Tartufe n’est pas beau, Pourceaugnac n’est pas noble ? […] aux tracasseries misérables de la coulisse ; d’être entré dans cette atmosphère variable, brumeuse, orageuse, où dogmatise l’ignorance, où siffle l’envie, où rampent les cabales, où la probité du talent a si souvent été méconnue, où la noble candeur du génie est quelquefois si déplacée, où la médiocrité triomphe de rabaisser à son niveau les supériorités qui l’offusquent, où l’on trouve tant de petits hommes pour un grand, tant de nullités pour un Talma, tant de myrmidons pour un Achille !
Cependant par un tour de tête bizarre, comme j’en ai quelquefois, transformant tout à coup l’œuvre de nature en une production de l’art, je m’écriai : que cela est beau, grand, varié, noble, sage, harmonieux, vigoureusement colorié ! […] Moi qui l’aime, j’ajoute : petit, vous avez raison ; c’est sa taille élégante, sa démarche légère, son vêtement simple et noble, le port de sa tête, le son de sa voix, de cette voix qui fait toujours tressaillir mon cœur… y aurait-il dans les choses quelque analogie nécessaire à notre bonheur ?
Ton indignation ne l’épouvante guère ; Crois-moi donc ; laisse en paix, jeune homme au noble cœur, Ce Zoïle à l’œil faux, ce malheureux moqueur. […] …………………………………………………………………………………… « Sérieusement, il faut que l’improvisation se montre bien rétive ou bien épuisée pour qu’un romancier ait recours à de pareils expédients ; que George Sand y prenne garde, on rencontre encore dans ses productions quelques détails charmants, quelques scènes vivement senties ; mais sa pensée a perdu la vieille et noble habitude de la clarté et de la distinction.
On le disoit fils naturel de Vincent Galiléi, noble Florentin ; mais sa naissance, loin de diminuer son mérite, ne fit que le relever davantage. […] Quelques beautés neuves & saillantes de Titon & l’Aurore firent traiter de fanfreluches Italiennes les endroits les plus applaudis des bouffons ; comme l’impatience de Manelli de ce qu’on ne lui apporte pas son chocolat ; le tour d’adresse de cet homme qui a perdu sa cervelle, qui la cherche dans sa poche, & qui, à la place, ne fait sortir que des moineaux ; ce quatuor de ti, de te, de ta, de to ; cette imitation aussi gaie que noble du bruit d’un horloge, d’un pot au feu ou des coups redoublés d’un marteau. […] M. d’Alembert voudroit qu’on fit de la musique Italienne un plus noble usage ; qu’on déployât autrement ses richesses. […] Les carmes les traitèrent avec cette hauteur & ce ton de mépris, qu’un noble Allemand a vis-à-vis d’un roturier. […] Saint-Cyran, ou Jean Duverger de Haurane, nâquit à Bayonne, l’an 1581, de parens nobles.
Confessons qu’il est incontestable, maintenant que son œuvre, sans être close, commence à se profiler en silhouette définitive, que ses derniers recueils — inspirés par la guerre — lui ont ajouté une couleur d’émotion profonde qui manquait aux livres de sa jeunesse, et qu’il a su rencontrer dans quelques essais récents des accents plus apaisés d’une sérénité noble et désabusée11. […] Et pourtant ce suicidé malgré lui que l’on voit dans la Biche relancée, cet assassin de son beau-frère qui est représenté dans la Discorde, ces nobles qui maquignonnent leurs titres, ces héritiers dégénérés de puissants industriels, ces gens du monde et du demi-monde, aux mariages et aux divorces scandaleux et faciles, tous ces gens menés qui par leurs sens, qui par leur intérêt — mais jamais par d’autres mobiles, sont des personnes que nous avons rencontrées cent fois et coudoyées, dont nous avions soupçonné les aventures sans y lire aussi clairement que M. […] Cette région a pour décor un paysage traditionnel : princières hautes futaies, parcs quasi royaux, jardins savamment ordonnés, pelouses rayées de barrières blanches, maisons de grand style — gentilhommière ou beau château — accommodées au goût moderne, mais dressant encore devant un horizon forestier les masses de leurs vieilles architectures nobles. […] Il n’a qu’un ennemi : le jargon ; qu’une passion : l’expression pure, la phrase exquise ; qu’un seul maître : l’usage… Il conserve pieusement, surveille, répare, dirige le langage noble ou familier ; il rapproche des exemples, écoute des sons, choisit entre les exceptions, s’arrête tendrement sur quelques gallicismes, puis, ayant bien travaillé, s’endort chaque soir, las, mais fort content de sa journée : il a formulé de belles règles 37.
Comme un ange tutélaire accordé à sa destinée, une jeune personne, pleine de grâce et de candeur, élevée à l’ombre des traditions antiques, préparée par la piété filiale à toutes les sortes de dévouement, naïve et noble de langage, lui apparaît sur le chemin de la vie. […] Poète, vous n’avez point vécu ; vous ne savez ce que c’est que vivre ; vous parlez comme un enfant des choses viriles ; noble intelligence, imagination puissante, cœur exalté, vous ne savez pas encore épeler dans le livre de la vérité. […] Le plus noble, et, lorsqu’il vient à le sentir distinctement, le plus impérieux et le plus profond des besoins de l’homme, c’est la satisfaction de la loi morale, de cette loi qui est Dieu lui-même manifesté à la conscience, de cette loi qui, d’une autre part, n’est absolue pour l’âme qu’en tant que l’âme y retrouve Dieu.
. — Et enfin « tout serait perdu si le même homme, ou le même corps des principaux, ou des nobles, ou du peuple, exerçait ces trois pouvoirs. » Mais alors, dira-t-on, cette constitution ne peut s’adapter qu’à la France de 1740 (avec une modification d’une certaine importance). […] Or votre doctrine semble avoir quelque prétention à s’appliquer à tous les peuples, à tous les Etats, et, vous le dites vous-même, à l’Etat aristocratique comme à l’Etat démocratique (« … si le même homme ou le même corps des principaux, ou des nobles ou du peuple… ») n’excluant, naturellement, que l’état despotique pur et simple. […] Il cherche à détruire l’anarchie, les prérogatives odieuses des nobles, le pouvoir des grands, et non à établir des corps intermédiaires et à diminuer son autorité. » Voltaire n’est pas moins opposé aux idées démocratiques de Rousseau qu’aux idées libérales de Montesquieu, quoiqu’il ait moins poursuivi celles-là que celles-ci. […] Il est à croire qu’une constitution qui a réglé les droits du roi, des nobles, du peuple, et dans laquelle chacun trouve sa sûreté, durera autant que les choses humaines peuvent durer. […] Ces fonctions sont à la fois si essentielles et si nobles ; elles sont si naturellement liées à la place qu’on occupe que si le Barigel de Rome était nommé conseiller au Parlement, il penserait comme de Thou et comme l’abbé Pucelle. » Alors pourquoi avoir nommé un nouveau Parlement ?
Quelle tête noble et mélancolique, et quelle distinction dans cette taille haute et élancée ! […] Mme George Sand me parut une petite femme d’un aspect assez délicat, de 30 ans environ, ayant de beaux et nombreux cheveux et un visage fort noble. […] Un jour interpellé par une belle et noble dame sur la rareté de sa présence dans le monde, il minauda quelques excuses qui, ayant pour but de l’excuser aux yeux de la dame, eurent pour expression des termes peut-être un peu pédantesques, avec un air fort important par-dessus tout.
Ne laissons pas, au bout de quelques années, pâlir et s’effacer les nobles mémoires.
Mais, Français que vous êtes, vous êtes habitué, malgré vous, à considérer l’aigle comme un oiseau noble, et plutôt comme un symbole que comme un ôtre animé.
Quant aux femmes je ne dis pas qu’elles aient dû et qu’elles puissent inspirer des têtes de Vierges, comme on pourrait en trouer en d’autres pays ; elles sont trop brunes, le regard trop brillant pour cela ; mais elles ont une fermeté d’expression, une démarche si distinguée, une taille si souple, qu’il devait suffire de comprendre la nature dans ce qu’elle a d’élevé pour la traduire en peinture, de manière à laisser dans la pensée du regard quelque chose de noble et de généreux.
» L’A est, selon Dupleix, une lettre incomparablement plus noble, plus mâle, et il en donnait, entre autres, cette raison superlative : « Le langage des premiers hommes, qui fut inspiré de Dieu à Adam, en fait preuve, puisque ce même grand-père de tous les hommes a son nom composé de deux syllabes avec A, et Abraham, le père des croyants, de trois syllabes aussi en A.
Je vous dois un double remerciement pour m’avoir fait connaître le jugement que portait de moi cette femme distinguée, dont le talent et la personne m’ont toujours inspiré l’admiration la plus sincère et la plus vive sympathie, et pour avoir sanctionné ce jugement de votre autorité… Indifférente aujourd’hui à la publicité…, je ne le suis point à l’estime affectueuse de quelques nobles âmes, à l’approbation de quelques esprits d’élite. — Je vous dois donc, monsieur, une très douce émotion… » — M.
… J’y ai beaucoup pensé, disait-il ; je n’ai jamais pu en saisir le sens avec certitude. » Montesquieu garda un moment le silence et répondit : « Pour faire de grands ouvrages, deux choses sont nécessaires, un père et une mère, le génie et la liberté… Mon ouvrage a manqué de cette dernière. » Noble et fière réponse !
Béranger, le poëte, me disait un jour qu’une fois que les hommes, les grands hommes vivants, étaient faits types et statues (et il m’en citait quelques-uns), il fallait bien se garder de les briser, de les rabaisser pour le plaisir de les trouver plus ressemblants dans le détail ; car, même en ne ressemblant pas exactement à la personne réelle, ces statues consacrées et meilleures deviennent une noble image de plus offerte à l’admiration des hommes.
La chaleur modérée de tant de nobles œuvres, l’épuration continue qui s’en était suivie, la constance enfin des astres et de la saison, avaient amené l’atmosphère des esprits à un état tellement limpide et lumineux, que du prochain beau livre qui saurait naître, pas un mot immanquablement ne serait perdu, pas une pensée ne resterait dans l’ombre, et que tout naîtrait dans son vrai jour.
Ce n’est qu’en appel, six mois après, le 22 janvier 1828, devant la Cour royale, que le noble, l’intègre écrivain, sur la défense éloquente de Me Berville, fut renvoyé de la plainte. — Mais de quoi vous plaignez-vous vous-même, me dira-t-on, puisque cet accusé a été finalement acquitté ?
« Cependant elle ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il avait de beaux cheveux, de beaux yeux, de belles dents, un charmant son de voix, quand elle l’entendait causer avec ses camarades, qu’il marchait en se tenant mal, si l’on veut, mais avec une grâce à lui, qui ne paraissait pas bête du tout, que toute sa personne était noble, douce, simple et fière, et qu’enfin il avait l’air pauvre, mais qu’il avait bon air.
Genoude reçut le soir même la lettre qui le faisait noble, et le mariage n’éprouva plus d’obstacle de ce côté.
Phèdre a une poésie plus prestigieuse encore : on ne saurait citer tous les vers qui créent, autour de cette dure étude de passion, une sorte d’atmosphère fabuleuse, enveloppant Phèdre de tout un cortège de merveilleuses ou terribles légendes, et nous donnant la sensation puissante des temps mythologiques : Noble et brillant auteur d’une triste famille.
Et de même, s’il est plus noble d’écrire une symphonie que de jouer au bridge, nous comprendrons fort bien que le bridge ne soit pas à dédaigner pour celui qui n’a pas de symphonie à écrire, ou qui, en ayant composé une, désire varier ses plaisirs.
— « Que de fortes bûches soient empilées, là, au bord du Rhin, en amas : haut et clair, flambe le brasier, par qui le noble corps du plus auguste Héros soit consumé !
Nous, nous voyons en Wagner le plus noble exemple de « l’homme-artiste » et dans ses œuvres, des œuvres d’art.
Qu’il y ait un certain nombre d’italianismes dans Lohengrin, cela est hors de doute ; mais ces légères taches ne comptent pas, en présence de tant de nobles inspirations, d’une si belle surabondance de poésie.
Doué d’une grande puissance oratoire, flattant les préjugés et les passions de la majorité, tenté, comme le sont la plupart des orateurs, de tout sacrifier à l’effet, et incapable, soit par incapacité native, soit par les défauts de son éducation, d’arriver à quelque connaissance claire et approfondie, Victor Cousin, par ses qualités et ses défauts, s’éleva à une hauteur regrettable parce qu’elle éclipsa les efforts de plus nobles esprits.
Quand ces deux nobles intelligences s’unirent d’une amitié si étroite, elles se firent de mutuels emprunts ; Schiller se façonna davantage à l’étude du monde réel, Goethe s’éleva plus haut dans les sphères de la vie morale.
Mais ce qui était bien de lui et ce qu’il ne cessa de revendiquer comme un titre en pleine époque révolutionnaire, ce fut la petite comédie en un acte et en prose, Le Marchand de Smyrne, bagatelle qui amusa et réussit (janvier 1770), et dans laquelle on voit, disait Chamfort faisant son apologie en 93, « les nobles et aristocrates de toute robe mis en vente au rabais et finalement donnés pour rien ».
À l’occasion de je ne sais quelle séance de comité à laquelle il assista vers ce temps de pleine anarchie, il écrivait pour lui, sur un bout de papier, ces notes inachevées, mais qui rendent au vif l’impression répulsive d’une noble intelligence à la vue de procédés si déshonorants pour une nation et pour l’esprit humain : Comité du 20 mars. — Paillasse (Chalier ?)
On verra que, pour l’une, il faudra accumuler les détails de ton et de manières qu’elle est accoutumée à trouver dans son entourage ; pour les autres, il faudra exagérer certains traits d’existence luxueuse et perverse qu’ils se sont habitués, par haine de caste et par envie, à associer avec le type du noble.
Il n’avait pas osé le laisser aussi étranger à l’action qu’il l’est dans les meilleures tragédies de l’antiquité, celles de Sophocle : car je ne parle pas ici des chœurs d’Euripide, de ce poëte admirable, sans doute, par son talent dans la sensibilité et dans l’ironie, mais prétentieux, déclamateur, ambitieux d’effets, et qui, par ses défauts et même par ses beautés, ravit le premier à la tragédie grecque la noble simplicité qui la distinguait.