On trouve la phrase qu’on vient d’écrire incomplète et inexacte : on la fait suivre d’une autre qui le sera moins, et l’on avancera ainsi péniblement et tortueusement vers l’objet qu’on a en vue, par une fastidieuse suite de tâtonnements et d’approximations.
Les grandes choses qu’il a faites ou qu’il a vues, il ne les raconte jamais simplement, et cela en diminue un peu la grandeur.
Et plus tard, dans le célèbre médaillon de David, vue de profil, — avec les mêmes traits, mais devenus si sérieux et si calmes, avec la grande paupière baissée, avec cette chevelure toujours courte qui s’arrange en masses, dignes de la statuaire, — comme à ce moment-là elle est épique et vraiment imposante !
À la vérité, rien n’était plus dissemblable que ces deux natures et la vie ne devait pas tarder à les disjoindre, mais ils se trouvaient alors réunis par la même fièvre de recherches, la même ingéniosité, la même pénétration et la même hauteur de vues.
Il sçavoit bien que cette maladie, autrefois épidémique, ne les regardoit plus ; que le parlement de Paris avoit donné, en 1601, un arrêt, à la requisition de l’avocat général Servin, qui condamnoit les flagellations publiques ; mais il avoit en vue certaines pratiques de quelques communautés de religieux & de religieuses.
Il expire en disant ces mots, et il continue avec les anges le sacré cantique. » Nous avions cru pendant quelque temps que l’oraison funèbre du prince de Condé, à l’exception du mouvement qui la termine, était généralement trop louée ; nous pensions qu’il était plus aisé, comme il l’est en effet, d’arriver aux formes d’éloquence du commencement de cet éloge, qu’à celles de l’oraison de madame Henriette : mais quand nous avons lu ce discours avec attention ; quand nous avons vu l’orateur emboucher la trompette épique pendant une moitié de son récit, et donner, comme en se jouant, un chant d’Homère ; quand, se retirant à Chantilly avec Achille en repos, il rentre dans le ton évangélique, et retrouve les grandes pensées, les vues chrétiennes qui remplissent les premières oraisons funèbres ; lorsqu’après avoir mis Condé au cercueil, il appelle les peuples, les princes, les prélats, les guerriers au catafalque du héros ; lorsque, enfin, s’avançant lui-même avec ses cheveux blancs, il fait entendre les accents du cygne, montre Bossuet un pied dans la tombe et le siècle de Louis, dont il a l’air de faire les funérailles, prêt à s’abîmer dans l’éternité, à ce dernier effort de l’éloquence humaine, les larmes de l’admiration ont coulé de nos yeux, et le livre est tombé de nos mains.
Il écrit, dans la dédicace de l’Étang de Berre (1915) : « Ce petit livre — dit — la ville et la province — épanouies — dans le royaume — pour les progrès — du genre humain » ; dans la préface de Quand les Français ne s’aimaient pas (1916), mettant en lumière « les services rendus à la beauté et à la vérité par les hommes de sang français », il spécifie que cela doit être considéré « sans perdre un seul instant de vue que la raison et l’art ont pour objet l’universel ».
Il n’apporte aucune vue d’ensemble ni en morale, ni en psychologie. […] … c’est tirer à vue sur le malheur ». […] Quelle vue ! […] La tristesse et le dégoût n’étaient que de fausses vues de l’esprit, préoccupé d’un détail, oubliant de considérer l’ensemble. […] Consolez-vous donc, pauvres hommes, à cause de voire faiblesse et à cause de votre grandeur, par la vue de l’infini d’où vous êtes exclus, et par la vue de l’infini où vous êtes compris, par la pensée du soleil éternel, dont vous êtes un rayon, et par la pensée de la nuit éternelle où ce rayon va s’éteindre.
Michelet est au centre de la ronde frénétique ; sa vue se brouille, une sorte de vertige le saisit. […] Si la vue de cette époque était affligeante, celle du présent était sombre aussi. […] Il avait la vue la plus nette et la plus claire de tous les efforts contemporains en leur diversité disparate. […] Les blanches statues sourient encore de l’avoir vue passer ; des ramiers roucoulent dans les vieux arbres. […] Albert Giraud (1860-1929) et Iwan Gilkin (1858-1924) sont deux poètes belges très en vue à l’époque.
En somme, il est fort inférieur aux bêtes, au chien surtout, qui sont pour lui comme une raison d’exister : « Je dois l’avouer sincèrement, la vue de tout animal me réjouit aussitôt et m’épanouit le cœur, surtout la vue des chiens et celle de tous les animaux en liberté : les oiseaux, les insectes, etc. […] C’est pour cela que les restes impies de Sérénus rendaient quand même la vue aux aveugles, punissaient les avares et ressuscitaient les juments des pauvres gens. […] Et cette disproportion même ne vous prouve-t-elle pas, comme je le disais tout à l’heure, que Scherer n’a en vue qu’un public spécial, limité, déterminé, qui pour lui est tout le public ? […] Aussi n’est-il point difficile au critique qui l’étudié de saisir ses vues et de les dégager. […] Le premier peut avoir des velléités mystiques, des caprices de métaphysicien ; le second demeure précis, ne perd jamais de vue l’objet qu’il poursuit, sait toujours ce qu’il veut.
Si vous avez la bonté d’écrire en mon nom un mot à M. de Schouvalof, comme je vous en supplie, vous ne manquerez pas de faire valoir cette conformité de vues entre la princesse régnante et le plus grand monarque qui soit. […] Il disjoint les idées ; il aperçoit fort bien les inconvénients des vues de l’auteur, il n’aperçoit pas les inconvénients des siennes. […] la grande, l’extraordinaire femme que j’ai vue ! […] Si elle daignait l’appeler, il irait sans faste, il reviendrait comme il serait allé, et il aurait trop de vanité, s’il était humilié de n’avoir pas su répondre aux vues de Votre Majesté Impériale. […] Je suis fâché que, dans les exemples que vous citez, vous ayez oublié l’aveugle-né qui, en recevant le don de la vue, voyait les hommes comme des arbres.
Saint-Simon, par une vue très juste qui a passé à Auguste Comte, distinguait dans l’histoire les périodes organiques et les périodes critiques. […] Cette critique d’artiste, comme la critique professionnelle, nous l’avons vue surtout dans son contact avec le passé, ou plutôt avec le courant de l’art éternel. […] La critique d’atelier c’est la critique des partis littéraires ; la République des Lettres implique du côté du cœur la rive gauche, et du côté de la main la rive droite ; le cœur est chaud, la main est leste ; vue de la rive droite la rive gauche c’est l’Odéon, et vue de la rive gauche la rive droite c’est la Foire sur la place. […] C’est même la vie de la critique tout court, puisque nous l’avons vue divisée en trois quartiers rivaux, de l’un à l’autre desquels régnait l’incompréhension et pleuvaient les épigrammes. […] De ce qu’un problème n’est pas épuisable, les esprits à courte vue tirent cette conclusion qu’il est insoluble, et puis qu’il est absurde.
Elle se croit en possession d’une nouvelle méthode, elle essaye d’organiser la science philosophique, elle propose une théorie nouvelle de la raison, elle porte dans la théorie de la volonté et de la causalité des vues neuves et profondes, elle introduit ou plutôt elle réintègre, à la suite de Leibniz, l’idée de force en métaphysique. […] L’objection générale dirigée contre toute l’école spiritualiste est que cette école n’a jamais eu en vue la vérité elle-même, mais qu’elle a toujours dirigé ses recherches dans un intérêt moral préconçu. […] J’ai des perceptions avant d’avoir des hallucinations, et sans perception point d’hallucinations possibles, car les aveugles-nés, que je sache, n’ont point d’hallucinations de la vue. […] Littré rejette l’hypothèse d’un absolu transcendant et nous représente la nature comme un tout complet se suffisant à soi-même, que fait-il donc autre chose que de transporter l’idée d’absolu de Dieu à la nature, et comment une telle vue pourrait-elle se disculper d’être une vue métaphysique ? […] Cournot, ouvrage ingénieux, plein de vues et de recherches, qui mériterait à lui seul un examen approfondi.
Je ne sais rien de plus touchant que la vue des bois coupés en automne. […] Il l’a vue, comme nous, les griffes enfoncées dans sa proie, arracher des lambeaux sanglants, et se gorger de chair crue jusqu’à étouffer. […] On en sait assez sur la tortue quand on l’a vue « aller son train de sénateur. » « Porte maison l’infante » est ventrue comme « ma commère la carpe », et aussi bonne dame qu’elle, un peu vaniteuse et « de tête légère », mais rusée parfois.
Fior d’Aliza (suite) Chapitre III (suite) LXVII Les deux enfants, quand ils furent sevrés, grandirent bien et se fortifièrent à vue d’œil à ce régime. […] LXXI Les pèlerins, surpris, s’arrêtèrent à sa vue et firent silence pour ne pas l’effaroucher, comme quand un chasseur voit un chevreuil confiant, seul au bord du torrent, à travers les feuilles. […] Jusqu’ici j’ai méprisé le mariage, je suis arrivé à quarante ans sans que mon cœur ait battu plus vite d’une pulsation à la vue d’une femme, veuve ou fille, contadine de village ou dame de la ville ; mais l’âge vient, je suis libre, je suis riche.
CXV À ces coups de feu, à ces cris, à cette vue, monsieur, nous nous étions tous levés en sursaut, comme à un coup de feu du ciel, pour courir au-devant de notre enfant ; la mère nous devançait les bras tendus, les cheveux épars ; moi-même je courais au bruit sans mon bâton, comme si j’y avais vu clair, à la seule lueur de mon cœur ; Hyeronimo, s’élançant du toit d’un seul bond, avait décroché du mur, en passant, l’espingole de son père, qui n’avait pas été déchargée depuis sa mort ; il courait comme le feu du ciel au secours de Fior d’Aliza, à la fumée des six coups de feu, flottant comme un brouillard sur les cannes de maïs. […] Là, sans pouvoir être vue de personne, j’essuyai mon front tout mouillé de sueur, mes yeux obscurcis de larmes ; je repris mon haleine essoufflée et je me mis à réfléchir, trop tard, hélas ! […] Mais la foule d’une ville où tout le monde vous regarde, où personne ne vous connaît, où l’œil du bon Dieu lui-même semble vous perdre de vue dans la confusion de la multitude, les bruits confus et tumultueux qui sortent, comme des chocs des feuilles ou des vagues, des hommes rassemblés, allant çà et là, sans se parler, où leur pensée inconnue les mène.
Michel-Ange y avait perdu son temps, sa fortune et ses yeux ; sa vue resta plusieurs années affaiblie par l’attitude forcée de la tête, qu’il avait dû renverser en peignant la voûte. […] XVII « L’attrait de ce beau visage me soulève vers les cieux, car aucun autre charme de la terre ne délecte ma vue, et, grâce à cette beauté, je monte encore vivant parmi les esprits célestes, faveur qui fut accordée ici-bas à si peu de mortels ! […] » La mort de Vittoria Colonna devint le texte habituel de ses derniers chants : « Quand celle vers qui volaient tous et tant de mes soupirs fut, par la volonté divine, enlevée de la terre au firmament, la nature, qui ne s’admira jamais dans un si beau visage, parut attristée, et tous ceux qui l’avaient vue restèrent dans les larmes !
D’où vient que la vérité historique qui, là, lui paraissait chose romantique et par suite admirable — ou chose admirable et par suite romantique (car il hésite entre les deux vues) — n’excite point ici son enthousiasme ? […] Il se peut que ce contraste même ravisse certains lecteurs, justement parce qu’il échappe à première vue et qu’on se sait gré de le découvrir, parce que Racine peut-être ne s’en doutait pas toujours, et qu’on se croit beaucoup d’esprit de démêler ce dont il n’avait pas conscience. […] Le sang-froid, la netteté de vue qu’implique une pareille connaissance des secrets de son âme n’est-elle pas incompatible avec l’emportement aveugle de la passion ?
Il n’avait pas plus en vue la maison de Rambouillet que d’autres, mais il ne l’avait pas moins ; il ne l’attaquait pas nommément, mais il ne l’exceptait pas de ses attaques. […] Mais ce n’est pas là ce que disent nos éditeurs ; ils prétendent que Molière a précisément et principalement eu en vue l’hôtel de Rambouillet, et ils se prévalent de son autorité pour mettre en crédit leurs fastidieuses répétitions contre les personnes à qui cette maison doit sa célébrité. […] Taschereau dit aussi que « Molière, pour détourner de lui la colère de personnages puissants, crut devoir déclarer qu’il n’avait point en en vue les véritables précieuses, mais celles qui les imitaient mal.
A la vue des hideuses filles de la Nuit, Pallas ne s’emporte point comme l’impétueux Apollon. […] Moins irritable que le dieu passionné de Delphes, la sage Déesse s’informe avant de sévir. — « C’est à tous que je parle, à cet étranger assis au pied de ma statue, et à vous qui ne ressemblez a personne, que les dieux n’ont jamais vues parmi les déesses, et qui n’avez point de figure humaine. […] À première vue, le Conseil des Douze d’Athènes paraît aussi effrayant que le Conseil des Dix de Venise.
Nous nous souvenons de l’avoir vue, quelques mois avant sa mort, à une fête. […] Il ne comprend rien, d’abord, à ses questions, à ses coquetteries, à ses intimités conquérantes ; mais la vue de la bague, qui brille au doigt de Diane, est pour lui une révélation. […] A sa vue, la voix lui manque, les mains lui tremblent, ses yeux jettent la flamme ; elle va pousser, l’un après l’autre, tous les verrous de ces portes banales, et les transports recommencent, et les promesses, et les serments, et toutes les divagations enivrés des joies illicites qui prennent leur bien où elles le trouvent et le dévorent n’importe où.
La raison humaine est maintenant assez mûre pour que nous entreprenions de laborieuses recherches scientifiques, sans avoir en vue aucun but étranger capable d’agir fortement sur l’imagination, comme celui que se proposaient les astrologues ou les alchimistes. […] En réalité, le sujet de toutes nos recherches est un ; nous ne le partageons que dans la vue de séparer les difficultés pour les mieux résoudre. […] Mais cette condition n’est nullement nécessaire à sa formation systématique, non plus qu’à la réalisation des grandes et heureuses conséquences que nous l’avons vue destinée à produire.
C’est de la dialectique, d’abord, et puis, de plus, à côté et en même temps, c’est du plaidoyer, c’est de la dialectique en vue d’un but, en vue d’un dessein poursuivi et qu’elle ne perd jamais de vue.
La civilisation marcha d’un pas plus réglé chez les Romains ; ils perdirent entièrement de vue leur histoire divine ; aussi l’âge des dieux, pour parler comme les Égyptiens (Voy. […] Il est naturel aux enfants de transporter l’idée et le nom des premières personnes, des premières choses qu’ils ont vues, à toutes les personnes, à toutes les choses qui ont avec elles quelque ressemblance, quelque rapport. […] Les hommes à courtes vues prennent pour la justice ce qu’on leur montre rentrer dans les termes de la loi.
. — Il y a, chemin faisant, des vues neuves et qui sentent l’historien. […] Dans les considérations qui sont de plus en plus positives en avançant, et où il a déjà pied sur son terrain, il a de bonnes vues, des exemples neufs.
Mais cette page que j’avais l’ambition d’écrire, elle est tracée déjà, et par un homme qui était maître lui-même dans cet ordre de vues, et qui avait l’esprit d’organisation en plus d’une sphère, par Cuvier. […] Le seul défaut que j’y relèverai, c’est que le sage rapporteur n’y marque pas assez ce qui fut le charme et l’enchantement dans la manière du nouvel écrivain, ce par quoi il a fait avènement à son heure, et qu’il ne nous dit pas assez nettement ce qu’il faut toujours dire et proclamer à la vue des génies, même incomplets et mélangés : « La veille, il y avait un être de moins au monde ; le lendemain, il y a une création de plus. » De tout ce qu’on vient de lire il résulte, ce me semble, que si l’on veut considérer la littérature dite de l’Empire dans ses productions les plus saines, les plus honorables, on ne court aucun risque de s’attacher à M.
Ravaisson, dont l’esprit métaphysique est si ami des arts, a apporté des vues sur l’enseignement du dessin. […] De cette succession de médecins à vues diverses, il résulte finalement que l’instruction publique laïque est assez malade en France (1867).
C’est l’oubli qui est le plus cruel des jugements pour ces morts qui, du temps qu’ils vivaient, n’avaient que ce monde en vue. […] [NdA] Stendhal (Beyle) qui avait plus d’une raison pour goûter Besenval et qui le cite souvent à l’appui de ses propres vues sur la société, a dit de lui : « J’aime ses mémoires ; il a la première qualité d’un historien, pas assez d’esprit pour inventer des circonstances qui changent la nature des faits ; et la seconde, qui est d’écrire sur des temps qui intéressent encore.
Il n’avait pas attendu jusque-là pour penser, pour écrire et dicter ses vues, ses plans de gouvernement, ses réflexions de roi. […] Survient l’incident fâcheux, l’emportement des jeunes gens « de la première qualité de France » qui, au moment où le prince de Condé s’approche des retranchements des ennemis pour accélérer leur retraite, se jettent en avant et les forcent à plus de résistance qu’ils n’en comptaient faire : « Tous ces volontaires, la plupart jeunes gens désireux de se distinguer à ma vue, et de mériter mon estime et celle du plus grand capitaine de l’Europe qui était à leur tête, donnèrent d’abord beaucoup d’occupation au prince de Condé pour les retenir ; mais enfin le duc d’Enghien et le duc de Longueville lui échappèrent et voulurent forcer une barrière pour, joindre les ennemis.
Après les formules et les cérémonies d’usage, elle se frotte le corpsd’une certaine pommade et se change à vue d’œil en oiseau. […] Le philosophe à besicles, qui ne s’en tient pas à la première vue, et qui se mire dans ses abstractions, n’est venu que bien tard.