Ceux qui sont animés de cet esprit ont une prédilection pour certains objets et pour certaines qualités que possèdent ou sont censés posséder les membres du groupe, et ils s’entendent par un pacte tacite pour accroître et au besoin pour surestimer dans le monde, avec l’importance de ces qualités, l’importance de celui qui les possède.
Boissière, si gêné dans le monde et si emprunté dans la poésie, est à son aise, comme chez lui, dès qu’il rince, hilare et reniflant, les cuvettes d’un bordel.
Un talent fier comme celui-là a été mis au monde pour oser, tenter, se tromper souvent, pour se perdre comme le Rhône, et pour se retrouver aussi.
Parlant de cet avenir de raison perfectionnée, dont il aperçoit à peine l’aurore, et dont, tout sceptique qu’il est, il ne désespère pas tout à fait pour l’avenir de l’humanité : « Tout dépend pour l’homme, dit-il, du temps où il vient au monde.
Homme d’occasion et de lutte sur un terrain déterminé, habile à profiter du moindre pli, et sachant en définitive autant que personne combien la fortune et l’humeur gouvernent le monde, il était disposé par sa nature d’esprit à considérer les conceptions générales comme des rêves.
Ce rôle de l’homme d’État, qui, à chaque moment social, est le principal et le plus actuel, n’est pas le seul, et deux forces en lutte gouvernent le monde.
Mais ce qu’il y avoit de plus pretieux dans la Grece avoit été apporté à Rome, et nous sommes certains d’avoir encore aujourd’hui les plus beaux ouvrages qui fussent dans cette capitale du monde après qu’elle eut été enrichie des chef-d’oeuvres les plus précieux, nez sous le cizeau des grecs.
Les dieux de l’antiquité ne furent-ils par rabaissés au rang de démons au moyen âge lorsque le Christ régna en dieu incontesté sur le monde ?
En paix avec le monde entier, en paix avec nous-mêmes, nous ne pourrons plus être agités et divisés que par ces guerres sans danger, mais non pas sans honneur, où l’ambition des esprits se propose la vérité pour conquête.
Figurez-vous-le, en effet, cet ambitieux navré, n’ayant que son rang dans ce monde de Versailles où l’on n’était classé que par la faveur du roi et où l’on mourait, comme Racine, du refus d’un coup d’œil, figurez-vous-le revenant de l’Œil-de-bœuf et se rejetant à ses Mémoires !
On sait que dans la suite il eut des revers, et se laissa écraser par cet ennemi actif, dont la vigilance sombre et terrible, étendue à la fois sur les deux mondes, enchaînait l’Amérique, gouvernait l’Espagne et désolait l’Europe.
Le point précis que Bernis avait cru pouvoir saisir pour rentrer dans la voie des négociations pacifiques, avant de plus grands revers qu’il prévoyait, était donc vers janvier et février 1758 ; il avait cru trouver je ne sais quel instant unique « que la sagesse lui montrait du bout du doigt », et qui fut manqué, il commençait cette année 1758 avec les plus noires prévisions, trop tôt justifiées : Nous allons jouer le plus gros jeu du monde.
Les clefs de La Rochelle, quand il les tiendra, vaudront à ses yeux celles des cabinets qu’il ne peut forcer jusqu alors, ni entraîner comme il le voudrait dans la sphère d’action de la plus belle monarchie du monde.
Plusieurs, parmi les magistrats municipaux, hésitaient à y paraître ; Montaigne donna le conseil très sage de ne témoigner aucune crainte, « de se mêler parmi les files, la tête droite et le visage ouvert », de demander même aux capitaines de faire faire à leur monde « les salves les plus belles et les plus gaillardes qu’il se pourrait en l’honneur des assistants, et de n’épargner la poudre. » La prudence ici consistait à se montrer hardiment.
Quand on tient son monde et qu’on l’a une fois dans la main, il est plus sûr d’en finir avec lui, séance tenante.
Les sons nous pénètrent et retentissent en passions au plus profond de notre coeur ; le monde extérieur trouve encore son écho en nous-mêmes, et notre vieille âme entourée et façonnée par la grande âme naturelle palpite comme autrefois sous son contact et sous son effort.
Il le pleure, il exhale ses regrets dans quelques pages senties et touchées tout à fait à l’antique : Tu étais, s’écrie-t-il, un de ceux que je séparais parmi le monde, et je t’avais placé bien près de mon cœur.
Mais ces juges, comme tous les pharisiens du monde, comme ceux qui condamnèrent Socrate, comme ceux qui condamnèrent Jésus, ne savaient pas bien au fond ce qu’ils faisaient, et leur procès-verbal authentique et paraphé devient la page immortelle et vengeresse, l’Évangile de la victime.
Jacques n’a ni père ni mère ; il n’a qu’elle au monde à aimer.
Je sais, Dieu merci, me gouverner et sais davantage comme ceux qui sont sous moi se doivent gouverner… Je trouve bon que vous m’avertissiez des désordres qui sont en mon diocèse ; mais il est besoin de le faire plus froidement, n’y ayant point de doute que la chaleur piquerait, en ce temps-ci, ceux qui ont le sang chaud comme moi, s’ils n’avaient quelques moyens de s’en garantir… Le théâtre est bien étroit encore ; Richelieu, au-dehors et dans ses relations avec le monde, est obligé à bien des civilités, à bien des révérences envers les puissants du jour, et à bien des souplesses.
S’il connaît le monde une fois, de dupe il devient fripon. » — … — « La sainte liberté de la presse, quelle utilité, quels fruits, quel avantage vous offre-t-elle ?
Car si ce prédicateur avec sa triple morale, n’a le visage d’un Anachoréte ; s’il prétend prêcher avec un teint frais & vermeil ; s’il ne se défait de son embonpoint ; fut-il le plus grand Orateur du monde, ce nouveau Rhéteur nous assure qu’il ne fera rien, & que ses paroles se perdrent en l’air.
Et voyez comme tout s’accorde : quand Virginie, déchue, aura baissé d’un degré en pureté, elle commencera à avoir l’idée de sa propre supériorité, elle sera plus savante au point de vue du monde, et elle rira.
La signification des mots ne leur a pas été donée dans une assemblée générale de chaque peuple, dont le résultat ait été signifié à chaque particulier qui est venu dans le monde ; cela s’est fait insensiblement et par l’éducation : les enfans ont lié la signification des mots aux idées que l’usage leur a fait conoitre que ces mots signifioient. […] Jean à la fin de son evangile dit que si l’on racontoit en détail les actions et les miracles de Jésus-Christ, il ne croit pas que le monde entier put contenir les livres qu’on en pouroit faire. […] D’autres prétendent que les furies étoient apelées Euménides long-tems avant qu’Oreste vint au monde : mais d’ailleurs cette avanture d’Oreste est remplie de tant de circonstances fabuleuses, que j’aime mieux croire qu’on a apelé les furies Euménides par euphémisme, pour se les rendre favorables. […] Aux funérailles de Marguerite D’Autriche, qui mourut en couche, on fit une devise dont le corps étoit une aurore qui aporte le jour au monde, avec ces paroles (…), je péris en donant le jour. […] Il n’y a rien de si naturel que la logique et les principes sur lesquels elle est fondée ; cependant les jeunes logiciens se trouvent come dans un monde nouveau dans les premiers tems qu’ils étudient la logique, lorsqu’ils ont des maitres qui comencent par leur doner en abrégé le plan général de toute la philosophie ; qui parlent de science, de percéption, d’idée, de jugement, de fin, de cause, de catégorie, d’universaux, de degrés métaphysiques, etc., come si c’étoient là autant d’êtres réels, et non de pures abstractions de l’esprit.
Enfin, dans la physique, on bâtit à sa mode un système du monde ; on y explique tout ou presque tout ; on y suit ou on y réfute à tort et à travers Aristote, Descartes et Newton : on termine ce cours de deux années par quelques pages sur la morale, qu’on rejette pour l’ordinaire à la fin, sans doute comme la partie la moins importante. […] et si Virgile ou Horace revenaient au monde pour juger ces héros modernes du Parnasse latin, ne devrions-nous pas avoir grand-peur pour eux ? […] On peut juger après cela si cet ouvrage est celui d’un simple grammairien ordinaire, ou d’un grammairien profond et philosophe ; d’un homme de lettres retiré et isolé, ou d’un homme de lettres qui fréquente le grand monde ; d’un homme qui n’a étudié que sa langue, ou de celui qui y a joint l’étude des langues anciennes ; d’un homme de lettres seul ou d’une société de savants, de littérateurs, et même d’artistes ; enfin on pourra juger aisément si, en supposant cet ouvrage fait par une société, tous les membres doivent y travailler en commun, ou s’il n’est pas plus avantageux que chacun se charge de la partie dans laquelle il est le plus versé, et que le tout soit ensuite discuté dans des assemblées générales.
Notre doyen a aussi harangué en latin, en présence du plus beau monde de Paris.
Vous trouverez les qualités du plus grand général du monde dans un homme cruel, avare, perfide, impie.
tu es trop mère pour parler convenablement dans ta propre cause. » — Vénus choisit Apollon, « encore que l’on ait semé par le monde, dit-elle, que la maison d’Apollon et la mienne ne s’accordaient guère bien. » Diane, en effet, et les Muses sont les vierges par excellence.
Il y a des hommes qui causent d’une manière, qui écrivent d’une autre, qui sont plus familiers avec les amis, plus réservés dans le monde et avec les étrangers, qui ont plus d’un ton à leur usage : ce sont des esprits à plusieurs tiroirs.
Malouet a là-dessus un délicieux petit récit qui fait la dernière page de ses Mémoires, et qui est un jour ouvert sur ce monde le plus pur de l’émigration ; « MM. de La Tour du Pin et Gilbert de Voisins, nous dit-il, qui demandaient des passeports au ministère anglais, se virent renvoyés à l’évêque d’Arras.