A peine son nom est-il aujourd’hui connu du commun des Littérateurs ; on a oublié du moins qu’il a été un des beaux esprits du siecle dernier ; cependant ses Ouvrages offrent plus de talent, une Littérature plus étendue que les Productions d’un grand nombre d’Ecrivains qui brillent dans celui-ci & sont destinés au même sort.
Telle étoit l’aigreur de son caractere, que presque tous ses Ouvrages, aujourd’hui oubliés, ne sont qu’un tissu d’injures atroces contre les Catholiques, & sur-tout contre les Moines.
Quoique l’Eleve de ce fameux Poëte, ses Vers sont justement oubliés.
L'Auteur de la Grammaire Françoise n'eût pas dû l'oublier.
Ses cinq Années Littéraires ont fait oublier sa Tragédie de Mérope, & sa Comédie des Francs-Maçons.
Le style de cet Auteur est coulant & rapide, mais incorrect, négligé ; défaut ordinaire à ceux qui écrivent en pays étranger, où l’Ecrivain oublie son langage, & où les Lecteurs ne sont pas difficiles à contenter.
En disant cela, il tirait son propre horoscope ou plutôt il était lui-même la preuve de ces paroles… Assurément, c’était une forte génération que celle qui pouvait, sans se diminuer, laisser perdre de telles choses et oublier de tels talents.
Toutes ces méprises ne sont pas capables de faire oublier que l’Ouvrage du P.
Harduin ne laisse rien échapper ; il discute des points essentiels que nos Grammairiens les plus célebres avoient oubliés, & releve les fautes dans lesquelles ils étoient tombés.
Tel est le sort de cette sorte de Prophetes ; on conserve le souvenir de quelques faits qui se sont trouvés d’accord avec leurs prédictions, & on en oublie mille où ils se sont trompés.
Mais il ne faut pas oublier que Corneille n’était en cela que l’organe fidèle du goût de son époque. […] Cousin ne fut point le seul qui alla s’inspirer de la philosophie allemande et qui finit par l’oublier. […] Son lyrisme plein d’entraînement et de fougue emportait tout avec lui et faisait tout oublier. […] Nature au front serein, comme vous oubliez ! […] Perfide, oubliez-vous que je suis votre maître ?
C’était la montre de petite mère qui continuait à marcher, oubliée dans la robe jetée sur une chaise au pied du lit. […] J’en oublie bien d’autres, comme M. […] me disais-je, en continuant ma route, tout le monde a oublié cette boutade, et Daudet comme tout le monde ! […] Mais je serais cent fois plus méridional que Roumestan, que Tartarin, si j’oubliais la lettre que je t’ai écrite ! […] Lui n’oubliera pas Criquette, si bien que revenu en France en 1870, son premier soin sera de la revoir.
Il serait injuste d’oublier leur sacrifice. […] Je crois qu’une heure de libre écriture ou de causerie à bâtons rompus peut faire oublier à M. […] Les vieux Parisiens n’en oublieront jamais le charme évanoui. […] Oublions cette ennuyeuse terminologie, où tout se confond, où tout s’efface. […] La terre oublie.
Endormez-vous, les mauvais rêves, abimés Dans l’éveil évoquant la Vision jolie : L’Oiseau chante, la Gloire enivre, l’Ame oublie ; Et le Joyeux Orgueil s’épand aux bleus sommets ! […] Cette promesse, qu’il s’était faite, fut vite oubliée. […] et pendant longtemps le charme de mon art disparut devant ces questions. » (VII, 163). — En 1850, Wagner « avait déjà presque complètement oublié l’existence de son Lohengrin » ; il découvrit la partition par hasard (IV, 414). […] La musique contient donc aussi des contradictions, même nombreuses ; si le charme incomparable des mélodies peut les faire oublier, elles n’en existent pas moins. — Ainsi l’on trouve dans l’ensemble de l’œuvre, poème et musique, ce que l’étude des conditions sous lesquelles elle a été composée laissait prévoir : un conflit de tendances.
Homère est l’homme et Virgile est la femme… Idée bien simple, mais que, pour cette raison sans doute, tous les parallèles entre Virgile et Homère ont oubliée… Sainte-Beuve lui-même, qui darde si bien sa lancette dans la veine des sujets dont il veut nous faire voir le sang, Sainte-Beuve a omis comme les autres cette différence de sexe, dans la même nature de génie, qui pose d’un trait le rapport à établir entre Homère et Virgile et que la Critique a toujours manqué ! […] Il nous a dénombré en Virgile une foule de qualités d’un ordre élevé, mais littérairement secondaires : l’amour de la campagne et le talent spécial de décrire les choses de la nature, l’érudition, même celle des livres, cette triste poussière dont l’abeille romaine sut faire un miel d’or, le patriotisme tempéré par un esprit déjà moderne d’humanité universelle, etc., s’attachant avec raison à ces nuances qu’on ne pouvait pas oublier, mais n’allant pas plus loin que ces détails, extérieurs au génie, qui le parent, mais qui ne le constituent pas. […] On a versé sur Sainte-Beuve et sur sa mémoire les tombereaux d’articles, de phrases, d’anecdotes et de détails de toute espèce qu’on a l’habitude de verser sur un homme célèbre fraîchement décédé, avant de l’oublier tout à fait… Des journaux, matassins d’enterrement, qui vivent de ces cérémonies, ont envoyé leurs commissionnaires en roulage et en publicité fureter la maison mortuaire, regarder sous le nez du défunt pour le photographier dans leurs feuilles, décrire son appartement et son ameublement, et pouvoir parler en connaissance de cause jusque de ses chattes et de ses oiseaux et plaire ainsi à la Curiosité publique, cette affreuse portière à laquelle nous faisons tous la cour… Nous en avons pour quelques jours encore de ce brocantage, et puis après ? […] Voilà ce que j’avais à dire sur ces fameuses lettres dans lesquelles on croyait trouver presque du scandale, et où l’on ne trouve que quelques petites malices qui ne sont pas bien méchantes, et cette déclaration naïve, dans laquelle le finaud d’habitude a oublié pour une fois la couarde hypocrisie de son esprit et qui le peint d’un trait : « Je me suis fait plus d’ennemis avec mes éloges qu’avec mes critiques. » Tout Sainte-Beuve est là, en effet.
Elle doit avoir une vue prodigieusement sûre, car elle va chercher, au plus profond du souvenir, des traits presque oubliés qu’elle ramène soudainement au jour. […] Après quelque temps, la connaissance de l’atelier, le souvenir de conversations nombreuses, et de nombreuses lettres, me firent apercevoir jusqu’à l’évidence, parmi d’autres choses, l’obstacle au mariage, que les jeunes filles de la mode rencontrent dans leur profession même ; comment celle-ci les affine et les déclasse ; comment elles sont d’un monde par leur naissance et d’un autre par leurs rêves, partagées entre le luxe du dehors et la misère de chez elles, jetées de l’un à l’autre par le travail qui reprend ou le travail qui cesse, également impuissantes à oublier la richesse qu’elles côtoient et à faire oublier la condition d’où elles sortent. […] Alors une vision émouvante s’ouvre devant l’écrivain, une vision qui lui fait oublier toute la peine passée, qui soutiendra son courage dans les épreuves nouvelles qui vont suivre.
On l’a oublié ; on n’a pas assez remarqué dans le temps et signalé au passage deux recueils de lui (1840 1847), pleins de fines galanteries, de rares et voluptueuses élégances.
On a oublié les Ouvrages qu’il fit pour soutenir cette mauvaise cause, mais on se souvient encore de l’Epigramme de Boileau.
Cet Ecrivain travailla ensuite pour le Théatre Lyrique, où il donna Sylla, Iphigénie, Céphale & Procris, Tragédies, & les Fêtes galantes, Ballet qu’on joue encore de temps en temps, & que ne font point oublier les Nouveautés de ce genre aujourd’hui négligé de plus en plus.
Les plus estimés de ses Ouvrages se réduisent à une Relation de l’Islande, & à une autre du Groënland, que les Relations, publiées depuis, ont fait oublier.
La préoccupation littéraire fait oublier la vanité, ou du moins elle l’habille agréablement. […] Mais j’oublie que c’est des imperfections de Chateaubriand que je veux parler. […] Un instant oubliées, et à peine, elles renaissent à l’heure où nous sommes. […] J’y tresse de la paille, pour oublier. » — Tresser de la paille pour oublier, et crier parfois contre le geôlier pour se consoler : « Que Dieu est bon ! […] Hugo, si soigneux de son attitude et de son personnage, n’oublie que cela ; mais il l’oublie toujours.
Une fois dans ce riant paysage du Berry, sous les érables si frais de la Vallée noire, à deux pas de l’Indre qui n’est là qu’un joli ruisseau, après le premier regard de connaissance jeté à la famille Lhéry et aux jeunes habitants de la ferme Grangeneuve, j’oubliai tout le reste, je me laissai vivre et aller au cours des choses ; je me sentais introduit dès l’abord dans un monde facile et nouveau. […] Les moindres motifs, dont aucun n’est oublié, sont jetés, chemin faisant, sans affectation ; c’est quelque chose de mystérieux et d’aventureux dès l’abord, et toutefois pas une circonstance forcée, pas un hasard invraisemblable, pas un anneau de la chaîne qui fasse obstacle sous le doigt et qui crie.
Il n’oublie aucune circonstance intéressante. […] Quant au style, n’oublions pas ce dernier trait.
N’oublions pas cependant : comme du temps de Bossuet la lice fut ouverte à toutes les opinions au sujet des points contestés. N’oublions pas non plus que les publicistes et les jurisconsultes en France, et hors de France, discutaient fort librement les droits de Louis XIV au trône d’Espagne.
Il accuse les partis extrêmes, mais il oublie, avec la grâce d’un étourneau, que les partis extrêmes obéissent à la loi qui les régit. Ils ont leurs principes, leurs opinions, leurs passions, leurs traditions, voire leurs vices, et vous croyez donc qu’ils vont oublier tout cela parce que, très honnête, mais un peu candide, vous invoquez contre eux le besoin de refaire, tant bien que mal, une monarchie et un patriotisme qui ne voit pas les choses comme votre patriotisme, à vous !
Campaux, qui, je ne sais comment, a oublié cette ressemblance. […] comme dirait Shakespeare. — Vieux, fripé, le tabard en loques, le nez tuberculeux, c’est un de ces Pauvres sublimes, types immortels des misères méritées, que Callot campe sur des béquilles avec des tournures qu’il est impossible d’oublier !
I Ce livre, qui n’est qu’un extrait d’une chose immense, aura-t-il la puissance de faire revenir à cette chose immense oubliée ? […] Ces hommes qui se sont vantés d’avoir mis la liberté dans le monde, ces charlatans et ces menteurs, ces Tartufes de philosophie, agirent hideusement contre l’homme qui les jugea, toute sa vie, avec une indépendance lumineuse… Ils l’insultèrent ; ils le jetèrent au donjon de Vincennes ; ils finirent par faire supprimer son Année littéraire, et ils tuèrent, par là, l’œuvre et l’homme, car il en mourut… Et quand leur révolution triomphante eut passé sur cet assassinat, le xixe siècle, qui n’avait dans ses grandes oreilles d’âne que le bruit des choses de la Révolution, Pavait oublié, et il fallut… quoi ?
Par un contraste qui fait mieux ressortir la duplicité étrange d’une nature qui semble relever autant de la tératologie que de l’histoire, Gustave III eut toute sa vie pour adversaire, et même pour adversaire déconcertant, une femme, — une femme-homme, comme lui, il était un homme-femme, — cette Catherine II, surnommée la Sémiramis du Nord par ceux-là qui ont oublié d’ajouter que Gustave III en était le Sardanapale, et, chose à noter dans tous les deux ! […] Une circonstance qu’un historien qui sait la valeur de tout dans une pareille histoire ne peut oublier, c’est qu’à ce bal où il fut tué il parut d’abord à visage découvert, intrépide et incrédule comme César, comme le duc de Guise, comme tous les héros, — ayant dans sa poche aussi l’avertissement qu’il bravait, une lettre écrite par un des conjurés contre sa vie, — et qu’après s’être fait voir ainsi, il rentra chez lui, prit un domino et un masque, et revint pour mourir comme il avait vécu, en costume de fête et masqué !
Si elle était plus franchement chrétienne, si Corne n’avait pas oublié cette glorieuse épithète dans son titre, et qu’il eût intitulé son ouvrage : Lettres d’une mère chrétienne à son fils, toute l’économie en aurait été bouleversée. […] Tous les problèmes secondaires qui rentrent dans le problème intégral de l’éducation sont résolus ; toutes les difficultés aplanies… ou plutôt oubliées.
Le talent compassé de Southey ne s’est jamais oublié jusqu’au génie, cette indécence ! […] Ce passionné du devoir, qui, dans son dernier ordre du jour et le plus beau, ne devait rien trouver de mieux à dire aux marins anglais que ces mots tout-puissants : « L’Angleterre espère que chacun de vous fera son devoir », oublia le sien envers un être auquel il brisa froidement le cœur, envers son pays dont il choquait les mœurs et dont l’opinion était le meilleur de sa gloire, et envers cette gloire elle-même dont il était couvert et qu’il aurait dû respecter !