(Triste.)
Ces tristes combats profiteront à son génie. […] Il est donc utile à l’écrivain d’élever sa philosophie au-dessus des opinions passagères qui influeraient trop sur lui, s’il les envisageait trop, et de ne pas travailler seulement pour ses contemporains, mais pour la race humaine : averti par la nature, triste idée, mais inévitable ! […] Dans la poésie même, chaque espèce a sa cadence propre. » Je vous ai dit à quoi Longin attribuait la décadence des esprits ; Louis Racine donne une autre cause à cette triste révolution. […] Le choix d’une action imposante et triste est pareil, comme on le voit, dans toutes les nations. […] Le parricide, l’inceste, le meurtre, l’empoisonnement, les ordres dictés pour le carnage, sont de tristes réalités que l’instinct de nos cœurs nous porte toujours à démentir, et dont la multitude s’efforce, autant qu’elle le peut, à repousser l’idée.
Sa Hollande agitée et tumultueuse (songez à la date), son Allemagne du Nord, triste et angoissée, son Danemark sous la neige, sont des choses vraiment belles. […] « — Un roman bien triste et bien tragique ? […] Il en fut fâché, triste ; déchiré, non. […] C’est une femme très jolie encore, mais triste d’une incurable tristesse. […] La Rome Renaissance, avec ses palais sévères et tristes, l’a beaucoup plus frappé.
Nous savons même de quelle façon, avec quelle eau parfumée la triste Pénélope lava les pieds d’Ulysse repenti. […] Caro, qui, dans cette triste cérémonie, représentait la conscience des honnêtes gens. […] Chaque fois que je songe que, réellement, il existe des fonctionnaires spéciaux qui « inspectent les Beaux-Arts », je ne puis me défendre de ces tristes rapprochements, de ces mystérieuses analogies. […] Et, le livre fermé, cela vous hante, vous laisse effaré et pantelant, et charmé aussi par la grâce infinie, par la suavité triste et jolie qui circule à travers cet effroi. […] C’est un doux homme, très maigre, très triste et qui a six enfants.
Oxford est un paradis délicieux et triste. […] Les fermes sont clairsemées et de figure assez triste. […] Écoutez-le : Je m’installe aujourd’hui à ma table, et je prends la plume par un temps triste à en pleurer. […] Triste logis : un feu de coke agonise dans le poêle, la lampe file et sent mauvais. […] Les Grecs modernes ont longtemps construit leurs églises et leurs tristes masures avec les chefs-d’œuvre de leurs ancêtres.
Il s’impatiente des lenteurs qu’on met à sortir du triste fossé où la France s’est jetée ; il n’aime pas la république, il la souffre ; il en souffre aussi. […] Il témoigne toujours de la même aversion pour la politique intérieure de la France, triste ménage en effet, et des plus embrouillés alors : « Ce à quoi je dois viser, c’est à une réputation militaire pure de politique. […] À deux reprises, j’ai été supplié de faire sonner la retraite, signal d’un triste sauve qui peut. […] Pensée triste qui ne change rien à mes résolutions, à ma fermeté, à mon entrain, à ma confiance même, parce que j’ai foi dans le Dieu de la France et dans ses soldats, mais qui vous prouve que je ne me fais pas d’illusions et que j’envisage tout d’un œil calme.
La sensibilité du jeune homme se portait de préférence vers ce qui était triste et pur, expiatoire et clément. […] Plus d’une fois, en ces années, il se dirigea vers Montpellier à travers les Cévennes ; il vit dans l’un de ces trajets M. de Bonald, le gentilhomme de l’Aveyron, à Milhau ; mais ce n’était pas le philosophe profond dont il partageait volontiers la doctrine sur la parole, qu’il allait surtout visiter ; lui-même, dans un neuvième et dernier fragment daté de 1830, il nous a laissé entrevoir son pieux et triste secret : « Le 14 août 1825, dit-il, une belle et noble créature qui m’était jadis apparue et qui habitait loin des lieux où j’habitais moi-même, une belle et noble créature, jeune fille alors, jeune fille à qui j’avais demandé toutes les promesses d’un si riche avenir ; en ce jour, cette femme est allée visiter, à mon insu, les régions de la vie réelle et immuable, après avoir refusé de parcourir avec moi celles de la vie des illusions et des changements. […] Ballanche disait à son jeune désespéré de 1819 pourrait s’adresser fructueusement à beaucoup des jeunes néophytes qui embrassent les siècles et l’univers : « Je veux essayer, mon fils, de guérir en vous une si triste maladie, état fâcheux de l’âme qui intervertit les saisons de la vie et place l’hiver dans un printemps privé de fleurs. » — La destinée de l’homme se compose, en effet, de deux destinées qu’il doit simultanément accomplir, une destinée individuelle proportionnée à son temps de passage sur cette terre, une destinée sociale par laquelle il concourt pour sa part à l’œuvre incessante de l’humanité. […] Il s’écrie dans la préface des Tristes (1803) : « Lisez les belles pages de Gleïzès et de Ballanche, et ne dédaignez pas une ébauche de Michel-Ange parce que ce n’est qu’une ébauche, etc. » — Plus tard Nodier fit des articles sur Antigone (voir au tome Ier de ses Mélanges de Littérature et de Critique, page 267).
On en sortait triste, on y sentait le renfermé. […] C’était un spectacle touchant et triste à la fois que cette beauté célèbre devenue sœur de charité d’une vanité vieillie et malade, et allant quêter de groupe en groupe une fausse monnaie de gloire auprès de toutes les plumes qui dispensent les renommées d’une soirée. […] Ce sont ces deux mystères qu’il faut respecter, mais qu’il faut entrevoir pour avoir le secret de toute la vie de madame Récamier, triste et éternelle énigme qui ne laisse jamais deviner son mot, même à l’amour. […] — Monsieur le Ministre, lui répondis-je en resserrant les lèvres et en contenant mes tristes prévisions dans mon cœur, puisque vous me faites, au nom du roi et du ministère, de telles offres, c’est qu’apparemment le ministère, le roi et vous-même, vous reconnaissez en moi un esprit politique, malgré les dénigrements de vos journaux et de vos amis, qui me relèguent au rang des rêveurs et des chimériques ?
Cet état, sans ivresse, n’est cependant pas sans douceur ; c’est le recueillement du soir dans le demi-jour d’une triste enceinte ; c’est la mélancolie qui n’espère plus, mais qui n’aura plus à désespérer ; c’est ce qu’on appelle la résignation précoce, où les pensées religieuses surgissent en nous après les tempêtes, comme ces rayons calmants de l’astre nocturne qui se glissent entre deux nuages sur les dernières ondulations de l’Océan qui se tait. […] Cet enfant, né sous les plus heureux auspices, échappa comme ma fille, en mourant jeune, à sa triste destinée. […] Les malheurs d’un père obligé à travailler jusqu’à satiété pour vivre et pour faire vivre ceux qui se sont compromis pour lui et pour leur patrie, sont un triste héritage à recueillir. […] Après la mort de son mari-roi, qui ne tarda pas à succomber à ses excès et à son triste isolement, un mariage secret, dont on n’a eu néanmoins aucune preuve légale (parce que cette preuve aurait privé la royale comtesse de la pension que lui faisait l’Angleterre), unit les deux amants.
L’excuse de cela est triste, elle est cruelle, elle tient au côté saignant de la vie littéraire ; mais elle n’est pas littéraire. […] Voilà Poe, en réalité, — et rien n’est plus triste et plus navrant que le spectacle offert aux hommes par ce vigoureux et malheureux esprit. […] Il y a plus triste que le talent foudroyé, c’est le talent qui se fourvoie, et qui meurt de s’être fourvoyé. […] J’accepte avec reconnaissance la triste publication des Contes grotesques, en considération de la vie d’Edgar Poe qu’Émile Hennequin y a jointe, comme introduction, parce que cette vie, qui a saigné toujours, le temps qu’elle dura, et que voilà racontée pour la première fois et ressuscitée, retournera l’opinion sur Edgar Poe, comme on retournerait un cercueil.
— Le soir il y eut Comédie-Italienne, où tout le monde était fort triste à cause de la nouvelle que le roi venait de dire. — Mme de Montespan eut des vapeurs très violentes en apprenant que la santé du roi n’était pas entièrement rétablie. […] il devient sensible que Monseigneur, même les jours où il chasse, chasse moins longtemps ; il se promène plus volontiers à pied dans les jardins : « Jeudi 2 (mai 1686), à Versailles. — Monseigneur alla courre le loup dans la forêt de Livry, d’où il vint d’assez bonne heure pour se promener avec les dames. — Mme la Dauphine passa l’après-dînée chez Mlle Bezzola. » Et le samedi 4, deux jours après : « Mme la Dauphine se devait embarquer sur le canal avec Monseigneur, qui lui avait fait préparer une grande collation à la ménagerie ; la pluie rompit cette promenade-là ; Monseigneur ne laissa pas d’y aller avec Mme la princesse de Conti. » Et toujours le refrain de chaque jour : « Mme la Dauphine passa l’après-dînée chez Mlle Bezzola. » Eh bien, tout cela veut dire : Monseigneur, qui n’était jusqu’alors qu’un farouche Hippolyte et un chasseur de bêtes sauvages, s’est apprivoisé ; il y a auprès de la princesse de Conti et dans sa suite quelque beauté qui a opéré le miracle ; la Dauphine, qui est maussade, et qui vit trop seule, enfermée avec sa Mlle Bezzola, a contribué peut-être à cet éloignement, et, comme elle en est triste, elle va en parler plus que jamais avec cette même Mlle Bezzola.
On parle tout haut, il trouve qu’on parle trop, et qu’on est trop gai pendant qu’il est triste. On est triste, cette tristesse lui paraît un reproche de ses fautes.
Fénelon, plus difficile que ses autres précepteurs et plus clairvoyant, voudrait le voir un homme, un grand prince, ouvert, sociable, accessible à tous, non étroit ni particulier, ni renfermé et borné à un petit nombre de gens qui l’obsèdent et qui l’admirent, à une coterie, comme nous dirions ; ayant de la religion la moelle et l’esprit, non pas les simples pratiques minutieuses et les scrupules (comme de ne pas savoir pendant une marche en campagne, s’il peut, en conscience, loger dans les dehors d’une abbaye de filles), s’inspirant de lui-même dans les occasions, prenant sur lui, brave à la guerre, sachant y acquérir de la gloire, sinon par des succès éclatants qui peuvent manquer, par sa fermeté du moins, son génie et son esprit de ressource jusque dans les tristes événements. […] Il en était fort triste, ayant besoin de plaire.
Saint-René Taillandier, s’est fort inquiété de la fin du Prétendant, qui mourut à Rome en 1788 ; il reçut dans ses derniers jours les soins pieux d’une fille qu’il avait eue d’une ancienne maîtresse, et qui se dévoua avec zèle à surveiller et à adoucir, s’il se pouvait, sa triste et dégradée vieillesse. […] « Sublime miroir de pensées sincères, montre-moi en corps et en âme tel que je suis : — cheveux maintenant rares au front, et tout roux ; — longue taille, et la tête penchée vers la terre ; — un buste fin sur deux jambes minces ; — peau blanche, yeux d’azur, l’air noble ; — nez juste, belles lèvres et dents parfaites ; — plus pâle de visage qu’un roi sur le trône ; — tantôt dur, amer, tantôt pitoyable et doux ; — courroucé toujours, et méchant jamais ; — l’esprit et le cœur en lutte perpétuelle ; — le plus souvent triste, et par moments très gai ; — tantôt m’estimant Achille, et tantôt Thersite. — Homme, es-tu grand ou vil ?
Mais le même caractère, qui est admirable pris d’un point de vue élevé, est risible, considéré de la terre… L’on sent déjà pourquoi quelques personnes ont considéré Don Quichotte comme le livre le plus triste qui ait jamais été écrit ; l’idée, fondamentale, la morale du livre, est en effet profondément triste… » Il n’est, on le voit, que manière de prendre les choses.
Quel plus triste métier après tout, quand on a l’honneur d’être le contemporain d’un grand esprit qui a des défauts de caractère, que de passer son temps et de consacrer sa vie à le harceler, à l’irriter, à lui faire faire toutes les fautes dont il est capable ! […] L’auteur de l’Année littéraire, qui pardonnait encore moins un souper triste qu’un mauvais ouvrage, me demanda avec une sorte d’impatience quelle était cette bamboche (ce fut son expression) qui parlait au lieu d’écouter, qui avait le ton si affirmatif, nous régentait depuis deux heures et se pavanait à table en empereur de rhétorique. » Après le récit de Dorat, voici celui de La Harpe : « J’étais encore au collège quand je dînai avec lui chez M.
Le poëte se compare tout d’abord à cet ange de Klopstock, Abbadona, entraîné dans la révolte de Lucifer et qui était resté, jusque dans l’Enfer, triste et malade du regret des cieux : Sire, quand Lucifer, le prince de lumière, Se lassant de marcher dans sa gloire première, Ivre d’orgueil, osa, contre celle de Dieu, Déployer dans le ciel sa bannière de feu, Parmi les révoltés de la sombre phalange Un esprit se trouvait, doux et sensible archange, Qui, découvrant soudain dans le camp des élus Un ami qu’il aimait et qu’il ne verrait plus, Pencha son front, brisé d’un désespoir sublime, Et s’en alla pleurer dans un coin de l’abîme. […] dût le chemin qui mène à ma patrie Être plus rude encore, et ma tête meurtrie Ne pas trouver de pierre où se poser le soir ; Dussé-je n’avoir pas une table où m’asseoir, Pas un seul cœur ému qui de moi se souvienne, Pas une main d’ami pour étreindre la mienne ; Comme le lépreux d’Aoste, au flanc de son rocher, Dussé-je cultiver des fleurs sans les toucher, N’avoir pour compagnon, dans ma triste vallée, Qu’un chien, et pour abri qu’une tour désolée, Et quand je souffre trop pendant les longues nuits, Qu’une sœur pour me plaindre et bercer mes ennuis, Une sœur qui, souffrant de la même souffrance, Prie et veille avec moi jusqu’à la délivrance…, Je veux aller revoir les lieux que je chéris, De mon bonheur au moins retrouver les débris ; Si ce ne sont les morts qui dorment sous la pierre J’embrasserai leurs fils, hélas !
C’est une variété d’émotions et de sujets élégiaques, selon le sens grec du genre, une demeure abandonnée, un bois détruit, une feuille qui tombe, tout ce qui peut prêter à un petit chant aussi triste qu’une larme de Simonide158. […] Dans le Poëte mourant, admirable soupir, qui est toute son histoire, les pressentiments vont à la certitude et l’on dirait qu’il a écrit cette pièce d’adieux, à la veille suprême, comme Gilbert et André Chénier : Compagnons dispersés de mon triste voyage, Ô mes amis, ô vous qui me fûtes si chers !
Les mousquetaires étaient supprimés, le duc de Rohan vivait seul et triste dans l’hôtel de sa belle-mère, au milieu de la rue de l’Université. […] Genoude récita des fragments de mes vers à la fois tristes et vaguement éthérés.
Exilé à Rome dans son poste d’intendant du cardinal du Bellay, triste d’être si loin de son « petit Lyré », et ne pouvant penser sans larmes à la « douceur angevine », son âme endolorie n’en était que plus sensible aux impressions de ce monde étrange où elle languissait. Et toutes ces impressions se fixaient dans de pénétrants sonnets : sonnets satiriques, plus larges que des épigrammes, plus condensés que des satires, expressives images des intrigues de la cour romaine et des corruptions de la vie italienne ; sonnets pittoresques, où la mélancolique beauté des ruines est pour la première fois notée, en face des débris de Rome païenne ; sonnets élégiaques enfin, où s’échappent les plus profonds soupirs de cette âme de poète, effusions douces et tristes, point lamartiniennes pourtant : elles ont trop de concision et de netteté, et il y circule je ne sais quel air piquant qui prévient l’alanguissement.
Il a d’ailleurs repris maintes fois et résumé ce chapitre célèbre : … Le second Augier (celui desEffrontés, desLionnes pauvres, etc. ) est le produit d’un moment spécial de nos mœurs et de nos idées, et d’un moment triste. […] Delpit, préférant dans un drame, pourvu qu’il ait quelque vie et quelque envolée, l’absence d’observation à l’observation triste.
Il lui a prêté aussi une sorte d’âpreté triste, une allure sombre et fatale, et qui fait songer tantôt à don Salluste, tantôt à Iago. […] et combien j’ai peur que, tout au contraire, cette inaptitude à considérer les aspects divers des choses n’entraîne l’incapacité de se connaître soi-même et de voir sa pauvre vie comme elle est, et toutes les tristes suites de l’aveuglement sur soi !
Leoncavallo, mais je connais celle de Puccini, qu’on dit beaucoup plus triste et sentimentale : le sentimentalisme y foisonne en effet ; parmi la neige Mimi arrive en toussant, et elle meurt d’une phtisie aussi galopante que l’exige la rapidité conventionnelle des opéras, face au public. […] En somme, Schaunard et Rodolphe agonisent, avec les principaux clichés du chauvinisme et du sentimentalisme de ce siècle, dans cette dure et salutaire période où nous sommes, qui examine avec une résolution froide et triste toutes les métaphores et toutes les notions acceptées par la masse.
Le père est furieux ; il veut occire de colère maître Jobelin, le pédant, qui a fait une si triste éducation ; mais on se contente de le mettre à la porte, et de confier Gargantua au même précepteur qui élève si bien Eudémon, et qui a nom Ponocrates. […] On vient de voir le jeune Gargantua livré aux pédagogues de la vieille école, et les tristes résultats de cette éducation crasseuse, routinière, pédantesque et tout à fait abrutissante, dernier legs du Moyen Âge expirant.
Ces amours, cet exil du comte de Guiche, avaient fait bruit, et il en résulta un de ces libelles imprimés en Hollande, auxquels Bussy-Rabutin a le triste honneur d’avoir donné l’exemple par ses Histoires amoureuses. […] Une autre lettre écrite à la veille du voyage d’Angleterre, le 28 avril 1670, exprimait les craintes de Madame et ses tristes présages en des termes bien énergiques et bien précis : « Monsieur est toujours trop aigri sur mon sujet, et je dois m’attendre à bien des chagrins au retour de ce voyage… Monsieur veut que je fasse revenir le chevalier, ou bien me traiter comme la dernière des créatures. » Notez qu’elle morte, le chevalier reparut presque aussitôt à la Cour.
Tu avais bien, dans ce temps-là, vingt-six ou vingt-sept ans ; et moi, qui en ai vingt-trois à peine, je rougirais jusqu’aux oreilles d’avoir fait ce triste métier. […] …………… Venez pourtant, Écoutez tous, petits et grands, La triste fin d’Bouilhet (d’Rouen) !
Ces mots magiques, nul raisonnement, nulle science ne les découvre ; ils sont le langage de l’imagination qui parle à l’imagination ; ils expriment un état extraordinaire de l’âme qui les trouve, et mettent dans un état pareil l’âme qui les écoute ; ils sont la parole du génie ; ils ne sont donnés qu’à l’artiste, et changent la triste langue des analyses et des syllogismes en une sœur de la poésie, de la musique et de la peinture. […] La dissertation à contre-temps et la démonstration hors de propos sont moins tristes encore que la déclamation.
qu’il est triste que tu aies ainsi besoin de chanter toujours et de chanter encore18 !
Je publiai dans le Globe du 23 octobre l’article que je reproduis ici, et qui retrouve à mes yeux un triste à-propos dans la mort trop soudaine du paysagiste, notre ami, survenue le 9 janvier 1809.
Il s’indignait, non de cette indignation jeune et vive de l’aventureuse Gironde, mais de celle, bien plus triste, d’un citoyen découragé.