Théophile Gantier, — et quoiqu’il ait probablement vécu loin du foyer commun des théories où l’on réchauffe les enthousiasmes quand ils sont sur le point de se glacer, M.
En dehors de l’inspiration, Auguste Barbier est quelque chose d’un déplorable et d’un lamentable qui prouvent combien peu le génie dépend des circonstances dont les théories à la mode le font dépendre, et que Dieu peut allumer cette flamme sur les plus grotesques trépieds.
— Ou bien nous nous contentons de les affirmer sans essayer de les déduire ; elles se suffisent, nous semble-t-il, à elles-mêmes, et, quelles que soient d’ailleurs nos théories sur l’ensemble et le fond des choses, s’imposent à nous : c’est dire que notre morale est « indépendante ».
À part les révolutions de palais qui interrompaient le cours régulier de cet ordre de choses et en changeaient les principaux personnages, en dehors de ces accidents naturels et de ces sinistres compensations du pouvoir absolu, il y avait, durant toute cette époque dont votre théorie préconise la salutaire immobilité, il y avait alors sans cesse la plus active rébellion du sentiment moral, le plus ardent foyer pour les intelligences et les cœurs.
Deux savants, deux sociologues, exposent successivement sous ses yeux deux théories radicalement opposées ; pensez-vous que cela le gêne ? […] Comme nous illustrons bien les théories du grand Jean-Jacques ! […] Ces vers sont de ceux devant lesquels on admettrait presque la théorie de Rimbaud sur la couleur des sons. […] Et c’est la théorie même du genre qu’il vient de formuler. […] À propos de la femme qu’il aima, toutes les théories sur la femme lui reviennent en mémoire.
Tel était à peu près l’ensemble de la nouvelle théorie. […] Quant à l’archaïsme sur lequel se fondèrent les théories des beaux-arts que Lessing, Heyne, Winckelmann, Sulzer, Milizia, Hamilton, Mengs et Gessner répandirent en Europe, David ne fit aucune découverte dans cette science, mais il en reçut naturellement l’influence, et employa toutes les ressources de son talent pour mettre ces théories en pratique. […] Ayant préféré la statuaire presque aussitôt qu’il l’eut étudiée, ses yeux furent ouverts sur le mauvais goût de son temps par les articles sur la théorie des beaux-arts que Sulzer avait publiés dans l’Encyclopédie de d’Alembert et de Diderot. […] Il semblerait que, dominé par l’importance des événements terribles auxquels le peintre prit malheureusement part plus d’une fois, son esprit et sa main même eussent oublié alors ce qu’ils avaient appris précédemment sur la théorie et dans la pratique de l’art. […] Pendant sa détention au Luxembourg, après la journée du 1er prairial, et lorsque sa femme vint si généreusement partager sa captivité, il oublia toutes les grandes théories qu’il avait développées à la tribune.
Il les avait empruntées en grande partie aux Anglais et particulièrement à Bacon, à Shaftesbury ou à Thomas Payne, comme il emprunta ses nouvelles théories dramatiques à Richardson et à d’autres. […] À ce point de vue Chateaubriand fut comme Népomucène Lemercier, classique en théorie, et romantique en pratique. […] Aujourd’hui nous nous bornerons à examiner leurs théories, car tout poètes et artistes qu’ils étaient, ils voulurent se donner un code. […] La théorie de l’art pour l’art était due à M. […] Pour les décrire, George Sand est restée fidèle à sa théorie selon laquelle : « le roman serait une œuvre de poésie autant que d’analyse.
Mais, qu’il y ait théorie ou non chez elle, son mouvement naturel n’attend pas, sa voix qui s’empresse fait d’abord appel à toutes les bonnes puissances, les réchauffe en nous et les vivifie. […] Les libéraux et républicains se sont toujours montrés assez religieusement classiques en théorie littéraire, et c’est de l’autre côté qu’est venue principalement l’innovation poétique, l’audace brillante et couronnée. […] Il ne s’égare point dans de vaines théories, et n’ambitionne pas la gloire des systèmes ; il sait que les hommes ont toujours été les mêmes, que rien ne peut changer leur nature ; et c’est dans le passé qu’il va puiser des leçons pour régler le présent…Il n’est point disposé à nous replonger dans de nouveaux malheurs par de nouveaux essais, en poursuivant la chimère d’une perfection qu’on cherche maintenant à opposer à ce qui est, et qui pourrait favoriser beaucoup les projets des factieux, etc. » Mais les plus célèbres articles du moment, au sujet de Mme de Staël, furent les deux extraits de Fontanes dans le Mercure de France. […] J’ai plaisir en ce moment, je l’avoue, à pouvoir répondre, avec des phrases qui ne sont pas de moi, à ce qui me semble peu ouvert et peu étendu dans les théories littéraires formelles, acceptées par plusieurs de nos hardis politiques, et remaniées par quelques jeunes critiques déjà opiniâtres. […] Plusieurs journalistes, dont on connaît d’avance l’opinion sur un livre d’après le seul nom de son auteur, se sont déchaînés contre Delphine ou plutôt contre Mme de Staël, comme des gens qui n’ont rien à ménager… Ils ont attaqué une femme, l’un avec une brutalité de collége (Ginguené paraît avoir imputé à Geoffroy, qu’il avait sur le cœur, un des articles hostiles que nous avons mentionnés plus haut), l’autre avec le persiflage d’un bel esprit de mauvais lieu, tous avec la jactance d’une lâche sécurité. » Après de nombreuses citations relevées d’éloges, en venant à l’endroit des locutions forcées et des expressions néologiques, Ginguené remarquait judicieusement : « Ce ne sont point, à proprement parler, des fautes de langue, mais des vices de langage, dont une femme d’autant d’esprit et de vrai talent n’aurait, si elle le voulait une fois, aucune peine à revenir. » Ce que Ginguené ne disait pas et ce qu’il aurait fallu opposer en réponse aux banales accusations d’impiété et d’immoralité que faisaient sonner bien haut des critiques grossiers ou freluquets, c’est la haute éloquence des idées religieuses qu’on trouve exprimées en maint passage de Delphine, comme par émulation avec les théories catholiques du Génie du Christianisme : ainsi la lettre de Delphine à Léonce (xiv, 3e partie), où elle le convie aux croyances de la religion naturelle et à une espérance commune d’immortalité ; ainsi encore, quand M. de Lebensei (xvii, 4e partie), écrivant à Delphine, combat les idées chrétiennes de perfectionnement par la douleur, et invoque la loi de la nature comme menant l’homme au bien par l’attrait et le penchant le plus doux, Delphine ne s’avoue pas convaincue, elle ne croit pas que le système bienfaisant qu’on lui expose réponde à toutes les combinaisons réelles de la destinée, et que le bonheur et la vertu suivent un seul et même sentier sur cette terre.
Les autres se préoccupaient davantage de l’Allemagne, du moyen âge et des théories dramatiques : lui, il resserra et poussa uniquement ses efforts dans la haute poésie lyrique, et aussi dans des écrits en prose d’une extrême perfection. […] Mais assurément (je ne puis m’empêcher encore d’ajouter ceci) la plus criante incohérence, dans le cas présent, c’est d’avoir fait intervenir de but en blanc le plus noble, le plus sobre, le plus austère des poëtes, pour appuyer une théorie où il est surtout question de Lisette et de Margot, et où, pour tout idéal d’art sérieux, l’enfant d’Épicure et d’Ovide s’écrie : Vive d’un doigt coquet le livre déchiré Qu’arrose dans le bain le robinet doré ! En vérité il semble, à voir cette théorie d’alcôve et de baignoire, que M. de Musset n’ait pas fait une seule lecture, mais deux lectures à la fois, et qu’il ait commencé avec Crébillon fils la boutade à la Gavarni qu’il couronne par Léopardi.
. — Sa réforme et sa théorie du théâtre. — Ses comédies satiriques […] Il a eu beau s’encombrer de science, se charger de théories, se faire critique du théâtre et censeur du monde, remplir son âme d’indignation persévérante, se roidir dans une attitude militante et morose ; les songes divins ne l’ont point quitté, il est le frère de Shakspeare. […] De même que les révolutions compliquées des corps célestes ne deviennent intelligibles qu’au contact du calcul supérieur, de même que les délicates métamorphoses de la végétation et de la vie exigent pour être expliquées l’intervention des plus difficiles formules chimiques, ainsi les grandes œuvres de l’art ne se laissent interpréter que par les plus hautes doctrines de la psychologie, et c’est la plus profonde de ces théories qu’il faut connaître pour pénétrer jusqu’au fond de Shakspeare, de son siècle et de son œuvre, de son génie et de son art.
« En général, cette loi de communauté produira nécessairement des effets tout opposés à ceux que des lois bien faites doivent amener, et précisément par le motif qui inspire à Socrate ses théories sur les femmes et les enfants. […] Mais cette perpétuité est indispensable dans la théorie de Socrate : “Dieu verse l’or, non point tantôt dans l’âme des uns, tantôt dans l’âme des autres, mais toujours dans les mêmes âmes.” […] À cette condition, bien des gens ne demanderont pas mieux que de soutenir le gouvernement ; car les hommes en général préfèrent une vie sans discipline à une vie sage et régulière. » Il passe enfin à la théorie des révolutions, son chef-d’œuvre !
. — Il lui était venu de France des nouvelles qui le touchaient de près et qui avaient réveillé son attention ; elles l’avaient ramené une fois encore vers la théorie du développement des plantes. — Dans son séjour champêtre il se trouvait très bien placé pour ces études, puisqu’à chaque pas qu’il faisait dehors il rencontrait la végétation la plus luxuriante de vignes grimpantes et de plantes sarmenteuses. […] Napoléon nous donne un exemple des dangers qu’il y a à s’élever à l’absolu et à tout sacrifier à l’exécution d’une idée. » Après dîner, Goethe, parlant de la théorie des couleurs, a exprimé des doutes sur la possibilité de frayer un chemin à sa doctrine si simple. […] Nous avons causé de la théorie de Candolle sur la symétrie.
Le politique… « … Ses théories sont telles, sur ce point, (l’organisation des sociétés humaines), ajoute le même auteur, que les civilisations asiatiques devraient être regardées comme un idéal en fait de politique et de gouvernement. On n’a jamais en effet, donné une théorie plus complète du despotisme pur, et il serait impossible d’imaginer un état social plus dégradant, plus voisin de la barbarie : le genre humain n’est plus qu’un bétail, il n’y a plus de société, plus de citoyens, mais des troupeaux dociles, défilant sous la verge du prince, qui est nécessairement, fatalement, le représentant de Dieu sur la terre. […] La conception moderne de l’histoire et de la science sociale, ne permet plus d’ajouter ici aux ingénieuses théories de cette espèce.
Cette hypothèse est le point de départ de la théorie des tourbillons qui, après plus de deux mille ans, a pris, par les travaux de Descartes, de Huyghens et de Hooke, une si grande place entre les systèmes du monde. […] Bates, qui adopte les théories de Darwin, voit dans ces faits la preuve que la faune de l’Amérique méridionale s’est insensiblement accommodée à la vie des bois, et il en conclut qu’il y a toujours eu dans cette région de vastes forêts, dès l’apparition des mammifères. » XX Les reptiles et les insectes ne pullulent point, comme on le croirait, dans les forêts vierges.
C’est de cette date, en effet, que la foi volontaire et imaginaire de M. de Chateaubriand prit sur lui un ascendant auquel il céda sans résistance, et qui, si elle ne gêna nullement sa vie, ne lui permit plus de vaciller dans ses théories religieuses. « J’ai pleuré et j’ai cru », avait-il dit dans la première phase du Génie du Christianisme. […] Il ne restait qu’un homme, démenti vivant à toutes les théories, debout, l’épée à la main, sur toutes les ruines.
C’est d’appliquer à leurs œuvres leurs belles théories françaises. […] Cette théorie se heurte encore à la même objection.
Les idées de de Maistre sur la papauté ont, à l’heure même où j’écris, l’éclatante fortune de faire réfléchir bien des esprits et de remuer bien des consciences, et sa théorie des révolutions, considérées comme des expiations publiques, où ceux qui tuent n’innocentent pas ceux qui sont tués, est une leçon qui n’est pas près de perdre de son à-propos. […] Même dans les parties de son œuvre où la critique historique conteste si justement sa théorie sur les luttes des races, ce style soutient les pages contestées.
Mais un seul homme a été qui vraiment fut un artiste ; Beethoven, seul de tous, a constamment et dans une entière conscience, institué au-dessus de la réalité habituelle ce monde artistique d’une réalité meilleure : il a balayé de son art les immondices et les ornements inutiles, il a connu et recréé tout le domaine, à jamais possible peut-être, de son art : il a soumis ses œuvres, sans arrêt, à une théorie, mais à une théorie lente et sérieuse, et qui nous apparaît seulement sous les œuvres qui en naquirent.
Le wagnérisme à l’étranger Lettre de Belgique86 bj Bruxelles, novembre 1886 Si par le mot « Wagnérisme » on veut désigner ce cas de subjectivité dont les effets se traduiraient en une mono manie déraisonnable. intolérante, en une sorte d’illuminisme étroit, voisin du fétichisme, il est clair qu’en Belgique le Wagnérisme n’a jamais existé que dans l’imagination de ceux qui cherchaient à s’en taire une arme contre les théories de Wagner et un moyen de justifier la façon méprisante de juger ses œuvres. […] Chap. 1er : Conception et Exposition du drame musical (jeunesse, vocation, premières œuvres de Wagner, séjour à Paris, jugement de Wagner sur ses contemporains, la théorie du drame musical.
C’est, se déroulant parmi une campagne à chaque détour variée, la théorie attristée d’un pèlerinage, « de grandes figures noires barbouillées de larmes et de poussière, qui s’en allaient, dans l’éclat du jour, avec les yeux clignotants ». […] Souvent, par besoin inconscient de renouveler leur musique, ils chantent des théories jeunes encore ; mais ils n’ont pas la puissance de les créer eux-mêmes.
Je suis reconnaissant à Charles-Brun de n’être pas allé dans la pratique jusqu’au bout de sa théorie et d’avoir toujours fait dire à ses vers peu de chose sans doute, quelque chose cependant. […] Vous nous exposez longuement que, dans La Course du flambeau, Paul Hervieu a démontré ceci : « Les générations successives qui se passent la vie, quasi cursores lampada… (Bravo pour la citation), regardent toujours en avant, jamais en arrière : nul amour maternel, par exemple, n’est payé de retour. » Et vous nous dites un peu plus loin, cher étourdi : « La philosophie de l’œuvre… c’est le réalisme psychologique de La Rochefoucauld, la théorie de l’égoïsme mobile de toutes nos actions » Croyez-vous sérieusement l’amour maternel plus égoïste que l’amour filial et que votre maman est petit Fernand plus que petit Fernand n’est sa maman ?
Elle ne comprend guère ces théories de tirelire, madame la comtesse Savelli, une grande dame, voisine de campagne de M. […] Rien de plus spirituellement tourné que ces théories de la conscription civile et de la lettre de change ; mais ce M. de Cayolle les gâte un peu par l’importance d’oracle avec laquelle il s’énonce.
La première théorie, avons-nous dit, explique la conservation des images par une prolongation de mouvements dans le cerveau. […] I La théorie qui fait du processus appétitif le premier germe de la mémoire nous semble confirmée par les applications qu’on en peut faire et par les éclaircissements qu’elle fournit dans divers problèmes difficiles.
Et il est peut-être intéressant de voir dans La Fontaine la théorie de Jean-Jacques Rousseau, la théorie que J.
Le xviiie siècle, tout en maintenant, et en perfectionnant sur bien des points, une littérature pour les gens de goût, pour les citoyens et les hôtes de la République des Lettres, avait créé ou suggéré une littérature populaire, même populiste, avec les romans de Restif de La Bretonne, le drame (et les théories) de Sébastien Mercier. […] La théorie de Fauriel, son super-romanisme qui voyait dans la poésie des troubadours la source de toute la poésie moderne, n’a pas résisté au temps. […] Le contraste entre ces deux états, ce passage de l’ordre au désordre, de la vie florissante à l’exil, de Maistre les incorpore à une théorie générale de l’ordre et du désordre. […] De Maistre tient la Révolution pour un châtiment purificateur : d’où une théorie flamboyante du Châtiment, une théorie éloquente de la purification, qu’il reprendra en termes plus éclatants encore dans les Soirées de Saint-Pétersbourg. […] Cette fulguration d’idées qui fait un des grands charmes de la lecture de Joseph de Maistre, part de quelques principes simples, de la présence et de l’action de Dieu, et d’une théorie du démon, c’est-à-dire du mal, et singulièrement de l’orgueil, tel que l’incarne la philosophie.
Théorie périlleuse et fatale !
Je lui aurais dit : « Laissez-moi vous donner un conseil, qui surprendrait ceux qui ne vous connaissent pas : vous vous défiez trop de la passion, — de la passion naturelle ; c’est chez vous une théorie.
Par une analyse sophistique et subtile, assez semblable à celle que l’abbé de Condillac appliqua depuis à la sensation, ou Helvétius à l’amour physique, Lucrèce faisait dériver de cette crainte de la mort l’ambition, l’avarice, l’envie, les haines fraternelles, les proscriptions sanglantes, les suicides ; il pensait donc servir la patrie en guérissant les Romains de cette terreur chimérique, et en prouvant que la mort ne menait à rien ; de là ces arides théories d’athéisme et de néant, toujours entremêlées de conseils probes, de consolations mornes et sévères.
Cette théorie de l’invasion, qui impute à un fait national aussi douloureux et aussi désastreux que la catastrophe de 1814 et 1815 tout le libre mouvement de renaissance philosophique, historique et littéraire dont nous provenons, et qui essaye par là de le flétrir, n’est point d’ailleurs particulière à l’éditeur, et M.
Je crois avoir essayé la première d’appliquer ce système à la littérature ; mais j’attache un grand prix à montrer combien de philosophes respectables ont, avant moi, soutenu victorieusement cette opinion, considérée d’une manière générale ; et je ne pense pas, comme un littérateur de nos jours, que ce soit la charmante pièce de vers de Voltaire, intitulée Le Mondain, qui ait donné l’idée de la perfectibilité de l’espèce humaine, et qui contienne l’extrait de tout ce qu’il y a de meilleur dans les longues théories sur cette perfectibilité.