On a de lui un Recueil de Poésies & de Harangues Latines, publiées pendant qu’il étoit Professeur de Rhétorique au Collége d’Harcourt, & qui ne peuvent être estimées que de ceux qui ne connoissent pas les bons Poëtes & les bons Orateurs.
Lacombe la Traduction de quelques Ouvrages Anglois, tels que les Lettres de Milord Shastersbury sur l’enthousiasme, les Lettres historiques & philosophiques du Comte d’Oreri, sur la Vie & les Ouvrages du Docteur Swift, quelques Poésies de Pope & de Dryden, &c.
Quelques-uns de ses Quatrains sont préférables à ceux de Pibrac, & pour la pensée & pour la poésie.
Sans les Vers** de Boileau, qui parlent de lui, sa mémoire seroit peut-être oubliée ; car ses Poésies, comme ces Pieces fugitives que nos petits Auteurs voient réguliérement périr le lendemain de leur naissance, ne sont pas dignes d’entrer dans aucun Recueil intéressant.
Les Chansons & les autres Poésies de Madame la Comtesse de Murat ne font pas moins d’honneur à son esprit.
Une Poésie qui ne vit que de mots bas, d'expressions triviales, de pensées grotesques, de peintures puériles, n'est pas propre à amuser long-temps.
[NdA] Il y a bien du mélange dans ces Poésies de La Fare, mélange de bon et de mauvais, mélange de ce qui est de lui et de ce qui lui a été à tort attribué : on cite toujours comme de sa meilleur façon ces jolis vers sous le titre de madrigal : Présents de la seule nature, Enfantement de mon loisir, Vers aisés par qui je m’assure Moins de gloire que de plaisir, Coulez, enfants de ma Paresse : Mais, si d’abord on vous caresse, Refusez-vous à ce bonheur ; Dites qu’échappés de ma veine Par hasard, sans force et sans peine, Vous méritez peu cet honneur ! Or dans un exemplaire des Poésies de La Fare, annoté à la main par Douxmesnil, je trouve pour note en tête de ces vers : « C’est le commencement d’une ode de La Faye. » Et en effet le prétendu madrigal est bien une strophe. […] Je sais qu’il y a eu de mauvaises langues jusque dans l’Antiquité qui ont médit de cet enthousiasme du philosophe pour Hermias, mais je ne m’attache ici qu’au souffle et à l’âme de sa poésie.
Notre conversation alla, pour ainsi dire, tout d’un trait de La Chênaie à Saint-Malo, et, nos six lieues faites, j’aurais voulu voir encore devant nous une longue ligne de chemin ; car vraiment la causerie est une de ces douces choses qu’on voudrait allonger toujours. » Il nous donne une idée de ces entretiens qui embrassaient le monde du cœur et celui de la nature, et qui couraient à travers la poésie, les tendres souvenirs, les espérances et toutes les aimables curiosités de la jeunesse. […] On parle des lakistes et de leur poésie, et La Morvonnais, vers ce temps même, en était fort préoccupé, au point d’aller visiter Wordsworth à sa résidence de Rydal Mount, près des lacs du Westmoreland, et de rester en correspondance3 avec ce grand et pacifique esprit, avec ce patriarche de la muse intime. […] [NdA] Dans le recueil de vers publié par Amédée Renée en 1841 sous le titre d’Heures de poésie, il y a une belle pièce consacrée À la mémoire de Maurice de Guérin ; sa nature de poète y est très bien caractérisée : il y est appelé malade d’infini.
C’est une poésie sur laquelle votre raison a soufflé. […] — Tout. — Où est la poésie ? […] » Malheureuse Marie, belle, spirituelle, aimée, qui a eu trop d’esprit seulement, qui a trop craint la vulgarité, qui n’a pas compris que l’imagination ne consiste pas à rêver l’impossible, et que son plus sublime effort est de trouver « la poésie de la réalité » ; âme malade des préjugés de l’éducation et du faux idéal qui flottait dans l’air à cette époque ; une de ces femmes qui, avec toutes leurs délicatesses, ont des sécheresses soudaines qui froissent les cœurs délicats, et à laquelle enfin, pour tout reproche, Michel, en se séparant, a pu dire : « Marie, vous manquez de simplicité !
Ici l’on a une éloquente et passionnée réponse où Pompéa, comme une prêtresse égarée, évoque et rassemblé dans une idéale image toute la poésie et l’âme de sa jeunesse : « Je te dois tout, s’écrie-t-elle, le bien comme le mal ; pour être, j’ai attendu un signe de ta volonté, et tu m’as faite semblable à toi. […] Quand je vois, vers la fin du siècle, que tant de soupers charmants où la beauté, l’esprit, la poésie en personne (André Chénier en était), l’éloquence déjà elle-même et la politique à l’état d’utopie et de rêve, se cotisaient à l’envi pour payer leur écot, quand je vois que ces réunions d’élite n’ont eu pour annotateur qu’un Rétif de La Bretonne, j’en rougis pour les délicats convives ; un valet de chambre en eût mieux parlé. […] Il se mêlait à l’ivresse des coupes je ne sais quel parfum et quelle soif de poésie.
Il se rapporte à l’année 1776 : nous en donnerons les parties principales ; de telles esquisses d’après nature dispensent de bien des imaginations et des songes plus conformes à la poésie qu’à la réalité, et elles viennent à propos pour rompre de temps en temps la légende toujours prête à empiéter sur l’histoire : « La reine est très-bien de figure, et quoiqu’elle ait pris assez d’embonpoint, il n’y a néanmoins pas encore d’excès. […] Dans l’Antiquité la poésie s’en fût saisie aussitôt ; elle l’eut chantée, idéalisée à l’envi et fixée sous des traits déterminés, dans un type immuable. […] Après la poésie, la rhétorique, à son tour, serait venue s’en mêler ; après l’âge du chant, si l’on avait voulu absolument des écrits, on n’eut certes pas été embarrassé d’en fournir : un rhéteur habile aurait fait des lettres de la reine, comme il y en a de tant d’autres personnages illustres.
Ainsi, poésie lyrique personnelle et esprit des temps ! […] L’école catholique allemande se fonda successivement dans la philosophie, la poésie, la peinture. […] Ces fins de chapitres sont charmantes d’accent et comme harmonieuses, relevées d’une poésie toujours née du cœur.
Parmi ces orateurs de la chaire moderne, dont quelques-uns, dont l’un du moins (M. de Ravignan) pourrait lutter avec lui de chaleur vraie, de sympathie et d’onction, il n’en est aucun qui, par la hardiesse des vues et l’essor des idées, par la nouveauté et souvent le bonheur de l’expression, par la vivacité et l’imprévu des mouvements, par l’éclat et l’ardeur de la parole, par l’imagination et même la poésie qui s’y mêlent, puisse se comparer au père Lacordaire. […] Des hommes de haut talent, M. de Chateaubriand, M. de Maistre, M. de Lamennais (je ne les prends que par les ressemblances les plus générales), l’un à travers l’encens de la poésie, les autres par l’éclatante hardiesse des interprétations, avaient ressuscité pour les générations du siècle le christianisme, et l’avaient offert sous des aspects qui ne sont point assurément ceux auxquels nous avaient accoutumés les Fleury, les Massillon, les Bourdaloue. […] » Il parle donc à ces juges de vingt ans leur langue, il sait leurs images, il leur rend visible par moments leur poésie.
Nul écrivain en français, y compris les poètes proprement dits, n’a eu de la poésie une aussi haute idée que lui. « Dès ma première enfance, disait-il, la poésie a eu cela de me transpercer et transporter. » Il estime avec un sentiment pénétrant que « nous avons bien plus de poètes que de juges et interprètes de poésie, et qu’il est plus aisé de la faire que de la connoître. » En elle-même et dans sa pure beauté, elle échappe à la définition ; et celui qui la veut discerner du regard et considérer en ce qu’elle est véritablement, il ne la voit pas plus que la « splendeur d’un éclair ».
La Harpe débuta donc par des héroïdes (1759) ; mais il fit précéder les siennes de quelques pages intitulées Essai sur l’héroïde, dans lesquelles, parlant de ses prédécesseurs, il disait de Fontenelle : « M. de Fontenelle, estimable sans doute à bien des égards, a tenté presque tous les genres de poésie parce qu’il n’était né pour aucun. » Ce jugement, et la forme sous laquelle il est exprimé, valent mieux que tous les vers qui suivent. […] Le feu qu’il avait dans sa personne ne se communiquait en rien à sa poésie. […] Je dis cela de tous les ouvrages de La Harpe en vers, soit qu’ils s’intitulent Warwick ou Mélanie, soit même qu’ils aient, comme dans Philoctète, une intention de goût plus sévère, mais à laquelle la vraie simplicité savante a manqué ; soit que l’auteur se joue d’un air plus léger, et qui vise au gracieux, dans des poèmes tels que Tangu et Félime, genre de poésie dans lequel Voltaire est à la fois, chez nous, le seul maître et le seul supportable ; car on ne peut lire que lui.
C’était l’époque des Croisades : la Chanson de Roland joua dans la poésie de l’Europe occidentale le rôle que joua la France elle-même dans ces grandes expéditions. […] Les chefs-d’œuvre classiques ont leur perfection en eux-mêmes : la poésie n’ose pas les transformer, la musique qu’on leur ajoute n’est qu’un ornement accessoire, un lierre qui s’enroule autour d’une colonne. […] Les plus anciennes poésies où apparaisse la légende sont composées « dans le ton long de Tannhäuser », et l’introduction de ce nom dans la merveilleuse histoire n’a peut-être pas d’autre cause. […] En partie sans doute de l’importance que cette même poésie, suivant la tradition d’une poésie populaire plus ancienne, attache au « renouveau » de la saison d’amour, dont les chansons des oiseaux sont comme la musique vivante : ces chansons ne donnent-elles pas aux cœurs jeunes des conseils d’amour qu’ils se plaisent naturellement à traduire en paroles naïves ? […] Son petit oiseau nous charme autant que son lourd vilain nous amuse, et ce petit poème peut être regardé comme un des joyaux les plus finement taillés de notre vieille poésie.
Delair, Paul (1842-1894) [Bibliographie] Les Nuits et les Réveils, poésies (1870). — Éloge d’Alexandre Dumas (1872). — La Voix d’en haut, un acte, en vers (1872). — Garin, drame en cinq actes et en vers (1880). — Le Fils de Corneille, à-propos en vers (1881). — Les Contes d’à présent (1881). — L’Aîné, drame en cinq actes (1883). — Le Centenaire de Figaro, à-propos (1884). — Apothéose, un acte, en vers, à propos de la mort de Victor Hugo (1885)
Son livre est plus qu’un joli recueil de poésies, car toutes, plus philosophiques les unes que les autres, donnent à penser, à rêver, tantôt avec désespoir, avec angoisse, tantôt avec tendresse.
André Lefèvre a eu un courage qui l’honore : il a inauguré la poésie franchement matérialiste et athée.
Viollis s’en tient presque exclusivement aux règles ordinaires de la poésie parnassienne, mais il a lu Verlaine et ne l’a pas retenu au point de l’imiter.
Ce sont ces traits qui caractérisent quelques-unes de ses Poésies fugitives qu’on ne lit plus, mais qu’on pourroit lire encore.
Charleval, [Jean-Louis Faucon de Ris, sieur de] né à Paris en 1613, mort dans la même ville en 1693 ; Bel-Esprit de son temps, qui cultiva les Lettres, & fit des vers pour son plaisir, dont il ne nous est parvenu que quelques Pieces, qui font connoître qu’il avoit du talent pour la Poésie légere.
Quelques Poésies fugitives, pleines d’esprit, de délicatesse & de sentiment, à la tête desquelles il faut placer le Rajeunissement inutile, ont établi sa réputation pendant qu’il vivoit, & pourront même la soutenir encore après sa mort.
Les autres Poésies de M. le Marquis de Pesay offrent de l’esprit, de la délicatesse, de la facilité, des graces ; il ne leur manque, à notre avis, que plus de naturel & de sentiment.
Les Poésies Grecques & Latines du P.
Pradon avoit sur-tout des talens pour la Poésie légere, & savoit y répandre de la finesse & du sentiment.
Son autre neveu, Jean Sirmond, frere d'Antoine, cultiva les Lettres & la Poésie, sans qu'on s'en ressouvienne aujourd'hui.
La peinture, l’architecture, la poésie et la grande éloquence ont toujours dégénéré dans les siècles philosophiques.
« Ici sont les reliques des poésies de mes plus jeunes ans ! […] Les poésies les plus religieuses, les tragédies d’un Corneille et d’un Racine ne sont pas dangereuses ! […] L’art du comédien, cette poésie du second ordre, avait merveilleusement servi la comédie naissante de Molière. […] Tout ce qu’on demandait à cet homme, on était sûr de l’obtenir sur-le-champ ; rire ou larmes, comédie ou drame ; poésie, satire, morale, bouffonnerie. […] Elle allait, avant peu nous envoyer, tout brillant d’antiquité, de poésie et de bon sens le jeune auteur de Lucrèce, d’Ulysse et de Charlotte Corday !
Mais au fond, qu’y a-t-il sous cette poésie allemande ? […] Que de têtes mises à l’envers par la poésie ou la métaphysique, dans cette patrie de Werther et de Charles Moor ! […] Byron remit à la mode parmi nous la poésie du désenchantement et du désespoir. […] conception sans élévation et sans poésie ! […] Bientôt, cette auréole de poésie qu’on lui avait mise au front a ébloui des imaginations déréglées, tenté des vanités en démence.