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2273. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre IX. L’avenir de la Physique mathématique. »

Il faut qu’ils soumettent à la critique toutes ces vues nouvelles que je viens d’esquisser devant vous et qu’ils n’abandonnent les principes qu’après avoir fait un effort loyal pour les sauver. […] Et maintenant vous venez nous dire que les conquêtes les plus récentes de l’expérience mettent ces principes en danger.

2274. (1887) Discours et conférences « Discours lors de la distribution des prix du lycée Louis-le-Grand »

Le sens de cette fête annuelle des bonnes études vient d’ailleurs de vous être indiqué d’une façon si judicieuse, qu’à peine est-il nécessaire d’ajouter quelques mots. […] Venez maintenant, jeunes élèves, recevoir les récompenses que vous avez si bien méritées.

2275. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre V : Rapports du physique et du moral. »

Certaines opérations purement intellectuelles, telles que la mémoire, dépendent des actions matérielles ; fait qui a été admis, quoique à regret, par les partisans d’un principe immatériel. » On en est donc venu à considérer l’union de l’esprit et du corps comme de plus en plus intime et à dire « que l’esprit et le corps agissent l’un sur l’autre ». […] Nous venons d’admettre que les forces mentales sont convertibles avec les forces physiques, mais ne peut-on pas admettre aussi que les forces mentales sont convertibles entre elles ?

2276. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre premier. Prostitués »

Et tous attendons avec tranquillité le salaire qui viendra ou ne viendra pas.

2277. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bayle, et Jurieu. » pp. 349-361

Il vient à Paris ; il y fait abjuration ; parle de son livre à quelques personnes, qui lui disent que c’est un livre affreux, que l’auteur, ayant voulu ménager les protestans & les catholiques, avoit également déplu aux deux partis. […] D’où il conclud que la haine que Jurieu portoit à Bayle ne vint pas d’une jalousie de mari, mais d’une jalousie d’auteur.

2278. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre premier. »

On voit bien où je veux venir. […] Puis vient le tour de la pitié qui protège, et d’un orgueil mêlé de bonté.

2279. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

C’est de lui seul que peut venir la lumière. […] Mais ces affirmations optimistes viennent se heurter à un sentiment très général et très fort et dont elles ne peuvent triompher : nous savons bien que les choses ne sont pas aussi claires, si transparentes, si faciles à pénétrer.

2280. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Edmond About » pp. 63-72

Il faudra le génie, qui a le droit de parler de ce que tout le monde sait, parce qu’il y ajoute quelque chose que ne sait pas tout le monde, pour faire excuser la hardiesse d’un auteur qui s’en vient raconter ou décrire ce que tout le monde a vu ou pu voir, maintenant, à si bon marché : un coin quelconque de la planète ! […] Le temps n’est plus où, même après Byron, un charmant poète écrivait avec tant de mélancolie : « Les Orientaux portent le deuil en bleu : voilà pourquoi le ciel et les mers de cette pauvre Grèce sont d’un si magnifique azur. » Des railleurs sont venus, comme Stendhal et comme beaucoup d’autres, qui ont pris les poètes et la poésie philhellènes à rebours.

2281. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Jules Levallois » pp. 191-201

Il tient de Bernardin de Saint-Pierre l’humeur charmante, la sérénité platonicienne, la poésie naturelle, la science venue, pour eux deux, — ou la science à laquelle ils sont allés tous les deux de la même manière, — l’un avec son fraisier, l’autre avec ses fourmis ! […] Jules Levallois le sent bien, du reste, et serait effroyablement embarrassé si on lui demandait, à lui, cet observateur, ce solitaire et cet ermite, l’analyse de l’éducation morale donnée à l’homme par la Nature, et les moyens dont elle se sert pour doubler ou tripler cette liberté qui vient en pleine terre, comme une plante, et qui n’a autour de soi que des êtres muets, indifférents à ses efforts, à son développement et à ses mérites.

2282. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Mort jeune encore, et lorsque la réputation commençait à lui venir, c’est un de ces talents distingués qui plaisent à la moyenne des âmes comme s’ils étaient vulgaires. […] Après Rousseau, après Saussure, après Sénancour, Chateaubriand, Lord Byron, tous paysagistes à leurs heures, après ce glorieux Cooper, qui a contribué, pour sa part, à l’impulsion générale donnée à la pensée contemporaine dans le sens de la description, Topffer est venu comme bien d’autres, et, soit manière originelle de regarder et de sentir, soit calcul d’une pensée qui cherche à dire un mot qui n’a pas été dit encore, il a essayé d’introduire la manière flamande dans le paysage alpestre et grandiose, et il a réussi.

2283. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Véron »

Évidemment, c’est là le retour dissimulé, mais complet, au régime parlementaire, au régime que les ennemis de l’Empereur demandent, eux aussi, pour des raisons moins vaines, — parce que l’expérience leur a appris qu’en France, avec un tel régime, on pouvait venir facilement à bout du gouvernement le plus fort ! […] D’où vient donc un tel aveuglement dans le docteur Véron ?

2284. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Et l’acteur invitait le peintre à venir le voir, ce que se gardait bien de faire Hokousaï. […] Vers la même époque Hokousaï recevait la visite d’un fournisseur du Shôgoun qui venait lui demander un dessin. […] Donc, si un homme vient, un homme semblable à l’homme du rêve, ce sera bien l’assassin du mari. […] C’est Foukorokou déroulant un makimono sur lequel une tortue vient se promener, c’est le diable déguisé en prêtre faisant sa prière. […] Sait-on d’où vient cette curieuse pochade ?

2285. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Est-ce que je ne fais pas bien chanter mes gouttes d’eau dans mon bassin de mousse, pour attirer le rossignol nocturne, qui vient boire ce ses mélodies dans ma source, sous les pervenches du jardin ?  […] ……………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………… XIV Un chien aboya tout à coup, et deux autres chiens, couchés à nos pieds, se levèrent en sursaut, et traversèrent à grands bonds le ravin sous le bois pour aller voir quel nouveau venu du château faisait aboyer leur chef de meute. […] Laprade, désormais fils et frère de la maison, s’assit avec nous ; et la conversation familière continua, tant que le soleil nous fit rechercher l’ombre, comme si un convive seulement de plus était venu serrer les rangs autour de la table. […] Elle entoura tes pieds d’un long tapis de mousse, Où toujours en avril elle faisait germer Pervenche et violette à l’odeur fraîche et douce, Pour qu’on choisît ton ombre et qu’on y vînt aimer. […] Peut-être est-il venu !

2286. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

XII « Il y a un autre parti à prendre par le cabinet de la république : c’est de déclarer la paix à toutes les puissances qui ne se déclareront pas en guerre avec elle ; c’est de respecter les limites, l’existence, la forme, quelle qu’elle soit, de tous les gouvernements adoptés par tous les peuples ; c’est de déclarer la république française compatible avec toutes ces formes de gouvernement, dont elle n’a pas le droit de discuter la convenance avec d’autres idées, d’autres mœurs, d’autres intérêts, d’autres nationalités ; c’est de la déclarer héritière de tous les traités de limites établis, même contre elle, à d’autres époques, et de promettre au monde qu’elle ne revendiquera des rectifications éventuelles à cette géographie des puissances que de concert commun avec tous les autres peuples, lorsque des événements imprévus viendraient à motiver, en congrès général, le remaniement européen, en ajoutant que, ce qu’elle accepte pour la France, elle l’exige naturellement pour les autres, et qu’elle prendra fait et cause, si cela lui convient, pour toute nation qu’une puissance étrangère voudrait contraindre ou opprimer dans son libre développement d’institutions. » Ce fut cette diplomatie, unanimement adoptée par le gouvernement de 1848, qui jeta sur les matières incendiaires de l’Europe la poignée de cendre qui rassura et pacifia la France et l’Europe. […] Il en fut de même à Londres, où la grande manifestation radicale des trois cent mille chartistes, qui était venue nous demander le concours de deux ou trois cent mille ouvriers français, ne reçut de nous que le refus le plus sévère de prêter un seul Français à des excitations de guerre civile contre un gouvernement avec lequel nous étions en paix. Il en fut de même à Dublin, quand les fauteurs de l’insurrection irlandaise vinrent, par l’organe de leur chef, me sommer publiquement à l’hôtel de ville, à la tête d’un rassemblement populaire, d’appuyer l’insurrection de l’Irlande contre l’Angleterre. […] vint envahir une assemblée souveraine française, et donner à Paris le spectacle des anarchies de Varsovie. […] XX Enfin on vient tout récemment de découvrir un autre principe de diplomatie, à Paris, à Turin, à Londres, pour la convenance d’un petit prince des Alpes, qui éprouvait le besoin de devenir une grande puissance, et de peser du poids de trente millions de sujets et d’une armée de cinq cent mille hommes à côté de la France, et, qui sait ?

2287. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Un poète vint, qui avait toutes les qualités de Racan à un degré supérieur et qui y joignait quelques mérites nouveaux ; qui aimait d’une sincérité première et spontanée, et qui, d’un accent plus pénétré, chantait comme les plus précieux des biens, ce qui n’était pour Racan que des consolations. […] Quel intérêt offriront-elles quand, au lieu de venir d’un contemporain, elles sortiront d’un professeur, vague apparence qui n’appartient à aucun temps et qui ne saurait néanmoins sans s’évanouir, fantôme dispersé par la lumière, être considéré sous un aspect d’éternité ? […] Si ces « lois invisibles » sont celles qu’il vient de découvrir, il me semble qu’il vient d’atteindre la sagesse ; s’il est dément, je désire qu’on m’indique les vraies « lois invisibles ». […] si Jésus venait à passer sur la route déserte, avec quel bonheur on jetterait derrière soi tout ce qui fait le bonheur pour la foule, en quelle extase on suivrait Celui qui serait la voie et la vie, et comme on laisserait indifférent les morts ensevelir les morts… Hélas ! […] Mais ton tour viendra, et tu verras comme c’est bon. » La langue est pourtant maladroite et chatouille d’une façon qui serait désagréable à un épiderme sensible.

2288. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Les polémistes et les historiens venus après lui ont réhabilité l’ennui comme une qualité de la pensée, le poids. […] Pour cette littérature froide, il n’était pas nécessaire alors d’avoir la chaleur qui vient du cœur ; il suffisait de la clarté qui vient de l’esprit. […] Aussi la gloire littéraire force-t-elle quelquefois les portes des académies ; mais elle y entre toute faite, elle n’en vient pas. […] Trois ou quatre rêveurs, enivrés d’utopies antisociales, vinrent achever la terreur des esprits faibles en lançant des axiomes contre la propriété dans un pays où la propriété est la religion du sol. […] Nous ajournons sans hésitation et sans crainte ceux qui nous reprochent notre innocence aux épreuves et au jugement des démocraties à venir.

2289. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Habitué dès longtemps à ne consulter que lui-même, le poète a marché sans se troubler dans la voie qu’il venait d’ouvrir. […] Préparé à son avènement par des combats multipliés, quand il sent la gloire venir à lui, il l’accueille avec une émotion sérieuse. […] Dans la voie où il est entré, l’amitié ne serait pas inutile ; mais comment venir jusqu’à lui ? […] C’est pour avoir annoncé sa venue qu’ils méritent d’être nommés dans les annales de l’intelligence humaine. […] Un jour viendra où la foule, en adoptant l’opinion du juge, imposera silence à la colère.

2290. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

« Tu conduis, sur un vaisseau de mauvais augure, à ton palais, celle que la Grèce en armes bientôt te viendra redemander, après avoir conjuré la rupture de tes noces adultères et l’anéantissement du royaume antique de Priam !  […] Voici une invitation à Mécène pour le convier à venir boire, à l’humble table du poète, un vin grossier de Sabine, cacheté par lui dans une amphore grecque le jour où Mécène, guéri d’une maladie dangereuse, avait été acclamé par le peuple en reparaissant au Cirque. […] » Sa philosophie, commode et modeste, éclate dans la plupart de ces odes en vers à demi-voix qui ont le charme de son caractère ; les images dans lesquelles il symbolise cette modération des vœux de l’homme, pour que ces vœux ne soient pas plus vastes que la vie humaine qui les trompe tous, sont restées immortelles et proverbiales chez tous les poètes venus après lui. […] « Quoi, cependant, si nos premières tendresses venaient à renaître, si elles ramenaient nos deux cœurs sous le même joug ? […] Attendez la saison d’hiver où un livre est une société toujours bienvenue au coin du feu ; attendez surtout la saison d’été, où un compagnon est agréable pour répercuter en vous les douces sensations du soleil, de l’ombre des bois, des eaux, de la montagne, de la mer ; achetez cette délicieuse miniature d’Horace illustrée par les Didot ; asseyez-vous à la lisière de vos bois au bord du ruisseau, sous les saules où les oiseaux gazouillent à l’envi de l’onde, et lisez, et prenez les heures comme elles viennent, et dites, comme Horace : Carpe diem, saisissez le jour, tout est pour le mieux, pourvu qu’on ait les pieds au soleil et la tête à l’ombre !

2291. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Un beau jour Marius, sans préparation, vaincu par l’amour, vient brusquement demander au vieillard de permettre son mariage avec Cosette. […] Puis un serrement de cœur lui vint : — Voilà trois jours qu’elle n’avait vu Marius. […] « Elle sentait qu’elle ne pouvait vivre sans Marius, et que par conséquent cela suffisait, et que Marius viendrait. […] « Les deux petits pauvres regardèrent venir “ce monsieur”, et se cachèrent un peu plus. […] « Ici les cris profonds qui venaient du côté des halles éclatèrent avec un redoublement de cloche et de rumeurs.

2292. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

A rigoureusement parler, elles n’ont point de commencement, elles débutent au hasard, comme elles peuvent ; on ne sait ni d’où elles viennent, ni où elles vont ; en revanche on sait ce qu’elles sont. […] De là vient qu’à l’ordinaire la métaphysique et la haute poésie se touchent, se confondent quelquefois comme dans le Paradis de Dante. […] La psychologie, comme toute science, comme la physique, comme la chimie ou la physiologie, renferme des questions dernières, transcendantes, celles de principes, de causes, de substances : qu’est-ce que l’âme, d’où vient-elle, où va-t-elle ? […] Et de là vient qu’on a si souvent laissé l’étude des faits qui est féconde, pour la construction des théories qui est stérile et l’observation lente et sûre pour le procédé hardi et ruineux de l’hypothèse. […] L’histoire d’un peuple et la biographie d’un homme ne se composent pas seulement de ce qui vient d’eux, mais aussi de l’action des circonstances extérieures sur eux.

2293. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

De plus, parmi les causes ou conditions de l’acte se trouve alors l’idée même de l’indétermination des futurs, qui vient se joindre à toutes les autres idées servant de motifs et de mobiles. […] Cette possibilité existe toutes les fois que la question nous offre un intérêt médiocre, ou que nous ne concevons pas avec force les motifs pour et les motifs contre, ou que les uns contre-balancent les autres et nous laissent indécis, indifférents ; alors notre volonté, paresseuse ou lassée, se laisse déterminer dans la première direction venue. […] Si une impulsion passionnelle, par exemple, développe ses conséquences sans que se présente à l’esprit l’idée même d’une résistance possible, d’une certaine indépendance du moi intelligent par rapport à ses inclinations, il est clair que rien ne viendra, au moins de ce côté, contrebalancer l’impulsion actuelle et sa réalisation en mouvements conformes. […] Je ne me confère aucune puissance par la conception d’une puissance sans objet ; mais, d’autre part, il n’est pas vrai que l’idée de l’objet agisse seule, par son degré de désirabilité intrinsèque, sans que l’idée de ma puissance personnelle vienne y ajouter son action. […] On ne peut pas vouloir à vide ; on ne peut donc pas vouloir uniquement pour vouloir, dans l’abstrait, en un état d’indétermination absolue : il faut toujours en venir à vouloir quelque chose de déterminé, comme de remuer le bras.

2294. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

Conséquemment un immigrant, venu des eaux d’une contrée étrangère, aura plus de chance de rencontrer une place vide qu’un colon terrestre. […] C’est qu’en effet les arbres semblent peu propres à émigrer jusque dans les îles océaniques éloignées, tandis qu’une plante herbacée, bien que fort incapable de lutter en stature avec un arbre déjà développé, lorsqu’elle vient à s’établir sur une île où elle n’a d’autres concurrents que des plantes herbacées comme elle, peut rapidement gagner l’avantage sur celles-ci par une disposition à acquérir une taille de plus en plus haute, jusqu’à couvrir ses rivales de son ombre. […] Il m’est venu à l’idée que des coquillages terrestres, lorsqu’ils hivernent et que la bouche de leur coquille est fermée d’un diaphragme membraneux, peuvent se trouver cachés dans les fentes des arbres flottants et traverser ainsi des bras de mer assez larges. […] Lorsque enfin le pôle aura commencé à redescendre vers le lieu qu’il occupe actuellement, l’immigration sera venue du nord, substituant des formes tropicales aux formes tempérées, et des formes tempérées aux formes glaciaires. […] On en vient à conclure qu’ils étaient très variables, et peut-être variables au point d’être amorphes, c’est-à-dire sans forme héréditaire déterminée, bien que peut-être ils aient été formés d’un aussi grand nombre d’éléments chimiques qu’aujourd’hui, et qu’ils aient présenté des aspects très divers, quant à la couleur et à la texture, mais sans jamais s’éloigner beaucoup d’une apparence purement minérale et inorganique.

2295. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Venons aux vers faux. […] Du Bousquier vient d’être agréée. […] Pour un motif ou pour un autre, la science est toujours mal venue. […] L’art véritable vient du ciel, et le réalisme reste à ras de terre. […] D’où vient son influence ?

2296. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

3° Car il faudra bien que nous en venions là. […] On essaye de les déterminer, et chacun de ces éléments, une fois reconnu, vient former un trait de la définition que l’on donne du genre. […] D’où vient ce concert éternel1 ? […] Est-il venu trop tard ? est-il venu trop tôt ?

2297. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Et le doute venait. […] « On vient à moi, on m’interroge. […] Même alors, il est et il doit être visible, à notre allure, que nous venons d’eux. […] De temps en temps, elle vient le voir ; mais, vite, il faut qu’elle s’en aille. […] Mais l’inspiration mauvaise ne lui vint-elle pas du Parlement ?

2298. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Que n’a-t-il eu ce coin de magnanimité qui nous permettrait d’ajouter, comme on est bien souvent tenté de le faire : Le Gascon Montluc, en propos et en action, c’est un héros de Corneille, venu un peu plus tôt ! […] Lorsque les Commentaires de Montluc furent imprimés pour la première fois quinze ans après sa mort, en 1592, l’éditeur les fit précéder d’une dédicace « À la noblesse de Gascogne » qui est en des termes dignes de son objet : Messieurs, comme il se voit de certaines contrées qui produisent aucuns fruits en abondance, lesquels viennent rarement ailleurs, il semble aussi que votre Gascogne porte ordinairement un nombre infini de grands et valeureux capitaines, comme un fruit qui lui est propre et naturel ; et que les autres provinces, en comparaison d’elle, en demeurent comme stériles… C’est votre Gascogne, messieurs, qui est un magasin de soldats, la pépinière des armées, la fleur et le choix de la plus belliqueuse noblesse de la terre, et l’essaim de tant de braves guerriers… Sans faire tort aux autres provinces et sans accepter ces injurieuses préférences de l’une à l’autre, il est un caractère constant et qui frappe dans les talents comme dans les courages de cette généreuse contrée, et l’on ne saurait oublier, en lisant Montluc, que cette patrie de Montesquieu et de Montaigne, comme aussi de tant d’orateurs fameux, fut celle encore, en une époque chère à la nôtre, de ces autres miracles de bravoure, Lannes et Murat. […] Il ne commanda point en chef avec étendue et dans de grandes proportions : mais, je le répète, il paraît avoir excellé dans certaines parties rares, difficiles et hardies de la guerre, et il en donne leçon, il en tient école autant que cela se peut, et une école brillante, dans ses Commentaires. — J’ai hâte d’en venir à sa conduite aux jours où il est plus en vue, avant et pendant la bataille de Cérisoles, et surtout dans sa mémorable défense de Sienne, qui fut pour lui ce que fut à Masséna sa défense de Gênes.

2299. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Arago serait à faire, et, en en retranchant même ce qui ne paraîtrait pas digne de tous deux, il y aurait lieu d’y caractériser deux natures d’esprit et de tempérament tout à fait opposées, et qui devaient presque nécessairement en venir à se contredire et à se combattre : — Arago, ardent, puissant, robuste, doué de génie et capable d’invention, mais qui en fut trop distrait par d’autres qualités qui le tentèrent, par le besoin d’influer, par le talent d’exposer et d’enseigner, par un zèle aussi qu’on peut dire généreux à populariser la science, à en ouvrir à tous les voies et moyens, à en répandre et en propager les résultats généraux ou les applications utiles ; — Biot, esprit étendu, mais nature plus curieuse et plus déliée que riche et féconde, au sourire fin, à la lèvre mince, à la dent aiguë et mordante, dédaigneux du public sur lequel il avait peu de prise, jaloux de garder la science pour les seuls et vrais savants, pour ceux qu’il estimait dignes de ce nom. […] C’est, on le devine, même quand M. l’abbé Moigno ne nous l’aurait pas appris (n° du Cosmos du 7 février 1862), c’est que le vieillard avait changé, c’est qu’il avait remis depuis des années sa conscience en des mains pieuses, mais en des mains étrangères ; c’est que le Père de Ravignan ou le Père de Pontlevoy, cités avec éloge à un endroit du travail, avaient passé par là, et qu’il y a un petit souffle imperceptible venu du Vatican ou du voisinage, qu’on ne voit pas, mais qu’on sent, et qui, dans ce compte rendu du procès de Galilée, est bien capable à la fin d’irriter les âmes non patelines et grossièrement généreuses14. […] Guizot venait d’être élu directeur, M. 

2300. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Le point faible, toutefois, est que ce mobile de l’amour de l’humanité et de la civilisation n’est, en général, que fort secondaire et ne vient qu’en second ou en troisième lieu chez les meilleurs d’entre les plus éclairés esprits de nos jours ; il ne vient qu’après les soins de la famille, de la fortune personnelle, de la réputation, de la carrière à courir : c’est déjà quelque chose. […] Lemercier qui, après quelque préambule, venait le sommer de supprimer le nom, attendu que Mme Lemercier ne pouvait passer dans cette rue sans que cela lui fît une impression pénible.

2301. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Sur ces entrefaites, et pendant que se consommait l’intrigue, d’Estrées gagna la bataille d’Hastenbeck, et le maréchal de Richelieu eut le désagrément de venir relever son rival au lendemain d’une victoire. […] Cependant les divertissements de Berny avaient aussi reçu leur échec : sans parler des dettes où tant de spectacles et de violons à payer avaient jeté le prince, il n’y avait plus moyen, comme auparavant, de venir à chaque fête, dans un couplet final, célébrer invariablement le héros de Lawfeld ou de Raucoux. […] Grâce à la conduite qu’il tint d’un bout à l’autre de cette campagne, son nom est désormais un des trois ou quatre qui viennent le plus naturellement sous la plume toutes les fois qu’on a à citer des généraux pitoyables de l’ancien régime, « les Villeroy et les Marsin, les Clermont et les Soubise. »

2302. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Nicolas-Germain Léonard, né à la Guadeloupe en 1744, vint très-jeune en France, y passa la plus grande partie des années de sa vie, mais il retourna plusieurs fois dans sa patrie première. […] Léonard, s’il ne vient que très-loin après eux pour l’originalité du cadre et de la pensée, pour la vigueur et la nouveauté du pinceau, a su du moins conserver du charme par le naturel. […] Ces contrées qu’il venait presque de maudire, où la haine l’a poursuivi, où le rossignol ne chante pas, il veut tout d’un coup les revoir.

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