Je répons : nous voïons bien dans les ouvrages de saint Augustin, qui mourut l’an quatre cens trente de l’ère chrétienne, que dès son temps les théatres commençoient à se fermer dans la plûpart des villes de l’empire romain. […] Ces hommes nez plus industrieux que laborieux, et qui veulent toujours subsister d’un travail qui ne soit point pénible, ne pouvant plus vivre des profits du théatre qui les avoit nourris jusqu’alors, ou moururent de faim ou changerent de métier, et les personnes du même caractere qui vinrent après eux exercerent leurs talens dans d’autres professions.
Né à Lyon en 430, évêque de Clermont en 472, il mourut en 482. […] Quoi qu’il en soit, Ennodius échappé au danger, mourut trois ans après en 521.
Si Bajazet repousse Roxane, elle le tue, mais elle meurt. […] Alors, qu’il meure ! […] Décidément, le mieux est qu’elle meure. […] s’il pouvait mourir de mort naturelle ! […] Le jour même de ses noces, Eurydice meurt, piquée par un serpent.
car j’aime mieux mourir que de vivre ainsi. […] Il mourut en 1630. […] Durfé en fit les quatre premières parties et mourut, Baro son secrétaire le termina. […] Il eut un tel saisissement qu’il en mourut. […] Il fut membre de l’Académie en 1666 et mourut en 1698.
Il mourut à Smyrne le 5 décembre 1882. […] Je crois même qu’on en meurt. […] pleure si je meurs. […] On en meurt. […] Angélique en meurt.
Ainsi Saint-Simon, voyant le roi mourir, oubliait les injustices du despote, pour contempler avec respect la sérénité généreuse du mourant. […] La reine est morte, et chacun d’accourir. […] Elle va droit au fait, et trouve les arguments personnels : dans six mois « vous mourrez de faim. » L’esprit positif arrive naturellement à la réfutation insultante. […] Il faut bien que toutes les parties de l’homme se mettent en équilibre ; il mourrait si son intelligence ne prenait pas le train lent et monotone de son action. […] La femme du lion mourut.
— Non… Oui… elle est morte, — reprit-il, et il se détourna. […] Assomme-moi ; j’aime mieux en finir tout de suite que de mourir de faim. […] Peu importe le lieu où l’on meurt. […] Mais je ne mourrai pas comme cela, ils auront beau me surveiller, je fumerai une pipe ! […] Oui, les Russes meurent d’une façon vraiment étrange.
Moi, désormais je puis mourir. […] Ne peut-il pas, se relevant terrible, Aller mourir sur la tête des rois ? […] lui mourir ! […] Heureux celui qui mourut dans ces fêtes ! […] Il faut mourir !
Son rang faisait partie d’elle-même ; en déchoir, c’était mourir. […] Les Girondins sont morts pour avoir voulu obstinément et honnêtement mourir plutôt que de sanctionner par leur silence les crimes de septembre. […] M. de Malesherbes mourut pour crime de dévouement, M. de Sèze en reçut la récompense dans l’éternel honneur de son nom. […] Qui donc avait le droit de condamner l’autre et de lui dire avec justice et impartialité : “Tu mourras ? […] La Révolution fit horreur à elle-même, la liberté mourut sur son propre échafaud.
Madame Roland n’aurait pas mieux su mourir pour son honneur d’épouse ou pour son honneur de poète. […] Tout à coup on apprit qu’elle se mourait. Ramenée de Saint-Germain à Paris pour y mourir, où elle avait chanté et aimé, elle parut reprendre haleine un moment sur cette pente du tombeau. […] Quand je serai morte, il ne me refusera pas d’exaucer le dernier vœu de mon cœur. » Hélas ! […] Le poème commencé par une main, achevé par l’autre, ne serait plus qu’un lugubre concert à deux voix, dont l’une est morte et dont l’autre est éteinte.
L’Ordre de Jésus, frappé d’une abolition qui fut un coup de foudre contre le principe du catholicisme, n’est pas mort du coup et ne pouvait pas mourir. […] L’auguste fondateur avait pu mourir. […] Clément ne tarda guères à mourir. […] il ne se trompa pas sur cette appréciation, puisqu’il en mourut de chagrin. […] Mais, par cette raison, s’il les eût rétablis avant de mourir, il eût bien fait encore puisqu’il est infaillible.
C’est du Murger sans la grâce pulmonique de Murger, sans la mélancolie d’un être qui doit bientôt mourir. […] Ils n’en mourront pas, eux. Ils ne mourront que d’ennui, et on en réchappe. […] Mais dans Bouvard et Pécuchet, c’est le coup à fond, c’est le coup de la haine et du mépris élevés à la plus haute puissance, et dont la bourgeoisie du xixe siècle doit mourir. […] Et c’est ici que la haine et le mépris pour les bourgeois, dans Gustave Flaubert, ont produit le résultat le plus inattendu pour tout le monde, et qui l’aurait fait mourir de honte s’il avait pu seulement se douter de ce résultat incroyable : c’est qu’à force de se préoccuper des bourgeois, de les peindre et de vivre avec eux, le croirait-on ?
C’est peut-être le jour où il souffrait d’avoir adressé ces lettres un peu trop terre-à-terre au contrôleur général, qu’il écrivit, pour se revancher, ces mots latins et courageux à huis clos en tête de son exemplaire de l’Histoire universelle de d’Aubigné : « Duo tantum haec opto, unum ut moriens populum Francorum, etc. » Ces deux souhaits de Mézeray étaient de voir, avant de mourir, la liberté du peuple français, et que chacun fût dorénavant rétribué selon ses services. […] Il n’est pas mal, après un temps de vogue et de renom, de s’écouler dans la foule, d’être de ceux qui aiment à vivre et à mourir aussi près de terre que possible. […] Ce frère du père Eudes, qui n’avait jamais eu qu’une irrévérence de tempérament en quelque sorte et une impiété sans venin, se repentit avant de mourir. […] Dans sa dernière maladie, Mézeray, qui n’obéissait en rien au respect humain ni à l’esprit de système, fit amende honorable devant témoins sur les points capitaux de la croyance : « Oubliez, dit-il, ce que j’ai pu autrefois vous dire de contraire, et souvenez-vous que Mézeray mourant est plus croyable que n’était Mézeray en vie. » Il mourut le 10 juillet 1683, laissant un testament qu’on a publié et qui prête aux commentaires.
Les hautes montagnes du Taurus qui meurent derrière Smyrne, la mer étincelante qui écume dans toutes ses anses, le ciel serein qui encadre les flots, les cimes, les îles, les tièdes haleines qui soufflent de tous les golfes, font de ce beau lieu l’Éden d’une imagination poétique. […] Il en eut une fille unique, à laquelle il donna le nom de Crithéis ; il perdit bientôt sa femme, et, se sentant lui-même mourir, il légua sa fille, encore enfant, à un de ses amis qui était d’Argos, et qui portait le nom de Cléanax. […] Il se fit transporter au bord de l’île pour mourir plus en paix, couché au soleil, sur le sable du rivage. […] Après qu’il eut expiré sur cette plage, au bord des flots, comme un naufragé de la vie, l’enfant qui servait de lumière à ses pas, ses compagnons, les habitants de la ville et les pêcheurs de la côte lui creusèrent une tombe dans le sable, à la place même où il avait voulu mourir.
« Il fit faire les plans et les devis d’une mosquée assez grande pour contenir toute l’armée, le jour où elle reconnaîtrait la loi de Mahomet. » Ce n’était qu’un leurre, car « son opinion invariable, dit-il, était que tout homme doit mourir dans sa religion. » Mais de telles démonstrations étaient d’un bon effet. […] « Vous perdez un de vos soldats les plus dévoués, dit-il au général en chef ; un jour, vous regretterez de ne pas mourir comme moi au champ des braves. » En ajoutant de sa main cette parole, le captif de Sainte-Hélène faisait évidemment un retour sur lui-même ; il semblait dire que le colonel avait prophétisé, et que, pour lui, l’heure du regret de survivre était venue. […] Il y a dans la pièce le rôle d’un jeune homme, du jeune Marigny, qui veut toujours mourir et qui s’y obstine. Napoléon ne trouvait pas cela naturel, et il conclut la discussion en disant : « Il faut vouloir vivre et savoir mourir.
» Ferdousi était donc né en Perse vers l’année 940, et il ne mourut qu’en 1020, âgé de quatre-vingts ans. […] Le vieillard en fut saisi brusquement et s’évanouit ; on le rapporta dans sa maison, où il mourut à l’âge de quatre-vingts ans. […] Le jeune homme meurt avec résignation, avec douceur, en pensant à sa mère, à ses amis, en recommandant qu’on épargne après lui cette armée qu’il a engagée dans une entreprise téméraire : Pendant bien des jours je leur ai donné de belles paroles, je leur ai donné l’espoir de tout obtenir ; car comment pouvais-je savoir, ô héros illustre, que je périrais de la main de mon père ? […] Mon sort était écrit au-dessus de ma tête, et je devais mourir de la main de mon père.
Cet homme rare mourut à trente-deux ans, après avoir publié un court volume de réflexions et de maximes qu’on a grossi depuis plus ou moins heureusement, mais où il était déjà renfermé tout entier avec tous les germes qui indiquent le génie. […] Cette édition est la seule que Vauvenargues ait donnée lui-même ; il mourut l’année suivante, pendant qu’on imprimait la seconde. […] Le voyez-vous dans son petit hôtel de la rue du Paon, malade, mourant, ne se plaignant jamais devant ses amis, mais laissant quelquefois échapper sur le papier le secret de cette apparence tranquille : « Qu’importe à un homme ambitieux qui a manqué sa fortune sans retour, de mourir plus pauvre ? […] Quand il mourut, le xviiie siècle était à la veille d’entrer dans la seconde moitié si orageuse et si disputée de sa carrière.
Les éloges y étaient prodigués : Buffon venait de mourir, et Florian dit que la vie de l’immortel écrivain serait comptée au nombre des époques de la nature, ce qui parut pourtant un peu excessif. […] » Il ajoutait que, s’il mourait, il voulait être enterré dans ce beau jardin, et il désignait même la place. […] Mis en arrestation à son tour, il mourut, comme on sait, peu après sa sortie de prison, en septembre 1794. […] Il avait terminé l’un des livres de ses Fables par ces vers, qui pourraient être plus forts d’expression, mais qui sont pleins de sentiment et de philosophie, et qu’il a intitulés Le Voyage : Partir avant le jour, à tâtons, sans voir goutte, Sans songer seulement à demander sa route, Aller de chute en chute, et, se traînant ainsi, Faire un tiers du chemin jusqu’à près de midi ; Voir sur sa tête alors s’amasser les nuages, Dans un sable mouvant précipiter ses pas, Courir, en essuyant orages sur orages, Vers un but incertain, où l’on n’arrive pas ; Détrompé, vers le soir, chercher une retraite, Arriver haletant, se coucher, s’endormir, On appelle cela naître, vivre et mourir : La volonté de Dieu soit faite !
En d’Aubigné, nous trouvons un autre capitaine, intrépide, ardent, opiniâtre, non moins Gascon que l’autre, aussi attaché à son Dieu, mais malmenant un peu son roi ; fidèle, mais à condition, non plus royaliste quand même ; plus féodal, plus communal, et qui mourra républicain à Genève. […] Pasquier lui répond que si l’on pouvait librement choisir, et que si l’on était à commencer sa carrière, il faudrait appliquer ici le précepte des médecins sur la peste : Partir tôt, aller loin, et revenir tard : « Mais puisque chacun de nous a passé plus de la moitié de son âge, même que vous, depuis dix-sept ou dix-huit ans en çà, avez été appelé aux plus belles charges de notre robe, il me semble qu’il nous faut résoudre de vivre et mourir comme bons citoyens avec notre État. » Le conseil qu’il donnait là à Pibrac, il le pratiqua aussi pour lui-même : on le vit dans la seconde moitié de sa carrière, lorsqu’il eut passé du barreau dans les rangs de la haute magistrature et qu’il fut devenu avocat général en la Cour des comptes (1585), en remplir tous les devoirs, y compris l’exil, et s’attacher invariablement à toutes les fortunes qui ballottèrent, durant la Ligue, les débris du Parlement et des cours souveraines de la France. […] Pasquier ne pressait pas trop ces questions premières ; mais pour lui, dans sa splendeur et sa plénitude actuelle, le Parlement représentait la majesté de la couronne qui réside en Justice, et qui ne meurt pas. […] Le roi, dans sa colère, s’échappa à dire que si ces messieurs s’y refusaient une dernière fois, il les ferait tous mourir.
Elle envoie et fait tenir au ministère français des plans de finances que des personnes habiles en Espagne ont imaginés ; mais on les rejette à première vue à titre de nouveauté, si bien qu’on aura du moins la « consolation de mourir dans les formes ». […] On sait que, la charmante reine à laquelle elle appartenait étant morte à l’âge de vingt-six ans (14 février 1714), Philippe V dut songer incontinent à se remarier. […] Elle s’était rendu compte à l’avance de tout ce néant humain ; elle se dit, en sachant ses ennemis triomphants et ses amis consternés, qu’il n’y avait pas lieu à tant s’étonner ; que ce monde n’était qu’une comédie où il y avait souvent de bien mauvais acteurs ; qu’elle y avait joué son rôle mieux que beaucoup d’autres peut-être, et que ses ennemis ne devaient pas s’attendre à ce qu’elle fût humiliée de ne le plus représenter : « C’est devant Dieu que je dois être humiliée, disait-elle, et je le suis. » Après avoir quitté la France, où Louis XIV mourait et où le duc d’Orléans, qu’elle avait pour ennemi déclaré, devenait le maître, elle alla habiter Rome, son ancienne patrie, la ville des grandeurs déchues et des disgrâces décentes. […] Elle y vit arriver, déchus à leur tour, plus d’un de ceux qui l’avaient renversée elle-même, et elle mourut en décembre 1722, à plus de quatre-vingts ans.
Consolez-moi dans mon affliction, j’en ai grand besoin ; mon pauvre favori vient de mourir de la poitrine, à l’âge de trente-trois ans. […] Ils sont à Rome depuis des mois, lorsque le pape (Clément XII) se laisse mourir ; un conclave se forme. […] Diderot, qui vit sans doute un jour de Brosses dans son appareil de magistrat, a dit quelque part de lui : Le président de Brosses, que je respecte en habit ordinaire, me fait mourir de rire en habit de Palais. […] Il ne vécut pas assez pour assister aux avortements successifs de réforme qui signalèrent la première époque de Louis XVI, et qui amenèrent de si violentes conséquences ; il mourut assez brusquement dans un voyage qu’il fit à Paris, le 7 mai 1777, à l’âge de soixante-huit ans.
Marguerite, vers ce temps, voit mourir à Lyon son mari, l’un des fuyards de Pavie ; elle le pleure, mais après les deux premiers jours où elle n’a pu surmonter sa douleur, elle prend sur elle de la dissimuler devant la régente ; car, ne pouvant rendre de services par elle-même, elle se tiendrait trop malheureuse, dit-elle, d’empêcher et d’ébranler l’esprit de celle qui en rend de si grands. […] Un frère de Brantôme, le capitaine Bourdeilles, avait connu à Ferrare, chez la duchesse du pays (fille de Louis XII), une dame française, Mlle de La Roche, dont il s’était fait aimer ; il l’avait ramenée en France, et elle était allée en la cour de la reine de Navarre, où elle était morte : il n’y pensait plus. […] — Non, madame, répondit-il. — Mais songez-y bien, mon cousin, lui répliqua-t-elle. — Madame, j’y ai bien songé, mais je ne sens rien mouvoir, car je marche sur une pierre bien ferme. — Or je vous advise, dit alors la reine sans le tenir plus en suspens, que vous êtes sur la tombe et le corps de la pauvre Mlle de La Roche, qui est ici dessous vous enterrée, que vous avez tant aimée, et, puisque les âmes ont du sentiment après notre mort, il ne faut pas douter que cette honnête créature, morte de frais, ne se soit émue aussitôt que vous avez été sur elle ; et, si vous ne l’avez senti à cause de l’épaisseur de la tombe, ne faut douter qu’en soi ne se soit émue et ressentie ; et, d’autant que c’est un pieux office d’avoir souvenance des trépassés, et même de ceux que l’on a aimés, je vous prie lui donner un Pater noster et un Ave Maria, et un De profundis, et l’arroser d’eau bénite ; et vous acquerrez le nom de très fidèle amant et d’un bon chrétien. […] Marguerite mourut au château d’Odos en Bigorre, le 21 décembre 1549, dans sa cinquante-huitième année ; elle s’écria trois fois Jésus !
Eh bien, mon ami, nous mourrons donc sans nous être parfaitement connus ; et vous n’aurez point obtenu de moi toute la justice que vous méritiez. […] L’artiste mourra ; et mes enfants ou moi nous retirerons de ce morceau vingt fois le prix de son premier achat. […] Le brocanteur ne vous lâchera pas un tableau du Corrége pour un sac d’argent dix fois aussi lourds que le sac de liards sous lequel un infâme cardinal le fit mourir. […] Ce sont ces gens-là qui décident à tort et à travers des réputations ; qui ont pensé faire mourir Greuze de douleur et de faim ; qui ont des galeries qui ne leur coûtent guères ; des lumières ou plutôt des prétentions qui ne leur coûtent rien ; qui s’interposent entre l’homme opulent et l’artiste indigent ; qui font payer au talent la protection qu’ils lui accordent ; qui lui ouvrent ou ferment les portes ; qui se servent du besoin qu’il a d’eux pour disposer de son temps ; qui le mettent à contribution ; qui lui arrachent à vil prix ses meilleures productions ; qui sont à l’affût, embusqué derrière son chevalet ; qui l’ont condamné secrètement à la mendicité, pour le tenir esclave et dépendant ; qui prêchent sans cesse la modicité de fortune comme un aiguillon nécessaire à l’artiste et à l’homme de lettres, parce que, si la fortune se réunissait une fois au talent et aux lumières, ils ne seroient plus rien ; qui décrient et ruinent le peintre et le statuaire, s’il a de la hauteur et qu’il dédaigne leur protection ou leur conseil ; qui le gênent, le troublent dans son attelier, par l’importunité de leur présence et l’ineptie de leurs conseils ; qui le découragent, qui l’éteignent, et qui le tiennent, tant qu’ils peuvent dans l’alternative cruelle de sacrifier ou son génie, ou son élevation, ou sa fortune.
Parlant du connétable de Montmorency, blessé à mort dans la bataille de Saint-Denis à l’âge de soixante-quatorze ans ; après quelques détails sur l’action, il dit : Il faut venir au connétable, lequel le lendemain mourut chargé de six coups, en âge, en lieu et condition honorables ; grand capitaine, bon serviteur, mauvais ami ; profitant des inventions, labeurs et pertes d’autrui, agissant par ruses, mais à leur défaut usant de sa valeur. […] à une heure si dangereuse, me penser traîner à ce qu’on n’a pu forcer tant de simples personnes, parce qu’ils ont su mourir ! […] Il y mourut le 9 mai 1630, dans sa soixante-dix-neuvième année.
Nulle part il ne rencontre de ces amantes acharnées qui s’attachent violemment à leur proie et ne lâchent pas volontiers leur infidèle ; nulle part de ces fornarina échevelées et menaçantes, comme Byron en affront à Venise ; nulle part non plus de ces êtres gracieusement débiles qui meurent d’un abandon. Les femmes que Casanova a le plus aimées, et qui l’ont le plus aimé aussi, ne meurent pas, ne menacent pas ; je ne dis point qu’elles l’oublient ni qu’elles se consolent entièrement ; mais elles lui promettent au départ de vivre et de tâcher d’être heureuses dans leur tristesse, de même qu’elles lui font promettre d’être heureux à son tour, et d’aimer encore, et de les oublier. […] Adieu, adieu. » Cette Henriette-là, sauf qu’elle ne meurt pas d’un anévrisme, est un peu l’aïeule de la bonne et dévouée mademoiselle de Liron16.
Souvenez-vous comment Joinville conte en six lignes la fin de « son pauvre prêtre malade, qui voulut achever de célébrer la messe et oncques puis ne chanta et mourut ». […] Prenez un fabliau, même dramatique : lorsque le chevalier pénitent qui s’est imposé de remplir un baril de ses larmes, meurt auprès de l’ermite, il ne lui demande qu’un don suprême : Que vous mettiez vos bras sur mi, Si mourrai au bras mon ami.
Vous mourrez là ; et c’est à quoi se réduira le char de votre gloire101. » Dans quel monde inconnu le prophète vous jette tout à coup ! […] Je mourrai où vous mourrez ; votre peuple sera mon peuple, et votre Dieu sera mon Dieu122. » Tâchons de traduire ce verset en langue homérique : « La belle Ruth répondit à la sage Noëmi, honorée des peuples comme une déesse : Cessez de vous opposer à ce qu’une divinité m’inspire ; je vous dirai la vérité telle que je la sais et sans déguisement.
Chateaubriand, qui en était un très fastueux, Chateaubriand, vieux d’âge et plus vieux encore de mépris, avait eu, un jour, la sombre fantaisie d’écrire, par mépris des choses contemporaines, la vie du trappiste Rancé, et son livre avait été sa Trappe, à lui, d’où il nous disait qu’il fallait mourir. […] » et qui mourut, dit-il encore, criant : « Au paradis, vite, vite, au grand galop ! […] Quant à des mortifications plus hautes, de celles qui allaient plus loin que la chair et ses frissons, elle dit, à l’heure de sa mort, qu’on remportât le crucifix qui avait servi à son père pour mourir.
Composition, architecture, genres qu’on croit éternels et qui tout à coup s’en vont en mille miettes, toutes les formes littéraires finissent par mourir. […] La tragédie est morte. […] La durée ou l’immortalité, pour les œuvres, n’est pas une question de forme, mais d’essence, et c’est pour cela que tant d’œuvres meurent et disparaissent qui n’existaient que par un certain agencement de parties, un certain style, un certain art d’ensemble, mais qui, sans manquer de talent, manquaient de génie ou d’esprit.
le tendre poëte nous remet sur la mort de sa mère, sur ce legs de sensibilité douloureuse qui lui vient d’elle, et qui, d’abord obscur, puis trop tôt révélé, n’a cessé de posséder son cœur : Comme le rossignol, qui meurt de mélodie, Souffle sur son enfant sa tendre maladie, Morte d’aimer, ma mère, à son regard d’adieu Me raconta son âme et me souffla son Dieu Triste de me quitter, cette mère charmante, Me léguant à regret la flamme qui tourmente, Jeune, à son jeune enfant tendit longtemps sa main, Comme pour le sauver par le même chemin.