Quand tout fut terminé, l’ancienne favorite leur dit ceci : « Maintenant, soyez-en certaines, « nous voilà perdues sans retour car « le sartyi, une fois revenu de voyage, nous « fera couper la tête.
Néanmoins, que les timides se rassurent, la société ne peut périr ; et la France est restée à la tête de la civilisation de l’Europe, malgré toutes les vicissitudes de la fortune.
j’ai vu l’une d’entre elles baignée de pleurs, dépouillée de ses vêtements, le corps renversé, la tête dans la fange. […] Et, pour citer de plus nobles exemples, qui d’entre vous, Lyonnais, ne chercha point à dérober sa tête à la hache du bourreau ? […] Les dernières paroles sont un vœu patriotique, non pas le vœu de l’antique Camille s’éloignant des murs de Rome, mais celui du citoyen respectueux et plein de tendresse pour son pays, même lorsqu’il est contraint de s’en bannir et qu’il a à courber la tête sous une grande iniquité publique. […] Ce qui m’y plaît c’est Villers, à qui je trouve vraiment beaucoup d’esprit, et je vous recommande de tirer parti de cet esprit cet hiver : il a toutes les idées du nord de l’Allemagne dans la tête. […] Que je voudrais encore pouvoir embrasser sa jolie petite tête blonde !
Je le regardais, je l’écoutais avec recueillement ; j’admirais en silence la vivacité de ses souvenirs, les grâces de son esprit, la sérénité de son âme ; il me montrait les grands arbres qui s’élevaient au-dessus de nos têtes. « On est bien hardi de planter un arbre », disait-il en souriant. […] Il s’y plongeait tête baissée, il en jouissait en dilettante de l’esprit. […] Le brouillard n’est pas dans les choses ; il vient de notre ignorance, du brouillard dans notre tête. […] « Il est une quantité d’accidents dans l’histoire des opinions humaines où il ne faut apporter que le rire de Voltaire et le branlement de tête de Montaigne. […] » quand il nous annonce en tête d’un chapitre la vérité sur l’enlèvement des Sabines, je souris en l’écoutant ; il m’est impossible de voir autre chose dans les diverses sortes d’interprétations auxquelles il se livre qu’un jeu d’esprit soutenu de l’érudition la plus animée.
Eux-mêmes ne se doutent guère de la combinaison qui s’en fera bientôt, dans quelques têtes philosophiques, avec les idées du saint-simonisme naissant. […] Car la critique, une certaine critique, académique et universitaire, — Sainte-Beuve en tête, et derrière lui J. […] Colomb, « Notice sur la vie et les ouvrages de Beyle », en tête de l’édition Hetzel de La Chartreuse de Parme, Paris, 1846. […] Louis Ratisbonne ; et « Notice » en tête du Journal, Paris, 1867 ; — Sainte-Beuve, Portraits contemporains, t. […] Flaubert, 4 volumes, 1887-1893, Paris, et, en tête du premier volume : « Souvenirs intimes » [par Mme Commanville, sa nièce] ; — Guy de Maupassant, « Étude sur Gustave Flaubert », 1885, en tête de l’édition des Œuvres complètes de Flaubert ; — Maxime du Camp, Souvenirs littéraires, Paris, 1882-1883.
Bien que son ventre fût un dôme, palais du liquide et du solide, sa tête était restée osseuse. […] Mais voici le plus terrible ennemi de l’Individualisme qui se dresse et lève sa tête altière. […] En ce moment même, comme pour leur donner un démenti, cinq ou six grosses pierres bondirent au-dessus de leurs têtes… “Diable !” […] Puis elle perdit la tête pour M. […] C’était comme un cerveau collectif, une tête polycéphale.
Richelieu a fondé l’Académie comme il a fait couper la tête de Montmorency. […] Elles restaient paisibles, allongeant la tête et (8) la crinière pendante, tandis que leurs poulains se reposaient à leur ombre, ou venaient les téter quelquefois ; et (9), sur la longue ondulation de tous ces corps tassés, on voyait se lever au vent, comme un flot, quelque crinière blanche, ou bien saillir des cornes aiguës, et (10) des têtes d’hommes qui couraient. […] Dans (9), le détail est vertical, brillant, multiple, épars, une crinière, des cornes, des têtes. […] Il marque un passage des images statiques (crinières et cornes) à l’image dynamique des têtes d’hommes qui courent. Il accompagne et exprime ce déplacement des têtes.
Romulus, la tête voilée et sous le costume sacerdotal, tient lui-même le manche de la charrue, et la dirige en chantant des prières. […] L’armée se rendait en procession au principal temple de la ville ; les prêtres marchaient en tête du cortège, conduisant des victimes. […] En s’adressant à un dieu, il fallait avoir la tête voilée ; à un autre, la tête découverte ; pour un troisième, le pan de la toge devait être relevé sur l’épaule. […] À sa gauche était assis un augure, la tête couverte des bandelettes sacrées, et tenant à la main le bâton augural. […] On voyait, à certains jours, le censeur, une couronne sur la tête, offrir un sacrifice au nom de la cité et frapper de sa main la victime.
) pour exprimer qu’ils auroient la tête en bas. […] A foudroyer les monts sa main va s’occuper, Et laisse à Cassius cette tête à frapper. […] On seroit choqué de voir dans le sphinx la tête délicate, & le cou délié d’une femme sur le corps d’un énorme lion, c’est donc au peintre à rapprocher les proportions des deux especes. […] On en voit mille exemples en sculpture & en peinture ; c’est une palme terminée en tête de cheval, c’est le corps d’une femme prolongé en console ou en pyramide ; c’est le cou d’une aigle replié en limaçon, c’est une tête de vieillard qui a pour barbe des feuilles d’achante ; c’est tout ce que le délire d’un malade lui fait voir de plus bisarre. […] D’abord un seul homme à la tête de vingt milie hommes déterminés & dociles, intrépides & soumis, a étonné la multitude.
Et ils ne comptaient que de tête. […] Ainsi le roi est le premier parmi et en tête de ses barons, parmi et en tête du menu peuple. […] La tête n’est point si étrangère au cœur et ce sont encore les intellectuels qui manquant de cœur avaient inventé que la tête fût étrangère au cœur. […] Il tournait la tête à tous ces jeunes gens. […] J’ai la tête dure.
L’imitation est un fait physiologique ; la vue d’un mouvement incline la tête, le torse ou les membres à en simuler les courbes ; beaucoup d’animaux sont imitateurs, les singes, les oiseaux. […] Il faudra une mer agitée qui sera une véritable mer et pourtant faite non de vagues, mais de poitrines et de têtes de légionnaires ; et des éléphants qui, tout en restant des éléphants, seront aussi des navires. […] Car, songez à tout le temps perdu par de pauvres enfants à se mettre dans la tête des règles et des exceptions qui ne leur seront jamais d’aucun usage ! […] On se borne à écrire pot au feu, tête à tête, pied d’alouette, chef d’œuvre, etc., en supprimant le trait d’union. […] C’est que la solidification des sutures crâniennes commence par l’occiput, dans la race blanche, et que le centre visuel est en arrière de la tête, le centre du langage étant au coin du front gauche.
… Il y avait une pauvre femme renversée, la tête très basse, le ventre ouvert ; elle râlait continuellement… un moment elle est devenue toute bleue… tous les linges étaient couverts de sang… il en avait sauté sur le front des aides… on lui a enlevé un énorme morceau de chair. » Le chirurgien, au contraire, dirait plus techniquement : « Je viens d’opérer un fibrome qui m’a donné pas mal de tracas.
C’est sans doute que les liens s’offrent, d’eux mêmes, plus nombreux et plus étroits entre les membres d’une société fortement et minutieusement hiérarchisée, comme était l’ancienne, qu’entre dix millions de têtes supposées égales.
Sans s’embarrasser d’une barrière inutile, il donna au vers ternaire le droit de cité : Il a vaincu — la Femme belle — au cœur subtil… Néoptolème — âme charmante — et chaste tête… Et sur mon cœur — qu’il pénétrait — plein de pitié… Ces braves gens — que le Journal — rend un peu sots… Quoi que j’en aie — et que je rie — ou que je pleure… Rien de meilleur — à respirer — que votre odeur… Pour supporter — tant de douleur — démesurée… Pour, disais-tu, — les encadrer — bien gentiment… Cette coupe nouvelle de vers, d’où l’on allait tirer des effets si imprévus, offrait toutes les garanties d’une réforme née viable, puisqu’elle était l’épanouissement naturel d’une idée lentement mûrie et qu’elle avait subi le contrôle à la fois du Génie et du Temps.
L’éducation, la circonstance, le moment, un tour de tête passager précipitent l’homme au fond du gouffre et l’entraînent à une action qui tient l’univers étonné dans le silence de l’admiration ; il n’en est pas ainsi de cent beaux vers.
Voilà toute la question pour nous et pour tous ceux qui ont encore dans la tête une idée sociale, échappée à l’universelle pourriture de l’individualisme contemporain.
Théodoric, dans les derniers moments de sa vie, croyait voir, dit-on, la tête sanglante de Symmaque qui le poursuivait.
Pour ne prendre qu’un seul des problèmes soulevés par l’avenir de la Science, les meilleures têtes d’alors étaient persuadées d’un accord complet entre cette Science et la Démocratie. […] Mme de la Chanterie et ses fidèles sont à la tête d’un office de charité. […] » Et il y insiste : « En coupant la tête à Louis XVI, la Révolution a coupé la tête à tous les pères de famille… J’appartiens au petit nombre de ceux qui veulent résister à ce qui se nomme le peuple, dans son intérêt bien compris. […] Les bras toujours croisés, debout, penchant la tête, Convive sans parole on assiste à la fête. […] Elle figure en tête d’une des plus belles pièces de Sainte-Beuve : « Nondùm amabam et amare amabam.
Le paysan avait mis la tête à la fenêtre, et la grâce balsamique de l’aurore l’enveloppait ; il respirait profondément. […] Son nez goutte… Et elle agite la tête au rythme du bime-bame de bronze Chauds, chauds, les marrons ! […] Après la lecture du Joyau de la Mitre, de Guidon d’Anderlecht, des Farces de Sambre-et-Meuse, la tête vous résonne de fanfares et de cloches. […] En quittant le collège, Verhaeren s’en fut étudier le droit à l’Université de Louvain : il voulait devenir avocat, ou du moins, entretenait-il sa famille dans cet espoir, pour éviter de prendre la succession de son oncle, à la tête d’une importante huilerie. […] * * * Parmi les rares dramaturges belges préoccupés des conflits de la famille et de la société, Gustave Van Zype s’inscrit en tête.
Il est des représentants naturels et vrais pour chaque moment social ; mais, d’un peu loin seulement, le nombre diminue, le détail se simplifie, et il ne reste qu’une tête dominante : Corinne, vue d’un peu loin, se détache mieux au cap Misène. […] Votre tête est forte et votre imagination quelquefois pleine de charme, témoin ce que vous dites d’Herminie déguisée en guerrier. […] Elle se voyait entourée d’une contagion de fatalité qu’elle communiquait aux êtres les plus chers ; sa tête s’exaltait sur les dangers. « Je suis l’Oreste de l’exil, » s’écriait-elle au sein de l’intimité qui se dévouait pour elle. […] Chénier, en tête de ses Œuvres, par M. […] En tête d’une réimpression de Corinne en 1839, nous ajoutions : « A mesure que le temps marche, l’intérêt qui s’attache à ces œuvres une fois reconnues comme subsistantes et durables peut varier, mais n’est pas moins grand.
Parfois, au moment où nous accomplissons machinalement un acte, comme de remuer la jambe ou de nous gratter la tête, quelque circonstance fixe tout d’un coup notre attention sur cet acte ; nous nous apercevons bien alors que nous le faisions et que nous avions conscience de le faire ; mais nous comprenons en même temps que, si nous ne l’avions pas remarqué au passage, il n’aurait laissé aucune trace en notre souvenir. […] Notre cœur n’est pas seulement dans notre poitrine, il est aussi dans notre tête, par l’idée même que nous en avons, par les cellules cérébrales avec lesquelles l’innervation nerveuse le met en rapport. […] Un sujet très sensible suivra l’hypnotiseur tout autour de la chambre ou dans la maison ; il pourra même, assis dans un fauteuil, suivre avec la tête, comme une aiguille aimantée, la marche de l’hypnotiseur autour de la maison. […] Elle tâte l’air près de sa tête, mais ne le touche pas, s’arrête devant lui en hésitant ; elle se rapproche lentement et l’embrasse sur le front en tressaillant. » La Société pour les recherches psychiques, en Angleterre et en Amérique, s’est livrée à des expériences très patientes et très minutieuses sur la transmission de la pensée à des personnes hypnotisées et même non hypnotisées. […] C’est même la tendance actuellement dominante en psychologie que de multiplier les personnages du drame intérieur, de représenter notre tête comme un théâtre où jouent une foule d’acteurs vraiment différents, ayant chacun un moi plus ou moins rudimentaire.
.), qui a appartenu à M. de Boze, porte en marge à la première page : Juvenilia Flecheriana 80 ; et en tête : Divertissements, jeux d’esprit ou passe-temps de la jeunesse d’une des premières plumes de ce siècle, et au-dessous : Amusements de la jeunesse d’un homme illustre. […] Lisez donc la première historiette toute romanesque qu’il a mise à dessein en tête des Grands Jours pour les commencer sous de gracieux auspices, et ne pas trop dépayser tout d’abord, lisez-la comme vous feriez d’une nouvelle de Segrais ; voyez-y ce qu’il a voulu surtout y montrer, l’application du sentiment et du ton des précieuses chez une belle de province ; et tout en notant ce que le récit a pour nous de singulier de la part d’un jeune abbé, qui avait déjà titre alors prédicateur du roi, disons-nous bien : ce n’est là autre chose qu’une contenance admise et même requise dans un monde d’élite, l’attitude et la marque d’un esprit comme il faut. […] Arrivant à son sujet principal qui est la chronique des Grands Jours, il nous montre le premier coup qui frappe sur une tête altière et imprudente, le vicomte de La Mothe de Canillac, « fort considéré pour sa qualité dans la province, et, au sentiment de tous, le plus innocent de tous les Canillac ».
A mesure que la civilisation gagne, que la société s’organise et se raffine, la poésie, primitivement éparse, se concentre sur quelques têtes et s’individualise de plus en plus. […] Il est bien heureux, celui-là ; nous allons être sa postérité tout de suite, et il aura son immortalité sur-le-champ, et il peut dire tout ce qui lui passe par la tête, et on aura mille égards peur lui par humanité. […] Chatterton est un ouvrage émouvant, mais pointilleux, vaniteux, douloureux ; de la souffrance au lieu de passion ; cela sent des pieds jusqu’à la tête le rhumatisme littéraire… » J’ai aussi entendu nommer très-spirituellement cette maladie d’espèce nouvelle dont sont atteints de jeunes talents, la chlorose littéraire.
« Quoi qu’il en soit, il y a tant d’esprit dans cet ouvrage et une si grande pénétration pour connoître le véritable état de l’homme, à ne regarder que sa nature, que toutes les personnes de bon sens y trouveront une infinité de choses qu’ils (sic) auroient peut-être ignorées toute leur vie, si cet auteur ne les avoit tirées du chaos du cœur de l’homme pour les mettre dans un jour où quasi tout le monde peut les voir et les comprendre sans peine. » En envoyant ce projet d’article à M. de La Rochefoucauld, Mme de Sablé y joignait le petit billet suivant, daté du 18 février 1665 : « Je vous envoie ce que j’ai pu tirer de ma tête pour mettre dans le Journal des Savants. […] Et, d’autre part, M. de La Rochefoucauld, qui craint sur toutes choses de faire l’auteur, qui laisse dire de lui, dans le Discours en tête de son livre, « qu’il n’auroit pas moins de chagrin de savoir que ses Maximes sont devenues publiques, qu’il en eut lorsque les Mémoires qu’on lui attribue furent imprimés ; » M. de La Rochefoucauld, qui a tant médit de l’homme, va revoir lui-même son éloge pour un journal ; il va ôter juste ce qui lui en déplaît. […] Dans la lettre si connue où elle raconte l’effet de cette mort sur Mme de Longueville, Mme de Sévigné ajoute aussitôt : « Il y a un homme dans le monde qui n’est guère moins touché ; j’ai dans la tête que s’ils s’étoient rencontrés tous deux dans ces premiers moments, et qu’il n’y eût eu personne avec eux, tous les autres sentiments auroient fait place à des cris et à des larmes que l’on auroit redoublés de bon cœur : c’est une vision. » Jamais mort, au dire de tous les contemporains, n’a peut-être tant fait verser de larmes et de belles larmes que celle-là.
On n’entendait sortir des fenêtres démantelées de ces maisons que les voix criardes des Transtévérines qui s’appelaient d’un grenier à l’autre, les pleurs d’enfants qui demandaient le lait de leurs mères, et le bruit sourd et cadencé des berceaux de bois que ces pauvres mères remuaient du pied pour les endormir ; on n’apercevait çà et là sur le seuil des maisons ou sur les balcons que quelques figures pâles et amaigries de femmes élevant leurs bras grêles au-dessus de leurs têtes pour atteindre le linge que le soleil avait séché ; de temps en temps une jeune fille demi-nue, à la taille élancée, au profil antique, au geste de statue, à la chevelure noire et aussi lustrée que l’aile du corbeau, apparaissait sur un de ces balcons sous des nuages flottants de haillons parmi les pots de basilic et de laurier-rose, comme ces giroflées qui pendent aux murailles en ruine, trop haut pour être respirées ou cueillies par le passant. […] La couleur de ses cheveux et de sa barbe tenait le milieu entre le noir et le blond, dans une telle proportion cependant, que le sombre l’emportait sur le clair, mais que ce mélange indécis des deux teintes donnait à sa chevelure quelque chose de doux, de chatoyant et de fin ; son front était élevé et proéminent, si ce n’est vers les tempes, où il paraissait déprimé par la réflexion ; la ligne de ce front, d’abord perpendiculaire au-dessus des yeux, déclinait ensuite vers la naissance de ses cheveux qui ne tardèrent pas à se reculer eux-mêmes vers le haut de la tête, et à le laisser de bonne heure presque chauve ; les orbites de l’œil étaient bien arqués, ombreux, profonds et séparés par un long intervalle l’un de l’autre ; ses yeux eux-mêmes étaient grands, bien ouverts, mais allongés et rétrécis dans les coins ; leur couleur était de ce bleu limpide qu’Homère attribue aux yeux de la déesse de la sagesse et des combats, Pallas ; leur regard était en général grave et fier, mais ils semblaient par moments retournés en dedans, comme pour y suivre les contemplations intérieures de son esprit souvent attaché aux choses célestes ; ses oreilles, bien articulées, étaient petites ; ses joues plus ovales qu’arrondies, maigres par nature et décolorées alors par la souffrance ; son nez était large et un peu incliné sur la bouche ; sa bouche large aussi et léonine ; ses lèvres étaient minces et pâles ; ses dents grandes, régulièrement enchâssées et éclatantes de blancheur ; sa voix claire et sonore tombait à la fin des phrases avec un accent plus grave encore et plus pénétrant ; bien que sa langue fût légère et souple, sa parole était plutôt lente que précipitée, et il avait l’habitude de répéter souvent les derniers mots ; il souriait rarement, et, quand il souriait par hasard, c’était d’un sourire gracieux, aimable, sans aucune malice et quelquefois avec une triste langueur ; sa barbe était clairsemée et, comme je l’ai déjà dépeinte, d’une couleur de châtaigne ; il portait noblement sa tête sur un cou flexible, élevé et bien conformé ; sa poitrine et ses épaules étaient larges, ses bras longs, libres dans leurs mouvements ; ses mains très allongées mais délicates et blanches, ses doigts souples, ses jambes et ses pieds allongés aussi, mais bien sculptés, avec plus de muscles toutefois que de chair ; en résumé, tout son corps admirablement adapté à sa figure ; tous ses membres étaient si adroits et si lestes que, dans les exercices de chevalerie, tels que la lance, l’épée, la joute, le maniement du cheval, personne ne le surpassait.
Fior d’Aliza (suite) Chapitre VI (suite) CLXXXII À ces mots, la jeune Maremmaise poussa son amant à gauche, dans un sentier qui menait à la mer ; quant à elle, elle saisit le tromblon, la poire à poudre, le sac à balles et le chapeau pointu du brigand, et, se jetant à gauche, sous les arbustes moins hauts que sa tête, elle se mit à tirer, de temps en temps, un coup de son arme à feu en l’air, pour que la détonation et la fumée attirassent les sbires tous de son côté, et laissassent à son compagnon le temps de descendre par où on ne l’attendait pas, vers la mer ; elle laissait voir à dessein son chapeau calabrais par-dessus les feuilles, pour faire croire aux gendarmes que c’était le brigand qui s’enfuyait en tirant sur eux. […] — C’est vrai, pourtant, dis-je, en baissant la tête, à la brave femme, de peur de me trahir. […] CCX Pendant que j’entendais sans lever la tête de dessus le pavé, que je faisais semblant de laver avec mon eau et mon éponge, Dieu sait ce que je pensais en moi-même de la justice des homme qui voit le crime et qui ne lit pas dans les cœurs.
Tous les mois Rosny fait sa visite à l’armée à la tête de son convoi : il fait voiturer avec lui cent cinquante mille écus pour la montre ou solde ; cette vue réjouit les cœurs, « tous les capitaines et soldats criant tout haut qu’il paraissait bien maintenant que le roi avait mis en ses finances un gentilhomme d’illustre maison, qui était bon Français, bon soldat et en avait toujours fait le métier, puisqu’il servait si bien le roi et la France… ». […] Porté à la tête des finances dans le temps même où la paix de Vervins (1598) permettait de réduire les dépenses extraordinaires et d’établir un ordre régulier, il s’appliqua à dresser de nouveau un état général sur des bases plus sûres qu’il ne l’avait pu faire jusque-là, et en ne se fiant cette fois qu’à lui-même.
Au moment où la guerre civile s’organise et où les huguenots devenus puissants, enhardis par la première faveur de Catherine de Médicis et par les édits de L’Hôpital, agitent un grand dessein de confédération par toute la France, Mézeray énumère les diverses opinions produites dans leurs conseils, dont quelques-unes n’allaient à rien moins qu’à transférer la couronne de la tête du roi sur celle du prince de Condé, et à remettre le royaume en plusieurs souverainetés particulières comme du temps de Hugues Capet ; puis il ajoute, en doutant que l’amiral de Coligny y ait jamais pu consentir : Pour l’Amiral et le prince de Portian (Antoine de Croÿ) : comme c’étaient deux âmes libres et qui se piquaient du bien public, ils témoignaient avoir envie de rétablir l’ancienne liberté française, en faisant en sorte que cette monarchie, fût gouvernée par le conseil de plusieurs des plus prudents personnages, et que l’autorité du monarque fût restreinte à certains termes, etc. […] C’est peut-être le jour où il souffrait d’avoir adressé ces lettres un peu trop terre-à-terre au contrôleur général, qu’il écrivit, pour se revancher, ces mots latins et courageux à huis clos en tête de son exemplaire de l’Histoire universelle de d’Aubigné : « Duo tantum haec opto, unum ut moriens populum Francorum, etc. » Ces deux souhaits de Mézeray étaient de voir, avant de mourir, la liberté du peuple français, et que chacun fût dorénavant rétribué selon ses services.
Il y eut un temps où l’on pensa que les chapeaux étaient une partie utile du costume ; ils tenaient chaud à la tête et la protégeaient contre les rayons du soleil, contre la pluie, la neige, la grêle, etc. — Quoique, pour le dire en passant, ce ne soit pas le plus ancien usage ; car parmi les restes sans nombre de l’Antiquité, bustes, statues, bas-reliefs, médailles, on ne voit jamais que la figure humaine soit représentée avec un chapeau ni rien qui y ressemble, à moins que ce ne soit une tête de soldat, laquelle alors a un casque ; et ce n’est point, évidemment, comme faisant partie du costume ordinaire, mais comme protection contre les chocs du combat.
Quelque jugement que l’orateur de la compagnie porte en secret sur celui qu’il est chargé de recevoir, lui eût-il refusé son suffrage, eût-il traversé son élection, fût-il même son ennemi, il doit oublier tout, dès qu’il se trouve à la tête de la société respectable qui vient d’adopter le nouvel académicien. […] Vraiment, comme on me lave la tête !