Je faisais l’heure, comme disent les Italiens, dans leur poétique et populaire langage, far l’ora : user le temps.
Au reste, une souplesse incroyable, une extrême diversité de ton et d’accent depuis la manière concise, à petites phrases courtes et savoureuses, et depuis la façon liée, serrée, pressante du style démonstratif, jusqu’au style largement périodique de l’éloquence épandue, et jusqu’à la grâce inventée et non analysable de l’expression proprement poétique… Bref, il me semble avoir toute la gamme, et la grâce et la force ensemble, et toujours, toujours le mouvement, et toujours aussi la belle transparence, la clarté lumineuse et sereine.
Il ne serait pas fâché de s’offrir l’étoile en exploitant les anciens souvenirs ; mais, douce et grave, un peu solennelle et faisant paraître dans ses discours la hautaine mélancolie d’une âme supérieure, la grue arrivée lui explique qu’il y a des souvenirs si poétiques, si frais, si « ailes de papillon », qu’il ne faut pas commettre ce sacrilège de les dévelouter.
Vendredi 17 juillet Si mon âme à plat éprouve le besoin d’une petite excitation poétique, c’est chez Henri Heine que je la trouve ; si mon esprit ennuyé du terre à terre de la vie, a besoin d’une distraction dans le surnaturel, dans le fantastique, c’est chez Poë, que je la trouve.
Flaubert continue le romantisme par son culte de la forme et du style poétique ; il annonce le réalisme par les études psychologiques et sociales de Madame Bovary et de l’Education sentimentale.
Mais sur les balustrades personne n’est appuyé, les allées sont désertes, les escaliers, poétiques et pittoresques, vides. […] Mon âme poétique Et mon cœur magnifique Se dessèchent comme pastel 15 Dans ce petit hôtel.
. — Et voici venir les bandes de voyageurs, « chevaliers errants » de l’exploration, la « bande rose » qui venant de Perse déploie caractère dramatique et « lyrique », la bande lilas, qui, venant du Japon, « déploie caractère poétique et littéraire ». […] La méthode est toujours ou presque toujours la même ; interroger les mythes, interpréter les traditions poétiques, considérées comme le dépôt de la conscience de l’humanité, dépouiller les symboles et leur arracher leur secret, c’est-à-dire leur faire dire ce que l’on souhaite qu’ils disent en effet. […] De cette méthode poétique, voyons quelle philosophie de l’histoire est sortie. […] Avec cela une sensibilité précoce, sensibilité toute de rêves et d’aspirations poétiques.
Et ce qui achève de donner à cette « histoire du Meurtre » son caractère d’universalité et de beauté, c’est que, vraisemblable au plus haut point (le héros est un chef à demi-barbare du dixième ou du onzième siècle), elle est, en outre, grande (car il s’agit de la puissance sur les hommes et non d’un sac d’argent à voler), et poétique merveilleusement, étant fort lointaine, reculée dans un passé dont les mœurs et les croyances permettent au poète de traduire en images concrètes et vivantes, en symboles étrangement expressifs, les « états » les plus importants d’une conscience scélérate. […] De là des scrupules pleins d’angoisses, des défaillances et des luttes héroïques, tout un drame intérieur éminemment poétique. » Il est d’autant moins étonnant que Sully-Prudhomme ait aimé ce livre, qu’il a pu y reconnaître, dans les meilleures pages, l’écho très pur et à peine affaibli de sa propre voix. […] Ceci m’embarrasse pour goûter cela ; ces deux « effets » n’appartiennent point à la même poétique. — On m’a changé ma pièce ; on m’a changé, sans crier gare, mon Caussade, ma Cécile et mon Maurice. […] C’est un des préceptes les plus incontestés du vieil Art poétique : Servetur ad imum.
Qu’il y ait dans cet état lyrique une part singulièrement forte d’animalisme, — au sens le plus philosophique de ce mot, — on en aurait la preuve dans ce fait d’observation courante que le don poétique diminua avec l’âge. […] Il s’était donné cette instruction dans ses années de journalisme militant, et s’il n’eût pas écrit de ce style qui était le sien, trop éclatant d’imagination poétique, les lecteurs eussent reconnu dans la plupart de ses idées une solidité comparable à celle de ce Rivarol dont j’ai déjà cité le nom à propos de lui.
Ô nuage, beau nuage, faut-il, quand on essaie de vous presser, qu’il ne jaillisse de vous que des phrases trop prudentes ou bien quelque mythe hindou très poétique, à moins que ce ne soit quelque conte arabe très symbolique ! […] L’auteur y a réuni en gerbe quantité de fleurs poétiques qu’il avait cueillies sur la route de sa vingtième à sa quarantième année. […] Ce qui nous intéresse, c’est le parti poétique que Marc Amanieux a tiré de ses doctrines.
Son but était, en les présentant ainsi dépouillées de leur vêtement poétique, d’en faire voir toute l’horreur : il s’est trompé, il en a montré toute la beauté. […] De même qu’un berger virgilien, elle fait entendre des plaintes poétiques contre les déprédateurs de la grâce terrestre. […] On remarquera aussi, dans un ordre d’idées très différent, poèmes et poétiser ; poétique est de vingt ou trente ans plus jeune ; poète, beaucoup plus vieux, apparaît dès le douzième siècle.
L’Arioste seul pourrait décrire leur poétique histoire.
3 mai Ici, au bout de quelque temps, la poétique de la vie amène chez un Français un revenez-y au parisianisme.
Et comme les instincts, les besoins n’appartiennent que rarement à un ordre élevé, il est alors inutile de nous rien dissimuler fragments de la nature, nos impressions et nos sensations sont infiniment plus bestiales que poétiques, et nos aspirations sont plus animales que spirituelles. » Nous reviendrons dans un instant sur cette appréciation de l’idéal.
Même en supposant que l’Exposition de 1889 doive être la dernière occasion qu’auront les hommes de se réunir pour se livrer à la gaieté et s’amuser d’enfantillages, cette pensée mélancolique ne serait pas de nature à nous la rendre moins poétique et moins suggestive. […] Au moins, ma cousine, puis-je vous apprendre que le livret d’Esclarmonde est tout à fait poétique et gracieux.
Mais avec quel enthousiasme dans « Salammbô » il salue l’invention du Zaïmph en qui il reconnaît un « ressort poétique » qui vaut au moins le Palladium. […] Un Pouvillon le traite avec une poétique adresse ; un Paul Bourget l’épuise avec son analyse vigoureuse.
Dans tous les temps, les fictions poétiques qui ont voulu émouvoir notre pitié nous ont représenté des êtres sensibles renfermés dans des corps immobiles. […] Ainsi dire que l’amour fait palpiter le cœur n’est pas seulement une forme poétique ; c’est aussi une réalité physiologique.
Et à cette époque-ci, toute de menue psychologie après une crise d’intense physiologie, je trouve rafraîchissant s’il en fut, un recueil de vers, d’ailleurs conformes, dans leur structure, aux plus raffinées comme aux plus libres règles de la poétique moderne et actuelle, varié, pittoresque, humain, ce qui ne gâte rien et amusant (dans le sens noble du mot), ce qui sauve tout ! […] Et tout de suite on a cette intuition que l’auteur de ces deux vers sans art excessif, mais d’une spontanéité savoureuse au possible, est un franc, — et j’ajouterai pour ma part, moi, paraît-il, un raffiné, un « roublard » du rythme et de la rime, sans me vanter beaucoup plus qu’il ne sied, de l’éloge ou de la censure, un naïf dans la meilleure acception du mot, quant aux grosses malices du métier poétique.
Une séance littéraire au gymnase Moronval, où défilent les incompris de l’art, des lettres, des sciences, les déclamations poétiques d’un certain d’Argenton, sont autant de photographies de ce monde de déclassés que l’on a si bien baptisé les Ratés. […] Ainsi finit ce simple récit, que sa saveur de vérité, son réalisme poétique, doivent placer au rang des meilleures œuvres de M. […] Sa sensibilité poétique s’émouvait aisément.
Et voilà que toutes les bonnes choses, toutes les choses douces, délicieuses, poétiques, qui embellissent et font chérir l’existence, se retiraient d’elle, parce qu’elle avait vieilli ! […] Lucien Muhlfeld, que le théâtre soit si près de sa fin et je pense qu’il vivra tant que la race latine prédominera en France ; nous tenons de nos ancêtres de Rome le goût des spectacles et un fait mis à la scène et bien raconté, une thèse éloquemment soutenue, nous captiveront toujours plus que toutes les spéculations philosophiques ou les déclamations poétiques ; le théâtre changera, c’est indubitable, car tout change, mais sa fin n’est pas, je crois, si prochaine. […] La lueur incertaine qui vient de fenêtres éloignées, la lumière qui change selon les heures du jour et les brusques alternatives d’ombre et de clarté, produites par les nuages qui traversent le ciel ajoutent leurs effets inattendus à ce que l’ébauche a de saintement poétique et à ce qu’elle inspire de mélancolie.
La poésie n’est pas exclusive de la raison ; ce qui est poétique n’est pas nécessairement en opposition avec le réel. […] Ils écrivent sans hésiter : « Rien n’est moins poétique que la nature et les choses naturelles… La nature pour moi est ennemie… » Ils notent en eux une disposition « à ne prendre plaisir qu’aux œuvres de l’homme et à s’embêter des œuvres de Dieu84 ». […] Dumas fils. » Nous y lisons avec surprise que « les passions poétiques comme les tableaux de genre sont le véritable domaine de M.
Joseph Delorme a été pour lui cette délivrance que Goethe affirmait comme une des fins de la création poétique : « Poésie c’est délivrance. » Baudelaire ne s’est pas évadé de l’atmosphère mortelle des Fleurs du mal. Pareillement Taine n’a plus reconnu dans l’œuvre littéraire que sa signification historique Il a cru avoir épuisé toutes les données de la création poétique, dramatique et romanesque, en analysant les influences de la race, du moment et du milieu. […] Témoin le sujet de thèse qu’il avait choisi pour son doctorat, conciliant ainsi ses goûts poétiques et les exigences universitaires : « les Idées politiques de Lamartine… » Témoin la liste de ses projets de travaux retrouvée dans ses papiers.
L’objet de l’astronomie n’est pas de fournir matière à d’immenses calculs et à des cosmogonies poétiques, mais de servir à la géographie, et de guider la navigation.
Il serait aussi inexact de prétendre que les progrès de l’industrie, les magnifiques ponts en ciment armé, les lignes si pures d’une automobile ou d’une locomotive, le perfectionnement du machinisme sont appelés à supprimer le sentiment poétique.
Augier est plus poétique que dramatique. […] Mais ce rajeunissement de l’homme par la jeunesse d’une nature en floraison est une idée poétique, une fiction, si on veut, mais une fiction pleine de charme et qui amène une scène d’amour, une vraie scène d’amour comme on n’en avait pas entendu au théâtre depuis le dialogue de Valentin avec Cécile, dans Il ne faut jurer de rien !
Aussi Porta s’arrête, après cette belle description poétique, pour s’engager dans les recherches d’érudition mythologiques, où il est inutile de le suivre. […] Les poètes, toutefois, y firent meilleur accueil que les artistes : ils reconnurent un des leurs, tandis que les peintres méconnaissaient une critique dont les arguments étaient d’ordre poétique plutôt que d’ordre technique.
Cette curieuse épitre poétique de Sidoine Apollinaire (citée par Fustel de Coulanges) est un document bien significatif de psychologie gallo-romaine : « Comment veux-tu que je récrive un chant d’hyménée, entouré que je suis de ces troupes aux longs cheveux et assourdi des sons rauques de leur langue ? J’entends les chants du Burgonde aviné, et ma veine poétique se glace.
Et joliment, Daudet s’étend sur ce paysan poétique, appartenant tout entier à ses bouts de champs, à son petit bien, à sa maison, à ses parents, à sa province, enfin à tout cela de rustique et d’ancienne France, dont il a tiré sa poésie.
On a souvent cité, jamais assez, l’émouvante phrase de ce glorieux savant, âgé de plus de soixante-dix ans, au moment où Pasteur, l’ayant convié à vérifier cette expérience, mit les solutions dans l’appareil, Biot lui prit le bras pour lui dire : « Mon cher enfant, j’ai tant aimé les sciences dans ma vie que cela me fait battre le cœur. » Des mots pareils font comprendre que le mathématicien Franz Woepke ne mentait pas quand il déclarait à son ami Taine : « J’ai pris la vie par son côté poétique. » III Je me suis appesanti sur cette première période, qui fut, pourrait-on dire, la campagne d’Italie du grand chimiste. […] De sa voix de sirène, il appelait… » Et ailleurs : « Il faut ainsi, pour saisir cette âme du grand lac, des lumières atténuées, le calme, le silence, l’automne, qui augmentent sa force poétique et cette tristesse des eaux qui l’humilient en le faisant ressembler à un grand étang, et qui, en l’humiliant, le rapprochent et le rendent plus familier… » Il en parle comme d’une personne, et ce n’est pas chez lui un artifice de rhétorique.
La poésie devait être vraiment sa vie et son tout… Or, en pleine jeunesse, en pleine gloire et en pleine joie de production poétique, non seulement il se range tout à coup à une vie pieuse et à une pratique exacte de la morale chrétienne, ce qui serait déjà remarquable et singulier, mais il répudie entièrement et sans retour ce qui avait été pour lui jusque-là la principale raison de vivre ; il fait une chose plus difficile encore, la plus difficile de toutes : il brûle, il anéantit les œuvres commencées, — et il les anéantit, tout en les sachant belles. […] Et, d’autre part, l’ivrognerie conventionnelle et poétique, la manie littéraire qui pousse des messieurs fort respectables et quelquefois très sobres à chanter Bacchus et le « jus de la treille » et à s’écrier sans cesse : « Buvons ! […] Leconte de Lisle est demeuré fidèle à sa poétique particulière, qui lui interdit les cris du cœur.