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446. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Il n’est pas moins certain que l’inspiration première et principale de La Divine Comédie est une inspiration toute personnelle, et, si l’on peut dire, lyrique. […] Ses animosités, ses rancunes personnelles et ses haines, ses indignations patriotiques et généreuses, ses tendres souvenirs des amis, des maîtres et des compagnons regrettés et pleurés, il y introduisit successivement tout cela par une suite d’épisodes coupés et courts, la plupart brusquement saillants avec des sous-entendus sombres, et il était permis à ceux qui restaient en chemin dans la lecture et qui ne la poussaient point au-delà d’un certain terme, de ne pas apercevoir dans l’éloignement la figure rayonnante de Béatrix et de ne pas lui faire la part principale et souveraine qui lui revient.

447. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

L’idée personnelle de gloire chez les souverains comme Louis XIV dénatura bientôt ce qu’il y avait eu de légitime et d’équitable dans la pensée d’un Richelieu : ce règne superbe eut pourtant l’honneur d’offrir l’exemple du plus beau talent et de la plus haute vertu militaire dans Turenne. […] Dans les combats vigoureux qui décidèrent le résultat, et où Ney mettant au défi la jactance de Murat se couvrit de gloire, Jomini par sa bravoure personnelle montra qu’il était digne d’un tel chef, et non pas seulement un militaire de chambre et de cabinet.

448. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

A cela près pourtant, tout était bien et aurait continué de l’être, si, le moment de ferveur passé, le poëte, revenant à ses goûts secrets, avait quitté une arène où il ne s’était jeté que par élan ; si, rentrant en quelque sorte dans la vie privée, il avait osé redevenir lyrique, comme il l’avait été d’abord, avec ses impressions personnelles, affections douces, mystérieuses, pudiques, écloses et nourries sous un ciel idéal, dans le calme des bocages sacrés, ou parmi les danses des guerriers et des vierges. […] S’il n’a pas retrouvé dans ses publications lyriques d’une date postérieure la même veine et le même jet, c’est aussi que ce moment de 1819 était unique pour célébrer cette simple douleur patriotique de la défaite, et qu’à moins d’entrer au vif dans la chanson antidynastique avec Béranger, à moins d’oser la satire personnelle avec les auteurs de la Villéliade, on n’avait à exprimer, dans le sentiment libéral, que des thèmes généraux plus spécieux que féconds.

449. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

. — Les odes sont, ou sacrées, ou politiques, ou personnelles. […] Rousseau ne s’est pas contenté de mettre du pindarisme extérieur et de l’enthousiasme à froid dans ses odes politiques, pour tâcher d’en réchauffer les sujets : il a porté ces habitudes d’écolier jusque dans les pièces les plus personnelles et, pour ainsi dire, les plus domestiques.

450. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Quand on ne cherche que le vrai, on ne mêle pas son émotion à ses arguments ; on respecte trop la vérité universelle pour y empreindre ses sentiments personnels ; c’est une lumière pure, dont on s’écarte pour ne pas l’offusquer. […] Non, car la vue primitive ne découvre pas cette expression complexe et personnelle qui distingue un caractère de tous les autres.

451. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Il y a toute la différence de l’impersonnel au personnel. […] S’il est vrai que le siècle va au socialisme, et qu’impuissants matériellement à l’orienter nous ne devons que reconnaître avec le plus de clairvoyance l’itinéraire prochain, l’enquête stricte à laquelle s’est livré M. de Wyzewa nous est à tous d’un intérêt personnel.

452. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Souvent des âmes très grandes et très désintéressées présentent, associé à beaucoup d’élévation, ce caractère de perpétuelle attention à elles-mêmes et d’extrême susceptibilité personnelle, qui en général est le propre des femmes 215. […] C’est l’orgueil pour ceux qui ne voient dans l’apparition nouvelle que la fantaisie personnelle du fondateur ; c’est le doigt de Dieu pour ceux qui voient le résultat.

453. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Nourrie à une politique toute de cour et toute personnelle, on lui fit signer à Fontainebleau, lors de son mariage (1558), une donation secrète de l’Écosse aux rois de France, vers le même temps où elle adhérait publiquement aux conditions que les commissaires arrivés d’Écosse mettaient à ce mariage, et où elle leur promettait de conserver l’intégrité, les lois et les libertés de son royaume natal. […] Elle s’en pénètre et le substitue dès le premier instant à tous ses anciens sentiments personnels, qui peu à peu expirent et qui s’apaisent en elle avec les occasions fugitives qui les avaient soulevés.

454. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

Procéda de même, mais pourtant avec une logique due à sa très originale sentimentalité ironique et douloureuse, Jules Laforgue, mort si tristement à vingt-cinq ans : car l’on ne peut concevoir autres les vers aux fuyantes et sursautantes allures funambulesques de l’auteur personnel des Complaintes…   Avec ces trois poètes, dont les deux premiers très profonds et dignes de tous les respects artistes, MM.  […] Gaston Dubedat, esprit éclairé et généreux, qui mit au service de mes idées personnelles ce charmant et sévère périodique.

455. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Résumé d’une pratique personnelle et forcément restreinte, elles devront nécessairement évoluer à mesure que l’on acquerra une expérience plus étendue et plus approfondie de la réalité sociale. […] En pensant les institutions collectives, en nous les assimilant, nous les individualisons, nous leur donnons plus ou moins notre marque personnelle ; c’est ainsi qu’en pensant le monde sensible chacun de nous le colore à sa façon et que des sujets différents s’adaptent différemment à un même milieu physique.

456. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Biot » pp. 306-310

Combien de fois, lorsqu’il m’arrivait d’écrire sur des hommes de la fin du xviiie  siècle qu’il avait connus, ne m’adressa-t-il point, par la main de sa respectable compagne, des souvenirs à lui personnels, des particularités qui lui revenaient à l’esprit, des encouragements à poursuivre !

457. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur. Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome II. »

Ce succès fut en quelque sorte personnel pour M. de Ségur.

458. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

Il cherche à plaire avant tout, et fait servir ensuite sa faveur personnelle aux intérêts de sa mission.

459. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre premier. Idée générale de la seconde Partie » pp. 406-413

Il faut écarter de son esprit les idées qui circulent autour de nous, et ne sont, pour ainsi dire, que la représentation métaphysique de quelques intérêts personnels ; il faut tour à tour précéder le flot populaire, ou rester en arrière de lui : il vous dépasse, il vous rejoint, il vous abandonne ; mais l’éternelle vérité demeure avec vous.

460. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VI »

Il est évident que cette permanence n’est pas grandement troublée quand on supprime un des p d’appréhension ou quand on transforme en è le second é d’événement ; le seul danger est qu’une licence n’en amène une autre et que l’orthographe ne devienne tellement personnelle que la moindre lecture exige un travail de déchiffrement.

461. (1889) L’art au point de vue sociologique « Préface de l’auteur »

C’est ainsi que le déterminisme, qui, en nous déniant cette forme de pouvoir personnel qu’on appelle libre arbitre, semblait d’abord n’avoir qu’une influence morale dépressive, paraît aujourd’hui donner naissance à des espérances métaphysiques, très vagues encore, mais d’une portée illimitée, puisqu’il nous fait entrevoir que notre conscience individuelle pour rait être en communication sourde avec toutes les consciences, et que d’autre part la conscience, ainsi épandue dans l’univers, y doit avoir, comme la lumière ou la chaleur, un rôle important, capable sans doute de s’accroître et de s’étendre dans les siècles à venir.

462. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Panurge » pp. 222-228

Avec son gros frère Jean des Entommeures, ce dont il se préoccupe en somme après avoir bu et raillé, c’est de choses plus personnelles, de la grande aventure qu’il appréhende, de son mariage, ou, plus précisément, de ne point « s’adonner à mélancholie », de chasser toute altération d’âme, de vivre gaillardement en une profonde quiétude d’esprit. « Remède à fâcherie ? 

463. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « X »

Tout dépend de nos aptitudes personnelles.

464. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Nicole, Bourdaloue, Fénelon »

Fénelon, qu’on a trop grandi de toutes manières, bel esprit bien plus que grand esprit, continuant la Renaissance sous Louis XIV, Fénelon, ce grec en français, mais dont la forme antique pâlit devant celle d’André Chénier comme un poncif pâlit devant la vie, Fénelon n’a vraiment de talent personnel et incontestable que dans son Existence de Dieu, le plus éloquent fragment de métaphysique qu’on ait écrit, et ses Lettres spirituelles, ses œuvres de conseil et de direction.

465. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Charles Barbara » pp. 183-188

Trop exigeant et trop véritablement romancier pour se livrer à la douce commodité d’une monographie personnelle, Barbara a délaissé ce moyen psychologique et facile d’exposer par l’analyse ce qu’on ne sait pas montrer autrement : par l’action.

466. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Quant au reproche adressé à Pelham par les critiques anglais pour la sympathie personnelle qu’il nous inspire, je suis loin de l’adopter. […] On est presque tenté d’imputer à sa moralité personnelle les inventions de sa fantaisie. […] On espère toujours découvrir que le meurtre commis par Eugène Aram pourra s’expliquer par l’amour, la jalousie, la vengeance, la défense personnelle, un accident imprévu et fatal. […] Mais à coup sûr le modèle que l’élève de Rubens nous a transmis n’a pas volontairement livré au pinceau du peintre le secret de ses gestes et de sa nature intime et personnelle. […] Ce doit être une femme d’une sensibilité vive, mais qui de bonne heure aura eu la direction personnelle de ses actions.

467. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Non que, sur les sujets des disputes entre les hommes, Quintius n’eût sa manière de voir personnelle. […] Guizot, non comme à un chef infaillible, mais comme au plus sûr qu’offrît le personnel des hommes d’État d’alors aux députés conservateurs. […] Thiers vous demande, comme un service personnel, de faire le sacrifice. […] Je ne veux montrer, dans ces quelques pages sur Pasteur, que ce que j’ai vu de sa méthode de travail, et ce que je lui ai d’obligation personnelle comme écrivain. […] Sa famille personnelle et sa famille universitaire s’apercevaient que le vaillant lutteur avait sa récompense, et que la science venait de faire une conquête de plus.

468. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Et l’on pourrait ajouter que, des deux grandes sections du personnel critique, l’une, celle des professeurs, est préposée à l’inventaire du passé, l’autre, celle des journalistes, au discernement du présent. […] Mais la vérité, c’est que la critique des ouvrages du passé et celle des ouvrages du présent ne mettent pas en jeu le même appareil, le même mécanisme, ne demandent pas les mêmes qualités, ne sont pas en général pratiquées avec succès par le même personnel. […] Le personnel des bureaux s’indigne volontiers d’être gouverné par un personnel d’avocats, d’hommes politiques incompétents, qui se partagent au petit bonheur des portefeuilles auxquels tout le monde est bon, et que flanque un personnel, non moins suffisant ni moins insuffisant, de gens de cabinet. […] Il n’est pas mauvais que la critique des journaux et la critique de la chaire soient exercées par deux personnels différents. […] Nous avons ainsi sur Rousseau, Chateaubriand ou Hugo un certain nombre de vues partielles et partiales, inexactes en tant que l’équation personnelle du critique vient dénaturer celle de l’artiste, exactes d’un certain biais parce que ces équations personnelles des critiques se corrigent les unes par les autres, entretiennent en somme autour de chaque œuvre l’atmosphère de dialogue socratique, les jeux d’ombre et de lumière, de soleil et de feuillage, les nuances et les palpitations vivantes d’une création continuée.

469. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

je sens que je glisse encore dans cette « critique personnelle » qu’on m’a tant reprochée ; mais qu’y faire ?) […] Cela est peut-être aussi beau et aussi rare que d’avoir beaucoup d’idées personnelles qui se contrarient. […] À le bien prendre, il n’a point de haines personnelles, et ce n’est pas uniquement parce qu’il le dit que je le crois. … Quant aux haines personnelles, je les ignore. […] Entre les écrivains qui comptent, Veuillot me paraît celui qui est le mieux dans la tradition de la langue, tout en restant un des plus libres, des plus personnels.

470. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Je regrette que la famille n’ait pas fait imprimer après sa mort un de ces carnets personnels. […] Une telle absence de soins personnels est un manque de respect non seulement envers soi, mais envers les autres. […] Iphigénie finit par être considérée par ses admirateurs comme une œuvre absolument personnelle. […] Quelles furent ses idées personnelles ? […] A ces attrayants sujets de conversation l’héroïque explorateur ajouta le charme de ses souvenirs personnels.

471. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Jules Sandeau » pp. 322-326

À travers les charmants et bien mérités éloges auxquels prêtait ce genre de réponse toute personnelle, j’ai regretté, je l’avoue, de rencontrer deux ou trois traits piquants qui visaient au-delà, qui semblaient s’adresser à de grands talents placés hors de la sphère et de la portée académique60.

472. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Appendice] » pp. 417-422

Il y a plusieurs circonstances et applications personnelles qui faisaient tout l’agrément de ces petits ouvrages poétiques ; ces sortes d’idées sont effacées, et j’abandonne sans peine ces vers que j’ai oubliés à qui les voudra.

473. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de Dampmartin, Maréchal de camp »

Quand elle eut été sincèrement attachée à ses chefs par des affections personnelles, par une discipline équitable et douce, ou par des souvenirs de victoires, il est difficile encore de penser que ses rangs fussent longtemps demeurés impénétrables aux sentiments d’une population parmi laquelle elle vivait, se recrutait incessamment, et devait rentrer un jour.

474. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires relatifs à la Révolution française. Le Vieux Cordelier, par Camille Desmoulins ; Les Causes secrètes ou 9 thermidor, par Villate ; Précis du 9 thermidor, par Ch.-A. Méda, Gendarme »

C’était la première fois que ce parti parlait de modération et de fatigue ; Danton et ses chefs ne l’y avaient pas accoutumé ; jusqu’alors, pleins de passions et d’audace, ils n’avaient reculé devant aucune exagération, faibli devant aucune violence, s’ils l’avaient jugée nécessaire ; la morale, selon eux, se taisait dans les grandes affaires de la politique ; et récemment, sans haine personnelle contre les Girondins, ils avaient coopéré à leur ruine, parce que leur existence les gênait.

475. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

  Ces divers déboires avaient aigri un caractère naturellement ombrageux et personnel.

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