« J’ai souvent pensé, dit-elle, que c’était par le cœur qu’on ne s’ennuyait jamais, les deux héros de l’ennui, M. de Chateaubriand et Benjamin Constant, m’ayant mise sur la voie de cette vérité en démontrant sibien que ce n’est pas l’esprit qui sauve d’un tel mal. » On trouve son compte avec elle par bien des pensées de ce genre, même quand on ne la suit pas dans ses plus hautes régions Enfin, sans tant épiloguer sur les mots, ceux qui se livreront à cette lecture, dussent-ils comme moi rester à mi-chemin de la sympathie, y gagneront au moins une vue intéressante sur une nature de femme très rare et très distinguée, qui fait le plus grand honneur au monde aristocratique où elle a vécu. […] Pour en être resté avec Mme Swetchine à ce degré de haute estime où j’ai même glissé le mot d’admiration, on ne saurait s’imaginer quantité d’injures signées ou anonymes, manuscrites ou imprimées, que j’ai eu à essuyer.
Un secrétaire d’État resté en place et très-habile à profiter des intérim pour pousser son crédit, don Jeronimo d’Eguya, avait concerté ce coup, avec la camarera-mayor. […] La reine descendit au Retiro aux portes de Madrid, et y resta quelque temps avant de faire son entrée solennelle.
Mais une certaine reconnaissance toutefois, liée au souvenir d’une heureuse journée, m’est toujours restée de cet accueil, de cette idée bienveillante des anciens Bertin, et tant qu’il y aura un Bertin aux Débats, tant qu’il y aura de ces rédacteurs qui sont allés aux Roches, nous ne pourrons nous étonner que la justice ou l’indulgence littéraire y triomphe de préventions politiques qui elles-mêmes ne se trahissent que par accès et qui ont leurs intermittences. […] Indépendamment des grands seigneurs et des gens de qualité qui occupaient la scène et tramaient intrigue sur intrigue, taillant sans pitié dans la chose publique, il y avait des bourgeois malins, sages et prudents, restés dans leur coin à observer.
Il y a (il faut bien le dire) des esprits distingués, mais essentiellement modernes et présents qui restent et resteront à jamais fermés à l’intelligence et au vrai sentiment de l’Antiquité, et qu’il faut désespérer d’y convertir.
Moyennant ce biais, de simples Cours de Justice étaient admises à trancher à petit bruit des questions diplomatiques restées plus ou moins douteuses. […] Louvois écrivait donc à l’intendant, pour ne pas rester démuni de pièces dans son dire : « Il est important que si vous n’avez point fait d’impositions sur ce lieu, ou que vous n’en ayez pas gardé de copies, vous ne laissiez pas de m’envoyer des copies d’ordres et d’impositions faites sur la seigneurie de Traerbach et sur quelques autres lieux de la seigneurie de Sponheim, dont le roi est en possession, lesquelles vous daterez d’entre le Ier mai 1681 et le 10 juillet, et me les enverrez par le retour de ce courrier, avec cette lettre que vous me renverrez aussi en même temps, observant de faire en sorte que personne ne puisse avoir connaissance de ce que je vous mande. » Cela fait et les pièces réelles ou fictives obtenues, il était tout naturel que Louvois pût écrire à M. de Croissy, son collègue des Affaires étrangères, et qui ne voyait, de tout ce manège, que la surface : « Vous trouverez dans ce paquet les pièces nécessaires pour mettre M. de Crécy (le ministre qui représentait la France près de la Diète) en état de faire voir aux députés à la Diète de Ratisbonne que le roi a été en possession de Traerbach auparavant le 1er août 1681.
Mais ce n’est pas du latin savant, du latin cicéronien, c’est du latin vulgaire parlé par le peuple et graduellement altéré, que sont sortis, après des siècles de tâtonnement, les différents dialectes provinciaux dont était celui de l’Île-de-France, lequel a fini par se subordonner et par supplanter les autres ; lui seul est devenu la langue, les autres sont restés ou redevenus des patois58. […] errata employé au singulier est devenu un mot français puisqu’on dit un errata ; et au pluriel il est resté un mot étranger et latin, puisqu’il ne prend pas d’s et qu’on écrit des errata et non des erratas.
L’histoire de Malouet, à cette époque et depuis, se compose presque tout entière des abus, des iniquités dont il est témoin, contre lesquelles il lutte, même quand il en est en partie l’instrument ; des bons conseils qu’il donne et qu’on ne suit pas ; des utiles réformes qu’il propose, qu’il consigne dans des rapports et qui restent la plupart sur le papier. […] L’abbé Raynal lui arrivait un jour à l’improviste et s’en venait loger chez lui : il n’y resta pas moins de trois années !
Hugo est resté isolé d’elle, et si cet isolement s’est traduit bientôt en lignes si tranchées et a entraîné des conséquences sévères. […] Or, depuis ce temps-là, cette malheureuse alcôve est restée entr’ouverte, que dis-je ?
Mérimée n’a rien à dissimuler ; son esprit des mieux faits et sa plume des plus sûres restent libres ; il lui suffit d’observer, dans ses travaux d’érudit, la ligne sévère qui est de son goût et du bon goût propre au genre même. […] Dès le début, l’historien analyse et expose la condition diverse des divers peuples d’Italie soumis à la domination romaine, les Latins les plus favorisés, les Italiotes ; quelque différence de régime qui parût d’abord entre ces peuples de la péninsule et les étrangers proprement dits ou barbares, leur liberté se réduisait au fond à une satisfaction d’amour-propre accordée à des vaincus, tandis que la toute-puissance restait en réalité au peuple conquérant.
Cette opinion, fondée sur les fragments qui nous restent de lui, est confirmée par Virgile. […] Il ne nous est resté ni un titre ni un éloge de semblables tragédies dans Horace ni dans Cicéron, qui mettaient l’un et l’autre cependant beaucoup de prix à faire valoir la littérature latine.
Il en serait de même des politiques ; ils ne pourraient pas dire : Telle révolution arrivera tel jour ; mais ils seraient assurés du retour des mêmes circonstances dans un temps donné, si les institutions restaient les mêmes. […] D’action en réaction, de vengeance en vengeance, les victimes qu’on avait immolées sous le prétexte du bien général, renaissent de leurs cendres, se relèvent de leur exil ; et tel qui restait obscur si l’on fût demeuré juste envers lui, reçoit un nom, une puissance par les persécutions mêmes de ses ennemis.
Il voulait rester en France, et y rester en sûreté, en paix.
La pièce ne réussit qu’à demi ; il n’en restera qu’une admirable chanson : Y avait un’ fois un pauv’ gas… Le poète, furieux et de plus en plus fier de sa virilité, traite les critiques de chapons dans un apologue oriental Puis le roi de Bohême épanche sa fantaisie naïve et fougueuse dans un drame qui est un conte des Mille et une Nuits : Nana-Sahib. […] l’affreux poète qui, pour nous parler de la divine illusion d’amour, nous dit qu’il « a pris son fromage pour la lune » et dont le dernier mot est qu’il sera comme ces buveurs qui « restent soûls de la veille ».
La seule autorité morale de cette époque de ténèbres, la foi, malgré les sourdes résistances de la raison, finissait toujours par rester la maîtresse. […] Mais, dans les intervalles d’indépendance, ils essayaient de se faire une certitude qui fût plus l’œuvre de l’homme ; et ils la demandaient aux traditions de la philosophie ancienne, à ce qui restait de Platon et d’Aristote.
Charles Cros disait : « Mallarmé est un Baudelaire cassé, dont les morceaux n’ont jamais pu se recoller. » Ne prenons la boutade que pour ce qu’elle vaut, mais avouons que Mallarmé est resté sous l’empire de Baudelaire et que son œuvre, comme on l’a dit, n’est qu’un appendice édulcoré des Fleurs du Mal. […] L’affaire en resta là et il est probable que Mallarmé n’avait pas dû se faire illusion sur l’issue de sa tentative.
Si la science devait rester ce qu’elle est, il faudrait la subir en la maudissant ; car elle a détruit, et elle n’a pas rebâti ; elle a tiré l’homme d’un doux sommeil, sans lui adoucir la réalité. […] Je suis persuadé que, si cette école célèbre fût restée dans la ligne de Saint-Simon, qui, bien que superficiel par défaut d’éducation première, avait réellement l’esprit scientifique, et sous la direction de Bazard, qui était bien certainement un philosophe dans la plus belle acception du mot, elle fût devenue la philosophie originale de la France au XIXe siècle.
De nos jours les chemins de fer, les bateaux à vapeur, les routes qui escaladent ou éventrent les montagnes, les ponts qui franchissent les bras de mer, le télégraphe qui vous permet de rester à portée des vôtres, fût-ce à mille lieues de distance, les journaux qui sont aux aguets pour satisfaire la curiosité universelle par des récits d’aventures piquantes ou dramatiques, tout cela a créé, multiplié la race des touristes, fait pulluler les écrivains-voyageurs. […] § 3. — II resterait à intervertir les rôles, à rechercher maintenant les effets que la littérature peut produire sur le milieu physique.
Car le « Romantisme » est bien un mouvement parallèle à celui de la Renaissance : en s’efforçant de retrouver la nature et la sincérité de l’impression — ce fut là, vous le savez, l’idéal dont tous les écrivains du commencement du siècle se sont réclamés, à quelque distance que beaucoup en soient restés, — il rencontre tout d’abord le Moyen-Âge, c’est-à-dire l’époque où le génie moderne avait pu se développer sans entraves, et il s’en empare avec passion. […] Mais arrêtons-nous, les choses du moment doivent rester en dehors de notre cercle, nous ne pouvons songer à pousser nos études jusqu’à l’époque actuelle qui, par le fait même qu’elle nous englobe et nous entraîne, échappe à notre critique, et nous nous en tiendrons aux origines du romantisme comme à la dernière époque que nous puissions examiner avec fruit.
Par malheur ces aventures tragiques restent dispersées et Shakspeare en est trop souvent le témoin, trop rarement le héros. […] De telles notes, restent longtemps claires pour qui les prit, mais elles font pour le lecteur un chaos lourd et mort.
Quoi qu’il en soit, son récit, d’autant moins ambitieux qu’il ne le donnait qu’à titre de matériaux, est resté l’histoire définitive de ce temps, un monument de naïveté, de vérité et de finesse ; l’histoire politique en France date de là. […] Il convient, pour rester au vrai point de vue, de ne pas oublier que l’idée de patrie n’était pas alors ce qu’elle est aujourd’hui : les liens qui obligeaient un gentilhomme envers son souverain étaient surtout personnels ; et Charles, par ses fureurs, par ses mauvais procédés, par sa déraison croissante, avait tout fait pour délier un conseiller de la trempe de Commynes, de même que Louis XI, en belles paroles et en bons effets, n’avait rien négligé pour se l’attacher.
Pour rester juste envers Mme de Genlis, il convient de se borner et de ne la prendre que sur ses œuvres principales. […] Il est curieux de voir le jugement qu’elle porte de l’esprit du roi futur, alors âgé de huit ans, et qui resta entre ses mains jusqu’à dix-sept : « Il avait un bon sens naturel qui, dès les premiers jours, me frappa ; il aimait la raison comme tous les autres enfants aiment les contes frivoles. » Joignez à cela l’esprit d’ordre et une mémoire étonnante.
Il était né et il resta toute sa vie de la race des bons et des justes. […] De la grande ère de 89 il garda toujours, en l’épurant de plus en plus à la flamme du sanctuaire intérieur, la passion active du bien, la soif du bonheur des hommes, de l’émancipation et de l’amélioration de ses semblables : il était et il resta en ce sens-là l’un des enfants de cette grande génération, et ce souffle qui, en se répandant alors sur les âmes, y rencontra tant de mélange et y enfanta les tempêtes, ne cessa de l’animer doucement, également, avec élévation et persévérance, jusqu’à ce que, dans les dernières années, il ne fût plus distinct en lui du zèle tout chrétien.
Entre tant d’objets qui occupaient l’attention, deux particularités remarquables ont été souvent citées et sont restées dans la mémoire : les armes et la devise de Fouquet qu’on voyait partout, un écureuil grimpant avec cette devise : Quo non ascendet ? […] Son souvenir est resté comme un des grands exemples de catastrophe politique et d’infortune.
J’ai toujours éprouvé un regret, je l’avoue, quand je pensais à ces trois professeurs célèbres, dont l’enseignement (quoi qu’ils aient pu faire depuis) restera la plus grande gloire : ce regret, c’est qu’ils n’aient pas assez compris ce que je dis en ce moment, que leur vraie gloire et leur vraie force était là. […] En général, dans tout ce discours, il me semble que Napoléon et M. de Narbonne savent trop bien leurs livres et leurs auteurs ; que M. de Narbonne est bien foncé sur son siècle des Antonins et sur son histoire de l’Empire ; que le Dialogue de Sylla et d’Eucrate est resté bien longtemps ouvert sur la table de l’Empereur, et que Bossuet vient là vers la fin avec un peu trop de détail aussi.
Et elle ajoute naïvement en y mêlant son érudition chrétienne : « Il eut volontiers dit comme saint Pierre : Faisons ici nos tabernacles, si le courage tout royal qu’il avait et la générosité de son âme ne l’eussent appelé à choses plus grandes. » Pour elle, on conçoit qu’elle y serait volontiers restée, prolongeant sans regret l’enchantement ; elle eût arrangé volontiers la vie comme ce beau jardin de Nérac dont elle nous parle encore « qui avait des allées de lauriers et de cyprès fort longues », ou comme ce parc qu’elle y avait fait faire, avec des promenoirs de trois mille pas de long au bord de la rivière, la chapelle étant tout près de là pour la messe du matin, et les violons à ses ordres pour le bal tous les soirs. […] Ayant obtenu, après des persécutions et des difficultés, de rejoindre son mari en Gascogne (1578), elle y resta trois ans et demi, y jouissant de sa liberté et la lui laissant ; elle comptait ces journées de Nérac, entremêlées, même à travers les guerres recommençantes, de bals, de promenades et « de toutes sortes de plaisirs honnêtes », pour une époque de bonheur.
Il avait un frère cadet qu’il y attira également ; ils n’y restèrent ni l’un ni l’autre. […] Le piquant, c’est que La Fontaine ne connaissait pas ces poèmes gaulois à leur source, qu’il n’était pas remonté à tous ces petits Ésopes restés en manuscrits, à ces Ysopets, comme on les appelait, et que, s’il les reproduisait et les rassemblait en lui, c’était à son insu : il n’en est que plus naturel et n’en obéit que mieux à la même sève.
Mais il resterait à savoir si les idées qui se produisent dans ces circonstances sont vraiment des idées originales et profondes ou si ce ne sont pas de simples lieux communs, des réminiscences qui se réveillent avec une certaine vivacité sous l’empire de la fièvre, et qui étonnent les assistants par leur contraste avec les accidents antérieurs beaucoup plus que par leur valeur propre. […] Moreau (de Tours), combien en resterait-il ?
» Mais l’historien qui vingt ans après jette un coup d’œil d’ensemble, qui fait rentrer dans ses catégories les uns et les autres, les Hugo et les Nisard, les Flaubert et les Pinard, les Berlioz et les Fétis, les Manet et les Albert Wolff, l’historien constate que les mouvements nouveaux furent moins nouveaux, moins artistes qu’ils ne le parurent, que presque toujours ils restent en route. […] S’il m’était permis de désirer qu’une impression, entre autres, vous restât de cette causerie c’est que ce qu’il y a de plus essentiel dans le vers libre c’est sa liberté.
L’ancien Journalisme, ce vieux myope hautain, au lorgnon d’écaille, ne regardait la société qu’à son étage politique, dont les rideaux, pour lui, restaient le plus souvent baissés. […] L’homme, qui a dans sa tête de grandes pensées et dans sa vie de grandes actions, peut rester célibataire, comme Dieu.
. — Or, nul ne saurait rester indifférent au jugement, aux idées de M. […] Même après cette élimination, il restera assez d’œuvres littéraires qui semblent difficiles à classer ; qu’on en considère l’esprit, le tempérament, l’intention, sans se laisser dérouter par leur forme ; et l’on verra quelles se rattachent, ne fût-ce que de loin, au genre lyrique, ou épique, ou dramatique.