Le besoin ou la passion du gain détournera donc l’homme de lettres de composer des ouvrages solides mais sérieux, que cinq cents personnes comprennent et achètent, et qui n’en sont pas moins quelquefois le flambeau où toute une époque emprunte de proche en proche sa lumière. S’ils se publient dans les conditions ordinaires, ces importants ouvrages, pressentant peu d’acheteurs, s’établiront à très haut prix, ce qui les rendra moins accessibles encore : l’effet, comme toujours, réagira sur sa cause et en doublera l’énergie. […] Mais, comme l’a très bien dit La Bruyère, « il est plus difficile de se faire un nom par un ouvrage excellent que de faire valoir un ouvrage médiocre par le nom qu’on s’est déjà acquis ». […] Leurs livres n’étaient que la meilleure partie de leur âme ; ils vivaient leurs ouvrages avant de les écrire. […] Si les membres de l’Académie, en raison des circonstances, ne peuvent honorer de leur présence cette solennité, ils sont priés de s’y faire représenter au moins par l’envoi de quelques ouvrages et de quelques mémoires.
Il est épris de la noble gloire et des luttes généreuses d’un Cicéron ; il se nourrit sans cesse de l’esprit et des ouvrages de « ce grand auteur », qu’il appelle « toute une bibliothèque de raison et d’éloquence ». […] Avant d’avoir terminé son ouvrage, il était en état d’en juger les imperfections et les vides : « La découverte de ma propre faiblesse, dit-il, fut mon premier symptôme de goût. » Mais le grand fait, l’accident mémorable du séjour de Gibbon à Oxford, est sa conversion passagère à la religion catholique. […] Un des morceaux enfin dont on se souvient, et qu’on a souvent cité, est celui où Gibbon, venant de terminer à Lausanne dans son jardin les dernières lignes de sa grande Histoire, pose la plume, fait quelques tours dans son berceau d’acacias, se prend à regarder le ciel, la lune alors resplendissante, le beau lac où elle se réfléchit, et à dire un adieu mélancolique à l’ouvrage qui lui a été, durant tant d’années, un si bon et si agréable compagnon. […] Durant ce séjour à Buriton, il prend possession de la bibliothèque de son père, qui était d’abord bien inégalement composée ; il l’accroît, il l’enrichit avec soin, et en forme par degrés une collection à la fois considérable et choisie, « base et fondement de ses futurs ouvrages, et qui deviendra désormais la plus sûre jouissance de sa vie, soit dans sa patrie, soit à l’étranger ». […] Aussi lui conseilla-t-il de composer cet ouvrage : « Da facilem cursum, atque audacibus annue coeptis… » L’idée, on le voit, est ingénieuse, et, même sans être autre chose qu’une conjecture, elle mérite qu’on lui sourie.
Un jour, par exemple, chez Mme de Coulanges, il se décida à lire à quelques élus, à trois ou quatre personnes en tout, un ouvrage qu’il avait composé : C’est un précis des Pères, écrit Mme de Coulanges, qu’on dit être la plus belle chose qui ait jamais été. Cet ouvrage ne verra jamais le jour, et ne sera lu que cette fois seulement de tout ce qui sera chez moi ; je suis la seule indigne de l’entendre ; c’est un secret que je vous confie au moins. […] La Bruyère a très finement touché ce coin singulier, et ce travers d’être en tout l’opposé du commun des mortels, dans le portrait qu’il a donné de Tréville sous le nom d’Arsène (chapitre « Des ouvrages de l’esprit ») : Arsène, du plus haut de son esprit, contemple les hommes, et, dans l’éloignement d’où il les voit, il est comme effrayé de leur petitesse : loué, exalté et porté jusqu’aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s’admirer réciproquement, il croit, avec quelque mérite qu’il a, posséder tout celui qu’on peut avoir, et qu’il n’aura jamais : occupé et rempli de ses sublimes idées, il se donne à peine le loisir de prononcer quelques oracles : élevé par son caractère au-dessus des jugements humains, il abandonne aux âmes communes le mérite d’une vie suivie et uniforme, et il n’est responsable de ses inconstances qu’à ce cercle d’amis qui les idolâtrent ; eux seuls savent juger, savent penser, savent écrire, doivent écrire… À l’heure dont nous parlons, Tréville n’avait point encore eu d’inconstance proprement dite, mais une simple conversion ; seulement il l’avait faite avec plus d’éclat et de singularité peut-être qu’il n’eût fallu et qu’il ne put le soutenir : il avait couru se loger avec ses amis du faubourg Saint-Jacques, il avait rompu avec tous ses autres amis ; il allait refuser de faire la campagne suivante sous les ordres de Louis XIV : « Je trouve que Tréville a eu raison de ne pas faire la campagne, écrivait un peu ironiquement Bussy : après le pas qu’il a fait du côté de la dévotion, il ne faut plus s’armer que pour les croisades. » Et il ajoutait malignement : « Je l’attends à la persévérance. » Tel était l’homme dont la retraite occupait fort alors le beau monde, lorsque Bourdaloue monta en chaire un dimanche de décembre 1671 et se mit à prêcher Sur la sévérité évangélique : il posait en principe qu’il faut être sévère, mais que la sévérité véritablement chrétienne doit consister, 1º dans un plein désintéressement, un désintéressement même spirituel et pur de toute ambition, de toute affectation même désintéressée ; — 2º qu’elle doit consister dans une sincère humilité, et 3º dans une charité patiente et compatissante. […] Car La Bruyère, en parlant de Tréville d’une manière si serrée et si incisive, semble avoir quelque chose de particulier à venger sur lui : on dirait qu’il a appris que ce juge dégoûté des ouvrages de l’esprit a ouvert un jour une des premières éditions des Caractères et a jeté le livre après en avoir lu quelques pages, en disant : « N’est-ce que cela ? […] [NdA] Voici ce passage où je conjecturais qu’il pouvait bien être fait allusion aux Contes de La Fontaine : « Paraît-il un livre diabolique qui révèle ces mystères d’iniquité, c’est celui que l’on recherche. » Mais, en y réfléchissant, il me paraît bien plus probable qu’il s’agissait de quelque autre ouvrage plus raffiné, peut-être de l’Aloisia, dont la publication coïncide assez bien avec la date probable de ce sermon, et que semblait également avoir en vue le chanoine Maucroix, l’ami de La Fontaine, quand il écrivait en février 1682 à un autre chanoine de Reims : « Oh !
Votre ouvrage est un chef-d’œuvre ; les Quatre Saisons et le quinzième chapitre de Bélisaire sont deux morceaux au-dessus du siècle. Ce n’est pas que je les mette à côté l’un de l’autre… Et le 4 avril : Quand je vous dis que votre ouvrage est le meilleur qu’on ait fait depuis cinquante ans, je vous dis vrai. […] Je ne peux ici entrer dans aucun détail, parce que votre ouvrage court tout Genève, et qu’on ne le rend point ; mais soyez très certain que c’est le seul de notre siècle qui passera à la postérité, parce que le fond en est utile, parce que tout y est vrai, parce qu’il brille presque partout d’une poésie charmante, parce qu’il y a une imagination toujours renaissante dans l’expression… Et plusieurs années après (1er septembre 1773) : Je fus certainement l’avocat d’une cause gagnée quand je fus si charmé du poème des Saisons : soyez sûr que cet ouvrage restera à la postérité comme un beau monument du siècle. […] le plat ouvrage !
Il écrivait beaucoup, et les papiers qu’on a de lui sont considérables ; entre autres ouvrages, il a laissé un livre de Considérations sur le gouvernement de la France, qui a circulé longtemps et a été lu en manuscrit avant d’être imprimé. Voltaire, qui en avait pris connaissance dès l’année 1739, l’appelait un « ouvrage d’Aristide », et Rousseau, qui s’en autorisa plus tard dans son Contrat social, a dit : « Je n’ai pu me refuser au plaisir de citer quelquefois ce manuscrit, quoique non connu du public, pour rendre honneur à la mémoire d’un homme illustre et respectable qui avait conservé jusque dans le ministère le cœur d’un vrai citoyen, et des vues droites et saines sur le gouvernement de son pays. » M. d’Argenson n’était pas encore ministre lorsqu’il composa cet ouvrage, et il était sorti du ministère lorsqu’il le revit pour y mettre la dernière main. […] Barbier, le volumineux recueil des manuscrits de d’Argenson, et en ayant étudié avec soin une partie, j’ai pu m’assurer que les ouvrages qui sont imprimés ne nous le présentent que d’une manière très incomplète ; qu’il n’existe aucune édition exacte et fidèle de l’ouvrage qu’on a intitulé : Considérations, et que l’auteur désignait lui-même sous un autre titre ; que les autres morceaux plus littéraires ou personnels qu’on a donnés au public ont été remaniés, arrangés, affaiblis toujours, soit par M. de Paulmy, soit par M.
Si épaisse que soit la foule, c’est une manière sûre de faire sa trouée et que bientôt chacun dise en vous montrant du doigt : « En voilà un de vraiment nouveau. » Le premier ouvrage de M. […] Rigault nous donnait un ouvrage de littérature sur les anciens et les modernes, où l’origine du travail est entièrement dissimulée ; il est besoin de savoir qu’il y a eu là-dessus débat, conflit, soutenance en Sorbonne, comme disent les gens du métier ; à simple lecture on ne s’en douterait pas. […] Il termine son ingénieux essai par une conclusion expresse : il a voulu prouver que l’ouvrage de La Fontaine n’était, dans le détail, que la pratique de certaines règles, de deux règles principales ; il énumère et résume ce qu’il a démontré successivement pour toutes les parties, et il conclut par donc, comme dans un syllogisme. […] J’ai hâte d’arriver au second ouvrage de M. […] tout ce qui est humain disparaît ; villages, enclos, cultures, on dirait des ouvrages de fourmis.
Ce qui manque, c’est du calme et de la fraîcheur, c’est quelque belle eau pure qui guérisse nos palais échauffés. » Cette qualité de fraîcheur et de délicatesse, cette limpidité dans l’émotion, cette sobriété dans la parole, ces nuances adoucies et reposées, en disparaissant presque partout de la vie actuelle et des œuvres d’imagination qui s’y produisent, deviennent d’autant plus précieuses là où on les rencontre en arrière, et dans les ouvrages aimables qui en sont les derniers reflets. […] Eugène de Rothelin, publié en 1808, paraît à quelques bons juges le plus exquis des ouvrages de Mme de Souza, et supérieur même à Adèle de Sénange. […] Après Eugène de Rothelin, nous avons à parler encore de deux romans de Mme de Souza, plus développés que ses deux précédents chefs-d’œuvre, et qui sont eux-mêmes d’excellents ouvrages, Eugénie et Mathilde et la Comtesse de Fargy. […] Mme de Nançay a vécu aussi, contrariante et bonne, et qu’avec un peu d’adresse on menait sans qu’elle s’en doutât : « Mme de Nançay rentra chez elle disposée à gronder tout le monde ; elle n’ignorait pas qu’elle était un peu susceptible, car dans la vie on a eu plus d’une affaire avec soi-même, et si l’on ne se connaît pas parfaitement, on se doute bien au moins de quelque chose. » Eugénie et Mathilde, que nous avons déjà beaucoup cité, est le plus long et le plus soutenu des ouvrages de l’auteur, toujours Eugène et Adèle à part. […] — Une épigraphe d’un style injurieux lui ayant été attribuée par mégarde dans un ouvrage assez récent, Mme de Souza écrivit ce modèle de rectification où l’on reconnaît tout son caractère : « M...
Considérant Voltaire de loin et d’après ses seuls ouvrages, l’embrassant avec cet enthousiasme de la jeunesse qu’il est honorable d’avoir ressenti au moins une fois dans sa vie, Frédéric le proclame l’unique héritier du grand siècle qui vient de finir, « le plus grand homme de la France et un mortel qui fait honneur à la parole ». […] On aime à rencontrer, au milieu des fadeurs et des exagérations parfois ridicules de ce début de correspondance, plus d’un de ces endroits où perce déjà le roi futur, l’homme supérieur qui, bien qu’il ait la fureur de rimer et de produire ses premiers ouvrages, saura en triompher par une passion plus haute, et qui ne sera jamais un rhéteur sur le trône. […] Sur Jean-Jacques, par exemple : « Le roi parle, ce me semble, très bien sur les ouvrages de Rousseau ; il y trouve de la chaleur et de la force, mais peu de logique et de vérité ; il prétend qu’il ne lit que pour s’instruire, et que les ouvrages de Rousseau ne lui apprennent rien ou peu de chose. » Avec d’Alembert, dont il apprécia tout d’abord le caractère estimable, Frédéric se montre purement en philosophe ; on le voit tel qu’il aurait aimé à être dans la seconde moitié de sa vie, quand la goutte et l’humeur ne l’aigrissaient pas trop, et s’il avait eu autour de lui quelqu’un de digne avec qui s’entendre : « Sa conversation roule tantôt sur la littérature, tantôt sur la philosophie, assez souvent même sur la guerre et sur la politique, et quelquefois sur le mépris de la vie, de la gloire et des honneurs. » Voilà le cercle des sujets humains qu’il aimait à traiter habituellement, sincèrement, et en moralisant toujours ; mais la littérature et la philosophie étaient encore ce dont il aimait à causer par-dessus tout pour se détendre, quand il avait fait son métier de roi. […] Je n’ai pas daigné lire tous ces ouvrages de la haine et de l’envie de mes ennemis, et je me suis rappelé cette belle Ode d’Horace : Le sage demeure inébranlable… Et il continue de lui paraphraser le « Justum et tenacem… » On reconnaît dans cette admirable leçon le disciple de Bayle sur le trône.
Trois hommes, dans le dernier tiers du xviiie siècle, se distinguèrent comme à l’envi l’un de l’autre par un esprit fin, piquant, satirique, moqueur, et donnèrent en même temps des preuves d’un esprit sérieux ; ce furent Chamfort, dont nous parlions la dernière fois, Rivarol, dont nous parlerons peut-être un jour, et Rulhière, dont quelques ouvrages intéressants sont restés, dont on a retenu quelques jolies pièces de vers, et qui mérite certainement une étude. […] Vers l’année 1770, il était tout à fait en vogue par deux ouvrages de genre différent, mais qui tenaient à une même nature d’esprit, par ce récit anecdotique de la Révolution de Russie et par un discours en vers sur Les Disputes. […] Domergue, me rend perplexe à cet égard. » — « Comme il vous plaira, monsieur, comme il vous plaira ; bonsoir. » Toute cette scène est très agréablement contée ; elle fait plus d’honneur pourtant à l’esprit de Rulhière qu’à son cœur, et lui-même il nous apparaît en tout ceci comme un homme qui cherche partout trop visiblement des traits et des embellissements pour l’ouvrage qu’il compose. […] « Les gens d’esprit se permettent quelquefois des bons mots, disait-il, mais il n’y a que les sots qui fassent des méchancetés. » Plus de quinze ans s’étaient écoulés depuis la mort de Rulhière, lorsqu’en 1806 Napoléon, ayant formé des desseins sur la Pologne et contre la Russie, crut utile à ses vues de faire publier l’ouvrage manuscrit qu’avait laissé Rulhière, et qui avait pour titre : Histoire de l’anarchie de Pologne et du démembrement de cette république. […] Toute la composition de son ouvrage se ressent de ce premier manque de point de vue.
Vers ce temps, le jeune élève, ou qui cessait à peine de l’être, fut accusé d’une action odieuse qu’on a souvent réveillée contre lui : il eut l’imprudence de faire, en société avec quelques-uns de ses camarades, plusieurs couplets contre divers membres du collège d’Harcourt ; mais ce n’était « ni contre ses maîtres ni contre ses bienfaiteurs », assure Boissy d’Anglas : « Cette plaisanterie était l’ouvrage de plusieurs jeunes gens, et M. de La Harpe fut le seul puni parce qu’il était pauvre, sans appui, sans état, sans protecteur, et parce qu’il eut le courage de garder à ses compagnons le secret le plus inviolable. » Ce récit, qui est selon la vraisemblance, réduit cette peccadille de jeunesse à sa juste proportion. […] Son premier ouvrage dans ce genre fut un succès. […] Je dis cela de tous les ouvrages de La Harpe en vers, soit qu’ils s’intitulent Warwick ou Mélanie, soit même qu’ils aient, comme dans Philoctète, une intention de goût plus sévère, mais à laquelle la vraie simplicité savante a manqué ; soit que l’auteur se joue d’un air plus léger, et qui vise au gracieux, dans des poèmes tels que Tangu et Félime, genre de poésie dans lequel Voltaire est à la fois, chez nous, le seul maître et le seul supportable ; car on ne peut lire que lui. […] Il était coutumier de ce fait de louange sur ses propres ouvrages. […] Je ne lui connais plus, à présent, qu’un seul ennemi, c’est le public en corps qui se réunit en ce seul point, et qui ne veut ni écouter ses apologies ni lire ses ouvrages.
Édelestand du Méril, l’auteur très connu en Allemagne, à peu près inconnu en France, de la Poésie scandinave, des Essais philosophiques sur les formes et sur le principe de la versification en Europe et sur la formation de la langue française, et d’une foule d’ouvrages philologiques d’une érudition très vaste et très sûre, est un des plus acharnés travailleurs de ce siècle, qui se vante de ses travailleurs ! […] Dès les premières lignes de son ouvrage, en effet, Édelestand du Méril a classé, avec la prestesse du coup d’œil le plus net et le plus agile, les travaux insuffisants de ses devanciers sur la question de la comédie, et fait pressentir, par la manière dont il en parle, la supériorité des siens. […] Je n’en étais pas sûr avant d’avoir lu ce premier volume de l’ouvrage d’Édelestand du Méril, mais comment en douter après ce livre, qui va faire autorité désormais, après ce vigoureux coup de râteau jeté sur ce que l’auteur appelle « l’époque primitive de la comédie », et qui, passant sur la Chine, les Indes et les îles de la Grèce, ne nous ramène qu’Aristophane ! […] Quant à moi, je n’ai pas la prétention de faire connaître dans un chapitre un ouvrage qu’il faut lire tout entier, mais d’en faire venir seulement l’envie à ceux qui ne le connaissent pas. […] Il nous avait donné la mesure de ce que seraient les autres et de ce que serait l’ouvrage intégral, qui, dit-on, sera de quatre à cinq volumes.
Il avait été enfanté à la métaphysique et à la théologie par le fameux et excellent abbé Noirot, l’adroit et subtil accoucheur d’esprits, un abbé Socrate qui a toujours mieux aimé, disait le professeur Cousin, faire des hommes que des livres, et Saint-Bonnet fut son meilleur ouvrage, l’ouvrage qu’on se permet une fois, et qu’on ne recommence jamais ! […] Eh bien, malgré tous ces travaux, malgré tous les titres à l’éclat et à la célébrité, Blanc Saint-Bonnet a si peu la place à laquelle il a vraiment droit dans la préoccupation de son temps, qu’un critique catholique très renseigné, très consciencieux, et animé toujours des sentiments les plus nobles, appela un jour l’Affaiblissement de la Raison, cette brochure sur l’enseignement de la plus magnifique portée, et que Saint-Bonnet écrivit en se jouant dans l’entre-deux de ses autres ouvrages : « un livre tulipe », pour en exprimer la rareté, sans doute, — le croyant rare, ce livre, parce qu’il ne le connaissait pas ! […] Il faut savoir comme il le prouve et comme il le décrit, dans la partie de son ouvrage qu’il intitule : La métaphysique de la douleur dans le temps… ! J’ai dit plus haut que cet ouvrage devait faire comprendre la douleur et l’accepter, mais ce n’était pas assez dire.
Le Play, en rassemblant les éléments du problème social qu’il avait dès lors en vue, a fait un premier ouvrage qui, sans parti pris, est un modèle et qui devrait être une leçon pour tous les réformateurs, en leur montrant par quelle série d’études préparatoires, par quelles observations et comparaisons multipliées il convient de passer avant d’oser se faire un avis et de conclure. […] Mais le génie, en tout, a devancé la méthode ; il a eu des aperçus, des lueurs perçantes : le hasard a présidé aux plus beaux ouvrages. […] Ces idées qu’il jetait à l’état de questions, à la fin de son premier ouvrage, montraient que le second était déjà en germe dans son esprit. […] Le Play provoquait également, dans les conclusions de son premier ouvrage, la formation d’une Société internationale, ayant pour objet d’observer et de décrire à son exemple dans tous les pays du monde les faits sociaux, et particulièrement ceux qui intéressent les diverses classes et familles d’ouvriers, cette observation positive et dégagée de tout système devant suggérer à sa suite des mesures spéciales et pratiques de conservation et de réforme que la théorie toute seule ne découvrirait pas.
J’ai toujours été persuadé, mon Révérend Père, qu’on ne risque rien à vous louer beaucoup, et que les effets ne peuvent que faire honneur à mon jugement quand votre ouvrage paraîtra. […] Il est très-capable de réussir dans un pareil ouvrage, et de nous donner une belle histoire revêtue de tous les agréments de la diction. » Puis, le comparant à Voltaire qui est en train de composer son Siècle de Louis XIV, et qu’il nous représente comme un jeune homme maigre, qui paraît attaqué de consomption , l’honnête Jordan souhaite à l’un plus de santé et à l’autre plus d’aisance. […] Il suffirait, pour combattre le mauvais effet des paroles de Collé, et pour prouver que Prevost resta digne jusqu’à la fin de la société des honnêtes gens, d’opposer le témoignage de Jean-Jacques, qui, dans ses Confessions (partie II, livre VIII), parle de l’abbé qu’il avait beaucoup vu, comme d’un homme très-aimable, très-simple ; Jean-Jacques seulement ajoute qu’on ne retrouvait pas dans sa conversation le coloris de ses ouvrages. […] C’est dans ses ouvrages (et je l’ai fait ailleurs) qu’il convient de prendre une entière et véritable idée de son esprit et de son âme.
Puis, la théorie explique Pradon et Racine : elle explique même, je le veux bien, pourquoi Racine, helléniste, janséniste, a mis dans son œuvre ce que Pradon, ignorant et galant, ne mettait pas dans la sienne ; mais la différence d’intensité, d’énergie dans les esprits, de beauté dans les ouvrages, d’où vient-elle ? […] Dans Tennyson entre en composition l’Anglo-Saxon, dont la formule a été fixée au début de l’ouvrage ; et cette formule s’est retrouvée à chaque siècle comme élément de tous les écrivains. […] D’un cours fait en 1837 à Lausanne sortit l’Histoire de Port-Royal (1840-1860) ; d’un cours professé à Liège en 1848, l’ouvrage intitulé Chateaubriand et son groupe littéraire (1860). […] Outre les ouvrages que je nomme ci-dessous, il a écrit son Voyage aux Pyrénées (1855), ses études sur les Philosophes français du xixe siècle (1855-56), sa Vie et opinions de Thomas Graindorge (1863-65), ses Notes sur l’Angleterre (1872).Éditions : Hachette, in-18 : De l’lntelligence, 2 vol ; Littérature anglaise, 5 vol. ; Philosophie de l’art, 2 vol. ; Essais de critique et d’histoire, 1 vol. ; Nouveaux Essais, 1 vol. ; Derniers Essais, recueil posthume, 1894, 1 vol. ; Origines de la France contemporaine, 7 vol. in-8 (Ancien Régime, 1 vol ; Révolution, 3 vol. ; Empire, 2 vol.)
Il trouva la poësie scandaleuse, s’appliqua fortement à la décrier, & donna un ouvrage dans lequel il la maintenoit non seulement inutile, mais très-dangereuse. […] Il en fit passer les principes & les preuves dans un ouvrage intitulé, Nouvelles réflexions sur l’art poëtique. […] Cet écrivain, dont les ouvrages respirent la religion, qui n’a jamais presque chanté qu’elle & les dogmes de la grace, prétend que les fables ne sont qu’un abus de la poësie ; qu’elle a dégénéré du moment qu’elles ont commencé d’être de mode, en Egypte, dans la Grèce, en Italie, chez les Gaulois, & même chez les peuples de la Chine & de l’Amérique. […] Je doute qu’un poëte épique réussît aujourd’hui s’il en usoit autrement, s’il introduisoit, dans un long ouvrage, les dieux & les déesses, & toutes les idées mythologiques, quelque sage que fût d’ailleurs l’ordonnance du poëme.
Dans le seizième siècle surtout, on vit naître une foule d’ouvrages destinés à conserver les noms de tous les Italiens célèbres. […] Mais les vrais monuments de la gloire de Michel-Ange sont ses ouvrages, et surtout la fameuse coupole de Saint-Pierre. […] Comme tous les droits des citoyens y sont fixés, le bonheur dont on y jouit paraît être l’ouvrage, non d’un homme, mais de la loi. […] Comme cet ouvrage est peu connu parmi nous, qu’il me soit permis d’en citer la fin.
Nous aimons de tels ouvrages, parce que, s’il en naissait beaucoup de cette sorte dans des rangs qui ne sont pas les nôtres, ce serait une preuve qu’après bien des luttes et des déceptions cruelles, et même avec des dissidences d’affection persistantes, les générations nouvelles pourraient enfin s’entendre sur le terrain d’une vraie et pratique liberté. […] Ce sentiment contradictoire entre lui et nous, qui affecte le ton général de l’ouvrage et perce en mille détails, n’est pas fondamental pourtant, puisqu’il n’empêche pas sa raison de rencontrer aux endroits capitaux la nôtre ; mais nous en avertissons expressément, parce que des lecteurs peu attentifs pourraient prendre le change et repousser à première vue, sur quelques mots blessants, un livre où il y a beaucoup à gagner pour toutes les classes d’esprits sérieux et sincères. […] Quand il veut apprécier le talent ou la portée des journalistes, ou orateurs libéraux, les expressions de vulgaire, de médiocre, et autres duretés rapetissantes, tombent volontiers sur des noms qui, rencontrés en leur lieu, méritent plutôt des témoignages d’estime, et les recherches délicates de la louange vont particulièrement chercher des hommes ou des ouvrages d’une portée assez contestable, comme lorsque M. de Carné vante beaucoup trop, selon nous, cette Histoire de l’Expédition d’Espagne, par M. de Martignac.
Je ne me déplairai pas six mois devant mon ouvrage… il y a pourtant un ciseau, des beautés, de la peau, de la chair dans cette insipide figure ; elle est faite largement ; il y a de la souplesse, du sentiment, de la vie. […] Ouvrage commun dans toutes ses parties. […] Laissez à notre imagination le soin de baptiser vos ouvrages, elle s’en acquittera bien.
Cochin, plus adroit, m’a écrit que chacun jugeait par ses yeux, et que l’ouvrage qu’il avait couronné lui montrait plus de talent. […] D’autres ont avoué que le bas-relief de Milot était excellent à la vérité, mais que Moette était plus habile ; et on leur a demandé à quoi bon le concours si on jugeait la personne et non l’ouvrage. […] Alors le père se tournant vers les académiciens, ses confrères, leur dit : il a fait un sot ouvrage, et il n’a pas le courage de le retirer.
Ernest Charrière l’injure de penser qu’il n’a compris que le mot à mot de l’auteur russe qu’il vient de traduire et que le sens et le caractère de l’ouvrage d’Yvan Tourgueneff lui ont complètement échappé. […] Charrière — est devenu dans notre traduction les Mémoires d’un seigneur russe, c’est pour prendre avec ce titre le caractère du témoignage de l’aristocratie russe sur la situation du pays qu’elle domine. » Aveu plus forcé que naïf, et qu’il fallait bien faire tout d’abord pour expliquer ce changement de titre qu’on ose se permettre, mais qu’on expie presque immédiatement par un embarras qui commence : « Quelques fragments de cet ouvrage — ajoute le traducteur — avaient paru dans un journal de Moscou et frappé l’attention, quoique venant d’une plume inconnue et qui n’avait pas fait ses preuves devant le public… On était loin de prévoir l’impression que devait produire la réunion de ces morceaux, lorsque ayant été mis en volume et complétés dans leur ensemble, on put saisir la donnée supérieure qui s’en dégageait et qu’on vit s’y manifester la pensée intime de l’auteur ou plutôt l’inspiration sociale à laquelle il avait involontairement cédé… » Certes ! […] Ces Mémoires qui révèlent la Russie à elle-même, et qui sont , dit l’introduction avec l’enflure des joues d’un sonneur de trompe, un de ces ouvrages hardis et venus à propos qui agissent fortement sur les idées d’un peuple et prennent date dans son histoire , méritent fort peu ce grand fracas, et s’ils prennent date quelque part, ce ne sera pas dans l’histoire des mœurs et des institutions de la Russie, mais dans la belle histoire aux pages vastes et vides de la littérature Russe ; car ces Mémoires étincellent d’un talent très vif, et le talent littéraire, comme on le sait, ne neige point là-bas14… Seulement, hors cela, — le talent littéraire que nous allons tout à l’heure mesurer, — il n’y a réellement pas dans le livre d’Yvan Tourgueneff de quoi justifier les illusions de son enthousiaste traducteur.
Cette partie de son ouvrage m’a rappelé d’anciens livres oubliés, ou connus seulement de ceux qui, dans leur bibliothèque et sur les rayons des moralistes, ne s’en tiennent pas à la première rangée : c’est ainsi qu’au XVIIe siècle l’abbé de Bellegarde, par exemple, écrivait sur la Politesse ou sur le Ridicule ; que l’abbé Goussault, conseiller au Parlement, écrivait son Portrait d’une femme honnête et celui d’un Honnête homme. L’ouvrage de M. de Latena, avec plus d’élévation, appartient à cette branche d’écrits estimables et qui laissent après eux un bon témoignage de l’art moyen d’une société.
Que d’ouvrages originaux a rassembler et à compulser tout d’abord ! […] Un ouvrage, un auteur ne peuvent être compris isolément.
On peut en juger par Rodomont, qui lui valut huit mille écus de la part de Charles IX, & qui n’est pas son meilleur Ouvrage. […] Un Auteur de son temps fit contre lui un Ouvrage intitulé la Rencontre des Muses, où il prétendoit que Desportes avoit tiré des Italiens tout ce qu’il y avoit de bon dans ses Poésies.
Il est fâcheux, après cela, que la monotonie trop continue du style, qu’une narration lente & trop timide, affoiblissent, en quelque sorte, aux yeux des Lecteurs délicats, le mérite de cet excellent Ouvrage. […] Nous avons encore de M. l’Abbé Fleury plusieurs Ouvrages estimés, dont les plus connus sont ceux qui ont pour titre : Mœurs des Israélites, & Mœurs des Chrétiens.
Son début dans la carriere poétique fut marqué par des prix remportés dans différentes Académies ; ce qui prouveroit peu en faveur de sa Muse, sans les autres Ouvrages de Poésie qu’il a composés. […] Cet Ouvrage, entre les mains de M. de Voltaire, est devenu, malgré sa médiocrité, une mine féconde, dont il a su tirer un grand parti.
Semblable à ces femmes qui faisoient profession de pleurer aux funérailles des Anciens, & qui regrettoient avec de grands cris ceux même qu'elles n'avoient jamais vus, l'Eloquence gémit indistinctement sur toute sorte de tombeaux, &, confondant le Génie dans la médiocrité, veut quelquefois consacrer à celle-ci des monumens dont on a privé jusqu'à ce jour la cendre des Corneille & des Racine, &c. » * Au reste, l'Histoire de Pologne passe pour le meilleur Ouvrage de M. de Solignac, & seroit une excellente Histoire aux yeux de tout le monde, si le naturel, la simplicité & la correction étoient les seules qualités qu'on dût exiger d'un Historien ; mais ces qualités, pour être précieuses, ne sont pas les seules nécessaires, & malheureusement M. […] Outre l'Eloge de M. le Chevalier de Solignac, M. l'Abbé Ferlet a publié d'autres Discours, qui lui donnent le droit de figurer parmi les Littérateurs de nos jours qui ont cultivé l'Eloquence avec une sorte de distinction : tel est celui où il examine le bien & le mal que le commerce des femmes a faits à la Littérature, & qui a mérité le prix de l'Académie de Nancy ; tel est encore son Discours sur l'abus de la Philosophie par rapport à la Littérature, Ouvrage dont l'élocution se ressent un peu de la jeunesse de l'Auteur, mais dont les vûes & les principes annoncent un esprit vraiment éclairé & capable d'éclairer les autres.
Les Ouvrages de M. […] Nos demi-Beaux-Esprits & nos quarts de Philosophes peuvent me ridiculiser tout à leur aise : un suffrage aussi désirable que le vôtre, à tous égards, & sur-tout pour l'Ouvrage en question, acheve de m'en consoler pleinement.
Homère s’étoit rendu à Phocée, après avoir parcouru la plus grande partie de la Grèce, récitant de ville en ville ses ouvrages, & trouvant, selon quelques-uns, par ce moyen, celui de subsister. […] Il ne se consola jamais du vol de son plus bel ouvrage ; & la douleur de ne pouvoir confondre la perfidie de Thestorides le conduisit au tombeau, plus que l’âge, les infirmités & l’extrême misère.
Le Père Bouhours publie ses Dialogues sur la manière de bien penser dans les ouvrages de l’esprit. […] Nul ouvrage n’a fait plus de bruit en son temps ni apporté plus d’aide au parti du libertinage. […] Les Ouvrages de controverse comprennent : 1º Les ouvrages Contre les protestants, dont les principaux sont : l’Exposition de la doctrine de l’Église catholique en matière de controverse, 1671 ; — la Conférence avec M. […] 3º Les ouvrages relatifs à la Question Gallicane, presque tous composés en latin. […] VII, VIII, IX, X, XI]. — Le tome XII contient une bonne Revue des ouvrages de Fénelon ; — et les Tables des trente-trois volumes.