunissant ses trois poèmes, il avait un volume de début, un volume de vers.

674. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Argument » pp. 287-289

Corollaire : que l’ancien droit romain à son premier âge fut un poème sérieux, et l’ancienne jurisprudence une poésie sévère, dans laquelle on trouve la première ébauche de la métaphysique légale.

675. (1933) De mon temps…

Ces chants, lumineux et ardent poème de la vie en ses orgueils et ses joies, étaient aussi le poème de ses désespérances, de ses détresses et de ses deuils. […] Qu’à côté Mounet-SuIIy récitât un poème de Hugo ou que Reynaldo Hahn chantât une de ses charmantes mélodies, Edmond de Goncourt y demeurait assez indifférent. […] Lugné-Poe m’avait proposé d’interpréter à l’un des spectacles de l’Œuvre un poème dialogué intitulé La Gardienne et que j’avais écrit sans penser qu’il serait jamais transporté sur la scène. […] Ce fut ainsi qu’il décida que les vers du poème seraient dits par un récitant et une récitante, tandis que les acteurs chargés des rôles et séparés du public par un voile de gaze prendraient les attitudes et feraient les gestes convenables au texte parlé. […] Lisez les courts poèmes des Contrerimes, tout y est à un point d’exquise perfection, aussi bien dans la négligence apparente que dans la préciosité voulue.

676. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Vieilli avant l’âge, sans en être devenu plus fort contre les vices de sa jeunesse, le cœur encore mal guéri de l’amour dont il avait tant souffert, sans ressource, sans espoir, dénoncé au mépris public par son passé et par sa prison récente ; — dans de pareilles circonstances, croyant en avoir fini avec la vie, et comme s’il eût déjà été étendu sur son lit de mort, il dicta le poème qui porte le titre de Grand Testament… Le Petit Testament contenait les adieux et les legs de Villon à ses amis en 1456 : Le Grand Testament renferme aussi une longue suite de legs satiriques ; mais ces legs, au lieu de constituer le fond même du poème, comme ils constituent celui du Petit Testament, n’en sont en réalité que le prétexte et que la partie accessoire. […] Le tout est entremêlé de ballades et de rondeaux, dont il n’est pas un qui ne se rattache étroitement aux diverses parties du poème où ils figurent, et qui sont, si je puis dire, comme l’épanouissement et le jet lyrique des sentiments du poète.

677. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Parmi les genres qu’il conseille, Du Bellay ne pouvait omettre le « long poème françois ». […] Qu’on relise de ce poème historique, encore chevaleresque et déjà plébéien, la scène célèbre de la Rançon, mélange de familiarité et de grandeur. […] En plaçant très haut la palme et le prix du poème, Du Bellay n’a garde de vouloir décourager et refroidir les talents vrais, mais de portée moindre.

678. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

En attendant, il lâche son Essai sur les mœurs complété, renforcé, définitif (1756), et ses discours sur la Religion naturelle (1756) ; deux autres coups droits atteignaient la Providence chrétienne, à travers l’optimisme de Leibniz : le poème du Désastre de Lisbonne (1756), et le roman de Candide (1758). […] Il écrivit contre les idées de Voltaire : il réfuta dans une lettre le Poème sur le désastre de Lisbonne. […] Il fit contre lui tout un poème héroï-comique, la Guerre civile de Genève 556 ; il excita sous main les Genevois contre lui.

679. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Ses romans sont des poèmes, de lourds et grossiers poèmes, mais des poèmes.

680. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Les voyez-vous faire la guerre aux mots grecs ou latins qui hérissent les poèmes de Ronsard et la prose de Rabelais, chasser honteusement les vocables habillés à l’ancienne mode ? […] Il ne se permet ni railleries ni familiarités et dans tout ce poème, où devait revivre l’époque frénétique de la Ligue, vous chercheriez en vain un mot cru ou brutal. […] Piètre victoire, qui n’empêche pas son poème entier d’être, à cause de son effort persistant pour polir son style et ses personnages, revêtu d’une teinte grisâtre qui efface et les caractères et les événements !

681. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

» A défaut d’autres témoignages, les vertueuses doctrines dont tous ses poèmes sont tissus attesteraient son initiation. […] En ce temps-là, les dieux jeunes et beaux, éloquents et nobles qui peuplent les poèmes et les sculptures helléniques, n’existaient encore qu’à l’état brut. […] Au second livre de son poème, Virgile fait voir à Énée, dans les ténèbres brûlantes d’Ilion renversée, les formes redoutables des Divinités qui président à sa destruction.

682. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Ce livre intérieur Baudelaire l’écrit sous la forme de poèmes, Fromentin sous la forme d’un roman, Amiel sous la forme du Journal. […] » Les Fleurs du Mal et les Poèmes en prose réalisent à peu près un tel programme. Presque tous ces poèmes pourraient porter le titre d’une section des Fleurs du Mal, Tableaux parisiens, tableaux pittoresques, mais surtout tableaux intérieurs, mise à nu d’une âme dans une grande ville, mise à nu de l’âme d’une grande ville. […] Cette vie d’hôpital fait tourner naturellement de telles plantes vers les Fenêtres du poème mallarméen, et, par ces fenêtres, des figures d’Orient, de leur Orient futur, leur apparaissent confusément. […] En 1846, il écrivait à sa mère : « En passant par le souvenir, la vérité devient un poème, le paysage un tableau.

683. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Faramond, Maurice de (1862-1923) »

Depuis, il s’était tu, et de nouveau chantant le Livre des Odes, il est resté assez fidèle à l’esthétique que préconisèrent ces deux écrivains et qui était la sienne dès lors… En vingt poèmes, M. 

684. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Samain, Albert (1858-1900) »

Albert Samain a publié un autre volume, Aux flancs du vase, suite de poèmes qui offrent l’aspect imagé d’habiles modelages selon le goût antique.

685. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IV. Petits Symbolards » pp. 49-52

(Le Poème de l’Effort.)

686. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Mais pourtant il me semble que l’espèce de poésie vague, très naïve et très cherchée, que je m’efforçais de définir tout à l’heure, est un peu celle de l’auteur des Poèmes saturniens et de Sagesse dans ses meilleures pages. […] Dans leur ensemble, les Poèmes saturniens (comme beaucoup d’autres recueils de vers de la même époque) sont tout simplement le premier volume d’un poète qui a fréquenté chez Leconte de Lisle et qui a lu Baudelaire. […] Mais déjà dans les Poèmes saturniens se rencontrent des poésies d’une bizarrerie malaisée à définir, qui sont d’un poète un peu fou ou qui peut-être sont d’un poète mal réveillé, le cerveau troublé par la fumée des rêves ou par celle des boissons, en sorte que les objets extérieurs ne lui arrivent qu’à travers un voile et que les mois ne lui viennent qu’à travers des paresses de mémoire. […] Poèmes saturniens ; la Bonne chanson ; Fêtes galantes ; Jadis et naguère ; Romances sans paroles (chez Léon Vanier) ; Sagesse (chez Victor Palmé).    

687. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

XVII Ce fut dans ces heureuses années qu’elle composa la plupart de ses poèmes, recueillis depuis sous l’humble titre d’essais poétiques. […] XXXVI Dans une lettre jointe à son testament, et qui m’est communiquée par sa sœur, il y a une prière et un reproche sorti du tombeau, auquel j’aurais été plus sensible si je l’avais mérité. « Priez, dit-elle à son exécuteur testamentaire, M. de Lamartine d’achever mon poème de la Madeleine, auquel il manque des chants, et qui est celui de mes ouvrages poétiques auquel j’attache le plus de ma mémoire. […] Le poème commencé par une main, achevé par l’autre, ne serait plus qu’un lugubre concert à deux voix, dont l’une est morte et dont l’autre est éteinte. Ce poème religieux s’achèvera par elle dans le ciel.

688. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Mais ce n’est pas notre faute, à nous, si l’Angleterre répugne tant aux idées générales, si elle a plus de romans et de poèmes que de théories philosophiques et même fashionables. […] Et, d’ailleurs, n’importe où, ni dans leurs romans, ni dans leurs poèmes (Moore a fait un poème fashionable), ni dans Don Juan, la plus belle œuvre que le dandysme, servi par une tête de génie, ait créée jamais, la pensée anglaise n’a exprimé sur cette haute question d’art humain et d’esthétique sociale — l’élégance dans la vie !  […] Ce fut vingt ans après la mort de Milton qu’un matin Addison découvrit que le Paradis perdu pourrait bien être un poème de talent et un honneur pour l’Angleterre.

689. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Si les poèmes d’Homère peuvent être considérés comme l’histoire civile des anciennes coutumes grecques, ils sont pour nous deux grands trésors du droit naturel des gens considéré chez les Grecs. […] Homère parle dans cinq passages de ses poèmes d’une langue plus ancienne que l’héroïque dont il se servait, et il l’appelle langue des dieux. […] Elle vit s’ouvrir au milieu de la barbarie du onzième siècle, cette fameuse école de Paris, où Pierre Lombard, le maître des sentences, enseignait la scholastique la plus subtile ; et d’un autre côté elle a conservé une sorte de poème homérique dans l’histoire de l’archevêque Turpin, ce recueil universel des Fables héroïques qui ont ensuite embelli tant de poèmes et de romans.

690. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Il a formé des plans de grands poèmes qui s’appelaient la Superstition, l’Astronomie, l’Amérique, l’Hermès : l’Amérique devait contenir « toute la géographie du globe » et « le tableau frappant et rapide de toute l’histoire du monde », considérée du point de vue de la tolérance et de la philosophie ; c’était un Essai sur les mœurs en vers. […] Il donna cours à ses sentiments dans les ïambes : la haine de ceux qui gouvernaient, l’horreur des massacres et des supplices, le mépris de la légèreté égoïste des victimes, la révolte d’une âme qui aspire à vivre et à agir encore, d’âpres malédictions, d’amères défiances, des fiertés hautaines, de douloureux désespoirs, tout le contenu de ces poèmes, comme leur forme, nous mène bien loin de la satire didactique de Boileau, de la satire épigrammatique de Voltaire, de la satire oratoire de Gilbert.

691. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Lorsque morions ou salades Coiffaient pédaille et chevalier, Furent faites maintes ballades Par le très joyeux bachelier Que le temps ne peut oublier ; J’ai lu cent poèmes sublimes Qu’hier on a vu publier. […] Déjà, je crois devoir le dire, pour tout dire, dans ce petit poème si court, arrivés au monologue final de Pierrot, j’affirme qu’il y avait parmi nous, çà et là, des traces, je ne dirais pas de lassitude, non, mais d’un commencement de légère indifférence.

692. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

à tous les artistes, lorsqu’il s’écrie12 : Quand je vous livre mon poème, Mon cœur ne le reconnaît plus. […] Stances et poèmes.

693. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

On a pu lire ici plusieurs de ses poèmes si exquis et si charmants. […] Triste est la « consommation » verte où l’auteur des Poèmes saturniens vient de tremper sa moustache. […] Je vous signale également un Poème de chair de Cloakes, et n’oubliez pas la Vision barbare. […] Henri de Régnier plut aux oreilles fines par la musique voilée et tendre de ses poèmes. […] Et enfin le poème de l’Homme et la Sirène, quoi qu’on pense de la polymorphie, enferme, sous des apparences compliquées, un sens très simple et très beau.

694. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Ce roman, drame, comédie, ce poème traduisent des états de sensibilité. […] De tels rappels sont inévitables dans un premier roman, un premier poème, une première comédie. […] Il a lui-même ramassé toutes ses rancœurs de forçat de la presse dans un poème des Emaux et Camées. […] Leconte de Lisle compose ses Poèmes antiques et ses Poèmes barbares avec des scrupules d’érudit et de philologue. […] C’est un poème social, s’il en fut, que la Divine Comédie, une création toute civique.

695. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

C’est tout un poème, il a quatre cent neuf vers. […] Les rimes des Poèmes et fantaisies sont nulles parfois ; M.  […] Il annonce, comme devant bientôt paraître, des Poèmes bibliques. […] Plusieurs de ces poèmes ont de l’agrément, ils sont bien tournés, ils sont très gentils. […] Quelle chose ce poème a-t-il célébrée ?

696. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

J’avoue de n’avoir que bien peu de qualités requises en un poète héroïque — lit-on dans la Préface de ce poème fameux ; — je n’ai point cru égaler les princes du Parnasse, et, bien moins, atteindre au but où ils ont inutilement visé. […] Même, on a pu prétendre que la vogue du poème aurait un instant balancé celle de la Clélie de Mlle de Scudéri, alors au comble de sa réputation, elle aussi ; et — ce qui est plus triste à croire — la vogue même des Provinciales, qui paraissaient dans le même temps. La prévention fut la plus forte ; le nom de l’auteur fit valoir le poème ; et douze ou quinze ans s’écoulèrent avant que le poème à son tour discréditât le nom de l’auteur. […] Le 27 janvier 1687, l’Académie française — dont il était depuis 1671 — tenant séance, Perrault, à l’occasion de la convalescence du roi, qui relevait je ne sais de quelle maladie, régala ses confrères d’un poème intitulé : le Siècle de Louis le Grand. […] D’après le sens littéral de cette explication, il semble que le Paradis perdu serait un poème classique, et la Henriade une œuvre romantique.

697. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Leconte de Liste dans ses Poèmes antiques de si magnifiques peintures orientales et hindoues. […] Le poème de Flaubert ne lui a pas fait deviner l’orientation prochaine de notre mouvement littéraire. […] En vain un ami du grand poète écrivait-il au critique que les Stances et Poèmes de M.  […] De la pièce de vers, il est allé au poème, au roman et au théâtre. […] N’est-ce pas les Poèmes de Provence  ?

698. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Ackermann, Louise (1813-1890) »

Si l’on voulait démêler l’inspiration qui fait l’unité de ces poèmes étranges et passionnés, on ne se tromperait guère en la cherchant dans la conception de l’Infelicità.

699. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fontainas, André (1865-1948) »

Lisez dans Crépuscules le long poème intitulé : L’Eau du fleuve, arrêtez-vous plus particulièrement à la pièce qui commence ainsi : La lune illumine la nuit du fleuve et vous connaîtrez l’ampleur de vision de M. 

700. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Houssaye, Arsène (1815-1896) »

. — Poèmes antiques (1855). — Le Violon de Franjolé (1856). — Le Duel à la Tour (1856). — Le Roi Voltaire (1856). — La Symphonie de vingt ans (1867). — Le Chien perdu et la Femme fusillée (1872). — Cent et un sonnets (1873). — Roméo et Juliette, comédie (1873). — Lucie, histoire d’une fille perdue (1873). — Tragique aventure de bal masqué (1873). — La Belle Rafaela (1875). — Les Mille et Une Nuits parisiennes (1876). — Les Confessions.

701. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugues, Clovis (1851-1907) »

. — Poèmes de prison (1875). — Les Soirs de bataille (1882). — Les Jours de combat (1883). — Les Évocations (1885). — Madame Phaéton (1888)

702. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Car on nie que toutes les œuvres en vers soient poétiques, on conteste que tous les genres mêmes de versification le soient, et pour savoir où prendre les éléments de notre définition, pour décider si le poème didactique, la satire et la comédie nouvelle doivent être ou non éliminés d’emblée, comme quelques-uns le veulent, il faut avoir une idée préalable de la poésie ; ce qui fait un cercle vicieux. […] À présent, lorsqu’elle ne sent pas la beauté d’un poème vanté de tout un peuple ou seulement de quelques personnes éclairées, elle garde un silence modeste. […] Qu’un poème, par exemple, ruine l’idée de Dieu, l’idée du devoir, l’idée de l’âme, et fonde l’empire de la matière, quoi de plus immoral ? […] Uranie ne tardera pas à reconnaître, pour la justification du genre humain, qu’un souffle de moralité inspire ce poème qui ruine la morale, et que cet athée faisant honneur aux plus nobles sentiments de la nature humaine, atteste sa divine origine. […] Si quelqu’un ne trouve pas beau un poème que mille suffrages vantent, il pourra commencer à douter s’il a suffisamment cultivé son goût pour la connaissance d’un nombre suffisant d’objets d’une certaine espèce.

703. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Le poème dramatique est imitation des mœurs sociales, et enseignement des qualités sociables. […] Diderot nous offrait quelques saillies : mais ici dans cette lettre, Rousseau a écrit d’un bout à l’autre l’un des plus émouvants poèmes d’amour que nous ayons en notre langue, le poème des souvenirs et des regrets. […] Mais cette tyrannie de la sensation personnelle fait une nature de poète ; et les Confessions où Rousseau a prétendu faire l’histoire de sa vie sont un pur poème, par la perpétuelle transfiguration du réel. […] C’est que cette sincérité ne tient pas aux faits, elle est dans l’émotion même qui les altère ou les suppose : avec des débris incomplets de réalité, des traces confuses de sentiments, Rousseau reconstruit le poème de son existence.

704. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Les vers des comédies modernes par exemple, ou de Molière, n’ont rien de poétique ni ceux de la plupart des poèmes didactiques, des fables, de plusieurs épopées. […] Mais on peut assembler en une mesure harmonieuse de douze, dix, huit syllabes, des mots ne présentant à l’esprit rien de poétique ; il est des vers admirables musicalement et techniquement, faits de noms propres d’inconnus ; enfin des mots dont l’ensemble manque de nombre, peuvent donner la grande impression du lyrisme ; il faut donc qu’il y ait quelque caractère intrinsèque des mots ou plus généralement de l’expression et des idées exprimées, qui constitue le poétique, et ce caractère doit nécessairement être fort général et fort simple, pour permettre de classer ensemble des écrits aussi différents qu’un poème de Shelley, certaines descriptions de Zola, Salammbô et les Méditations, un tableau de l’Iliade, une analyse psychologique de Baudelaire, une aventure galante contée par Byron, les petites pièces lyriques de Heine, des pensées de Pascal, certaines hautes conceptions de la science, quelques-unes des plus belles toiles et presque toute la grande musique. […] Edgar Poe est, pour ses rares poèmes de l’espèce de ses maîtres, et nous avons vu combien, dans son œuvre poétique, il s’est abstenu de faire intervenir les douleurs qui l’ont agité, combien elle est vague, vide presque de spectacles sensibles et pleine d’une glaciale terreur. […] Divers écrivains parmi les plus grands, ont reproduit dans leurs œuvres certains traits de son génie ; il n’a pas été sans influence directe sur Baudelaire, qui est comme Poe, artificieux et tout volontaire dans son esthétique, qui tend également à rehausser la beauté de ses poèmes d’images d’horreur et de nouveauté, qui, plus psychologue et moins déductif que le grand Américain, tâche comme lui d’analyser cruellement sa propre âme et chez qui dominaient également de liants et impassibles dons de pure intellectualité. […] Les Poèmes de l’amour et de la mer de M. 

705. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Attendons, pour le dire, le poème épique de la raison humaine et le drame de la vérité qui se préparent à naître dans ce nouveau monde. Il ne chante pas encore, il agit, mais son action est plus poétique que nos poèmes. […] On a le droit de se reposer quand on a produit pour l’esprit humain cent poèmes, dix théâtres, dix philosophies et cinq religions ; quand on a été l’Inde, la Chine, l’Arabie, la Perse, l’Égypte, la Grèce, la Judée, l’école et le sanctuaire de l’univers. […] Je n’ai encore qu’âge d’homme, et j’y ai vu de mes yeux ensevelir Alfieri dans le marbre de Santa Croce, sculpté par Canova ; j’y ai entendu Monti réciter ses poèmes aussi dantesques que le Dante ; j’y ai serré la main de Manzoni, qui venait d’écrire ses mâles cantates ; j’y ai été l’ami de Nicolini, qui agitait de l’accent de Machiavel les fibres toscanes ; j’y ai entrevu Ugo Foscolo, ce Savonarola de la liberté, qui prêtait ses rugissements de douleur patriotique aux lettres de Jacobo Ortis ; j’y ai vécu en familiarité avec Canova, cet émule de Phidias à Rome ; enfin j’y ai entendu les premiers accents de Rossini, cet homme sans parallèle parmi les hommes vivants, qui a plus de poésie, de vibration, de littérature inarticulée dans une de ses notes que son siècle entier dans toutes ses œuvres ! […] Il n’y a pas de prose dans cet air, tout y est musique, mélodie, extase ou poème.

706. (1926) L’esprit contre la raison

Le modèle rimbaldien est nettement revendiqué dans cette apologie de l’esprit survolté, un Rimbaud que les surréalistes placent alors, comme ils le font aussi de Lautréamont, du côté de l’emportement de l’automatisme. « Délires I », « Délires II », et plusieurs poèmes des Illuminations ont déjà fait résonner ces tambours de la déraison par l’image tirée vers l’allusion et l’énigme ; Crevel a perçu tout le profit pour la pensée de cet art de la dérive, du brusque court-circuit, du lyrisme conjugué à l’ironie, d’une poésie en action que ne défrisent pas les excès polémiques. […] En opposition aux salamalecs de tous nos officiels déguisés ou non, je pense encore à l’humour de Jarry, aux poèmes blanc sur blanc de Paul Éluard. […] On retrouve par exemple les « poèmes blancs sur blanc » de Paul Éluard associés à un vers de Saint-Léger dans « Merci, Paul Klee » édité pour la première fois à Berlin par la Galerie Albert Fleichtheim en mars 1928, op. cit. […] L’article « Pour la simple honnêteté » publié dans Les Cahiers du mois n° 20-21 juin 1926 passe par les mêmes exemples, les mêmes formulations et constitue une première esquisse de l’essai ; on retrouvera les  poèmes blancs sur blanc de Paul Éluard associés à un vers de Léger dans « Merci, Paul Klee » édité pour la première fois à Berlin par la Galerie Albert Fleichtheim en mars 1928, L’Esprit contre la raison et autres écrits surréalistes, éd. cit. p. 39-40. […] Allusion au poème « Le pitre châtié » (1ère version 1864, version définitive 1887) » : Yeux, lacs avec ma simple ivresse de renaître/ Autre que l’histrion qui du geste évoquais/ Comme plume la suie ignoble des quinquets,/J’ai troué dans le mur de toile une fenêtre. […] » bu.

707. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Aussi je ne m’étonne pas du succès vraiment littéraire, du succès durable obtenu par le poème de Parini. […] Ni les poèmes, ni les discours de son héros ne sont soumis à notre jugement, et nous sommes réduit à les admirer sur parole. […] Arrivé à Londres, Ernest écrit des poèmes admirables, et devient célèbre en peu de mois. […] En rappelant que, dans tout poème dramatique, le personnage principal doit servir de pivot à l’action. […] Entre les mains de George Sand le pardon évangélique est devenu un poème simple et touchant.

708. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Glatigny, Albert (1839-1873) »

. — Gilles et Pasquins, poème (1872). — L’illustre Brisacier, drame en un acte (1873).

709. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre II. De l’Allégorie. »

Or, chez les autres peuples idolâtres, qui ont ignoré le système mythologique, cette poésie a plus ou moins été connue : c’est ce que prouvent les poèmes Sanskrits, les contes Arabes, les Edda, les chansons des Nègres et des Sauvages60.

710. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre IV. Des Sujets de Tableaux. »

Au reste, nous pouvons dire ici des sujets de tableaux, ce que nous avons dit ailleurs des sujets de poèmes : le christianisme a fait naître pour le peintre une partie dramatique, très supérieure à celle de la mythologie.

711. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Pierre » pp. 200-201

Quand on cite un seul vers d’un poème épique, il faut qu’il soit de la plus rare beauté.

712. (1763) Salon de 1763 « Peintures — La Grenée » pp. 206-207

Vous avez réussi dans une élégie, et vous méditez un poème épique.

713. (1887) Essais sur l’école romantique

Le Feu du ciel est presque un poème pour l’étendue. […] M. de Vigny a entendu ce conseil : il a remis sur le métier des poèmes imparfaits, il en a supprimé de mauvais. […] Aussi ne serais-je par surpris qu’Éloa fut, au goût de M. de Vigny, son poème de prédilection, son œuvre chérie, le pur reflet de son âme. […] Le poème de M. de Norvins n’est pas d’hier ; c’est un assez vieil enfant de la liberté de la presse sous l’Empire. […] Ainsi s’est fait le poème en quatre chants de M. de Norvins.

714. (1927) Des romantiques à nous

C’est bien plutôt, tout ainsi que le Rouge et le Noir, un poème lyrique, qui n’a l’air d’être une « étude » que parce qu’il est haché menu dans l’exécution. C’est le poème de la « chasse au bonheur », à laquelle Stendhal, timide, contraint et correct dans la vie réelle, se livre frénétiquement sous les noms de Julien Sorel et de Fabrice del Dongo. […] Le mal que Sainte-Beuve a dit de Balzac forme une sorte de poème critique très brillant. […] Boris Godounow est une sorte de fresque historique, façonnée par Moussorgsky d’après un poème célèbre de Pouchkine, et qu’anime l’intérêt d’une sombre tragédie. […] Que me font les puérilités de détail du poème et l’encombrement de ses idéologies superflues !

715. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Cros, Charles (1842-1888) »

Lisez encore ces choses, ni poèmes en prose (titre et forme bien affadis depuis ces maîtres, Aloysius Bertrand, Charles Baudelaire, Stéphane Mallarmé, Arthur Rimbaud), ni contes, ni récits, ni même histoires, le Hareng saur, angélique enfantillage justement célèbre, et le Meuble, que j’ai toutes raisons d’environner de sympathies même intrinsèques pour ainsi parler, l’ayant possédé, ce meuble, du temps où je possédais quelque chose au soleil de tout le monde.

716. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Franc-Nohain (1873-1934) »

Les personnes qui, selon la règle classique, tiennent à ce que le comique découle des caractères, et non des situations ou des mots, ne trouvent pas toujours leur compte aux petits poèmes de M. 

717. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre premier, premières origines du théâtre grec »

Le dialogue balbutie dans les inflexions de voix diverses que le rapsode qui récite au peuple les poèmes homériques, pour le salaire d’un agneau, prête aux querelles des chefs, aux interpellations des guerriers, aux réparties des festins.

718. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Si Poë a cherché un effet en écrivant son poème, il en a cherché un aussi en en racontant la genèse. […] Sardou, dans le poème de Poë, dans le roman de M.  […] Poèmes et légendes, par Roger Dumas, Lemerre, édit. […] Leconte de Lisle, Poèmes barbares. […] « La Genèse d’un poème ».

719. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre IV. Le développement général de l’esprit est nécessaire pour bien écrire, avant toute préparation particulière »

N’allez pas croire qu’il lui suffise de connaître la mythologie et le poème du Tasse pour écrire la fameuse lamentation sur ses arbres abattus ; une mémoire d’écolier aurait teinté le sentiment de pédantisme, et tout était gâté.

720. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Sarah Bernhardt » pp. 14-18

Elle semble l’illustration vivante de tous ces poèmes, obsolètes et polychromes, en train d’éclore de toutes parts, pleins de lys, d’alérions, de clairs de lune, de sphinx et de centaures, et elle captivera les chevaucheurs de nuées et de chimères par la grâce imprévue et troublante de ses travestis, évoquant la vision de l’Androgyne, du Surêtre asexué, de l’Ange impollu, ce qui lui vaudra l’hommage d’un poète exquis et précieux, l’arbitre des élégances, le nouveau Pétrone, l’un des adeptes de l’esthétique nouvelle, chez qui Huysmans a pris l’idée de son Des Esseintes : le comte Robert de Montesquiou : REVIVISCENCE2 Les Héroïnes disparaissent en cohortes Comme si les chassait un étrange aquilon : Sombre Lorenzaccio, pâle Hamlet, blanc Aiglon, Un jeune homme renaît des jeunes femmes mortes.

721. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

C’était un beau vieillard aux cheveux et à la barbe d’argent, à la physionomie grave et douce, à la parole noble, suave et cadencée, tout-à-fait semblable à l’idée du prêtre dans le poème ou dans le roman, et digne en tout de montrer sa figure de paix, de résignation et de charité dans cette scène solennelle de ruines et de méditation. […] Elle ne sera plus épique ; l’homme a trop vécu, trop réfléchi pour se laisser amuser, intéresser par les longs écrits de l’épopée, et l’expérience a détruit sa foi aux merveilles dont le poème épique enchantait sa crédulité ; elle ne sera plus dramatique ; parce que la scène de la vie réelle a, dans nos temps de liberté et d’action politique, un intérêt plus pressant, plus réel et plus intime que la scène du théâtre ; parce que les classes élevées de la société ne vont plus au théâtre pour être émues, mais pour juger ; parce que la société est devenue critique de naïve qu’elle était. […] Je me coucherais dès aujourd’hui avec plaisir dans le lit de mon sépulcre ; mais j’ai toujours demandé à Dieu de ne pas mourir sans avoir révélé à lui, au monde, à moi-même, une création de cette poésie qui a été ma seconde vie ici-bas ; de laisser après moi un monument quelconque de ma pensée ; ce monument, c’est un poème ; je l’ai construit et brisé cent fois dans ma tête, et les vers que j’ai publiés ne sont que des ébauches mutilées, des fragments brisés de ce poème de mon âme.

722. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Un critique exercé pourrait presque à coup sûr, en présence d’un poème, déterminer s’il date d’avant ou d’après l’auteur des Orientales . […] [Derniers poèmes (1895).] […] L’heure était particulièrement propice pour publier ces poèmes contemporains des Châtiments. […] Je persiste à croire que les poèmes de Mallarmé et de Verlaine l’emportent de beaucoup en élévation de pensée et en force d’évocation sur la somme des productions hugoliennes.

723. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

La nation, qui deux siècles plus tôt fournissait l’Europe de contes, de romans, de poèmes, borne ses efforts d’invention à traduire en prose ce qu’elle avait dit en vers, à se répéter lamentablement comme une vieille qui radote. […] C’est un défilé de poèmes rustiques qui font, il est vrai, quand on les évoque aujourd’hui, reflet d’une procession de fantômes. « Un auteur de ce temps-là59 écrivait mélancoliquement : « J’ai vu naître et passer devant moi : les Saisons, de Saint-Lambert ; celles de Bernis ; les Mois, de Roucher ; l’Agriculture, de Rossey ; la Nature champêtre, de Marnesia, les Fastes, de Lemierre ; les Jardins et l’Homme des champs, de Delille !  […] Son poème s’intitule Lazare ; c’est le poème des misérables ; c’est la plainte des enfants, esclaves de la machine, privés d’air pur, de jeux, de sommeil ; c’est l’appel de détresse des femmes réduites à envier le sort de la vache, qui reste du moins à l’étable, oisive et paisible, lorsqu’elle a mis au monde un petit.

724. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

L’illustre critique Wolf avait institué le débat sur l’existence d’Homère et sur la formation des poèmes qui portent son nom ; M.  […] Un petit poème burlesque, imité du Lutrin et intitulé Le Goupillon, une pure fleur artificielle. […] Fontainius in Conspicillis,La Fontaine dans le conte des Limettes ; Rulhierus in Ludis,    Rulhière dans le poème des Jeux de main ; Voltairius in Asoto, etc, Voltaire dans l’Enfant prodigue, etc.

725. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Vers la fin du siècle dernier, à la suite et à l’occasion de la découverte du texte et des scolies de l’Iliade dans la bibliothèque de Saint-Marc par Villoison, et de l’édition qu’il en donna à Venise en 1788, il s’est fait toute une révolution sur Homère, sur la manière d’envisager les poèmes homériques, leur mode de composition, leur mode de transmission longtemps oral, et aussi il s’en est suivi de graves remaniements dans la constitution du texte lui-même. […] En présence de ce sort nouveau et aventureux qui attendait les poèmes homériques, ainsi lancés derechef à travers tous les périls de la critique sur le vaste océan des conjectures, un admirateur attristé du vieil Homère, se voyant arraché tout à coup à ses habitudes, aurait pu, par contraste, adresser aux amis de Virgile ces paroles de félicitation empruntées au poète lui-même : Vivite felices, quibus est fortuna peracta Iam sua ; nos alia ex aliis in fata vocamur. […] Wagner, en donnant la quatrième édition du Virgile consacré, et en paraissant demander grâce pour s’être permis d’y indiquer quelques corrections et d’y ajouter partout où il avait pu des perfectionnements, terminait sa préface par cette sorte d’adjuration aux mânes vénérables : « Mais toi, Âme pieuse et ingénue de Heyne, si ta pensée s’abaisse encore sur ces choses, pardonne, je t’en supplie, s’il m’est échappé, chemin faisant, quelques mots non assez respectueux à ton égard ; pardonne, si ma médiocrité a avancé quelque chose qui ne soit pas assez digne d’un si grand nom et d’une si grande renommée dont tu as acquis la plus grande part par ton zèle à éclairer ces mêmes poèmes.

726. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

2º Les journaux devraient tous avoir un courrier littéraire quotidien, ne contenant que des notes brèves, rédigées par plusieurs mais sous le contrôle d’un seul, et deux feuilletons critiques hebdomadaires, l’un réservé aux romans et aux livres de poèmes les plus remarquables, l’autre aux livres de critique littéraire, histoire, philosophie, sociologie, etc. […] On les « regarde » et ils gagneraient à être faits comme un poème dada, avec beaucoup de blancs mettant en valeur des titres renseignant sur les faits du jour : c’est l’idéal vers lequel tendent les feuilles à gros tirage, avec plus ou moins de franchise. […] Jacques Morland : « Mon journal, monsieur, est une affiche. » Jamais, dit encore Mlle Charasson, « un nouveau Sainte-Beuve ne trouverait maintenant à publier sa copie, à moins d’être propriétaire du journal où il voudrait la voir paraître. » Elle souhaiterait que les journaux eussent « un courrier littéraire quotidien, ne contenant que des notes brèves, rédigées par plusieurs mais sous le contrôle d’un seul, et deux feuilletons critiques hebdomadaires, l’un réservé aux romans et aux livres de poèmes les plus remarquables, l’autre aux livres de critique littéraire, histoire, philosophie, sociologie, etc. ».

727. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Dans Berte aux grands piés, l’héroïne du poème est victime d’une odieuse trahison ; pendant qu’une serve prend sa place d’épouse auprès du roi Pépin, on la perd dans une forêt. […] Dans un autre poème (Garin le Loherain), la femme du roi Pépin voulant se mêler de lui donner un conseil politique, le roi lui assène un coup en plein visage, et, comme sa main est gantée de fer, la pauvre reine s’en va, toute saignante, méditer ce rappel au silence et à la modestie. […] « Car, écrit-elle, ce qui a donné la supériorité aux hommes a été le mariage, et ce qui nous a fait nommer le sexe fragile a été cette dépendance où le sexe masculin nous a assujetties. » La pucelle d’Orléans dont le pauvre Chapelain a, si malheureusement pour elle et pour lui, fait la victime de son poème épique, était habilement choisie pour plaire à ces vierges sages si jalouses de leur liberté.

728. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Je vous dirai que nous sommes là sur un terrain très sûr et que nous savons presque la date des lectures que La Fontaine a faites de ces trois poètes, car dans son premier poème  non, ce n’est pas tout à fait le premier  mais enfin dans un poème qu’il a fait dans sa jeunesse, à savoir dans Clymène, il nous parle à plusieurs reprises et avec éloge de Malherbe, de Marot et de Voiture. […] Il renonça donc à Voiture, et probablement un peu à Marot, ce qu’il ne dit pas précisément, car il est bien certain que l’influence de Marot ne se montra pas du tout dans la plupart — je dis la plupart — de ses poèmes, de ses productions littéraires.

729. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Il y a des poèmes dans la Comédie de la Mort et parmi ceux inspirés par le séjour en Espagne, où se révèlent le vertige et l’horreur du néant. […] Je dis symphonie, parce que ce poème me fait quelquefois penser à Beethoven.

730. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbier, Auguste (1805-1882) »

. — Odes et Poèmes, augmentés d’Il Pianto et de Lazare (1833). — Benvenuto Cellini, opéra en deux actes, avec Léon de Wailly, musique de Berlioz (1838). — Chants civils et religieux (1841). — Rimes héroïques (1843). — Le Décameron, de Boccace, traduction (t 845). — Jules César, de Shakespeare, traduction (1848). — Silves (1864). — Satires (1865). — Trois passions nouvelles (1867). — La Chanson du vieux marin, de Coleridge (1876). — Contes du soir (1879). — Histoires de voyage (1880). — Chez les poètes, études, traductions et imitations en vers (1882). — Souvenirs personnels et silhouettes contemporaines (1883). — Poésies posthumes (1884).

731. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guerne, André de (1853-1912) »

Pierre Quillard On crut d’abord que le vicomte de Guerne serait l’homme d’une œuvre unique et considérable, Les Siècles morts, où il a tenté d’inscrire la légende de quelques siècles, les plus lointains, de l’Orient, père des dieux féroces et des conquérants aussi féroces que les dieux ; il avait successivement assoupli sa langue et ses rythmes à redire la Chaldée et l’Iran hiératique en des poèmes massifs et sonores et à exprimer ensuite les subtilités de la Gnose et de l’Hellénisme finissant et de la première théologie chrétienne, si proche des métaphysiques ingénieuses et extravagantes qui lui furent contemporaines.

732. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Roumanille, Joseph (1818-1891) »

Rien n’égalait la verve, la sève, l’entrain tour à tour sérieux et goguenard de ces écrits de Roumanille : Li Club (les Clubs), Li Partejaire (les Partageux), Quand dévé, fau paga (Quand vous devez, il faut payer), Un rouge et un blanc, La Férigoulo (le Thym)… Aujourd’hui, Roumanille nous offre deux nouveaux poèmes : Li Sounjarello (les Rêveuses) et La Part dau bon Diéu (La Part du bon Dieu).

733. (1886) Le roman russe pp. -351

Rousslan et Ludmila, le poème de jeunesse qui engagea la bataille romantique, est imité de l’Arioste. […] Tarass est un poème épique en prose, le poème de la vie cosaque d’autrefois. […] Je le crois aussi ; mais est-il bien nécessaire de faire un poème épique ? […] Le « poème » devait avoir trois parties. […] Ce fut dans une des crises de son mal qu’il brûla tous ses livres et le manuscrit de la seconde partie du poème.

734. (1885) L’Art romantique

Le roman, qui tient une place si importante à côté du poème et de l’histoire, est un genre bâtard dont le domaine est vraiment sans limites. […] Elle emprunte au poème, non pas le mètre et la rime, mais la pompe ou l’énergie concise de son langage. […] Je dis symphonie, parce que ce poème me fait quelquefois penser à Beethoven. […] Les replis que font ces phrases, en se liant et s’entrelaçant autour des paroles du poème, sont d’un effet émouvant au dernier point. […] La simplicité extrême du poème augmente l’intensité de l’effet.

735. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

C’est véritablement un poème épique rustique dans la manière d’Homère. […] Catulle Mendès eût l’idée de faire un poème sur Albert Glatigny et un poème dramatique. Un poème dramatique ? Y avait-il |bien un poème dramatique dans ce sujet ? […] Je voulais surtout dire que le poème de M. 

736. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Qui aurait osé parler aux Racine, aux Despréaux, d’un poème épique sur Adam et Ève ? La cour délicate et polie de Charles II eut en horreur l’homme et son poème. […] Nous ne le suivrons pas non plus en Italie, pour l’entendre parler du « salmigondis de Dante qu’on a pris pour un poème », de « cet énorme ouvrage où se trouve une trentaine de vers qui ne dépareraient par l’Arioste348 ». […] Il a mis dans la bouche de Sosie un récit très suivi, très détaillé et très sérieux de la victoire des Thébains, tel qu’il pourrait être dans une histoire ou dans un poème. […] Tu leur mon : trais des bandelettes couvertes d’images de dieux indiens, et le texte de deux grands poèmes sanscrits que, sauf toi (tu le savais très bien), personne ne pouvait comprendre.

737. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Judith (1845-1917) »

. — Poèmes de la libellule (1885). — Iskender (1886). — La Marchande de sourires (1888). — La Conquête du Paradis (1890). — Fleurs d’Orient (1893). — Mémoires d’un éléphant blanc (1893). — Le Vieux de la Montagne (1893)

738. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pailleron, Édouard (1834-1899) »

. — Prière pour la France, poème (1871). — Hélène, trois actes, en vers (1873). — L’Autre Motif, un acte, en prose (1873)

739. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sainte-Beuve, Charles-Augustin (1804-1869) »

Si Werther avait écrit un poème la veille de sa mort, ce serait certainement celui-là.

740. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Chœur. » pp. 21-24

Mais quand la tragédie eut commencé à prendre une meilleure forme, ces récits ou épisodes, qui n’avaient été imaginés que comme un accessoire pour laisser reposer le chœur, devinrent eux-mêmes la partie principale du poème dramatique, dont, à son tour, le chœur ne fut plus que l’accessoire.

741. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VII. Des Saints. »

Josué, Élie, Isaïe, Jérémie, Daniel, tous ces prophètes enfin qui vivent d’une éternelle vie, ne pourraient-ils pas faire entendre dans un poème leurs sublimes lamentations ?

742. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre I. Introduction. Trois sortes de natures, de mœurs, de droits naturels, de gouvernements » pp. 291-295

Introduction Nous avons au livre premier établi les principes de la Science nouvelle ; au livre second, nous avons recherché et découvert dans la sagesse poétique l’origine de toutes les choses divines et humaines que nous présente l’histoire du paganisme ; au troisième, nous avons trouvé que les poèmes d’Homère étaient pour l’histoire de la Grèce, comme les lois des douze tables pour celle du Latium, un trésor de faits relatifs au droit naturel des gens.

743. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

C’est du courage aujourd’hui, que de publier un poème, qui n’a pas d’autres excuses que la beauté des vers et l’outrance vaillante de la pensée, ce poème fût-il, comme Enguerrande, poème dramatique, enchâssé dans une splendide édition, avec des caractères du seizième siècle qui font sonner les rimes comme des chants de victoire ; avec des eaux-fortes de M.  […] Essayer de fixer quelques traits de cette personnalité qui fut un monde, et dont chacun exigerait des volumes et des poèmes, n’est-ce point une tentative folle ? […] Le théâtre, le roman le poème, qui s’étaient faits coterie, redeviennent foule. […] Maurice Maeterlinck avait publié Serres chaudes, d’étranges et souvent admirables poèmes. […] Dans Les Chauves-Souris les épigraphes placées en tête de chaque poème, le titre même de ces poèmes, témoignent une culture littéraire peu commune, des lectures profondes, des habitudes intellectuelles très nobles, que n’ont point accoutumées bien des écrivains de profession.

744. (1888) Études sur le XIXe siècle

Dans un de ses plus beaux poèmes, le Genêt, Leopardi se loue de son courage à regarder en face la douleur et reproche aux hommes leur lâcheté à s’en distraire. […] Ruskin et les peintures et les poèmes des préraphaélites sont des manifestations parallèles et différentes, qui ont agi sur le goût public dans le même sens, mais non par les mêmes mobiles ni de la même façon. […] Une fois encore, pourtant, il devait descendre dans l’arène : en 1870, cédant aux sollicitations de ses amis, il se décida à publier ses Poèmes. […] Holman Hunt s’inspire spécialement de la Bible et des poètes anglais, Rossetti de Dante et des trécentistes, Burne Jones des poèmes chevaleresques. […] Aussi les sujets nationaux sont les plus favorables, tous les grands poèmes sont des poèmes nationaux. » (Id.

745. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Dans ce poème alambiqué que composent quatre cent cinquante-huit dizains, les allégories du Roman de la Rose se teintent d’un certain platonisme imprévu qui les prolongent dans un vague clair-obscur de rêve. […] Dans ses petits poèmes, Belleau chante aussi l’heure dont la course rapporte le bonheur ou apaise la peine en nourrissant l’homme d’espérance. […] Ce n’est pas dans la trompette d’airain, mais ce n’est pas non plus dans une flûte d’os de biche que Magny a soufflé lorsqu’il a composé son poème sur Bacchus. […] Il y a dans le poème d’Adonis des beautés de premier ordre, quoique lourdement parées. […] *** Venons au poème du Quinquina et de la Captivité de saint Malc.

746. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Bien que ses poèmes que nous connaissons soient peu nombreux, ils sont empreints d’une telle beauté, d’une si harmonieuse élégance, que l’admiration ne les abandonnera jamais. […] Il manquerait alors à ces notes un complément important, le poème dont elles auraient fourni les éléments. […] Peut-être ferait-il mieux de concentrer toutes ses facultés sur une œuvre unique, et de ne pas quitter le poème commencé avant de l’avoir achevé. […] Le poème de l’Invention, qui nous est parvenu tout entier, offre l’alliance heureuse de l’imagination et de la raison. […] La connaissance la plus complète de la réalité ne saurait suffire à la construction d’un poème.

747. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Tu rentres, et le matin suivant te trouve, avant la pleine aurore, au coin de ton feu flamboyant de sapin, devant ta table chargée de livres et de crayons, les yeux levés et rêveurs promenés sur l’horizon des montagnes, et cherchant lentement dans ta mémoire les images dont tu avais besoin pour peindre, dans ton poème, la félicité de l’homme. […] Quand on en voit ce que j’en ai vu seulement, avec ses majestueux lambeaux mutilés par les bombes vénitiennes, par l’explosion de la poudrière sous Morosini, par le marteau de Théodore, par les canons des Turcs et des Grecs, ses colonnes en blocs immenses touchant ses pavés, ses chapiteaux écroulés, ses triglyphes et ses statues emportées par les agents de lord Elgin, sur les vaisseaux anglais, ce qu’il en reste est suffisant pour que je sente que c’est le plus parfait poème écrit en pierre sur la face de la terre ; mais encore, je le sens aussi, c’est trop petit ! […] Ce sont de ces révélations que le ciel ne donne pas deux fois à la terre : c’est comme le poème de Job ou le Cantique des Cantiques ; comme le poème d’Homère ou la musique de Mozart !

748. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Quant à Cooper, il fait le portrait de la nature, et ses sauvages, ses forêts, ses mers, ont pour nous un charme comparable à celui des plus grands poèmes. […] Les partisans de la doctrine de l’utile veulent que les artistes ne fassent des poèmes, des statues, des tableaux que pour l’utilité sociale. […] Mythologie usée, à laquelle le poète ne croit pas, à laquelle personne ne saurait plus croire ; bonne dans les poèmes d’Homère ou dans ceux d’Ossian, ou dans les légendes des moines du Moyen-Âge ; aujourd’hui froides fictions, vain jeu de l’esprit, sorte de demi-rêve fantastique, qui n’a pas même l’illusion que le sommeil prête à nos rêves ! […] [NdE] Orthographié poème.

749. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Suite du poème et du drame de Sacountala I Nous avons laissé la belle Sacountala au moment où elle faisait ses adieux à l’anachorète pour s’acheminer vers la capitale. […] Les traditions ajoutent que le poète postérieur Valmiki, auteur ou compilateur du poème le Ramayana sur le même sujet, ayant découvert un jour ces fragments de poésie gravés sous les eaux sur les rochers, tomba dans une mélancolie mortelle, par le désespoir d’égaler jamais dans son poème, qu’il composait alors, la force et la beauté de ces fragments antiques. […] VII Quant au style dans lequel ces drames sont écrits, il égale et surpasse même en images, en pureté, en harmonie, tout ce que nous admirons dans les anciens et dans les modernes ; et si le mécanisme, la propriété de termes, la transparence de métaphores, l’harmonie de sons, la richesse de nuances, la pureté élégante de diction, sont les preuves sensibles de la perfection de mœurs, de civilisation et de philosophie chez un peuple, le style des poèmes et des drames de l’Inde atteste évidemment une littérature primitive idéale, ou une littérature parvenue à une perfection idéale aussi par la collaboration de siècles sans nombre ; car les langues se forment presque aussi lentement que le granit.

750. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Daru très jeune, lui ayant écrit en 1788 pour le consulter sur l’opportunité de publier à celle date un poème épique dont la guerre d’Amérique serait le sujet, et ayant paru attribuer la préséance dans la famille des Muses à celle qui présidait aux sciences, Ramond, en répondant, lui rappelait que c’est la poésie au contraire à laquelle il appartient de donner à tout la vie et l’immortalité ; et convenant d’ailleurs que les circonstances étaient peu propices à l’épopée, il ajoutait : Mais c’est la destinée ordinaire des grands ouvrages de ce genre de n’être jamais des ouvrages de circonstance ; et si, par cette raison, leur succès est plus lent et plus difficile, leur gloire est plus pure et moins mortelle. Depuis Homère jusqu’à Milton, jusqu’au Tasse, jusqu’à Voltaire, je ne crois pas que le génie de l’épopée ait enfanté un poème qui ait paru dans un temps où l’on n’eût autre chose à faire que de le lire ; et beaucoup de difficultés doivent se réunir contre cette œuvre de l’esprit qui acquiert à son auteur la plus grande gloire dont l’homme soit susceptible.

751. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Les Fables Nous pouvons négliger tout le reste de l’œuvre de La Fontaine, les Contes, si ennuyeux et si tristement vides de pensée dans la grâce légère de leur style, tout le théâtre, les Poèmes sur le Quinquina et la captivité de Saint-Malo, les pièces détachées, les lettres. […] Ailleurs la fable s’agrandit en poème philosophique : comme lorsqu’il démontre la vanité de l’astrologie judiciaire, ou lorsque, dans un long discours, il discute la théorie cartésienne des animaux machines.

752. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Cependant Vigny, dans ses loisirs de garnison, composait ses Poèmes, qui parurent en 1822. […] Lefevre-Deuinier (1797-1857) se plaça aux côtés de Vigny et de Hugo par le recueil qui contenait le poème du Parricide (IS23) : bel exemple du naufrage complet d’une grande réputation littéraire.

753. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Qu’il s’agisse de contes de fées qui émerveillent les enfants ou d’histoires de revenants qui leur font si grand’peur, qu’il s’agisse d’hymnes religieuses essayant de percer le mystère de la tombe ou d’utopies sociales s’efforçant d’esquisser l’avenir de l’humanité, qu’il s’agisse de méditations métaphysiques sur l’origine et la fin des choses ou de poèmes paradisiaques et prophétiques, nous rencontrons là des qualités nouvelles, des élans d’imagination, des envolées dans le vaste champ du possible, voire même de l’impossible, dans le royaume des hypothèses et des chimères, en un mot de l’idéal. Songez. à quelqu’un de ces poèmes obscurs ou grandioses où V.

754. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Mais jamais, en aucun cas, ils n’ont blasphémé nos vraies gloires, et leur patriotisme se révolte lorsqu’ils voient des ouvrages inférieurs, médiocres, détestables, sots poèmes et ignobles musiques, donnés en tous pays comme des productions très excellentes de notre art national. […] Il publia plusieurs autres recueils de poèmes, dont Les Caresses, Les Blasphèmes, La Mer, Mes Paradis, ainsi que des romans : Les Étapes d’un réfractaire, La Glu, Miarka, la fille à l’ours, Les Braves gens… et des pièces de théâtre : Nana Sahib et Le Chemineau.

755. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Chaque fois, il rappelle l’étourdi à sa petite tâche précise et lui répète, inflexible : « La méthode constante des sciences est de comparer des faits et des séries de faits l’une avec l’autre, afin de dégager la loi de leurs variations simultanées ou successives, aussi souvent qu’il est possible de le faire avec quelque sûreté. » Ainsi il étudie la philosophie, poème des poèmes, avec un vil esprit scientifique, dans la préoccupation utilitaire de la solidité précise des découvertes et non pour la joie de voir l’esprit marcher d’une allure noble.

756. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Et ce poète, qui s’appelait André Chénier, émerveillé de la variété des sites, de la diversité des productions, de la copieuse fertilité de notre patrie, laissait s’échapper comme un long cri de gratitude ce poème familier à vos mémoires, l’Hymne à la France. […] Aujourd’hui même on y conserve, on y réédite sous le nom de Royaux de France un recueil de romans en prose dérivés de nos vieux poèmes.

757. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Le vent qui palpite comme un cœur ne te semble-t-il pas rythmer le poème de la terre ? […] Le paysage coutumier me vaut une extase encore non ressentie et de nouveaux poèmes bouillonnent en moi, semblables à des fleuves d’Arcadie en fleur. […] C’est ainsi que, de tout le paysage qui m’entoure, je tire les éléments de la joie chantée par mes poèmes. […] Les autres accumulent les images qui soulignent les différents aspects du poème. […] — J’ai là le plus récent poème de notre éponyme : le prodigieux grand prêtre Alfane Malbardé… (Sévère) Ce nom ne vous rappelle rien ?

758. (1875) Premiers lundis. Tome III « Maurice de Guérin. Lettre d’un vieux ami de province »

Peu après André Chénier, et, avant qu’on eût publié ses poèmes, M. de Chateaubriand, dans les Martyrs, retrouvait de grands traits de la beauté grecque antique ; dans son Itinéraire, il a surtout peint admirablement le rivage de l’Attique.

759. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XVI. Le Paradis. »

On oppose toujours Milton, avec ses défauts, à Homère avec ses beautés : mais supposons que le chantre d’Éden fût né en France, sous le siècle de Louis XIV, et qu’à la grandeur naturelle de son génie il eût joint le goût de Racine et de Boileau ; nous demandons quel fût devenu alors le Paradis perdu, et si le merveilleux de ce poème n’eut pas égalé celui de l’Iliade et de l’Odyssée ?

760. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Mercier » pp. 1-6

Elle s’émeut beaucoup quand on lui déterre un poème de Milton ou une philosophie de Vico, mais les mérites relatifs sont pour elle peu de chose.

761. (1932) Le clavecin de Diderot

L’année précédente, Aragon avait publié « Front rouge », un poème militant écrit à la gloire de l’URSS qui vaudra à son auteur d’être inculpé en janvier 1932. […] C’est assez dire que nous en proposerions fort bien la généralisation et qu’à nos yeux, l’essai de simulation des maladies qu’on enferme remplacerait avantageusement la ballade, le sonnet, l’épopée, le poème sans queue ni tête et autres genres caducs. […] Nécessités de la vie et conséquences des rêves bi, écrivait, voilà plus de dix ans, Paul Éluard en titre à un recueil de poèmes. […] Vers du poème « Lola de Valence » in Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Gallimard, coll. « Folio classique », 1999. […] Paul Eluard, Poèmes pour la paix in Œuvres complètes, op. cit.

762. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Celui qui nous rapporterait de l’Orient quelques ouvrages zends ou pehlvis, qui ferait connaître à l’Europe les poèmes épiques et toute la civilisation des Radjpoutes, qui pénétrerait dans les bibliothèques des djaïns du Guzarate, ou qui nous ferait connaître exactement les livres de la secte gnostique qui se conserve encore sous le nom de meudéens ou de nazoréens, celui-là serait certain de poser une pierre éternelle dans le grand édifice de la science de l’humanité. […] Quand je m’interroge sur les articles les plus importants et le plus définitivement acquis de mon symbole scientifique, je mets au premier rang mes idées sur la constitution et le mode de gouvernement de l’univers, sur l’essence de la vie, son développement et sa nature phénoménale, sur le fond substantiel de toute chose et son éternelle délimitation dans des formes passagères, sur l’apparition de l’humanité, les faits primitifs de son histoire, les lois de sa marche, son but et sa fin ; sur le sens et la valeur des choses esthétiques et morales, sur le droit de tous les êtres à la lumière et au parfait, sur l’éternelle beauté de la nature humaine s’épanouissant à tous les points de l’espace et de la durée en poèmes immortels (religions, art, temples, mythes, vertus, science, philosophie, etc.), enfin sur la part de divin qui est en toute chose, qui fait le droit à être, et qui convenablement mise en jour constitue la beauté. […] Je sens que j’ai autant profité pour former ma conception générale des choses de l’étude de l’hébreu ou du sanscrit que de la lecture de Platon, de la lecture du poème de Job ou de l’Évangile, de l’Apocalypse ou d’une Moallakat, du Baghavat-Gita ou du Coran, que de Leibniz et de Hegel, de Gœthe ou de Lamartine.

763. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

. — Ainsi l’on trouve dans l’ensemble de l’œuvre, poème et musique, ce que l’étude des conditions sous lesquelles elle a été composée laissait prévoir : un conflit de tendances. […] La série de poèmes parus dans le numéro du 8 janvier 1886 sont regroupés sous le titre d’Hommage à Richard Wagner. […] La Revue va être le lieu de la fondation du mouvement symboliste et la parution de ces poèmes de Mallarmé, Verlaine, René Ghil, Stuart Merill, Charles Morice, Charles Viguier, Teodor de Wyzewa, et Edouard Dujardin est un premier acte d’un mouvement nouveau.

764. (1924) Critiques et romanciers

Les petits vers du poème intitulé Après le feuilleton dansent avec une allégresse blessée et menacée. […] Nous lisons ces poèmes, qui ont survécu parce qu’ils étaient vivants : et il n’est de vie que particulière. […] Le style dans le roman ne saurait, sans fausser le genre, rappeler celui du poème en prose. […] Roman, drame et poème indiquent les mœurs d’une époque. […] Je n’en ai lu qu’un seul poème, Matin de chasse, que donne M. 

765. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note III. Sur l’accélération du jeu des cellules corticales » pp. 400-404

Ainsi je me trouvai d’abord dans une forêt, que je m’imaginai être celle dont parle le Dante au début de son poème.

766. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VI. Exordes. — Péroraisons. — Transitions. »

Telle est de ce poème (l’églogue) et la force et la grâce.

767. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Giraud, Albert (1848-1910) »

[Préface aux Poèmes ingénus, de Fernand Séverin (1899).]

768. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Karr, Alphonse (1808-1890) »

Ce premier ouvrage était originairement un poème ; bien conseillé, Alphonse Karr convertit des vers en prose et renonça dès lors à la poésie.

769. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rodenbach, Georges (1855-1898) »

Charles Maurras J’ai lu ce « poème » des Vies encloses.

770. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Et c’est lyrique comme un poème, d’un lyrisme souvent superbe dont la raillerie qui çà et là grimace, n’arrête pas l’envolée vers les hauteurs. […] Nous jouissions de sa conversation comme de ses poèmes. […] … Il est inutile de chercher à qualifier ce poème. […] *** L’affabulation de ce poème est fort vague et d’un étrange enfantillage. […] » Et j’étais tenté de m’écrier, comme un des personnages de votre poème, et en vous aimant davantage : « Si j’étais Dieu, j’aurais pitié du pauvre cœur des hommes ! 

771. (1900) La culture des idées

Il ne faut pas, disent-ils, écrire un roman du même ton qu’un poème. […] Buffon n’a écrit que des poèmes, et Bossuet et Chateaubriand et Flaubert. […] Traduits par Mallarmé, les poèmes d’Edgard Poe acquièrent une vie mystérieuse à la fois et précise qu’ils n’ont pas au même degré dans l’original. […] Presque tous ses poèmes et sa gloire, datent de l’ancien régime. […] Le plus ancien poème de la langue française est une complainte, et précisément inspirée par un des poèmes de Prudence.

772. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Le poème est un monstre avec une tête de colombe et des serres de vautour. […] C’est ainsi qu’après les bouleversements qui secouent et déchirent la France au xive  siècle non seulement la langue se métamorphose, mais, tous les genres littéraires chers au moyen âge, la chanson de geste, le roman en vers, le grand poème allégorique dépérissent et meurent. […] Il est hors du vraisemblable. » Le Genevois Mallet du Pan s’écriait : « Sa carrière est un poème. » Et en effet, Napoléon n’était pas mort qu’il était légendaire ; il prenait des proportions de géant ; il apparaissait au début du siècle comme un colosse dépassant la stature humaine, comme un volcan couronné de fumée, suivant la comparaison d’un poète. […] Poèmes civiques.

773. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Mais la subtilité peut être dissolvante ; raffiner à l’excès, c’est souvent délier le faisceau des sarments de la fable, c’est détruire dans leur germe les grands enthousiasmes, qui donnent seuls l’audace et l’élan des longs poèmes. Et cependant, ces longs poèmes, Sully-Prudhomme aura l’honneur de les avoir tentés. […] Nous ne parlerions pas des Blasphèmes si on n’avait point représenté ce livre comme un « poème philosophique », et si, à l’étranger, on n’avait pas pris au sérieux les Blasphèmes comme un « signe des temps246 ». […] « Je doute, dit-il encore dans sa préface, que beaucoup de gens aient le courage suivre, anneau par anneau, la chaîne logique de ces poèmes, pour arriver aux implacables conclusions qui en sont la fin nécessaire… J’ai préféré mener mes prémisses à leurs conclusions… Partout où se cachait l’idée de Dieu, j’allais vers elle pour la tuer.

774. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Mais le prodige qu’il lui fallait accomplir pour imposer au réel ce reflet de beauté, le visible effort avec lequel ses phrases plus grandes s’élèvent au-dessus des paragraphes qu’elles ornent, l’âcre dégoût sans doute mêlé d’ironie, de devoir ensuite se remettre à noter en mots impassibles les turpitudes d’une foule déniais, tout le supplice volontaire d’un artiste s’astreignant à une besogne vengeresse mais répugnante, faisaient se détourner Flaubert avec joie du roman, écrire après Madame Bovary, l’épopée de Salammbô, refaire après l’Éducation ce poème mi-didactique, mi-fantastique, la Tentation, et préluder par la Légende et Hérodias à son entreprise la plus abêtissante de toutes, Bouvard et Pécuchet. […] C’est dans cette idée narquoise et amère, qu’est le fond de la philosophie de Flaubert, la morale de ses romans et la signification de ses poèmes. […] La suite des visions n’est pas clairement symbolique ; chacune d’elles est non de fantaisie, mais extraite de livres et condense en quelques lignes tout un ordre de renseignements positifs ; enfin elles sont choisies aussi pour leur beauté et leur mystère ; à tel point que l’on peut tour à tour considérer la Tentation soit comme un poème didactique, soit comme un tableau des époques antiques jusqu’au bas-empire, soit comme un admirable et précieux ballet où se mêlent la fantaisie et les magnificences. […] Il lui appartient d’avoir introduit définitivement l’étude du réel et l’érudition dans la littérature, d’avoir écrit les plus beaux livres de prose qui soient en français ; il lui est dû encore d’avoir fait resplendir un certain idéal de beauté énergique et fière, d’avoir produit en la Tentation de saint Antoine le plus beau poème allégorique qui soit après le Faust.

775. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

C’était dans sa pensée tout un poème. […] L’artiste a complètement réussi dans la première moitié de ce poème pittoresque des quatre saisons : Je crois vous avoir dit, écrivait de Rome Léopold Robert à un ami (11 mars 1828), que j’avais l’intention de faire un tableau de même dimension que la Fête de Naples : les marais Pontins m’ont donné le sujet.

776. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

La Bibliothèque publique de Genève possède, entre autres manuscrits précieux, celui d’un poème latin de Jean-Marius Philelphe, savant du xve  siècle. […] Dans ce qu’il a écrit Sur la littérature des Goths et sur la partie profane de cette littérature, sur les traditions héroïques dont l’origine remonte au temps d’Attila, et qui ont été la source des grands poèmes germaniques du Moyen Âge, Favre a été plus achevé, ou du moins un peu plus pressé d’arriver ; sa forme y a gagné, sinon pour la rapidité, du moins pour la cohésion et pour la suite : c’est qu’il a publié ce morceau dans la Bibliothèque universelle de Genève en 1837, et que la publicité oblige.

777. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Parmi les pères chartreux du Liget qui étaient assez proches voisins, il y avait un dom Marc Durant qui avait fait un poème français sur Sainte Madeleine intitulé : La Magdaliade. Dans les visites que faisait à la Chartreuse le jeune enfant accompagné de son précepteur, il s’entretenait avec dom Durant, qui était ravi de le voir prendre si bien à la poésie jusqu’à admirer son poème ; de ces visites l’enfant rapportait toujours quelque image en taille-douce, dont il ornait les murailles de sa chambre à coucher.

778. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Érudit universel à la mode du xvie  siècle, homme du monde à celle du xviie , ayant le goût de la politique, de l’histoire, de la philosophie, poète, ou du moins faiseur de poèmes, son vrai caractère, celui par lequel, même après la Pucelle, il conserva son autorité dans les salons et la confiance de Colbert, ce fut d’être l’« expert », le critique des œuvres littéraires. […] Biographie : Jean Chapelain (1595-1674), fils d’un notaire, se fit connaître d’abord par la Préface de l’Adone, puis par des Odes, et par son poème épique de la Pucelle, dont les 12 premiers chants parurent en 1656, au bout de vingt ans de travail.

779. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Lorsqu’on fait un poème, un tableau, une comédie, une histoire, un roman, une tragédie, un ouvrage pour le peuple, il ne faut pas imiter les auteurs qui ont écrit des traités d’éducation. […] Vous voyez bien, mon ami, que c’est la querelle de la prose et de la poésie, de l’histoire et du poème épique, de la tragédie héroïque et de la tragédie bourgeoise, de la tragédie bourgeoise et de la comédie gaie.

780. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dupont, Pierre (1821-1870) »

Dupont, Pierre (1821-1870) [Bibliographie] Les Deux Anges, poème (1842). — Les Chants et chansons de Pierre Dupont (1852-1854). — Muse juvénile (1809). — Sur certains bruits de coalition (1860). — La Légende du Juif-Errant (1862). — Dix églogues (1864).

781. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une petite revue ésotérique » pp. 111-116

Le directeur en était Louis Lormel, né à Paris en 1869, d’une ancienne famille artésienne et qui fera paraître en 1908, chez Sansot, un recueil de poèmes en prose : Tableaux d’âmes, que Maurice Barrès place à côté du Gaspard de la Nuit d’Aloysius Bertrand.

782. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre deuxième. »

Voilà deux vers qui ne dépareraient pas le poème écrit du style le plus haut et le plus soutenu.

783. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Gabriel Ferry »

Dupe, ou, pour dire un mot moins dur, victime du génie de Cooper, Ferry a cru qu’on pouvait reprendre la création achevée d’un immense artiste, et il ne s’est pas aperçu que dans Fenimore Cooper le véritable personnage, le vrai héros des poèmes que nous avons sous les yeux, c’est l’Amérique elle-même, la mer, la plaine, le ciel, la terre, la poussière enfin de ce pays qui n’a pas fait son peuple et qui est émietté par lui… Il n’a pas vu qu’en ôtant Bas-de-Cuir lui-même des romans de Fenimore, — cette figure que Balzac, qui avait le sens de la critique autant que le sens de l’invention, a trop grandie en la comparant à la figure épique de Gurth dans Ivanhoe et qui n’est guères que le reflet du colossal Robinson de Daniel de Foe, — il n’a pas vu qu’il n’y avait plus dans les récits du grand américain qu’une magnifique interprétation de la nature, que l’individualisation, audacieuse et réussie, de tout un hémisphère, mais que là justement étaient le mérite, la profondeur, l’incomparable originalité d’une œuvre qui n’a d’analogue dans aucune littérature.

784. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Son panégyriste avoue que son poème de sept cents vers sur la Peinture ne contient pas une remarque originale. […] Richard Strauss vient de faire jouer à Dresde une Hélène d’Égypte, sur un poème adapté d’Euripide par M.  […] Il y a néanmoins de beaux moments dans ses poèmes, ses comédies sont charmantes, c’est entendu. […] Elle ne m’empêche même pas, malgré bien des divergences, d’aimer les poèmes de M.  […] Il condamne bien sévèrement la Mort du loup, un des plus beaux poèmes de Vigny.

785. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Elle écrit de petits poèmes en prose, « d’une sensibilité passionnée ». […] Le personnage le plus scélérat du poème est un homme de la nature. […] Il est uni, tout uni ; il ne se ramasse pas comme un traité, mais s’étale comme un poème, « une sorte de poème persuasif, un poème sentimental », dit André Beaunier ; oui, et aussi, le dirai-je ? […] N’importe, il voulait faire son poème épique. […] Très souvent, il compose ses Mémoires comme un poème.

786. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Michelet attribue à la Champagne le génie narratif, les longs poèmes et les belles histoires : ce n’est pas en ces genres-là qu’a brillé La Fontaine. […] C’est bel et bien Rousseau qui a commencé, avec son « impertinente lettre » adressée à Voltaire à propos du poème sur le tremblement de terre de Lisbonne. […] Ce nouveau poème, paré de tant d’attraits, est de ceux qui inclinent aux longues méditations et laissent une impression aussi sérieuse que durable. […] Maurice Barrès dans l’admirable préface qu’il a écrite pour les Poèmes choisis. […] Notre auteur a dédié la plupart de ces poèmes « à la mémoire de son voisin de campagne Maurice de Guérin ».

787. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

« On a quelquefois demandé, dit Horace, si la comédie était ou n’était pas un poème, parce que respiration et la force ne s’y rencontrent, ni dans les mots, ni dans les choses, et qu’à la mesure près c’est une pure conversation toute semblable aux entretiens ordinaires… Ce n’est pas assez de composer des vers en termes élégants, mais ordinaires ; si, ces vers une fois rompus, tout père peut gronder du même ton qu’un père de comédie37. » La vérité est que toutes les œuvres de la comédie nouvelle sont poétiques et prosaïques à la fois : poétiques par la forme, prosaïques par le fond38. […] Ce qui fait du Bourgeois gentilhomme un poème, c’est son indépendance de tout but pratique, indépendance relative sans doute (car quelle pièce de la nouvelle comédie a jamais pu renoncer absolument à corriger les mœurs ?) […] Mais si, réserve faite de deux ou trois vrais poèmes, nous jetons les yeux sur les œuvres les plus vantées, versifiées ou non, de la nouvelle comédie, quel prosaïsme partout ! […] On venait voir la petite comédie, et pour le plaisir de rire de bon cœur pendant quelques instants, on avalait d’un trait l’ennui du grand poème didactico-psychologico-dramatique, que l’on récite encore aujourd’hui tout d’une haleine, sans intermèdes, sans baisser la toile, sans marquer la séparation des actes que par un air d’orchestre interrompu, sans laisser aux spectateurs le temps de sortir pour prendre l’air un peu, acheter L’Entr’acte ou Le Vert-Vert et s’égayer au moins de ces bêtises. […] Mais elle est rare partout ailleurs, et à part un ou deux autres traits mordants de la même espèce, une gaieté douce règne dans ce petit poème, exempt de fiel et parfaitement inoffensif113.

788. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Une circonstance accidentelle nous brouilla ouvertement pendant quelques mois, et une réparation, fièrement exigée par moi, nous raccommoda ; voici comment : XXII J’avais écrit, sans aucune provocation de la cour de Charles X, un petit poème politique, libéral et royaliste, intitulé le Sacre. […] Je n’avais fait confidence de ces vers à personne ; j’étais à cent vingt lieues de Paris ; l’imprimeur seul à qui j’avais adressé le manuscrit du poème connaissait ces vers. […] Cet article était aussi calomnieux de fond que de forme ; car Charles X était si loin de m’avoir provoqué à écrire le Chant du Sacre, qu’il se récria violemment, à l’apparition de ce poème, sur le langage très libéral que je lui prêtais dans le dialogue. Son ministre de la maison du roi lui ayant mis sous les yeux mon poème, au milieu des nombreux écrits en vers ou en prose dont on voulait récompenser les auteurs par quelque faveur de cour, et mon nom ayant été ainsi prononcé devant le roi : « Ah ! […] Le même courrier m’apportait une lettre de M. de Pansey, président du conseil du duc d’Orléans, sur un ton différent de celui de la prière à laquelle j’avais accédé. « Dites à M. de Lamartine, me faisait écrire le prince, que, s’il persiste à insérer ce passage dans son poème, il saura ce que c’est que le ressentiment du premier prince du sang. » XXIII À la lecture de l’article du Constitutionnel, et surtout à la lecture de cette injonction comminatoire du président du conseil du duc d’Orléans, je sentis que ma concession de la veille serait une lâcheté, et que, si j’avais dû au duc d’Orléans et aux larmes de ma mère d’obtempérer à l’instant à une demande secrète, je me devais à moi-même de révoquer ma concession confidentielle, et de maintenir contre une menace ce que j’avais effacé devant une prière, du moment surtout où la publicité injurieuse du Constitutionnel, qui ne pouvait venir que du Palais-Royal, avait mis le public dans la confidence.

789. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

De ces deux manières de concevoir le poème dramatique, quelle est la plus vraie ? […] Quoi qu’il en soit, la plus difficile beauté, dans un poème dramatique, c’est une peinture de l’amour qui ne vieillisse pas. […] Là est la vérité du poème dramatique. […] Il n’arrangeait pas son poème d’après ces règles, et il ne s’avisa jamais de leur rien sacrifier de la nature des choses ; mais, en méditant fortement son sujet et en y réunissant toutes les vraisemblances, il rencontrait les unités. […] Ils remplissent les vides que l’imperfection du poème a laissés.

790. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

On se perd dans les horizons du passé, on rêve aux choses ensevelies, on pense tout haut, on feuillette du souvenir les vieux chefs-d’œuvre, on retrouve et on retire de sa mémoire des citations, des fragments, des morceaux de poèmes, pareils à des membres de Dieux, sortant d’une fouille dans l’Attique. […] Il contait que son élève devenu avocat, avocat très peu occupé, avait fait un poème, intitulé : « L’art de cracher et de se moucher. » Sur ce, la sœur de Robespierre craignant qu’il ne perdît le peu de clients qu’il avait, s’il publiait son poème, allait trouver Isnard, et lui demandait un moyen pour empêcher la publication. Isnard se faisait lire le poème par Robespierre, lui disait : « C’est très bien, très bien ; mais il faudrait quelques retouches ! » La Révolution prenait Robespierre au milieu de ses retouches, — et le poème n’était pas publié.

791. (1925) La fin de l’art

Dans son poème de La Médecine, Marcellus Empiricus cite l’opium parmi soixante ou quatre-vingts produits aromatiques de l’Orient. […] Ce sont des poèmes et il s’intitule Alcools. […] Mallarmé avait déjà écrit des poèmes sans ponctuation, mais brefs et qui ne voulaient donner que des images ou des sensations uniques. Apollinaire risque de longs poèmes dénués de ces petits signes qu’on nous a habitués à croire indispensables et il prouve ainsi leur inutilité, au moins en poésie qui procède moins par analyse intellectuelle que par accumulation d’impressions. […] Il avait deux bréviaires, le bréviaire romain et le Poème de la Nature de Lucrèce.

792. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Nous verrons bientôt à quels singuliers poèmes il aboutit. […] Je saluai et, non sans émotion, lui présentai un poème frais achevé. […] De cette coupure la composition du poème était toute difformée : une tête, des pieds, et plus de corps. […] Car ces royales folies et ce luxe effréné sont peut-être imputables à cette même imagination qui créa tant de poèmes éclatants. […] En sorte que ceux-là, seuls, nous font vraiment rêver, dont les poèmes ne rêvent pas.

793. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Si les poésies, continue Horace, sont pareilles aux vins, qui deviennent meilleurs en vieillissant, pourriez-vous me faire le plaisir de me dire combien d’années de bouteille il faut à un poème pour avoir son prix ? […] N’est-ce pas insensé, conclut le poète, de regarder à la date pour savoir si un poème est bon ou mauvais ? […] Aristote dit « qu’il y a des absurdités qu’il faut laisser dans un poème, quand on peut espérer qu’elles seront bien reçues ; et il est du devoir du poète, en ce cas, de les couvrir de tant de brillants qu’elles puissent éblouir ». […] Le Cid enfin est l’un des plus beaux poèmes que l’on puisse faire ; et l’une des meilleures critiques qui aient été faites sur aucun sujet, est celle du Cid. […] Corneille lui-même avoue, avec une naïveté où l’on croit voir percer une sorte de contentement bizarre, que « ce poème est si embarrassé, qu’il demande une merveilleuse attention ».

794. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine de Boileau »

Auteur du poème latin des Jardins : voir au livre III un morceau sur Bâville, et deux odes latines du même.

795. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rollinat, Maurice (1846-1903) »

Il en reste des traces dans quelques poèmes des Nécroses, dans le Petit Lièvre, par exemple, et la Vache au taureau, qui est d’un naturalisme assez ferme.

796. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VI. Recherche des effets produits par une œuvre littéraire » pp. 76-80

Au premier abord, on dirait qu’il est chimérique de vouloir extraire quoi que ce soit de certain de l’infinie variété des opinions et impressions individuelles que suscite un roman, une pièce de théâtre, un poème, un discours, etc.

797. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

L’ensemble est un roman philosophique et symbolique : d’abord c’est le poème du repentir, du relèvement de l’individu par le remords et l’expiation volontaire. Puis c’est un poème humanitaire et démocratique : en face du bourgeois égoïste et satisfait, le peuple opprimé, trompé, souffrant, irrité, mourant, l’éternel vaincu ; en face des vices des honnêtes gens, les vertus des misérables, des déclassés, d’un forçat, d’une fille. […] Hugo faisait du roman tantôt une vision historique, tantôt un poème symbolique.

798. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Les œuvres de Joseph Haydn sont le plus parfait poème de l’émotion élégante, coquette et naïve. […] Une voix de matelot, claire et forte, rythme je ne sais quelle chanson marine d’une profonde nostalgie, poème sans nom, chanté sans accompagnement, inexplicable de gaieté voilée et de mélancolie caressante, où se reflète l’âme des gens de mer. […] Au point de vue français, on pourrait s’effaroucher de quelques raffinements métaphysiques, ou, si l’on veut, d’une subordination trop visible des faits aux idées, mais là gît précisément le caractère essentiellement germanique du poème.

799. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

. — Si nous en croyons l’auteur anonyme de l’Incertitude des sciences, les Arabes, qui ne connaissaient point l’écriture, conservèrent leur ancienne langue, en retenant leurs poèmes nationaux jusqu’au temps où ils inondèrent les provinces orientales de l’empire grec. […] Les lois des Égyptiens furent les poèmes de la déesse Isis (Platon). […] Au rapport de Festus, les guerres puniques furent écrites par Nævius en vers héroïques, avant de l’être par Ennius ; et Livius Andronicus, le premier écrivain latin, avait écrit dans un poème héroïque appelé la Romanide, les annales des anciens Romains.

800. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

La diversité de ces circonstances fait de chacune de ces évasions un poème particulier très caractérisé, mais la donnée est identique pour tous les poèmes. […] Taine, aurait été un grand homme, et son poème d’Hudibras, un chef-d’œuvre. […] Taine a-t-il remarqué que cet Hudibras, poème manqué, contient réellement le germe d’une grande œuvre poétique ? […] Le vrai poète anglo-saxon, c’est l’auteur de l’Edda, l’auteur du chant de mort de Ragnar Lodbrog, l’auteur du chant de la bataille de Brunanburgh, l’auteur du poème de Beowulf, des hymnes de Cædmon, du poème de Judith. […] Nous connaissons Shakespeare auteur de sonnets et de petits poèmes, nous pourrions aussi bien connaître Shakespeare auteur de grands poèmes épiques et lyriques, si la destinée l’avait voulu.

801. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Grâce à leur activité vagabonde, les idées circulent, les poèmes voyagent et vont chercher ceux qui ne viendraient pas naturellement à eux. […] Déjà, dans le poème féodal, le héros est beau parce qu’il est fort, témoin Guillaume au Court-Nez. […] Toutefois ce n’est que dans Les Martyrs qu’elle commença à s’imposer victorieusement : c’est une des grandes nouveautés du poème. […] — Poèmes antiques et barbares. […] Les Poèmes antiques de M. 

802. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

« Apprenez, dit-il à un de ses admirateurs, une chose incroyable et pourtant vraie : c’est que j’ai livré aux flammes (vulcano) plus d’un millier de poèmes épars ou de lettres familières ; non pas que je n’y trouvasse de l’intérêt et de l’agrément, mais parce qu’ils contenaient plus d’affaires publiques ou domestiques que d’agrément pour le lecteur !  […] Ce fut alors aussi qu’il conçut et qu’il écrivit son poème épique, plus romain qu’italien, sur les victoires de Scipion en Afrique ; entreprise ingrate et malheureuse. […] « Le 23 août 1340, raconte-t-il lui-même, étant à Vaucluse, occupé de Laure et de mon poème de l’Afrique, à la troisième heure du jour, c’est-à-dire vers les neuf heures du matin, je reçus une lettre du sénat de Rome, qui m’invitait avec les plus fortes instances à venir recevoir à Rome la couronne. […] Honteux d’avoir reçu un honneur que je n’avais pas mérité, je résolus de mettre la dernière main à ce poème, pour faire voir que je n’étais pas tout à fait indigne de la couronne.

803. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Ils n’ont point de poème épique ! Qu’est-ce qu’un peuple qui n’a point de poème épique au seuil de sa littérature et de son histoire ? […] Les Indes ont deux poèmes épiques dans le Râmayana et le Mahâbhârata ; la Grèce en a deux dans l’Iliade et l’Odyssée ; les Hébreux en ont cent dans la Bible ; la Perse en a un dans le Scha-nameh ; l’Arabie a son Koran ; Rome a son épopée dans l’Énéide ; l’Italie moderne a trois grands poèmes dans ceux du Dante, du Tasse et de l’Arioste ; l’Allemagne en a un dans les Niebelungen ; l’Espagne en a un dans le Romancero du Cid ; le Portugal en a un dans l’œuvre du Camoëns ; l’Angleterre dans celle de Milton.

804. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Cicéron écrivait des poèmes, faisait des traités de rhétorique, défendait les causes au barreau, haranguait les citoyens à la tribune, discutait le gouvernement au sénat, percevait les tributs en Sicile, commandait les armées en Syrie, philosophait avec les hommes d’étude, et tenait école de littérature à Tusculum. […] En sortant de l’adolescence, Cicéron publia plusieurs poèmes qui le placèrent, disent les histoires, parmi les poètes renommés de son temps. […] Ignoré encore lui-même comme orateur, sa renommée comme poète s’étendait à Rome par la publication d’un poème épique sur les guerres et sur les destinées de Marius, son grand compatriote. […] Ses poèmes, perdus aujourd’hui, étaient, dit-on, dignes de son éloquence.

805. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Et vole sur les toits chercher un brin de paille,         Ou bien quelque autre chose ailleurs, Et vient le déposer au milieu d’un poème, Sur les vers que je lis d’un poète que j’aime,         Et souvent ce sont les meilleurs. […] Il était né dans cette Provence, où semble s’être réfugiée aujourd’hui, dans un patois hellénique et latin, toute la poésie qui reste en France ; il était du village d’Eyragues, voisin, presque contemporain, ami et tuteur de ce Mistral qui nous apporta un beau poème, le seul poème pastoral qui ait été comparé à Homère depuis tant de siècles, le plus grand éloge qu’on ait jamais fait d’un poème depuis trois mille ans !

806. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

J’achevai cependant plusieurs stances qui manquaient encore au troisième chant de mon petit poème, et je commençai même le quatrième et dernier. […] Je ne suis pas trop sûr cependant, dans mon âme et conscience, que toutes ces interruptions n’aient bien eu leur influence sur l’ensemble du poème et qu’il n’ait l’air un peu décousu. […] Une fois revenu à la poésie, je ne quittai plus mon petit poème que je ne l’eusse complètement terminé, y compris le quatrième chant. […] J’avais à peine terminé ce poème, que dans une de ses lettres toujours si fréquentes et si chères, mon amie, comme par hasard, me raconta qu’elle venait d’assister au théâtre à une représentation du Brutus de Voltaire, et que cette tragédie lui avait plu souverainement.

807. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Il faut le proclamer, Madame de Noailles écrit ses plus beaux poèmes en prose. […] Je le répète, ses romans sont ses vrais poèmes. […] Un souffle soutenu, une incroyable richesse d’images, un délire verbal qui se continue sans interruption marquent ce poème en prose. […] IX. — Le roman artistique C’est une forme nouvelle intermédiaire entre le poème et le roman.

808. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Un des derniers numéros du Bulletin du bibliophile (janvier et février 1854) contient une analyse complète et détaillée, qu’a faite M. le vicomte de Gaillon, du poème de d’Aubigné, Les Tragiques, poème si dur à lire d’un bout à l’autre et dont on ne cite d’ordinaire que des fragments.

809. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Or, au moment où s’essaya Ronsard, la tradition du Moyen Âge chez nous était toute dispersée et rompue, sans qu’il eût à s’en mêler ; ces grands poèmes et chansons de geste, qui reparaissent aujourd’hui un à un dans leur vrai texte grâce à un labeur méritoire, étaient tous en manuscrit, enfouis dans les bibliothèques et complètement oubliés ; on n’aurait trouvé personne pour les déchiffrer et les lire. […] Et cependant il s’exerce en bien des genres qu’on pourrait dire noblement tempérés, dans l’épître, le poème moral, et il y a fait preuve de sens et de talent : ainsi dans une des pièces qui lui attirèrent le plus d’inimitiés, dans son Discours des misères de ce temps, adressé à la reine Catherine de Médicis à l’occasion des troubles et des premiers massacres de religion dont le signal fut donné en 1560, il disait, après avoir dépeint l’espèce de fureur soudaine qui s’était emparée des esprits : Mais vous, reine très sage, en voyant ce discord Pouvez, en commandant, les mettre tous d’accord Imitant le pasteur qui voyant les armées De ses mouches à miel, fièrement animées Pour soutenir leurs rois, au combat se ruer.

810. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Je dirai donc : son ouvrage est un poème ou roman historique, comme il voudra l’appeler, qui sent trop l’huile et la lampe. […] En présence de ce roman ou de ce poème tout archéologique, c’est le cas ou jamais de le redire : l’art, nonobstant toute théorie, l’art dans sa pratique n’est pas une chose purement abstraite, indépendante de toute sympathie humaine : et je prends le mot de sympathie dans son acception la plus vaste.

811. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Lebrun publiait les deux premiers volumes de ses Œuvres, contenant ses tragédies et pièces de théâtre : Ulysse, Marie Stuart, et ce Cid d’Andalousie dont l’insuccès même fut un honneur ; son poème de la Grèce, et aussi cet autre poème lyrique sur la Mort de Napoléon.

812. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Impressions recueillies à vol d’oiseau, notes, études, enquêtes, réflexions philosophiques, poèmes descriptifs, récits d’ascensions, de chasse, d’excursions, romans de mœurs exotiques ou cosmopolites, fantaisies à la Jules Verne, itinéraires à la Chateaubriand, pérégrinations amoureuses à la Pierre Loti, — comptez, si vous pouvez, l’infinie variété d’œuvres qui démontrent cet élargissement du domaine littéraire, et vous comprendrez sans peine combien il importe de savoir en quels points précis chaque époque fixait les limites du monde connu. […] Combien de colonies sont nées d’un roman, d’un poème, d’un récit qui avait fait une profonde impression sur des âmes jeunes et naïves !

813. (1886) De la littérature comparée

Elle ne songe point à les proscrire, elle est autre chose qu’eux, voilà tout ; et plus tard, quand le siècle sera passé, quand il faudra qu’elle compulse et analyse l’énorme production littéraire de notre temps, elle les acceptera pour la guider dans ses triages, et quelquefois comme des documents aussi significatifs que tel roman, tel poème ou telle comédie. […] à une épopée aussi littéraire que l’Odyssée et à un poème aussi gauche que les Niebelungen ou la Chanson de Roland ?

814. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Un des poèmes les plus curieux du Moyen Âge, et qui constitue une véritable épopée satirique, est le Roman de Renart avec ses diverses branches ; les animaux divers y figurent comme des personnages distincts, ayant un caractère soutenu, et engageant entre eux une série d’aventures, de conflits et de revanches qui, jusqu’à un certain point, s’enchaînent. […] Le piquant, c’est que La Fontaine ne connaissait pas ces poèmes gaulois à leur source, qu’il n’était pas remonté à tous ces petits Ésopes restés en manuscrits, à ces Ysopets, comme on les appelait, et que, s’il les reproduisait et les rassemblait en lui, c’était à son insu : il n’en est que plus naturel et n’en obéit que mieux à la même sève.

815. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Nous avons déjà parlé de Walter Scott dans la première partie2 de cette étude, de Walter Scott dont les romans ont effacé les poèmes sans effacer le poète. […] Le Cinq-Mars de Vigny fut un livre navrant pour ceux qui croyaient que le jeune poète portait, en sa tête blonde, tout une sainte famille de poèmes comme Éloa ; car le succès de Cinq-Mars, ce succès à quatorze éditions et qui n’est pas épuisé encore, devait entraîner son auteur vers la prose, du train terrible de ces quatorze éditions, — deux de plus que les douze chevaux de la voiture du roi !

816. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Ce fit beau suffirait à déshonorer un poème épique ! […] Encouragé par le succès, il compose de nouveaux poèmes. […] Paul Verlaine fit paraître ses Poèmes saturniens, le jour même où M.  […] Jules Lemaître, analysant certains poèmes de M.  […] Mais ce n’est point par ses côtés héroïques que son poème m’a le plus séduit.

817. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Rêves et réalités, par Mme M. B. (Blanchecotte), ouvrière et poète. » pp. 327-332

Dans une suite de petits tableaux et poèmes intitulés Blanche, Jobbie, Maria, Henriette, Lucy, etc., son imagination s’est créé comme des sœurs qu’elle transporte dans des situations diverses, qu’elle place même à plaisir dans des cadres assez brillants ; mais toujours et chez toutes la note fondamentale est le délaissement intime, la plaie secrète, la douleur.

818. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villiers de L'Isle-Adam, Auguste de (1838-1889) »

Teodor de Wyzewa … Villiers de l’Isle-Adam, le plus admirable des musiciens des mots, parfait dominateur des sonorités verbales, et dont les poèmes ont le charme mystérieux et subtil de mélodies infiniment pures.

819. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIX. Réflexions morales sur la maladie du journal » pp. 232-240

Parce qu’ils excellaient au poème lyrique, il ne s’ensuivait point qu’ils discourussent congrûment des choses de la ville ou de l’État.

820. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Ce fragment de poème en prose révèle l’auteur lui-même et la crédibilité en est diminuée d’autant. […] Et d’abord les divers poèmes de ce Livre d’amour se rapportent-ils à la même femme ? […] Justesse, sobriété, clarté, élégance, ne sont-ce pas les caractéristiques propres du talent de France, dans ses poèmes de début, comme dans ses volumes de critique et les romans de sa maturité ? […] Ce poème m’était montré par un autre poète, notre aîné, dont j’aime à évoquer ici la mémoire, Léon Valade, l’auteur de ce délicieux recueil : A mi-côte. […] Le naturel, c’est le charme divin de ses poèmes.

821. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les Zutistes » pp. 19-27

Lorsque l’intérêt languissait, ce poème avait le don de galvaniser l’assemblée.

822. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La réforme prosodique » pp. 120-128

Ainsi Ronsard, dans son Abrégé, bannit les hiatus désagréables à l’oreille ; dans ses poèmes, il admet volontiers « tu as », « qui ouvre », « si elle », etc., qui n’ont rien que d’harmonieux.

823. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Ferdinand Hérold. — À l’Œuvre : Peer Gynt, poème dramatique en cinq actes, de M.  […] Ces poèmes-là se piquent de profondeur ; mais la vérité, c’est qu’il est difficile que l’idée « philosophique » qui y est développée se sauve du banal autrement que par l’obscur. […] Et bientôt voici le poème de la Mer, premier annonciateur de sagesse. […] (Déjà, dans son généreux poème aux Grecs soulevés, M.  […] C’est un délicieux poème de maladie.

824. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Et ces deux attitudes successives (à peu près successives), et ces deux théories successives donnent le rythme du poème. […] Remarquez encore la théologie d’Œdipe à Colone, qui complète magnifiquement le dogme moral que ce poème contient. […] Malgré la faiblesse de l’adaptation, on pense bien que la vertu intime de cet admirable poème philosophique et religieux a fait son impression. […] » C’est très bien expliqué dans les discours sur le Poème dramatique d’un nommé Pierre Corneille qui avait fréquenté le théâtre de son temps. […] Derrière le Drame étaient groupés les principaux personnages de ce genre de poème : tyrans, voleurs, brigands, traîtres, etc. ; et la légende disait : « Le Barbare !

825. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

De même, deux amoureux penchés sur quelque poème d’amour, comme les héros du Dante, et vivant ce qu’ils lisent, jouiront davantage, même au point de vue esthétique. […] L’aïeul de Darwin consacra une partie de sa vie à écrire de mauvais poèmes ; son petit-fils, né cent ans plus tôt, en eût peut-être fait autant ; par bonheur, Charles Darwin est bien de son siècle : au lieu d’un poème des jardins, il nous a donné l’épopée scientifique de la sélection naturelle. […] L’hypothèse est une sorte de roman sublime, c’est le poème du savant. […] La monotonie serait le seul inconvénient de ce vers, si on voulait l’employer pour un trop long poème. […] Que de petits poèmes contenant, comme cet œuf, des trésors de patience et de génie !

826. (1914) Une année de critique

Comme elle, Louise de Saxe eût pu créer avec sa propre vie un magnifique poème de méditation, d’orgueil et de désespoir. […] Lui-même avait essayé d’expliquer en un grand poème la démarche de son esprit. […] Tout le poème n’a pas cet accent : il en est même loin. […] De ce qui restait inédit, correspondance ou poèmes, M.  […] Lorsqu’une idée soutient solidement ce chapelet d’images, le poème est admirable.

827. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Dès les premières années du siècle, et peut-être plus tôt, un chevalier français attaché aux rois de Naples de la maison d’Anjou donne à sa dame en sa langue le roman de Troïlus, qu’il a tiré d’un poème de Boccace120. […] Toute sa valeur est là : il sait mesurer la phrase à l’idée, le poème au sujet. […] Michaud et Poujoulat ; le Dittié de Jeanne d’Arc, poème inséré par Quicherat dans le Procès de Jeanne d’Arc, 1841-49, 5 vol. in-8 ; le Livre du chemin de long étude, Berlin, in-8, 1881 ; Œuv. poétiq.

828. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

S’il s’agissait de quelque poème de Catulle, rectifié d’après un manuscrit, cette restitution ferait peut-être quelque bruit parmi les savants ; bornons-nous à remercier M.  […] C’est à l’avance une scène de Molière, c’est surtout une scène qui nous rappelle celle du dîner de la troisième satire de Boileau, « quand un des campagnards, relevant sa moustache », se met à dire des impertinences sur tous les auteurs et à affirmer le contraire de ce qui revient à chacun : La Pucelle est encore une œuvre bien galante… À mon gré, le Corneille est joli quelquefois… Chapelle procède de même, et dix ans avant Boileau il fait une délicate et naturelle satire de tous ces auteurs alors en pleine vogue, de ces romans et poèmes en renom.

829. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

On raconte que Shelley, la première fois qu’il entendit réciter le poème de Christabel, à un certain passage magnifique et terrible, prit effroi et tout d’un coup s’évanouit. Il y avait déjà dans cet évanouissement tout le poème d’Alastor.

830. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

De même les mœurs décrites dans les poèmes homériques ne nous disent absolument rien de certain sur les mœurs de la société au temps du siège de Troie, s’il y eut en effet un tel siège ; elles n’appartiennent qu’à l’âge homérique lui-même, et elles ont toute vérité en ce sens. […] La supposition de Wolf, qui restituait la vérité en tout ce qui était de l’atmosphère générale homérique, du souffle qui animait alors les chantres, et de la crédulité toute poétique des auditeurs, cette supposition allait pourtant à l’excès lorsqu’elle niait, durant toute la durée de la période anté-historique, la composition possible des poèmes et la prédominance probable de deux ou trois génies supérieurs qui avaient dû s’emparer de la matière courante pour en faire de vraies œuvres.

831. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Il venait de rendre un grand service en imprimant en toute hâte la Déclaration de l’empereur Alexandre à la nation française ; mais en même temps il se présentait avec le poème de la Pitié de Delille sous le bras, et il tenait absolument à l’offrir en personne à l’empereur Alexandre au débotté, attendu que dans ce poème, qui datait de 1804, Delille avait adressé des vers prophétiques à ce même empereur. — On recevait les uns, on éconduisait les autres : les émissaires se succédaient à chaque minute ; Laborie, le secrétaire, l’homme affairé entre tous, y contractait cette agitation haletante et essoufflée qui ne l’a plus quitté depuis.

832. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Puis vint la fameuse séance du 27 janvier 1687, où l’Académie entendit jusqu’au bout la lecture du Poème sur le Siècle de Louis le Grand : grande fut l’indignation de Boileau qui s’épancha en injurieuses épigrammes contre l’Académie des Topinamboux. […] Il y a même des genres de poésie que les Latins n’ont pas connus, comme « ces poèmes en prose que nous appelons romans ».

833. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Je trouve, racontée au long, une de ces conversations, qu’il tint à Ancône pendant la première campagne d’Italie, et je la trouve là où l’on s’y attendrait le moins, dans les notes d’un poème (La Chute de Napoléon) publié par M.  […] Ce qui est piquant, c’est que l’auteur du poème ne la rapporte qu’à son corps défendant et en la trouvant odieuse.

834. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Supposez que, dans le poème de l’Iliade, une syllabe soit douée, un moment, d’âme et de vie : cette syllabe, placée comme elle l’est, pourrait-elle comprendre le sens et le plan général du poème ?

835. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Il était plus fidèle à sa nature quand il écrivait à Collin d’Harleville qui lui avait envoyé un poème allégorique sur Melpomène et sur Thalie : Pour lire un joli poème, s’amuser d’un charmant ouvrage, il faut, mon cher citoyen, avoir le cœur serein, la tête libre ; et bien peu de ces doux moments sont réservés à la vieillesse.

836. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Gaie, modeste, pleine d’attentions, douée de la plus heureuse propriété d’expression, et d’une très grande promptitude de raison et de jugement, vous la prendriez pour la reine d’un poème allégorique. […] On en peut prendre quelque idée dans la correspondance même de Mme Du Deffand, et dans un petit poème héroï-comique de Barthélemy, appelé La Chanteloupée, qui est d’ailleurs bien frivole.

837. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

C’est Henri de Latouche, l’auteur de Fragoletta, qui nous a raconté dans ses œuvres l’histoire de ces yeux étonnants, et cette histoire est belle comme un poème, — un poème au fond duquel il y a des larmes… Latouche dit qu’elle était très triste, cette jeune fille qui répondait : Napoléon Empereur à tous les sentiments de la vie !

838. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Ceci est un hiatus, un trou énorme dans son œuvre, qui avait la prétention d’être un ensemble et qui n’est plus que les fragments épars d’un poème interrompu, et qu’il faudrait achever. Et il n’y a pas que cela, au surplus, qui rompe l’unité du poème de M. 

839. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les snobs » pp. 95-102

Madelon fait cette dépense d’admiration à propos de l’impromptu de Mascarille : elle la ferait aujourd’hui à propos de quelque poème symbolique en vers invertébrés et s’entendrait tout juste autant.

840. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Silvestre, Armand (1837-1901) »

. — Chemin de Croix, 12 poèmes (1897). — Contes grassouillets (1897). — Le Nu au Salon (1897). — Le Petit Art d’aimer (1897). — La Sculpture au Salon (1897). — Tristan de Lionois, 3 actes, 7 tableaux, en vers (1897). — Belles histoires d’amour (1898). — Les Contes de l’Archer (1898). — Histoires gauloises (1898). — Le Nu au Salon (1898). — La Sculpture aux Salons (1898). — Les Tendresses, poésies (1898).

841. (1903) Propos de théâtre. Première série

C’est un poème philosophique. […] Il y a toujours un grand poème moral qui est comme l’âme de chacun de ses drames. […] Une histoire quelconque, un conte des Mille et Une Nuits sur le théâtre, voilà pour eux un poème dramatique. […] Son nouveau poème aura tout cela. […] Le poème rêvé fut écrit.

842. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

et les accents mélodieux de la rote ou de la viole enchantaient-ils une attention que le poème devait être incapable de fixer et de retenir longtemps ? […] Molinier veut qu’on lise désormais : « Le ton de voix change un poème ou un discours de force ». […] Voltaire compose la Henriade, et prend la peine lui-même d’en démontrer les beautés au lecteur français dans son Essai sur le poème épique. […] Il reçut en effet, pour son Poème de Fontenoy et son Temple de la Gloire, une charge de gentilhomme ordinaire de la chambre. Ce ne sont pas des chefs-d’œuvre que le Temple de la Gloire ou le Poème de Fontenoy.

843. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Il a, plus loin, un petit poème intitulé : « Les lissassitudes », un mot qui nous initie aux fantaisies de son esprit. […] Léon Riotor a fait paraître un poème inspiré par une légende ou un lied en prose qui pourrait bien nous venir des brumes de la Hollande : non pas que ce poème manque de clarté, mais à cause du charme particulier à ces bords des mers du Nord qui semble s’en dégager. […] Richepin ; un critique lui souhaitait dernièrement plus de méditation, plus d’hésitation avant de lancer un ouvrage, pièce, roman ou poème ; moi je conseillerai à M.  […] Ô temps des ramasse-bouses, que tu me parais beau encore. » Il faut lire ce petit poème en prose et tous ces chapitres empreints du charme de l’antiquité. […] Une sorte de poème en trois chants.

844. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Il appelle Jocelyn  : « l’unique, grand poème moderne, à la fois sublime et familier », et la Chute d’un Ange  : « le seul grand poème épique du siècle ». […] Quand Henri de Régnier publia ses poèmes libres, Heredia ne put s’empêcher d’admirer ce genre de souple production, qui était pourtant la négation de son esthétique. […] Les deux poèmes l’Imagination et la Conversation rapportèrent à Delille 12 000 francs. […] A chaque instant dans ses poèmes se rencontrent des mots dont la familiarité jure avec la noblesse du sujet. […] Quand j’ai publié Mireille en 1856, j’envoyai mon poème aux journaux du Midi.

845. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Mais poursuivons l’analyse du poème. […] Chaque image du poème que nous voulons examiner de sang-froid se volatilise infailliblement de cette façon dans le ténébreux et l’informe. […] Ce poème a pour titre La Fille du Roi. […] Mais seulement en apparence, car le poème change soudainement de ton : « Barques brisées dans l’eau du moulin, — Présents dorés pour toutes les autres. […] Je ne veux pas m’arrêter toutefois à ce côté du poème, mais à son symbolisme.

846. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Dans une étude sur un grand auteur, je puis mettre du talent et quelque chose de moi ; dans un poème composé à l’émulation des grands auteurs, il peut ne se trouver ni talent, ni personnalité, ni rien. […] L’esprit n’a pas d’autre matière à façonner que le langage ; il fut un temps où les poèmes n’étaient pas même écrits et où la mémoire suffisait pour les conserver. […] On peut distinguer des odes, des sonnets, des poèmes de Ronsard : qui oserait faire un choix des fables de La Fontaine ? […] De là ces prétendues merveilles épisodiques extraites du fatras de nos vieux poèmes français ; de là cette critique superficielle et commode qui se borne à compter les « perles » enfouies dans le « fumier » d’Aristophane. […] L’Odyssée et même l’Iliade réservent à qui aura le courage de les lire comme un roman ou un poème du jour les plus charmantes surprises.

847. (1890) Nouvelles questions de critique

D’un poème ou d’un roman, comme d’une fresque ou d’un oratorio, le fond seul est tout, et la forme rien. […] On devine là-dessus le cas que je ferais d’un poème inédit du brillant Delille, ou d’un ouvrage manuscrit du mélancolique Thomas. […] Je crois aussi qu’il n’en avait point, ou qu’il en avait peu, sur les conditions du poème épique et sur le mérite comparé des tragédies de Marmontel et des drames de La Harpe. […] N’est-on pas un peu étonné, dans un Dictionnaire des métaphores de Victor Hugo, de n’en retrouver presque pas une qui soit tirée de ces poèmes extraordinaires ? […] Une seule réponse est possible : la poésie, art des rythmes et des syllabes, doit, étant une musique, créer des émotions. » Et plus loin encore « Aux points saillants de ses poèmes, M. 

848. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Son principal, et pour ainsi dire son seul ouvrage, est un petit poème intitulé le Minstrel, ou Les Progrès du Génie. […] Le poème est écrit en stances rimées comme les vieilles ballades écossaises, ce qui ajoute encore à sa singularité. […] On voit par ce dernier vers que Beattie se proposait de continuer son poème. […] C’est ce que fait l’auteur du poème du Printemps ; et, grâce à la saison qu’il a choisie, l’asile de la mort est un beau champ couvert de fleurs. […] L’auteur du poème du Printemps n’aurait-il point été séduit par ses propres succès ?

849. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

« À quoi est-ce qu’il tend, ce poème imposant et admirable ? […] Et enfin quand nous arrivons à la tragédie… Mais nous n’avons rien dit du poème épique. […] Le poème épique étant un poème sérieux, le public exige de lui la beauté morale. […] Il se montre plus exigeant que partout ailleurs, parce qu’il a affaire à un poème épique sur la scène, à un poème épique placé sous ses yeux et le touchant de plein contact, et à un poème épique représenté par des hommes vivants, ce qui le rapproche encore et ce qui fait que le poème est comme mêlé au public et le public au poème. […] Pièces à thèse, poèmes à thèses et peintures à thèses sont des thèses mal présentées et des œuvres d’art gauches.

850. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Ce qu’il fallait trouver, c’était le style propre, le style précisément adapté à ce genre de poème. […] Le petit poème a été dit par M.  […] Hinzelin ; aux Français la lecture des principaux poèmes de Vigny et Quitte pour la peur. […] Vigny n’aurait pas cru que son poème fût quelque chose de si uni. […] On parla du poème en vers grecs et de l’helléniste impeccable en très haut lieu.

851. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Quel coloris vigoureux dans tel ou tel de ces poèmes ! […] Les premières expériences du plaisir ont laissé des traces partout dans ces poèmes. […] C’est cet état spasmodique dont les poèmes de Heine et de Musset reproduisent les crises, par leur absence même de plan préconçu et de suite logique. […] Le poison dont s’envenime la plaie d’amour, ouverte dans le cœur du héros de ce poème et de ce roman, n’a pas été injecté du dehors. […] Quand il citait des fragments de ces poèmes, ou bien d’autres comme celui qui commence : « Adieu, et si c’est pour toujours, hé bien !

852. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Cicéron lui-même avait composé le poème de Marius avant d’enseigner à ses compatriotes tout ce qu’il avait appris dans le lycée, l’académie et le portique. […] Je sais bien qu’on en tire une preuve frappante de l’authenticité de ces poèmes. […] Il a mêlé dans son poème les méditations de Pascal et de Bossuet. […] Observez que Thomas doit les meilleurs passages de son poème au souvenir du grand siècle de Louis XIV. […] Voltaire aimait beaucoup le poème de Job, et voulait l’imiter en vers dans sa vieillesse.

853. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Voyez ce que j’ai dit trente ans après dans le poème de Jocelyn. […] Faust, c’est le poème vital de Goethe, c’est la peinture de trois mondes à la fois dont se compose la vie humaine : le bien et le beau dans Marguerite, le mal dans Méphistophélès, la lutte du bien et du mal dans le drame tout entier. […] Il est artiste, il n’est pas moraliste ; tant pis pour ceux qui ne comprennent pas que l’art est tout dans son délicieux poème d’Hermann et Dorothée, il change les notes de son clavier et il chante à demi-voix les divines naïvetés de l’amour innocent et domestique. Le même succès couronne ce délicieux poème.

854. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Dans ce poème de Cadenus et Vanessa, plein de tristes beautés, où il exhorte Vanessa à une sorte d’amour platonique, lui offrant, dit-il, « un perpétuel délice d’esprit, appuyé sur la vertu, plus durable que les séductions de l’amour, et qui échauffe sans brûler » ; dans ce poème où l’on a pu voir un aveu d’intimité à travers ce passage équivoque : « Mais quel succès Vanessa a-t-elle remporté ? […] On ne le dira jamais au genre humain, et la muse qui le sait ne le dévoilera pas » ; dans ce poème, il donne à l’infortunée Vanessa, à défaut de la plus forte raison qui lui fasse refuser sa main (son engagement avec Stella), cette autre raison puissante aussi sur son esprit : « Que dira le monde ? […] Deux années après, il écrivait ces petits poèmes de la Toilette d’une Dame 53, de Cassinus et Peter, de Strephon et Chloé, qui ne sont qu’un triste développement de ces vers de Lucrèce : Et miseram tetris se suffit odoribus ipsa Quam famulæ longe fugitant furtimque cachinnant.

855. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Paris, la ville éternelle, non pas par les murailles qu’elle a bâties, mais par les poèmes qu’elle a mis au jour ! […] — Et le voilà, appartenant à qui veut l’écrire, ce livre de morale, d’histoire, et de philosophie où se doit rencontrer, à la longue, le poème universel du genre humain ! […] Elle avait vu à ses pieds, naître et mourir tant de poèmes fameux dont le nom ne s’était conservé que sur cette frêle couronne d’or faite pour son front l Ingénieuse, éclatante et chère couronne ! […] Elles sont écloses au bruit des poèmes galants, au refrain des chansons à boire, et sous la voûte incendiaire du boudoir de Chloris.

856. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

En 1292, au moment où Dante achève sa Vita nuova, il a déjà conçu un grand poème à la gloire de Béatrice ; il ne l’écrira que quelque vingt ans plus tard, et certes la Divina Commedia est bien différente de cette première idée de 1292 ; elle s’est enrichie d’expériences et de science ; mais enfin, la première intuition, quoique non exprimée, est certaine et nécessaire. […] Pourtant, chez Belli déjà, il y a des réserves à faire sur l’œuvre considérée dans son ensemble… Cesare Pascarella, ce très grand poète si peu connu hors d’Italie, a raconté en cinquante sonnets la découverte de l’Amérique, et achève en ce moment une autre épopée, beaucoup plus considérable, également en sonnets ; je connais de ce poème des fragments admirables ; je crains pourtant qu’en faisant ainsi du sonnet une strophe, ou une laisse, Pascarella n’ait dépassé certaines limites qu’il est impossible de déterminer théoriquement mais qu’on sent bien dans la pratique. […] Les romans et les drames de D’Annunzio sont des collections de morceaux lyriques, ce ne sont ni des romans, ni des drames, ni même des poèmes lyriques. […] Dimanche) ; j’entends par là les quelque vingt romans, drames et poèmes promis depuis plusieurs années sur la couverture de ses livres.

857. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

. — « L’homme, a dit admirablement Cowper dans un de ses meilleurs poèmes, est une harpe dont les cordes échappent à la vue, chacune rendant son harmonie lorsqu’elles sont bien disposées ; mais que la clef se retourne (ce que Dieu, s’il le veut, peut faire en un moment), dix mille milliers de cordes à la fois se relâchent, et jusqu’à ce qu’il les accorde de nouveau, elles ont perdu toute leur puissance et leur emploi. » La convalescence se soutenant, Cowper résolut de changer tout son train de vie, et renonçant pour jamais à Londres qu’il appelait le théâtre de ses abominations, et qui l’était plutôt de ses légèretés, il chargea son frère de lui trouver une retraite de campagne dans quelque petite ville, non éloignée de Cambridge. […] Il le garda pendant près de douze ans, le célébra dans un des livres du poème de La Tâche, se félicitant d’avoir gagné toute sa confiance et d’avoir détruit en lui toute crainte : « Si je te survis, disait-il, je creuserai ta fosse et, en t’y plaçant, je dirai avec un soupir : J’ai connu au moins un lièvre qui a eu un ami.

858. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Littérairement, il a parlé de Fontenelle avec étendue et prédilection ; de La Motte, il a dit à merveille : Il a traité de presque tous les genres de belles-lettres, tragédie, comédie, églogue, poème, fable, chanson, dissertation critique, etc. […] Le président Hénault, parlant du maréchal de Belle-Isle, son ami, remarque qu’il n’a pas échappé plus qu’un autre au vaudeville, à la chanson, et il ajoute quelques réflexions sur ce genre de raillerie à la française (p. 270) : « Quand ce petit poème, dit-il, est porté à la licence et peut déchirer les réputations, surtout par rapport aux mœurs, il ne saurait être trop détesté… Le vaudeville qui n’est que gai n’a pas grand danger ; cependant, etc. » Cela paraît tout simple ; mais il m’a fallu deviner, car dans les Mémoires, on lit : « Le vaudeville qui n’est que coi n’a pas grand danger. » Coi au lieu de gai !

859. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Le succès de ce petit poème fut inimaginable ; la condition de l’auteur ajoutait au piquant. […] Bailly, le grave Bailly, en son Éloge de Gresset (car Bailly a fait l’Éloge de Gresset, et il eut même pour concurrent Robespierre), a très-finement déduit comme quoi ce gracieux petit poème n’est qu’un transparent à travers lequel on devine les passions, les émotions chères au cœur, qui prennent ici le change pour éclore et s’amusent à ce qui leur est permis : Et dans le vrai c’était la moindre chose Que cette troupe étroitement enclose, A qui d’ailleurs tout autre oiseau manquait, Eût pour le moins un pauvre Perroquet.

860. (1890) L’avenir de la science « XIII »

Mais je ne peux approuver un William Jones, qui, sans être philosophe, déverse son activité sur d’innombrables sujets, et, dans une vie de quarante-sept ans, écrit une anthologie grecque, une Arcadia, un poème épique sur la découverte de la Grande-Bretagne, traduit les harangues d’Isée, les poésies persanes de Hafiz, le code sanscrit de Manou, le drame de Çakountala, un des poèmes arabes appelés Moallakat, en même temps qu’il écrit un Moyen pour empêcher les émeutes dans les élections et plusieurs opuscules de circonstance, le tout sans préjudice de sa profession d’avocat.

861. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

., sont des chefs-d’œuvre et de petits poèmes à propos et en regard des tableaux. […] Sur Vernet et les sept tableaux que le peintre exposa au Salon de 1767, Diderot a fait tout un poème, je ne sais pas un autre nom.

862. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Parvenu à s’échapper de Paris, il alla passer ces années menacées sur les rivages de l’Ain et dans les montagnes du Jura ; c’est ce retour consolant à la nature, cette première saison d’exil et de mélancolique douceur, qu’il a voulu consacrer dans Le Printemps d’un proscrit, poème descriptif, qui n’a de joli que l’intention et le titre. […] Le poème de La Pitié de Delille, qui venait de paraître, occupait et passionnait tous les esprits ; il traduisait en vers faciles les sentiments de cette société restaurée, rassurée et redevenue humaine à loisir ; il lui donnait satisfaction dans ses ressouvenirs royalistes et bourboniens, et dissimulait quelque retour d’espérance sous ce qui ne semblait qu’un culte de deuil pieux et de regrets.

863. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Montesquieu crut imiter les Grecs en faisant ce petit poème en prose par complaisance pour une princesse du sang de Condé, Mlle de Clermont. […] L’auteur du Temple de Gnide travaillait et raturait même ses billets doux ; on le sent aisément eu lisant ce poème.

864. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Par contre, il faudra modifier les procédés que nous avons précédemment décrits, pour toutes les œuvres servant à exposer des idées et non à montrer des spectacles, c’est-à-dire pour le poème didactique, les discours, la critique littéraire, la philosophie et la science. […] L’application de ce principe à la musique, par exemple, ou à un poème comme la Divine Comédie serait malaisée.

865. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’état de la société parisienne à l’époque du symbolisme » pp. 117-124

Ô les affres de cette dame s’il lui lit ses poèmes !

866. (1890) L’avenir de la science « XX »

La Grèce tirait des poèmes, des temples, des statues de son intime spontanéité, pour épuiser sa propre fécondité et satisfaire à un besoin de la nature humaine.

867. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XII. Ambassade de Jean prisonnier vers Jésus  Mort de Jean  Rapports de son école avec celle de Jésus. »

Un des poèmes sibyllins 582 semble provenir de cette école.

868. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Rayons et les Ombres » (1840) »

Dans ses poèmes il mettrait les conseils au temps présent, les esquisses rêveuses de l’avenir ; le reflet, tantôt éblouissant, tantôt sinistre, des événements contemporains ; les panthéons, les tombeaux, les ruines, les souvenirs ; la charité pour les pauvres, la tendresse pour les misérables ; les saisons, le soleil, les champs, la mer, les montagnes ; les coups d’œil furtifs dans le sanctuaire de l’âme où l’on aperçoit sur un autel mystérieux, comme par la porte entr’ouverte d’une chapelle, toutes ces belles urnes d’or, la foi, l’espérance, la poésie, l’amour ; enfin il y mettrait cette profonde peinture du moi qui est peut-être l’œuvre la plus large, la plus générale et la plus universelle qu’un penseur puisse faire.

869. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean de Meun, et les femmes de la cour de Philippe-le-Bel. » pp. 95-104

Mais le continuateur, aussi bien que l’auteur du poème, sortent très-souvent de leur sujet.

870. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Les tendances générales nous semblent être : Le retour à la simplicité, à la tradition française qui compte autant avec l’avenir qu’avec le passé, au respect des formes syntaxiques ; l’abandon presque complet du vers-libre qui a pourtant donné de beaux poèmes ; le dédain des émotions factices ; le souci du fait social sans toutefois lui laisser la prédominance ; la Renaissance de la critique.

871. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre II. Des Orateurs. — Les Pères de l’Église. »

Saint Grégoire de Nazianze190, surnommé le Théologien, outre ses ouvrages en prose, nous a laissé quelques poèmes sur les mystères du christianisme.

872. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Wallon »

Dessins du temps et des époques qui ont suivi, gravures noires, gravures coloriées, portraits, éclaircissements sur la géographie et le costume de la guerre en 1430, théâtre des événements, histoire littéraire où l’on passe en revue les livres et les poèmes inspirés par Jeanne d’Arc, tout est là de ce qui se rattache à sa gloire, depuis le mystère du siège d’Orléans jusqu’au drame de Jules Barbier et de Gounod.

873. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre III. Des éloges chez tous les premiers peuples. »

Au Mexique, au Pérou, au Brésil, au Canada, et jusque dans des pays où les peuples ignoraient l’usage du feu5, on a trouvé des espèces de poèmes destinés à célébrer des espèces de grands hommes.

874. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XV. De Tacite. D’un éloge qu’il prononça étant consul ; de son éloge historique d’Agricola. »

« Il a joui trente ans de sa gloire, nous dit-il ; il a vu des poèmes composés en son honneur, il a lu lui-même son histoire, et la postérité a commencé pour lui de son vivant.

875. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Dans ses dernières années, M. de Marcellus, persévérant dans son exhumation des trésors de la Grèce moyenne, traduisait encore le poème de décadence de Nonnos, poète égyptien du ive  siècle, qui fit une dernière épopée en grec, débauche d’érudition dont M. de Marcellus s’excuse avec raison, et dont rien ne peut l’excuser que son loisir. […] Est-ce qu’un poème populaire comme celui d’Homère n’est pas une perpétuelle allusion ? […] Terrik Hamilton, grand orientaliste, n’a pu néanmoins retracer que faiblement, dans sa traduction du poème d’Antar, le caractère poétique et guerrier des Arabes.

876. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

… La traduction d’âme que sont ces poèmes ne flue jamais en doléances albugineuses. […] Poèmes néphélibates et de théogonies. […] Silves n. f. — Recueil de poèmes (lat.).

877. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Son imagination poétique se réchauffa au contact des grandes idées de son auteur favori, et l’on retrouve dans ses poèmes épiques, entre autres dans le poème mystique intitulé Ahasvérus plus d’une trace de cette influence. […] Quinet tenta de créer l’épopée démocratique en écrivant les poèmes de Napoléon et de Prométhée. […] Martin a su grouper les poèmes allemands sous les divers titres de : Poètes de la Souabe, École autrichienne et École du Nord. […] Le vicomte d’Arlincourt, avec un talent tout à fait disproportionné à ses prétentions, tenta de ressusciter l’épopée chevaleresque dans un poème intitulé Charlemagne ou la Caroléide. […] Quant à son aspiration vers l’élément gaulois, agissant et chevaleresque, je ne la vois nulle part plus clairement exprimée que dans le poème de Faust.

878. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Les plus beaux poèmes et les plus vénérés, chaque siècle est obligé de les refaire pour les pouvoir lire, pour les sentir ou les comprendre. […] Léopardi en était là, quand tout d’un coup son génie personnel lui fut révélé, et parurent alors ses Poèmes, puis ses Opuscules moraux. […] Il est peintre avant tout, quoique doué aussi du sens critique : ses tableaux sont des caractères en même temps que des poèmes. Les tableaux de Monet ne sont que des poèmes. […] C’étaient les femmes qui alors décidaient du mérite d’un poème ou d’un conte.

879. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Avec la sèche doctrine d’Épicure, Lucrèce écrit un poème d’enthousiasme, de colère et de pitié. […] Le poème d’Abbon surgit comme un essai d’art brutal dans un siècle barbare. […] Incessamment paraîtra le Parcours du rêve au souvenir, poème. Ultérieurement paraîtront les Hortensias bleus, poèmes. […] Albert Samain « savent de lui des poèmes qui ont la rigide perfection de ceux de M. 

880. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Descreux une traduction des plus beaux poèmes de Nicolas Lenau. […] Son Faust est le poème du pessimisme d’un bout à l’autre. […] La fin du poème est décidément très belle. […] Il est donc la pleine contrepartie du poème de Goethe. […] Un sonnet pareil vaut non pas un poème, mais un tableau de maître.

881. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Le poème du vice puni est rempli d’aplications heureuses de vers de nos meilleurs poètes : ces aplications sont autant de parodies. […] Un autre a fait un poème dont tous les mots comencent par un p. (…). […] Amand, dédia à l’empereur Charles Le Chauve un poème l’honeur des chauves, dont tous les mots comencent par la lettre c. (…). Un autre s’est mis dans une contrainte encore plus grande, il a fait un poème de 2959 vers de six piés, dont le dernier seul est un spondée, les cinq autres sont autant de dactiles. […] Les poèmes dont je viens de parler sont aujourd’hui au même rang que les acrostiches et les anagrames.

882. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Dessaix, a, depuis, remis en lumière un poème de lui intitulé la Savoie, qui avait paru en 1572 à Annecy, dédié à Marguerite de France, sœur de Henri II et duchesse de Savoie, la charmante et spirituelle protectrice des gens d’esprit de son temps. […] Francis Wey,, dans un spirituel Rapport adressé au Comité des travaux historiques51, a cité de ce poème des vers descriptifs fort exacts sur l’avalanche, sur sa formation et sa marche ; mais là encore ce qui domine chez Peletier, dans cet ouvrage qu’on a bien fait de réimprimer et qui est, en effet, une curiosité locale, je le demande, est-ce bien le poète, celui qui mérite qu’on l’appelle et qu’on le salue de ce nom, et n’est-ce pas plutôt le savant encore, l’observateur, le physicien et le curieux de la nature ?

883. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Sa première poésie fut une traduction ou imitation de Hèro et Lèandre, le poème de Musée ; une autre de ses pièces de vers avait pour sujet Calirhoè offrant sa virginité au fleuve Scamandre, d’après un tableau de Lancrenon. Il entreprit aussi en vers de dix pieds un poème de l’Enlèvement d’Hèlene d’après celui de Coluthus48 ; il y en avait deux chants et demi de faits, lorsque, son goût ayant mûri d’un degré, il les jeta au feu.

884. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

À mesure qu’on s’est éloigné d’Homère, on l’a pris tout à faux ; on a vu chez lui un auteur, un homme qui a composé un poème d’après un plan régulier, et là-dessus on s’est mis à raisonner, à inventer des beautés qui n’en sont pas, des explications subtiles dont on a fait des lois. […] Ce n’est que lorsqu’on a pénétré le Moyen-Age, sa philosophie, sa théologie, sa dialectique, son idéal amoureux ; ce n’est que lorsqu’on a aussi connu à fond la vie politique et poétique de Dante, qu’on a marché d’un pas plus sûr à travers les cercles et tout le labyrinthe du mystérieux poème, et qu’on a conquis, pour ainsi dire, l’admiration.

885. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Les traductions de quelques ouvrages d’Aristote n’impliquent aucune intelligence de la langue ni surtout de la pensée grecques : on lisait la Poétique, et nous voyons, dans un traité de métrique du xive  siècle, les poèmes de Lucain et de Stace donnés comme exemples de tragédies. […] Cela ressort aussi de l’examen de ses œuvres : on y trouve des ballades, des chants royaux, des rondeaux, des chansons, des poèmes allégoriques, genres du moyen âge ; le coq-à-l’àne qu’il invente procède des fatrasies, qui sont du moyen âge aussi.

886. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Pour lui, il a sur les unités le sentiment qui est celui du public, et qui les a établies : elles sont l’expression de « la raison naturelle » ; elles donnent la vraisemblance, et un air de réalité au poème dramatique. […] Ainsi ne nous arrêtons point ni aux douze ni aux vingt-quatre heures, mais resserrons l’action du poème dans la moindre durée qu’il nous sera possible, afin que sa représentation ressemble mieux et soit plus parfaite316. » Et pareillement pour le lieu.

887. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Je trouve cette âme dans ce beau poème des Noces corinthiennes qui est un chef-d’œuvre trop peu connu. […] Poèmes dorés ; les Noces corinthiennes ; les Désirs de Jean Servien chez Lemerre.

888. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

À part le poème posthume auquel je fais allusion73, Marmontel ne s’est nullement montré poète. […] Je le répète, à part un poème qui par sa nature échappe à l’examen et dans lequel on trouverait plus de verve et d’esprit que de poésie même, c’est à la prose seule de Marmontel qu’il faut demander la clarté, l’élégance et la précision facile qui le distinguent.

889. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Dans un écrit anonyme, mais qu’on savait de lui, il avait critiqué le poème des Jardins, nouvellement imprimé : Il vient enfin de franchir le pas, disait Rivarol de ce poème ; il quitte un petit monde indulgent, dont il faisait les délices depuis tant d’années, pour paraître aux regards sévères du grand monde, qui va lui demander compte de ses succès : enfant gâté, qui passe des mains des femmes à celles des hommes, et pour qui on prépare une éducation plus rigoureuse, il sera traité comme tous les petits prodiges.

890. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Son poème, plein d’aimables merveilles, a, dans son ensemble, tout le charme du roman, et ne s’élève que rarement à la dignité de l’épopée. […] Maintenant, il faut l’avouer, il est trop tard pour revenir d’un préjugé qui nous fut si fatal ; qui trop longtemps a été classique, et qui peut-être, à cause de cela, a privé notre littérature de pouvoir s’enorgueillir d’une des plus belles productions de l’esprit humain, d’un poème épique.

891. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Il vous montre, en Byron, à travers la passion de ses poèmes, le poète de la fidélité éternelle. […] Et que sont deux ou trois groupes ardents en comparaison de toutes les adorables puretés de ses poèmes ?

892. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Et voilà les deux points sur lesquels devrait porter l’effort du poème odéonien. […] Il affirme que Dieu lui-même lui a dicté les derniers chants de son poème épique de Clovis. […] Des poèmes dont l’objet est si mystérieux se prêtent mal à l’analyse. […] Ses poèmes dialogués sont de la quintessence de drame dans du rêve. […] Ce mur tragique est dans tous les poèmes de M. 

893. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres mises en ordre par M. J. Sabbatier. (Tome II, 1844.) » pp. 144-153

Auteur lui-même d’un poème épique, la Calédonie, et d’une tragédie héroïque, le Siége de Missolonghi, il y aurait eu bien des choses à lui retorquer sur cette pureté classique qu’il affichait et qu’il ne pratiquait pas sans de légères atteintes.

894. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VII. Éducation de la sensibilité »

Ce n’est pas impuissance ou grossièreté de nature, mais rudesse et manque de culture, qui fait que devant une œuvre d’art, un poème, un paysage, on reste morne et muet, sans émotion, que factice, sans idée, que convenue, sans parole, que banale, Par cet effort de conscience, on contraindra les sentiments à se préciser : le nuage confus des émotions se divisera, et de l’obscure vapeur qui bout dans l’âme surgiront des couleurs et des formes, de plus en plus nettes et délicates.

895. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre premier. Prostitués »

J’offre mon amour et ma reconnaissance en échange d’un peu d’or qui me paiera du loisir, du luxe et de la gloire. » J’aperçois de branlantes masures, décorées des noms de romans ou de poèmes, et qui portent de gros numéros.

896. (1879) Balzac, sa méthode de travail

C’était une ébauche, un chaos, une apocalypse, un poème hindou.

897. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

A nos yeux, il y a telles pages dans l’ouvrage de Topffer (et elles sont nombreuses) où l’on dirait Buffon traduisant le poème de Haller sur les Alpes, avec cette plume qui écrivit les Époques de la Nature.

898. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hebel »

À la profondeur de son sentiment, à la teinte passionnée de ses superstitions, à la couleur de sépia répandue dans ses poèmes et qui rappelle la vieille « Aikie », la vieille enfumée, on reconnaît dans Burns cette virginité du génie que Dieu met sous la garde de l’ignorance pour les plus aimés de ses poètes, et que Hebel — littéraire d’habitude, de sentiment, d’horizon, comme La Fontaine lui-même, — n’avait pas.

899. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

Benvenuto Cellini du langage, il taille chaque vers de ses petits poèmes comme les facettes d’une pierre précieuse ; mais dans cette glyptique nouvelle, ce qui fait le prix de la pierre ce n’est pas l’iris éblouissant qui, grâce à son art, en jaillit, mais la tache d’une larme ou d’une goutte de sang qu’il y a laissée et qu’on ne voudrait pas effacer.

900. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Son étude de Pope et son projet d’un poème sur la Nature le conduisirent aisément à son Essai didactique sur l’Astronomie  : M. de Fontanes n’a rien écrit de plus élevé. […] Je veux finir mon poème. […] … Je ne veux que terminer dans une cave, au milieu des livres nécessaires, mon poème commencé. […] On a réparé cela depuis : les immenses poèmes humanitaires gagnent aujourd’hui de vitesse les simples odes d’autrefois. […] Elle est allée rejoindre, dans les limbes littéraires, les poèmes persiques de Simonide de Céos, de Chœrilus de Samos143 .

901. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

On vous retrouve dans le sombre poème des Confessions, étincelantes de lumière alpestre. […] Même dans cette Grèce qui a fondé la science et l’art, qui a produit ces deux belles glorifications lumineuses et mesurées de la nature humaine : les poèmes d’Homère et la morale d’Aristote, une heure vint où la tâche d’organiser la sagesse échut à des consciences brisées. […] Des fragments tels que les Laboureurs dans Jocelyn, les pages consacrées à la vie des pêcheurs napolitains dans Graziella, à l’enfance à la jeunesse du poète lui-même dans Milly ou la Terre natale, la Cloche du Village, la Vigne et la maison, et tant d’autres morceaux sur ces objets agrestes, sur ces circonstances élémentaires et universellement touchantes de la vie humaine qui ne passent pas, quand tout passe, ou qui renaissent toujours, n’appartiennent ils pas à cette poésie dont l’Odyssée est, en quelque sorte, la « somme » et qui a produit dans l’époque moderne (si peu propice) Hermann et Dorothée, Mireille, le Poème du Rhône  ? […] Ce sujet fut l’unique sujet de ses poèmes, de ses drames et de ses romans. […] Il fallait refaire ce pénible traité en drames, en romans, en poèmes, en ouvrages historiques ; en varier à l’infini l’application, en épuiser les conséquences, lui donner mille voix.

902. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Apparemment, il a vu cet amour, la plus naturaliste des peintures artistiques ; il a apprécié le merveilleux réalisme du poème, et combien, sous les mythes symboliques est la vie humaine, exactement ; il a entendu cette partition orchestrale, qui, avec une étourdissante richesse d’harmonie, mieux que tous les mots et tous les chants, montre les deux âmes si diverses, mêmement envahies de la passion. […] Mais le Maître, la créant, n’a point voulu faire un drame ; il s’est délassé, en la composition de ce poème si vif, en ce merveilleux contre-point variant à l’infini deux thèmes opposés ; et son œuvre, aussi, est un délassement, le plus adorable délice aux oreilles, comme aux yeux. […] Wilder qui a patiemment traduit le poème, en vers toujours bien faits, plaisants et spirituels, comme les vers du Maître.

903. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Dante nous montre, dans son poème, la Fortune agitant sa roue et versant sur la race humaine, par répartitions mystérieuses, les biens et les maux, les succès et les revers, les prospérités et les catastrophes. […] Stésichore, l’ayant outragée dans un poème, devint subitement aveugle. […] Au crépuscule de l’antiquité, Hélène apparaît une dernière fois, dans le dernier poème de la Grèce2, et elle y reçoit un suprême hommage. […]   Timarion ne fait que passer dans les poèmes de Méléagre, mais elle y trace des sillons de feu. […] Les jeux, les chasses, les festins, les batailles, tout le poème de la vie, sculpté et colorié avec une grandiose élégance, est enseveli dans ces catacombes.

904. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre I. Bernardin de Saint-Pierre »

Paul et Virginie sont d’irréelles et suaves figures de poème ; un sentiment élégiaque et lyrique les a créées.

905. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre III. Suite des Époux. — Adam et Ève. »

« Dans tous les autres poèmes, dit Voltaire, l’amour est regardé comme une faiblesse ; dans Milton seul il est une vertu.

906. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

L’auteur n’est pas le grand artiste, indépendant et solitaire, auquel échéait ce poème vrai, qui a les proportions d’une épopée.

907. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

On sait que dans ses poèmes il a mieux célébré les héros que les dieux : ses hymnes sont du même ton ; ce sont plutôt des monuments de la mythologie païenne, que des éloges religieux ; mais on y retrouve quelquefois son pinceau et les charmes de la plus riante poésie.

908. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XI. Des éloges funèbres sous les empereurs, et de quelques éloges de particuliers. »

Il avait fait un poème sur la Sicile, et une tragédie d’Ajax.

909. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Ses deux poèmes sont dédiés à ce tyran, qu’il place aussi dans le ciel, sans doute entre Octave et Néron.

910. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Les trois séductions, très diverses, sont trois petits poèmes de psychologie malicieuse et ailée. […] Avec tes douleurs, tu feras de beaux poèmes. […] Il y a plus d’humanité dans le poème de M.  […] la Légende des siècles n’est pas aussi parfaite que les Poèmes barbares. […] Les chansons de café-concert sont anonymes, comme la plupart des poèmes populaires au moyen âge.

911. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Je lui ai répondu que je ne travaillais qu’à ma santé, qui me donnait déjà assez de mal ; mais que si jamais je mettais un ours dans un poème, ce serait le sien. […] Oui, il y a des vers charmants ou très heureux dans cet aimable poème. […] Je voulais surtout dire que le poème de M.  […] Laïs et Démosthénès, poème tragique en quatre actes, par M.  […] Albert du Bois, auteur d’un poème tragique intitulé : Laïs et Démosthénès.

912. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Et la communion des enfants par le pape, l’apothéose de la croisade, terminera-t-elle dignement, sur un point final de stabilité, d’éternité, ce poème oculaire de mouvements ? […] Les premiers poèmes de M. de Régnier, La Chevauchée d’Yeldis de Vielé-Griffin, la plupart des écrits des poètes mineurs semblent hantés par ce thème. […] Je rattachais, très largement d’ailleurs, ces voyages symbolistes à tels poèmes mallarméens et aux Illuminations. […] À des époques précises et autour de deux genres seulement, à savoir le discours et le poème dramatique. […] Il y a évidemment un ordre dans Les Révolutions, À celle qui est restée en France ou Le Retour de l’Empereur, un ordre plutôt qu’un beau désordre ; mais ordre ne signifie pas ici plan : c’est un ordre spontané déposé par l’inspiration, pendant que s’écrivait le poème.

913. (1886) Le naturalisme

Ils écrivent le poème de l’Espagne moderne. […] Le Poème, la Chanson de geste. — Le roman de chevalerie. — Le Don Quichotte. […] Le roman est poème épique, chanson de geste ou fabliau. […] De ce but même, que le poète s’était choisi plus que le romancier, il résulta que les romans de Chateaubriand furent plutôt des poèmes qu’autre chose. […] Il se déclara docteur ès-sciences sociales ; il voulut créer la Comédie humaine, résumé caractéristique de notre époque, comme le poème de Dante fut le résumé du moyen-âge.

914. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Mais, alors, je le demande, pourquoi différer éternellement la publication de son second livre : les Poèmes ironiques, achevés et parachevés. […] C’étaient, déjà très vigoureuses, les facultés adolescentes du poète qui nous apparaît aujourd’hui dans le magnifique développement des Poèmes Ironiques. […] L’auteur des Poèmes Ironiques est un de ceux-là qui ne veulent pas qu’on les voie pleurer. […] Essayez, par exemple, de rapprocher ces deux héros, Regnaut de Montauban et Mes Bottes, vous aurez à peu près la différence des époques, en même temps que la différence des poèmes. […] On voit, dès le titre, de quelle source d’inspiration est sorti ce poème.

915. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Sur l’ordre de son père, il monta sur la table et déclama, sans se tromper, tout un chant d’un poème antique latin ou grec (M. Sainte-Beuve désignait même le chant du poème, que j’ai oublié), — et du reste le fils de l’ex-conventionnel était capable des deux langues. […] C’est à l’une de ces figures peut-être que fait allusion une gaillardise de ce court poème, qui a le sel gai.

916. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Dante aurait-il eu l’idée et la force de construire son poème, son monument si particulier au Moyen Âge, s’il n’avait reçu ce que la tradition, même si incomplète, lui avait transmis de souvenirs, de réminiscences ou d’illusions fécondes, et s’il n’avait eu, à la lettre, Virgile pour guide, pour soutien et pour patron à demi fabuleux ? […] On est aussi honoré, considéré pour cela, et bien plus, que si l’on avait tenté un beau roman, un beau poème, les chemins de la vraie invention, les routes élevées de la pensée.

917. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Le poème de la Ligue (1723 ; étale les misères causées par la religion. […] « Je suis las des histoires où il n’est question que des aventures d’un roi, comme s’il existait seul ou que rien n’existât que par rapport à lui : en un mot, c’est encore plus d’un grand siècle que d’un grand roi que j’écris l’histoire. — Ce n’est point simplement les annales de son règne, c’est plutôt l’histoire de l’esprit humain puisée dans le siècle le plus glorieux à l’esprit humain519. » Faire l’histoire de l’esprit humain au temps de Louis XIV, exposer le progrès de la civilisation générale, depuis les poèmes et les tableaux, jusqu’aux canaux et aux manufactures, il n’y avait pas de conception de l’histoire qui fût plus juste, plus large et philosophique.

918. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

C’est après les poèmes de Vigny et même après la Chute d’un Ange qu’il conçoit la Légende des Siècles, C’est après Gautier et Banville qu’il se fait, à l’occasion, néo-grec. […] Il s’agit, à un endroit du poème intitulé l’Echafaud, d’exprimer cette idée (vraie ou fausse, il n’importe ici) que Marat a été à la fois bon et mauvais, féroce et bienfaisant.

919. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Bien l’épanouissement de ce qui naguères obtint le titre de poème en prose. […] Les articles, dits premier-Paris, admirables et la seule forme contemporaine parce que de toute éternité, sont des poèmes, voilà, plus ou moins bien simplement ; riches, nuls, en cloisonné ou sur fond à la colle.

920. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Dans son poème sur la Loi naturelle, Voltaire avait pris la défense du remords comme preuve de la liberté de l’homme. […] Le titre de Religion naturelle, donné d’abord au poème, déplaît à Frédéric ; Voltaire essaye d’en atténuer le sens par ses explications.

921. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

On peut deviner sans peine les vices qui correspondent à ces vertus guerrières et on les rencontre à chaque pas dans les mêmes poèmes. […] Un poème héroï-comique nous présente, par exemple, un vaillant chevalier qui part en guerre, affublé d’une armure rouillée, armé d’une gaule à abattre les noix, monté sur une vieille jument, vénérable aïeule de Rossinante ; il est le digne fils d’un père qui n’avait pas son égal pour transpercer les limaces et les papillons ; il a pour adversaire une vieille femme et il est battu.

922. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Quelle morne tristesse respirent les poèmes populaires chinois du Chi-King ! […] Lucrèce décrit la mélancolie, en plusieurs endroits de son poème, du même style dont il peint la peste.

923. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Elle est la sœur de cette enfant, à qui Baudelaire dédiait son poème des « Bienfaits de la lune », et à qui l’astre prédit : « Tu aimeras… le lieu où tu ne seras pas, l’amant que tu ne connaîtras pas. » On voit en elle un principe insatiabilité, un principe de rupture de tout équilibre, de toute harmonie, de toute paix, de tout repos, un principe de fuite où l’on distinguera plus tard un des ressorts essentiels de la nature humaine, la source du mouvement et du changement. […] C’est elle qui a donné naissance à toutes les sciences et c’est ce Bovarysme essentiel que Flaubert a étreint sous ses deux formes, pour en exprimer l’ironie, pour en montrer le développement fatal, dans un double effort, dans ce poème halluciné, La Tentation de saint Antoine, dans cette comédie caricaturale, Bouvard et Pécuchet.

924. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Ce qui remplit, en général, les œuvres d’imagination, le commencement de l’amour, les serments d’amour, les fadeurs qu’échangent les fiancés, les emportements de passion, les malentendus, les regrets, les dissertations sur le bonheur ou le malheur par l’amour, tout cela est à peu près absent dans le poème en prose des Misérables. […] Je suis sûr que les artistes qui vivaient au moyen âge, Dante quand il écrivait sa Divine Comédie, les auteurs de nos poèmes nationaux et de ceux des nations voisines, les bâtisseurs d’églises, d’hôtels de ville, de maisons corporatives, les sculpteurs, les peintres, les musiciens, avaient présente à l’esprit cette idée fraternelle, et dédiaient en secret leur œuvre à tout le peuple chrétien.

925. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

La pensée qui n’est que pensée, l’œuvre d’art qui n’est que conçue, le poème qui n’est que rêvé, ne coûtent pas encore de la peine ; c’est la réalisation matérielle du poème en mots, de la conception artistique en statue ou tableau, qui demande un effort.

926. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. De l’influence de la philosophie du xviiie  siècle sur la législation et la sociabilité du xixe . »

Lerminier, après avoir médité ses sujets en philosophe et en penseur, s’en est emparé en artiste ; l’enthousiasme de Diderot a passé dans celui qui le célèbre et qui célèbre les trois autres ; ces quatre chapitres sont comme un poème, en quatre hymnes, qui s’adressent tour à tour à chacun des membres de ce quaternaire sacré de la philosophie.

927. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

Nous ne renonçons pas à écouter, même à combiner des explications : ce sont des poèmes.

928. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

Tel est le point de vue original de cet écrivain, tel que chacun peut le vérifier dans son œuvre : dans ses chroniques et ses critiques ; dans ses romans : Mal éclos, histoire d’un répétiteur, — Une belle journée, poème des adultères ratés, roman en trois cents pages dont l’action dure six heures, petit chef-d’œuvre de psychologie bourgeoise, — la Saignée, intéressante évocation des laideurs secondaires du Siège de Paris ; dans son théâtre : mise en drame de Renée Mauperin, — La Pêche, une ironique pochade, — Les Résignés, sa maîtresse œuvre, d’une valeur suprascénique, un oratorio philosophique.

929. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

Est-ce que l’apparition d’un poème ou d’un roman, pour peu qu’il remue des idées, ne suscite pas de violents conflits d’admiration et de colère ?

930. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

Il n’était pas que du Poème du Tasse !

931. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Gères. Le Roitelet, verselets. »

III Ce serait presque une anthologie avec un seul poète, — une anthologie non pas grecque de sentiment, car l’auteur du Roitelet n’a dans l’inspiration aucun archaïsme, mais grecque par cette brièveté pleine qui, en quelques vers, enferme ou concentre toute une perspective et fait un poème comme un disque, car, chez les Grecs, rondeur voulait dire perfection !

932. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

dans beaucoup trop de rhétorique ; il a même quelquefois de l’inattendu, comme dans Le Secret, de la force partout et surtout dans son poème des Fossiles, où il peint des choses monstrueuses, avec le goût de M. 

933. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

On peut même dire que de chacun de ses poèmes, une grande idée philosophique est la source même, toute féconde et toute jaillissante. […] Il y aurait sans doute moins d’érudition et moins de discussions de textes ; mais ce serait un poème à mettre en pendant avec La Justice ou Le Bonheur de M.  […] Ceci n’a probablement pas été ajouté par Hugo relisant son poème et s’inspirant de lui. Ce n’est pas dans le ton, tout à fait, du reste du poème. […] Pour que le § V fût à peu près de la même étendue que les autres sections du poème, lesquelles, sauf la dernière, sont toutes approximativement de la même longueur.

934. (1925) Comment on devient écrivain

dit Méry, jusqu’à un poème épique » et c’était vrai. […] Vigny vendit peu ses premiers poèmes. […] Ils écriraient un poème épique, si on en publiait encore. […] C’est parce qu’Homère est un grand écrivain que ses poèmes sont arrivés jusqu’à nous. […] Un sonnet sans défaut vaut un long poème.

935. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Du seul fait de sa grandeur il est légendaire, relégué, même en un entretien populaire, dans le domaine du poème épique. — Et il en est tout de même d’un scélérat hors de la commune mesure : il est vrai, et paraît être imaginaire. […] Du reste, sauf, je crois, la Henriade et sauf, j’en suis sûr, le poème de Fontenoy, il les a tous démentis. […] Cela se tient, cela fait corps ; Victor Hugo en fera de beaux poèmes toute sa vie ; cela enfin peut se soutenir. — Eh bien ! […] Du traité sur le poème épique qui l’accompagne, soyez-en sûrs. […] C’est un poème très intelligent.

936. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Et c’est enfin la Terre, le grand poème candide des hommes rustiques à peine dégagés de l’animalité, la fête des épis, la célébration des cultures et de l’élevage, des labours et des moissons, l’insolente apothéose des belles filles dépoitraillées, pâmées dans l’encens des farines, et la brûlante poussière des granges d’or. […] Ainsi Émile Verhaeren, notre Hugo, dans ses visions magnifiques et tragiques, où se mêlent encore assez d’« échos intérieurs » pour faire de ses poèmes les plus complètes expressions de paysages vus à travers un état d’âme, — et d’états d’âme vus à travers un paysage. […] De tous ses livres, de ce poème tragique de l’Œuvre à l’épopée rouge et noire de Germinal, des pages du Bonheur des Dames aux pourritures d’or et de chair de Nana, aux légendes héroïques de la Débâcle ; de tous ces livres monte un râle, et ce râle persiste même à travers la joie saine de ce qui va naître de l’incessante mort. […] Saint-Georges de Bouhélier, votre maître, pour qui j’ai d’ailleurs une grande estime littéraire, plus artificielles, plus exagérées que ce poème du chevalier, dans le merveilleux Tel qu’en songe, de M. 

937. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Son influence s’est marquée plus particulièrement sur trois genres, le poème dramatique, la satire littéraire et l’éloquence religieuse. […] Le théâtre n’eut pendant longtemps qu’un idéal, dont les traits sont répandus dans tous les poèmes dramatiques d’alors : c’est Louis XIV jeune homme ; c’est cette puissance si facilement portée, tant de gloire en si peu de temps, ses passions mêmes, qui tiraient je ne sais quelle grandeur de sa jeunesse, de la beauté de sa personne, de l’éclat de ses victoires, de la dignité royale jamais oubliée, de tous les devoirs de bienséance et d’affection sérieuse gardés envers la reine, non pour atténuer de graves torts par des égards, mais parce qu’il savait se gouverner dans l’entraînement. […] Cet état s’est peint dans un genre de poème dramatique qui n’a jamais pu prendre racine dans notre pays, la tragi-comédie, si populaire en Espagne. […] Poème du Val-de-Grâce.

938. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

J’ai reçu dans mon âme des impressions, des images… Faust est un ouvrage de fou466. » On fera toujours des théories insignifiantes, comme on fera des poèmes médiocres.

939. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

Dès son début, par Les Romanesques, Edmond Rostand s’était prouvé poète comique ; puis il avait fait vibrer la corde d’airain d’un geste de grâce et d’amour dans La Princesse lointaine et dans l’exquis poème : La Samaritaine.

940. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

D’après le sens littéral de cette explication, il semble que le Paradis perdu serait un poème classique, et la Henriade une œuvre romantique.

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