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444. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Ils auraient accompagné du petit fifre de leur ironie ordinaire cette lourde théorie astronomique et cosmologique qui n’est ni de la science, ni de l’invention. […] Nous l’avons dit déjà, ce traité de Terre et Ciel, qui n’a de grave que le ton, agrandit vainement et cache mal sous le trompe-l’œil des détails scientifiques une théorie qui, réduite à ses plus simples termes, n’est que ridicule et… immorale, car voilà son côté sérieux !

445. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Il le voit entre les théories et les systèmes, constatant nettement que Buffon, tiré à deux philosophies, tenait de Descartes le goût des hypothèses, et de Newton le respect et la recherche des faits. […] Excepté l’unité du genre humain et la théorie de la terre, les deux plus grandes solidités de Buffon, l’actif de vérité, dans son bilan, est assez petit.

446. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVIII. Lacordaire »

Or, c’est bien d’amitié qu’il s’agit et d’amitié humaine, car le livre s’ouvre justement par la plus singulière théorie sur l’amitié, l’amitié que l’auteur met, de son autorité privée de moraliste, au-dessus de tous les sentiments de l’homme. […] Un prêtre d’ailleurs, et nous sommes heureux d’avoir à nous couvrir de l’autorité d’un prêtre, a répondu déjà à cette théorie du R. 

447. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

Les nouveaux critiques de l’Idée de Dieu ont remis en valeur des théories qui n’avaient pas le degré de force, de précision et de profondeur, qu’on est en droit d’exiger d’une philosophie, et l’insuffisant redevenait du vrai à la lumière épouvantable du faux complet ! […] Trop péremptoirement opposé à la pensée hégélienne pour ne pas poursuivre et traquer partout cette pensée qui, si elle est quelque chose, n’est que la théorie du néant dans sa laborieuse et ténébreuse vacuité, Caro, pourtant, ne la voit pas seule rayonner dans les systèmes contemporains : « Kant, — dit-il avec une rancune légitime, — a inspiré la première défiance contre la métaphysique, c’est-à-dire contre les croyances qui dépassent les choses d’expérience. » Il n’oublie donc pas Kant, il n’oublie personne, pas même les poètes, pas même Goethe, pas même Heine, le Turlupin de génie, dans cette histoire des influences qui jouent pour l’heure sur la raison et l’imagination du monde.

448. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLVI » pp. 183-185

Après tant d’essais fastueux plus ou moins avortés et tant de théories vaines, on conçoit que la littérature du xixe  siècle suscite cette critique tout historique et positive.

449. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Préface de la première édition »

Rien, à mon jugement, ne pourrait remplacer les parties du cours de La Harpe, où ce critique parle de ce qu’il sait, et ne fait point de théories à l’usage de ses préventions ou pour donner le change sur les défauts de ses œuvres originales.

450. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 227-229

La pratique des grands Maîtres concourt à la conviction de la bonté du précepte qu’il donne ; &, soit dans l’universalité des Beaux-Arts, soit dans chaque espece particuliere, la justesse de la théorie est toujours démontrée par l’expérience.

451. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

En quoi doué et comment rentre-t-il dans la théorie du progrès ? […] Il s’agit à présent de savoir comment cette théorie de l’art a été entendue et pratiquée, et comment il convient dorénavant qu’elle le soit. […] La théorie de l’art chez les Grecs découla donc tout entière de la religion. […] L’artiste, d’après cette théorie religieuse, recherchait en tout le plus beau, au risque de sortir de la nature et de manquer à la réalité. […] Quand les chefs-d’œuvre sont faits, les théories disent : Amen !

452. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XIV. Des Livres sur le Commerce & sur ce qui y a rapport. » pp. 329-332

Son livre renferme le tableau du commerce de toutes les parties du monde ; la définition de toutes les productions de la nature & de l’industrie, qui entrent dans le commerce ; la théorie des opérations de commerce & toutes les connoissances relatives à ce grand art.

453. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Les prétendus chrétiens qui se déclarent satisfaits de pareilles théories religieuses ne sont pas exigeants en profession de foi ni même en politesses de paroles envers la divinité des cultes. […] Nous ne le blâmons pas trop sévèrement de cette audace d’esprit que Machiavel, Bossuet, Mirabeau et Danton ont affichée avant lui ; historiquement cette théorie tranche tout ; elle semble élever l’écrivain à la hauteur de la Providence, qui crée le droit des supériorités dans les hommes prédestinés aux grandes choses, et qui semble donner les masses subalternes en propriété à ses élus ; mais, moralement, cette théorie contient tous les périls et tous les crimes ; car, si vous reconnaissez le génie pour droit et l’ambition heureuse pour titre, quel est l’homme orgueilleux qui ne se croira pas du génie, et quel est le scélérat qui ne se sentira pas l’ambition de tout oser et de tout prendre ? […] Son tort, ce n’est pas d’avoir pris la dictature, alors nécessaire ; c’est de ne l’avoir pas toujours employée comme dans les premières années de sa carrière. » On voit ici la théorie à visage découvert : avoir du génie, faire le bien et demander le prix du bien qu’on a fait pour soi-même ; mais demander le prix du bien qu’on a fait ou qu’on veut faire pour soi-même, qu’est-ce autre chose que l’égoïsme, c’est-à-dire un vice au lieu d’une vertu ? Quel danger n’y a-t-il pas dans de telles théories sous la plume d’un écrivain séduisant d’audace d’esprit, au milieu d’une nation en oscillation perpétuelle de pouvoirs ?

454. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Schopenhauer est l’auteur toujours invoqué, et les formules de ce penseur, ses termes incorrects, ses théories métaphysiques, sont admirés et cités. […]   Wagner expose la Théorie du Rêve ; il compare Shakespeare au Voyeur de Fantômes : mais Beethoven au Somnambule clairvoyant, qui, perçoit, sous les fantômes, le fond réel les produisant. […] Nous assistons à un véritable réveil, dans cette évolution de la musique instrumentale à la musique vocale, dans ce fait si mémorable, si précieux pour la théorie générale esthétique, et dont l’explication, au propos de la Neuvième symphonie de Beethoven, nous a conduit jusque cette recherche Ce que cette évolution nous signifie, maintenant, c’est une certaine surabondance, une tendance nécessaire et impérieuse pour s’épandre au dehors, comparable, entièrement, à l’effort pour s’éveiller d’un rêve angoissant et cruel : et la signification suprême pour le génie artistique de l’Humanité est que cet effort appelle, ici, une nouvelle forme d’activité artistique, donnant à ce génie une puissance nouvelle, l’aptitude à réaliser l’œuvre d’art dernière. […] 2° Notes sur la théorie et l’œuvre Wagnériennes, par Catulle Mendes. […] Wagner y développe sa théorie de la religion de l’art et affirme à nouveau la suprématie de la musique.

455. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Je remarque en passant la concordance de cette théorie de M.  […] On peut discuter les théories de M.  […] Serait-ce Jean-Jacques, à cause de la théorie du retour à la nature ? […] Il faut convenir que cette théorie ne projette pas des flots de lumière sur la vie de Napoléon. […] Avouons que les théories de M. 

456. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Défense et théorie des humanités classiques (Paris, Mercure de France, 1912). […] La façon brusque dont nous voyons jusqu’à des théories économiques devenir mode dans les salons du dix-huitième siècle, ne porte-t-elle pas la marque de leur nature mentale ? […] On a coutume d’imputer aux rancunes, à l’orgueil du plébéien parvenu, l’anarchisme des théories de Rousseau. […] Ses théories Les théories de Jean-Jacques sont la glorification de ses mœurs. […] La théorie est impétueusement affirmée par George Sand.

457. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

L’objet de la science n’est pas la théorie, mais l’application. […] Il en est pour tout échafaudage d’idées comme pour une théorie scientifique. […] Toute la substance de la théorie, toute la force de la preuve y est contenue. […] Après l’explication générale vient l’explication particulière ; après la théorie, l’application ; après la démonstration théorique, la démonstration pratique. […] Que les articles résumés tout à l’heure soient gênants, puérils, incompatibles entre eux, incompatibles avec la vraie théorie de la liberté religieuse, chacun doit le reconnaître.

458. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Peu à peu, sans presque s’en douter ni s’en apercevoir, tout en continuant d’affecter une grande admiration pour les modèles grecs, c’est à l’école des Latins que nos poètes eux-mêmes se rangent ; c’est Horace qu’ils imitent plus volontiers que Pindare ; et il n’est pas jusqu’à Ronsard, dans sa Franciade, mais surtout dans sa théorie de l’épopée, qui, s’il invoque le grand nom d’Homère, ne s’inspire constamment de Virgile. […] Morus et le Prince de Machiavel. — Il essaie de concilier la morale et la politique. — Sa théorie de l’Esclavage, livre I, chap.  […] ii ; — sa théorie des Révolutions, IV, chap. iii ; — sa théorie des Climats, V, chap.  […] Si elle n’a pas réussi davantage, c’est qu’elle a commis trois erreurs capitales : — 1º Elle s’est trompée sur le choix des modèles, qu’elle a toujours confondus, pourvu qu’ils fussent anciens, dans la même admiration ; — 2º Elle s’est trompée sur les conditions des genres, qu’elle a cru que l’on pouvait créer à volonté, sans égard au temps, aux lieux, aux lois de l’esprit humain. — Théorie de l’Épopée, considérée comme expression d’un conflit de races ; — Théorie du Lyrisme, considéré comme expression de la personnalité du poète ; — Théorie du Drame, considéré comme une rencontre de la force des choses et de la volonté humaine. — Enfin, et 3º, la Pléiade s’est trompée sur ses forces réelles, en ne connaissant pas assez ce qui lui manquait du côté de l’expérience de la vie et de l’observation de l’homme.

459. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Chants du crépuscule » (1835) »

Dans ce livre, bien petit cependant en présence d’objets si grands, il y a tous les contraires, le doute et le dogme, le jour et la nuit, le coin sombre et le point lumineux, comme dans tout ce que nous voyons, comme dans tout ce que nous pensons en ce siècle ; comme dans nos théories politiques, comme dans nos opinions religieuses, comme dans notre existence domestique ; comme dans l’histoire qu’on nous fait, comme dans la vie que nous nous faisons.

460. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

L’abbé de Pons avait sur les langues une théorie qu’il développera ailleurs ; il aimait à les concevoir philosophiquement, dans leur annotation finale, abstraite, exacte, dans leur tendance rationnelle à devenir une algèbre ; il oubliait qu’elles avaient été primordialement une musique et une peinture. […] Sur un point j’ai dit qu’il avait moins raison au fond : c’est qu’avec sa théorie du plaisir, et qui ne va qu’à désennuyer l’homme, à l’amuser, il n’entre pas dans le sentiment élevé, largement conçu, patriotique et social, qui transporte, qui enivre les générations et les peuples de l’idée de gloire, sentiment qui respire comme une flamme dans l’âme d’Achille, dans celle de son chantre, qui de là passe un jour dans celle d’Alexandre, et qui va encore après trois mille ans faire battre d’émulation un cœur généreux. Mme Dacier, tout confusément et à travers ses théories morales gratuites et surfaites, Mme Dacier, dans son emphase du moins sincère, sentait encore mieux cette élévation et cette noble chaleur, inhérentes au poème épique, que l’abbé de Pons avec ses explications nettes et fines.

461. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Du Bellay a déjà, à ce sujet, la théorie que nous retrouverons chez les meilleurs et les plus délicats des classiques jusqu’à M.  […] Nous sommes à l’ombre de l’école, ne l’oublions pas, à la suite de Quintilien ou de Longin ; on n’en était pas encore à la théorie purement romantique des génies sombres et orageux, au front pâli sous l’éclair, ni à la théorie tout historique et plus vraie de ces autres génies éprouvés et aguerris, que le malheur forme et achève.

462. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Autrefois (selon la théorie que j’expose) il n’y avait pas d’élection de la part des leudes, il n’y avait qu’acclamation, reconnaissance, adhésion, une pure cérémonie : ici le choix formel se déclare et crée le droit qui ne découle plus du sang. […] Telle est la théorie. […] M. de Saint-Priest a vu sans doute l’idée monarchique beaucoup plus désertée en théorie qu’elle n’est peut-être perdue en fait, et il m’a l’air de ceux qui ne désespèrent pas précisément de son lendemain.

463. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Baju avait pour collègue notamment Théodore Chèze qui, dans un livre amer, L’Instituteur, a dit les rancœurs de sa profession, et le peintre Aimé Pinault, qui a publié des études remarquées sur la perspective et la théorie des couleurs. […] L’élégance appliquée de du Plessys, les théories socialistes de Baju avaient bien, d’abord, jeté quelque défiance parmi cette paisible clientèle, mais on s’était vite rendu compte de nos intentions pacifiques et nos vers déclamés à mi-voix dans les coins, à la fin ne troublaient plus guère que la somnolence du garçon et de la dame de comptoir. […] “romantiques”, comme, mais mieux que « naturalistes » — signifiait en nous désignant, mes trois Maudits et moi, et ceux d’entre les jeunes gens dont il a été parlé plus haut, qui avaient déjà publié des vers — amateurs de l’obscur, propagateurs de théories abstruses, absconses et tout ce qu’on voudra dans ce goût-là, et, par quelle étrange association d’idées ?

464. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Et l’on n’ignore pas que, par surcroît, et pour compliquer de beaucoup l’exégèse du roman, par une innovation, pourrait-on dire, qui n’allait pas sans hardiesse, — quelque préface que les théories positivistes en cours fissent à la vulgarisation du système d’observation rétroactive, — M.  […] Et donc, aujourd’hui comme hier, pénétrer dans les replis les plus intimes de l’âme, atteindre à la formule de cette somme d’impressions monochromes et diverses, qui s’alignent en synchroniques théories de contrastes dans les vallées de notre for intérieur et en constituent l’ordre normal, reste une tâche inouïe. […] L’influence d’un esprit qui lui est apparu, non certes sans raison, comme un des plus vastes de ce siècle, et dont c’est la théorie desséchante que cette exclusive royauté de la sensation, — nous parlons de M. 

465. (1890) L’avenir de la science « II »

N’étudier l’histoire que pour les leçons de morale ou de sagesse pratique qui en découlent, c’est renouveler la plaisante théorie de ces mauvais interprètes d’Aristote qui donnaient pour but à l’art dramatique de guérir les passions qu’il met en scène. […] Quant aux vieilles théories de la Providence, où le monde est conçu comme fait une fois pour toutes et devant rester tel qu’il est, où l’effort de l’homme contre la fatalité est considéré comme un sacrilège, elles sont vaincues et dépassées. […] Retenez bien au moins que les théories du progrès sont inconciliables avec la vieille théodicée, qu’elles n’ont de sens qu’en attribuant à l’esprit humain une action divine, en admettant en un mot comme puissance primordiale dans le monde le pouvoir réformateur de l’esprit.

466. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Mais aussi, au lendemain de ces deux défaites, deux grandes restaurations catholiques ; l’une qui commence avec la création de la Compagnie de Jésus et la réunion du Concile de Trente, qui se continue avec le retour à la discipline austère parmi les Oratoriens et les solitaires de Port Royal, qui aboutit à la fougueuse intolérance de Bossuet, aux dragonnades et à la révocation de l’Édit de Nantes ; l’autre qui commence avec les théories ultramontaines d’un Bonald et d’un Joseph de Maistre, qui continue avec la brillante apologie du catholicisme par Chateaubriand, avec le Concordat, avec les tirades éloquentes de Lamennais contre l’indifférence religieuse, qui aboutit à la tentative manquée de Charles X pour raffermir à la fois le trône et l’autel et pour ramener la société française de quelques siècles en arrière. […] Ainsi depuis 1830, en notre siècle où les courants contraires se sont succédé avec rapidité, où les vagues d’idées ont été, pour ainsi dire, plus courtes, on compte en moins de cinquante ans trois de ces coalitions avec les forces de résistance ; l’une après la première explosion de socialisme qui menaça la société bourgeoise, c’est-à-dire au lendemain des journées de juin 1848 ; l’autre après la seconde grande levée du prolétariat, lors de la Commune de 1871 ; la troisième enfin qui a commencé de 1885 à 1890 et qui dure encore, causée par les craintes que le progrès des nouvelles théories sociales inspire aux détenteurs des derniers privilèges. […] Les théories soutenues n’ont plus l’innocence du système de Descartes ; on ne pourrait plus dire des philosophes qu’ils sont des théologiens sans le savoir ; sensualisme, matérialisme les emportent à cent lieues de la doctrine chrétienne.

467. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Voilà bien nos philosophes pris sur le fait, les voilà, comme tous les épicuriens du monde, faisant des questions les plus graves de la destinée et de la morale humaine un spectacle, une pure joute de loisir où le pour et le contre se traitent également à la légère, et tout étonnés ensuite (je parle de ceux qui survécurent, comme l’abbé Morellet) si, un jour, toutes ces théories de huis clos viennent à éclater, et, en tombant dans la rue, à se résumer sur la place de la Révolution dans les fêtes de la Raison et autres déesses. […] Il avait l’esprit trop fin, trop sensé, pour ne pas être choqué des théories absolues de d’Holbach : « Au fond, nous ne connaissons pas assez la nature, pensait-il, pour en former un système. » Il reprochait à ces prétendus systèmes de la nature de ruiner toutes les illusions naturelles et chères à l’homme ; et, comme le livre de d’Holbach parut vers le temps où l’abbé Terray décrétait la banqueroute, il disait : « Ce M.  […] Cette théorie, très vraie peut-être, se trouve en défaut par rapport à lui dès qu’il est en présence d’une perte vive et qui lui tient réellement au cœur ; il n’en est pas venu encore à l’insensibilité qu’il suppose : « Le temps, remarque-t-il, efface les petits sillons, mais les profondes gravures restent.

468. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Puis, affichant nettement sa théorie subversive de tout pouvoir constitué, il ajoute : « On connaît mon profond respect pour les saints décrets de l’Assemblée nationale ; je ne parle si librement de celui-ci que parce que je ne le regarde pas comme un décret. » Ainsi, dans les décrets de l’Assemblée il se réserve de choisir ceux qui ‘lui conviennent, et de considérer les autres comme non avenus, sous prétexte qu’ils ont été votés par une majorité formée de membres du clergé et de la noblesse, plus nombreux dans l’Assemblée qu’ils ne devraient, l’être. […] Notez que l’écrivain qui professe cette théorie, la plus immorale de toutes socialement et même humainement, est le même qui nous cite, dès son premier numéro, le Traité des devoirs de Cicéron, comme le chef-d’œuvre du sens commun : ce n’est qu’une inconséquence de plus.- Quelques passages d’un ton assez élevé, quelques pages senties sur Milton pamphlétaire et publiciste (dans le numéro 4), ou encore la fin d’une lettre adressée par Camille à son père (dans le numéro 7), ne sauraient nous induire à fermer les yeux ni sur ces théories détestables, ni sur les pasquinades et les injures dont Camille se croit en droit de poursuivre les hommes les plus dignes d’être honorés.

469. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Henri de Régnier, les théories guelfes de M.  […] Georges Clemenceau, plus ingénieusement que justement, voulut ramener « le chevalier de Marie-Antoinette » jusqu’à la théorie de l’humanité, de la pitié. […] Gabriel Boissy défend avec une activité inlassable la renaissance du théâtre héroïque et tragique, la valeur moralisatrice de l’idéal latin et fonde même des théâtres pour y mettre en œuvre ses théories.

470. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

* *   * Cette observation sur nature m’a conduit à faire — sur ce qu’on appelle les types nationaux, — une théorie excessivement remarquable, où je démontre clairement que les Allemands ne sont pas plus blonds que les Espagnols, — que les Espagnols n’ont pas l’œil plus vif que les Anglais, — et que les Anglais n’ont pas l’air plus distingué que les Français. Si je ne développe pas ma théorie, c’est que je me suis résolu à ne jamais l’écrire, — crainte de perdre mon manuscrit, comme il est arrivé pour la Théorie de la volonté de Balzac.

471. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

La plupart des historiens ont adopté cette théorie, soit pour glorifier la Révolution, soit pour la maudire. […] Il montre également l’impossibilité de cet esprit principe, l’excrément des philosophes panthéistes qui souille, sous prétexte de les expliquer, toutes les histoires de notre temps, et l’inanité de cette autre théorie, moins ambitieuse, mais non moins fausse, à savoir : que la Révolution est sortie des salons du xviiie  siècle et des écrits des philosophes. […] Enivrés, comme des gens qu’on consulte, ils brouillèrent toutes les nations par leur ignorance, leur importance, leur jalousie des classes supérieures ; ils puisèrent aux écrits des philosophes du xviiie  siècle les théories qui y dormaient comme des tempêtes, et ils les versèrent dans l’esprit public avec leurs brochures.

472. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Ne nous fions pas trop aux théories. […] Laissons de côté les théories et prenons contact avec le fait. […] Claparède a greffé une très intéressante théorie, qui voit dans le sommeil un moyen de défense de l’organisme, un véritable Instinct.

473. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponchon, Raoul (1848-1937) »

Il n’est dans ses vers ni évidemment préoccupé de théories esthétiques, ni agité de passions politiques, ni mû par des principes de morale… ou de contraire, je me hâte de le dire pour rassurer tout le monde.

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