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347. (1893) Alfred de Musset

Le bambin est assis en chemise dans un site poétique, les pieds dans un ruisseau. […] À dix-sept ans, son bagage poétique était tout à fait insignifiant. […] Le mot d’école poétique lui paraissait maintenant vide de sens. […] Paganisme si l’on veut, mais grand et poétique. […] Le Rythme poétique.

348. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Il s’appropriait toutes les excellences et toutes les élégances poétiques, il les emmagasinait dans sa mémoire ; il disposait dans sa tête le dictionnaire complet de toutes les épithètes heureuses, de tous les tours ingénieux, de tous les rhythmes sonores par lesquels on peut relever, préciser, éclairer une idée. […] Si aujourd’hui lady Mary Wortley, son ancienne divinité poétique, est par malheur à table, on ne pourra pas dîner en paix ; ils ne manqueront pas de se contredire, de se picoter, de se quereller, et l’un des deux quittera la chambre. […] L’Essai sur la critique ressemble aux Épîtres et à l’Art poétique de Boileau, excellents ouvrages qui ne sont plus lus que dans les classes. […] Lisez son églogue de Strephon et Chloé, si vous voulez savoir à quel point on peut ravaler la noble draperie poétique. […] Il y a toujours chez eux un magasin patenté de beaux mots convenus, d’élégances poétiques, où chacun se croit obligé d’aller chercher ses phrases.

349. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

L’effort direct vers la pensée ne sera plus l’emploi principal de la vertu poétique, mais la pensée ne sera plus oubliée. […] Je n’ai pas à entrer dans le détail de ce long duel de l’esprit poétique et de l’esprit critique. […] En elles l’esprit poétique et l’esprit critique font alliance. […] Méphistophélès représente l’esprit critique et, par ainsi, le Faust fut la première en date et reste la plus poignante des œuvres poétiques vraiment modernes. […] À parler vrai, il était temps qu’on renonçât à la gracieuse friperie des regrets poétiques.

350. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Pourquoi, pénétrant rapidement dans la classe moyenne de la société nouvelle, n’aurait-il pas pour lot d’initier, les femmes surtout, au sentiment poétique qui doit tempérer des habitudes de plus en plus positives ? […] Sa Grotte des Aigles, c’est son île Saint-Pierre plus inaccessible, une île de Robinson grandiose et poétique, une Otaïti déserte et aussi fortunée. […] Mais, pour nous en tenir au curé, au vicaire de campagne. poétique ou poëte, c’est à celui du Village abandonné qu’il faut revenir comme type aimable : A man he was to all the country dear, And passing rich with forty pounds a year. […] Mais la difliculté d’une double langue en ce pays, et aussi la sévérité des habitudes catholiques, dans lesquelles l’amour humain chez le prêtre n’a point d’expression permise, n’ont pas laissé naître et grandir jusqu’à l’état de littérature ces instincts poétiques étouffés des pauvres clercs. […] Le noble et cher talent, qui nous pardonnera cette remarque sincère, saura bien vite forcer de nouveau les habituels hommages. — Ainsi nous nous exprimions à la veille des Recueillements poétiques, qui ne répondirent pas à notre vœu, et qui amenèrent l’article suivant.)

351. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Gosselin, le premier de mes patrons typographiques, homme de cœur, de goût et d’initiative, quelques pages poétiques recueillies en une très mince brochure, fasciculus relié en papier jaune et intitulé : Méditations. […] Cela doit être d’autant plus poétique que la poésie a négligé davantage jusqu’ici ces trésors de descriptions, de sensibilité, de naturel, de passions douces, enfouis à notre insu sous la pierre du foyer domestique, dans le jardin, dans le verger, dans la prairie, dans la vigne, dans la montagne qui borne le court horizon, dans le coin de ciel en vue de la fenêtre où se couche le soleil, où se lève l’étoile, dans l’enfant à la mamelle, dans la mère souriante, dans le père sérieux, dans l’aïeul prévoyant, dans le fils docile, dans la jeune fille rêveuse, dans la servante attachée à l’âtre, seconde mère des enfants, et jusque dans le chien nourri d’affection, qui cherche aussi souvent la tendresse dans les yeux que le pain sous la table. […] Lisez cet inventaire prosaïque, et pourtant poétique, de ma tour de travail : Tout dort dans le château plein d’ombre et de silence. […] C’est Joseph Autran, qui depuis a pris tant et de si larges et de si hautes places dans la littérature poétique de nos jours. […] Ces vers semblaient avoir été pensés par Tacite et écrits par André Chénier ; quoique composés par elle dans une langue étrangère (le français), ils n’avaient ni l’embarras de construction d’une main novice à nos rythmes, ni la mollesse, ni la chair flasque des essais poétiques de l’enfance ou de l’imitation sous une jeune main ; ils étaient tout nerfs, tout émotion, tout concert de fibres humaines ; ils jaillissaient du cœur et des lèvres comme des flèches de l’arc intérieur allant au but d’un seul jet, et portant un coup droit au cœur sans se balancer sur un éther artificiellement sonore : Je sonne en tombant, non parce qu’on m’a mis une cloche aux ailes, mais parce que je suis d’or.

352. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

En Italie, dès le xive  siècle, sous Pétrarque et Boccace, et, plus tard, au xve au xvie , les poëtes se réunirent encore dans des cercles à demi poétiques, à demi galants, et l’usage du sonnet, cet instrument si compliqué à la fois et si portatif, y devint habituel. […] En France, Ronsard, Du Bellay, Baïf, furent les chefs de cette ligue poétique, qui, bien qu’elle ait échoué dans son objet principal, a eu tant d’influence sur l’établissement de notre littérature classique. […] Et dans les salons, au milieu d’une assemblée non officiellement poétique, si deux ou trois poëtes se rencontrent par hasard, oh !

353. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

La Fontaine avait donc quarante et un ans lorsqu’il commençait au grand jour sa carrière poétique. […] Ces circonstances réunies nous semblent propres à expliquer la défaveur de La Fontaine à la cour, et l’injustice dont on accuse l’auteur de l’Art poétique de s’être rendu coupable envers lui. […] Mais ce ne serait pas assez pour motiver l’omission du nom de La Fontaine dans l’Art poétique, si l’on ne songeait que, par son attachement pour Fouquet, et principalement par la publication de ses contes, le bonhomme avait provoqué le mécontentement du monarque, si sévère en fait de convenance, et qu’il eut sa part de cette rancune glaciale et durable dont les Saint-Évremond et les Bussy, beaux-esprits espiègles et libertins, furent également victimes.

354. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

L’on m’a reproché d’avoir donné la préférence à la littérature du Nord sur celle du Midi, et l’on a appelé cette opinion une poétique nouvelle. C’est mal connaître mon ouvrage que de supposer que j’aie eu pour but de faire une poétique. […] J’ai répété néanmoins de diverses manières que la plupart des inventions poétiques nous venaient des Grecs, que la poésie des Grecs n’avait été ni surpassée ni même égalée par les modernes 4 : mais je n’ai pas dit, il est vrai, mais je n’ai pas dit, il est vrai, que depuis près de trois mille ans les hommes n’avaient pas acquis une pensée de plus ; et c’est un grand tort dans l’esprit de ceux qui condamnent l’espèce humaine au supplice de Sisyphe, à retomber toujours après s’être élevée.

355. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Sully-Prudhomme n’a jamais tenté l’évasion et son Testament poétique en est, malgré les protestations qu’il contient, une preuve nouvelle. […] La première est « un examen attentif des conditions les plus essentielles, fondamentales, de la poétique française ». […] en toute ingénuité, sans presque s’en apercevoir — son propre tempérament poétique.

356. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Malgré la forme de ses vers, il était tout autre chose qu’un poète : il était un habile versificateur, un écrivain plein de sécurité, un linguiste, un artiste en mots ; mais ces mots n’étaient pas même poétiques, car, pour que les mots soient poétiques, a dit un adorable connaisseur, il faut qu’ils soient chauds du souffle de l’âme ou humides de son haleine. […] Comparez leurs Satires, leurs Épîtres, leur Art poétique, dont l’un est un poème et l’autre une Épître aux Pisons, et vous verrez si l’esprit, la verdeur, le mordant, la raison assaisonnée ne sont pas en de bien autres proportions dans le poète français que dans le poète latin, aux grâces si sobres qu’elles en sont maigres.

357. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

Or, quand on est un de ces génies assez puissants pour changer une poétique qui régnait jusque-là, que ce soit celle du roman ou de la guerre, il se passe des générations d’hommes qui appliquent cette poétique nouvelle et en vivent, spirituellement, jusqu’au jour clairsemé, et qui se fait longtemps attendre, où arrive encore un homme de génie, avec une autre poétique, qui bouleverse tout et renouvelle tout à son tour.

358. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Il avait pour fonction unique, dans la société, de rendre une espèce de culte, uniquement poétique, à la comtesse Léna, et de composer sur chacun de ses attraits, sur chacun de ses pas, sur chacun de ses sourires, des milliers de sonnets, qu’on imprimait sur papier rose, qui se distribuaient aux amis de la famille. […] — Oui, mais il y a des Ginevra, dit en rougissant un peu la comtesse, il y a des héros et des femmes adorables qui sont de bien bonne compagnie pour une imagination poétique de dix-neuf ans ; pourquoi les lui interdire ? […] cher canonico, s’écrièrent en battant des mains la belle comtesse Léna, sa charmante fille, le professeur et moi ; nous pourrons lire, et, si nous lisons une stance de trop, nous mettrons tous nos péchés sur la conscience du chanoine. » Ainsi fut convenu ; après souper nous nous endormîmes tous avec la perspective amusante des enchantements, des tournois, des aventures, des amours, des chevaleries, des héroïsmes et des poétiques folies du plus inventif et du plus gracieux des poètes. […] Ici le poète se complaît à décrire une des scènes pastorales de cette nature dont les imaginations poétiques sont le miroir complaisant, et qui rafraîchissent également le lecteur. […] L’Arioste a inventé là aussi beau que nature ; l’invention poétique ne va pas plus loin, et tout est naturel dans ce merveilleux : c’est le merveilleux du cœur ici ; ce n’est pas le merveilleux de la fable ou de la féerie.

359. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Dès la seconde moitié du douzième siècle, il y a une sorte de langue poétique. […] Que dans des poëmes prolixes et uniformes la langue poétique soit pauvre, qui s’en étonnerait ? […] C’est donc dans les poèmes mêlés de récit et de satire qu’il faut chercher les premiers traits de l’esprit français et les premières traditions de notre langue poétique. […] La simplicité de la critique au xviie  siècle le dispensait de donner des raisons historiques de ses jugements, outre que le caractère de son Art poétique ne les lui permettait pas. […] Quelles acquisitions pour l’esprit français et pour notre langue poétique !

360. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Le Dieu de Job, ne répondant à l’homme que par des coups de tonnerre, est très poétique, mais nullement épique. […] À vrai dire, ces cultes méritent à peine le nom de religions ; l’idée de révélation en est profondément absente ; c’est le naturalisme pur, exprimé dans un poétique symbolisme. […] Au fond, toute création mythologique, comme tout développement religieux, traverse deux phases bien distinctes, l’âge créateur, où se tracent au fond de la conscience populaire les grands traits de la légende, et l’âge de remaniement, d’ajustage, d’amplification verbeuse, où la grande veine poétique est perdue, où l’on ne fait que réchauffer les vieilles fables poétiques, d’après des procédés donnés et qu’on ne dépasse plus. […] La superstition poétique et vague a son charme ; mais la superstition réaliste n’est que grossière. […] Mais le siècle de Louis XIV, qui prenait dogmatiquement cette mythologie comme une théologie, n’en pouvait faire une machine poétique.

361. (1890) L’avenir de la science « V »

Appliquée à l’histoire de l’esprit humain, elle a détruit ces poétiques superstitions des individus privilégiés où se complaisait si fort l’admiration de la demi-science. […] On en peut dire autant de tous les dogmes de notre religion naturelle et de notre morale, si pâle, si étroite, si peu poétique que je craindrais d’offenser Dieu en y croyant. […] Pour passer du beau monde poétique des peuples naïfs au grand Cosmos de la science moderne, il a fallu traverser le monde atomique et mécanique. […] Ainsi reviendra le sacerdoce poétique des premiers civilisateurs.

362. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Éphémérides poétiques, 1870-1890 » pp. 181-188

Éphémérides poétiques, 1870-1890 1870 — Émile Blémont : Poèmes d’Italie. […] 1883 — Joséphin Soulary : Œuvres poétiques.

363. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Nisard, ancien élève et très-fort élève de la Sainte-Barbe-Nicole, et rédacteur encore secondaire aux Débats, se montrait fort attentif, vers 1829, au mouvement littéraire et poétique qui s’émancipait de plus belle alors. […] La révolution de Juillet, en rompant brusquement le concert poétique, montrait bien ce qu’il ne fallait plus faire, mais non pas ce qu’il fallait. Evidemment, il n’y avait pas à songer, après 1830, à devenir ou à continuer d’être le critique du romantisme poétique. […] Il n’avait donc plus, hors cela, qu’à tâcher d’être le critique sensé, général, de cette tradition qu’on avait tant attaquée, et à laquelle on n’avait rien substitué ; il avait à faire réaction, enfin, pour la littérature française contre les littératures étrangères, pour les grands siècles et les gloires établies contre les usurpations récentes, pour la prose non poétique contre les vers et la forme vivement exaltés. […] Lui qui s’élève contre le vernis poétique, il en a plus d’une fausse veine colorée dans ses descriptions.

364. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Nous ne donnons pas cela comme une qualité, mais comme une infériorité du génie poétique d’Horace. […] C’est ainsi que procède la nature poétique, qui vole et ne rampe pas comme la prose ; c’est ainsi que les prophètes et les poètes grecs procèdent. […] » D’autres odes de ce genre ne sont qu’une légère caresse en vers à quelque charmante enfant qui a attiré en passant ses regards ; telle est ce sourire poétique à la jeune Chloé. […] Les discours en vers de Voltaire sont ce qui ressemble le plus, dans nos littératures modernes, aux épîtres du poète latin : une morale prodigue de préceptes merveilleusement alignés dans ces vers faciles, et des retours personnels sur sa propre vie privée qui font le charme des confidences poétiques. […] Souvenez-vous de Voltaire saluant le lac Léman du haut de la terrasse de Ferney : vous retrouverez dans ce salut poétique la belle description d’Horace à Quinctius.

365. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Or il semble, au premier coup d’œil, que les objections abondent contre notre manière de juger la période poétique actuelle. […] Car si je vous dis que le caractère d’une époque poétique est tel ou tel, et que vous me citiez en opposition des auteurs dramatiques ou des romanciers, il faudra bien que je cherche ce qu’il y a de plus poétique en eux, la pensée avec laquelle ils font du drame et des caractères, il faudra bien que je leur demande leur pensée lyrique ; ce qui suppose que nous nous entendons, moi et le lecteur, sur cette question : À quelle condition le drame et le roman sont-ils de l’art ? […] Depuis cinquante ans que la philosophie du Dix-Huitième Siècle a porté dans toutes les âmes le doute sur toutes les questions de la religion, de la morale et de la politique, et a ainsi donné naissance à la poésie mélancolique de notre siècle, deux ou trois génies poétiques tout à fait hors de ligne apparaissent dans chacune des deux grandes régions qui composent l’Europe, c’est-à-dire l’Angleterre et l’Allemagne, qui représentent tout le nord, et la France qui représente toute la partie sud-occidentale, le domaine particulier de l’ancienne civilisation romaine. […] Que si un fantôme d’elle alors leur apparaît et pose devant eux, si une image du passé, se dérobant à la tombe, semble se relever et marcher, est-il étonnant que ces âmes poétiques prennent leur rêve pour une réalité ? […] Et nous venons de voir comment, en face de cette école, fille directe de la Philosophie du Dix-Huitième Siècle, est venue se placer une autre famille poétique, dont Lamartine et Hugo sont les représentants et les chefs en France ; école qui, au fond, est aussi sceptique, aussi incrédule, aussi dépourvue de religion que l’école Byronienne, mais qui, adoptant le monde du passé, ciel, terre et enfer, comme un datum, une convention, un axiome poétique, a pu paraître aussi religieuse que la poésie de Byron paraissait impie, s’est faite ange par opposition à l’autre qu’elle a traitée de démon, et cependant a fait route de conserve avec elle pendant plus de quinze ans, à tel point que l’on a vu les mêmes poètes passer alternativement de l’une à l’autre, sans même se rendre compte de leurs variations ; tantôt incrédules et sataniques comme Byron, tantôt Chrétiens résignés comme l’auteur de l’Imitation.

366. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Mallarmé quelle place revient à Verlaine dans l’histoire du mouvement poétique. […] Mallarmé, les noms de ceux qui représentent, selon lui l’évolution poétique actuelle. […] qui renouvellent la création poétique. […] Mais je me dois à moi-même et à l’idéal poétique qui me sollicite, de dire que l’action immédiate de Verlaine sur le renouveau poétique espéré doit être combattue. […] Beaucoup de talent, d’ailleurs, là-dedans, et un vrai sentiment poétique.

367. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Delavigne, Casimir (1793-1843) »

Alfred Nettement Casimir Delavigne a su rarement se dégager de cet esprit voltairien ou philosophique qui est devenu le moule de son esprit, et ce moule étroit a étouffé en lui l’inspiration poétique dont il avait reçu le germe. […] [Souvenirs poétiques de l’école romantique (1880).]

368. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Il suit de là que, plus un culte a de ces dévotions populaires, plus il est poétique, puisque la poésie se fonde sur les mouvements de l’âme et les accidents de la nature, rendus tout mystérieux par l’intervention des idées religieuses. […] La mort, si poétique parce qu’elle touche aux choses immortelles, si mystérieuse à cause de son silence, devait avoir mille manières de s’annoncer pour le peuple.

369. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

néanmoins, de quel droit l’accuserions-nous d’avoir fait abus d’un système dont l’usage est encore admis dans notre poétique plus épurée ? […] Jamais sa muse ne daigne descendre du forum et s’abaisser jusqu’à cueillir des fleurs poétiques sur les rives sinueuses du Permesse. […] Tant de périls lui font mesurer tout ce que peut affronter et vaincre la constante fermeté d’âme, dont il imprime le caractère dans un grand nombre de ses poétiques octaves. […] Libre des entraves du style, il nous révèle sa juste opinion sur la supériorité de l’idiome poétique, dont il vante le joug, en le port tant avec autant de force que de grâce. […] C’est le tour poétique de Lebrun ; tel est, dans les moindres détails, le soin, la convenance de son style.

370. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Il s’interdit l’enthousiasme poétique. […] En premier lieu, Prosper Mérimée paraît s’être, en général, fort peu soucié des théories poétiques. […] L’illusion poétique est plus complète et plus saisissante. […] Il y a dans une œuvre de longue haleine, une perspective poétique dont il faut tenir compte. […] L’amour, dans le sens poétique, n’est pas loin de l’adoration.

371. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Mais ce genre de critique est destiné aux recueils de poésie et aux lecteurs poétiques. […] Gautier d’un esprit excellent, large et poétique. […] — tout cela ne fait pas des femmes poétiques. […] Dubufe aura longtemps encore le privilège des portraits élégants ; son goût naturel et quasi poétique sert à cacher ses innombrables défauts. […] La vie parisienne est féconde en sujets poétiques et merveilleux.

372. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

A mon sens, il y aurait pourtant à gagner beaucoup, même pour des points actuels et toujours pendants d’art et de langage poétique, à cette appréciation exacte, à cette divulgation fidèle de la poésie ancienne originale, et il n’y a que la poésie grecque qui ait en elle cette première originalité. […] Tout ce qui tend à élargir, à aiguiser du même coup et à simplifier le goût public, est favorable à cette régénération poétique dans laquelle il s’agit d’introduire, de combiner le plus de naturel et de vérité avec le plus de beauté. […] Que fait Scaliger en sa Poétique ? il préfère, par toutes sortes de raisons de cabinet, Virgile à Homère ; on s’est cru très-loin de Scaliger, et on a fait longtemps comme lui ; on a toujours été, chez nous, très-tenté de préférer des maîtres élaborés et polis117, accomplis en leur genre, des maîtres de seconde venue, et qui prêtaient davantage aux poétiques. […] Rien de cela n’était possible dans la Couronne de Méléagre tressée et close avant la grande époque poétique romaine, au temps de l’enfance de Cicéron.

373. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Que l’imagination populaire ait été puissamment excitée par les événements dont les Carolingiens furent les acteurs plus 0u moins glorieux, qu’elle ait transformé leur histoire à sa mode en un vaste corps de traditions poétiques, ce qu’on sait communément des chansons de geste le prouve assez. […] Ainsi dans cette histoire poétique des Mérovingiens, dont on parlait tout à l’heure, se laissent entrevoir des vestiges de vieux poèmes francs ; dans les chansons de gestes, certains récits, certains personnages, des traits de mœurs, des usages de la vie guerrière et civile sont des résidus manifestes de la plus ancienne poésie et de la plus ancienne civilisation des Francs. […] Dans le remaniement incessant de la matière poétique, le délayage était le moindre péché de nos trouvères : ils excellaient, comme les modernes feuilletonistes, à inventer une profusion de détails inutiles. […] Paris, Hist. poétique de Charlemagne, Paris, 1865 ; L. […] Kurth, Hist. poétique des Mérovingiens, in-8°, Paris, 1893.

374. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Ils seront beaux, ils seront aimables, ils seront poétiques. […] Supposé même que, nous autres philosophes, nous préférassions un autre mot, raison par exemple, outre que ces mots sont trop abstraits et n’expriment pas assez la réelle existence, il y aurait un immense inconvénient à nous couper ainsi toutes les sources poétiques du passé et à nous séparer par notre langage des simples qui adorent si bien à leur manière. […] Quoique le système juif soit entré dans toutes nos habitudes intellectuelles, il ne doit pas nous faire oublier ce qu’il y avait dans les autres systèmes de profond et de poétique. […] Ces religions ne sont, au fond, que l’État, la famille, l’art, la morale, élevés à une haute et poétique expression. […] Ceci a faussé toute la poétique de ce grand homme.

375. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

On lui avait appris à sentir et à parler en vers ; elle avait l’image dans les yeux, l’harmonie dans l’oreille, la passion en pressentiment dans le cœur, l’éclat dans l’esprit ; ses strophes peignaient, chantaient, pleuraient, brillaient comme les gazouillements poétiques de l’oiseau qui s’essaye au bord du nid à demi-voix, et dont on écoute en avril les notes futures. […] XVII Ce fut dans ces heureuses années qu’elle composa la plupart de ses poèmes, recueillis depuis sous l’humble titre d’essais poétiques. […] Rien ne ressemblait plus alors au poétique encadrement de l’apparition de Terni ; la scène avait changé, mais non la personne ; les années l’avaient embellie encore. […] XXVI La tragédie de Judith, celle de Cléopâtre, élevèrent son style poétique au-dessus de l’élégie, à la hauteur de la scène antique. […] XXX Cet asile, qu’elle s’était réservé dans son talent poétique, profitait tous les jours davantage à ce talent.

376. (1888) Poètes et romanciers

Elles en sont comme la vibration poétique. […] Elle ne peut pas faire du talent poétique une branche d’administration publique. […] Je le dirai en deux mots et sans périphrases : en général, l’amour n’est pas l’amour vrai ni poétique dans les vers de M.  […] La pauvre mère, si poétique à son insu, meurt dans l’illusion de son vœu accompli. […] La bijouterie poétique est un art difficile, mais on peut aspirer plus haut.

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