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693. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Raynaud, Ernest (1864-1936) »

C’est un électrique ce jeune maître, et je l’en loue ; son goût d’artiste est capable de s’émouvoir aux plus diverses beautés et va de l’antique au moderne, de Falguière à Verlaine, de Saint-Cloud à Chislehurst, et de la gloire à l’amour… [L’Hermine (1900).]

694. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 18-19

COMMIRE, [Jean] Jésuite, né à Amboise, petite ville de Touraine, en 1625, mort à Paris en 1702 ; Poëte latin qu’on peut placer parmi les Modernes, entre Santeuil & la Rue.

695. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 186-187

A quatre-vingt-dix ans il est rare qu’on fasse de bons Vers : la verve de nos meilleurs Poëtes étoit éteinte bien avant cet âge-là ; celle de nos Poëtes modernes expire plus jeune encore, & néanmoins les Vers de M. de Saint-Aulaire sont remplis de délicatesse, de facilité, & d’agrément.

696. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 302-303

Passemant, Ingénieur du Roi, une Lettre critique sur l'état de la Médecine, des Essais historiques, littéraires & critiques sur l'Art des Accouchemens chez les Anciens, une Lettre sur les Hôpitaux militaires, adressée à un Militaire* Littérateur ; tel est encore son Ouvrage qui a pour titre, Singularités historiques, littéraires & critiques en Médecine, Chirurgie & Pharmacie, disposées par ordre alphabétique, avec des Anecdotes sur plusieurs Médecins, Chirurgiens & Chimistes, tant anciens que modernes.

697. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Est-ce parce que dans toute pièce moderne l’adultère étant le sujet général, on a été dérouté ? […] Paul Bourget, un livre plus sensationnel et plus emballé que même la Physiologie de l’Amour moderne. […] C’est l’étude de sentiments modernes semblables, quoique diminués, à ceux des anciens pour Phœbé ou Tanit. […] Il y a un poème auquel il dut attacher de l’importance, car il le publia à part, c’est une Marie-Madeleine, contée selon l’imagerie populaire et comme un conte tout moderne, avec un Christ apparaissant, comme Uhde, le peintre bavarois, en peignit dans des intérieurs modernes d’ouvriers et de paysans, tout près, il est vrai, d’Oberammergau. […] Ils trouvaient devant eux le naturalisme triomphant sur le terrain du roman moderne, et c’était les Parnassiens qui écrivaient des poèmes.

698. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

La Catherine de Médicis, telle qu’elle se présente et se développe chez Mézeray en toute vérité, est faite pour tenter un moderne : comme il n’y a guère de nouveau que ce qui a vieilli, et qu’on ne découvre bien souvent que ce qui a été su et oublié, le jour où un historien moderne reprendra la Catherine de Médicis de Mézeray en lui imprimant quelques-uns de ces traits un peu forcés qu’on aime aujourd’hui, il y aura un grand cri d’étonnement et d’admiration, et les critiques du moment auront à enregistrer une découverte de plus. […] L’Histoire de France de Mézeray (je parle toujours de la grande Histoire et non de l’Abrégé), depuis le règne de François II notamment jusqu’à la paix de Vervins (1559-1598), est une lecture des plus fertiles et des plus nourrissantes pour l’esprit ; on y apprend chemin faisant mille choses de l’ancienne France, de l’ancien monde, que les meilleures histoires modernes ne sauraient suppléer.

699. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Pope lui-même mériterait de donner le nom à une sixième époque, et la septième, l’époque moderne, proclame Byron le premier entre tant d’autres par l’éclat et par l’essor. […] Pour moi, je l’avouerai, ces sortes d’explications sur de grands génies pris dorénavant comme types absolus et symboles, non pas précisément surfaits, mais généralisés de plus en plus et comme élevés en idée au-dessus de leur œuvre, si forte et si grande déjà qu’elle soit en elle-même, ces considérations chères à la haute critique moderne restent à mes yeux nécessairement conjecturales ; ce sont d’éternels problèmes qui demeurent au concours et où l’on revient s’essayer de temps à autre : chacun, à son tour, y brise une lance. […] Ce dernier, Browne, en même temps qu’il est moderne et encourageant par certaines de ses vues, a des retours d’une belle tristesse et d’un profond scepticisme sur les naufrages du passé : « L’injuste oubli, dit-il, secoue à l’aveugle ses pavots, et traite la mémoire des hommes sans distinguer entre leurs droits à l’immortalité.

700. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Les fondateurs de l’astronomie moderne par M.  […] Aujourd’hui il a essayé dans une suite de notices claires, aisées, agréables, de nous rendre présentes et vivantes les figures des pères et fondateurs de l’astronomie moderne, Copernic, Képler, Galilée, Newton, et de nous donner idée de leurs travaux. […] Était-ce donc la peine, ô savants auteurs et pères de l’astronomie moderne, de tant observer, de tant calculer, de ne rien laisser à l’hypothèse ?

701. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

S’il plaint quelqu’un, c’est le peuple, qui est tout, disait-il comme Sieyès, et que cependant on ne compte pour rien… » Je me fais une tout autre idée du ligueur, malgré certaines théories modernes, et j’ai peine à me figurer le rapport qu’il peut y avoir entre ces curés fanatiques de la Cité ou des Halles et l’abbé Sieyès. […] Il est le premier nom en tête de la liste des nouveaux venus, des plus modernes et des plus hardis, de ceux qui prétendent bouleverser les rangs et changer les choses. […] Et M. de Valincour n’était pas du tout un savant en us borné aux Anciens : il goûtait les littératures modernes, Milton comme Racine : une lettre de lui nous apprend qu’il estimait les adieux d’Eve à ses fleurs (Paradis perdu, liv. 

702. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

L’éloquence de la chaire n’est pas sans avoir refleuri de nos jours, et l’on pourrait citer quelques noms modernes qui soutiennent avec honneur les traditions du passé : M.  […] Parmi ces orateurs de la chaire moderne, dont quelques-uns, dont l’un du moins (M. de Ravignan) pourrait lutter avec lui de chaleur vraie, de sympathie et d’onction, il n’en est aucun qui, par la hardiesse des vues et l’essor des idées, par la nouveauté et souvent le bonheur de l’expression, par la vivacité et l’imprévu des mouvements, par l’éclat et l’ardeur de la parole, par l’imagination et même la poésie qui s’y mêlent, puisse se comparer au père Lacordaire. […] Cette oraison funèbre me paraît un chef-d’œuvre dans l’ordre des productions modernes.

703. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Ici, dans deux chapitres intitulés « Sous les grands chênes » et « Prière du soir », on a une suite de scènes délicieuses, délicates, et qui n’ont leur pendant ni leur modèle dans aucune idylle antique ou moderne. […] Elle adopte un genre mixte, comme si elle contait « ayant à sa droite un Parisien parlant la langue moderne, et à sa gauche un paysan devant lequel elle ne voudrait pas dire une phrase, un mot où il ne pourrait pas pénétrer. […] Voilà donc, grâce à Mme Sand, notre littérature moderne en possession de quelques tableaux de pastorales et de géorgiques bien françaises.

704. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Pourtant cette histoire mérite-t-elle, comme Daunou l’a soutenu et comme Chénier d’après lui l’a répété, d’être placée au rang des monuments modernes comparables à ceux de l’Antiquité ? […] Je me suis plu à citer ce passage de la réponse de Daunou aux objections élevées contre Rulhière, pour montrer de quel genre de soin, inusité chez les Modernes, cet historien élégant était préoccupé en composant ses tableaux. […] Où est-il l’historien qui saura unir la beauté et la pureté de la forme, propres en tout genre aux anciens, avec la profondeur des recherches imposée aux modernes, et doit-on l’espérer désormais ?

705. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

De Brosses fut séduit par ce noble et grave exemple ; il oublia trop que le président Bouhier, comme l’évêque d’Avranches Huet, était déjà un oracle d’un autre âge, et qu’il regardait le passé ; il oublia que le xviie  siècle, dans toute sa gloire moderne et désormais vulgaire, était venu. […] Les Italiens modernes eux-mêmes, quand ils s’en mêlent, lui paraissent entendre le faste mieux que les Français : Ce que nous appelons le plus communément en France, dit-il, faire une grande figure, avoir une bonne maison, c’est tenir une grande table. […] Ce sentiment du beau et de l’antique, ou des merveilles pittoresques modernes, qui fait l’honneur de leur jugement, de Brosses ne se donne aucune peine pour l’avoir et pour l’exprimer : il l’a du premier bond et le rend par une promptitude heureuse.

706. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Nul, maintenant qu’Émile Augier est mort, ne tentera plus de raconter les douleurs, les joies, les défaillances, les passions et les préjugés d’une classe, d’une caste qui disparaîtra un jour dans l’affairement compliqué, le fracas et l’instabilité de nos sociétés modernes. […] Désormais, c’est à la vie réelle, à la vie moderne, qu’il demandera ses inspirations. […] Ce parti pris est si évident qu’il déconcerte un peu le spectateur moderne, expert en psychologie, friand d’analyses subtiles et peu enclin à croire à l’existence de ces corps simples auxquels, à force de talent et de volonté, Émile Augier réussit à donner la vie.

707. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Il y a du Dante, en effet, dans l’auteur des Fleurs du mal ; mais c’est du Dante d’une époque déchue, c’est du Dante athée et moderne, du Dante venu après Voltaire, dans un temps qui n’aura point de saint Thomas. […] … On avait le tabac, le tabac dont le docteur Clavel disait, il y a quatre jours, que « seul il pourrait transformer le monde moderne en un vaste hôpital de vieillards, d’incurables et d’aliénés ». […] C’est l’enfer moderne de la sensation surexcitée et épuisée, du nerf tari dans sa dernière goutte de fluide.

708. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « [Préface] »

Les grandes agglomérations d’hommes à la façon de la Chine, de l’Égypte, de la plus ancienne Babylonie ; — la tribu à la façon des Hébreux, des Arabes ; — la cité à la façon d’Athènes et de Sparte ; — les réunions de pays divers à la manière de l’Empire carlovingien ; — les communautés sans patrie, maintenues par le lien religieux, comme sont celles des israélites, des parsis ; — les nations comme la France, l’Angleterre et la plupart des modernes autonomies européennes ; — les confédérations à la façon de la Suisse, de l’Amérique ; — des parentés comme celles que la race, ou plutôt la langue, établit entre les différentes branches de Germains, les différentes branches de Slaves ; — voilà des modes de groupements qui tous existent, ou bien ont existé, et qu’on ne saurait confondre les uns avec les autres sans les plus sérieux inconvénients.

709. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 150-151

Le Temple du Silence, où il seroit à souhaiter que les trois quarts des Auteurs modernes allassent faire un peu de séjour, est un Roman où l’imagination, la philosophie, l’élégance, se disputent l’avantage de captiver & d’amuser le Lecteur.

710. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 272-273

L’ordre, la méthode, la précision & la clarté sont les qualités dominantes de cette Histoire : on y remarque aussi un esprit de critique & d’analyse, qui la distinguent avantageusement de tous les Ouvrages modernes de ce genre, si nous en exceptions celui de l’incomparable Abbé Fleuri.

711. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 339-340

Il suffit de le lire avec un peu de réflexion, pour sentir combien sont dangereux & absurdes les systêmes de la moderne Philosophie, & combien sont consolantes les vérités fondamentales de la Religion.

712. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 83-84

Il seroit difficile de présenter sous un jour plus frappant le Charlatanisme, les intrigues, les manéges & tous les travers de la Philosophie moderne, qu’ils ne le sont dans ces Mémoires ; Production vraiment originale, où la critique est mise en action de la maniere la plus piquante & la plus capable de faire impression sur les esprits mêmes prévenus.

713. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Avant-propos » pp. -

C’est faire apprécier au lecteur l’ensemble de toutes les tentatives, dans lesquelles les auteurs se sont essayé à voir avec des yeux autres que ceux de tout le monde ; à mettre en relief les grâces et l’originalité des arts mis au ban par les Académies et les Instituts ; à découvrir le caractère (la beauté) d’un paysage de la banlieue de Paris ; — à apporter à une figure d’imagination la vie vraie, donnée par dix ans d’observations sur un être vivant (Renée Mauperin, Germinie Lacerteux) ; à ne plus faire éternellement tourner le roman autour d’une amourette ; à hausser le roman moderne à une sérieuse étude de l’amitié fraternelle, (Les Frères Zemganno) ou à une psychologie de la religiosité chez la femme (Madame Gervaisais) ; — à introduire au théâtre une langue littéraire parlée ; — à utiliser en histoire des matériaux historiques, restés sans emploi avant eux, (les lettres autographes, les tableaux, les gravures, l’objet mobilier) ; — tentatives enfin, où les deux frères ont cherché à faire du neuf, ont fait leurs efforts pour doter les diverses branches de la littérature de quelque chose, que n’avaient point songé à trouver leurs prédécesseurs.

714. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Ils s’imaginaient étendre aussi, par leur esprit moderne, les bornes de l’art des anciens ; l’infériorité des ouvrages de ces novateurs sur ceux de Voltaire, prouve s’il a bien fait de garder la route battue pour faire avancer les lumières. […] Peut-être aucun écrit moderne n’offrit plus de diversités, plus de touchantes incidences, plus de naïves scènes, et plus d’oppositions du grave au doux, du naturel au merveilleux idéal. […] Cette satire générale, et non personnelle, irrite la vengeance d’un moderne Verrès qui lui fait imputer un libelle, et le condamne à errer indigent et proscrit à Malaccat, aux Moluques, à Macao. […] La suite du dialogue chez l’un se relâche en des locutions modernes et familières, tandis qu’il se soutient et s’anime chez l’autre, par des tours nobles et antiques. […] L’Europe moderne a-t-elle vu, depuis les croisades, quelque embarcation guerrière plus considérable que celle dont Homère a consacré la renommée ?

715. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

dont notre siècle auroit besoin pour faire justice des Pradons & des Cotins modernes ! […] Ces deux Ecrivains étoient eux-mêmes un exemple, qui n’établissoit pas la supériorité des Modernes. […]   Telle est, en général, la destinée de la plupart de nos modernes Athlètes. […]   Oui, sans doute, à juger notre langue d’après quelques ouvrages & quelques Drames modernes, elle est en effet dure, barbare & monotone : mais qu’on la juge d’après les Poëmes d’Armide, de Roland, d’Amadis, &c. qui osera, sans injustice, lui reprocher ces défauts ? […] C’est pourquoi nous conseillons de ne pas s’attacher de si bonne heure aux Modernes, de crainte qu’on ne les imite, avant que de bien connoître ce qu’ils valent »(*) A Paris, ce 10 Juin 1771.

716. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 232-233

Ces trois Poëtes le reconnoissent également pour l’inventeur de la Ballade, genre de Poésie trop néglige à présent, sans doute parce que le génie de nos Poëtes modernes est plus tourné au jargon philosophique, qu’à cette aimable naïveté qui faisoit autrefois le principal caractere & les délices de nos Peres.

717. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Argument » pp. 355-356

Coup d’œil sur le monde politique, ancien et moderne, considéré relativement au but de la Science nouvelle.

718. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

Car, si Allais a plus d’invention, Courteline moins de bride, Veber une joliesse plus classique, Bernard plus de philosophie, Jules Renard n’est pas moins le Maître du Rire moderne, pour quelques raisons M.  […] Mais la supériorité de Jules Renard qui le fait, disons-le, le Maître du Rire moderne, c’est que non seulement il ne rit point, mais qu’il ne fait jamais rire.

719. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

L’erreur des philosophes modernes, théophilanthropes, saint-simoniens, positivistes, qui ont tous voulu soit organiser la religion naturelle, soit organiser des religions panthéistes et humanitaires sur le type du catholicisme, est tout à fait semblable à l’illusion des utopistes qui voudraient créer a priori une société absolument nouvelle, ou à l’illusion des savants qui veulent inventer une langue universelle. […] Une fois cette grande Église philosophique constituée, qui l’empêcherait de prendre pour temple la vieille Église chrétienne, rajeunie, émancipée, animée du vrai souffle des temps modernes, entraînée par l’esprit nouveau, mais le purifiant, le pacifiant par cet esprit d’amour dont l’Évangile, plus qu’aucun livre religieux, a eu le secret ?

720. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 45, de la musique proprement dite » pp. 444-463

Si l’auteur anonime du traité de poematum cantu et viribus rithmi, que je crois être Isaac Vossius, parce que ses amis me l’ont dit, et parce que cet ouvrage est rempli des préventions en faveur de la Chine et des chinois, que tout le monde sçait bien avoir été particulieres à ce sçavant homme ; si, dis-je, cet auteur avoit pû entendre les opera de Lulli, et principalement les derniers, avant que d’écrire le traité dont je parle, il n’auroit pas dit, comme il l’a fait, que la musique moderne n’avoit rien, ni de la force, ni de l’énergie de la musique ancienne. […] Si quelque musique moderne manque du mérite dont parle ici Monsieur Vossius, ce n’est point celle de Lulli.

721. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

Il entend parler du pere Rapin et de Monsieur Dacier, dont il vient de rapporter les jugemens sur les tragédies françoises, jugemens qu’il adopte avec d’autant plus de plaisir qu’il a composé son ouvrage, principalement pour montrer la supériorité de la tragédie ancienne sur la tragédie moderne. […] Or, les remarques qui se font présentement contre nos poetes modernes, et qui roulent sur des erreurs, où l’on prétend qu’ils soient tombez en parlant de physique ou d’astronomie, montrent souvent que les censeurs ont envie de reprendre, mais non que ces poetes aïent fait des fautes.

722. (1757) Réflexions sur le goût

Si la sage timidité de la physique moderne a trouvé des contradicteurs, est-il surprenant que la hardiesse des nouveaux littérateurs ait eu le même sort ? […] Un des avantages de la philosophie appliquée aux matières de goût, est de nous guérir ou de nous garantir de la superstition littéraire ; elle justifie notre estime pour les anciens en la rendant raisonnable ; elle nous empêche d’encenser leurs fautes ; elle nous fait voir nos égaux dans plusieurs de nos bons écrivains modernes, qui pour s’être formés sur eux, se croyaient par une inconséquence modeste fort inférieurs à leurs maîtres.

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